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Actualité France - Page 414

  • Marie-France Garaud : « L'Etat français n'existe plus, nous sommes une province »

     

    Jeudi dernier, 20 août, Marie-France Garaud était l'invitée de la matinale de France Culture. Comme toujours, ses analyses méritent d'être écoutées et méditées. Elle pose une question préalable autour de quoi tout le reste s'ordonne : « Sommes-nous encore un Etat ? La réponse est non. » Suit une heure d'entretien remarquablement intéressante où Marie-France Garaud analyse avec l'extrême lucidité qu'on lui connaît, la crise grecque, la situation de l'Europe, le rôle de la diplomatie française au Moyen-Orient, la politique russe de la France, sa dépendance à l'égard des Etats-Unis. Sans négliger la situation intérieure du pays. A vrai dire, il n'y a guère de sujets où nous risquions d'être en désaccord avec ses points de vue. Elle a aussi le mérite de préciser que rien de ce qu'elle constate de très négatif dans la situation de la France n'est irréversible.   

     

    (A partir de la 34e minute)

     

  • Combien faudra-t-il de morts pour que la France ait une réaction à la hauteur de la menace ?

     

    Cela a été dit mille fois depuis trois jours : sans la présence évidemment fortuite de  jeunes militaires Américains courageux et efficaces dans le Thalys Amsterdam-Paris de vendredi après-midi, un carnage se serait très probablement produit. Horrible et numériquement considérable. L'impavide Bernard Cazeneuve l'a souligné le soir même, ému, sans-doute sincèrement,  à l'idée de ce qu'aurait pu être la catastrophe évitée. Mais évitée par un hasard heureux, une présence non programmée, et non pas du fait des services de sécurité français, qui montrent ici leurs limites. De sorte que comme l'a déclaré un ancien cadre de la DGSI, on peut redouter que le prochain coup sera le bon. En tout cas qu'il finisse par y en avoir un qui soit le bon.   

    Les Français ont-ils bien compris que leurs déplacements, leurs voyages, leur sécurité dans les lieux publics et autres, leurs libertés, s'en trouveront presque inévitablement modifiés, restreints, en tout cas affectés ? Que leur vie quotidienne en sera changée ? Que leur insouciance ne sera peut-être bientôt plus de mise ? Ont-ils mesuré que l'extension du phénomène terroriste, du nombre d'acteurs et de leurs actions, excèdera peut-être bientôt la capacité de nos services de renseignement et de sécurité à les protéger, à garantir la sécurité pour tous ? S'ils n'en sont pas encore conscients, il leur faudra bien le devenir.

    Force est de constater que cette insécurité grandissante n'est pas le fait de Français de souche, ni d'acteurs issus des autres peuples d'Europe, mais de terroristes très généralement venus de différents pays d'Afrique ou du Moyen-Orient. Et de communautés musulmanes. Cela ne se discute pas, n'incrimine pas, de très loin, tous ceux qui en sont arrivés, mais désigne, tout au moins, la provenance de tous ceux qui nous menacent.  

    Il y a longtemps que nous prévenons ici des dangers que notre législation laxiste, devenue inadaptée aux circonstances nouvelles, que notre politique - ou notre absence de politique - en matière d'immigration, que l'accueil d'étrangers en nombre excessif et de provenance monomorphe, qu'une certaine idéologie multi-culturaliste, que notre propension à la repentance, au déni voire au mépris de notre identité, que notre politique étrangère erratique, de surcroît, font courir au pays. Au peuple français. Il y a longtemps - huit ans - que nous disons ici-même que la République vit sur une poudrière. Il est évident que cette situation ne fait que s'aggraver. Jusqu'à quand, jusqu'à quelles extrémités, en laissera-t-on perdurer les causes ?    • 

    Lafautearousseau

     

  • Un hôtel au château de Versailles ? Tous comptes faits, Frédéric Rouvillois doit avoir raison

     

    Chacun, après tout, se fera son avis, réagira à sa façon. Mais la position de Frédéric Rouvillois sur ce sujet sensible - particulièrement pour des royalistes -  nous paraît tout bien pesé raisonnable et positive. L'exemple des paradors espagnols nous paraît être un argument de poids. Ils ont sauvé de la ruine ou de la muséification quantité d'édifices anciens, désormais pleins de vie, parfois de pures merveilles architecturales et historiques comme l'hôtel San Marcos à Leon ou l'hôtel des Rois Catholiques à Saint Jacques de Compostelle. La France eût été bien inspirée de reprendre chez elle cette idée que l'Espagne a conçue et commencé de réaliser sous le règne du roi Alphonse XIII ... Il est encore temps ! LFAR 

     

    frederic-rouvillois.jpgPour Frédéric Rouvillois*, la probable installation d'une résidence hôtelière sur le domaine peut être un moyen astucieux de sauver des bâtiments en déshérence. Selon lui, « la muséification systématique du patrimoine a quelque chose de glaçant ».

    L'Établissement public du château de Versailles a lancé un appel d'offres pour transformer un ensemble de trois bâtiments longeant le Parterre de l'Orangerie, inoccupés depuis 2008, en hôtel. Certains s'opposent à une privatisation du patrimoine, d'autres pointent la baisse des crédits du ministère de la Culture et l'urgence de restaurer des bâtiments qui sont dans un état de délabrement avancé. Que pensez-vous de cette controverse ?

