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Actualité France - Page 419

  • De Benoist a raison !

     

    Lire son analyse, en cliquant  ICI

    (Boulevard Voltaire)

  • Manuel Valls, la guerre de civilisation et Philippe Muray, vus par Vincent Tremolet de Villers

     

    Après les attentats sanglants de vendredi, Manuel Valls a évoqué « une guerre de civilisation ». Vincent Tremolet de Villers s'interroge sur le sens du mot « civilisation » et invite le Premier ministre à lire Philippe Muray.

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Guerre de civilisation » : les mots du premier ministre claquent de leur force belliqueuse et transportent avec eux un imaginaire où se mêlent Soliman le Magnifique, la bataille de Lépante, Samuel Huntington, Oussama Ben Laden et George W. Bush. Si le mot « guerre » est difficilement discutable - comment qualifier autrement une froide décapitation signant l'allégeance à un groupe, Daech, qui a appelé à tuer les Français par tous les moyens (couteaux, pierres, automobiles…) -, celui de « civilisation » est moins évident. Et même, disons-le, inapproprié.

    Si l'on regarde vers l'État islamique, une telle barbarie peut-elle porter le nom qui évoque le rayonnement des nations et des empires à travers les siècles, le génie des sociétés à protéger ce qui fait, en l'homme, l'humain ?

    Si l'on regarde vers l'Occident, de quelle civilisation parle le premier ministre ? S'agit-il de la « certaine lumière spirituelle » chère à Saint-Exupéry ? « La civilisation, disait-il, est un lien invisible, parce qu'elle porte non sur les choses mais sur les invisibles liens qui les nouent l'une à l'autre. » Ce peut être Haendel comme le déjeuner à la ferme sous les oliviers. Le grand Dante et le chevrier que le petit Marcel Pagnol croisait sur les sentiers du Garlaban.

    Manuel Valls songe-t-il à Homère, Virgile, saint Augustin, Érasme, Cervantès, Michel-Ange, Shakespeare, Pascal, Bach, Goya, Hugo, Pasteur, Marie Curie, Proust, Simone Weil, Camus, qui ont porté au plus haut le génie occidental : la liberté intérieure, l'exigence de l'esprit, l'élévation de l'âme, la galanterie, le soin du plus faible ? Ou a-t-il en tête un club de consommateurs, de « déambulateurs approbatifs » (Muray), qui applaudit Conchita Wurst devant le Parlement européen, qui a remplacé la sociabilité par « le vivre ensemble », la morale commune par le tri sélectif, et dont la seule fierté réside dans le mépris vis-à-vis de tout ce qui le précède et l'adoration de lui-même ?

    Cette question, la seule qui vaille, un de nos esprits les plus acérés se l'est posée en 2002, un an après les attentats du 11 Septembre. Dans un texte prophétique, Chers djihadistes (Mille et Une Nuits), Philippe Muray voyait venir non pas une guerre de civilisation, mais plutôt un choc entre deux incultures, deux barbaries. Inconsolable et gai, il faisait mine d'abord de s'amuser de cette impasse. « L'Occident s'achève en bermuda », écrivait-il, avant de lancer aux djihadistes cette menace : « Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.»

    Quelle civilisation ?

    Lorsqu'elle a présenté son projet de loi pour le mariage entre personnes de même sexe, Christiane Taubira avait évoqué, avec un réel enthousiasme oratoire, « une réforme de civilisation ». On ne saurait mieux dire. La décision de la Cour suprême d'autoriser le mariage gay dans les cinquante États américains a confirmé son discours. C'est le monde ancien que cet arrêt enterre. Celui de la génération. Un monde nouveau vient de naître. Ils furent nombreux à s'en féliciter sur les réseaux sociaux, à opposer le drapeau arc-en-ciel colorant la Maison-Blanche au drapeau noir du Califat.

    Quelle civilisation ? Muray, encore une fois. « Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c'est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s'y trouvait entassé.» L'essayiste poursuit : « Vous êtes les premiers démolisseurs à s'attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. (…) À la différence des nôtres, disait-il aux djihadistes, vos démolitions s'effectuent en toute illégalité et s'attirent un blâme quasi unanime. Tandis que c'est dans l'enthousiasme général que nous mettons au point nos tortueuses innovations et que nous nous débarrassons des derniers fondements de notre ancienne civilisation.»

    Et Muray de conclure avec le sourire du désespoir : « Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »   

        

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages débats/opinions du Figaro et du Figarovox.

