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Actualité France - Page 415

  • La Hongrie fait le mur et Fabius fait le scandalisé ...

     

    cover_je_pense.jpgPar Academos 

    Notons d'abord que, ce faisant, monsieur Fabius, s'octroie la liberté de fouler aux pieds - une fois de plus - le sage principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays souverain.

    Il est vrai que l'invasion de l'Europe concerne tous les peuples du continent, et aussi bien sûr la France, mais, tout de même, la Hongrie est encore maîtresse chez elle et, s'il lui paraît bon d'élever un mur - même si l'on peut penser ce que l'on veut de cette décision - c'est son droit le plus strict de le faire; sans créer pour autant un ahurissant prétexte de tension diplomatique entre pays réputés amis.

    Commencer par ne pas donner de leçons outrecuidantes aux autres Etats, c'est le b.a.-ba de ce que doit apprendre prioritairement tout apprenti qui se destine à devenir ministre des Affaires étrangères... Mais passons...

    Et, puisque monsieur Fabius utilise l'adjectif "scandaleux", évoquons, justement, de véritables scandales. Comme ces pompes aspirantes que sont nos distributions folles d'argent et de services en tous genres offertes au monde entier, alors que des personnes âgées, hommes et femmes, ayant travaillé dur toute leur vie, se retrouvent avec 400 euros de retraite par mois (voir reportages des JT de TF1 et France 2). Donner presque un milliard d'AME à des étrangers alors qu'on laisse des anciens dans le dénuement, voilà par exemple qui est scandaleux et qui devrait émouvoir monsieur Fabius. Que l'on supprime cette AME et qu'on la répartisse entre les toutes petites retraites de ceux qui - dans le monde agricole par exemple - n'ont pas hésité à faire toute leur vie des semaines de 75 à 80 heures ... 

    Et ces 300 millions dûs par l'Algérie - dont les caisses regorgent de milliards venus du gaz et du pétrole - à la seule Assurance maladie des Bouches-du-Rhône pour des soins à ses nationaux ? Ce n'est pas scandaleux, cela, monsieur Fabius ?

    Et ces agriculteurs qui, faisant eux aussi des semaines de 75 à 80 heures, ne peuvent même pas se verser de salaire, alors que David Pujadas a présenté sur France 2 le cas de ce Sénégalais aux 50 enfants*, la polygamie - interdite en France - concernant 20.000 foyers et 300.000 personnes officiellement recensées, sans compter les autres ! Et ce racisme antiblanc et antifrançais** bien réel, que Gilles Bouleau a présenté sur TF1 !

    Arrêtons-nous là, car il faudrait un volume pour recenser les vrais scandales, qui ne scandalisent pas monsieur Fabius ... Pas en Hongrie. Chez nous. 

     

    Sénégalais aux 50 enfants

    ** Racisme antiblanc et antifrançais

     

  • Réflexion de Gérard Leclerc d'un point de vue catholique : Marion Maréchal-Le Pen à la Sainte-Baume

     

    Gérard Leclerc a publié l'article qu'on va lire dans France catholique (éditorial du 31 août). Il s'y exprime donc d'un point de vue catholique mais non sans un vif souci politique au sens où nous nous plaçons ici. Souci, dit-il lui-même, qui a son origine dans la crise gravissime à laquelle nous avons à faire face, et où se joue le destin national. Même si nous faisons ici peu de confiance aux partis politiques quels qu'ils soient, ne serait-ce qu'à cause du système en soi-même pernicieux auquel ils sont comme mécaniquement liés, l'analyse de Gérard Leclerc nous paraît parfaitement juste et pertinente. Il a sans-doute aussi raison, nous semble-t-il, de conseiller qu'il soit tenu compte dans cette affaire (comme dans d'autres), de « la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen » dont il estime qu' « elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation ». Acceptons l'augure que les jeunes générations engagées dans l'action politique, lassées des tabous et des idéologies mortifères de leurs aînés, osent un jour, au delà de victoires électorales toujours incertaines, toujours éphémères et toujours remises en question, cette rupture avec le Système qui remettrait la France sur les chemins de son Histoire. Cette génération n'a à vrai dire plus grand chose à voir avec les postulats idéologiques qui encombrent, jusqu'ici, les cerveaux de la classe politico-médiatique. Ce ne leur sera peut-être pas tellement difficile, qu'ils soient d'ailleurs issus de la gauche ou de la droite, d'opérer la rupture décisive dont nous parlons.  LFAR   

     

    GERARD LECLERC.JPGL’invitation faite à Marion Maréchal-Le Pen, pour participer au colloque organisé par le diocèse de Fréjus-Toulon à la Sainte-Baume, a suscité beaucoup de réactions, certaines sans doute sincères, mais beaucoup surjouées. Comme s’il était insupportable d’ouvrir une discussion avec une dirigeante d’un parti définitivement ostra­cisé ! Décidément, on ne se départit pas aisément d’une sorte de réflexe inquisitorial qui consiste à frapper d’interdit moral et canonique l’adversaire politique ! Et ce sont ceux qui se targuent le plus d’ouverture à l’autre, quelles que soient ses différences, qui sont les plus implacables. À l’encontre du conformisme qui continue à sévir dans le catholicisme français, je n’hésiterai pas à affirmer que la venue de la jeune dirigeante à la Sainte-Baume s’inscrit dans un processus inévitable. Il est impossible désormais d’ignorer un secteur d’opinion qui regroupe au moins un quart de l’électorat français. L’attitude, qui consiste à imaginer qu’on pourrait l’entourer d’une sorte de cordon sanitaire isolant des millions d’intouchables, relève d’une étrange mentalité.

    Qu’on m’entende bien. L’inviter à un débat n’équivaut pas à avaliser les idées du partenaire. Il s’agit, bien au contraire, de les soumettre à examen à partir d’une rigoureuse éthique de discussion. C’est grâce à l’échange des arguments que peuvent s’établir des convictions raisonnables. Donner la parole à quelqu’un, ce n’est pas par avance lui donner quitus de son idéologie, c’est lui permettre de sortir de son cercle d’origine pour l’amener, sous le regard de l’autre, de préférence bienveillant, à une confrontation qui délivre de toute logique solipsiste. Par ailleurs, si la thématique de l’immigration est aujourd’hui cruciale dans le débat public, il est d’autant plus utile de la projeter dans une lumière qui tienne compte de son infinie complexité. La radicalité du Front national s’oppose de fait à l’incertitude évidente des autres formations politiques, souvent déconcertées par l’ampleur du défi.

