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Actualité France - Page 420

  • Couple franco-allemand : Madame porte la culotte

     

    par Dominique Jamet dans Boulevard Voltaire 

    Dominique Jamet met ici le doigt sur un obstacle majeur à la poursuite du projet de construction européenne : la séparation de plus en plus marquée du couple franco-allemand, dont la cohésion était pourtant la toute première condition. Certes, pour les besoins de son argumentation, Dominique Jamet simplifie beaucoup. Sur plusieurs points. Jamais, même au temps du traité de l'Elysée, l'entente franco-allemande ne fut une idylle, l'atlantisme de la République Fédérale contrecarrant la politique d'indépendance européenne que voulait De Gaulle; sous François Mitterrand, qui s'en était d'abord effrayé, la réunification des deux Allemagnes avait déjà largement commencé de rompre l'équilibre entre les deux pays; la création de l'Euro devait en compenser les effets : on sait que ce fut l'inverse qui advint ... Sur un autre plan, Dominique Jamet force aussi le trait : certes au sein du couple franco-allemand et de l'Union Européenne, c'est Angela Merkel qui porte la culotte mais est-elle réellement cet homme fort du Vieux-Continent que l'on voit en elle ? Il est souvent fait reproche à l'Allemagne d'Angela Merkel de rester couchée devant l'hyperpuissance américaine malgré sa puissance industrielle, et de n'avoir de politique et d'ambition qu'économique... Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ... Dominique Jamet force aussi le trait lorsqu'il écrit qu'il y a aujourd’hui entre la France et l’Allemagne la même différence et la même distance qu’entre un porte-avions et un pédalo suiveur. Mais globalement, Dominique Jamet a raison : il est vrai que la puissance retrouvée et la prospérité exceptionnelle de l'Allemagne d'aujourd'hui, ajoutée au décrochage industriel et commercial de la France des trente dernières années, ont disjoint le couple et rendu bien plus difficile qu'autrefois la construction européenne.  LFAR

     

    3312863504.jpgVaincue, pire que vaincue, défaite, occupée, ravagée, humiliée, haïe, morcelée, mise au ban de l’humanité, tandis que la France, après avoir été admise in extremis à la table des vainqueurs, prenait rang parmi les Cinq Grands, qui, en 1945, aurait parié un mark sur le retour de l’Allemagne dans le concert des nations ?

    Lorsqu’en 1962 le général de Gaulle, fort de sa stature historique, de la grandeur retrouvée de la France, de sa prospérité, de sa force de frappe et conscient des données permanentes de la géopolitique, tendit la main de la réconciliation à Konrad Adenauer, chancelier de la RFA, l’initiative et la supériorité étaient de notre côté.

    Quelques années plus tard, entre Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, puis entre François Mitterrand et Helmut Kohl, l’avantage démographique était du côté de l’Allemagne, l’influence internationale du côté de la France, la taille économique comparable et le tandem franco-allemand fonctionnait à merveille sur la base d’une entente personnelle et politique et d’un équilibre entre les deux peuples voisins, amis et alliés.

    Vinrent les années Chirac et Sarkozy. Le couple, nous disait-on, était toujours en pleine lune de miel, l’Europe s’organisait et ne fonctionnait qu’autour de lui. Le moteur franco-allemand était toujours incontournable et déterminant, et l’Allemagne faisant de louables efforts pour ménager notre susceptibilité et se garder de tout orgueil, elle n’insistait pas sur le fait que dans la voiture, c’était elle qui tenait de plus en plus souvent le volant.

    La crise grecque, entre autres mérites dont on se passerait, a celui de nous mettre en face de la vérité. Femme forte du Vieux Continent, Angela Merkel n’a tenu aucun compte du désir de compromis affiché par la France et son président. Elle a rassemblé derrière elle, sur une position intransigeante, ignorant les bêlements plaintifs de notre diplomatie, tous les États membres de la zone euro, sans même regarder derrière elle ce qu’il en était de la France, assurée qu’elle était que, comme d’habitude, Paris suivrait. S’il est encore permis de parler d’un couple franco-allemand, il est clair que c’est Madame qui y porte la culotte.

    Le Parisien publiait hier les résultats d’un sondage plus cruel et plus éclairant que n’importe quel commentaire ou analyse. A la question : « Parmi les personnalités suivantes, laquelle a, selon vous, le plus d’influence sur les décisions prises par l’Union européenne », 67 % des personnes interrogées répondaient Angela Merkel, 14 % Mario Draghi, 10 % Jean-Claude Juncker 4 % Donald Tusk, président du Conseil de l’Europe. Et François Hollande ? 2 %.

    Le roi est nu, et il a perdu sa couronne. Il y a aujourd’hui entre la France et l’Allemagne la même différence et la même distance qu’entre un porte-avions et un pédalo suiveur. Ces dernières années, le président français a pris du poids et la France n’a cessé d’en perdre. On aurait mieux aimé l’inverse. 

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    Dominique Jamet - Boulevard Voltaire

    Journaliste et écrivain. Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication.

     

  • MEDAS • Les Guignols : Bolloré en faveur d’un Canal Peluche

     

    Par Jany Leroy, auteur pour la télévision

     

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? 

    De la grande époque des « Guignols », il ne reste pas grand-chose. Au fil des années, l’ensemble de la chaîne a lentement glissé vers un consensus de bon aloi auquel les marionnettes n’ont pas échappé. Devenu politiquement correct, le programme ne crée plus l’évènement. Le temps des « tout à fait Thierry » repris par la France entière est révolu. À force de bien-pensance, Canal plus a perdu le contact avec l’homme de la rue. Trop conforme. Trop comme il faut. La pensée lisse est ennuyeuse.

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? Les personnages en latex ont sombré avec le paquebot Canal dans les abysses de la conformité calibrée.

    Dans cette affaire, bien plus inquiétante est la motivation de cette possible décision. Les déclarations de Vincent Bolloré sur le sujet laissent pantois. « Se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien » déclare-t-il sans rire. À ceux qui pensaient que le fond était atteint, l’homme propose donc de creuser. Forte de cette consigne, preuve d’une grave incompétence artistique, la direction de Canal Plus se doit de plancher sur un anti-Guignol dans lequel chaque homme politique sera magnifié, encensé, loué… Cirage à foison, coulée de miel sur le plateau, De Caunes déguisé en abeille… Il y a concept sous roche.

    Après le militantisme pro « Hollande-Sarko » du « Petit journal » camouflé sous l’estampille « humour moderne », voici peut-être venu le temps de la propagande à découvert. Hollande petit papa des peuples, Sarkozy mon ami comme tu es beau, Marine Le Pen tu es la haine, etc. Un refrain à chanter tous les soirs à l’unisson avec les animateurs de la chaîne rebaptisée Canal Peluche (Canal Pluche pour les puristes).

    L’homme d’argent de Vivendi ne semble pas se rendre compte que, mise en pratique, sa conception de l’humour entrainerait une chute vertigineuse d’audience et par voie de conséquence un de ces manque-à-gagner qui vous contraint de laisser le yacht au port au moins pendant deux jours sans bouger tellement le fuel est hors de prix et que là, on peut plus suivre.

    Et le plaisancier d’enfoncer le clou : « C’est parfois un peu trop de dérision. » Gratuite ! omet-il d’ajouter. La dérision pour la dérision fatigue son téléspectateur. Quitte à regarder une chaîne dite décalée, l’animal veut du vrai vent qui souffle. Du qui décoiffe. Pas une simple brise d’été pour midinette en manque d’après shampoing. Sur ce registre, la chaîne n’a fait que décevoir. Qu’aller de mal en pis. De l’Apathie béni oui-oui jusqu’à l’indigestion, de l’invité « Druckerisé », du sous Ruquier de samedi soir maussade.

    Ah non, n’en jetez plus ! Assez de dérision facile, de sourires entendus, de blagues convenues… Du neuf ! Du sol au plafond. Changez tout. Repartez de zéro. Voilà, résumé en peu de mots, tout ce que Bolloré ne fera pas. Les soirs d’été sur le pont de son bateau de plaisance resté à quai, il songera à racheter une chaîne de la Corée du Nord. Au moins des gens qui savent rigoler sans se moquer de personne…  

     

    Jany Leroy - Boulevard Voltaire

     

  • GUERRE DE CIVILISATION, par François Marcilhac

     

    500021990.jpgAlors que François Hollande, apprenant l’attentat terroriste commis vendredi 26 juin à côté de Grenoble contre une usine chimique, n’a su qu’ânonner « la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais »,...

     

    ... Manuel Valls, face à cette première décapitation sur le sol français — les islamistes franchissant, par cet acte culturel, un cran symbolique supplémentaire dans la guerre qu’ils mènent sur notre vieille terre chrétienne contre tout ce qu’elle représente —, a préféré, et à juste titre, parler dimanche 28 [1] de « guerre de civilisation », indisposant du reste plus son propre camp qu’une droite qui a vu dans ce propos un hommage du vice socialiste à la vertu sarkozyste. Il a eu d’ailleurs entièrement raison d’ajouter aussitôt, de peur de ne pas être compris, qu’il ne s’agit pas d’« une guerre entre l’Occident et l’islam » et qu’il n’est pas devenu un disciple d’Hutington. L’Occident, en effet, du moins en ce sens-là, loin d’être une réalité géopolitique, n’est qu’une arme idéologique de destruction massive des Etats-Unis dont la barbarie apparemment plus douce est pareillement dirigée contre la civilisation incarnée par nos vieilles nations européennes... Un « Occident » dont, néanmoins, la politique actuelle du gouvernement français favorise les entreprises, qu’il s’agisse, entre autres exemples, de son opposition à la Russie ou de sa soumission, via l’Europe, dans les négociations sur le traité transatlantique.