    Le Figaro

  • Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris : lire le texte intégral de son intervention

     

    Le 24 juin 2015, Eric Zemmour était à la barre de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, après un signalement de la Licra, partie civile aux côtés de SOS Racisme, le Cran, le Mrap et l'Union des étudiants juifs de France. pour une chronique diffusée sur RTL en mai 2014.  5 000 euros ont été requis par le parquet. On lira avec la sympathie qui s'impose - que ceux d'entre nous qui sont maurrassiens et d'Action française éprouveront presque naturellement - le texte intégral de l'intervention de Zemmour. Soutien et amitié d'esprit ! LFAR

     

    Je vous avoue que j’ai longuement hésité à venir à l’audience. Mon avocat me déconseillait plutôt de me déplacer, pour conserver, disait il, aux débats leur caractère technique. J’ai décidé pourtant d’assister à cette audience. D’abord par respect des magistrats, de la Cour, et au delà des institutions de la République. Mais aussi par curiosité. Je voulais comprendre ce qu’on me reprochait. Comprendre quelle loi ou quelle partie de la loi j’avais enfreint. Après tout, nul n’est censé ignorer la loi. Je voulais comprendre pourquoi le procureur, le représentant de l’Etat, m’attaquait pour des propos qui ne faisaient pourtant que décrire des faits, une réalité, amplement retranscrite : « des bandes étrangères venues d’Europe de l’Est écument notre pays », ça passe; mais quand on dit: « des bandes de tchétchènes, Kosovars, Roms dépècent, dévalisent, violentent, ou dépouillent », ça ne passe pas. Lui n’est pas déféré, moi, je le suis.

     Je comprends bien le point de vue du procureur : il favorise la concision. L’ellipse est préférée à la description clinique. Madame le procureur préfère la pudeur des impressions à l’impudeur du réalisme. Mais cette querelle littéraire est-elle de la compétence de ce tribunal ? Il faut alors qu’elle aille au bout de cette logique littéraire. Qu’elle m’indique les bons mots et les mauvais mots, les mots autorisés et les mots interdits. Qu’elle redéfinisse les canons de la profession de journaliste. Que celui-ci ne soit plus tenu d’informer de ce qu’il voit, mais d’abord d’informer ce qu’il ne voit pas, mais qu’il est bon de voir.

    J’avoue ma perplexité. Je n’ose penser que ce ne sont pas les mots qui comptent, mais ma personne. Il y a quatre ans, le procureur m’avait expliqué que ma notoriété fort grande avait pour corollaire une responsabilité aussi grande. Je constate qu’en quatre ans, j’ai encore pris du galon, puisque je suis davantage responsable, et donc davantage condamnable, qu’un ministre de l’intérieur lui-même.

    Mais j’ai compris en écoutant avec soin ces débats, que ce ne sont ni mes mots ni ma personne qui importaient, mais mes pensées. Même pas mes pensées, mais mes arrière-pensées. Dans le passé, nous avions ainsi le tribunal de l’Inquisition qui dénichait la persistance des pensées hérétiques chez des marranes convertis au catholicisme. Nous avons eu plus récemment les grands procès staliniens qui traquaient les intentions contre-révolutionnaires.

    A la suite de la parution de mon livre, le Suicide français, le premier secrétaire du parti au pouvoir avait dénoncé la zemmourisation de la société. Le premier ministre avait expliqué que mon livre n’était pas digne d’être lu, le ministre de l’Intérieur avait appelé à manifester contre moi, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale avait sollicité de mes employeurs qu’ils mettent fin à mes collaborations à leurs medias. Marie-Anne Chapdelaine, une députée d’Ille-et-Vilaine, me chassait carrément de France : « Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte ». Aujourd’hui, je vis la version judiciaire de cette offensive médiatico-politique. On prétend faire du droit, mais derrière les arguties, ce n’est qu’une bataille politique pour me faire taire.

     Il y a six mois, des millions de Français défilaient dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Les malheureuses victimes de Charlie Hebdo avaient subi aussi une condamnation judiciaire venue d’un tribunal islamique qui les avait condamnés à mort pour blasphème. Si je comprends bien ce qui m’est reproché, la liberté d’expression, c’est bon pour les dessinateurs de Charlie, mais ce n’est pas bon pour moi. Parce qu’eux sont gentils, et moi, je suis méchant. Eux ont des bonnes arrière-pensées, et moi j’en ai de mauvaises. Si je comprends bien, nous vivons toujours sous le règne de la phrase de Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cela s’appelait la Terreur. 

     

     

    Eric ZEMMOUR

     

  • Retour brutal à l'actualité : Attentat en Isère et carnage en Tunisie ...

     

    « À la guerre, les adversaires s'appellent des ennemis et lorsque ceux-ci ont la même nationalité que le pays qu'ils attaquent et dans lequel ils vivent on ne peut que constater qu'il s'agit d'ennemis de l'intérieur.»

    Thibault de Montbrial

    Le Figaro, 26 juin 2015 

     

    Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et spécialiste des questions de terrorisme et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Son premier livre, Le sursaut ou le chaos vient de paraître aux édition Plon.