    Il faut aussi tenir compte dans cette affaire de la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen. Son rapport à la foi et à l’Église se distingue par un attachement qui n’est sûrement pas superficiel. De ce point de vue, elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation. Le rejet d’une telle personnalité, à coup d’anathèmes, ne s’avèrerait pas seulement contre-productif, il serait désastreux à un moment où le catholicisme français doit faire face à une crise gravissime, où se décide le destin national. 

    Gérard Leclerc, France catholique

     

  • Vivre et mourir à Marseille ? Bienvenue dans la nouvelle France

     

    Une recension de Jean-Paul Brighelli qui anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur. Et un saisissant tableau !

     

    985859-1169345.jpgPoncif : les Marseillais ont avec leur ville une relation passionnelle. Amour et haine. Ils se savent différents. Issus — et ce n’est pas une formule — de la « diversité » : Provençaux, Catalans (un quartier porte leur nom), Corses (près de 130 000), Italiens divers et d’été, Arméniens réfugiés ici dans les années 1920, Pieds-Noirs de toutes origines, en particulier des Juifs séfarades, Arabes de tout le Maghreb, et depuis quelques années Comoriens (plus de 100 000) et Asiatiques — les Chinois occupent lentement le quartier de Belsunce comme ils ont, à Paris, occupé Belleville, au détriment des Maghrébins qui y prospéraient.

    Bien. Vision idyllique d’une ville-mosaïque, où tous communient — si je puis dire — dans l’amour du foot et du soleil…
    Mais ça, dit José d’Arrigo dans son dernier livre, ça, c’était avant.

    Dans Faut-il quitter Marseille ? (L’Artilleur, 2015), l’ex-journaliste de l’ex-Méridional, où il s’occupait des faits divers en général et du banditisme en particulier, est volontiers alarmiste. Marseille n’est plus ce qu’elle fut : les quartiers nord (qui ont débordé depuis lulure sur le centre — « en ville », comme on dit ici) regardent les quartiers sud en chiens de faïence. Et les quartiers sud (où se sont installés les Maghrébins qui ont réussi, comme la sénatrice Samia Ghali) se débarrasseraient volontiers des quartiers nord, et du centre, et de la porte d’Aix, et des 300 000 clandestins qui s’ajoutent aux 350 000 musulmans officiels de la ville. Comme dit D’Arrigo, le grand remplacement, ici, c’est de l’histoire ancienne. Marseille est devenu le laboratoire de ce qui risque de se passer dans bon nombre de villes. Rappelez-vous Boumédiène, suggère D’Arrigo : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » « Les fanatiques, dit D’Arrigo, ont gagné la guerre des landaus ». Le fait est que partout, on rencontre des femmes voilées propulsant fièrement leurs poussettes avec leurs ventres à nouveau ronds. Si ce n’est pas une stratégie, ça y ressemble diablement. D’autant que c’est surtout l’Islam salafiste qui sévit ici. Et à l’expansion du fondamentalisme, observable à vue d’œil dans les gandouras, les barbes, les boucheries hallal, le « sabir arabo-français aux intonations éruptives issues du rap », les voiles, les burqas qui quadrillent la ville, répond un raidissement de la population autochtone — y compris des autochtones musulmans, ces Maghrébins de première ou seconde génération, qui, voyant la dérive des jeunes qui les rackettent et les menacent, en arrivent très consciemment à inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques et à voter FN : « Ce sont les Arabes qui ont porté le FN au pouvoir dans les quartiers nord, pas les Européens ».

    Marseille est effectivement devenue terre d’Islam, Alger évoque sans rire la « wilaya de Marsylia », et, dit l’auteur en plaisantant (mais le rire est quelque peu crispé), ce sera bientôt « Notre-Dame-d’Allah-Garde » qui dominera la ville. Je l’ai raconté moi-même ici-même à maintes reprises. La burqa, ici, c’est tous les jours, partout. Au nez et à la barbe de policiers impuissants : il y a si peu d’agents de la force publique que c’en devient une plaisanterie.

    Et l’image que j’évoquais plus haut d’une ville cosmopolite est désormais clairement un mythe : Marseille est une ville où les diverses « communautés » s’ignorent (version rose) ou se haïssent — version réaliste. Marseille, ville pauvre où 50% des habitants sont en dessous du seuil d’imposition (contre 13% à Lyon, si l’on veut comparer), « n’en peut plus de ces arrivées incessantes de gens venus d’ailleurs, et venant ici rajouter de la misère à la misère ». Ici on ne se mélange plus. On s’observe, et parfois on tire. « Marseille est devenue une redoutable machine à désintégrer après avoir été durant un siècle une ville d’immigration et d’assimilation à nulle autre pareille. »
    Qu’il n’y ait pas de malentendu sur le propos de l’auteur. Il n’est pas dans la nostalgie d’une Canebière provençale et d’un Quai de Rive-Neuve où César et Escartefigue jouaient à la pétanque (un mythe, ça aussi). Il regrette la ville de son enfance (et de la mienne), où tous les gosses allaient en classe et à la cantine sans se soucier du hallal ou du casher, et draguaient les cagoles de toutes origines sans penser qu’elles étaient « impures ».

    Responsabilité écrasante des politiques, qui durant trois décennies ont systématiquement favorisé ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles. Marseille a été le laboratoire de la discrimination positive, et aujourd’hui encore, les réflexes des politiciens qui financent des associations siphonneuses de subventions sont les mêmes. « On a substitué à la laïcité et à l’assimilation volontaire, qui naguère faisait autorité, le communautarisme et le droit à la différence ». « Cacophonie identitaire » et « défrancisation », « désassimilation ».

    Comment en est-on arrivé là ? L’auteur dénonce avec force la substitution, à des savoirs patiemment instillés, du « péril de cette époque insignifiante gavée de distractions massives : le vide, le vertige du vide ». Je faisais il y a peu la même analyse, à partir du livre de Lipovetsky.