    La France, chrétienne en son essence, n’est pas en guerre contre l’islam, encore moins contre ses propres ressortissants musulmans, mais, comme l’affirme Aymeric Chauprade, contre le « totalitarisme islamique » et ceux « qui vivent à l’extérieur ou chez nous, profitent d’ailleurs des largesses de notre État-providence tout en étant hostiles à ce que nous sommes, à nos valeurs, à notre civilisation. » [2] Nous ne sommes évidemment pas les seuls menacés et cette guerre est mondiale, comme l’a montré, le même jour, l’attentat commis en Tunisie et visant principalement des touristes. C’est que de nombreux pays européens ont pratiqué et continuent de pratiquer la même politique, qui risque même d’aller s’aggravant sous des prétextes compassionnels, après avoir déstabilisé, à la demande de l’« Occident », une Afrique du Nord et un Proche et Moyen Orient qui n’en demandaient pas tant ! Oui, la cause des attentats est bien « à rechercher dans la mise en place d’une politique étrangère déplorable [...], dans une immigration incontrôlée et incontrôlable, dans une justice complaisante ainsi que dans la destruction de tous les repères traditionnels de notre société. » [3]

    Le terme de civilisation a un mérite : celui d’obliger à nommer les choses et à ne plus se contenter de la vaine opposition entre des « valeurs républicaines » et un « terrorisme » également hors-sol. Notre civilisation, c’est tout ce que nous sommes depuis plusieurs millénaires, même lorsque certaines de nos valeurs sont devenues folles, et cette barbarie a un visage, celui d’un fanatisme qui se réclame d’une religion et par rapport auquel les fidèles de cette même religion doivent impérativement et clairement se positionner en cessant de prétendre qu’ils sont les premières victimes. Ainsi, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a osé relativiser l’horreur de l’attentat en affirmant dans un communiqué que « le vrai danger réside du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme. » Le Gouvernement peut-il encore considérer comme interlocuteur crédible un « collectif » qui ose prétendre que le danger n’est pas le djihadisme mais une « islamophobie » largement fantasmée et qui, fort heureusement du reste, ne compte encore aucune victime, décapitée ou non ? La désinformation à laquelle s’emploie le CCIF a-t-il pour objectif le désarmement moral de la nation ? Inutile de dire à qui profiterait celui-ci...

    Qu’importe qu’on ne puisse savoir si les propos de Manuel Valls, qui rompent avec l’éternel refrain sur LA République, expriment la conviction, toute neuve, d’une France qu’on ne peut réduire à une idéologie ou à un régime politique, ou ne sont qu’éléments de langage concoctés par ses communicants. Il avait déjà évoqué une attaque contre « l’essence même de la France » pour commenter la tentative d’attentat contre deux églises de Villejuif. L’essentiel, en effet, n’est pas que le Premier ministre soit sincère mais qu’il se soit cru obligé de parler ainsi. Que lui, ou ses communicants, comprennent qu’il se suffit plus d’évoquer les « valeurs de la république » sous forme d’incantation magique pour mobiliser les Français contre une entreprise barbare qui menace l’existence même de la nation. Ne rêvons pas ! Nous n’en avons pas fini d’en souper, de ces valeurs, et Valls sera le premier à nous les resservir lorsqu’il s’agira de politique politicienne. Mais c’est un fait : sous ce mot de « civilisation », ambigu, peut-être, mais dont l’ambiguïté même a pour mérite de sortir de la référence plavlovienne à la République, c’est de nouveau la France en son être qui perce, ou tout du moins, l’aveu que le recours à une idéologie — la République, la laïcité — ne peut plus suffire à vaincre dans une guerre cruciale.

    Les récents propos de Marion Maréchal-Le Pen, qui ne comprend pas « cette obsession pour la République » et, condamnant la tendance qui « voudrait que la République efface la France », affirme que « la République ne prime pas sur la France », constituent une divine surprise. Sommes-nous à un tournant, provoqué par la véritable indigestion que la « République » commence de provoquer chez les Français, et que seuls ne ressentent pas quelques ringards confits en dévotion ? Une indigestion qui n’est que la révélation d’une imposture : celle d’une religion de substitution ayant cru trouver dans la mondialisation un nouveau ressort pour faire disparaître définitivement un peuple français réel, trop réel. Nos compatriotes se réveillent et, avec eux, le meilleur de l’élite politique. Tant mieux ! 

     

    L’Action Française 2000

    - [1] au Grand Rendez-vous d’Europe 1, Le Monde et i-Télé
    - [2] Entretien donné à Boulevard Voltaire ce 29 juin.
    - [3] Communiqué de l’Action française du 27 juin
    - [4] Entretien à la revue Charles

  • Pourquoi l'immigration massive doit cesser

    Par Mathieu Bock-Côté*      

    Le maire de Palerme a appelé ce jeudi à l'instauration de la libre circulation des clandestins dans l'UE. Mathieu Bock-Côté rappelle que les peuples ne sont pas interchangeables et constituent des réalités historiques qu'il faut préserver.   

    Touche pas à mon pote. C'était le slogan de l'antiracisme des années 1980. Il abolissait la distinction entre le citoyen et l'étranger et résorbait le lien politique dans la simple amitié privée. L'humanité étant une, les frontières distinguant les groupes nationaux seraient arbitraires. Il faudrait saisir chaque occasion d'en finir avec elles, en les déconstruisant comme en les transgressant. Qu'importe que l'immigrant soit légal ou illégal, officiellement le bienvenu ou clandestin. Il forçait la nation à se déprendre de son ethnocentrisme, à s'examiner de l'extérieur et à célébrer la différence rédemptrice. D'ailleurs, au fil du temps, le clandestin est devenu le sans-papier. Il ne se définissait plus par sa présence illégale mais par un manque à combler. 

    Ces jours-ci, les clandestins sont devenus des migrants. Singulier euphémisme correspondant au grand récit mis de l'avant par la mondialisation selon lequel nous serions tous des immigrants. Et comme hier, nous entendrons probablement bientôt touche pas à mon migrant. Le terme masque bien mal une véritable déferlante migratoire qu'il n'est pas permis de nommer sans quoi on se fera accuser de céder au fantasme de la submersion démographique. Évidemment chaque immigré porte une histoire singulière. Mais c'est à l'échelle de l'histoire qu'il faut saisir ce phénomène, qui prend l'allure d'une révolution démographique appelée à changer le visage d'un vieux monde faisant semblant de s'en réjouir en chantant la célébration des différences. 

    Les élites européennes adhèrent à un humanitarisme qui ne veut plus voir le monde qu'à travers une vision fondamentaliste des droits de l'homme. Évidemment, aucune communauté n'est définitivement close. Chacune est transcendée par une certaine idée de l'universel. Le christianisme nous disait déjà de tous les hommes qu'ils étaient égaux devant Dieu, et les droits de l'homme ont sécularisé cette noble idée. Faut-il néanmoins rappeler que les peuples ne sont pas tous interchangeables entre eux, quoi qu'en pensent ceux qui veulent définir les peuples simplement par leur adhésion à des valeurs universelles? Un peuple n'est pas une construction juridique artificielle: c'est une réalité historique profonde qui a un droit à la continuité. 

    Il ne s'agit pas de penser, comme le suggèrent certains esprits aussi inquiets qu'excessifs, en termes de conquête de l'Europe par l'islam. À tout le moins, on parlera pour l'Europe d'une immigration de peuplement subie qui engendre des crises sociales de plus en plus nombreuses. Il faut aller au-delà de la seule crise des migrants, qui ne fait que radicaliser la question de l'immigration. Mais ces populations nouvelles ne s'assimilent ni ne s'intègrent vraiment et se constituent souvent en contre-sociétés qui deviennent aisément hostiles aux pays dans lesquelles elles s'installent. Elles arrivent dans les pays européens sans avoir l'intention d'en prendre le pli. Naturellement, les populations locales se sentent dépossédées et se crispent. 

    Nul besoin d'aller jusqu'à prophétiser un choc des civilisations pour constater que des mœurs trop fortement contrastées peuvent difficilement cohabiter sur un même territoire sans que ne s'installe une crise permanente. Évidemment, les explications de ces conflits sont aussi nombreuses que contradictoires. À droite, on a tendance à l'expliquer par l'incompatibilité culturelle entre les populations étrangères et la société d'accueil. À gauche, on accuse surtout cette dernière de ghettoïser les immigrés et d'en faire les victimes d'un système discriminatoire à grande échelle. C'était la formule aussi dangereuse que toxique de Manuel Valls qui a accusé la France de pratiquer l'apartheid contre ses immigrés. Mais plus personne ne croit vraiment que tout va bien. 