    Le Figaro

  • IMMIGRATION • Thierry Baudet : « nos sociétés ont atteint un point de rupture »

     

    Le ministre de l'Intérieur a proposé mercredi dernier un plan pour faire face à la crise migratoire après avoir refusé l'entrée sur le territoire français de 200 clandestins. Pour Thierry Baudet, il faut une politique d'asile basée sur le modèle australien. Hollandais, Thierry Baudet, chef de file du courant néo-conservateur néerlandais, enseigne le droit public à l'Université de Leyde. Il vient de publier « Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie » aux éditions du Toucan. Il est également très écouté en France. On lira plus loin l'entretien qu'il a donné au Figaro, le 17 juin, entretien dont nous ne pouvons qu'approuver les grandes lignes, fortes et intéressantes. Quant à son objectif de « maintenir la démocratie » et la sauver de la « destruction », nous nous déclarerons d'accord si l'on désigne par là la souveraineté des Etats et la prise en compte des aspirations des peuples, les unes et les autres menacées, en effet, par l'idéologie européiste et mondialiste. S'il s'agit de la démocratie idéologique à la française, du régime des partis, du règne imposé de la doxa politico-médiatique, de ce qu'en bref nous nommons le Système, alors, nous dirons très simplement que nous ne pleurerions pas sa disparition. Si elle devait intervenir, nous dirions, comme Houellebecq, que nous n'aurions rien à regretterLFAR   

     

    Thierry-Baudet.pngDepuis jeudi, de 200 à 250 migrants souhaitant entrer en France en sont empêchés par un cordon de gendarmes français qui leur barre la route. Que révèlent l'afflux de clandestins et les difficultés des pouvoirs publics à faire face à cette situation ?

    Cela montre que les frontières ouvertes ne sont plus tenables. Pour la seule année dernière, environ 170.000 personnes originaires d'Afrique du Nord sont arrivées illégalement sur les côtes de Lampedusa. Seules 70.000 d'entre elles ont demandé l'asile en Italie -les autres se déplaçant via Catane et Milan vers le reste de l'Europe. En l'absence de contrôles aux frontières, rien ne peut les arrêter. L'énorme flux d'immigrants illégaux et l'incapacité italienne à les retenir rendent impossible pour le reste de l'Europe l'absence des contrôles aux frontières.

    Nous devons réaliser que la seule solution soutenable est d'adopter le modèle australien: aucun statut de réfugié ne peut être accordé à ceux qui arrivent de façon illégale par la mer. Nous devrions adopter une politique d'asile sur la base de notre propre invitation, pas en fonction des entrées. Cela restaurera notre autonomie, fera cesser l'industrie de la “traite des réfugiés” et permettra d'éviter à ces nouveaux boat-people de perdre la vie dans des taversées hautement périlleuses. C'est seulement en adoptant une politique de ce type que nous pourrons arrêter le flot actuel.

    Dans votre livre, Indispensables frontières, vous incriminez l'Europe et l'espace Schengen. Mais étant donné l'ampleur du problème, l'Europe n'est-elle pas seule à pouvoir y répondre ?

    Tout d'abord: il est essentiel de faire la distinction entre «l'Europe» et l'«UE». L'UE n'est pas «l'Europe» et se considérer comme «européen» ou même «pro-Europe» ne signifie pas être pro-UE. À mon avis, il est même impossible d'être à la fois pour l'Europe et pour l'UE qui est une organisation profondément anti-européenne, hostile à toutes les caractéristiques essentielles de notre continent que sont la démocratie, l'identité nationale, la libre entreprise, la transparence, la reddition de comptes. Confondre l'un (l'Europe ) avec l'autre (UE) est donc une grande erreur intellectuelle.

    Retour à votre question. Non, je ne pense pas que l'UE est «la seule» chose qui peut «répondre» au problème actuel. Au contraire, l'UE est même la cause du problème. Pour commencer, les accords de Schengen, on le voit, empêchent les États membres de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux conséquences les plus immédiates de la situation actuelle et le nombre d'immigrants illégaux qui passent à travers nos frontières est de plus en plus massif. Deuxièmement, la Cour européenne des droits de l'homme, par le biais des règles de Dublin (et des décisions connexes), oblige les États membres à étudier toutes les demandes d'asile. Cela n'a pas manqué de créer un effet d'appel dans les pays d'émigration. Troisièmement, l'UE cherche jalousement à être le seul pilote de toutes les initiatives militaires visant à neutraliser les passeurs alors que, de toute évidence, elle manque à la fois de la capacité et de la légitimité pour une telle action. L'UE empêche ainsi les États de répondre de manière adéquate et résolue.

    Vous écrivez, « En raison de l'immigration de masse et des aspirations politiques naturelles des musulmans devenus très nombreux, nous prenons le risque d'un retour à l'état de guerre civile paneuropéenne ». N'est-ce pas un peu exagéré ?

