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Actualité France - Page 417

  • MEDIAS • Valeurs actuelles a raison mais la République des copains François Hollande ne l'a pas inventée ...

     

    Il est bien vrai que nous vivons sous une République de copains, que François Hollande n'a pas tenu sa promesse d'en renier les pratiques, encore moins d'instaurer cette République irréprochable qu'il avait fait miroiter; la réalité en est même l'exact contraire. 

    En présentant la dernière parution de Valeurs actuelles, dans la vidéo qui suit, Yves de Kerdrel a donc toutes sortes de justes raisons pour dénoncer « la République des copains ! ». « Nominations de complaisance, recasages discrets, en trois ans, le pouvoir socialiste a fait main basse sur l’État et satisfait l'appétit de ses courtisans ». 

    Que le niveau des copains ait baissé, soit. Il ne cesse de baisser depuis longtemps et descend quelques crans à chaque nouvelle mandature. Ce qui rend le dit copinage toujours plus criant et plus insupportable.

    Mais il serait un peu juste et tout à fait faux de laisser croire que ce système a été apporté par François Hollande; qu'il est le propre des socialistes; que leurs prédécesseurs en sont innocents. Et - pourquoi pas ? - leurs éventuels successeurs.

    La vérité est que, si tout Pouvoir instaure un certain niveau de copinage, la République aggrave grandement cette inclinaison naturelle parce que le Chef de l'Etat lui-même est issu d'un clan, qu'il en est l'émanation, qu'il lui doit en partie son élection, qu'il aura besoin de lui pour son éventuelle réélection et qu'il doit donc être, pour les hommes qui le composent, reconnaissant et généreux. Et, bien-sûr, ceci ne vaut pas que pour François Hollande et ses socialistes.

    On nous excusera de rappeler ces simplicités et cette évidence que la République est non pas accidentellement mais essentiellement un système de copinage; qu'elle l'est par nature, de fondation. Qu'elle l'a toujours été et le sera toujours, pour le temps qui lui reste à vivre. Pourvu que Dieu lui prête vie, comme on dit couramment et comme nous ne le souhaitons pas. Pas plus, par exemple, que Michel Houellebecq. 

    C'est qu'aucune autorité impartiale - au sens plein du terme - ne surplombe le système et n'y impose un minimum de retenue à la loi du copinage et un minimum de sens du bien commun.

    Tel est le vice de notre République et son incomplétude, ce qui renvoie aux déclarations d'Emmanuel Macron qui, en l'occurrence, va nettement plus loin et plus profond que le propos, pourtant fort juste et sympathique, d'Yves de Kerdrel. Pourquoi n'y réfléchirait-il pas ?  LFAR 

     

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  • SOCIETE • Affaire Saal : La faillite de la gauche culturelle, par Olivier d'Escombeau

     

    Dieu merci, il reste les livres. à la veille de la pause estivale, on aurait aimé donner des conseils de lecture et de quoi occuper l’esprit et le cœur à de saines nourritures. Hélas, l’actualité ne laisse guère de répit. Mieux encore, elle nous invite à la vigilance. Que la période qui s’ouvre soit propice à ressasser l’affaire Saal et ce qu’elle nous dit de la faillite de la gauche culturelle.

    Agnès Saal est cet administrateur civil au ministère de la Culture. Encore récemment chouchou du régime socialiste, elle occupait le poste très en vue de président de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) au terme d’une carrière sans faute. Sur dénonciation, le conseil d’administration de cet établissement public industriel et commercial (Epic) prenait connaissance des dépenses de taxi somptuaires de son président. Plusieurs dizaines de milliers d’euros en quelques mois à peine ! L’affaire devenue publique, le ministre alerté, voici Agnès Saal poussée à la démission au terme d’un déchaînement de l’opinion publique sans précédent s’agissant d’un haut fonctionnaire. La polémique s’est encore amplifiée lors de la réintégration dans un poste en administration centrale, procédure normale et ne marquant pas un traitement de faveur, loin de là, mais un passage obligé avec le déclenchement de poursuites disciplinaires et – sans doute – pénales.

    Dans une affaire de ce genre, nous nous en voudrions de hurler avec les loups. Car elle possède nécessairement une dimension humaine, même si elle n’excuse pas tout et encore moins de tels écarts. En l’espèce, il est de notoriété que ce haut fonctionnaire était un bourreau de travail et que sa situation personnelle était – en raison du handicap d’un proche – très difficile. Mais cela n’explique pas pourquoi les moyens mis à son service pour l’exercice de ses fonctions par la collectivité aient pu être apparemment détournés et mobilisés à des fins privées.

    Ainsi, l’irrésistible ascension d’Agnès Saal est désormais arrêtée. Elle a commencé au milieu des années 80 à la sortie de l’ENA. La jeune fonctionnaire, dans la bonne moyenne de sa promotion, rejoint le ministère de la Culture comme chef de bureau. Un poste pas très glamour, il est vrai, car les comptables sont rarement bien vus au pays des saltimbanques. Une volonté de fer, l’envie dévorante de parvenir et sa carrière s’accélère véritablement après avoir été membre de deux cabinets ministériels socialistes. La voilà placée au poste de n°2 du plus grand établissement culturel.

    Des amis et beaucoup d’ennemis

    Après avoir passé au chaud les longues années où la droite est au pouvoir, les plus grandes espérances se forment pour elle. Elle est annoncée comme directrice de cabinet du ministre de la Culture de François Hollande, Aurélie Filipetti. Hélas, à la dernière minute, le château impose une autre femme, plus jeune, plus introduite. Agnès Saal n’a pas que des amis à gauche. La vieille mitterrandie, en la personne d’un Jean-Noël Jeanneney, la soutient. Mais le temps a passé, une nouvelle génération monte. Des amis, Agnès Saal en a aussi à droite. Barrée des listes de la légion d’honneur où l’administration complaisante l’avait glissée (« depuis quand décore-t-on les socialistes ? » aurait glissé un conseiller outré), elle voit son nom rétabli par l’Elysée chiraquienne !

    Numéro deux, elle le restera pendant dix ans avant de devenir, enfin, la première à l’Ina. Les brillants seconds ne font pas toujours d’excellents premiers. Et c’est peut-être ce sentiment de liberté éprouvé tout à coup, la solitude aussi qu’implique une position de pouvoir aussi haut placée, qui peut expliquer ce naufrage. « Tomber pour ce motif, c’est affreux », chuchote-t-on en haut lieu. Tout un symbole, en effet. 