    Évidemment, il n'y a pas de solution simple, même si certains se réfugient derrière la complexité de la situation pour justifier leur inaction. Le fait est pourtant que les nations européennes devront envoyer d'une manière ou d'une autre un message clair: les vagues massives de clandestins qui entrent par effraction dans leurs frontières ne sont pas les bienvenues et sont appelées, tôt ou tard, à être refoulées. L'immigration massive doit cesser, et plus encore quand elle prend le visage de ces derniers mois. Cela ne veut pas dire qu'il faille railler toute sensibilité humanitaire en y voyant de la sensiblerie humanitariste. D'ailleurs, quoi qu'en disent les cyniques, les pays européens déploient des efforts significatifs et admirables pour sauver le plus de vies possibles. 

    Le fantasme universaliste qui pousse la civilisation européenne à se mirer exclusivement dans l'idéal d'une humanité réconciliée l'empêche de comprendre ses intérêts spécifiques. Elle en vient à se désarmer politiquement et psychologiquement pour ne plus se voir qu'à la manière d'un espace plat sans identité particulière appelé à accueillir la planète entière. Il n'est plus bien vu, aujourd'hui, d'évoquer la figure de la décadence. On veut y voir une catégorie réservée à la pensée réactionnaire et aux obsédés du déclin. C'est peut-être à sa lumière, néanmoins, qu'il faudrait penser la crise actuelle d'une civilisation renonçant à défendre ses frontières en bonne partie parce qu'elle ne voit plus au nom de quoi et en quel droit elle le ferait.

     

    * Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels «Exercices politiques» (VLB, 2013), «Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois» (Boréal, 2012) et «La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire» (Boréal, 2007).

    Mathieu Bock-Côté - Figarovox

     

  • C'est la fin ! Par georges Rousseau

     

    08 et 09.2012 034.jpgUn observateur attentif des réalités françaises ne manquerait pas de remarquer que plusieurs éléments, et non des moindres, des problèmes de notre pays, montrent qu'on est arrivé à la fin d'une époque, sur le plan des institutions, sur le plan économique et sur celui de la politique étrangère. 

     

    La fin de la Ve République 

    Le raccourcissement de sept ans à cinq ans de la durée du mandat du Président de la République a changé la nature du régime ! La « monarchie républicaine » imaginée par le général de Gaulle il y a quarante-cinq ans, n'est plus : nous sommes revenus au régime des partis de la Mme République. Car, dans l'idée du général, l'élection du Président de la République au suffrage universel direct et ce, pour une durée excédant largement celle d'une législature, devait lui donner une forte légitimité et une large indépendance face aux partis politiques. A partir du moment où la durée du mandat du chef de l'État est la même que celle des députés à l'Assemblée nationale et que l'élection du premier ne précède que de trois mois l'élection des seconds, ces élections sont liées et, dès lors, le Président n'est pas le chef de la nation, mais seulement celui du parti dominant. On arrive donc exactement au contraire de ce que voulait de Gaulle !

    Et cette entreprise de démolition n'est pas la première. Car, comme l'écrit François de Closets dans un livre récent : « Le général était parti en guerre contre un parlementarisme débilitant qu'il détestait et qui, d'ailleurs, le lui rendait bien. Il n'était pas sitôt disparu que les partis reprirent à leur profit la configuration binaire imposée par la constitution de 1962 ». Et les premiers à le trahir, comme ils l'avaient déjà trahi en ce qui concerne l'Europe, ont été les dirigeants du parti qu'il avait lui-même formé. Car dès l'instant qu'on est en République, on ne sait rien faire sans les partis, au moins en France...

    Ils viennent même d'aller plus loin dans la démolition de la vision gaullienne de laVe République, car le Président n'est plus désigné par le peuple. En effet, la vraie désignation du chef de l'Etat n'est plus faite directement par l'ensemble des électeurs, mais découle d'une élection primaire, où il est choisi par quelques dizaines de milliers de personnes appartenant à un ou des partis politiques ! Comme le remarquait Hilaire de Crémiers dans une récente conférence : jamais le Président de la République n'a été désigné par aussi peu de gens !

    En réalité, il semble que nos dirigeants, qu'ils appartiennent au Parti Socialiste ou à l'UMP, pardon : aux Républicains, n'aiment pas le peuple, qu'au fond ils méprisent... On dirait qu'ils le craignent et préfèrent prendre leurs décisions en petits comités...D'ailleurs, ils traitent avec mépris de « populistes » ceux de leurs adversaires qui attirent les suffrages des électeurs des classes populaires !

    Ainsi, la V' République ne s'est pas terminée par un coup d'état, comme la première et la seconde, ni après une terrible défaite militaire comme la troisième République, ni encore dans les soubresauts dramatiques découlant de la guerre d'Algérie comme la quatrième, mais par des combinaisons partisanes ! Alors qu'on ne cesse de nous rebattre les oreilles des « valeurs de la République », on constate que la réalité s'en éloigne de plus en plus. Elle est chouette la démocratie !

    La fin de la croissance

    Depuis 2008, début de la crise financière mondiale, l'évolution du Produit Intérieur Brut de la France a été, soit négative, soit positive mais à des niveaux très faibles, très souvent inférieurs à 1 % et ne dépassant en aucun cas 1,7 %. En clair, nous sommes durablement dans une période de très faible croissance...

    Par exemple, la Commission européenne prévoit qu'en 2015, la hausse du P.I.B. en France sera de 1,1 %, contre 1,9 en Allemagne. Or, contrairement à d'autres pays européens, la population de la France augmente, résultat d'une bonne démographie et d'une immigration importante. Il faudrait donc que la croissance française soit supérieure, pour qu'elle puisse faire diminuer le chômage. Rappelons que le chômage total atteint cette année 3.500.000 personnes, auquel il convient d'ajouter le chômage partiel qui s'élève à 1.500.000 personnes.

    Autre facteur négatif : la baisse de la productivité depuis les années 1990. La Direction du Trésor indiquait récemment dans une note que : « les gains de productivité par tête en France passent sous la moyenne de l'OCDE ». En cause, la baisse du nombre d'heures travaillées qui est passé, en pourcentage, de 100 en 1976 à 79 en 2012. Ajoutons le vieillissement du matériel : « La France, notait un économiste, est derrière l'Italie, le pays où le stock de capital a le plus vieilli... » Machines peu modernes, retard en robotique, tout ceci nuit à l'efficacité du travail ! 

    Certes, une certaine imélioration a été constatée au début de l'année 2015, et cette éclaircie inespérée a ranimé l'espoir de certains que cette reprise permettrait à la croissance française de repartir en avant. Ce relatif regain de l'activité provient de ce qu'on a appelé : « l'alignement des planètes », à savoir la baisse du prix du pétrole, la baisse de l'Euro et la baisse des taux d'intérêts. Or, le premier élément (la baisse du prix du pétrole) a déjà partiellement disparu, puisque le prix du baril de Brent, qui était tombé à 40 dollars, est remonté maintenant à 60 dollars. Le second élément, la baisse de l'Euro, est aussi en voie de disparition. Quant au dernier ,le niveau quasiment nul des taux d'intérêts, élément totalement injustifié et qui représente un risque mortel pour un pays croulant sous le poids des dettes comme la France, il commence sérieusement à disparaître, le taux des emprunts de l'État français ayant déjà été multiplié par quatre depuis quelques semaines.

    Le pauvre François Hollande se croyait sauvé par son parapluie miraculeux : les cycles économiques, ces théories exposées vers 1900 ! Cycle de Kondratiev de cinquante ans, cycles décennaux de Juglar, ou même les mini-cycles de Kitchin de deux ans ... qui tous se déroulaient uniformément, avec une phae économique ascendante, suivie d'un retournement de tendance et d'une phase dépressionnaire, et de nouveau d'une reprise économique. Le malheur, c'est que la situation à l'époque où ces théories ont été élaborées, n'était pas du tout la même que celle que nous connaissons aujourd'hui. En 1900, les frontières étaient, en ce qui concerne la circulation des marchandises, presque toutes fermées hermétiquement. Les monnaies, à l'époque toutes métalliques (or, argent...), ne circulaient pas facilement. Quant aux nouvelles, elles mettaient le temps d'un bateau à vapeur, ou parfois à voile, pour aller de New-York au Havre, ou pire, de Tokyo à Marseille ! De nos jours, toutes les frontières sont ouvertes aux marchandises du monde entier, on peut aller spéculer librement sur les bourses de toute la planète, et les nouvelles et les capitaux circulent à la vitesse de la lumière grâce à Internet. Il s'ensuit que la théorie des cycles, qui était parfaitement exacte autrefois, ne signifie plus grand-chose aujourd'hui !

    La fin de la politique étrangère de la France

    La politique étrangère menée par les gouvernements français qui se sont succédés au pouvoir depuis huit ans a cessé d'être celle d'un état indépendant défendant ses intérêts nationaux, ce n'est plus la politique étrangère de la France !

    Nicolas Sarkozy a ouvert le bal en se mettant outrageusement à la remorque des Américains. 