    Frédéric Rouvillois: Elle me rappelle celle qui a eu lieu récemment à propos de la vente des biens de la famille d'Orléans. Cette dernière a suscité un débat : certains se scandalisaient du fait que les princes de la maison de France vendent un certain nombre de biens importants liés à l'Histoire, aux enchères, comme de simples particuliers. Il me semble que ce réflexe était un peu bourgeois : dire « nous avons un patrimoine, il faut absolument le garder tel qu'il est, sans en modifier un atome » est inapproprié. Mais des objets à caractère historique - portraits, meubles ou argenterie - ne changent pas de nature en changeant de propriétaire. Au fond, qu'ils soient entre les mains de la famille d'Orléans ou d'un collectionneur chinois ou texan amoureux de l'histoire de France ne modifie pas la valeur des objets.

    La polémique actuelle est similaire. Se scandaliser que des bâtiments qui ont été conçus pour abriter des personnes et des activités humaines, et être des lieux de vie soient loués temporairement, et transformés en hôtels par leur propriétaire, ce qui permettrait de les sauver, est une réaction inadaptée. Dans l'appel d'offres se trouve l'idée que l'on restaurerait les bâtiments en question, leur toiture. Si cela permet de ne pas les laisser à l'abandon, de conserver un patrimoine même dévolu temporairement à des activités commerciales ou privées, cela importe peu. La muséification systématique du patrimoine a quelque chose de glaçant. Evitons de tomber dans le côté « poussiéreux » que peut avoir une certaine conception de la préservation du patrimoine français. L'Espagne fait cela depuis longtemps avec les Paradores [ndlr: établissements de luxe situés dans des châteaux, forteresses, couvents, et autres édifices historiques, fondés par le roi Alphonse XIII pour promouvoir le tourisme en Espagne dès 1928] et ce principe fonctionne très bien.

    Y-aurait-il des monuments non-transformables par nature ?

    Evidemment. Les monuments sacrés. Mais ici, on ne transforme pas une église en jacuzzi ! Il ne s'agit pas de faire comme les révolutionnaires de 1793 qui voulaient transformer les églises en grenier à blé ou les vendre à des marchands de pierres pour les détruire et en faire des pavés pour les routes… Ici, la destination n'est pas remise en cause ou dévoyée. Il s'agit de permettre à des gens, contre une somme élevée, de profiter de la beauté du patrimoine historique français, du témoignage le plus élevé, le plus noble de la grandeur de la France. Le projet ne me paraît pas devoir susciter immédiatement la condamnation.

    Cela ne risque-t-il pas de ternir l'esprit de ces lieux historiques ? Certains parlent de « disneylandisation » du patrimoine…

    Non, si « disneylandisation » il y a, elle serait plutôt du fait de ceux qui exposent des œuvres de Jeff Koons dans la galerie des Glaces ou des installations bizarres d'Anish Kapoor dans les jardins de Versailles. C'est cela qui ternit l'esprit des lieux.

    Ce projet voit-il le jour parce que l'Etat déserte toute une partie du domaine de la culture ?

    L'Etat a fait des choix en matière de culture. Il préfère subventionner l'art contemporain dans ce qu'il a de moins artistique et de plus lié à la spéculation financière. S'il s'occupait davantage du patrimoine, notamment architectural, on ne le verrait pas dans l'état d'abandon dans lequel certains monuments sont aujourd'hui. Une fois que l'on a fait ce constat, il convient de prendre des initiatives telles que cet appel d'offres pour éviter que ce patrimoine ne tombe en ruines.

    Pour le moment, seul le château de Chambord est touché par cette transformation d'une partie du domaine en gîtes de charme. Estimez-vous qu'à l'avenir, d'autres joyaux du patrimoine français puissent être concernés par ces privatisations ?

    C'est possible. Mais dès lors qu'on ne transforme pas la Sainte Chapelle en supermarché, ce n'est pas gênant. L'important est de ne pas commettre de contre-sens sur l'esprit des lieux. Lorsqu'ils ont été pensés pour abriter des gens, comme le sont les châteaux, ils peuvent l'être de nouveau - que ce soient des chefs d'Etat étrangers ou des riches clients amoureux de notre patrimoine. Certains monuments, comme le château de Compiègne par exemple, vide et peu visité, auraient à gagner à ce qu'une partie soit transformée en hôtel de charme et qu'ils retrouvent leur lustre d'antan plutôt que de s'engloutir que à peu dans le maelström de la poussière. 

    * Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011). Son dernier livre Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières (Vox Culture)

                

  • TERRORISME • Combien faudra-t-il de morts pour que la France ait une réaction à la hauteur de la menace ?

      

    Cela a été dit mille fois depuis avant-hier soir : sans la présence évidemment fortuite de  jeunes militaires Américains courageux et efficaces dans le Thalys Amsterdam-Paris de vendredi après-midi, un carnage se serait très probablement produit. Horrible et numériquement considérable. L'impavide Bernard Cazeneuve l'a souligné le soir même, ému, sans-doute sincèrement,  à l'idée de ce qu'aurait pu être la catastrophe évitée. Mais évitée par un hasard heureux, une présence non programmée, et non pas du fait des services de sécurité français, qui montrent ici leurs limites. De sorte que comme l'a déclaré un ancien cadre de la DGSI, on peut redouter que le prochain coup sera le bon. En tout cas qu'il finisse par y en avoir un qui soit le bon.   