  • Face à la crise agricole, le point de vue de Jean-Philippe Chauvin

     

    Comme nous l'avons fait nous-mêmes ces jours derniers, Philippe Chauvin ne se contente pas de demander pour nos agriculteurs et éleveurs quelques mesures immédiates de sauvetage. Le monde agricole français se meurt de cette succession d'aides étatiques ou européennes dont il est comme drogué. Comme nous, Philippe Chauvin veut que l'on aille au fond des choses. Et le fond des choses, c'est la remise en cause d'un certain nombre de fondements idéologiques de l'économie contemporaine : le libre-échangisme systématique, la concurrence par le binôme infernal baisse des prix / baisse de la qualité, concurrence par le bas qui appauvrit, massifie, disqualifie, et encore le consumérisme, la financiarisation, de la filière agro-alimentaire notamment. Or la critique est particulièrement fondée en matière alimentaire et agricole qui touche à l'existence même de la France charnelle. Aussi bien, d'ailleurs, que d'autres pays, notamment européens. Refaire une agriculture française, reconstituer une population agricole nombreuse, productive - avant tout de qualité - et aisée : cela suppose que cette critique de fond soit menée.  LFAR  

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe monde agricole est à nouveau en crise : en fait, il n'a jamais cessé de l'être depuis ces dernières décennies, et la baisse régulière, dramatique en fait mais révélatrice, du nombre d'exploitations agricoles en France (comme en Europe), en administre la preuve la plus visible tout comme la disparition de la présence paysanne dans les campagnes, de plus en plus désertifiées dans celles qui, néanmoins, gardent une vocation d'abord agricole. En même temps, le chômage qui touche les zones rurales entraîne le départ des populations les plus jeunes vers les villes ou leurs périphéries, ce qui accentue encore ce mouvement de désertification. 

    Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ? 

    Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes ! 

    Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée ! 

    Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé... 

    Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes. 

    La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Qu'elle le veuille ou non et même si c'est majoritairement malgré elle, cette communauté est une menace

     

     

    Source : site Valeurs actuelles

  • Denis Tillinac : « la triste rançon du conformisme »

     

    Comme souvent, ici, Denis Tillinac parle d'or

     

    2594939590.jpgSi la presse régionale s’émancipait de la monochromie gauchisante, elle perdrait sans doute moins de lecteurs !

    Chaque fois que je fais escale dans une de nos provinces, je me plonge dans le quotidien local. Les noms de lieux et l’intitulé des rubriques m’intronisent peu ou prou dans un terroir ; il est question de pêche dans Presse Océan, de rugby dans Sud Ouest, c’est instructif et dépaysant. Mais je constate que partout les plumes des localiers sont trempées dans la même encre.

    Que les médias nationaux, écrits ou audiovisuels, soient très majoritairement d’imprégnation gauchisante, nul ne l’ignore. Que leurs réflexes, leur sémantique, leurs partis pris moralisants soient repris à l’identique dans la presse régionale, c’est plus choquant, car ces journaux, souvent en situation de monopole, affectent une neutralité de façade. Seule la Dépêche du Midi, où j’ai fait mes débuts, annonce la couleur : historiquement, elle est radsoc et entend le rester. Rien à redire, donc.

    Mais dans un pays où, tout de même, le champ des idées n’est plus monochrome, comme l’atteste entre autres symptômes la bonne santé de… Valeurs actuelles, on s’étonne de n’en trouver aucun reflet dans la presse quotidienne régionale. Les scores électoraux des Républicains et du FN ont beau être supérieurs à ceux du PS et de ses alliés, les tournures d’esprit des localiers restent alignées sur des clichés soixante-huitards.

    Mimétisme de provinciaux toujours fascinés par les éditorialistes de la capitale ? Sans doute. Mais ces trentenaires ou quadras qui récitent benoîtement le catéchisme au demeurant fort respectable du Monde, de Libé, de l’Obs, de Télérama ou de France Info sortent des différentes écoles de journalisme. Il faut croire que leurs enseignants ont tous été formatés par la Rue de Solferino, la Fondation Jean-Jaurès ou le think tank Terra Nova.

    Lors du dernier scrutin présidentiel, on invita les étudiants des trois principales écoles à émettre un vote. Au premier tour, Hollande obtint une franche majorité, le reste des bulletins se dispersant entre les autres candidats de gauche. Au second tour, 100 % de voix pour Hollande (sic). Or, on se souvient que dans la France “réelle”, Sarkozy recueillit presque la moitié des suffrages. Conclusion : les journalistes de la nouvelle génération sont calibrés comme des soldats sous l’uniforme. Le pluralisme démocratique n’y trouve pas son compte.

    C’est fâcheux pour ces jeunes, condamnés à regarder les choses de la vie, jusqu’à leur retraite professionnelle, avec des lunettes de vieux, et des oeillères en prime. C’est dangereux pour cette presse de province, jadis florissante et où, dans les salles de rédaction, de vifs débats opposaient conservateurs et progressistes, libéraux et dirigistes, souverainistes et européistes, jacobins et girondins, gaullistes et parlementaristes. Désormais, elle perd des lecteurs, et au train où elle relaye des postures idéologiques obsolètes, elle risque le décrochage.

    Renseignements pris, Libé demeure la référence dans ces écoles où les idées de droite n’ont pas droit de cité. Le Libé de Sartre et de Serge July fut pendant trente années le vade-mecum de notre intelligentsia après sa longue compromission avec le stalinisme. Le monde a changé, les maîtres à penser de cette époque ont perdu leur crédit : Libé n’incarne plus qu’une sensibilité politique marginale. C’est une constatation.

    En endoctrinant les futurs journalistes, on les prive de la capacité d’interpréter les réalités d’un monde en perpétuelle métamorphose. Par voie de conséquence, on prive le citoyen provincial de l’opportunité de retrouver dans son quotidien les débats qui agitent la conscience nationale. Du coup, il est tenté de les chercher sur les sites Internet, refuges équivoques du pluralisme.

    Ayant biberonné la presse écrite, je déplore que les générations montantes s’en détournent. Mais quand j’ouvre le quotidien de ma région, ça m’agace de subodorer, même dans les pages locales, même dans les pages sportives, un fumet idéologique désuet autant que lourdingue. On voudrait supplier ces Rouletabille juvéniles d’ouvrir leurs écoutilles et d’être moins dociles aux injonctions du cléricalisme rose ou rouge. On voudrait, s’il n’est pas trop tard, qu’ils s’énamourent d’une égérie exigeante mais délectable : la liberté de penser. 

     

    Denis Tillinac Valeurs actuelles   

  • Cet homme-là a sans-doute raison mais le premier fléau est le dogmatisme du libre-échangisme universel

     

    Lire notre note du 22 juillet 2015

  • Philippe Bilger : Hollande, Sarkozy et les autres sont usés jusqu'à la corde

     

    Pour Philippe Bilger, l'argument du candidat à la présidentielle qui y va par sacrifice car il est le seul à pouvoir sauver la France est hypocrite et urticant. Il a raison. Selon lui, « Hollande, Sarkozy et les autres sont usés jusqu'à la corde ». Il a deux fois raison.

    Philippe Bilger nous apparaît comme un homme d'esprit éminemment honnête et de bon sens. Mais si son constat ne va pas au delà de l'usure trop évidente des hommes, des politiciens qu'il cite, et des autres, nous craignons fort que l'essentiel soit raté. Et cet essentiel est l'usure extrême du Système même, dont il décrit bien les vices et leur malfaisance : la compétition permanente, les clans, les ambitions, la France reléguée au second plan, avec l'aval des élites et, sinon des intellectuels, du moins des médias. De sorte que la compétition pour le poste suprême est un poison permanent dont la France fait les frais. Parfaitement surprenant, dans des déclarations à tous égards extraordinaires, Emmanuel Macron - qui n'a sans-doute pas encore eu le temps de s'user - a pointé « l'incomplétude » non des hommes mais de notre démocratie elle-même. Et, pour comble d'audace, il a ajouté qu'il manque un Roi. Telle est, ici, notre conviction.