    Tournant le dos à une décision historique du général de Gaulle, il a décidé que la France ferait de nouveau partie des centres de commandement militaire de l'OTAN. Or l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, fondée pour défendre ses membres contre la menace soviétique, n'a plus de raison d'être depuis que l'U.R.S.S. a disparu. L'OTAN n'est plus que le paravent de l'expansionnisme des Etats-Unis.

    Mais il y a plus grave. Se fondant sur des arguments « droit-de-l'hommistes », le président Sarkozy a soutenu la causes des révolutionnaires du « Printemps arabe »  

    en Tunisie, puis en Lybie. Bien que Kadhafi, autrefois proche des terroristes, ait mis beaucoup d'eau dans son vin et se soit rapproché des États occidentaux, notamment de la France, Nicolas Sarkozy a décidé d'intervenir militairement dans ce pays. Les résultats de cette intervention sont catastrophiques ! En effet, Kadhafi éliminé, la Lybie s'est retrouvée écartelée entre différentes factions rivales, chacune représentant une région, une tribu ou un groupe religieux... Depuis lors, une terrible guerre civile ravage le pays et détruit ses richesses ! Quant aux armes modernes que nous avons généreusement distribuées pour faire pièce à Kadhafi, elles se sont comme par miracle retrouvées entre les mains d'islamistes radicaux au Sahel : d'où la guerre au Mali et maintenant dans toute l'Afrique sub-saharienne ! 

    François Hollande a remplacé Nicolas Sarkozy en 2012. Mais la politique suivie par le gouvernement socialiste s'est révélée être aussi mauvaise que celle du gouvernement UMP.

    En Europe, elle a purement et simplement emboitée le pas aux Américains. Notamment, la position de la France aurait dû s'écarter radicalement de l'attitude agressive des États-Unis et de l'Union européenne face à la Russie sur le problème ukrainien. La France aurait dû tenter de trouver sur le terrain diplomatique une solution plus réaliste et correspondant aux intérêts des parties en cause. Ne parlons pas des négociations en vue de la conclusion d'un accord commercial transatlantique, dans lesquels nous sommes loin d'avoir défendu énergiquement nos intérêts...

    De même, en Syrie, à seule fin de faire tomber le « dictateur » Bachar el-Assad, qui pourtant ne demandait qu'à s'arranger avec les puissances occidentales, la France a fourni de nombreuses armes à de prétendus groupes « démocrates », qui se sont retrouvées comme par hasard entre les mains des islamistes radicaux. De même, les interventions aériennes que la France, toujours à la remorque des Etats-Unis, a déclenché contre le DAESH islamique, se limitent au territoire irakien. Résultat, le DAESH règne maintenant en maître sur la moitié de la Syrie !

    Ce bref résumé montre que nos dirigeants, de droite comme de gauche, mènent une politique ne prenant pas en compte, comme elle le devrait, le seul intérêt national. Décidément, il est temps de changer de régime ! 

     

    Restauration Nationale 

     

  • Hervé Juvin : « L'union européenne, une entreprise à décerveler les peuples »

     

    D'après les révélations de Wikileaks, les trois derniers présidents français auraient été mis sur écoute par la NSA. Hervé Juvin voit dans ce scandale le symbole de l'hégémonie américaine et de la naïveté des Européens.

     

    HerveJuvin.jpgVotre livre s'intitule Le mur de l'ouest n'est pas tombé. Comment analysez-vous l'affaire Franceleaks ?                     

    Ne nous faites pas rire ! L'affaire des écoutes américaines des Présidents français, dont il est promis juré qu'elles se sont arrêtées en 2012, en dit plus sur l'état de la France que sur la réalité des écoutes. Partons du principe que tout le monde écoute tout le monde, suggérons avec le sourire que les Français ne sont pas les derniers à le faire, ajoutons que l'explosion de l'espionnage de données par les systèmes américains ne leur assure pas des triomphes stratégiques bien marquants, et regardons-nous !

    Les Français veulent croire que nous vivons dans un monde de bisounours. L'Europe est une entreprise à décerveler les peuples européens, ceux du moins qui croiraient que les mots de puissance, de force, d'intérêt national, ont encore un sens. C'est l'étonnement général qui devrait nous étonner; oui, l'intérêt national américain n'est pas l'intérêt français ! Oui, entre prétendus alliés, tous les coups sont permis, et les entreprises françaises le savent bien ! Oui, les Américains ne manquent pas de complices européens qu'ils savent diviser pour mieux régner ! Oui encore, l'exceptionnalisme américain leur permet d'utiliser tous les moyens pour dominer, pour diriger ou pour vaincre, et la question n'est pas de protester, c'est de combattre !

    Édouard Snowden est en Russie et ces révélations servent objectivement les adversaires des États-Unis. N'est-ce pas tout simplement de la géopolitique ?

    Le premier fait marquant de l'histoire Snowden, c'est que des pays qui se disent attachés à la liberté d'expression et indépendants n'ont pas souhaité l'accueillir, voire se sont alignés sur l'ordre américain visant à le déférer à la justice américaine. Il n'y a pas de quoi être fiers, quand on est Français, et qu'on a été l'un des champions des non-alignés ! Nous sommes rentrés dans le rang ; triste résultat de deux présidences d'intérim, avant de retrouver un Président capable de dire « non ! ».

    Le second fait, c'est que Snowden a révélé un système de pouvoir réellement impérial, qui tend à assurer de fait un empire mondial américain. Nous sommes face au premier nationalisme global. Le point crucial est l'association manifeste d'une surpuissance militaire, d'une surpuissance d'entreprise, et d'un universalisme provincial - une province du monde se prend pour le monde et veut imposer partout son droit, ses normes, ses règles, ses principes, en recrutant partout des complices. Ajoutons que l'affaire des écoutes, celle de la livraison des frégates « Mistral », comme celle des sanctions contre la Russie, éclairent la subordination absolue de ceux que les États-Unis nomment alliés, alors qu'ils les traitent comme des pions ; est-ce la manifestation de la stratégie du «leading from behind» annoncée par Barack Obama dans un célèbre discours à West Point ?

    Le troisième fait est au cœur de mon livre, Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé. Les États-Unis attendent la guerre, ils ont besoin de la guerre extérieure qui seule, va les faire sortir de la crise sans fin où l'hyperfinance les a plongés. Seul, un conflit extérieur les fera sortir du conflit intérieur qui monte. D'où la rhétorique de la menace, du terrorisme, de la Nation en danger, qui manipule l'opinion intérieure et qui assure seule l'injustifiable pouvoir de l'hyperfinance sur une Amérique en voie de sous-développement.

    Quel est, selon vous, le jeu américain vis-à-vis de la Russie ?

    La Russie est l'un des pôles de la résistance à l'ordre américain. Et c'est, à ce jour, la seule puissance militaire réellement capable de faire échec à une agression américaine. Cantonner, encercler, affaiblir la Russie, vient donc en tête de l'agenda effectif des États-Unis. Le général Wesley Clark l'a dit sans ambages ; « il faut en finir avec les États-Nations en Europe ! » Voilà pourquoi, entre autres, l'idéologie américaine nous interdit toute mesure pour lutter contre l'invasion démographique qui nous menace, promeut un individualisme destructeur de nos démocraties et de notre République, veut nous contraindre à une ouverture accrue des frontières, notamment par le traité de libre-échange transatlantique, et nous interdit de réagir contre les atteintes à notre souveraineté que représente l'extraterritorialité montante de son droit des affaires.

    Les États-Unis réveillent le fantôme de la guerre froide pour couper le continent eurasiatique en deux. C'est le grand jeu géopolitique des puissances de la mer qui est reparti ; tout, contre l'union continentale eurasiatique ! Bill Clinton a trahi les assurances données à Gorbatchev par George Bush : l'Otan ne s'étendra jamais aux frontières de la Russie. Les États-Unis accroissent leur présence militaire dans l'est de l'Europe, dans ce qui s'apparente à une nouvelle occupation. Que font des tanks américains en Pologne et dans les pays baltes? Le jeu géopolitique est clair ; l'Eurasie unie serait la première puissance mondiale. Les États-Unis, on les comprend, n'en veulent pas. On comprend moins leurs complices européens. Et moins encore ceux qui répètent que la puissance, la force et les armes ne comptent pas !

    Poutine ne cède-t-il pas au défaut (autocratie, volonté expansionniste) que l'Occident lui prête ?

    Critiquer la volonté impériale des États-Unis n'est pas encenser Monsieur Poutine ! Quand je critique la confusion stratégique américaine, je n'écris rien que des élus américains, comme Elizabeth Warren, comme Rand Paul, comme Jeb Bush lui-même, qui vient de déclarer qu'il n'aurait jamais envahi l'Irak, ont déclaré !