    Les Français ont-ils bien compris que leurs déplacements, leurs voyages, leur sécurité dans les lieux publics et autres, leurs libertés, s'en trouveront presque inévitablement modifiés, restreints, en tout cas affectés ? Que leur vie quotidienne en sera changée ? Que leur insouciance ne sera peut-être bientôt plus de mise ? Ont-ils mesuré que l'extension du phénomène terroriste, du nombre d'acteurs et de leurs actions, excèdera peut-être bientôt la capacité de nos services de renseignement et de sécurité à les protéger, à garantir la sécurité pour tous ? S'ils n'en sont pas encore conscients, il leur faudra bien le devenir.

    Force est de constater que cette insécurité grandissante n'est pas le fait de Français de souche, ni d'acteurs issus des autres peuples d'Europe, mais de terroristes très généralement venus de différents pays d'Afrique ou du Moyen-Orient. Et de communautés musulmanes. Cela ne se discute pas, n'incrimine pas, de très loin, tous ceux qui en sont arrivés, mais désigne, tout au moins, la provenance de tous ceux qui nous menacent.  

    Il y a longtemps que nous prévenons ici des dangers que notre législation laxiste, devenue inadaptée aux circonstances nouvelles, que notre politique - ou notre absence de politique - en matière d'immigration, que l'accueil d'étrangers en nombre excessif et de provenance monomorphe, qu'une certaine idéologie multi-culturaliste, que notre propension à la repentance, au déni voire au mépris de notre identité, que notre politique étrangère erratique, de surcroît, font courir au pays. Au peuple français. Il y a longtemps - huit ans - que nous disons ici-même que la République vit sur une poudrière. Il est évident que cette situation ne fait que s'aggraver. Jusqu'à quand, jusqu'à quelles extrémités, en laissera-t-on perdurer les causes ?    • 

    Lafautearousseau

     

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Notre « France inerte » analysée par Tocqueville

     

    Un commentaire de  Nicolas Bonnal, écrivain

    Que penserait Tocqueville, aujourd'hui, où cinq républiques ont passé, où leur histoire, est connue, où l'on connaît aussi leur fin, du moins celle des quatre premières, la cinquième ne devant pas trop tarder, sans-doute, à nous dévoiler la sienne, qui ne devrait guère différer des précédentes ...  leur histoire, leur fin et aussi leurs résultats ? Nous ne pouvons pas répondre pour Tocqueville. Simplement, l'on peut supposer que ce grand aristocrate, qui n'avait pas manqué de pressentir et de décrire ce que seraient les vices profonds des démocraties modernes et n'optait pour la République que par défaut, ne persisterait probablement pas à juger la République bonne pour le Français, ou pour la France... Autour de 1848, beaucoup d'intellectuels français ont vécu des années d'illusions que les faits démentiront. Aujourd'hui, la haine de l'ancienne dynastie n'a plus cours; au contraire, l'Histoire et sa diffusion à travers le grand public, l'engouement qu'il lui porte, ont amené comme une nostalgie assez répandue de l'ancienne France. A quoi s'ajoute la conscience largement partagée, que décrit fort bien Nicolas Bonnal, du piège moderne, ou républicain, ou démocrate, aujourd'hui refermé sur nous. D'où les déclarations Macron qui, peut-être, seraient aujourd'hui aussi celles d'un Tocqueville dégagé des illusions de 1848 et effrayé de leurs suites.  LFAR         

     

    1538183.jpgHollande vient de dire que les traités se signent toujours en secret, et que le bon peuple n’y a rien à voir. Cette bonne nouvelle, jointe à la tyrannie européenne qui se renforce, contre la Grèce, contre l’Italie, contre le peuple allemand aussi, que Merkel oblige à se faire envahir (300.000 réfugiés en six mois) m’inciterait au désespoir, n’était cette relecture de Tocqueville, qui montre comment le piège moderne, ou républicain, ou démocrate se met en place en 1848.

    Notre grand analyste, qui était alors ministre des Affaires étrangères*, reconnaît que « la république était sans doute très difficile à maintenir », mais aussi qu’elle est « assez difficile à abattre. La haine qu’on lui portait était une haine molle, comme toutes les passions que ressentait alors le pays. »

    Il voit que le pays ne changerait plus pour la raison suivante :

    « D’ailleurs, on réprouvait son gouvernement sans en aimer aucun autre. Trois partis, irréconciliables entre eux, plus ennemis les uns des autres qu’aucun d’eux ne l’était de la république, se disputaient l’avenir. De majorité, il n’y en avait pour rien. »

    C’est l’entropie. Tocqueville découvre que si médiocre qu’elle soit, la république est bonne pour le Français. Et voici pourquoi :

    « Je voulais la maintenir, parce que je ne voyais rien de prêt, ni de bon à mettre à la place. L’ancienne dynastie était profondément antipathique à la majorité du pays. Au milieu de cet alanguissement de toutes les passions politiques que la fatigue des révolutions et leurs vaines promesses ont produit, une seule passion reste vivace en France : c’est la haine de l’ancien régime et la défiance contre les anciennes classes privilégiées, qui le représentent aux yeux du peuple. »

    Un des drames, en effet, de notre histoire moderne est que la nullité des élites républicaines, malhonnêtes oligarchies qui nous menèrent aux désastres militaires, aux humiliations coloniales, à la gabegie économique et au déclin démographique et culturel, ne suscitera jamais autant de haine et de ressentiment des masses (ces masses libérées en 1789 et aussitôt condamnées à cent jours de travail de plus par la loi Le Chapelier de 1791) que la vieille noblesse que Bonald ou de Maistre défendirent en vain.