    Il y a quarante-cinq ans de cela, le Comte de Paris avait écrit ceci qui à notre sens n'a rien perdu de sa valeur, tout au contraire et que nous livrons à la réflexion de nos lecteurs, dont, peut-être, Philippe Bilger lui-même : « Dans la démocratie formelle, l'accession à la charge suprême est le fait de la compétition dans le style individualiste du siècle dernier; toutefois, il est permis d'espérer qu'un jour, pour en finir avec l’escalade permanente du pouvoir, le moyen sera trouvé d'instituer dans la République une autorité qui ne soit pas seulement légale mais légitime: ce peut être l'exigence naturelle de la société véritablement organique qui doit naître des réalités de ce temps. » Voilà qu'à près d'un demi-siècle de distance, Emmanuel Macron dit à peu près la même chose. De quoi faire réfléchir ! LFAR

     

    6830bcccdd66568bec1c72c800487f2b lfar.jpgLe 14 juillet, le président de la République s'est posé en bouclier de la «patrie» et on voit bien ce qui se dessine pour l'avenir: il sera de plus en plus candidat avec l'exigence de rassemblement et d'unité comme programme, en cherchant à faire oublier qu'il avait promis la concorde aussi en 2012 et qu'on en a été loin au cours de ses trois premières années.

    Il me semble qu'on accepte beaucoup de nos responsables publics et que sans illusion sur eux le citoyen ne peut pas faire autrement que de tolérer avec une ironie désabusée les propos conventionnels, la comédie des sacrifices et le rite obligé du devoir comme impératif suprême.

    Il n'empêche qu'il y a des limites. Entendre le président déclarer: «S'il n'y a pas de baisse du chômage, je ne me représenterai pas» constitue une véritable provocation démocratique.

    Il est le premier à n'être pas dupe de cet engagement puisqu'il en a déjà formulé d'autres et qu'à l'évidence il n'a jamais été ligoté par eux.

    Par rapport à l'échec de ses gouvernements dans la lutte contre le chômage, sous son autorité, on devine bien qu'il parviendra à hypertrophier une embellie même minime pour justifier une candidature renouvelée. 

    Même si de telles promesses pieuses sont tellement traditionnelles de la part de nos présidents - Nicolas Sarkozy en 2007 n'en avait pas été avare - qu'on ne s'en indigne plus, elles sont pourtant révélatrices d'un jeu de rôles qui ne montre pas notre République et ses piliers sous un bon jour. Il y a, en effet, une sorte de connivence entre le pouvoir et les médias pour que les seconds fassent semblant de prendre au sérieux les promesses du premier.

    Pourtant, dans la structure permanente du discours de conquête du pouvoir et de celui de son exercice, on retrouve les mêmes invocations: on n'aspire pas à présider par volupté ou pour abuser mais par ascèse parce que le souci du bien public est si enraciné qu'on ne s'imagine pas un autre destin, aussi éprouvant qu'il soit. On n'a absolument pas l'intention de durer pour durer et il va de soi que si les objectifs fondamentaux ne sont pas atteints, on se retirera avec une modestie exemplaire pour laisser la place à un successeur qui fera peut-être mieux que nous.

    Tout cela est tellement usé, grotesque et cousu de fil trompeur que je ne m'explique pas pourquoi les médias, avec rage, sarcasme ou colère, ne contraignent pas le pouvoir à arracher le masque et à reconnaître sa supercherie.

    Et, qui sait, à lui faire perdre l'habitude de ce simulacre et de cette fraude politique et humaine.

    Il va de soi qu'un président, d'abord qui promettrait dans sa campagne moins qu'il ne tiendrait dans sa pratique, et qui ensuite afficherait sa seule envie de ne pas trop mal faire sans nous faire croire à une pureté impossible, aurait mes suffrages.

    Ce qui crée le cynisme, ce n'est pas l'ambition ni de demeurer quand on a failli. C'est de prétendre qu'on ne se représentera pas quand on sait évidemment que sa décision est prise et qu'on fera comme tous ses prédécesseurs: on s'estimera, pour la France, plus important que la France elle-même.

    Je déteste cette gauche présidentielle déjà en campagne et qui se moque de ses concitoyens. Elle nous prend pour des imbéciles.

    François Hollande fera passer les intérêts supérieurs de la nation derrière des compromis qui lui assureront le soutien de son camp et lui permettront peut-être d'être présent au second tour et d'être réélu.

    Pourquoi pas ?

    Mais, de grâce, qu'il ne joue pas au vertueux et ne nous fasse pas prendre des vessies tactiques et opportunistes pour des lanternes magiques.

    Philippe Bilger - FigaroVox

     

  • Dominique Jamet : Les feux de la détresse

     

    Ces feux de la détresse - peut-être, en effet, les derniers - sur lesquels Dominique Jamet attire ici l'attention avec force et raison,  ce sont ceux de nos éleveurs, de nos paysans, de nos campagnes et de nos villages. De la France charnelle. A l'inverse des Grecs qui sont au moins coresponsables de leur sort et n'ont jamais vécu que d'endettement - la Grèce a fait six fois défaut depuis son indépendance - nos agriculteurs sont surtout victimes. Victimes d'un monde, d'une idéologie, de la domination d'une concurrence qui les broie. Il n'est pas sûr qu'ils en voient la cause profonde. Et Dominique Jamet a bien raison de la dire : il n'est plus temps de pleurer les aides de l'Etat ou de l'Europe. S'ils ont une certaine responsabilité dans leur situation, elle est là : nos agriculteurs se sont habitués à vivre des aides et des subventions auxquelles on les a drogués. Ils les veulent et les réclament. A moins qu'ils ne sollicitent les grandes surfaces pour qu'elles diminuent leurs marges. Quelle naïveté ! Nous pensons ici que tant que l'on ne touchera pas au dogme du libre-échangisme globalisé, tant qu'on ne fixera aucune règle aux importations massives, de n'importe quoi, en provenance de n'importe où, notre production sera menacée d'extinction. En particulier en matière agricole. Nous pensons même qu'en cette matière, le principe de subsidiarité devrait être rendu partout impératif et que la circulation transcontinentale ou intracontinentale intense et systématique des produits alimentaires - en particulier - devrait être l'exception. Ce serait sans-doute la sagesse si les politiques le décidaient. Ce serait le retour à la qualité des produits, la limitation de la malbouffe, ce serait sauver de la désertification la campagne française et ce pourrait être un nouvel essor du monde paysan, avec le gisement d'emplois qu'il pourrait créer si on lui en assurait les conditions. Merci à Dominique Jamet d'avoir soulevé le problème de notre agriculture et de nos éleveurs dans sa pleine dimension.  LFAR

                    

    3312863504.jpgLa prison pour dette ? On pouvait croire que cette peine archaïque, abolie chez nous depuis plus d’un siècle, appartenait à des temps définitivement révolus. On se trompait. La conséquence immédiate la plus évidente de la conférence européenne qui s’est conclue lundi dernier à l’insatisfaction générale, celle des créanciers comme celle du débiteur, n’est rien d’autre que le placement de la Grèce sous écrou, pour cause d’insolvabilité.