    Je constate simplement que les États-Unis ont eu peur du rapprochement entre l'Union européenne et la Russie, qui aurait menacé le privilège exorbitant du dollar, et qu'ils se sont employés à la faire échouer, comme ils s'étaient employés à affaiblir l'euro. Je constate ensuite que le Président Poutine a tourné la page du communisme pour renouer avec la tradition des tsars ; il a un confesseur, il favorise l'orthodoxie et redonne prestige et autorité à la troisième Rome, il discute avec le Pape François, etc. tout ceci dans un contexte où les États-Unis utilisent les droits de l'individu, sans origine, sans sexe, sans race, sans quoi que ce soit qui le distingue, sauf l'argent, pour dissoudre les sociétés constituées et en finir avec la diversité des cultures et des civilisations, qui n'est rien si elle n'est pas collective. Je salue le fait que la Russie soit un pôle de résistance à l'individualisme absolu, comme l'Inde, comme la Chine, comme l'Islam à sa manière, et qu'elle garde le sens de la diplomatie, qui est celui de reconnaître des intérêts contraires, pas d'écraser ses opposants. La France ne l'est plus. On n'est pas obligé d'être d'accord avec eux sur leur manière singulière d'écrire l'histoire de leur civilisation, pour être d'accord sur le fait que leur singularité est légitime, puisqu'ils l'ont choisie, et mérite d'être préservée !

    La chute de la diversité des sociétés humaines est aussi, elle est plus grave encore que la chute de la biodiversité animale et végétale. Car c'est la survie de l'espèce humaine qui est en danger. Il n'y aura plus de civilisation, s'il n'y a pas des civilisations. Et la Russie orthodoxe, comme l'Islam chiite, comme l'hindutva de Narendra Modi, sont des incarnations de cette merveille : la diversité des formes que l'homme donne à son destin.

    Les Russes savent aussi écouter leurs partenaires et leurs adversaires ?

    Un peu d'histoire. L'invention, l'entraînement, le financement d'Al Qaeda, des talibans, a enfoncé une épine dans le pied de l'URSS, dont elle ne s'est pas relevée. Brzezinski l'a dit avec une rare franchise ; « Al Quaeda a produit des dégâts collatéraux (side effeects) sans importance dans la lutte que nous avons gagnée contre l'URSS ». Partout, y compris pour justifier l'intervention armée en Europe et pour défendre l'islamisation de l'Europe, les États-Unis derrière leur allié saoudien, se sont servis de l'Islam. Ils s'en servent en Inde, en Chine, ils s'en sont servis en Tchetchénie. Et ils se préparent à renouveler l'opération au sud de la Russie, en déstabilisant les États d'Asie centrale et l'extrême-est de la Chine.

    Parmi les preuves multiples, regardons la prise de Palmyre par l'État islamique. Admettons qu'un vent de sable ait effectivement empêché toute intervention aérienne pour la prise de Ramadi, quelques jours plus tôt. Mais Palmyre ! Dans une zone désertique, sans grand relief, Palmyre qui ne peut être atteinte que par des pistes ou des routes droites sur des kilomètres, en terrain découvert ; une armée qui dispose de l'exclusivité aérienne, comme celle de la coalition, peut empêcher toute entrée ou sortie d'un seul véhicule de Palmyre ! L'inaction de la coalition est inexplicable. La diplomatie française, sidérée par les néo-cons qui l'ont envahie, ne semble plus savoir lire une carte de géographie. Mais une France devenue pauvre en monde, livrée à la confusion des valeurs et des intérêts, une France qui n'incarne plus la résistance à l'intérêt mondial dominant qu'est l'intérêt national américain, qui sera peut-être demain l'intérêt chinois, est-elle encore la France ?  

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    Hervé Juvin est un écrivain et essayiste français. Il poursuit un travail de réflexion sur la transformation violente de notre condition humaine qui, selon lui, caractérise ce début de XXIè siècle. Il est par ailleurs associé d'Eurogroup Consulting. Il est l'auteur de Pour une écologie des civilisations (Gallimard) et vient de publier aux éditions Pierre-Guillaume de Roux Le Mur de l'ouest n'est pas tombé.

    Figarovox

     

  • De Benoist a raison !

     

    Lire son analyse, en cliquant  ICI

    (Boulevard Voltaire)

  • Manuel Valls, la guerre de civilisation et Philippe Muray, vus par Vincent Tremolet de Villers

     

    Après les attentats sanglants de vendredi, Manuel Valls a évoqué « une guerre de civilisation ». Vincent Tremolet de Villers s'interroge sur le sens du mot « civilisation » et invite le Premier ministre à lire Philippe Muray.

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Guerre de civilisation » : les mots du premier ministre claquent de leur force belliqueuse et transportent avec eux un imaginaire où se mêlent Soliman le Magnifique, la bataille de Lépante, Samuel Huntington, Oussama Ben Laden et George W. Bush. Si le mot « guerre » est difficilement discutable - comment qualifier autrement une froide décapitation signant l'allégeance à un groupe, Daech, qui a appelé à tuer les Français par tous les moyens (couteaux, pierres, automobiles…) -, celui de « civilisation » est moins évident. Et même, disons-le, inapproprié.

    Si l'on regarde vers l'État islamique, une telle barbarie peut-elle porter le nom qui évoque le rayonnement des nations et des empires à travers les siècles, le génie des sociétés à protéger ce qui fait, en l'homme, l'humain ?

    Si l'on regarde vers l'Occident, de quelle civilisation parle le premier ministre ? S'agit-il de la « certaine lumière spirituelle » chère à Saint-Exupéry ? « La civilisation, disait-il, est un lien invisible, parce qu'elle porte non sur les choses mais sur les invisibles liens qui les nouent l'une à l'autre. » Ce peut être Haendel comme le déjeuner à la ferme sous les oliviers. Le grand Dante et le chevrier que le petit Marcel Pagnol croisait sur les sentiers du Garlaban.

    Manuel Valls songe-t-il à Homère, Virgile, saint Augustin, Érasme, Cervantès, Michel-Ange, Shakespeare, Pascal, Bach, Goya, Hugo, Pasteur, Marie Curie, Proust, Simone Weil, Camus, qui ont porté au plus haut le génie occidental : la liberté intérieure, l'exigence de l'esprit, l'élévation de l'âme, la galanterie, le soin du plus faible ? Ou a-t-il en tête un club de consommateurs, de « déambulateurs approbatifs » (Muray), qui applaudit Conchita Wurst devant le Parlement européen, qui a remplacé la sociabilité par « le vivre ensemble », la morale commune par le tri sélectif, et dont la seule fierté réside dans le mépris vis-à-vis de tout ce qui le précède et l'adoration de lui-même ?

    Cette question, la seule qui vaille, un de nos esprits les plus acérés se l'est posée en 2002, un an après les attentats du 11 Septembre. Dans un texte prophétique, Chers djihadistes (Mille et Une Nuits), Philippe Muray voyait venir non pas une guerre de civilisation, mais plutôt un choc entre deux incultures, deux barbaries. Inconsolable et gai, il faisait mine d'abord de s'amuser de cette impasse. « L'Occident s'achève en bermuda », écrivait-il, avant de lancer aux djihadistes cette menace : « Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.»

    Quelle civilisation ?

    Lorsqu'elle a présenté son projet de loi pour le mariage entre personnes de même sexe, Christiane Taubira avait évoqué, avec un réel enthousiasme oratoire, « une réforme de civilisation ». On ne saurait mieux dire. La décision de la Cour suprême d'autoriser le mariage gay dans les cinquante États américains a confirmé son discours. C'est le monde ancien que cet arrêt enterre. Celui de la génération. Un monde nouveau vient de naître. Ils furent nombreux à s'en féliciter sur les réseaux sociaux, à opposer le drapeau arc-en-ciel colorant la Maison-Blanche au drapeau noir du Califat.

    Quelle civilisation ? Muray, encore une fois. « Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c'est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s'y trouvait entassé.» L'essayiste poursuit : « Vous êtes les premiers démolisseurs à s'attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. (…) À la différence des nôtres, disait-il aux djihadistes, vos démolitions s'effectuent en toute illégalité et s'attirent un blâme quasi unanime. Tandis que c'est dans l'enthousiasme général que nous mettons au point nos tortueuses innovations et que nous nous débarrassons des derniers fondements de notre ancienne civilisation.»

    Et Muray de conclure avec le sourire du désespoir : « Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »   

        

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages débats/opinions du Figaro et du Figarovox.

    Le Figaro

  • Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris : lire le texte intégral de son intervention

     

    Le 24 juin 2015, Eric Zemmour était à la barre de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, après un signalement de la Licra, partie civile aux côtés de SOS Racisme, le Cran, le Mrap et l'Union des étudiants juifs de France. pour une chronique diffusée sur RTL en mai 2014.  5 000 euros ont été requis par le parquet. On lira avec la sympathie qui s'impose - que ceux d'entre nous qui sont maurrassiens et d'Action française éprouveront presque naturellement - le texte intégral de l'intervention de Zemmour. Soutien et amitié d'esprit ! LFAR

     

    Je vous avoue que j’ai longuement hésité à venir à l’audience. Mon avocat me déconseillait plutôt de me déplacer, pour conserver, disait il, aux débats leur caractère technique. J’ai décidé pourtant d’assister à cette audience. D’abord par respect des magistrats, de la Cour, et au delà des institutions de la République. Mais aussi par curiosité. Je voulais comprendre ce qu’on me reprochait. Comprendre quelle loi ou quelle partie de la loi j’avais enfreint. Après tout, nul n’est censé ignorer la loi. Je voulais comprendre pourquoi le procureur, le représentant de l’Etat, m’attaquait pour des propos qui ne faisaient pourtant que décrire des faits, une réalité, amplement retranscrite : « des bandes étrangères venues d’Europe de l’Est écument notre pays », ça passe; mais quand on dit: « des bandes de tchétchènes, Kosovars, Roms dépècent, dévalisent, violentent, ou dépouillent », ça ne passe pas. Lui n’est pas déféré, moi, je le suis.