    Car on n’a pas besoin de la télé pour les mener par le bout de leur nez, ces masses !

    Et leur excitation, vaine et souvent manipulée, reflète en fait leur inertie profonde.

    Et Tocqueville d’ajouter :

    « Je pensais donc que le gouvernement de la république, ayant pour lui le fait et n’ayant jamais pour adversaires que des minorités difficiles à coaliser, pouvait se maintenir au milieu de l’inertie de la masse, s’il était conduit avec modération et avec sagesse. »

    Modération et sagesse qui nous mèneront au coup d’État de 1851, à la guerre prolongée de 1871, aux hécatombes de 1914, à la raclée de 1940, aux déculottées coloniales et aujourd’hui à l’anéantissement par le minotaure euro-américain.

    Et notre masse inerte aura tout toléré. 

    * Alexis de Tocqueville fut ministre des Affaires étrangères de juin à octobre 1849.  

    , écrivain

     

  • SOCIETE • La plèbe du Net veut du sang. Tout savoir, tout dire… mais pour quoi faire ?

     

    Telle est la question que Benoît Rayski pose dans Causeur et à laquelle, selon nous, il répond fort bien.

    « L'ère de la transparence » ou « l'ère du vide » ? Il est bien vrai que le Net peut être les deux. Et beaucoup plus souvent le vide que la transparence. Et aussi - parce que la transparence n'est pas en soi une valeur - la vulgarité, l'impudeur et le sang. Et c'est d'ailleurs pourquoi, soit dit en passant, cette ère de la communication universelle qui serait censée élever, rapprocher, uniformiser, pacifier la planète entière, nous paraît bien suspecte d'être fort incapable de tenir ce genre de promesses. Elle pourrait bien être le contraire de ce qu'il est commun de dire et de croire à son sujet ... Reste que le Net peut aussi servir à la diffusion de contenus utiles. Et que ceux qui ont ou croient avoir quelque chose à dire dans cet ordre d'idées se doivent de s'en servir. C'est pourquoi Lafautearousseau existe et tente de servir non l'individualisme contemporain, mais son pays, la France, et un projet politique, une France royale. LFAR  

     

    Dans les arènes de Rome, la plèbe voulait du sang. Et on lui en donnait à flot pour étancher sa soif. Dans les arènes modernes, c’est-à-dire sur le Net, la plèbe veut la même chose. Une différence de taille : au Colisée ils étaient quelques dizaines de milliers, sur la toile ils sont quelques dizaines de millions. Et la aussi il faut que ça saigne. Tout le monde à poil ! On appelle ça la vérité toute nue. On veut tout savoir. Et en même temps on se shoote au « on nous cache tout, on nous dit rien ».

    La démocratie de l’instantané, celle du clic et du clip, n’a pas été conçue en effet pour faire travailler le cerveau. La toute dernière contorsion du Net concerne Robert Capa. Des chercheurs – en d’autres temps on aurait dit des fouille-merde – ont longuement enquêté sur le plus célèbre photographe de tous les temps. Et ils ont trouvé ce qu’ils voulaient. Capa n’a pas dit la vérité ! Oh joies ineffables ! Le photographe affirmait avoir passé une heure trente sur les plages du débarquement en 1944 : il ne serait resté en réalité que trente minutes sur le sable normand. Qu’est-ce qu’on est content… Capa disait avoir pris une centaine de clichés : dix ou douze seulement après enquête. On est très, très content. Car le minus lobotomisé scotché à son écran adore quand quelqu’un d’illustre est convaincu de mensonge. Ça met les géants à la portée du nain qu’il est.

    Autre révélation alléchante qui date d’il y a quelque temps. La « vérité » sur une photo aussi célèbre que celles du débarquement. Le cliché du « Baiser de New York ». Prise le jour de la victoire en mai 1945 l’image montre un marin américain en train d’embrasser goulument sur la bouche une jeune et jolie infirmière renversée en arrière. Honte aux symboles !

    Des années, des dizaines d’années après, des chercheurs ont dénoncé l’horreur qui se cachait derrière cette photo. L’infirmière n’était pas consentante : le marin l’avait embrassée sans lui demander son avis. Quasiment un viol ! De quoi se pourlécher les babines. L’infirmière devenue une très vieille dame n’a quand même pas déposé plainte. Sur le Net, cette grandiose affaire a eu autant de succès que l’histoire concernant Robert Capa. On appelle ça « l’ère de la transparence ». Le sociologue Gilles Lipovetsky la définit très bien : « l’ère du vide ». 

    Benoît Rayski  Causeur

    * Photo: Pixabay. 

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    L’ère du vide : Essais sur l’individualisme contemporain  4.8 �toiles sur 5 Prix : 8,40 €

     

  • Les nations sacrifiées aux affaires ? C'est à quoi tendent les grands traités en cours de discussion !