    La Grèce en prison, qu’est-ce à dire, et où diable se situerait cette prison? Entendons-nous. Il n’est question ici ni de la Bastille ni de la tour de Londres ni du château d’If où Edmond Dantès, futur comte de Monte-Cristo, perdit la liberté et crut bien perdre la raison. La prison dont il s’agit est une prison ultra-moderne, une prison immatérielle, une prison sans barreaux, ou plutôt dont les barreaux sont remplacés par des règlements, des interdits, des clauses obligatoires, des sanctions automatiques… Une prison, quand même, dont les onze millions de détenus, placés sous bracelet électronique, ont perdu la maîtrise de leur monnaie, de leur budget, de leurs lois, de leur destin. Indépendante depuis 1822, la Grèce a été mise sous protectorat en juillet 2015, pour une durée indéterminée, par ceux-là mêmes qui, osant se réclamer de l’idéal européen quand leur seule religion est l’euro, prétendent n’agir que pour son bien. Le feuilleton grec a-t-il pour autant trouvé son épilogue ? Qui dit prison dit geôliers, verrous, chiens policiers et surveillance permanente, mais aussi mutinerie ou évasion. À suivre…

    Pendant que nous n’avions d’yeux que sur la tragédie qui était à l’affiche du théâtre de la Monnaie de Bruxelles, un autre drame, un drame économique, un drame social, un drame humain se déroulait sur notre territoire. Aux dires du ministre de l’Agriculture français, Stéphane Le Foll, ce sont entre 20 et 25.000 éleveurs de bovins et de porcs, 10 % des effectifs de la profession, qui sont actuellement au bord de ce gouffre qu’est le dépôt de bilan. 25.000 exploitations victimes de l’embargo russe, de la concurrence allemande et polonaise, des pratiques commerciales de la grande distribution, soit au total, avec les familles et l’environnement, entre 80.000 et 100.000 personnes mortellement touchées. Un coup de couteau de plus dans le tissu de la ruralité, une étape de plus vers la mort annoncée de nos villages, de nos bourgs, de toute cette France charnelle sur laquelle se sont abattus tous les corbeaux de la mondialisation.

    Mais, dira-t-on, si ces agriculteurs sont menacés de faillite, l’État ne pourrait-il, substituant son aide à celles de la politique agricole commune, au cas par cas, au coup par coup, et le temps qu’il faudra, compenser leurs pertes par des subventions ? Eh bien non, de telles pratiques lui sont interdites par les règles qui régissent l’Union européenne.

    Fort bien, mais une solution alternative pourrait être la limitation quantitative ou la taxation des importations de viande et de lait en provenance des pays étrangers dont la concurrence nous menace ? Cette défense naturelle est incompatible avec la libre circulation des marchandises à l’intérieur de l’espace européen.

    Soit, mais est-il impossible au gouvernement de contraindre les colosses de la grande distribution, quitte à réduire leurs marges, à acheter les produits nationaux à des prix qui assurent leur rentabilité aux producteurs ? Ce serait une atteinte aux sacro-saints fondements d’une libre économie de marché.

    « Achetez français », implore François Hollande, de passage en Lozère. Mais ni le Président ni l’État ni le gouvernement ne sont plus maîtres chez eux. Ils sont les spectateurs lointains de nos naufrages. Quant aux malheureux qui coulent, ils sont réduits à déverser du fumier devant les préfectures et les grandes surfaces ou à allumer sur les routes des barrages de pneus. Dérisoires et pathétiques protestations. Ce sont les derniers feux de la détresse.

    L’asphyxie ou la noyade, c’est la perspective qui s’ouvre à la Grèce. La révolte, le suicide ou l’abandon, c’est le choix qui reste à nos éleveurs.

    Quant à ceux qui nous gouvernent… dans quel monde vivent-ils, et quel monde nous fabriquent-ils ? 

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    Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • Hollande enlisé dans l'impopularité : pourra-t-il seulement se représenter ?

     

    Il n'y a plus que 19% des Français pour lui faire confiance.

  • Le réalisme commande le Roi, par François Marcilhac*

    La Galerie des Rois au portail de Notre-Dame

    L'on ne peut qu'apprécier l'analyse de François Marcilhac sur ce que l'on pourrait s'amuser à appeler à notre tour « l'incomplétude » des propos d'Emmanuel Macron constatant qu'à nos Institutions « il manque un roi ». François Marcilhac rétablit les distinctions historiques nécessaires que ne fait pas Macron et dit l'essentiel sur ce que doit être le Roi lui-même, réalité, incarnation et non pas seulement figure. Reconnaissons toutefois que venant d'un ministre de la République, pour incomplet qu'il soit, le propos si surprenant d'Emmanuel Macron allait probablement très au delà de ce qu'il est céans de dire dans la position qu'il occupe, s'agissant de notre République et du Chef de l'Etat lui-même. Ersatz, et bavardage stérile, ce propos ? Oui, s'il l'on s'en tient là, oui sur le fond. Mais qui nous dit quelles conséquences plus larges il peut faire germer si les circonstances d'une hypothèse monarchique venaient à se créer, à se réunir ? L'Histoire, y compris celle d'une République hautement improbable aux environs de 1790, peut réserver de tels retours et leur maturation suit aussi des méandres dont on ne distingue le cours que lorsque l'improbable s'est accompli.  LFAR  • 

     

    500021990.jpgIl serait naïf de croire qu’Emmanuel Macron ne mesurait pas la portée de ses propos quand il répondit dans un entretien à l’hebdomadaire l’1, le 8 juillet dernier, à une question sur la démocratie, que celle-ci « comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. 

    Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. »

    Bruno Roger-Petit a beau traiter de « gredins  » (sic) ceux qui — les royalistes ? — ont « exploité » , comme il convenait, les propos du ministre, nous n’en sommes que plus libres pour reconnaître qu’il a entièrement raison lorsqu’il conclut qu’on retire de ces propos « plutôt l’image d’un gaullien en quête de l’éternelle synthèse à achever entre héritage de la monarchie capétienne et Nation devenue républicaine. A lire Macron, on comprend mieux le drame de l’époque : les institutions démocratiques françaises sont conçues pour de grands hommes dotés de grandes ambitions, animés du sens de l’histoire et du temps long. Aujourd’hui, ces hommes-là n’existent pas. Et pourtant, les temps l’exigent. » (Challenges du 10 juillet).

    Nous ne reviendrons pas sur le fait que l’actuel ministre de l’économie, redonnant tout son sens au lien entre philosophie et politique, au sein d’une classe politique qui, à droite comme à gauche, a perdu depuis longtemps l’habitude de penser l’action pour se consacrer à une gestion immédiate des affaires, retrouve des vérités perçues depuis longtemps par d’autres et en d’autres termes. La tradition intellectuelle non royaliste savait depuis Renan comment «  le jour où la France coupa la tête à son roi, elle commit un suicide. » Ce que dit ne pas, du reste, exactement Emmanuel Macron, qui préfère porter un regard de froid clinicien sur cette absence abyssale au cœur de nos institutions. Il n’est pas non plus Albert Camus écrivant que « le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes. » Même si, sous le terme de verticalité, Macron affleure la notion de transcendance, l’ancien assistant du philosophe protestant Paul Ricoeur et jeune politicien assumé en reste à un regret d’ordre technique : « Toute la difficulté du politique aujourd’hui réside dans ce paradoxe entre la demande permanente de délibération, qui s’inscrit dans un temps long, et l’urgence de la décision. La seule façon d’en sortir consiste à articuler une très grande transparence horizontale, nécessaire à la délibération, et à recourir à des rapports plus verticaux, nécessaires à la décision. »

    Nous ne ferons pas non plus son sort à cette dénonciation de la « normalisation » de la fonction présidentielle après De Gaulle, qui renvoie, par le choix du terme, notre président « normal » à son néant — rarement ministre en exercice aura été plus insolent envers le chef de l’Etat qui l’a nommé. Non, l’essentiel des propos de Macron tient dans ce paradoxe persistant qui consiste, pour les plus intelligents du personnel républicain, à analyser lucidement les tares du régime qu’ils servent sans en tirer les conséquences, un peu comme Barrès qui, tout en approuvant au début du XXe siècle le raisonnement de Maurras, refusa toujours de franchir le pas de la monarchie en prétextant le caractère irrémédiable de la république en France.