    D’où la fuite de tous ceux qui, « dès qu’ils ont quatre sous, désertent la ville et s’installent à la campagne ». Vers Saint-Maximin, Cassis, ou autour d’Aix — ou plus loin : des milliers de Juifs par exemple ont fait leur Alya et sont partis en Israël, et les Corses se réinstallent dans les villages de leurs parents. Mais « dans ces conditions, des quartiers entiers de Marseille risquent de se ghettoïser. » Ma foi, c’est déjà fait.

    Et si la ville n’a pas explosé, c’est qu’il y règne un « ordre narcotique » auquel veillent les trafiquants, peu soucieux de voir s’instaurer un désordre peu propice au petit commerce du shit — une activité parallèle qui génère chaque année des dizaines de millions d’euros. L’Etat en tout cas n’existe plus déjà dans 7 arrondissements sur 16, où les gangs, narco-trafiquants infiltrés de djihadistes potentiels, font régner l’ordre — c’est-à-dire le désordre des institutions. Quant à l’école, « elle a sombré ». Effectivement, les truands ne voient pas d’un bon œil que certains leur échappent en tentant de s’instruire. D’ailleurs, ceux qui y parviennent sont les premiers à « quitter Marseille ».

    Les solutions existent — à commencer par un coup de balai sur cette classe politique phocéenne corrompue jusqu’aux os, qui entretient un système mafieux en attendant qu’il explose. La candidature d’Arnaud Montebourg en Mr Propre, évoquée par D’Arrigo, me paraît improbable : il n’y a ici que des coups à prendre. L’arrivée aux commandes de Musulmans modérés est plus probable : le Soumission de Houellebecq commencera ici.

    Et pour que les bonnes âmes qui croient que ce blog est islamophobe cessent de douter, je recopie, pour finir, une anecdote significative — mais le livre en est bourré, et Marseille en fournit tous les jours.

    « À la Castellane, la cité de Zinedine Zidane, les policiers sont appelés de nuit par une mère affolée. Sa fillette de 10 ans est tombée par mégarde du deuxième étage et elle a les deux jambes brisées. Il faut la soigner de toute urgence et la conduire à l’hôpital. L’ambulance des marins-pompiers et la voiture de police qui l’escorte sont arrêtées par le chouf [le guetteur, pour les caves qui ne connaissent pas l’argot des cités] douanier à l’entrée de la cité. Lui, il s’en moque que la gamine meure ou pas. Il va parlementer une demi-heure avec les policiers et les pompiers et les obliger à abandonner leurs véhicules pour se rendre à pied au chevet de la blessée. « Je rongeais mon frein, raconte un jeune flic qui participait au sauvetage, je me disais dans mon for intérieur, ce n’est pas possible, ces salauds, il faut les mater une fois pour toutes, j’enrageais de voir un petit caïd de banlieue jouir avec arrogance de son pouvoir en nous maintenant à la porte. Ce qu’il voulait signifier, ce petit con, c’était très clair : les patrons, ici, c’est nous. Et vous, les keufs, vous n’avez rien à faire ici… » »

    À bon entendeur…

    Faut-il quitter Marseille ? Prix : 18,00 €

     

    Jean-Paul Brighelli - Bonnet d'âne

     

  • Tant qu'il y aura des Corses...

     

    cover_je_pense.jpgPar Academos 

    La rentrée scolaire (comme la fin des classes, d'ailleurs) donne lieu à force pots de bienvenue et autres rencontres de prise de contact, c'est bien normal. Au pot d'hier lundi, jour de rentrée des professeurs, j'ai rencontré une jeune nouvelle, toute fraîche émoulue de je ne sais quel institut de déformation des maîtres, bobo-gaucho-trotsko à souhait, et fière de l'être, du type « je n'ai rien à apprendre aux élèves, il me tarde de me mettre à leur écoute pour connaître leurs besoins ». Vous voyez le genre. Bref, plus dans les niaiseries d'aujourd'hui que ça, tu meurs...

    Dans un petit groupe, on se repasse bien sûr les banalités d'usage, faits divers et autres chats écrasés d'avant les vacances (une éternité ...) et, forcément, on reparle de cette fête en Corse où deux maîtresses avaient eu la drôle d'idée de faire chanter aux enfants une partie de chanson en arabe. Subitement ressurgie de je ne sais où, la jeune bobote (c'est comme ça qu'on dit, au féminin ?) arrive les poings tous faits, pour dire tout le mal qu'elle pense de ces parents qui ont empêché la chose : elle n'attaque pas les Corses mais dit que ce sont sûrement des gens du FN. A la mine dégoûtée qu'elle fait en prononçant ce nom de FN on comprend sans peine pour qui elle ne votera pas aux prochaines régionales. 

    Je luis dis simplement :

    « Mais dis moi, tu n'a pas lu Pagnol, qui raconte comment il se faisait taper sur les doigts avec une règle par le maître, et ses copains aussi, quand il parlait provençal ? Et tu ne sais pas qu'en Bretagne fleurissaient les écriteaux Défense de cracher par terre et de parler breton ! La vérité est qu'il est plaisant de voir aujourd'hui que des maîtres veulent implanter une langue étrangère, alors que leurs ancêtres, les « hussards noirs de la république », ont passé leur temps à extirper leurs racines du cerveau des petits Français. Autant qu'ils l'ont pu. Et on voudrait - maintenant que les Français ne connaissent plus leur première langue locale et si mal le français - favoriser l'apparition de nouvelles langues, qui plus est étrangères à notre Histoire et à nos racines ? Cela ne te paraît pas contradictoire ? »

    Si vous aviez vu la tête de la bobote ! Elle n'a pas répondu, et sous le prétexte évidemment futile qu'elle voyait quelqu'un passer, elle a quitté le groupe; elle a dû se dire qu'il n'y a avait rien à tirer d'un type comme moi, et qu'il était inutile d'essayer. Franchement, j'ai pensé d'elle exactement la même chose... 