    Non, le risque est réel. Il ya des limites à ce que les sociétés peuvent absorber. Assez tristement, l'«intégration» est en grande partie un mythe, une notion dont tout le monde parle, mais qui ne se produit plus dans la réalité, du moins pas en masse. Beaucoup d'immigrants de deuxième et de troisième génération se sentent encore moins attachés aux pays qui les ont accueillis et nourris que leurs parents ou grands-parents. Les taux de criminalité sont scandaleusement élevés parmi ces groupes, le succès scolaire très faible et la dépendance aux transferts sociaux disproportionnellement importante. L'islam est en progression, l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme aussi.

    Nous sommes dans un conflit de basse intensité permanente. Les élites peuvent encore largement échapper aux conséquences de leurs politiques (des flux entrants massifs d'immigrés extra-européens au coeur des communautés qu'ils étaient censés de protéger) en vivant dans les quartiers huppés, en envoyant leurs enfants dans des écoles protégées tout en jouissant de leur retraite dans des résidences privées. Dans les années à venir, on observera inéluctablement plus de polarisation, plus de méfiance, plus d'animosité. Violence et terrorisme auront une incidence sur toutes les couches de la société. La stabilité est l'illusion de tous les âges, et pour des raisons évidentes, nous préférons tous être optimistes, croire qu'in fine le mode de vie libéral, chrétien (ou post-chrétien) prévaudra, que les nouveaux arrivants seront simplement assimilés et que tout ira bien. Mais en réalité, nos sociétés ont atteint un point de rupture.

    Nous vivons dans un apartheid de facto. Les populations autochtones prétendent ne pas voir, ou même apprécier, la dilution de leur culture nationale; elles font semblant de ne pas voir, ou d'apprécier, la transformation de leurs rues, les mosquées qui surgissent, les écoles, les hôpitaux et les systèmes sociaux qui s'effondrent. Mais, pour l'essentiel, cette «tolérance» indigène est un énorme mensonge comme l'est désormais l'«intégration» supposée des immigrants. Et en attendant , les gens votent avec leurs pieds.

    Nous assistons à un grand spectacle théâtral et plus vite qu'on ne le croit, le rideau va tomber. Quand cela arrivera, les choses deviendront très rudes et désagréables. Voilà ce que la gauche a favorisé dans nos pays, accéléré par l'UE et ses frontières grandes ouvertes. Cela doit cesser de toute urgence si nous voulons maintenir la paix sociale, la démocratie et la primauté du droit.   

    Alexandre Devecchio  - Le Figaro

     

  • Finkielkraut sur « cette désinvolture avec laquelle on peut envisager la grande mutation culturelle et démographique de la France et de l'Europe »

     

    Voici un fort intéressant entretien d'Alain Finkielkraut avec Elisabeth Lévy, paru dans Causeur. Tous les soucis, toutes les passions, tous les engagements d'Alain Finkielkraut ne sont pas les nôtres. Il a, notamment à raison de ses origines, des objectifs que nous ne partageons pas. Mais, si nous hiérarchisons les sujets, par ordre d'urgence et d'importance, sa défense intransigeante de la civilisation classique, française et européenne, nous le rend proche. Elle porte sur l'essentiel et elle appelle notre sympathie. LFAR  • 

     

     Source : Causeur

  • ART DE VIVRE • Tartines d'hypocrisie et malbouffe en pot ... Par Natacha Polony *

    Natacha Polony revient sur la polémique suscitée par les propos de Ségolène Royal sur le Nutella. Entre « tartines d'hypocrisie » et « malbouffe en pot » Natacha Polony n'a pas tellement envie de choisir ... Ni d'établir une hiérarchie ... A notre avis, elle a raison. Qu'on lise sa chronique !

     

    Il est assez rassurant de penser que nous pouvons, en ces temps de crise économique, sociale, civilisationnelle, nous offrir le luxe d'une polémique aussi éclatante que dérisoire. Un drame diplomatique, un scandale international: la ministre de l'Écologie, invitée d'une émission à haute teneur politique, a osé critiquer le Nutella, fleuron du patrimoine italien, par ces mots dénotant une analyse économique pointue: il faudrait, selon Ségolène Royal, cesser d'en manger « parce que c'est l'huile de palme qui a remplacé les arbres et donc c'est des dégâts considérables ». Devant le tollé, elle a fini par s'excuser et saluer les « progrès » faits en la matière.

    Il ne faut jamais négliger les grands émois collectifs. Ils révèlent souvent que le sujet est moins anodin qu'il n'y paraît. En l'occurrence, la polémique Nutella nous parle non seulement d'écologie, mais aussi de responsabilité politique, de patriotisme économique, de liberté individuelle et de fonctionnement médiatique. Rien que ça !

