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Actualité France - Page 418

  • Alain de Benoist : « Avec la postmodernité, l’individualisme se mue en égocentrisme narcissique… »

    Les fameux selfies offrent le plus spectaculaire échantillon du narcissisme. Ici, à Vilnius (Lituanie), le 1er août. AFP PHOTO / PETRAS MALUKAS

    C'est un tableau très exact et très complet de la société et de l'homme postmodernes que brosse ici Alain de Benoist. Il en résulte que cette sorte de révolution liquide à laquelle nous sommes confrontés ou affrontés dépasse largement le strict terrain du politique et que pour l'inverser ou la supplanter, il faudra bien plus qu'une transformation institutionnelle ou politique. Sans-doute y faudra-t-il cette métanoïa éthique, anthropologique et, bien-sûr, politique que Pierre Boutang - et André Malraux - évoquaient en leur temps.  LFAR

     

    1530443371.jpgModernité… Tous les médias n’ont plus que ce mot à la bouche. Il faut être moderne, nous dit-on, « parce qu’on n’arrête pas le progrès ». Au fait, ça veut dire quoi, la « modernité » ?

    La modernité est une des catégories fondamentales de la sociologie historique et de la politologie contemporaines. Étudiée par une multitude d’auteurs, elle va très au-delà de ce qu’on appelle en général la modernisation (industrielle et postindustrielle). Elle trouve ses racines à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, et s’épanouit à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. Elle se caractérise par la montée des classes bourgeoises, qui imposent progressivement leurs valeurs au détriment des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires, et par la naissance de l’individualisme.

    Sous l’influence de l’idéologie du progrès, rendue possible par l’essor des sciences et des techniques, s’affirme à l’époque moderne une confiance de principe dans les capacités de l’homme à gérer « rationnellement » son destin. Le passé et la tradition perdent dès lors leur légitimité, de même que les formes sociales d’appartenance traditionnelle et communautaire. L’hétéronomie par le passé est remplacée par l’hétéronomie par le futur, c’est-à-dire la croyance que demain sera nécessairement meilleur (les « lendemains qui chantent »). C’est l’époque où se déploient à la fois les philosophies du sujet et les grands systèmes historicistes, qui prétendent déceler un « sens de l’Histoire » assuré dont l’accomplissement mènerait le monde à son idéal. Sur le plan politique, le grand modèle est celui de l’État-nation, qui s’affirme au détriment des logiques féodale et impériale. Les frontières suffisent à garantir l’identité des collectivités, et servent de tremplin à des tentatives d’universalisation des valeurs occidentales, par le biais notamment de la colonisation. L’Église, de son côté, perd peu à peu le pouvoir de contrôle de la société globale qu’elle possédait autrefois.

    Mais cette modernité, on y est toujours ou on en est sortis ? Quid de la « postmodernité » ?

    La postmodernité ne s’oppose pas à la modernité, mais la dépasse tout en la prolongeant sur certains plans (on parle alors d’« ultra-modernité » ou encore d’« hypermodernité », au sens où l’on parle aussi d’hyperterrorisme, d’hyperpuissance, d’hypermarchés, etc.). Son avènement, à partir des années 1980, s’explique par le désenchantement du monde engendré par la désagrégation des « grands récits » historicistes, elle-même consécutive à l’effondrement des dogmes religieux et à l’échec des utopies révolutionnaires du XXe siècle.

    Dans le monde postmoderne, on assiste à une dissolution généralisée des repères traditionnels, qui entraîne une fragmentation, voire une atomisation de la société civile, en même temps qu’une fragilisation des identités individuelles et collectives, elle-même génératrice de comportements anxiogènes et de poussées de « phobies » paniques. L’individualisme se mue en égocentrisme narcissique, tandis que les rapports humains extra-familiaux se réduisent à la concurrence ou à la compétition régulée par le contrat juridique et l’échange marchand. L’hédonisme s’appuie sur la consommation de masse (on consomme d’abord pour se faire plaisir plutôt que pour rivaliser avec autrui) pour viser avant tout au bien-être et à l’épanouissement personnel. Les disciplines contraignantes et les normes prescriptives s’effondrent, l’autorité sous toutes ses formes est discréditée, et l’art s’émancipe des règles de l’esthétique. On assiste aussi à un éclatement des cadres temporels, qui se traduit par le culte du présent au détriment de toute volonté de transmettre. Sur le plan politique, la gouvernance se ramène de plus en plus à la gestion, l’État-nation est débordé par le haut (emprises planétaires) et par le bas (renaissance des communautés locales), et les frontières ne garantissent plus rien.

    La postmodernité correspond à ce monde « liquide » théorisé par Zygmunt Bauman, où tout ce qui était durable et solide semble se désagréger ou se liquéfier. C’est un monde de flux et de reflux, un monde de mouvances migratoires néo-nomades, caractérisé par le désinstitutionnalisation et la déterritorialisation des problématiques. Sous l’effet d’une logique économique qui a balayé tout idéal de permanence s’instaure le règne de l’éphémère et du transitoire, dans la production et la consommation des objets, tout comme dans les comportements, comme en témoignent la fin des engagements politiques de type sacerdotal, la désaffection des églises, des syndicats et des partis. La foi religieuse est privatisée, on se compose des croyances à la carte, et tous les modes de vie deviennent socialement légitimes. La vogue de l’idéologie des droits de l’homme et la croyance au pouvoir régulateur du marché se conjuguent pour légitimer la promotion des droits et l’affirmation de la « liberté des choix », tandis que l’explosion de la logique du marché entraîne la commercialisation de tous les modes de vie. Deux mots anglo-saxons résument bien cette tendance générale : le « selfie » et le « zapping », autrement dit l’obsession de soi et la volatilité des comportements, qu’ils soient électoraux ou amoureux.

    Avec l’actuelle réforme de l’école, l’éternelle querelle entre les « Anciens » et les « Modernes » reprend du poil de la bête. L’enseignement du grec et du latin, c’est moderne, postmoderne ou archaïque ?

    Ce n’est rien de tout cela. Car le grec et le latin, tout comme ce qui est de l’ordre de la culture authentique, ne sont ni d’hier ni de demain, mais de toujours ! 

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    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

     

  • Gaultier Bès : « On ne peut pas tout faire, tout manipuler »

     

    BEs.jpgAgrégé de Lettres modernes, professeur dans un lycée de la grande banlieue parisienne, Gautier Bès de Berc a été un des principaux initiateurs du mouvement des Veilleurs né de la contestation de la loi Taubira. En juin 2014, avec Marianne Durano et Axel Rokvam, il publiait Nos limites (Le Centurion, 3,90 euros), un court traité d’écologie intégrale.