  • Maurras et la permanence de « L'espérance royale »

     

    Dans son prélude au livre essentiel qu'il a écrit sur Maurras* - ouvrage sans-doute trop volumineux et souvent trop difficile pour que beaucoup d'esprits fassent l'effort de s'y arrêter vraiment - Pierre Boutang dit ce que fut l'espérance royale de Charles Maurras, mais aussi la sienne propre, et conséquemment la nôtre, nous qui gardons, dans le contexte actuel, la foi politique qui fut la leur, comme de beaucoup d'autres.  Ce texte, dont nous publions plus loin quelques extraits, nous paraît en effet en particulière concordance avec l'évolution en cours d'un certain nombre d'esprits importants, soit qu'ils se livrent à une forme très nette de remise en cause des valeurs républicaines, de la République en soi-même, soit qu'ils posent, très clairement, la question du régime et évoquent le manque de Roi, ce que viennent de faire, en juillet et août, à droite comme à gauche, Maxime Tandonnet, qui fut l'un des principaux conseillers du président Sarkozy et Emmanuel Macron, ministre de l'Economie en exercice. Ainsi, la monarchie réapparaît, une fois de plus, comme le dit Boutang, à l'horizon du possible. Dans un contexte et un langage actuels, comme il est normal. Ainsi, l'idée monarchique ne cesse pas d'être sous-jacente à la réflexion politique contemporaine. On verra ce qu'elle doit, selon Boutang, à la démonstration puissante, répétée pendant un demi-siècle, selon laquelle la République ne remplit pas les conditions minimales d'un Etat. Tel est en tout cas le constat que font aujourd'hui, selon des voies diverses, les personnalités que nous venons d'évoquer. Dans les crises de toute nature où se débat le régime, ces avancées de l'hypothèse monarchique ne sont pas négligeables. Tout au contraire.  LFAR  

     

    4110103012.jpgDans cet ordre, sans doute [l'espérance royale], il n'a jamais pensé qu'à faire. Ses pires insulteurs sont ceux qui feignent de douter qu'il ait, de toutes ses forces, voulu le Roi, comme il voulait la patrie. Encore un coup, Péguy était bon juge, espérait même qu'il y eût quelqu'un pour vouloir la République comme Maurras voulait le Roi, et a dit la conviction que cet homme était prêt à mourir pour ce Roi qui ne meurt pas, qui accompagne la patrie; pour Celui, tout autant, qui, de manière fixe, destinée, figure, pour une ou deux générations cette escorte des siècles. Croyez-vous, jeunes gens, que, parce qu'il le démontre avec tout l'éclat du Même et du Logos, il y adhère moins ? Ça ne serait vraisemblable que pour un qui se distinguerait de sa pensée. Il voulait même que le Roi voulût régner, autant et plus qu'il prouvait sa nécessité. 

    […] Plusieurs décennies ont passé depuis sa mort, et nous avons recom­mencé, cessé, et puis recommencé; nous avons, quelques-uns, roulé le rocher de Sisyphe qu'est, au regard étranger, pas au nôtre, la monarchie. 

    Possible que cela prête, au moins, à sourire, n'est-ce pas ? Nous en souririons nous-mêmes, s'il n'y avait l'espérance qui crie en nos petits-enfants. Oui, comme a dit ce vieil et pur camelot du roi de Bernanos, « autour des petits garçons français penchés ensemble sur leurs cahiers, la plume à la main, et tirant un peu la langue, comme autour des jeunes gens ivres de leur première sortie sous les marronniers en fleur, au bras d'une jeune fille blonde, il y avait ce souvenir vague et enchanté, ce rêve, ce profond murmure dont la race berce les siens ». Il y avait ? Il y a : chaque fois que naît un enfant dont on sait déjà que, bientôt, il saura dire son ave Maria, et le long d'un clair ruisseau buvait une colombe. 

    Je l'admets, Maurras n'a pas réussi à ramener le Roi. Il a travaillé « pour 1950 », et voici bientôt l'an deux mille, et si le Roi n'est pas ramené, notre foi politique est vaine. 

    […] Mais, d'abord, il y a un sens où le retour du Roi n'a nullement été étranger à son action et à sa preuve. Certes nos Princes n'échappent pas à la cruelle loi d'exil grâce à la force ou la ruse de l'Action française. Simplement l'Idée du Roi, sans laquelle on ne sait pas qui rentre, sans laquelle nos Princes eux-mêmes ne l'auraient pas toujours su, cette Idée-là dormait au cœur de la forêt historiale sans que personne eût le souci ni les moyens de la réveiller. 

    Ensuite l'auteur de l'Enquête n'a jamais douté que l'instauration et la consolidation d'une monarchie moderne — ou affrontée au monde moderne — ne dût être l'œuvre du Prince lui-même, et de son charisme qui dépasse la raison, du moins toutes les raisons. 

    Toutefois […] nous avons été « jetés en monarchie », en quasi-monarchie par un Charles De Gaulle très conscient des prolongements nécessaires pour que son œuvre ne fût pas, à long terme, un échec pire que celui de la république qu'il avait « ramassée dans la boue » en 1944 et déposée en 1958... 

    Enfin deux ordres de réalités concomitantes doivent être considérés à propos de Maurras : 

    D'une part, en remontant du salut public […] jusqu'à sa condition royale, il a pu ériger la preuve puissante, jamais réfutée, que la république en France, règne du nombre, des partis, et, à travers eux, de l'or et de l'Étranger, ne remplissait pas les conditions minimales d'un État; qu'elle ne pouvait donc masquer sa nullité politique que par une tyrannie administrative et bureaucratique vouée à défaire la nation. Il en résultait que l'avantage majeur de la monarchie serait de n'être pas la République, de combler son vide par la présence d'une personne douée, en général et au moins, des attributs de l'humanité, la raison de « l'animal rationnel mortel » et la responsabilité. 

    Sans cette démonstration, répétée pendant un demi-siècle, la monar­chie n'aurait pu apparaître à l'horizon du possible. 