    « Mais vous pouvez couler une boîte avec ça », répond Yann Barthès narquois à la ministre amatrice d'exemples chocs. Personne, bien sûr, n'a de crainte pour la firme Ferrerro. Mais il est étonnant de voir une ministre affirmer puis se rétracter aussi vite. D'autant que, malgré tous les arguments sur l'amélioration de la filière, sur le fait que cette huile végétale consommerait moins de surface agricole que les autres, la question de la destruction de la forêt primaire dans les pays en développement ne saurait être évacuée si facilement. Comparer la couverture forestière de la France (29 %) et celle de la Malaisie (60 %) pour en conclure que nous n'avons pas de leçons à donner n'a aucun sens : les forêts de feuillus d'Europe n'ont rien à voir avec le poumon végétal que constituent les jungles d'Asie ou d'Amérique centrale. Surtout si l'argument suivant consiste à défendre pour ces régions du monde un développement calqué sur le nôtre sous prétexte qu'il serait générateur de croissance. C'est au contraire aux pays occidentaux qu'il reviendrait de revoir leur modèle de développement pour cesser de vivre au crédit des populations pauvres de la planète et des générations à venir. Un pape l'a d'ailleurs souligné récemment… L'assertion de Ségolène Royal était parfaitement caricaturale, ce n'est pas pour cela qu'elle avait tort.

    Deuxième sujet soulevé par cette polémique en forme de poupée russe: l'Italie, qui s'est insurgée contre l'insulte faite au Nutella, a ceci d'intéressant qu'elle est un pays qui pratique le plus naturellement du monde un protectionnisme alimentaire salvateur. Dans les épiceries de la péninsule, vous chercherez en vain des produits français. Les Italiens ont gardé un mode d'alimentation qui fait la part belle aux produits locaux et reste, surtout - et sans doute à cause de cela - parfaitement hermétique à la toute puissance de la grande distribution. Un lien, sans doute, avec la permanence des identités régionales dans un pays où la langue même est multiple. La France, pays sinistré sur le plan alimentaire (et sur celui du petit commerce), serait bien inspirée d'y regarder de plus près.

    Mais le plus amusant est de voir ressurgir le chœur de ceux qui hurlent à l'infantilisation, comme si Tocqueville s'était réincarné dans un pot de pâte à tartiner. La prétendue pâte à tartiner aux noisettes en contient à tout casser 13 % (goûtez-en donc une vraie, avec 50 % de noisettes…). Les 20 % d'huile de palme (derrière les 55 % de sucre) pourraient être bien plus que 20 %? Peu importe, nous sommes des consommateurs adultes et il nous appartient de faire nos propres choix. C'est oublier que la liberté ne vaut que pour l'individu qui peut exercer son libre arbitre. Est-ce le cas des gamins gavés de publicités dans lesquelles une mère prétend donner à ses enfants ce « délicieux petit déjeuner plein de bonnes choses » ? Est-ce le cas de consommateurs peu à peu habitués à ne même plus savoir ce qu'ils ingurgitent et que la réclame flatte dans leurs pulsions les plus archaïques ?

    Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, a récemment alerté sur l'épidémie mondiale d'obésité, n'hésitant pas à prôner des mesures radicales comme l'interdiction de certains aliments industriels. S'est-il attiré les sarcasmes de la planète médiatique ? Pas plus que le pape François quand il a tenu un discours assez proche de celui que tiennent la plupart des penseurs de la décroissance. Mais de même que les adorateurs du Pape se garderont de suivre le modèle économique qu'il préconise, les chantres du FMI ne mettront en danger la grande distribution et l'agro-industrie par des mesures de protection de populations vulnérables comme les enfants de milieux défavorisés, premiers touchés par le fléau de la malbouffe. Ça vaut une petite polémique. 

    Natacha Polony -  Le Figaro          

     

  • Yann Raison du Cleuziou, dans La Croix : « Esprit du 11 janvier, es-tu là ? »

     

    L'on pourra très certainement débattre sur tel ou tel point ou paragraphe de la réflexion qui suit, menée sous l'angle des religions et publiée dans La Croix, le 12 juin dernier. Outre qu'on peut, de notre point de vue, la considérer comme globalement pertinente, nous en retiendrons que le scepticisme à l'endroit de la République et de ses valeurs, gagne peu à peu tous les milieux intellectuels. Ici, l'auteur constate « l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine » à incarner ses propres valeurs et sa conclusion, en forme de réponse à la critique d'Emmanuel Todd est que « le zombie du 11 janvier, c’est peut-être la République. » Nous ne saurions mieux dire. LFAR

     

    Les cortèges du 11 janvier 2015 n’avaient rien de particulièrement républicain : peu de drapeaux, peu de Marseillaises (comment chanter « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?), peu d’identifications à la France frappée. Au contraire, un silence de marche blanche compassionnelle brandissant le portrait des victimes, des pancartes « tweets » d’individus mobilisés par solidarité avec d’autres : « Je suis Charlie » ; « Je suis Mohamed » ; « Je suis juif ». Il y avait indéniablement des valeurs affirmées et une forme manifeste d’universalisme : mais pas l’universalisme républicain du « Nous citoyens » disqualifiant toute autre forme d’identification. Il s’agissait de l’universalisme libéral des « Je » coalisés pour mieux garantir leurs droits naturels : chacun avec son identité propre doit être libre de poursuivre son bonheur sous la protection de l’État. Et dans les policiers embrassés s’exprimait ce besoin de sécurité.