    Loin du « jouir sans entraves » soixante-huitard, vous appelez au respect des « limites ». Quelles sont ces limites ?

    A l’origine du mouvement des Veilleurs, il y a la loi Taubira et une prise de conscience de l’importance d’un certain nombre de questions : qu’est-ce que la famille ? Qu’est-ce que donner la vie ? Qu’est-ce que la filiation ? Or, les réponses à ces questions ne peuvent être uniquement motivées par des références à un système de « valeurs » qui opposerait artificiellement « conservateurs » et « progressistes ». Façon trop commode de les relativiser ! Il s’agit en fait de discerner ce qui relève de la créativité humaine et ce qui doit la restreindre. Quel est le point d’équilibre entre le désir des individus et la réalité de la nature ? à la réflexion, il apparaît qu’on ne peut pas tout faire, ni tout manipuler. Pas tant parce qu’il faudrait des limites au nom de je ne sais quel impératif moral. Mais tout simplement parce que, l’homme étant de et dans la nature, il ne peut s’en affranchir.

    Ces limites dessinent une forme « d’écologie intégrale ». Pouvez-vous la définir en quelques mots ?

    En menant cette réflexion jusqu’à son terme, on en arrive au point de rencontre entre les différents aspects de la vie humaine dans son milieu naturel, social, politique… L’écologie intégrale, c’est ce qui relie écologie humaine et écologie environnementale. En tant que chrétien, j’y ajoute une dimension spirituelle. Cette idée de tout développer dans son intégralité est d’ailleurs très présente dans l’église depuis Paul VI. Dans son encyclique Laudato si’, François utilise l’expression pour inciter à retrouver un rapport sain à la création et à participer au projet divin de l’homme comme gardien de la création.

    On est loin des tentatives d’émanciper l’homme par la science et la technique en quoi s’incarnent aujourd’hui le projet progressiste…

    Sachons faire les distinctions qui s’imposent. « Le » progrès est une aberration philosophique, un dévoiement de l’idée chrétienne du salut. Pour autant, je crois « aux » progrès. En soi, la question de la technique n’a d’ailleurs pas de consistance. C’est quand elle devient une religion, quand elle cesse d’être mise au service de l’homme pour devenir le centre de sa pensée et de ses activités, comme dans le transhumanisme par exemple, qu’elle est dangereuse. Cette critique, celle du technicisme, que l’on trouve déjà chez Bernanos, est au cœur de l’encyclique Laudato si’. Le pape rappelle notamment que l’innovation technique n’est pas neutre puisqu’elle change le monde dans lequel elle est introduite. C’est la technique qui doit être mise au service de l’homme et pas l’inverse.

    S’opposer au saccage de nos écosystèmes, c’est, dites-vous, faire le choix de la sobriété. L’avenir est-il à la décroissance ?

    La sobriété est avant tout un choix de vie personnel qui consiste à adopter un comportement réflexif et non pas impulsif. Mais, au-delà du comportement individuel, par quoi néanmoins tout commence, se pose de façon de plus en plus urgente la question politique de notre modèle économique. La décroissance n’est pas un absolu. Elle ne s’oppose pas à l’activité économique en elle-même mais à la production considérée comme une fin en soi. C’est pourquoi les théories malthusiennes développées par certains décroissants sont absurdes, car nous produisons largement de quoi nourrir les 7 milliards d’habitants de la planète. Mais 30 à 40 % de la nourriture produite est détruite ! Ainsi, notre modèle productiviste, fondé sur la « maximalisation du gain », comme le dit le pape François, non seulement détruit les capacités de la terre à régénérer ses ressources, à conserver ses équilibres et à maintenir sa biodiversité, mais, en plus, ne répond pas aux besoins élémentaires de l’humanité.

    Par sa charge négative, le mot « décroissance » exprime bien l’urgence que pose ces problèmes de répartition et de gaspillage et la nécessité d’une réorientation radicale d’un « modèle » de développement qui dévaste les ressources naturelles et les équilibres culturels. Ici, il faudrait également parler de ce qu’Hervé Juvin appelle « l’écologie des civilisations » : la nécessaire préservation de la diversité des cultures du monde mise à mal par une globalisation apatride, destructrice des identités. Au fond, l’idéologie progressiste du métissage, que l’on tente d’imposer au forceps, est profondément anti-écologique. 

    Entretien avec Jean-Baptiste d'Albaret - Politique magazine

     

  • Le roi d’Arabie saoudite récidive à Vallauris : il ne veut pas de CRS femmes ... De quoi vous rendre (presque) républicain !

    Le roi d'Arabie saoudite, ici en compagnie de François Hollande. Photo © AFP

    Alors que la colère gronde parmi les habitants de Vallauris, excédés par les facilités accordées au roi d’Arabie saoudite, en vacances en France, c'est  Marianne qui révèle comment ce dernier ne veut pas de présence policière féminine :

    280px-MARIANNE_LOGO.png« Le roi Salmane d'Arabie saoudite veut pouvoir se baigner en sécurité sur la petite plage privée qui borde sa vaste villa de Vallauris, mais il n'est pas question qu'une femme assiste au spectacle de ses hommes barbotant en maillot de bain dans les eaux claires de la Méditerannée. Il a ainsi envoyé un émissaire, lundi 27 juillet, auprès d'un CRS un peu trop féminin à son goût.

    Le message était limpide : pour bien faire, on souhaitait qu'elle soit écartée du dispositif qui mobilise une demi-compagnie de CRS, en l'occurrence la CRS n°3. A l'extrême limite, elle pouvait continuer à surveiller la villa si elle le souhaitait, mais elle devait s'éloigner de la plage à l'heure du bain. Evidemment, le message du roi n'a laissé aucune trace écrite, mais la fonctionnaire a plutôt mal pris cette immixtion dans sa sphère professionnelle. Elle s'en est plaint auprès de ses supérieurs qui, à leur tour, effrayés à l'idée de la tournure que pouvait prendre cette histoire après l'affaire des maillots de bains de Reims, ont insisté pour que tout cela reste off.