    D'autre part le royalisme maurrassien a trouvé sa forme supérieure, et sa composition stable, (la seule qui pût avoir des prolongements positifs, hors de la simple critique de la religion et de la non-politique démocratiques) chez ceux qui, ou bien avaient conservé une fidélité monarchique, tout endormie et désespérée qu'elle fût, ou bien, dans l'Armée, l'Église, et quelques réduits de l'Intelligence critique et de l'Université, ne voyaient pas chez le Roi la simple négation de la République, mais une personne vivante, l'héritier des fondateurs de la patrie. 

    Maurras avait dû, sans jamais oublier ce royalisme, où ne s'opposent jamais l'intelligence et le cœur, mettre l'accent sur la preuve négative, creuser et miner la démocratie parlementaire dont les ruines pouvaient seules, une fois déblayées, laisser la place à la monarchie moderne. Cela étant fait, et bien fait, cette critique ayant pénétré dans le subconscient de toutes les familles politiques, un fait nouveau, aussi inattendu que, pour les marxistes orthodoxes avant Lénine la Révolution dans un seul pays, apparut : non seulement le Roi se concevait comme négation effective de la République sans tête ni cœur, mais l'accession au pouvoir souverain, peut-être sous une forme nouvelle, d'un Capétien, fils de saint Louis, sortait de la simple spéculation**. 

    * Maurras, la destinée et l'œuvre, Plon, 1984

    ** Boutang évoque ici - et plus loin - la volonté de régner du Comte de Paris (Henri VI) et son action. De même la persistance des Princes de la Maison de France à assumer "la tradition qu'il (leur) a été donné d'incarner".

     

  • Un été avec Houellebecq [4] : « Il ne faut pas détruire l'ancienne maison »

     

    Ces propos de Michel Houellebecq sont tenus au cours d'une conversation et d'un dîner avec Alain Finkielkraut. 

    Cliquer ici pour lire

    Un été avec Houellebecq [1]

    Un été avec Houellebecq [2]

    Un été avec Houellebecq [3]

     

  • Tandonnet, un Macron de droite ? Le régime actuel, selon lui : « un monstrueux boulet pour notre pays »

     

    Après la survenue des déclarations surprise d'Emmanuel Macron, paraît maintenant cette chronique de Maxime Tandonnet, de droite quant à lui et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Et voici du même coup relancé ce qui aura été le débat de cet été  - que Le Figaro résume en titrant : « La France, République ou monarchie ? ». Débat ouvert par Emmanuel Macron début juillet et que Péroncel-Hugoz a caractérisé de façon simple  : « Soudain le mot magique de « Roi » est réapparu comme une grosse pierre jetée dans la mare politique parisienne… Il a suffi de quelques propos du plus en vue des ministres socialistes actuels… » Maxime Tandonnet réitère ce geste, un mois plus tard. La droite n'est désormais plus en reste dans la remise en cause du régime républicain. Et voici de nouveau le mot magique de « Roi » qui réapparaît dans la mare politique parisienne… L'ensemble est d'importance. Il sera temps d'y revenir. LFAR

     

    Alors que l'on fête les trois cents ans de la mort de Louis XIV, Maxime Tandonnet estime que la France souffre de n'avoir pas su choisir entre République et monarchie. 

     

    131.jpgAilleurs en Europe, de ce que je vois ou entends dire, la vie politique ne donne pas ce sentiment de vaudeville, d'impuissance et de prétention tournant au ridicule, qui se dégage de la situation en France. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, par exemple, la vie publique fonctionne, tourne plus ou moins bien mais avance, des décisions sont prises, des choix parfois douloureux accomplis, un gouvernement existe. Les citoyens n'éprouvent pas cette sensation d'une fuite des dirigeants dans l'imposture de la communication à outrance, les polémiques, les manipulations, postures, mises en scène dans la seule perspective de la préservation ou de la conquête des postes.

    La France souffrirait-elle de n'avoir pas choisi entre République et Monarchie ?

    La République idéale confie le pouvoir aux citoyens. Elle a été définie dans la Constitution de 1793, restée lettre-morte. Ce texte, rédigé par les Girondins, mérite d'être relu. Il rejette la personnalisation ou l'accaparement durable du pouvoir. Celui-ci est impersonnel au sens où il n'existe pas de détenteur nominatif permanent de l'autorité (une exception est possible en période de crise). Le seul souverain est le peuple. Toutes les décisions importantes sont prises par référendum populaire. Des assemblées de citoyens dans les quartiers effectuent les choix locaux. Les députés sont élus pour un an renouvelable, donc sous le contrôle étroit des citoyens. Le pouvoir exécutif est responsable devant les citoyens qui peuvent destituer les ministres par une pétition. « La France n'a jamais eu qu'une bonne Constitution, celle de 1793, qui malheureusement n'a jamais été appliquée » a pu dire un professeur de droit public. Utopique ? Sans doute en partie, mais l'esprit de ce texte est intéressant.