     Je comprends bien le point de vue du procureur : il favorise la concision. L’ellipse est préférée à la description clinique. Madame le procureur préfère la pudeur des impressions à l’impudeur du réalisme. Mais cette querelle littéraire est-elle de la compétence de ce tribunal ? Il faut alors qu’elle aille au bout de cette logique littéraire. Qu’elle m’indique les bons mots et les mauvais mots, les mots autorisés et les mots interdits. Qu’elle redéfinisse les canons de la profession de journaliste. Que celui-ci ne soit plus tenu d’informer de ce qu’il voit, mais d’abord d’informer ce qu’il ne voit pas, mais qu’il est bon de voir.

    J’avoue ma perplexité. Je n’ose penser que ce ne sont pas les mots qui comptent, mais ma personne. Il y a quatre ans, le procureur m’avait expliqué que ma notoriété fort grande avait pour corollaire une responsabilité aussi grande. Je constate qu’en quatre ans, j’ai encore pris du galon, puisque je suis davantage responsable, et donc davantage condamnable, qu’un ministre de l’intérieur lui-même.

    Mais j’ai compris en écoutant avec soin ces débats, que ce ne sont ni mes mots ni ma personne qui importaient, mais mes pensées. Même pas mes pensées, mais mes arrière-pensées. Dans le passé, nous avions ainsi le tribunal de l’Inquisition qui dénichait la persistance des pensées hérétiques chez des marranes convertis au catholicisme. Nous avons eu plus récemment les grands procès staliniens qui traquaient les intentions contre-révolutionnaires.

    A la suite de la parution de mon livre, le Suicide français, le premier secrétaire du parti au pouvoir avait dénoncé la zemmourisation de la société. Le premier ministre avait expliqué que mon livre n’était pas digne d’être lu, le ministre de l’Intérieur avait appelé à manifester contre moi, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale avait sollicité de mes employeurs qu’ils mettent fin à mes collaborations à leurs medias. Marie-Anne Chapdelaine, une députée d’Ille-et-Vilaine, me chassait carrément de France : « Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte ». Aujourd’hui, je vis la version judiciaire de cette offensive médiatico-politique. On prétend faire du droit, mais derrière les arguties, ce n’est qu’une bataille politique pour me faire taire.

     Il y a six mois, des millions de Français défilaient dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Les malheureuses victimes de Charlie Hebdo avaient subi aussi une condamnation judiciaire venue d’un tribunal islamique qui les avait condamnés à mort pour blasphème. Si je comprends bien ce qui m’est reproché, la liberté d’expression, c’est bon pour les dessinateurs de Charlie, mais ce n’est pas bon pour moi. Parce qu’eux sont gentils, et moi, je suis méchant. Eux ont des bonnes arrière-pensées, et moi j’en ai de mauvaises. Si je comprends bien, nous vivons toujours sous le règne de la phrase de Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cela s’appelait la Terreur. 

     

     

    Eric ZEMMOUR

     

  • Retour brutal à l'actualité : Attentat en Isère et carnage en Tunisie ...

     

    « À la guerre, les adversaires s'appellent des ennemis et lorsque ceux-ci ont la même nationalité que le pays qu'ils attaquent et dans lequel ils vivent on ne peut que constater qu'il s'agit d'ennemis de l'intérieur.»

    Thibault de Montbrial

    Le Figaro, 26 juin 2015 

     

    Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et spécialiste des questions de terrorisme et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Son premier livre, Le sursaut ou le chaos vient de paraître aux édition Plon.

    Le Figaro

  • IMMIGRATION • Thierry Baudet : « nos sociétés ont atteint un point de rupture »

     

    Le ministre de l'Intérieur a proposé mercredi dernier un plan pour faire face à la crise migratoire après avoir refusé l'entrée sur le territoire français de 200 clandestins. Pour Thierry Baudet, il faut une politique d'asile basée sur le modèle australien. Hollandais, Thierry Baudet, chef de file du courant néo-conservateur néerlandais, enseigne le droit public à l'Université de Leyde. Il vient de publier « Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie » aux éditions du Toucan. Il est également très écouté en France. On lira plus loin l'entretien qu'il a donné au Figaro, le 17 juin, entretien dont nous ne pouvons qu'approuver les grandes lignes, fortes et intéressantes. Quant à son objectif de « maintenir la démocratie » et la sauver de la « destruction », nous nous déclarerons d'accord si l'on désigne par là la souveraineté des Etats et la prise en compte des aspirations des peuples, les unes et les autres menacées, en effet, par l'idéologie européiste et mondialiste. S'il s'agit de la démocratie idéologique à la française, du régime des partis, du règne imposé de la doxa politico-médiatique, de ce qu'en bref nous nommons le Système, alors, nous dirons très simplement que nous ne pleurerions pas sa disparition. Si elle devait intervenir, nous dirions, comme Houellebecq, que nous n'aurions rien à regretterLFAR   

     

    Thierry-Baudet.pngDepuis jeudi, de 200 à 250 migrants souhaitant entrer en France en sont empêchés par un cordon de gendarmes français qui leur barre la route. Que révèlent l'afflux de clandestins et les difficultés des pouvoirs publics à faire face à cette situation ?

    Cela montre que les frontières ouvertes ne sont plus tenables. Pour la seule année dernière, environ 170.000 personnes originaires d'Afrique du Nord sont arrivées illégalement sur les côtes de Lampedusa. Seules 70.000 d'entre elles ont demandé l'asile en Italie -les autres se déplaçant via Catane et Milan vers le reste de l'Europe. En l'absence de contrôles aux frontières, rien ne peut les arrêter. L'énorme flux d'immigrants illégaux et l'incapacité italienne à les retenir rendent impossible pour le reste de l'Europe l'absence des contrôles aux frontières.

    Nous devons réaliser que la seule solution soutenable est d'adopter le modèle australien: aucun statut de réfugié ne peut être accordé à ceux qui arrivent de façon illégale par la mer. Nous devrions adopter une politique d'asile sur la base de notre propre invitation, pas en fonction des entrées. Cela restaurera notre autonomie, fera cesser l'industrie de la “traite des réfugiés” et permettra d'éviter à ces nouveaux boat-people de perdre la vie dans des taversées hautement périlleuses. C'est seulement en adoptant une politique de ce type que nous pourrons arrêter le flot actuel.

    Dans votre livre, Indispensables frontières, vous incriminez l'Europe et l'espace Schengen. Mais étant donné l'ampleur du problème, l'Europe n'est-elle pas seule à pouvoir y répondre ?

    Tout d'abord: il est essentiel de faire la distinction entre «l'Europe» et l'«UE». L'UE n'est pas «l'Europe» et se considérer comme «européen» ou même «pro-Europe» ne signifie pas être pro-UE. À mon avis, il est même impossible d'être à la fois pour l'Europe et pour l'UE qui est une organisation profondément anti-européenne, hostile à toutes les caractéristiques essentielles de notre continent que sont la démocratie, l'identité nationale, la libre entreprise, la transparence, la reddition de comptes. Confondre l'un (l'Europe ) avec l'autre (UE) est donc une grande erreur intellectuelle.

    Retour à votre question. Non, je ne pense pas que l'UE est «la seule» chose qui peut «répondre» au problème actuel. Au contraire, l'UE est même la cause du problème. Pour commencer, les accords de Schengen, on le voit, empêchent les États membres de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux conséquences les plus immédiates de la situation actuelle et le nombre d'immigrants illégaux qui passent à travers nos frontières est de plus en plus massif. Deuxièmement, la Cour européenne des droits de l'homme, par le biais des règles de Dublin (et des décisions connexes), oblige les États membres à étudier toutes les demandes d'asile. Cela n'a pas manqué de créer un effet d'appel dans les pays d'émigration. Troisièmement, l'UE cherche jalousement à être le seul pilote de toutes les initiatives militaires visant à neutraliser les passeurs alors que, de toute évidence, elle manque à la fois de la capacité et de la légitimité pour une telle action. L'UE empêche ainsi les États de répondre de manière adéquate et résolue.

    Vous écrivez, « En raison de l'immigration de masse et des aspirations politiques naturelles des musulmans devenus très nombreux, nous prenons le risque d'un retour à l'état de guerre civile paneuropéenne ». N'est-ce pas un peu exagéré ?

    Non, le risque est réel. Il ya des limites à ce que les sociétés peuvent absorber. Assez tristement, l'«intégration» est en grande partie un mythe, une notion dont tout le monde parle, mais qui ne se produit plus dans la réalité, du moins pas en masse. Beaucoup d'immigrants de deuxième et de troisième génération se sentent encore moins attachés aux pays qui les ont accueillis et nourris que leurs parents ou grands-parents. Les taux de criminalité sont scandaleusement élevés parmi ces groupes, le succès scolaire très faible et la dépendance aux transferts sociaux disproportionnellement importante. L'islam est en progression, l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme aussi.