    L'incident n'en est pas moins remonté jusqu'à la Place Beauvau, où l'on peut toujours se consoler en se disant que certaines compagnies de CRS comportent jusqu'à une dizaine de femmes, ce qui n'est pas le cas de celle-ci. Pour le reste, décision a été prise de maintenir la « coupable » dans le dispositif mis en place aux abords de la villa le mieux surveillée de France. Le plus laïquement possible. » 

     

  • LA FIFA, MIROIR DE NOTRE MONDE, par Georges-Henri Soutou, de l'Institut

    L'ex-tout-puissant président de la Fifa, Sepp Blatter.

     

    Nous vivons dans un monde de plus en plus judiciarisé dans lequel le droit anglo-saxon et la justice américaine s'imposent de plus en plus ' comme des normes universelles. C'est la principale leçon du « fifagate », cette crise qui secoue la Fédération Internationale de Football.

    La crise de la Fifa résume notre monde, beaucoup plus qu'on ne l'imagine et au-delà du côté anecdotique de la crise actuelle. Tout d'abord, constatons que l'on a affaire, avec le football, à une véritable religion, la seule véritablement universelle. Le scandale n'est pas seulement une affaire de corruption, mais il est perçu dans l'opinion comme un sacrilège, comme un crime simoniaque. D'où son retentissement et le danger que l'indignation moralisante l'emporte sur l'analyse d'une très intéressante organisation.

    La Fifa réunit 209 fédérations nationales, regroupées en six confédérations continentales. Elle comporte un ensemble de conseils, de secrétariats, de commissions et d'organismes divers. De ce point de vue, sa structure n'est comparable qu'à l'Onu. Elle représente l'un des aspects de la réalité internationale, toujours fondée, quoi qu'on veuille, sur les Etats-nations et leurs émanations. 

    En effet, dans ce système, toutes les fédérations pèsent le même poids en matière de votes : comme beaucoup sont minuscules et dépendent entièrement des subventions de la Fifa, il est tentant pour les dirigeants de celle-ci de se faire élire - ou réélire - en se constituant une majorité à coups de largesses... En d'autres termes : grâce à des subventions parfaitement autorisées et assumées par le système. C'est un processus électoral de type démocratique bien connu. Laissons de côté le problème d'éventuels faits de corruption. Dans l'absolu, ne faut-il pas préférer des actes individuels de corruption illégale à un système généralisé de corruption institutionnelle ?

    Bien entendu, une élection à telle ou telle instance de la Fifa comporte toute une série d'avantages personnels et de carrière, parfaitement statutaires, que l'on retrouve dans toutes les grandes organisations internationales. On en pense ce que l'on veut, mais il n'y a là rien d'illégal. Le problème commence ensuite, quand il s'agit de décider où se tiendra la prochaine coupe du monde, comment les droits télévisés seront répartis, etc. Avec un revenu de plus de cinq milliards d'euros pour la période 2011-2014, provenant des grandes sociétés sponsorisant la Fifa et de la vente des droits de retransmission, on comprend l'importance des enjeux. Or, en 2010, le comité exécutif a pris une série de décisions qui ont étonné : il a attribué d'un coup l'organisation des deux coupes du monde de 2018 et 2022, ce qui déroge à la procédure habituelle. Si la coupe de 2018 revient à la Russie, ce qui peut se justifier, celle de 2022 aura lieu au Qatar. Un choix des plus surpgenants : ce micro-État est peu important du point de vue footballistique. Pire, le climat y interdit des matchs l'été, obligeant de les organiser en hiver. Conséquence directe : le calendrier des rencontres des pays membres s'en trouvera totalement bouleversé. Ce sont les soupçons de corruption suscités par cette double décision qui vont déclencher l'avalanche judiciaire que l'on connaît.

    PAS DE CONSEIL DE SÉCURITÉ À LA FIFA

    S'il n'est pas utile d'ajouter de commentaires sur l'enquête en elle-même, il faut souligner que l'Onu, fort critiquée et souvent critiquable, possède une supériorité sur la Fifa : l'existence du Conseil de sécurité et de ses membres permanents. Il s'agit là de puissances efficientes, aux responsabilités mondiales, qui se tiennent au-dessus des jeux de pression et d'influence, qu'ils soient internes ou externes. Certes, le droit de veto des membres permanents bloque souvent le système, mais ceux qui préconisent de le supprimer ou de le limiter accorderaient du coup plus de pouvoir à l'ensemble fort composite des pays membres de l'Onu, ce qui risquerait de conduire exactement à la même crise que celle de la Fifa. Voilà pourquoi cette dernière nous en dit tant sur l'évolution d'un monde pris entre mondialisation et résilience de l'État-nation.

    Par ailleurs, dans ce que les médias ont appelé le « fifagate », le coup d'envoi est venu du ministère de la Justice américain, qui s'attribue de plus en plus une compétence universelle. C'est à sa demande qu'ont été interpellées quatorze personnes à Zurich, deux jours avant la réélection du président de la Fifa, Sepp Blatter. Sans compter l'ouverture d'autres instructions frappant des dirigeants importants. Tout l'objet de l'enquête est de déterminer les modalités de l'attribution des coupes du monde de 2018 et 2022. Les procédures, qui ne respectent pas, semble-il, les droits de la défense ont fait l'objet de critiques. Retenons deux choses : l'un des membres de la commission d'éthique de la Fifa est l'ancien procureur général de New York... et sa femme est employée par le FBI ! Au-delà de l'anecdote, on constate surtout que des crimes de la seconde guerre mondiale au secret bancaire suisse et aux opérations des banques étrangères, la justice américaine, derrière des prétextes juridiques spécieux et maniant la menace de rétorsions économiques (interdiction d'exercer aux États-Unis, refus d'autoriser de se porter candidat à certains marchés publics, etc.) se constitue en instance juridique mondiale. 

    Dans cette affaire, personne n'est forcé de partager le soupçon immédiatement exprimé par le président Poutine : les États-Unis auraient déclenché l'affaire pour remettre en cause l'attribution de la coupe du monde de 2018 à la Russie...