     

  • Zemmour : « Le souverainisme peine à trouver sa voix »

     

    La question de l'alliance avec le FN est le non-dit le plus bruyant de la rentrée.

    Cette rentrée met en évidence que les lignes bougent dans les partis politiques, obsédés par la perspective des prochaines régionales toutes proches et de la présidentielle jamais bien lointaine, devenue la plaie de nos Institutions. Sans compter le trouble que jettent quelques électrons libres hyper-médiatisés. Comme le soulignent Marie-France Garaud ou Jacques Attali, cette agitation plutôt ridicule est de peu d'importance si l'on considère que nos gouvernants n'ont de pouvoir que d'apparence et que pour l'heure le destin de la France se décide bien davantage qu'à Paris, à Bruxelles, Washington, Berlin, ou Frankfort. Alors, l'alliance des souverainistes peut apparaître comme la seule alternative. Mais pas sans ce cœur nucléaire de l'opposition au Système qu'est le Front National ... Sur quoi, à gauche, Jacques Sapir s'est exprimé récemment, sans langue de bois. Et, ici, Eric Zemmour.  LFAR    

     

    ZemmourOK - Copie.jpgL'été est propice aux rencontres. On ose transgresser, on ose s'afficher. En politique aussi. Dans quelques jours, Jean-Pierre Chevènement se rendra à l'université d'été de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Le week-end dernier, Arnaud Mohtebourg a convié à sa Fête de la rose à Frangy l'ancien ministre des Finances grec Yanis Va-roufakis. C'est le ballet des démissionnaires forcés qui aspirent à prendre leur revanche. Des perdants de l'Histoire qui n'ont pas dit leur dernier mot.

    L'intégration européenne par la monnaie unique a bouleversé les paysages politiques en Europe. Le clivage n'est plus entre la droite et la gauche. Il y a toujours des alternances, mais il n'y a plus d'alternative. L'euro est un corset qui impose à tous les règles d'un ordo-libéralisme, non négociable, théorisé et mis en oeuvre par l'Allemagne. C'est ce qu'a rappelé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lorsqu'il a dit que les « élections ne peuvent pas modifier les traités européens ». C'est la théorie de la « souveraineté limitée » à la mode bruxelloise, où l'argent de la BCE fait office de chars. L'apostasie estivale d'Alexis Tsipras a ouvert les yeux de ceux qui s'obstinaient à les garder clos : on ne peut arracher le corset des politiques européennes (que l'on nomme cela « bonne gestion » ou « austérité », peu importe) que si on sort de la monnaie unique. A gauche comme à droite, le nouveau clivage est là. Il y a ceux qui se soumettent et ceux qui ont compris qu'ils ne pourraient faire autrement que de se démettre. Après avoir longtemps tergiversé devant l'obstacle, Mélenchon franchit le Rubicon : « S'il faut choisir entre l'euro et la souveraineté nationale, je choisis la souveraineté nationale. » En Allemagne, Oskar Lafontaine dit la même chose, et en Italie, l'ex-communiste Stefano Fassina se prononce pour « un démantèlement sous contrôle de la zone euro ».

    Mais ces mouvements sont encore périphériques. Le coeur nucléaire de l'opposition au « système » est, en France, incarné par le Front national. Sans lui, les contempteurs de l'« Europe allemande », de gauche comme de droite, sont électoralement impuissants. Mais avec lui, ils sont médiatiquement ostracisés. Le FN joue le rôle que tenait le parti communiste dans les années 60, avant que Mitterrand ose la stratégie d'union de la gauche. La question de l'alliance avec le Front national est le non-dit le plus bruyant de cette rentrée. Dans cette perspective, le conflit entre Jean-Marie Le Pen et sa fille prend une autre tournure. Comme si celle-ci sacrifiait son père sur l'autel de ses futures noces électorales. Dans le bruit et la fureur, et sans savoir jusqu'où montera le prix de la dot. 

    (Figaro magazine)

  • SOCIETE • La France existe, je l'ai rencontrée

     

    Par Natacha Polony

    Et si, plus que les précédentes, les générations des moins de quarante ans ou tout juste quarante ans, étaient en recherche de racines, de terroirs, de traditions, de France historique et charnelle ? Presque jusqu'à la nostalgie, presque jusqu'à l'excès, sans-doute du fait des manques et des vices des temps qui courent, trop abstraits, virtuels, sans substance ? De même qu'une partie des plus jeunes opère un spectaculaire retour vers le religieux ou, mieux, vers le spirituel, que les plus âgés ont  délaissé ... Ces derniers feront bien de s'aviser de ces phénomènes bien réels qui signalent assez précisément en quoi nos sociétés ont failli. C'est ce que Natacha Polony relève ici, de façon, ma foi, fort juste et sympathique. Et qui rejoint Philippe de Villiers lorsqu'il signale que la crise que nous vivons n'est pas essentiellement politique, mais bien plutôt métapolitique.  C'est pourquoi nous apprécions les chroniques de Natacha Polony et y faisons souvent écho. LFAR  

                

    Elle avait si mal commencé, cette année 2015, dans l'horreur et les larmes. Et puis la suite, les autres attentats, les crises, la défiance. Et même ce retour, après les chaleurs estivales: le Thalys et la révélation de notre insupportable vulnérabilité; les images répétitives et insoutenables de ces foules d'hommes et de femmes rêvant d'un avenir et rencontrant l'incurie d'une Europe de petits gestionnaires et de grands financiers; le spectacle parallèle, enfin, des vaudevilles politiciens. Quoi, même les héros, quand ils se présentent chez nous, sont Américains ? Comme un symbole d'une France qu'on nous dit tous les jours trop petite, trop résignée, pas assez moderne, pas adaptée.