    Bien sûr, une foule si diverse est ambivalente. Le président Hollande a hésité dans son discours entre « le rassemblement de tous » et le « rassemblons-nous », entre le pluralisme libéral et l’unité républicaine. Mais cette nuance a vite été effacée par l’invocation de l’« Esprit du 11 janvier » : le souhait d’une Pentecôte laïque qui ferait redescendre la flamme républicaine dans le cœur des Français ; l’espérance d’une religion civile née de l’effervescence du peuple en marche, avec son credo laïque, ses blasphèmes éclairés, son diable « l’obscurantiste », l’hérésie des « je ne suis pas Charlie » et son crime de sacrilège : le refus de la minute de silence.

    Parmi les catholiques et les musulmans, cet « Esprit » a mis mal à l’aise beaucoup de personnes. Car il plaçait en porte-à-faux tous ceux qui n’étaient ni barbares ni Charlie et refusaient cette partition caricaturale faisant le jeu de la guerre des civilisations. Pour ces musulmans, la mobilisation de la République ou de la laïcité est, depuis la loi sur le voile de 2004, une rhétorique d’exclusion chargée d’ambiguïtés. Par ailleurs, ils perçoivent une inégalité de traitement entre ceux qui critiquent Israël et ceux qui critiquent Mohamed ; sont frappés par la schizophrénie d’un gouvernement qui proclame l’inaliénable liberté d’expression et poursuit en justice le moindre ado qui refuse la minute de silence ; ne se sentent pas libres de ne pas « être Charlie » de peur des amalgames. Pour ces catholiques, l’asymétrie entre la valorisation du « droit au blasphème » et la suspicion dont est frappée toute parole confessionnelle dans l’espace public laisse amer. Ils sont divisés entre une peur de l’islam et une peur d’une laïcité de plus en plus exclusive. L’« Esprit du 11 janvier » leur semble un « revenant » de la guerre des deux France.

    Ce qui s’est manifesté en janvier 2015, c’est donc un peuple rejetant la violence et l’intolérance ; et l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine à incarner, pour tous, ces valeurs. Les six mois qui ont suivi semblent avoir parachevé cette décomposition. Lors des élections départementales, Manuel Valls a mobilisé les « valeurs de la République » contre une partie de l’électorat. Dernièrement, la transformation de l’UMP en Les Républicains repose sur la même stratégie : se faire juger sur ses ennemis plutôt que sur son bilan. Depuis plus d’une décennie, les références aux « valeurs de la République » ou à la laïcité semblent devenues des instruments d’exclusion d’un « eux » plus que d’intégration à un « nous ». Pour les croyants qui, comme bien d’autres Français, se sentent moins « égaux » que d’autres, le « zombie » du 11 janvier, c’est peut-être la République. 

     

    Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en science politique, centre Émile-Durkheim, université de Bordeaux

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

  • DE L’HUILE SUR LE FEU... par François Marcilhac

     

    500021990.jpgComme un marronnier dans la presse, la question du « droit du sol », stupidement opposé au « droit du sang » — la France connaît les deux — revient à intervalles réguliers dans le débat politique à la faveur des raz-de-marée migratoires que subit le pays sur son sol non seulement métropolitain, mais aussi ultra-marin.  

    Sarkozy, qui n’est pas à une indécence prêt, y est même allé de son petit couplet, à la faveur du déplacement de Manuel Valls, le 13 juin dernier, à Mayotte, notre 101e département. Les Mahorais auraient souhaité que le Premier ministre prononçât des paroles fortes sur la question des clandestins. Les pouvoirs publics les estiment en effet à 70 000, soit un tiers de la population, essentiellement des Comoriens qui, contrairement aux Mahorais, ont choisi l’indépendance en 1975. C’est ainsi que Mamoudzou, la capitale de l’île, est devenue la première maternité de France, l’indépendance ne s’étant pas traduite pour les Comoriens par une élévation de leur niveau de vie... Mais peut-être le refus de traiter la question des clandestins n’a-t-elle pour seul objectif, partagé par une droite qui fit tout pour exclure en 1975 Mayotte-la-Française de la communauté nationale, de créer une situation irréversible de submersion de la population de souche, justifiant à terme le largage d’une île où les Mahorais seraient devenus minoritaires... On sait que les Comores n’ont jamais renoncé à l’annexion de Mayotte. 