    EXTENSION DE L'INTERVENTIONNISME AMÉRICAIN

    Mais il ne se trouve aucune obligation non plus de partager la satisfaction béate de ceux qui pensent que seuls les États-Unis sont capables d'apporter un peu d'ordre et de justice dans la jungle mondiale, argument majeur distillé lors de cette crise de la Fifa. Cette question de l'extension à l'étranger de l'action de la justice américaine est pourtant capitale, quoique peu perçue ou passée sous silence. Le scandale de la Fifa rejoint ici la question de l'Accord de Partenariat transatlantique, en cours de négociation entre les États-Unis et la Commission de Bruxelles. En effet, si le traité est conclu, les acteurs économiques deviendraient indépendants des États et même de la Commission : toute modification ultérieure de l'accord pourrait être attaquée par eux devant les tribunaux. Ceux-ci et, au premier rang bien sûr, les tribunaux américains - rappelons qu'il existe un seul système judiciaire américain, contre 28 en Europe : tout le monde introduirait son affaire aux États-Unis... - deviendraient l'instance de régulation essentielle d'un commerce transatlantique devenu, comme tant de secteurs de la vie occidentale, complètement judiciarisé et selon les normes juridiques américaines, fort différentes de celles de l'Europe. La question de la crise de la Fifa nous entraîne ainsi bien au-delà de son objet immédiat...

     

    Georges-Henri Soutou  - Politique magazine

     

  • Plage privée : l'égalité pour tous... jusqu'au roi d'Arabie saoudite ? Juste réaction de Philippe Bilger

     

    Le roi d'Arabie saoudite a fait interdire l'accès à la plage publique, qui borde sa propriété de Vallauris, pour son usage personnel. Pour Philippe Bilger, l'Etat qui est censé défendre le principe d'égalité, ne remplit pas sa mission. Mais en défend-il autre chose que le principe ? On sait aujourd'hui comment une soi-disant élite de politiciens et de copains occupe les palais de la République, d'ailleurs hérités de l'Ancien Régime, et s'en partage les privilèges. Quant à la monarchie saoudienne, décadente et corrompue, le moins que l'on puisse en dire est qu'elle n'honore pas l'institution. L'Arabie Saoudite est-elle notre alliée face aux islamistes ? Il y a toutes les raisons d'en douter. LFAR  

      

    6830bcccdd66568bec1c72c800487f2b lfar.jpgLes Français ont coupé la tête de leur roi, la gauche cherche à nous persuader que la France a commencé en 1789, l'exigence d'égalité est mise à toutes les sauces, même les plus inappropriées, comme avec la loi sur le mariage pour tous, mais la Préfecture des Alpes-Maritimes autorise le roi d'Arabie saoudite, accompagné par mille personnes environ, à privatiser une plage publique à Vallauris, à construire un ascenseur et un escalier, bref à se constituer jusqu'au 20 août son petit royaume personnel en France.

    Au grand dam de beaucoup puisqu'une pétition circule qui a recueilli actuellement plus de cent mille signatures.

    Ce qui est frappant est de devoir constater à quel point notre République - je n'imagine pas que le Préfet ait accepté ces importantes dérogations à l'usage de l'espace public sans en référer au plus haut niveau du Pouvoir - est prête à tous les accommodements dès lors que la sûreté de l'Etat, même s'il est étranger, est en cause et que des intérêts économiques viennent ajouter leur poids à l'urbanité convenue des relations internationales.

    On a beau comprendre les motifs de cette «privatisation» et l'emprise, sur notre démocratie bien faraude dans ses principes mais plus frileuse dans son expression, de cet équipage impressionnant venant offrir ses biens, son luxe et ses appétences à une région déjà tout émoustillée par les profits à venir, reste qu'on aurait espéré un arbitrage moins vulgaire et une tolérance moins lâchement affichée. 

    Parce que tout sera démonté le 20 août et que la France recouvrera alors cette partie infime, mais confisquée, de son territoire, il n'y aurait rien à dire et les protestations multiples, partisanes, démagogiques ou sincères, ne seraient pas de mise. Silence obligatoire dans les rangs de la communauté nationale!

    Pour ma part, je crois l'inverse. Je regrette que cette aspiration à une égalité, parfois si stérilisante et dévoyée quand elle prétend brider la nature ou la liberté, ne se soit pas émue de cette séquence mais l'ait validée comme si elle allait de soi.

    Sans anticiper une seconde l'indignation d'une multitude de citoyens de bonne foi convaincus, avant d'être désabusés, que l'égalité dans notre pays n'était pas un vain mot mais une réalité charnelle et une règle, sans exceptions choquantes.

    Cette gauche, en définitive, est bien plus traditionnelle qu'elle l'affirme.

    Elle s'abandonne trop vite à cette périphérie abusive que tout pouvoir sécrète si on n'y prend pas garde, se vautre, avec complaisance, sans résister, dans ces indécences quotidiennes, royales ou non. Gauche et droite ne se distinguent pas par la pureté de l'une et le réalisme de l'autre mais s'accordent au contraire sur ce terreau que l'Etat a droit à des privautés et que, si le citoyen n'est pas content, il n'a qu'à ne pas rêver.

    Cette égalité, seulement jusqu'au roi d'Arabie Saoudite, constituera une pierre de plus à jeter dans le jardin de François Hollande et de ceux qui le soutiennent moins pour ce qu'il accomplit ou a trahi que pour ce qu'ils craignent.

    La France est schizophrène. 

     

    Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole. Son dernier livre Ordre et Désordres vient de paraître aux éditions Le Passeur. Retrouvez-le sur son blog Justice au singulier.

     

  • Chômage : l'embellie, ils peuvent toujours l'attedre ...

     

    Voici, ce que dit la presse le 27 juillet au soir :

    Triste record. Il n’y a jamais eu autant de chômeurs en France. Les chiffres qui viennent d’être publiés sont catastrophiques : la France comptait en mai dernier 3,55 millions de chômeurs sans activité. Pour le mois de juin, il y a 1.300 demandeurs d'emploi supplémentaires.

    Situation au mois de mai

    Les résultats qui ont été publiés par le gouvernement au mois de mai étaient catastrophiques. La France comptait 16.200 demandeurs d'emploi supplémentaires, soit une augmentation de +0.5% d'après les calculs du gouvernement par rapport au mois d’avril.

    Au total, le nombre de chômeurs en France s’élevait à plus de 3.55 millions (3.552.000). Soit une hausse de plus de 5% sur un an.

    Record au mois de juin

    Les résultats qui viennent d’être rendus publics s'inscrivent malheureusement dans la continuité des mois précédents. On recense pour le mois de juin 1.300 chômeurs supplémentaires. 

    Notre commentaire

    Dans un pays où les prélèvements obligatoires sont de 47%, les dépenses publiques de 57% du PIB, le service de la dette de plus de 40 milliards, le nombre de chômeurs de 3,55 millions en hausse constante, le déficit du commerce extérieur récurrent de l'ordre de 60 à 70 milliards, pour n'évoquer que les paramètres les plus généraux, il faut beaucoup  d'inconséquence pour espérer une reprise significative et durable de la croissance, la baisse du chômage, l'assainissement de nos comptes publics.