    Comme le constate François Huguenin (Le Figaro du 9 juillet), malheureusement non sans lucidité : « De là à faire d’Emmanuel Macron un militant royaliste ou un dangereux ennemi de la République, il y a le pas entre la réflexion et le fantasme… » Tout le problème est là ! Car voilà deux siècles que, précisément, on essaie, sans y parvenir, d’achever cette « éternelle synthèse [...] entre héritage de la monarchie capétienne et Nation devenue républicaine ». Bonaparte ou De Gaulle sont venus combler, à des moments particulièrement cruciaux de notre histoire, le besoin d’autorité, en incarnant temporairement cette vieille loi rappelée par Ulysse au deuxième chant de l’Iliade, et qu’aimait citer Maurras : « il est dangereux [...] qu’il y ait tant de chefs. N’ayons donc qu’un seul prince, qu’un seul roi ». Mais ni Bonaparte ni De Gaulle, par-delà le caractère contestable de leur héritage, n’ont fondé ce qui permet précisément de réaliser la synthèse non pas entre « héritage de la monarchie capétienne » et « nation devenue républicaine », mais entre l’horizontalité du temps politique et la transcendance d’un peuple à travers l’histoire : une dynastie qui se confond avec la nation. Car la synthèse est la monarchie capétienne elle-même.

    Tout en ciblant la question institutionnelle primordiale, Emmanuel Macron se trompe en pensant que, dans la vie politique française, l’absent soit « la figure du roi ». L’absent, c’est le roi lui-même. Ne voir en lui qu’une figure, c’est rester dans l’idéologie, ne pas comprendre que le roi est tout entier dans son incarnation et qu’il ne saurait être réduit à une fonction, que n’importe quel grand homme pourrait occuper à sa place. Le grand avantage de la monarchie capétienne est précisément de nous libérer de l’incertitude des grands hommes. Si, en 223 ans, la France n’a pas réussi à trouver pour « ce siège vide » un remplaçant, c’est qu’il n’y a pas de remplaçant. Car la « personne du roi », et non sa « figure », est, comme la définissait Pierre Boutang, une « réalité effective ». Emmanuel Macron pourra, après tant d’autres, chercher encore longtemps : le réalisme commande le recours au roi. Tout le reste n’est qu’ersatz, et bavardage stérile. 

    L’Action Française 2000

  • SOCIETE • Natacha Polony : Quand Libération insulte les pauvres

     

    PARIS : Le canal Saint-Martin chaque soir est infesté de déchets et des restes des nuits d'ivresse. Les riverains se plaignent. Libération se moque d'eux. Natacha Polony y voit un signe des temps. Elle a raison.

     

    XVMbd3235a0-219b-11e5-93d6-2261d4e29204 - Copie.jpgC'est un simple conflit de voisinage. L'action d'une association de riverains qui fait parler d'elle parce qu'elle a eu l'idée d'utiliser les nouvelles technologies pour se faire entendre. Ils habitent un quartier prisé de Paris, les abords du canal Saint-Martin, avec ses écluses et ses ponts ombragés par les platanes. Les pavés, l'Hôtel du Nord et la voix d'Arletty aux accents de Parisienne. Sauf que l'atmosphère, justement, devient irrespirable. Parce que chaque lendemain de soirée ensoleillée, le canal et ses abords se transformenten cloaque. Bouteilles de bière, paquets de chips, déchets divers et variés flottant dans le canal ou s'entassant sur les rives. Et les traces d'urine et de vomi sur les pas-de-porte. Alors, une jeune femme de 32 ans a lancé un compte Instagram pour diffuser les photos du massacre et alerter le maire du Xe arrondissement, qui ne semble pas ému plus que cela. Le Figaros'en est fait l'écho, tout comme Les Inrocks. C'est dire si la cause semblait consensuelle.

    Pourtant, le journal Libération a voulu montrer son indignation face à l'action de ces affreux bourgeois dont on précise qu'ils ont payé 8 000 euros le mètre carré, ce qui les range visiblement dans le camp des ennemis de classe. L'argument est de poids: ces riches-là n'aiment pas les pauvres qui sont de sortie dès la canicule venue, « et aussi les étudiants, les djembéistes, les sosies de Zaz, les futurs festivaliers d'Aurillac, les intérimaires fauchés, les trompettistes amateurs, les buveurs de 8.6 et même les punks à chiens ». Ces propriétaires (Libé oublie qu'on peut être locataire à Paris) amateurs d'Amélie Poulain et de son Paris « sépia » (en langage Libé, ça veut dire nostalgique, donc pétainiste, donc nous renvoyant aux « heures sombres, etc. ») sont furieux de constater que leur quartier est véritablement pittoresque, qu'il est resté véritablement parisien et pas gentrifié.

    L'argument aurait de quoi faire hurler de rire de la part d'un journal qui vante les bistrots branchés et pour qui le peuple se réduit si souvent à des beaufs racistes votant FN. Mais il nous révèle en fait comment une part de la gauche a remplacé dans son horizon idéologique le peuple par une entité indéfinie, ces «étudiants, djembéistes, intérimaires fauchés» et autres. Cette foule folklorique a bien sûr le droit d'être sale et de déverser ses déchets sur un site jusqu'à lui ôter toute beauté, parce qu'ils sont du côté du « mouvement » et de la « vie ». Le même processus incite à ne pas considérer comme des «pauvres»les populations des cités HLM qui à intervalle régulier s'élèvent contre les saletés et dégradations qui massacrent les parties communes de leurs immeubles. Les «pauvres»ne protestent pas, ils ne réclament pas la sécurité et la pauvreté. Les « pauvres », les « damnés de la terre », ce sont les « jeunes » qu'il ne faut pas « stigmatiser » et qui, de ce fait, peuvent imposer des immondices à leurs voisins.

    Quel étrange mépris du peuple ! Quelle curieuse vision de la dignité humaine ! On serait tenté d'inciter les éditorialistes de Libération à relire les réflexions de George Orwell sur ceux qu'il appelait « les gens ordinaires », qui se caractérisent par le désir d'une vie simple, l'attachement à des valeurs traditionnelles et le respect de la « décence commune », la faculté instinctive de percevoir le bien et le mal. Certes, ces petites gens ne ressemblent pas à ceux qui viennent déverser leurs déjections festives sur les trottoirs. Parce que, faut-il le rappeler aux garantsde la gauche libertaire, les pauvres, autant que les riches, aiment la propreté et la beauté. Et la propension à prendre l'espace commun pour une poubelle n'est pas la conséquence de l'oppression sociale mais de l'abolition de cette morale minimale qui fait prendre conscience qu'il y a des choses « qui ne se font pas ». Elle est la traduction en actes d'une idéologie mettant l'individualisme hédoniste au-dessus des normes communes au nomdu sacro-saint « il ne faut pas juger ».