    La France existe, pourtant, envers et contre tout. Elle se perpétue. Loin des injonctions à l'efficacité gestionnaire, loin des reproches sur son modèle archaïque et son agriculture pas assez productive. Il suffisait d'aller à sa rencontre cet été pour trouver des gens qui, seuls, chaque jour, font leur 11 janvier et proclament leur attachement aux valeurs de ce pays. C'est ce restaurateur qui consacre dans ses assiettes écrevisses, grenouilles, foie gras en cocotte et pied de porc truffé, toute la mémoire gustative d'un paradis terrestre aujourd'hui malmené où l'on a fait du partage autour dela table un patrimoine si précieux que l'Unesco l'a jugé universel. Ce sont ces trois entreprises d'Aurillac qui se sont regroupées pour continuer, malgré la concurrence asiatique et le règne du jetable, à fabriquer en France des parapluies de qualité, de ces objets qui accompagnent une vie. C'est ce maire d'une petite ville touristique du Périgord qui s'est opposé farouchement à l'implantation d'une seconde grande surface dans sa périphérie et qui a sauvegardé son marché, ses commerces de centre-ville, toute cette vie sociale qui fait le dynamisme d'un pays.

    Ceux-là ne sont décorés d'aucune Légion d'honneur. Ils n'ont droit au statut ni de héros ni de victimes. Pas assez prestigieux, pas assez désespérés. Et pourtant, ils affrontent tous les obstacles, ils se lèvent tôt, ils travaillent dur, ils obtempèrent aux injonctions d'une administration qui invente des normes délirantes et endémiques. Il y a ce chef qui a dû équiper sa cuisine d'un plan de travail dernier cri, un «porte-avions» spécialement étudié pour réduire la « pénibilité » et dont les commis de cuisine se plaignent malgré tout d'un mal de dos, parce que toute douleur, tout effort est devenu insupportable. Il y a cet autre, harcelé pour avoir utilisé dans ses cuisines des légumes anciens, du potager de son père, non répertoriés au catalogue officiel, l'organe garantissant aux grands semenciers le monopole des graines et l'interdiction, pour les paysans, de perpétuer leur savoir-faire ancestral de sélectionneur du vivant. Il y a cet horticulteur à la retraite convoqué au tribunal pour travail dissimulé parce qu'il a donné un coup de main à son fils pour ramasser les pommes avant l'orage le jour d'un contrôle administratif. Pendant ce temps, les journaux nous vantent comme l'ultime modernité des dîners moyennant rémunération, organisés chez eux par des particuliers grâce à une application Internet. Pas de normes d'hygiène, pas de contrôle d'Urssaf… Non, c'est moderne, c'est libéral, c'est de la convivialité monnayée..

    Malgré tout, ce pays abrite des trésors d'enthousiasme et d'énergie. On y trouve des Français de tous horizons, mais attachés à transmettre par leur travail, leur savoir-faire les éléments les plus concret de ce qui constitue un modèle, une façon spécifique d'être au monde, faite d'intégration à une géographie, à un terroir, faite de plaisir et de culture plus que de rentabilité. On peut considérer que tout cela doit finir aux oubliettes de l'Histoire. On peut préférer les usines à viande allemandes où l'animal est mécanisé pour produire toujours plus et moins cher en ruinant le voisin. On peut préférer les parapluies chinois, si bon marché qu'il faudra en racheter à chaque bourrasque. Mais dans un monde où les tempêtes se multiplient, sentir sous ses doigts la chaleur et la solidité du manche en bois d'un parapluie, s'abriter sous les baleines solides et familières d'un vieux compagnon, en sachant que des gens, pas très loin, ont œuvré pour nous offrir les fruits d'un savoir-faire ancien, c'est préparer l'avenir avec bien plus de lucidité. 

    Natacha Polony   (Figarovox)

  • Héroïsme, stress et courage

     

    Par François Reloujac

    Les médias et les hommes politiques ont, à juste titre, salué l’héroïsme des personnes qui sont intervenues dans le Thalys pour empêcher un terroriste présumé de passer à l’acte. Mais si tout a été dit et même probablement au-delà du raisonnable pratiquement personne ne s’est intéressé à ce qui a conduit des individus apparemment ordinaires à se conduire comme des héros.

    Interrogé sur une chaîne d’information par un journaliste qui lui demandait ce qu’il faudrait faire au cas où l’on se trouverait confronté à un drame de même nature, un ancien responsable du GIGN a répondu, « si l’on ne sait pas gérer son stress, surtout il ne faut rien faire ». Et il avait parfaitement raison. Confronté à ce type de situation toute personne normalement constituée a peur. Il lui faut donc du courage pour surmonter cette peur et pouvoir affronter la réalité qui se présente à elle avec des chances de succès. Si l’on n’a pas cette qualité de cœur, toute intervention risque, à l’inverse, de précipiter les catastrophes. Et quand on a la franche humilité de reconnaître que l’on n’a pas la force d’âme suffisante pour surmonter sa peur, le vrai courage peut être de surtout ne rien faire pour ne pas risquer d’entraver la réaction de ceux qui agissent. Mais, attention, car il y a du courage à ne pas agir si d’autres agissent. Si personne n’agit nous ne sommes plus en présence de courage mais à l’inverse de pusillanimité voire même de lâcheté.

    Dans le cas de l’affaire du Thalys, quatre héros ont directement ou indirectement expliqué ce qui les a fait agir et ce qu’ils ont dit mérite d’être médité.

    L’un des militaires américains a expliqué : « Je n’ai pas pensé, j’ai agi ». Nous sommes là en présence de quelqu’un de bien formé et parfaitement entraîné pour faire face aux situations les plus graves. Il est intéressant de noter qu’au moment où il est intervenu, il n’était pas personnellement et directement menacé. Il a donc agi pour défendre les autres. Mais ce vrai soldat avait une autre qualité, celle de meneur d’hommes car, si l’on en croit un de ses camarades qui l’a suivi, « il nous a dit : on y va ? » ; « on y va ! » Et les deux autres y sont allés aussi.

    Le citoyen britannique a réagi différemment puisque, nous a-t-il confié, il a immédiatement pensé qu’il allait mourir, alors il s’est dit : « Quant à mourir, autant que ce soit utile ».

    Quant au professeur franco-américain qui est intervenu le premier et qui a été blessé, sa femme nous a expliqué qu’ayant aperçu ce qui se passait sur la plateforme, il lui a dit avant de passer à l’acte : « mets-toi à l’abri, cette fois c’est sérieux ». Cette réaction est remarquable car elle montre bien qu’il a agi consciemment pour protéger véritablement les autres, et notamment son épouse, et qu’en même temps il l’a fait avec une délicatesse suffisante pour ne pas l’affoler. Et d’ailleurs, dans sa courageuse lucidité, il a essentiellement cherché à désarmer l’agresseur, ce qu’il a réussi. Il ne savait pas que ce dernier avait d’autres armes sur lui.