    Nous ne disons pas que ces objectifs sont, pour la France, inatteignables mais qu'il y faudrait des réformes de grande ampleur, des mesures fortes qui n'ont rien à voir avec ce que contenait la défunte boîte à outil de François Hollande. Réformes et mesures à quoi devrait se superposer une volonté politique à toute épreuve capable de mobiliser les forces vives du pays.

    Si attristant que ce puisse être, nous en sommes fort loin, nous semble-t-il.  Lafautearousseau   

     

  • Robert Ménard : « La gauche vit dans le cauchemar de la parole libérée »

     

    Robert Ménard a le double mérite de revendiquer la liberté de pensée - liberté aujourd'hui menacée - et de penser juste, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Il constate, ici, ce processus de perte de l'hégémonie intellectuelle et culturelle de la gauche française, que nous avons souvent évoqué nous-mêmes. Processus qui est encore loin d'être achevé comme Eric Zemmour le  signale à juste titre. Mais processus qui semble désormais inexorable.  LFAR 

    Robert Ménard, « l’affaire de la crèche de Béziers » revient sur le devant de la scène. La justice qui vous avait donné une première fois raison en référé vient à nouveau de débouter la Ligue des droits de l’homme, sur le fond, cette fois. C’est une grande victoire pour vous ? 

    Oui, une grande victoire, mais aussi une joie immense, et d’autant plus forte que nous redoutions un jugement défavorable. En effet, le rapporteur public avait donné raison à la Ligue des droits de l’homme et, très généralement, le tribunal suit ses recommandations.

    Les motivations du jugement sont particulièrement réjouissantes. D’abord, le tribunal admet qu’il n’est pas nécessaire de justifier d’une tradition locale pour mettre en place une crèche. Ensuite, il reconnaît que son installation en mairie, à partir du moment où elle s’inscrit dans un camp culturel, ne contrevient pas à l’article 28 de la loi de 1905. Le tribunal affirme aussi que la commune avait parfaitement le droit d’acheter des santons, qu’il ne s’agissait nullement du financement d’un projet cultuel. Bref, sur l’essentiel, le tribunal nous a suivi ou, plutôt, a refusé de suivre une argumentation sectaire qui tient davantage de la bigoterie laïque que de la défense de la laïcité.

    En tout état de cause, et même si la Ligue des droits de l’homme se pourvoit en appel, il y aura une crèche en mairie de Béziers à Noël 2015. Du reste, si le jugement nous avait été défavorable, nous aurions trouvé le moyen légal d’en installer une…

    C’est, si je ne me trompe pas, la cinquième fois que la Ligue des droits de l’homme fait chou blanc avec vous… 

    Oui, la Ligue ne se lasse pas de recevoir des fessées judiciaires. Elle a, à ce jour, outre le jugement dont nous venons de parler, perdu quatre référés. Nous menons donc 5 à zéro. De façon générale, la Ligue tente de faire annuler toutes nos décisions, que ce soit sur le conditionnement des aides sociales facultatives, l’interdiction des mineurs déambulant la nuit sans leurs parents, etc.

    Cet acharnement s’inscrit dans une volonté de harcèlement. La Ligue n’est que le bras (faiblement) armé sur le plan judiciaire d’un mouvement plus large rassemblant des partis et des syndicats de gauche. Rassemblés récemment dans le Var, ils en ont fait l’aveu public : déposer systématiquement des plaintes ou des recours contre les municipalités FN ou, comme dans le cas de Béziers, soutenues par le FN.

    Il s’agit d’une instrumentalisation de la justice qui, d’une certaine manière, rejoint la volonté de la gauche de criminaliser les propos ou les actes de tous ceux qui ne pensent pas comme elle.

    Mais, pour vos adversaires, le principal n’est-il pas d’avoir remporté la première manche médiatique, la deuxième manche – judiciaire, la plus importante pourtant – ne faisant l’objet d’aucun écho, ou presque, dans la presse ? 

    Je ne suis pas certain que nos adversaires aient gagné même cette première manche. À chaque fois, ils ont attaqué sur des sujets où, désormais, la majorité des Français est en accord avec nous. Au fond, la gauche n’est plus que sur la défensive. La réactionnaire, c’est elle. La conservatrice, qui essaye de conserver les « acquis » de Mai 68, c’est elle. Elle a peur de la révolution qui vient. La gauche vit dans le cauchemar de la parole libérée, de l’action libératrice, du retour de la vitalité et de la volonté. Alors, dans ce contexte qui apparaîtra ô combien historique aux historiens de l’avenir, qu’importe la Ligue des droits de l’homme, plus que centenaire, qu’importent les petites machinations médiatiques !   

     

    Robert Ménard 

    Maire de Béziers

    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

    Propos recueillis par Gabrielle Cluzel

     

  • Royaliste, Emmanuel Macron ? Ce qu'en pense Bertrand Renouvin

     

    Bertrand Renouvin a donné dans son blog une analyse pertinente des déclarations d'Emmanuel Macron. « Royaliste, Emmanuel Macron ? » Sa réponse n'est naturellement pas en tous points ce que serait la nôtre. Notamment sur quelques points d'histoire. Mais son commentaire est tout à fait intéressant pour qui persiste à croire - comme lui, sans doute, et comme nous - en un avenir du royalisme français. La conclusion de son billet est, au fond, une forme d'interrogation : « Il sera du plus haut intérêt d’observer comment Emmanuel Macron mettra sa carrière personnelle en accord avec ses conclusions politiques. » Mais n'est-ce pas là l'enfermer dans une sorte de gageure ? Pour réaliser cet accord entre ses conclusions politiques et sa carrière personnelle, sans-doute faudrait-il qu'il en sorte ... Mieux vaut, peut-être, faire confiance à l'avenir : qui nous dit quelles conséquences plus larges qu'elles n'ont aujourd'hui ces déclarations, cette réflexion, pourraient faire germer si les circonstances d'une hypothèse monarchique venaient à se créer, à se réunir ? Dans ce sens, en effet, Renouvin a raison : elles sont à prendre au sérieux. LFAR 

     