    Nous sommes dans un conflit de basse intensité permanente. Les élites peuvent encore largement échapper aux conséquences de leurs politiques (des flux entrants massifs d'immigrés extra-européens au coeur des communautés qu'ils étaient censés de protéger) en vivant dans les quartiers huppés, en envoyant leurs enfants dans des écoles protégées tout en jouissant de leur retraite dans des résidences privées. Dans les années à venir, on observera inéluctablement plus de polarisation, plus de méfiance, plus d'animosité. Violence et terrorisme auront une incidence sur toutes les couches de la société. La stabilité est l'illusion de tous les âges, et pour des raisons évidentes, nous préférons tous être optimistes, croire qu'in fine le mode de vie libéral, chrétien (ou post-chrétien) prévaudra, que les nouveaux arrivants seront simplement assimilés et que tout ira bien. Mais en réalité, nos sociétés ont atteint un point de rupture.

    Nous vivons dans un apartheid de facto. Les populations autochtones prétendent ne pas voir, ou même apprécier, la dilution de leur culture nationale; elles font semblant de ne pas voir, ou d'apprécier, la transformation de leurs rues, les mosquées qui surgissent, les écoles, les hôpitaux et les systèmes sociaux qui s'effondrent. Mais, pour l'essentiel, cette «tolérance» indigène est un énorme mensonge comme l'est désormais l'«intégration» supposée des immigrants. Et en attendant , les gens votent avec leurs pieds.

    Nous assistons à un grand spectacle théâtral et plus vite qu'on ne le croit, le rideau va tomber. Quand cela arrivera, les choses deviendront très rudes et désagréables. Voilà ce que la gauche a favorisé dans nos pays, accéléré par l'UE et ses frontières grandes ouvertes. Cela doit cesser de toute urgence si nous voulons maintenir la paix sociale, la démocratie et la primauté du droit.   

    Alexandre Devecchio  - Le Figaro

     

  • Finkielkraut sur « cette désinvolture avec laquelle on peut envisager la grande mutation culturelle et démographique de la France et de l'Europe »

     

    Voici un fort intéressant entretien d'Alain Finkielkraut avec Elisabeth Lévy, paru dans Causeur. Tous les soucis, toutes les passions, tous les engagements d'Alain Finkielkraut ne sont pas les nôtres. Il a, notamment à raison de ses origines, des objectifs que nous ne partageons pas. Mais, si nous hiérarchisons les sujets, par ordre d'urgence et d'importance, sa défense intransigeante de la civilisation classique, française et européenne, nous le rend proche. Elle porte sur l'essentiel et elle appelle notre sympathie. LFAR  • 

     

     Source : Causeur

  • ART DE VIVRE • Tartines d'hypocrisie et malbouffe en pot ... Par Natacha Polony *

    Natacha Polony revient sur la polémique suscitée par les propos de Ségolène Royal sur le Nutella. Entre « tartines d'hypocrisie » et « malbouffe en pot » Natacha Polony n'a pas tellement envie de choisir ... Ni d'établir une hiérarchie ... A notre avis, elle a raison. Qu'on lise sa chronique !

     

    Il est assez rassurant de penser que nous pouvons, en ces temps de crise économique, sociale, civilisationnelle, nous offrir le luxe d'une polémique aussi éclatante que dérisoire. Un drame diplomatique, un scandale international: la ministre de l'Écologie, invitée d'une émission à haute teneur politique, a osé critiquer le Nutella, fleuron du patrimoine italien, par ces mots dénotant une analyse économique pointue: il faudrait, selon Ségolène Royal, cesser d'en manger « parce que c'est l'huile de palme qui a remplacé les arbres et donc c'est des dégâts considérables ». Devant le tollé, elle a fini par s'excuser et saluer les « progrès » faits en la matière.

    Il ne faut jamais négliger les grands émois collectifs. Ils révèlent souvent que le sujet est moins anodin qu'il n'y paraît. En l'occurrence, la polémique Nutella nous parle non seulement d'écologie, mais aussi de responsabilité politique, de patriotisme économique, de liberté individuelle et de fonctionnement médiatique. Rien que ça !

    « Mais vous pouvez couler une boîte avec ça », répond Yann Barthès narquois à la ministre amatrice d'exemples chocs. Personne, bien sûr, n'a de crainte pour la firme Ferrerro. Mais il est étonnant de voir une ministre affirmer puis se rétracter aussi vite. D'autant que, malgré tous les arguments sur l'amélioration de la filière, sur le fait que cette huile végétale consommerait moins de surface agricole que les autres, la question de la destruction de la forêt primaire dans les pays en développement ne saurait être évacuée si facilement. Comparer la couverture forestière de la France (29 %) et celle de la Malaisie (60 %) pour en conclure que nous n'avons pas de leçons à donner n'a aucun sens : les forêts de feuillus d'Europe n'ont rien à voir avec le poumon végétal que constituent les jungles d'Asie ou d'Amérique centrale. Surtout si l'argument suivant consiste à défendre pour ces régions du monde un développement calqué sur le nôtre sous prétexte qu'il serait générateur de croissance. C'est au contraire aux pays occidentaux qu'il reviendrait de revoir leur modèle de développement pour cesser de vivre au crédit des populations pauvres de la planète et des générations à venir. Un pape l'a d'ailleurs souligné récemment… L'assertion de Ségolène Royal était parfaitement caricaturale, ce n'est pas pour cela qu'elle avait tort.

    Deuxième sujet soulevé par cette polémique en forme de poupée russe: l'Italie, qui s'est insurgée contre l'insulte faite au Nutella, a ceci d'intéressant qu'elle est un pays qui pratique le plus naturellement du monde un protectionnisme alimentaire salvateur. Dans les épiceries de la péninsule, vous chercherez en vain des produits français. Les Italiens ont gardé un mode d'alimentation qui fait la part belle aux produits locaux et reste, surtout - et sans doute à cause de cela - parfaitement hermétique à la toute puissance de la grande distribution. Un lien, sans doute, avec la permanence des identités régionales dans un pays où la langue même est multiple. La France, pays sinistré sur le plan alimentaire (et sur celui du petit commerce), serait bien inspirée d'y regarder de plus près.

    Mais le plus amusant est de voir ressurgir le chœur de ceux qui hurlent à l'infantilisation, comme si Tocqueville s'était réincarné dans un pot de pâte à tartiner. La prétendue pâte à tartiner aux noisettes en contient à tout casser 13 % (goûtez-en donc une vraie, avec 50 % de noisettes…). Les 20 % d'huile de palme (derrière les 55 % de sucre) pourraient être bien plus que 20 %? Peu importe, nous sommes des consommateurs adultes et il nous appartient de faire nos propres choix. C'est oublier que la liberté ne vaut que pour l'individu qui peut exercer son libre arbitre. Est-ce le cas des gamins gavés de publicités dans lesquelles une mère prétend donner à ses enfants ce « délicieux petit déjeuner plein de bonnes choses » ? Est-ce le cas de consommateurs peu à peu habitués à ne même plus savoir ce qu'ils ingurgitent et que la réclame flatte dans leurs pulsions les plus archaïques ?

    Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, a récemment alerté sur l'épidémie mondiale d'obésité, n'hésitant pas à prôner des mesures radicales comme l'interdiction de certains aliments industriels. S'est-il attiré les sarcasmes de la planète médiatique ? Pas plus que le pape François quand il a tenu un discours assez proche de celui que tiennent la plupart des penseurs de la décroissance. Mais de même que les adorateurs du Pape se garderont de suivre le modèle économique qu'il préconise, les chantres du FMI ne mettront en danger la grande distribution et l'agro-industrie par des mesures de protection de populations vulnérables comme les enfants de milieux défavorisés, premiers touchés par le fléau de la malbouffe. Ça vaut une petite polémique. 

    Natacha Polony -  Le Figaro          

     

  • Yann Raison du Cleuziou, dans La Croix : « Esprit du 11 janvier, es-tu là ? »

     

    L'on pourra très certainement débattre sur tel ou tel point ou paragraphe de la réflexion qui suit, menée sous l'angle des religions et publiée dans La Croix, le 12 juin dernier. Outre qu'on peut, de notre point de vue, la considérer comme globalement pertinente, nous en retiendrons que le scepticisme à l'endroit de la République et de ses valeurs, gagne peu à peu tous les milieux intellectuels. Ici, l'auteur constate « l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine » à incarner ses propres valeurs et sa conclusion, en forme de réponse à la critique d'Emmanuel Todd est que « le zombie du 11 janvier, c’est peut-être la République. » Nous ne saurions mieux dire. LFAR

     

    Les cortèges du 11 janvier 2015 n’avaient rien de particulièrement républicain : peu de drapeaux, peu de Marseillaises (comment chanter « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?), peu d’identifications à la France frappée. Au contraire, un silence de marche blanche compassionnelle brandissant le portrait des victimes, des pancartes « tweets » d’individus mobilisés par solidarité avec d’autres : « Je suis Charlie » ; « Je suis Mohamed » ; « Je suis juif ». Il y avait indéniablement des valeurs affirmées et une forme manifeste d’universalisme : mais pas l’universalisme républicain du « Nous citoyens » disqualifiant toute autre forme d’identification. Il s’agissait de l’universalisme libéral des « Je » coalisés pour mieux garantir leurs droits naturels : chacun avec son identité propre doit être libre de poursuivre son bonheur sous la protection de l’État. Et dans les policiers embrassés s’exprimait ce besoin de sécurité.