    La meilleure preuve que, dans la lutte des classes sans cesse réinventée, les défenseurs du droit à polluer l'espace public pour cause de divertissement de masse ne sont pas du côté qu'ils croient, c'est que ce que subissent les petits bourgeois du canal Saint-Martin ou les prolétaires des cités du 9.3, on ne permettrait pas une secondeque le subissent les grands bourgeois du XVIe arrondissement ou les dirigeants de Libération aux abords de leur maison de campagne ou de bord de mer.

    De gauche ou de droite, le respect du peuple consiste à ne pas imaginer que la pauvreté implique (et donc excuse) l'incivilité ou la délinquance, mais à comprendre que l'égalité, la fraternité et la morale qui les sous-tendent sont le ciment d'une société digne. 

    Natacha Polony - Le Figaro

  • SOCIETE • Droits de l’homme, etcetera… Dernières nouvelles des fronts les plus urgents

     

    L'analyse de Régis de Castelnau dans Causeur  

     

    La chronique qui suit, en forme de satire, nous a paru fort drôle. Ce qui y est dénoncé avec les procédés de l'humour l'est à juste titre. Et tout y est fort bien vu d'un sujet qui, pour être traité en quelque sorte sur le ton de la plaisanterie, n'en est pas moins sérieux. Et même grave ... LFAR

     

    L’organe central du PSF (parti sociétal français) vient de reprendre l’offensive pour que soit enfin adoptée une mesure essentielle.

    Foin de la menace terroriste en France, de la crise grecque, de l’extension de Daech, de l’accord avec l’Iran, de la crise financière en Chine, le « collectif Droits humains pour tou-te-s » nous rappelle qu’il est des combats qui ne souffrent aucun retard. La présence dans l’intitulé de tirets avec e et s partout nous faisait pressentir que l’on allait avoir du lourd.

    Eh bien non justement, grosse déception.

    La demande est celle du changement du nom de la « Déclaration des Droits de l’Homme » en « Déclaration des Droits humains ».

    Force est de constater la timidité de cette revendication. Vouloir affubler d’un simple adjectif le terme Droits, ne pourra qu’en réduire la portée.

    Il faut aller plus loin, camarades !

    Dans l’intitulé actuel, le terme « l’Homme » de genre (grammatical) neutre renvoie au genre (scientifique) humain. Chacun sait avec Carl von Linnée que « Nomina si nescis, perit cognitio rerum » *, ce qui avait amené ce génial savant du XVIIIe siècle à proposer la nomenclature binominale du système vivant. Toujours utilisée aujourd’hui, elle nous a classés dans le genre « Homo ». Dans l’histoire du genre Homo commencée il y a environ 2,5 millions d’années, Il y a eu l’Homo erectus, l’Homo ergaster, l’Homo habilis, l’Homo Sapiens, l’Homo neandertalensis et aujourd’hui l’Homo Sapiens Sapiens. Le dernier, c’est nous (deux fois sapiens, trop fort), et coup de chance, nous sommes la seule espèce d’Homo survivante.

    Il faut donc utiliser le terme scientifique qui nous qualifie. Il faut satisfaire à l’urgence de mettre fin à l’ambiguïté sexiste de l’intitulé actuel, opportunément rappelée par Libération, mais sans l’abaisser par l’utilisation d’un banal adjectif, et sans courir le risque que cette « Déclaration » ainsi affublée  soit confondue avec le règlement intérieur d’une quelconque loge maçonnique. Revenons par conséquent à notre véritable nom. Celui qui rassemble les femmes et les hommes sans distinction.

    C’est pourquoi la « Déclaration des Droits de l’Homme » devrait devenir la « Déclaration des Droits de L’Homo ».

    Ce qui, convenons-en, aurait une autre allure. Et puis, comme ça, tout le monde serait content.

    Photo : Wikipedia.org

    * « La connaissance des choses périt par l’ignorance du nom. »

    Régis de Castelnau - Causeur

  • Pour conclure sur la crise euro-grecque, qui, elle, ne fait que commencer : fin de partie remise ...

     

    La réflexion qui suit, intéressante et juste, est parue dans Causeur. Elle est signée Roland Hureaux. Elle nous semble résumer clairement et synthétiquement la crise grecque et surtout celle de l'euro. Au delà, celle de l'Europe et des nations qui la composent. Plus que la question grecque en elle-même, qui a déclenché, comme ce fut souvent le cas dans notre histoire depuis l'indépendance de la Grèce, une vague de romantisme, d'irréalisme et de passions, c'est en effet notre propre destin et celui de l'Europe qui est en jeu. Et c'est d'une tout autre importance ... LFAR  

     

    74878-hureaux-1,bWF4LTY1NXgw.jpg« Cette fois l’euro est sauvé, la crise grecque est terminée ». Un concert de satisfaction a salué, tant dans les sphères du pouvoir que dans la sphère médiatique, l’accord qui a été trouvé le 13 juillet à Bruxelles entre le gouvenrment Tsipras et les instances européennes – et à travers elles, les grands pays, Allemagne en tête.

    Etonnante illusion : comme si la diplomatie pouvait venir à bout  du réel. N’est ce pas Philippe Muray qui a dit un jour : « Le réel est reporté à une date ultérieure » ?

    Il n’y a en effet aucune chance que cet accord résolve quoi que ce soit.

    Passons sur le revirement étonnant d’Alexis Tsipras qui organise un référendum où le « non » au plan de rigueur de l’Europe est plébiscité avec plus de 62 % de voix et qui, immédiatement après, propose un plan presque aussi rigoureux.

    Aide contre sacrifices

    Ce plan a trois volets : les dettes de la Grèce doivent être étalées ; jusqu’où ? On ne sait pas encore, cela ne sera décidé qu’en octobre . La Grèce recevra de nouvelles facilités à hauteur de 53 milliards d’euros (remboursables), plus le déblocage de 25 milliards de crédits du plan Juncker (non remboursables). Elle doit en contrepartie faire voter sans délai un certain nombre de réformes : augmentation de la TVA, recul de l’âge de la retraite , lutte renforcée contre la fraude fiscale, etc.

    Le volet réforme correspond-t-il à une vraie logique économique ? Appliquées immédiatement, ces mesures plomberont un peu plus l’activité, comme toutes celles que l’on inflige à la Grèce depuis quatre ans. Ne vaudrait-il pas mieux que ce pays consacre les ressources nouvelles à l’investissement et ne soit tenu de revenir à l’équilibre qu’au moment où la croissance , grâce à ces investissements, repartira. Quel  pays a jamais restauré ses grands équilibres dans la récession ?

    Moins que de considérations techniques, cette exigence de réformes ne s’inspire-t-elle pas plutôt du vieux moralisme protestant : aider les pauvres, soit mais seulement s’ils font des efforts pour s’en sortir ; quels efforts ? Peu importe pourvu qu’ils en bavent !

    Quoi qu’il en soit, pour redevenir solvable et donc rembourser un peu de ce qu’elle doit, la Grèce doit avoir des comptes extérieurs non seulement en équilibre mais excédentaires. Pour cela, elle doit exporter.