    Renouvin.jpgLes propos d’Emmanuel Macron sur « la figure du roi » suscitent maints commentaires narquois ou indignés. Elle est à prendre au sérieux. Emmanuel Macron dit fort justement que la démocratie ne se suffit pas à elle-même : « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. »

    Un entretien accordé à la presse n’est pas aussi médité qu’un écrit théorique et je m’en voudrais de reprocher à Emmanuel Macron ses raccourcis. Sans doute reconnaîtrait-il sans difficulté que Napoléon n’a rien à voir avec de Gaulle pour cette simple raison que l’Empire n’a pas comblé ce qui manque à la démocratie mais s’est établi sur sa négation. Sans doute reconnaîtrait-il également que Louis XVIII et Louis-Philippe ont rempli leur fonction symbolique (incarner la nation, garantir paisiblement le lien social) en permettant l’institution progressive du régime parlementaire. Il aurait pu ajouter que le général de Gaulle comprenait si bien l’absence de roi qu’il souhaitait que le défunt comte de Paris puisse lui succéder à la présidence de la République dès lors que cette solution serait acceptée par le peuple souverain.

    Ces précisions ne diminuent en rien la force du propos d’Emmanuel Macron : en référence aux théorèmes d’incomplétude de Gödel*, il affirme que le système démocratique a besoin pour fonctionner d’un principe extérieur à lui-même : le thème du « roi absent » ne signale pas un royalisme de regret mais un point décisif de la logique politique qui porte à considérer la monarchie royale comme puissance instituante de la démocratie – ce qu’elle fut effectivement dans maintes nations européennes.

    Plus surprenant : la manière dont Emmanuel Macron actualise sa réflexion. Après avoir constaté que la démocratie française ne remplit pas l’espace, il poursuit : « On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. » Bon lecteur de Pierre Rosanvallon, de Marcel Gauchet, de Jean-Pierre Dupuy, de Claude Lefort, le ministre de l’Economie et des Finances affirme donc que le président de la République n’existe pas. En d’autres termes, François Hollande, homme de chair et d’os, est un néant politique comme le fut Nicolas Sarkozy. Nous avons fait ce constat depuis belle lurette mais ce qui pouvait apparaître comme une impudence militante est aujourd’hui magistralement attesté.

    Il sera du plus haut intérêt d’observer comment Emmanuel Macron mettra sa carrière personnelle en accord avec ses conclusions politiques.

    * Une théorie qui permet de démontrer les théorèmes de base de l’arithmétique est nécessairement incomplète car elle utilise des énoncés ni démontrables, ni réfutables ; une théorie est cohérente si elle utilise des énoncés qui n’y sont pas démontrables. Gödel a fait l’objet de débats nourris dans les années quatre-vingt, auxquels participèrent Jean-Pierre Dupuy et Régis Debray.

    Le blog de Bertrand Renouvin

     

  • André Bercoff • Hollande, Le Foll : impuissance de l'action et misère de la parole

    Stéphane Le Foll parle. Il a le verbe et la dégaine d'un marchand de cravates sur la voie publique. Mais il parle ...

     

    Quand le bon sens, le style, la verve et la truculence, le franc parler se combinent cela donne un billet d'André Bercoff et quand il décide de peindre et moquer les mœurs des hommes du Système, cela fait mouche. 

    photo.jpgFace à la déferlante des barrages et des jets de fumier, du ras-le-bol de producteurs exaspérés engraissant des intermédiaires gavés, face à la colère qui monte et à un pouvoir débordé qui multiplie les mesures d'urgence pour améliorer une situation qu'il connaissait pourtant de longue date, il convient d'adopter le point de vue de Candide. Il faut, certes, cultiver son jardin, mais que faire quand celui-ci ne permet même pas à ses propriétaires de survivre en milieu rural ? On ne peut même plus en rester à la formule: « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons de les organiser » ; parce que, même là, on ne peut plus faire semblant.

    En ce domaine comme en tant d'autres, les gouvernants, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont trop souvent pratiqué le métier qu'ils connaissent le mieux: celui du jeu de bonneteau. Ni vu ni connu je t'embrouille. La poussière sous le tapis. Refilons la patate chaude aux successeurs et après moi le déluge. Immigration ? Insécurité ? Chômage ? Dette ? Fonction publique ? Agriculture ? Tant que la rue n'a pas bougé, la question ne sera posée que pour mieux l'enterrer. Circulez, il n'y a rien à voir: nous savons mieux que vous ce qui est bon pour vous et l'allons marteler sur toutes les caisses de résonance qui nous sont aussi vassales qu'obéissantes.

    Cet enfumage généralisé, considéré longtemps comme un des beaux-arts de la gouvernance, masque la dure réalité de l'effritement du pouvoir. Tout se passe en effet comme si les politiques, cernés par l'étroitesse croissante de leur marge de de manœuvre, assiégés vingt-quatre heures sur vingt-quatre par la Toile et les réseaux d'infos, sommés de s'expliquer dans l'écume de l'immédiateté, sont devenus les commentateurs bavards de leur propre inaction. Ils vont, de l'aube au crépuscule, salivant devant micros et caméras, donnant leur avis sur tout, et n'oubliant jamais de souligner que si, dans telle ou telle partie de l'Europe et du monde, une crise est résolue, c'est bien grâce à eux. S'il s'agit d'un échec, c'est bien sûr à cause des autres.

    D'où la crise de plus en plus aigüe des chansonniers et autres Guignols, remplacés avantageusement par ceux qu'ils brocardent. Quand le Roi devient bouffon, il ne reste à celui-ci qu'à s'inscrire à Pôle Emploi. Etrange et burlesque paysage où ceux qui sont censés faire le job, passent les trois-quarts de leur temps à l'expliquer plus ou moins heureusement.

    La solution ? Tout le monde la connaît : que ceux qui nous représentent travaillent en silence et ne s'expriment que quand l'action est accomplie. Que les journalistes n'oublient jamais leur esprit critique, et que passer son temps à essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes et mettre entre parenthèses d'évidentes bombes à retardement, n'empêcheront jamais les explosions d'aujourd'hui et de demain. 

    André Bercoff 

    Dernier ouvrage paru : Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi  octobre 2014 chez First.

     

  • MEDIAS • Valeurs actuelles a raison mais la République des copains François Hollande ne l'a pas inventée ...

     

    Il est bien vrai que nous vivons sous une République de copains, que François Hollande n'a pas tenu sa promesse d'en renier les pratiques, encore moins d'instaurer cette République irréprochable qu'il avait fait miroiter; la réalité en est même l'exact contraire. 