    La Monarchie constitutionnelle est aussi une possibilité. Après tout, nous sommes un pays européen et plusieurs grandes nations européennes de tradition démocratique sont des monarchies : le Royaume-Uni, l'Espagne, les Pays-Bas, la Belgique… Ce n'est pas un régime honteux dès lors que la réalité du pouvoir au quotidien incombe à une assemblée élue au suffrage universel et un Premier ministre responsable devant elle. Une famille incarne la continuité nationale. Un souverain héréditaire est placé au sommet de l'Etat, même s'il n'est pas en charge de l'exercice du pouvoir au quotidien, sa mission étant avant tout symbolique. Cette formule à l'avantage d'éviter le basculement de la vie publique dans la frénésie mégalomaniaque : la place au sommet est déjà occupée, quoi qu'il arrive et elle n'est donc plus à prendre… 

    La France a un système hybride, ni République, ni monarchie. Elle n'est pas une République, au sens de la Constitution de 1793, dans la mesure où sa vie publique échappe aux citoyens et à la recherche du bien commun pour devenir l'otage des calculs carriéristes et narcissiques d'une poignée d'individus qui l'ont ainsi confisquée. Mais elle n'est pas non plus une monarchie car ces personnages sont en concurrence permanente, ce qui vaut au pays une surenchère dans la démagogie et l'imposture. En outre, faute d'un roi incontesté - qu'il soit le peuple souverain ou le monarque héréditaire - des roitelets ou postulants roitelets, médiocres sur le plan humain comme intellectuel, sont animés avant tout par une vanité aveugle, et non par des sentiments d'honneur et de dévouement au bien commun.

    L'ère du général de Gaulle a permis de masquer ces contradictions pendant une décennie. Lui bénéficiait d'une légitimité historique, issue du 18 juin 1940, lui conférant un statut particulier de personnage de l'histoire, comme il en vient un tous les deux siècles. Mais lui une fois parti, ce système bancal ne pouvait que sombrer dans le chaos et la comédie grotesque qui devient un monstrueux boulet pour notre pays. 

     

    Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

     

  • Retrouvez les publications de Lafautearousseau sur les « déclarations Macron »

     

    A comparer, rapprocher du propos que Maxime Tandonnet vient de publier sur le même grand sujet :

    Le 9 juillet

    Décidément, nous aurons tout lu, tout vu, tout entendu ces temps-ci ! La voie est libre ! 

    Le 10 juillet

    « Ca y est! Le buzz s'est fait autour du remarquable entretien donné par Emmanuel Macron au 1, le stimulant hebdo ... » 

    Le 16 juillet

    Quelle extraordinaire déclaration d'Emmanuel Macron, chers lecteurs de Lafautearousseau ! Elle mérite qu'on y revienne ...  

    Le 20 juillet

    Le réalisme commande le Roi [François Marcilhac] 

    Le 27 juillet

    Royaliste, Emmanuel Macron ? Ce qu'en pense Bertrand Renouvin  

    Le 10 août 

    Un royaliste dans le gouvernement français   [Péroncel-Hugoz] 

     

    Bonne lecture !   •

     

  • Préservatifs « républicains » ou la stérilité des politiques

     

    Par Christian Combaz*

    Christian Combaz juge que l'opération préservatifs « merci pour ce moment » lancée par les jeunes Républicains qui font la tournée des plages, illustre que la démocratie en ce moment ne vole pas très haut. Il a raison. Sauf que « en ce moment » nous paraît un peu restrictif et exagérément optimiste ou, si l'on préfère, trop indulgent pour les périodes précédentes. Et ce depuis fort longtemps ...

     

    PHO9e41d9cc-5dcc-11e4-8d02-d023d2df5b0e-805x453.jpgLa distribution de préservatifs par une formation politique, quel que soit le slogan imprimé sur le sachet, entrera dans les manuels d'histoire comme un symptôme de la médiocrité démocratique au temps de la publicité triomphante, c'est à dire dans les dernières années de la Cinquième république.

    Pour commencer, le mot de caravane appliqué à ce genre de distribution sur les plages rappelle ces arrivées du tour de France où les bannières du Conseil général se mélangent à celles du supermarché local au milieu d'une procession de 2CV Cochonou, de chars Pneus Kléber et de camions Vittel. L'habitude est de lancer de menus cadeaux le long du parcours afin d'infantiliser la foule, tous âges confondus, à travers une course effrénée au «truc gratuit», course dont les préservatifs républicains ne sont même pas l'objet puisqu'on trouve leur équivalent partout dans les boîtes de nuit.  

    Ensuite il faut croire que si l'intérêt de la gratuité ne joue pas, c'est donc le message qui est censé attirer le passant. Et là quand on lit, d'un œil navré, les explications des responsables de l'opération on s'aperçoit que le message est inexistant. Il s'agit d'attirer l'attention en affirmant que le projet politique est original, tout en utilisant des moyens éculés pour le faire. Il est probable que s'il y avait eu, au sein de l'équipe qui a imaginé cette campagne, deux ou trois vieux routiers de la propagande , ils auraient sonné le tocsin en affirmant que tout cela ne volait pas assez haut, mais personne ne les a invités pour éviter de l'entendre. Pendant la réunion, l'un d'entre eux aurait souligné que distribuer des préservatifs au nom d'un parti, c'est associer à son message l'idée de stérilité, d'absence de fécondité. A quoi l'un des jeunes aurait sans doute répondu: «peut-être, mais il y a aussi là-dedans l'idée de convivialité, de fête, de plaisir!». Le vieux aurait conclu: « de plaisir sans lendemain, c'est bien ce que je dis ».

    Difficile de ne pas lui donner raison.

    Finalement cette opération dont les auteurs se justifient piteusement aujourd'hui en rappelant qu'elle n'est pas la première, et qu'ils avaient fait la même chose il y a dix ans, tend à prouver que la tolérance à la sottise recule, alors que la sottise ne cesse de gagner du terrain. Du coup, ceux dont la patience est excédée chaque jour par ce genre d'initiatives finissent dans une sorte de faux-plafond de la politique où ils restent invisibles aux instituts de sondage jusqu'à ce que le faux-plafond s'effondre un soir d'élections.