    Pourquoi n’exporte-t-elle pas aujourd’hui, et même achète-t-elle des produits comme les olives? Parce que ses coûts sont trop élevés. Pourquoi sont-ils trop élevés ? Parce qu’ils ont dérivé plus que dans les autres pays de la zone euro depuis quinze ans. Et quoi que prétendent certains experts, cela est irréversible.

    Aucun espoir sans sortie de l’euro

    La Grèce a-t-elle un espoir de devenir excédentaire en restant dans l’euro ? Aucun.

    Seule une dévaluation et donc une sortie de l’euro qui diminuerait ses prix internationaux d’environ un tiers lui permettrait de reprendre pied sur les marchés.

    C’est dire que l’accord qui a été trouvé, à supposer que tous les Etats l’approuvent, sera remis en cause dans quelques mois quand on s’apercevra que l’économie grecque (à ne pas confondre avec le budget de l’Etat grec) demeure déficitaire et qu’en conséquence, elle ne rembourse toujours rien.

    On le lui a assez dit : cette sortie-dévaluation sera dure au peuple grec, du fait de l’augmentation des produits importés, mais elle lui permettra au bout de quelques mois de  redémarrer. Sans sortie de l’euro, il y aura aussi des sacrifices mais pas d’espoir.

    Nous pouvons supposer que les experts qui se sont réunis  à Bruxelles savent tout cela. Ceux du FMI l’ont dit, presque en ces termes. Les uns et les autres ont quand même signé.

    Les Allemands qui ont déjà beaucoup prêté à la Grèce et savent qu’ils ne récupéreront rien de leurs créances, réformes ou pas, ne voulaient pas s’engager d’avantage. Ils ont signé quand même. Bien plus que l’attitude plus flexible de François Hollande, c’est une pression aussi ferme que discrète des Etats-Unis qui a contraint Angela Merkel à accepter un accord, envers et contre une opinion allemande remontée contre les Grecs.

    Quant à Tsipras, a t-il dû lui aussi céder aux mêmes pressions (de quelle manière est-il tenu ?) ou joue-il double jeu pour grappiller encore quelques avantages avant une rupture définitive – qui verrait sans doute le retour de Yannis Varoufakis. Les prochains jours nous le diront.

    Le médiateur discret

    On ne comprend rien à l’histoire de cette crise si on ne prend pas en compte, derrière la scène, le médiateur discret de Washington qui, pour des raisons géopolitiques autant qu’économiques, ne souhaite ni la rupture de la Grèce, ni l’éclatement de l’euro.

    Cette donnée relativise tous ce qu’on a pu dire  sur les tensions du  « couple franco-allemand » (ça fait cinquante ans que les Allemands nous font savoir qu’ils n’aiment pas cette expression de « couple » mais la presse continue inlassablement de l’utiliser !). Au dictionnaire des idées reçues : Merkel la dure contre Hollande le mou. Merkel, chancelière de fer, qui tient entre ses mains le destin de l’Europe et qui a imposé son diktat à la Grèce. Il est certes important de savoir que les choses sont vues de cette manière (et une fois de plus notre piteux Hollande a le mauvais rôle !). Mais la réalité est toute autre. Ce que l’Allemagne voulait imposer n’est rien d’autre qu’un principe de cohérence conforme aux traités qui ont fondé l’euro. Ce que Tsipras a concédé, c’est ce qu’il  ne tiendra de toutes les façons pas  parce qu’il ne peut pas le tenir.  Merkel a été contrainte à l’accord par Obama contre son opinion publique. La « victoire de l’Allemagne » est doublement illusoire : elle ne défendait pas d’abord ses intérêts mais la logique de l’euro ; cette logique, elle ne l’a imposée que sur le papier.

    Mais pourquoi donc tant d’obstination de la part de l’Europe de Bruxelles, de la France et de l’Allemagne (et sans doute de l’Amérique) à trouver une solution à ce qui dès le départ était la quadrature du cercle ? Pourquoi tant de hargne vis à vis des Grecs et de tous ceux qui ont plus ou moins pris leur défense, au point d’anesthésier tout débat économique sérieux ?

    Le Monde a vendu la mèche en titrant en grand : « L’Europe évite l’implosion en gardant la Grèce dans l’euro. » Nous avons bien lu : l’Europe, et pas seulement l’euro. Bien que la Grèce ne représente que 2% du PIB de la zone euro, son maintien dans cette zone conditionne la survie de l’euro. Mais par delà l’euro, c’est toute la construction européenne qui semble devoir être remise en cause si la Grèce sortait et si, du fait de la Grèce, la zone euro éclatait. Là encore le paradoxe est grand : comment de si petites causes peuvent-elles avoir de si grands effets ? Ce simple constat montre, s’il en était besoin, la fragilité de l’édifice européen. Cette fragilité réapparaitra qu’on le veuille ou non,  jusqu’à la chute de ce qui s’avère de plus en plus n’être qu’un château de cartes.

    Devant une telle perspective, les Européens, ont dit « de grâce, encore une minute, Monsieur le bourreau. » Une minute ou quelques mois mais  pas beaucoup plus. 

    Roland Hureaux - Causeur

    *Photo : Markus Schreiber/AP/SIPA/VLM133/812735085543/1506081323

  • L'ÉCHEC DES GOUVERNANTS par HILAIRE DE CRÉMIERS

    Les tours de passe-passe ne prennent plus.

     

    H D C - Copie.jpgLe feuilleton grec risque de s'achever en drame et chacun sait qu'une tragédie grecque est d'allure cosmique et de sens universel. Encore faut-il en comprendre la portée ! 

    L'affaire grecque est le caillou dans la chaussure de l'Europe. Il lui blesse le pied depuis des années. C'était un petit caillou, croyait-on; de peu d'importance, ajoutait-on. La blessure ulcérée est devenue énorme et, maintenant, le caillou sorti ou pas sorti - il sortira évidemment et il faudra même qu'il sorte -, la plaie envenimée risque de gangrener toutes les parties basses et faibles de l'organisme européen. L'affaire est très mal partie parce que, dès le début, elle était très mal engagée. Les conséquences sont imprévisibles dans leur totalité. C'était, pourtant, cette possibilité de détérioration et cette imprévisibilité même des suites qu'il fallait précisément prévoir.

    Les dirigeants français comme les dirigeants européens n'ont rien su voir ni prévoir. Les discours tenus, il n'y a pas encore un mois, étaient d'une affligeante nullité. Personne ne reviendra dessus, ce qui serait pourtant le plus sûr, le plus juste et le plus terrible des jugements. Ni Sapin, ni Moscovici, ni Hollande, ni Juncker ne supporterait un tel examen critique. Tout ce monde-là s'est trompé et lourdement trompé. Leurs prédécesseurs pareillement.

    Parce qu'ils se sont toujours sortis des échéances précédentes, mais en aggravant à chaque fois les échéances suivantes, ils s'imaginaient et s'imaginent encore - même aujourd'hui - qu'il y aura des solutions et la crédulité publique se satisfait de cette facile persuasion.