    Oui, toutes ces personnes méritent d’être honorées, mais il n’est pas suffisant de dire qu’elles se sont bien conduites ; elles ont donné à toute la population une véritable leçon. Saurons-nous comprendre ce qui a fait leur grandeur et nous en inspirer pour notre vie de tous les jours ? Car le courage est peut-être remarquable dans des circonstances exceptionnelles, mais il se forge dans la pratique quotidienne. 

     

  • Terrorisme : Il n’y aura pas toujours des héros...

     

    Le point de vue de  Mathieu Bock-Côté* 

    Plusieurs réflexions de Mathieu Bock-Côté ont déjà été publiées dans ce blog. Elles vont toujours à l'essentiel et nous y retrouvons nos propres réactions aux évènements, aux grands problèmes de nos sociétés. Cet intellectuel québécois suit de très près les affaires françaises et européennes. Toujours avec beaucoup de réalisme et de lucidité. « Eduquer les hommes au courage » est-ce possible ? « L’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché », sera-t-il capable de « faire face au tragique » ? Ce sont ces questions qui sont posées ici. Mathieu Bock-Côté a raison de rappeler qu' « on ne fait pas la guerre paisiblement » et qu' « il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles.» Mais, comme on vient de le voir, l'épreuve peut s'en charger. LFAR

      

    d36b44e4-c254-41b5-8047-372960cb8aa9_AUTHOR_PHOTO_WEB.jpgLes mois se suivent et se ressemblent : il y a quelques jours, le 21 août, dans un train reliant Amsterdam à Paris, Ayoub El Khazzani, un homme d’origine marocaine, associé à la mouvance islamiste la plus radicale, a cherché à provoquer un carnage. Dans ses bagages, il y avait un fusil d’assaut AK-47, un pistolet et les munitions nécessaires à une exécution de masse. Par miracle, il n’y a eu que des blessés. Je reviendrai un peu plus bas sur ce miracle ce qu’il révèle de nos sociétés.

    Comme d’habitude, on nous sort la même excuse : c’était un paumé, un exclu, un taré. Son avocate en a rajouté : c’était un clochard, un pauvre hère qui aurait trouvé un sac plein d’armes dans une gare et qui aurait eu soudainement l’idée de rançonner les passagers. C’est à tout le moins la ligne de défense suivie par son avocate. Un peu plus et elle en fera une victime. Les autorités belges ne se sont pas laissé bluffer par une telle rhétorique : c’est de terrorisme dont il est question. Le pouvoir socialiste, en France, s’est montré plus timoré. On ne feindra pas la surprise.

    On ne semble pas comprendre, dans la société occidentale contemporaine, que  la force d’une idéologie radicale comme l’islamisme vient justement de sa capacité à exciter et fanatiser les éléments antisociaux à son avantage, ceux qui cherchent souvent une raison de verser dans la violence. L’islamisme radical, pour emprunter les mots de Jean Baechler, excite la « canaille » et transfigure son nihilisme au service d’une cause. La révolution islamiste n’avance pas en misant sur les classes moyennes bedonnantes. Il suffirait de lire les grands stratèges révolutionnaires pour constater qu’ils en étaient les premiers conscients.

    C’est l’intervention providentielle de trois marines américains qui a permis d’éviter la catastrophe. Ils n’étaient évidemment pas en service, mais manifestement, leur entrainement n’était pas loin. En eux, le ressort civique était bien tendu. Ils ont risqué leur vie pour sauver la vie des autres. On aurait envie de chanter avec Michel Sardou: « si les Ricains n’étaient pas là…». Ce sont des héros. Dans les jours qui ont suivi, l’antiaméricanisme français était peut-être moins virulent qu’à l’habitude.

    On nous dira: rien de surprenant, les militaires sont faits pour ça. On ajoutera alors qu’un Britannique de soixante ans, qui était sur les lieux, s’est joint à l’opération improvisée. Personne ne sait exactement ce qui s’est passé dans son esprit, pourquoi il a risqué sa vie plutôt que se terrer derrière un siège. Le courage se constate davantage qu’il ne s’explique. Il touche les fibres intimes de l’être. On se réjouira quand même de constater que de tels hommes, qui répondent à un appel intime, celui de la protection de leur prochain, existent encore.

    Apparemment, les employés du train n’ont pas été aussi prompts. Tous aux abris ! On ne saurait toutefois le leur reprocher. On ne sait jamais à l’avance comment on réagirait devant un tel péril ? On a beau plastronner à l’avance et faire des rodomontades en disant qu’on aurait cherché à maîtriser le terroriste, on n’en sait absolument rien. Devant l’épreuve du feu, certains hommes tiennent debout, d’autres les suivent, justement inspirés, et les derniers tremblent jusqu’à s’effondrer. Tous ne sont pas faits pour la guerre.

    Y a-t-il néanmoins moyen d’éduquer les hommes au courage, de leur inculquer cette vertu, de les préparer à des événements semblables ? Peut-être que oui, peut-être que non. En un sens, le service militaire préparait l’homme à une telle éventualité. Il n’a plus la cote. Et on peut croire que l’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché, n’est pas particulièrement préparé à faire face au tragique. Et pourtant, la bête humaine est compliquée. Quelquefois, ce sont des hommes de rien qui dévoilent leur meilleure part dans l’épreuve.

    Une chose est néanmoins certaine : il n’y aura pas toujours des héros. Je devine qu’il faut s’y faire : demain, après-demain ou l’an prochain, un terroriste islamiste entrera dans un wagon de train, ou dans un supermarché, puis il tirera sur tout ce qui bouge. À moins que les services de sécurité ne l’attrapent à temps et s’ajustent pleinement à la menace djihadiste. Et encore là, on sait bien que certains traverseront les mailles du filet sécuritaire, qui par-dessus tout, gâchera surtout la vie de ceux qu’il doit protéger.