    En présentant la dernière parution de Valeurs actuelles, dans la vidéo qui suit, Yves de Kerdrel a donc toutes sortes de justes raisons pour dénoncer « la République des copains ! ». « Nominations de complaisance, recasages discrets, en trois ans, le pouvoir socialiste a fait main basse sur l’État et satisfait l'appétit de ses courtisans ». 

    Que le niveau des copains ait baissé, soit. Il ne cesse de baisser depuis longtemps et descend quelques crans à chaque nouvelle mandature. Ce qui rend le dit copinage toujours plus criant et plus insupportable.

    Mais il serait un peu juste et tout à fait faux de laisser croire que ce système a été apporté par François Hollande; qu'il est le propre des socialistes; que leurs prédécesseurs en sont innocents. Et - pourquoi pas ? - leurs éventuels successeurs.

    La vérité est que, si tout Pouvoir instaure un certain niveau de copinage, la République aggrave grandement cette inclinaison naturelle parce que le Chef de l'Etat lui-même est issu d'un clan, qu'il en est l'émanation, qu'il lui doit en partie son élection, qu'il aura besoin de lui pour son éventuelle réélection et qu'il doit donc être, pour les hommes qui le composent, reconnaissant et généreux. Et, bien-sûr, ceci ne vaut pas que pour François Hollande et ses socialistes.

    On nous excusera de rappeler ces simplicités et cette évidence que la République est non pas accidentellement mais essentiellement un système de copinage; qu'elle l'est par nature, de fondation. Qu'elle l'a toujours été et le sera toujours, pour le temps qui lui reste à vivre. Pourvu que Dieu lui prête vie, comme on dit couramment et comme nous ne le souhaitons pas. Pas plus, par exemple, que Michel Houellebecq. 

    C'est qu'aucune autorité impartiale - au sens plein du terme - ne surplombe le système et n'y impose un minimum de retenue à la loi du copinage et un minimum de sens du bien commun.

    Tel est le vice de notre République et son incomplétude, ce qui renvoie aux déclarations d'Emmanuel Macron qui, en l'occurrence, va nettement plus loin et plus profond que le propos, pourtant fort juste et sympathique, d'Yves de Kerdrel. Pourquoi n'y réfléchirait-il pas ?  LFAR 

     

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  • SOCIETE • Affaire Saal : La faillite de la gauche culturelle, par Olivier d'Escombeau

     

    Dieu merci, il reste les livres. à la veille de la pause estivale, on aurait aimé donner des conseils de lecture et de quoi occuper l’esprit et le cœur à de saines nourritures. Hélas, l’actualité ne laisse guère de répit. Mieux encore, elle nous invite à la vigilance. Que la période qui s’ouvre soit propice à ressasser l’affaire Saal et ce qu’elle nous dit de la faillite de la gauche culturelle.

    Agnès Saal est cet administrateur civil au ministère de la Culture. Encore récemment chouchou du régime socialiste, elle occupait le poste très en vue de président de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) au terme d’une carrière sans faute. Sur dénonciation, le conseil d’administration de cet établissement public industriel et commercial (Epic) prenait connaissance des dépenses de taxi somptuaires de son président. Plusieurs dizaines de milliers d’euros en quelques mois à peine ! L’affaire devenue publique, le ministre alerté, voici Agnès Saal poussée à la démission au terme d’un déchaînement de l’opinion publique sans précédent s’agissant d’un haut fonctionnaire. La polémique s’est encore amplifiée lors de la réintégration dans un poste en administration centrale, procédure normale et ne marquant pas un traitement de faveur, loin de là, mais un passage obligé avec le déclenchement de poursuites disciplinaires et – sans doute – pénales.

    Dans une affaire de ce genre, nous nous en voudrions de hurler avec les loups. Car elle possède nécessairement une dimension humaine, même si elle n’excuse pas tout et encore moins de tels écarts. En l’espèce, il est de notoriété que ce haut fonctionnaire était un bourreau de travail et que sa situation personnelle était – en raison du handicap d’un proche – très difficile. Mais cela n’explique pas pourquoi les moyens mis à son service pour l’exercice de ses fonctions par la collectivité aient pu être apparemment détournés et mobilisés à des fins privées.

    Ainsi, l’irrésistible ascension d’Agnès Saal est désormais arrêtée. Elle a commencé au milieu des années 80 à la sortie de l’ENA. La jeune fonctionnaire, dans la bonne moyenne de sa promotion, rejoint le ministère de la Culture comme chef de bureau. Un poste pas très glamour, il est vrai, car les comptables sont rarement bien vus au pays des saltimbanques. Une volonté de fer, l’envie dévorante de parvenir et sa carrière s’accélère véritablement après avoir été membre de deux cabinets ministériels socialistes. La voilà placée au poste de n°2 du plus grand établissement culturel.

    Des amis et beaucoup d’ennemis

    Après avoir passé au chaud les longues années où la droite est au pouvoir, les plus grandes espérances se forment pour elle. Elle est annoncée comme directrice de cabinet du ministre de la Culture de François Hollande, Aurélie Filipetti. Hélas, à la dernière minute, le château impose une autre femme, plus jeune, plus introduite. Agnès Saal n’a pas que des amis à gauche. La vieille mitterrandie, en la personne d’un Jean-Noël Jeanneney, la soutient. Mais le temps a passé, une nouvelle génération monte. Des amis, Agnès Saal en a aussi à droite. Barrée des listes de la légion d’honneur où l’administration complaisante l’avait glissée (« depuis quand décore-t-on les socialistes ? » aurait glissé un conseiller outré), elle voit son nom rétabli par l’Elysée chiraquienne !

    Numéro deux, elle le restera pendant dix ans avant de devenir, enfin, la première à l’Ina. Les brillants seconds ne font pas toujours d’excellents premiers. Et c’est peut-être ce sentiment de liberté éprouvé tout à coup, la solitude aussi qu’implique une position de pouvoir aussi haut placée, qui peut expliquer ce naufrage. « Tomber pour ce motif, c’est affreux », chuchote-t-on en haut lieu. Tout un symbole, en effet. 