     

    * Christian Combaz est écrivain et essayiste, auteur des Gens de Campagnol (Flammarion). Son prochain livre, Les Ames douces, paraîtra aux éditions Télémaque à la rentrée. Lire également ses chroniques sur son blog.

  • Immigration massive, cette invasion dont on refuse de dire le nom

     

    C'est un fait important que Gabriel Robin signale judicieusement dans un billet pour Boulevard Voltaire : selon un sondage Eurobaromètre, les Européens estiment, désormais, que l’immigration est le problème numéro 1 auquel ils sont confrontés. Et c’est un sujet de conflit supplémentaire, un fossé de plus, entre l'idéologie européo-mondialiste qui prévaut à Bruxelles en matière d'immigration - souhaitée, encouragée, présentée comme positive - et ce qu'en pensent les peuples eux-mêmes de plus en plus fortement. Cette conjonction des opinions européennes finira-t-elle par produire une sorte de politique migratoire unitaire, une réaction coordonnée au phénomène migratoire ou, au contraire, sera-ce du chacun pour soi ? Ou, pire encore, les peuples européens, comme on commence à le voir, vont-ils s'opposer pour la répartition de la charge des contingents d'arrivants dont ils ne veulent plus ? Ce peut être le tout ensemble. La France, quant à elle, n'a pas de politique de l'immigration. Ni de doctrine, ni de discours sur l'immigration. Elle ne fait qu'y réagir par des mesures ponctuelles. Des mesures de circonstance, la plupart du temps pelliculaires et souvent contradictoires. Or, sans une politique de l'immigration de grande ampleur, à la hauteur des mouvements migratoires de notre époque, qui ne font peut-être que commencer, la société française, en la matière comme en d'autres, va droit dans le mur.  LFAR      

     

    cdc9be8916225c6864b6c7e7cfd715c7.jpegL’an dernier, au moins d’août, Le Figaro révélait l’existence d’une note confidentielle de la police aux frontières, alertant sur l’entrée en France, par la frontière italienne, de nombreux immigrés illégaux originaires d’Érythrée. Les services de la police aux frontières, le préfet des Alpes-Maritimes et des responsables locaux de la gendarmerie, des douanes ou de la SNCF avaient alors tenu une réunion exceptionnelle. Leur conclusion était sans appel : le flux de l’immigration clandestine devenait insoutenable pour la France et l’Italie (entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, 61.951 migrants irréguliers avaient débarqué en Italie, quand ils n’étaient « que » 7.913 en 2013).

    Où en sommes-nous un an après ? Rien n’a changé. La situation s’est même aggravée. Le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour régler ce problème gravissime et, osons le dire, ce fléau qui met en péril l’avenir des Français. Au contraire, le gouvernement a multiplié les mesures pour aspirer l’immigration, notamment en passant une loi accordant des privilèges exorbitants aux étrangers, lesquels bénéficiaient pourtant déjà des largesses d’un système très accommodant.

    C’en est presque désespérant. Récemment, Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris, disait tout haut ce que François Hollande pense tout bas : « La vague migratoire subsaharienne va s’intensifier dans les mois à venir, je demande la réquisition des bâtiments vides. Nous n’envisageons pas d’expulsion, même si les locaux ne sont pas adaptés. » En somme, la mairie de Paris appliquera la préférence étrangère. Etudiants, familles pauvres et travailleurs précaires : perdez vos papiers et déclarez-vous « migrants » ! Ainsi, peut-être, bénéficierez-vous d’une aide de la mairie de Paris pour vous loger dans cette ville hors de prix. Bruno Julliard s’apparente à Jean-Claude Juncker : privilégier le peuple revient, pour eux, à s’abandonner à la « pensée populiste ».

    Nos dirigeants gouvernent à rebours des aspirations populaires et s’en font une fierté. Parfois, les débats politico-médiatiques sur cette question fondamentale semblent n’opposer que des immigrationnistes acharnés à des immigrationnistes forcenés. Le phénomène migratoire n’est présenté que sous un angle mensonger et sentimentaliste. Le peuple n’est néanmoins pas aveugle, il n’a pas besoin de sociologues et de statisticiens pour constater les conséquences dramatiques qu’entraîne cet exode africain vers l’Europe. Selon un sondage Eurobaromètre, les Européens estiment, désormais, que l’immigration est le problème numéro 1 auquel ils sont confrontés. C’est une première. C’est logique. C’est heureux.

    Quelques esprits avisés semblent désormais sortir de leur torpeur et emprunter le chemin du « bon sens populaire ». C’est le cas, par exemple, de Jean-Pierre Chevènement, qui a récemment déclaré dans la presse : « La menace pour l’Europe n’est pas à l’Est, mais au Sud. » Oui, la menace qui pèse sur l’Europe, et au premier chef sur la France, est celle de l’invasion migratoire. Il faut avoir le courage de le dire, et de le répéter sans cesse. 

    - Boulevard Voltaire

     

  • Immigration : ce que nous en avons dit, le lendemain de la tuerie Charlie Hebdo

    Au cœur de la traque, dans la campagne picarde, après la tuerie à Charlie Hebdo

     

    Nous n'avons malheureusement rien à changer à ce que nous avons publié le 8 janvier 2014 au matin :

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »  

    Lafautearousseau

    8 janvier 2014