    Thibault de Montbrial, dans son livre très convaincant Le sursaut ou le chaos (Plon, 2015), a dit les choses clairement : la France est en guerre. On dira la même chose de toutes les sociétés occidentales. On n’en tirera aucun slogan. Mais on comprend assurément que nous avons changé d’époque et que le sursaut espéré prendra d’abord le visage d’une grande lucidité. Il faudra savoir nommer l’ennemi. Il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles. Naturellement, personne ne sait vraiment comment s’y prendre. On ne fait pas la guerre paisiblement. 

     

    * Sociologue, auteur de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). 

    Article issu du blog de Mathieu Bock-Côté.

     

     

  • Humeur • Vidalies et les « heures les plus sombres » : halte à la mauvaise foi

     

    Une humeur légitime d'André Bercoff   *

    Le ministre Alain Vidalies a suscité une polémique lundi après avoir déclaré préférer « qu'on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ». Pour André Bercoff, l'hypocrisie a assez duré. Il a raison

     

    photo.jpgAlain Vidalies, Secrétaire d'Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, aurait, si l'on en croit les réactions indignées d'un certain nombre de ses pairs, levé un gros poisson. L'un de ceux qui pourrissent par la tête. Il a, en effet, osé parler de contrôles discriminatoires, et partant, aux yeux des chevaliers blancs du camp du Bien, rappelant « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Qu'un représentant officiel de la gauche gouvernante prononce un mot qui relève du vocabulaire néo-fasciste, suffit à répandre l'indignation.

    Il appert qu'en France, ces temps-ci, un certain nombre d'individus ont tendance à vouloir, pour des raisons diverses et variées, massacrer sans discrimination leurs contemporains dans un train, un supermarché, un hebdomadaire, un musée, une église, et que certains citoyens s'en sont émus, considérant que leur sécurité n'était plus assurée. Comme on ne peut mettre un policier ou un gendarme derrière chaque homme ou chaque femme habitant notre cher et doux pays, il conviendrait donc de multiplier la pose de filets de surveillance afin d'essayer d'attraper les tueurs présumés avant qu'ils ne passent à l'action. L'Europe étant ce qu'elle est et Schengen une passoire, et personne n'ayant les moyens d'étendre les mêmes règles de sécurité existant dans l'aviation, au domaine des transports ferroviaires et métropolitains, on va à la pêche en espérant qu'elle sera miraculeuse.

    C'en est déjà trop pour nos traditionnels Bisounours du pacifisme intégral. Qu'un Valls ose employer des expressions comme « islamo-fascisme » et « guerre de civilisations » est déjà insupportable ; qu'un Hollande ose évoquer les forces du Bien et du Mal en fait évidemment un néo-conservateur déchaîné. Quant à la mise en place d'un numéro vert, dont l'efficacité paraît évidente, elle encourage tout de même la dénonciation anonyme qui rappelle, une fois encore, les années, etc… Remarquons que ceux qui tonnent le plus fort contre ces timides mesures sont les mêmes qui font leurs choux gras de toute lettre anonyme dénonçant tel fraudeur fiscal ou tel conflit d'intérêt. La paille et la poutre, encore et toujours.

    Mais la palme de la lucidité désintéressée appartient comme de juste aux Jeunes Socialistes qui écrivent: « Le terrorisme n'est pas lié à une origine réelle ou supposée ». Ils ont bien raison : Mohamed Merah n'était-il point d'origine suédoise ? Mehdi Nemmouche Cambodgien ? Les frères Kouachi d'origine brésilienne ? Amédy Coulibaly natif de l'Ontario ? Sid Ahmed Glam Islandais de souche ? Ayoub El Khazzani de Vladivostok ? Prétendre le contraire, serait tomber dans le délit de faciès qui rappelle les heures les plus sombres, etc…

    Donc, que faire pour empêcher de futurs massacres, tout en gardant les mains propres ? Rien. Attendre. S'en remettre au facteur chance, aux militaires américains ou à une intervention divine qui transformerait les loups en agneaux. Un certain Albert Camus affirmait que dans des circonstances dramatiques, il préférait sa mère à la Justice. Mais chacun sait que Camus n'était qu'un fieffé réac. 

    André Bercoff     

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en 2014 chez First.

     

  • Chers Djihadistes ...

     

    Au moment où la France est à nouveau affrontée au terrorisme, nous conseillons la lecture intégrale du très beau texte qui suit. Texte en un sens prophétique, de Philippe Muray, publié en janvier 2002. Et déjà repris en deux différentes circonstances par Lafautearousseau.  

    On pourrait le juger démenti par la réaction spontanée de quelques uns des passagers du Thalys Amsterdam-Paris de vendredi dernier. On sait comment ceux-là ont sauté sur le terroriste en action, lourdement armé, lui ont arraché ses armes, l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance, l'ont ligoté et neutralisé. Avec courage, sans états d'âme. Ils n'ont été toutefois que cinq ou six, Français, Américains, Anglais, à avoir eu ce courage. Il s'agit là, sans-doute, d'une réaction d'héroïsme singulier et - malheureusement - probablement non reproductible par beaucoup d'autres ... Nous craignons donc que le message que nous a laissé Philippe Muray n'ait rien perdu de sa pertinence.

    Vincent Trémolet de Villers en a fait le 29 juin au matin, la trame d'un important article du Figaro en réaction aux propos de Manuel Valls qui, après les attentats sanglants du vendredi 26 juin en Isère et en Tunisie, a évoqué « une guerre de civilisation ». 

    Le texte de Philippe Muray a été lu intégralement dans la revue de presse de France Inter et cité par tous les médias. Ce texte pose avec force la question de notre civilisation, ou du moins, de ce qu'elle est concrètement devenue aujourd'hui, en contradiction avec tout ce qu'elle fut, fondamentalement, que Vincent Trémolet de Villers évoque dans son propre article.

    On peut juger très pessimiste la conclusion de Philippe Muray. Il y paraphrase une absurde prédiction de victoire du chef du gouvernement français peu de temps avant que la France de 1940 ne s'effondre face à l'ennemi. Sans-doute, nous ne sommes pas morts. Mais nous y tendons non moins sûrement si nous ne savons pas retrouver les sources profondes de la civilisation dont nous sommes héritiers. Et qui n'a pas grand chose à voir avec cet « Occident » décadent que fustige Philippe Muray, à fort juste et exacte raison. Il nous invite surtout à réfléchir sur nous-mêmes. Et si l'on y réfléchit bien, c'est un texte mobilisateur.   