    Quoi qu’il en soit, Valls n’a pas répondu à l’attente des Mahorais. Et ne s’est même que fort peu intéressé à la question des clandestins sur une île, rappelons-le, conservée à la France grâce à l’Action française et à la détermination de Pierre Pujo — ce qu’Olivier Stirn, le ministre de Giscard chargé à l’époque de brader nos territoires ultra-marins, reconnut publiquement. Faut-il s’en étonner quand le gouvernement accepte l’arrivée en métropole chaque année de dizaines de milliers de clandestins dont aucun, ou presque, n’est reconduit à la frontière ? Quand il est prêt à encourager l’appel d’air que constituerait, par dérogation au Règlement Dublin II, la répartition entre les différents Etats membres de l’Union, à la demande du président de la Commission européenne, des migrants qui atteignent, toujours plus nombreux, l’ « Eldorado » européen via la Méditerranée et l’Italie ? Quand, une fois arrivés en Europe, Schengen leur permet d’y voyager librement et de s’installer là où les prestations sont les plus avantageuses, avant d’y être — c’est du moins le cas en France — naturalisés par brassées ? Quand, enfin, nos politiques, de droite comme de gauche, font du droit du sol un sacro-saint « principe républicain », alors qu’il remonte à un arrêt du Parlement de Paris de 1515, voire à l’édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin ? Encore faut-il qu’il y ait un « sol », c’est-à-dire un Etat souverain, maître de ses frontières, ce qui n’est plus le cas de la France. Dès lors le « droit du sol » est devenu le droit d’être envahi. Remettre en cause, au moins pour mieux l’encadrer, ce qui n’est pas un dogme, mais une pratique historique correspondant à une période de maîtrise des flux migratoires, est devenu une nécessité vitale. 

    Ce n’est pas la provocation du recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, appelant sur Europe 1 le lundi 15 juin à « utiliser des églises vides pour servir au culte musulman », c’est-à-dire au grand remplacement d’un culte par un autre, qui favorisera le « vivre ensemble » si cher à nos élites. Nos églises devraient-elles faire les frais des dissensions internes à l’ « islam de France » et de la peur de Dalil Boubakeur de se voir dépasser par les fondamentalistes ? Il avait déjà appelé le 5 avril dernier, au cours du rassemblement annuel des musulmans de France, organisé chaque année lors des fêtes pascales, à doubler le nombre des mosquées. A-t-il cette fois cherché, pour montrer son intransigeance, à saborder la première réunion, organisé ce même jour, de l’instance de dialogue avec l’islam de France voulue par Manuel Valls ? Selon ce dernier, « l’islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames. [...] Il faut donc [...] faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Il n’est pas certain que par sa provocation Dalil Boubakeur ait aidé Valls à lever les « incompréhensions » et à « faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France », du moins dans le sens souhaité par le Premier ministre. « Les églises ne sont pas des bâtiments multi-usage », a rappelé l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, également représentant de la Conférence des évêques de France, qui s’est dit, sur RTL, ce même lundi, « totalement opposé » à ce projet. Et de rappeler que « les églises sont des lieux sacrés, qui [...] ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne. [...] on ne doit pas jouer avec les symboles. » Il est dommage que Dalid Boubakeur n’apparaisse plus comme cet interlocuteur dans lequel Pierre Pujo, voyait un « grand musulman français » (L’AF du 12 février 1995) préconisant « un islam modéré, respectueux des mœurs et des traditions françaises » (L’AF du 6 novembre 2003). Dans nos propres colonnes (L’AF du 12 juin 1997), le recteur souhaitait, après avoir évoqué le sacrifice des musulmans français lors des deux conflits mondiaux, « gagner l’estime et la sympathie » de nos lecteurs et « améliorer une situation psychologique actuellement défavorable aux musulmans de France » en rappelant que, « dans l’Islam, l’amour de la Patrie est un élément de la foi ». Dans son commentaire de la Charte du culte musulman en France de 1994, n’avait-il pas du reste souligné « l’attachement tout maurrassien des musulmans à la France » avant de se réclamer (Le Point du jeudi 20 avril 2006) d’ « un amour de la patrie aussi fort que celui de Maurras ou de Barrès » ? 

    Un islam français acculturé, c’est-à-dire respectueux de l’identité nationale, qui est indéfectiblement chrétienne, est non seulement possible mais nécessaire. Encore faut-il que ses représentants les plus écoutés ne jettent pas de l’huile sur le feu des passions identitaires en justifiant, par des provocations inutiles, des craintes qu’il est facile d’instrumentaliser en ces temps troublés.  