    Comme il est écrit dans ces colonnes régulièrement et depuis presque huit ans, l'astuce maléfique de part et d'autre des partenaires européens a été d'entretenir une subtile et constante confusion entre liquidité et solvabilité. Chacun y avait avantage. Il était si facile de dire et de se dire qu'il suffisait d'approvisionner en liquidités pour que les problèmes soient résolus, ce qui permettait, en outre et en compensation, aux bailleurs de liquidités d'exiger des réformes structurelles de toutes sortes dans le cadre d'un technocratisme libéral qui est le fin mot de la doctrine bruxelloise et, de plus, surtout dans les débuts, d'obtenir des retours fort avantageux sur investissernents ou sur prêts, en tout cas pour les malins.

    Un tel système ne pouvait fonctionner qu'un temps. C'est que la réalité grecque se ramenait, en fait, à une question de solvabilité et, comme toujours en pareil cas, l'insolvabilité, quand elle est niée. ne cesse de s'accroître et, même en supprimant une partie considérable des dettes, l'échéance fatale survient inéluctablement et brusquement avec des chiffres démesurément grossis. Qu'on veuille bien se souvenir des chiffres d'il y a seulement quatre ans ! La machinerie européenne, à en croire les financiers de l'époque, n'aurait dû en faire qu'une bouchée !

    CONSÉQUENCES INCALCULABLES 

    Aujourd'hui les créances sur la dette grecque sont tout simplement irrécouvrables. Les Grecs le savent et ils veulent se donner les moyens de l'annuler - ou équivalemment de la reporter indéfiniment -, politiquement par un référendum, économiquement par un chantage sur l'économie européenne, financièrement par une pression sur la zone euro qui pourrait aller jusqu'à l'explosion. Les mois qui suivent seront décisifs, que la Grèce sorte de la zone euro ou même qu'elle prétende y rester d'une manière ou d'une autre. Dans le premier cas elle provoque un choc sur le système des dettes dont nul ne peut appréhender les séismes consécutifs, dans le second cas, elle continue de plomber le même système et sans fin. Tout cela est évidemment absurde. Et signale amplement l'échec d'une politique insensée et de toute une doctrine qui sert de justification à l'élite dirigeante européiste depuis trente ans. La catastrophe sera à l'échelle de l'illusion qui a été savamment entretenue.

    Il ne sert à rien de stigmatiser Tsipras : ses prédécesseurs, socialistes ou conservateurs, ont créé avec la complicité des eurocrates, la situation qu'il tente éperdument de dénouer comme un politicien qu'il est. Dire que la Grèce remontait la pente au prétexte que les circuits financiers avaient été allégés, relève de la supercherie. Car les chiffres sont implacables. L'euro n'était tout simplement pas une monnaie faite pour la Grèce. Et, d'ailleurs, la situation sera identique bientôt dans le reste de l'Europe, malgré les efforts demandés aux peuples. 

    Se gargariser avec des déficits primaires dont on dit qu'ils sont réduits ou supprimés, ne transforme pas le poids réel de la dette, ni n'évite l'écrasement des économies. Les comptables de Bruxelles en sont au trafic de bilans. Ou, comme nos politiques et nos financiers, aux assurances verbales. C'est toujours du genre bien connu : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Ni l'Italie ni la France ne sont en état de supporter un choc sur leur dette souveraine. Surtout si la spéculation s'y met. La vérité est que leur dette, comme celle de la Grèce, n'a plus de prise sur la réalité. Les astuces de Mario Draghi ne changent pas les données fondamentales : les liquidités déversées par milliards ne servent pas concrètement à l'économie, malgré tout ce qui se dit, et n'améliorent pas la solvabilité d'un pays quand il est devenu en fait totalement insolvable. La dette française, comme celle de beaucoup d'autres pays, mais elle plus que les autres, est insoutenable : c'est du simple bon sens. Elle ne se réduit pas, elle se prolonge, s'installe dans la durée, s'alourdit et se refinance... jusqu'à quand. 

    PÉRILS POUR LA FRANCE 

    Il n'y a que François Hollande et son creux de Sapin pour croire et faire croire que l'économie française redémarre et, en plus, dit-il ingénument, grâce à lui ! Les chiffres d'activité passagère ne signifient rien. Ce qui est certain, c'est l'effondrement de pans entiers de l'économie nationale et la disparition incessante de postes d'emplois dans la vie des entreprises. Les gens avertis savent, en outre, que les sanctions stupidement prises par l'Europe contre la Russie pour complaire aux Américains, vont coûter plus cher aux Européens qu'aux Russes. Les exportations en sont frappées. Malgré le mépris évident des États-Unis pour l'Europe - l'affaire des écoutes n'en est qu'un détail mais qui l'illustre parfaitement -, le traité transatlantique, qui les avantage de toutes les façons, sera accepté comme tous les précédents par nos dirigeants sans culture et sans honneur. 

    Alors que le malaise français se ressent à tous les niveaux, dans les villes, chez les commerçants et les artisans, dans le fond des campagnes, dans toutes les entreprises petites, moyennes et grandes dont quelques-unes sont littéralement bradées, alors que les familles sont atteintes jusque dans leurs enfants livrés aux diktats imbéciles d'un gouvernement sans âme, ni foi, ni loi et que l'Académie française se voit dans l'obligation - rarissime - de rappeler à l'ordre, alors surtout que les risques intérieurs se conjuguent aux risques extérieurs que plus personne ne peut raisonnablement évaluer et que, pendant ce temps, pourtant, l'intérêt du chef de l'État comme de toute la classe politique se porte essentiellement sur les futures élections dont, évidemment, la présidentielle, la guerre civile commence chez nous. La première décapitation a eu lieu, sous les yeux effarés des Français. L'islamisme profite de la dislocation sociale de notre pays. Qui en est responsable ? Quelle politique intérieure, quelle politique extérieure ont abouti à ce résultat ? Le pape François a raison de souligner la responsabilité écrasante des dirigeants occidentaux qui, ne travaillant jamais que pour leurs intérêts et leurs ambitions, ont tout simplement oublié le bien commun. À quand de vrais chefs ? • 

    Politique magazine

     

  • Quelle extraordinaire déclaration d'Emmanuel Macron, chers lecteurs de Lafautearousseau ! Elle mérite qu'on y revienne ...

     

    Cette déclaration est extraordinaire. Extraordinaire à plus d'un titre. Et c'est pourquoi nous la redonnons à lire, in extenso, ce matin.

    Tout d'abord, elle est profonde. Elle sourd d'une réflexion véritable. Et originale. Rarissime phénomène de la part d'un homme politique contemporain - qui plus est appartenant à la génération Macron.

    Elle est extraordinaire venant d'une personnalité issue des milieux, très formatés au politiquement correct, que Macron est censé fréquenter  - qu'ils soient de droite ou de gauche, d'ailleurs. 

    Elle est extraordinaire aussi parce qu'elle émane d'un ministre en exercice, titulaire d'un portefeuille de premier rang. Et qui relève un vice fondamental de nos Institutions.

    Elle est extraordinaire, enfin, parce qu'elle n'a pas été sanctionnée. Bien que sa remarque finale concerne non pas exclusivement mais tout de même personnellement le Chef de l'Etat... Ni Valls ni Hollande ne l'ont relevée. Comme si leur pouvoir était évanescent. Comme s'ils ne songeaient même plus à en défendre le principe. Cela aussi est extraordinaire. 

    Dans le domaine de l'extraordinaire, le pire est souvent à venir. Mais heureusement, pas toujours !