     

  • Philippe Muray : Chers Djihadistes, craignez le courroux de l'homme en bermuda

     

    3852009619.jpg« Chers djihadistes,

    L'Occident s'achève en bermuda […] Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien,nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.  

    Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c'est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s'y trouvait entassé. […] Vous êtes les premiers démolisseurs à s'attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. […] À la différence des nôtres, vos démolitions s'effectuent en toute illégalité et s'attirent un blâme quasi unanime. Tandis que c'est dans l'enthousiasme général que nous mettons au point nos tortueuses innovations et que nous nous débarrassons des derniers fondements de notre ancienne civilisation.  

    Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »

    Philippe Muray

  • Imposteur ? Vous avez dit imposteur… ?

     

    Par François Reloujac

    Dans le courant de ce mois d’août 2015, Français et Anglais sont confrontés, par médias interposés, à la notion d’imposture. Les présentations et les points d’application ne sont pas les mêmes, les conséquences et l’ampleur des discussions non plus, mais ces deux débats permettent d’éclairer un peu le fonctionnement de notre société, de comprendre le sens des mots et de réfléchir sur l’importance du verbe dans toute société qui se réclame de la démocratie.

    L’Angleterre face au « syndrome de l’imposteur »

    Début août, le magazine britannique Vogue a publié une interview de la jeune actrice Emma Watson dans laquelle celle-ci déclarait que, malgré ses succès, elle se sentait un peu comme un « imposteur » dans le monde des acteurs et actrices. Faisant écho à cette déclaration, d’autres journaux d’Outre-Manche rappelaient que ce n’était pas la première fois que la jeune actrice laissait en confidence l’idée que son succès n’était pas mérité. Il serait donc obtenu comme par fraude. Surfant sur la popularité de l’actrice les médias britanniques ont exploité cette déclaration ; les uns pour dire, méchamment, que l’actrice faisait preuve de « fausse modestie » et les autres pour disserter, doctement, sur le « syndrome de l’imposteur ».

    Il y a peut-être une explication plus simple : Mademoiselle Watson est seulement une actrice dont l’humilité lui fait constater que l’art qu’elle cherche à servir est tellement grand que son jeu ne peut pas lui permettre d’atteindre la pureté et la plénitude de ce qu’il faudrait. Dans ce cas, le terme « imposteur » signifierait qu’elle croirait usurper une qualité qu’elle n’aurait pas. Sans aucune qualification pour en juger au regard de la technique cinématographique force est de constater que eu égard au succès populaire qui est le sien, elle n’usurpe rien du tout. Quant à vouloir expliquer cette réaction par un « syndrome » qui ferait d’elle une personne relevant de la médecine clinique, cela paraît invraisemblable. Et si, tout simplement, elle n’était pas qu’une véritable actrice et que, comme tout professionnel talentueux, elle était juste consciente de ses propres faiblesses ? Car plus quiconque maîtrise son art plus il connaît ses propres lacunes.

    Ici, donc, le terme « imposteur » est utilisé par une personne qui se qualifie ainsi elle-même, par une personne qui a peur de tromper les autres alors qu’elle ne le souhaite pas ; ce terme est par ailleurs en rapport avec une qualité extérieure que cette personne cherche à atteindre pour l’offrir aux autres alors qu’elle considère ne pas l’avoir. Dans ce cas l’« imposteur » se réfère au passé et met en garde ses admirateurs trop indulgents.

    Nous sommes aux antipodes de ce qui se passe en France.

    La France face à la suffisance de l’imposteur

    93318-imposteur-cotta,bWF4LTY1NXgw.jpgQuinze jours après le début de ce débat Outre-Manche, le président de la République française a déclaré, sans l’ombre d’un doute ni même d’une hésitation qu’il « continuerait » à baisser les impôts des Français en 2016… ajoutant, dans un premier temps, « si la croissance le permet ». Dans la présentation que les médias ont faite de son intervention, il n’est nulle part question d’imposture… et pourtant !

    D’abord, le président sait bien qu’il n’a pas baissé les impôts des Français, bien au contraire, il ne peut donc pas « continuer » à les baisser. Il n’a fait que réduire le nombre de ceux qui payent l’impôt au point que désormais, en France, le « consentement à l’impôt », fondement même de la démocratie, n’est plus accordé par les représentants des contribuables mais par les représentants de ceux qui ne payent pas l’impôt. On peut d’ailleurs se demander si les lois fiscales françaises, dans leur principe même, sont encore conformes à la Constitution. Ensuite, le président sait aussi que la croissance ne sera pas au rendez-vous, ni en 2015 ni en 2016. Il pourra éventuellement y faire croire en embauchant quelques fonctionnaires supplémentaires puisque le PIB est, pour faire bref, la somme de la valeur des productions vendues par le secteur privé et des dépenses engagées par le secteur public.

    Dès lors le mot « imposteur » doit ici être pris dans son autre acception – la plus courante –, celle d’une « personne qui abuse de la crédulité d’autrui par des discours mensongers » (dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey). En général, cette personne ne paraît pas souffrir d’un « syndrome ». Si syndrome il y a, c’est celui de crédulité et ce sont ses auditeurs qui en sont victimes et devraient se soigner. A l’inverse, bien souvent, ce genre d’« imposteur » est tellement sûr de lui et de l’autorité de son verbe qu’il en devient suffisant.

    Dans ce cas le terme « imposteur » concerne une personne qui ne veut surtout pas que quiconque le lui applique à elle-même car elle a pour but de tromper les autres ; ce terme est par ailleurs en rapport avec une action (réelle ou virtuelle) que cette personne cherche à vanter auprès des autres alors qu’elle sait qu’elle ne peut pas produire les résultats officiellement annoncés et attendus. Dans ce cas l’« imposteur » en appelle au futur et cherche à séduire ses « sujets » trop sceptiques, voire hostiles. •