    Bien sûr, une foule si diverse est ambivalente. Le président Hollande a hésité dans son discours entre « le rassemblement de tous » et le « rassemblons-nous », entre le pluralisme libéral et l’unité républicaine. Mais cette nuance a vite été effacée par l’invocation de l’« Esprit du 11 janvier » : le souhait d’une Pentecôte laïque qui ferait redescendre la flamme républicaine dans le cœur des Français ; l’espérance d’une religion civile née de l’effervescence du peuple en marche, avec son credo laïque, ses blasphèmes éclairés, son diable « l’obscurantiste », l’hérésie des « je ne suis pas Charlie » et son crime de sacrilège : le refus de la minute de silence.

    Parmi les catholiques et les musulmans, cet « Esprit » a mis mal à l’aise beaucoup de personnes. Car il plaçait en porte-à-faux tous ceux qui n’étaient ni barbares ni Charlie et refusaient cette partition caricaturale faisant le jeu de la guerre des civilisations. Pour ces musulmans, la mobilisation de la République ou de la laïcité est, depuis la loi sur le voile de 2004, une rhétorique d’exclusion chargée d’ambiguïtés. Par ailleurs, ils perçoivent une inégalité de traitement entre ceux qui critiquent Israël et ceux qui critiquent Mohamed ; sont frappés par la schizophrénie d’un gouvernement qui proclame l’inaliénable liberté d’expression et poursuit en justice le moindre ado qui refuse la minute de silence ; ne se sentent pas libres de ne pas « être Charlie » de peur des amalgames. Pour ces catholiques, l’asymétrie entre la valorisation du « droit au blasphème » et la suspicion dont est frappée toute parole confessionnelle dans l’espace public laisse amer. Ils sont divisés entre une peur de l’islam et une peur d’une laïcité de plus en plus exclusive. L’« Esprit du 11 janvier » leur semble un « revenant » de la guerre des deux France.

    Ce qui s’est manifesté en janvier 2015, c’est donc un peuple rejetant la violence et l’intolérance ; et l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine à incarner, pour tous, ces valeurs. Les six mois qui ont suivi semblent avoir parachevé cette décomposition. Lors des élections départementales, Manuel Valls a mobilisé les « valeurs de la République » contre une partie de l’électorat. Dernièrement, la transformation de l’UMP en Les Républicains repose sur la même stratégie : se faire juger sur ses ennemis plutôt que sur son bilan. Depuis plus d’une décennie, les références aux « valeurs de la République » ou à la laïcité semblent devenues des instruments d’exclusion d’un « eux » plus que d’intégration à un « nous ». Pour les croyants qui, comme bien d’autres Français, se sentent moins « égaux » que d’autres, le « zombie » du 11 janvier, c’est peut-être la République. 

     

    Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en science politique, centre Émile-Durkheim, université de Bordeaux

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

  • DE L’HUILE SUR LE FEU... par François Marcilhac

     

    500021990.jpgComme un marronnier dans la presse, la question du « droit du sol », stupidement opposé au « droit du sang » — la France connaît les deux — revient à intervalles réguliers dans le débat politique à la faveur des raz-de-marée migratoires que subit le pays sur son sol non seulement métropolitain, mais aussi ultra-marin.  

    Sarkozy, qui n’est pas à une indécence prêt, y est même allé de son petit couplet, à la faveur du déplacement de Manuel Valls, le 13 juin dernier, à Mayotte, notre 101e département. Les Mahorais auraient souhaité que le Premier ministre prononçât des paroles fortes sur la question des clandestins. Les pouvoirs publics les estiment en effet à 70 000, soit un tiers de la population, essentiellement des Comoriens qui, contrairement aux Mahorais, ont choisi l’indépendance en 1975. C’est ainsi que Mamoudzou, la capitale de l’île, est devenue la première maternité de France, l’indépendance ne s’étant pas traduite pour les Comoriens par une élévation de leur niveau de vie... Mais peut-être le refus de traiter la question des clandestins n’a-t-elle pour seul objectif, partagé par une droite qui fit tout pour exclure en 1975 Mayotte-la-Française de la communauté nationale, de créer une situation irréversible de submersion de la population de souche, justifiant à terme le largage d’une île où les Mahorais seraient devenus minoritaires... On sait que les Comores n’ont jamais renoncé à l’annexion de Mayotte. 

    Quoi qu’il en soit, Valls n’a pas répondu à l’attente des Mahorais. Et ne s’est même que fort peu intéressé à la question des clandestins sur une île, rappelons-le, conservée à la France grâce à l’Action française et à la détermination de Pierre Pujo — ce qu’Olivier Stirn, le ministre de Giscard chargé à l’époque de brader nos territoires ultra-marins, reconnut publiquement. Faut-il s’en étonner quand le gouvernement accepte l’arrivée en métropole chaque année de dizaines de milliers de clandestins dont aucun, ou presque, n’est reconduit à la frontière ? Quand il est prêt à encourager l’appel d’air que constituerait, par dérogation au Règlement Dublin II, la répartition entre les différents Etats membres de l’Union, à la demande du président de la Commission européenne, des migrants qui atteignent, toujours plus nombreux, l’ « Eldorado » européen via la Méditerranée et l’Italie ? Quand, une fois arrivés en Europe, Schengen leur permet d’y voyager librement et de s’installer là où les prestations sont les plus avantageuses, avant d’y être — c’est du moins le cas en France — naturalisés par brassées ? Quand, enfin, nos politiques, de droite comme de gauche, font du droit du sol un sacro-saint « principe républicain », alors qu’il remonte à un arrêt du Parlement de Paris de 1515, voire à l’édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin ? Encore faut-il qu’il y ait un « sol », c’est-à-dire un Etat souverain, maître de ses frontières, ce qui n’est plus le cas de la France. Dès lors le « droit du sol » est devenu le droit d’être envahi. Remettre en cause, au moins pour mieux l’encadrer, ce qui n’est pas un dogme, mais une pratique historique correspondant à une période de maîtrise des flux migratoires, est devenu une nécessité vitale. 

    Ce n’est pas la provocation du recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, appelant sur Europe 1 le lundi 15 juin à « utiliser des églises vides pour servir au culte musulman », c’est-à-dire au grand remplacement d’un culte par un autre, qui favorisera le « vivre ensemble » si cher à nos élites. Nos églises devraient-elles faire les frais des dissensions internes à l’ « islam de France » et de la peur de Dalil Boubakeur de se voir dépasser par les fondamentalistes ? Il avait déjà appelé le 5 avril dernier, au cours du rassemblement annuel des musulmans de France, organisé chaque année lors des fêtes pascales, à doubler le nombre des mosquées. A-t-il cette fois cherché, pour montrer son intransigeance, à saborder la première réunion, organisé ce même jour, de l’instance de dialogue avec l’islam de France voulue par Manuel Valls ? Selon ce dernier, « l’islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames. [...] Il faut donc [...] faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Il n’est pas certain que par sa provocation Dalil Boubakeur ait aidé Valls à lever les « incompréhensions » et à « faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France », du moins dans le sens souhaité par le Premier ministre. « Les églises ne sont pas des bâtiments multi-usage », a rappelé l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, également représentant de la Conférence des évêques de France, qui s’est dit, sur RTL, ce même lundi, « totalement opposé » à ce projet. Et de rappeler que « les églises sont des lieux sacrés, qui [...] ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne. [...] on ne doit pas jouer avec les symboles. » Il est dommage que Dalid Boubakeur n’apparaisse plus comme cet interlocuteur dans lequel Pierre Pujo, voyait un « grand musulman français » (L’AF du 12 février 1995) préconisant « un islam modéré, respectueux des mœurs et des traditions françaises » (L’AF du 6 novembre 2003). Dans nos propres colonnes (L’AF du 12 juin 1997), le recteur souhaitait, après avoir évoqué le sacrifice des musulmans français lors des deux conflits mondiaux, « gagner l’estime et la sympathie » de nos lecteurs et « améliorer une situation psychologique actuellement défavorable aux musulmans de France » en rappelant que, « dans l’Islam, l’amour de la Patrie est un élément de la foi ». Dans son commentaire de la Charte du culte musulman en France de 1994, n’avait-il pas du reste souligné « l’attachement tout maurrassien des musulmans à la France » avant de se réclamer (Le Point du jeudi 20 avril 2006) d’ « un amour de la patrie aussi fort que celui de Maurras ou de Barrès » ? 

    Un islam français acculturé, c’est-à-dire respectueux de l’identité nationale, qui est indéfectiblement chrétienne, est non seulement possible mais nécessaire. Encore faut-il que ses représentants les plus écoutés ne jettent pas de l’huile sur le feu des passions identitaires en justifiant, par des provocations inutiles, des craintes qu’il est facile d’instrumentaliser en ces temps troublés.  

    PS : Le fait que la mosquée de Paris ait par la suite envoyé un communiqué de presse aux médias, dans lequel le président du CFCM revient sur ses propos, ne change rien au nôtre.

     

    François Marcilhac - L’Action Française 2000