  • Face à la crise agricole, le point de vue de Jean-Philippe Chauvin

     

    Comme nous l'avons fait nous-mêmes ces jours derniers, Philippe Chauvin ne se contente pas de demander pour nos agriculteurs et éleveurs quelques mesures immédiates de sauvetage. Le monde agricole français se meurt de cette succession d'aides étatiques ou européennes dont il est comme drogué. Comme nous, Philippe Chauvin veut que l'on aille au fond des choses. Et le fond des choses, c'est la remise en cause d'un certain nombre de fondements idéologiques de l'économie contemporaine : le libre-échangisme systématique, la concurrence par le binôme infernal baisse des prix / baisse de la qualité, concurrence par le bas qui appauvrit, massifie, disqualifie, et encore le consumérisme, la financiarisation, de la filière agro-alimentaire notamment. Or la critique est particulièrement fondée en matière alimentaire et agricole qui touche à l'existence même de la France charnelle. Aussi bien, d'ailleurs, que d'autres pays, notamment européens. Refaire une agriculture française, reconstituer une population agricole nombreuse, productive - avant tout de qualité - et aisée : cela suppose que cette critique de fond soit menée.  LFAR  

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe monde agricole est à nouveau en crise : en fait, il n'a jamais cessé de l'être depuis ces dernières décennies, et la baisse régulière, dramatique en fait mais révélatrice, du nombre d'exploitations agricoles en France (comme en Europe), en administre la preuve la plus visible tout comme la disparition de la présence paysanne dans les campagnes, de plus en plus désertifiées dans celles qui, néanmoins, gardent une vocation d'abord agricole. En même temps, le chômage qui touche les zones rurales entraîne le départ des populations les plus jeunes vers les villes ou leurs périphéries, ce qui accentue encore ce mouvement de désertification. 

    Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ? 

    Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes ! 

    Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée ! 

    Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé... 

    Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes. 

    La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Qu'elle le veuille ou non et même si c'est majoritairement malgré elle, cette communauté est une menace

     

     

    Source : site Valeurs actuelles

  • Denis Tillinac : « la triste rançon du conformisme »

     

    Comme souvent, ici, Denis Tillinac parle d'or

     

    2594939590.jpgSi la presse régionale s’émancipait de la monochromie gauchisante, elle perdrait sans doute moins de lecteurs !

    Chaque fois que je fais escale dans une de nos provinces, je me plonge dans le quotidien local. Les noms de lieux et l’intitulé des rubriques m’intronisent peu ou prou dans un terroir ; il est question de pêche dans Presse Océan, de rugby dans Sud Ouest, c’est instructif et dépaysant. Mais je constate que partout les plumes des localiers sont trempées dans la même encre.

    Que les médias nationaux, écrits ou audiovisuels, soient très majoritairement d’imprégnation gauchisante, nul ne l’ignore. Que leurs réflexes, leur sémantique, leurs partis pris moralisants soient repris à l’identique dans la presse régionale, c’est plus choquant, car ces journaux, souvent en situation de monopole, affectent une neutralité de façade. Seule la Dépêche du Midi, où j’ai fait mes débuts, annonce la couleur : historiquement, elle est radsoc et entend le rester. Rien à redire, donc.

    Mais dans un pays où, tout de même, le champ des idées n’est plus monochrome, comme l’atteste entre autres symptômes la bonne santé de… Valeurs actuelles, on s’étonne de n’en trouver aucun reflet dans la presse quotidienne régionale. Les scores électoraux des Républicains et du FN ont beau être supérieurs à ceux du PS et de ses alliés, les tournures d’esprit des localiers restent alignées sur des clichés soixante-huitards.

    Mimétisme de provinciaux toujours fascinés par les éditorialistes de la capitale ? Sans doute. Mais ces trentenaires ou quadras qui récitent benoîtement le catéchisme au demeurant fort respectable du Monde, de Libé, de l’Obs, de Télérama ou de France Info sortent des différentes écoles de journalisme. Il faut croire que leurs enseignants ont tous été formatés par la Rue de Solferino, la Fondation Jean-Jaurès ou le think tank Terra Nova.

    Lors du dernier scrutin présidentiel, on invita les étudiants des trois principales écoles à émettre un vote. Au premier tour, Hollande obtint une franche majorité, le reste des bulletins se dispersant entre les autres candidats de gauche. Au second tour, 100 % de voix pour Hollande (sic). Or, on se souvient que dans la France “réelle”, Sarkozy recueillit presque la moitié des suffrages. Conclusion : les journalistes de la nouvelle génération sont calibrés comme des soldats sous l’uniforme. Le pluralisme démocratique n’y trouve pas son compte.

    C’est fâcheux pour ces jeunes, condamnés à regarder les choses de la vie, jusqu’à leur retraite professionnelle, avec des lunettes de vieux, et des oeillères en prime. C’est dangereux pour cette presse de province, jadis florissante et où, dans les salles de rédaction, de vifs débats opposaient conservateurs et progressistes, libéraux et dirigistes, souverainistes et européistes, jacobins et girondins, gaullistes et parlementaristes. Désormais, elle perd des lecteurs, et au train où elle relaye des postures idéologiques obsolètes, elle risque le décrochage.

    Renseignements pris, Libé demeure la référence dans ces écoles où les idées de droite n’ont pas droit de cité. Le Libé de Sartre et de Serge July fut pendant trente années le vade-mecum de notre intelligentsia après sa longue compromission avec le stalinisme. Le monde a changé, les maîtres à penser de cette époque ont perdu leur crédit : Libé n’incarne plus qu’une sensibilité politique marginale. C’est une constatation.

    En endoctrinant les futurs journalistes, on les prive de la capacité d’interpréter les réalités d’un monde en perpétuelle métamorphose. Par voie de conséquence, on prive le citoyen provincial de l’opportunité de retrouver dans son quotidien les débats qui agitent la conscience nationale. Du coup, il est tenté de les chercher sur les sites Internet, refuges équivoques du pluralisme.

    Ayant biberonné la presse écrite, je déplore que les générations montantes s’en détournent. Mais quand j’ouvre le quotidien de ma région, ça m’agace de subodorer, même dans les pages locales, même dans les pages sportives, un fumet idéologique désuet autant que lourdingue. On voudrait supplier ces Rouletabille juvéniles d’ouvrir leurs écoutilles et d’être moins dociles aux injonctions du cléricalisme rose ou rouge. On voudrait, s’il n’est pas trop tard, qu’ils s’énamourent d’une égérie exigeante mais délectable : la liberté de penser. 

     

    Denis Tillinac Valeurs actuelles   

  • Cet homme-là a sans-doute raison mais le premier fléau est le dogmatisme du libre-échangisme universel

     

    Lire notre note du 22 juillet 2015