    PS : Le fait que la mosquée de Paris ait par la suite envoyé un communiqué de presse aux médias, dans lequel le président du CFCM revient sur ses propos, ne change rien au nôtre.

     

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Eadem semper ! Par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgToujours les mêmes choses… jusqu’à la lassitude. La superstructure politicienne empêche toute appréhension de l’intérêt national. Les Français, qui en souffrent, se reconnaissent de moins en moins dans le régime. Avec raison. 

    Les partis se mettent en ordre de marche. Comme des armées. Pour la bataille qui se prépare, la grande, la présidentielle de 2017, comme si c’était l’ultime, le tout ou le rien. Une fois de plus ! Ce mois de juin les voit en pleine effervescence, avant la halte de l’été, en vue des universités de la rentrée, préliminaires des prochains affrontements de la fin de l’année, les élections régionales qui seront déterminantes pour les stratégies à venir, tant à l’intérieur mêmes des partis qu’entre les partis eux-mêmes. Les candidats à la candidature à la charge suprême se profilent, se projettent sur scène, s’investissent eux-mêmes de leur mission. Certains pensent déjà au tour d’après et se mettent en lice pour 2022. Les principaux protagonistes et finalistes sont connus, archi-connus ; c’est du répétitif et, pourtant, ils jouent leur va-tout : Marine Le Pen, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Hollande... Dès maintenant, Fillon ne compte plus. Hollande y croit de plus en plus, à la condition – qu’il prépare minutieusement – d’être le seul candidat à gauche : soit jouant le match au deuxième tour – et, donc, dans son esprit le gagnant – contre Marine Le Pen qui se veut, elle, la seule, vraie et totale opposante ; soit – autre scénario qui plairait à l’actuel chef de l’État – rejouant le match, en retour, à cinq ans d’intervalle, contre son adversaire personnel, l’ancien chef de l’État, Sarkozy qui, lui, rumine  sa revanche qu’il espère encore prendre, mais le pourra-t-il ? Président contre président, à celui qui sera le plus républicain ! 

    Comment ça fonctionne 

    Juppé qui, quant à lui, se veut à part – et donc dans son esprit au-dessus –, se pense gagnant à tout coup, ce qui le confirme dans sa superbe assurance. Chacun évalue ses chances selon sa martingale électorale. Fabuleux, non ? Enthousiasmant, non ? Redites et vieux trucs, direz-vous ? Vous aurez raison : les discours sont toujours calibrés aux mêmes normes, union de la gauche républicaine pour le haut motif qu’il s’agit de gagner, union de la droite républicaine… et du centre non moins républicain – ça fait si bien ! –, union nationale dans le ni gauche, ni droite, mais, néanmoins, pour le salut de la République qui, elle, ne vit que de l’opposition gauche-droite, allez comprendre ! 

    Désabusés des « valeurs de la république » 

    Depuis déjà un certain temps des enquêtes révèlent que les Français ne croient plus, mais plus du tout, aux hommes politiques – et sous le nom d’hommes, comme disait l’autre, j’embrasse aussi les femmes. 80 % ne leur font plus confiance ; aux partis politiques, non plus ; aux syndicats et aux syndicalistes, non plus. Plus intéressant encore : 60 % des Français se disent désabusés des incantations républicaines, du mot « République » invoqué à chaque instant et de ce qu’on leur présente comme « les valeurs » de la République. Il y a vraiment de quoi ! Ces Français-là ne sont donc pas représentés et sont vraisemblablement gouvernés au rebours de leurs idées. Comment est-ce possible ? C’est ainsi ! Et depuis très longtemps ! Quand vient le temps de voter, les peuples, les pauvres peuples livrés aux partis tout-puissants et tous complices, votent selon ce qu’on leur dit de voter. Un pays catholique, comme l’Irlande vient de voter ainsi pour le prétendu mariage unisexe. Les partis unanimes et la propagande officielle, nationale et internationale, ont fonctionné à sens unique. Et l’Église catholique qui s’aveugle toujours sur les questions politiques, n’a pas été à la hauteur. Un lobby arrive à faire passer les lois qui lui conviennent ; il n’est pas le seul, d’ailleurs. C’est ainsi que ça marche. C’est ce qu’on appelle « la démocratie » qui n’a, au fond, rien de démocratique quand on sait comment elle fonctionne au vrai, et qui fait le malheur spirituel, moral, politique, social du peuple manipulé. Nous sommes peu à le comprendre et surtout à le dire. Et, pourtant, telle est la vérité. Et heureusement, aujourd’hui, il est plus de gens qu’on ne le pense, à le pressentir. 

    Qu’on y songe seulement : 66 000 militants socialistes ont voté pour leurs motions A,B,C,D sur les 135 000 qui seraient à jour de leur cotisation, soit à peine 54 %. 60 % de ces 54 % ont voté pour la motion A qui permet à Jean-Christophe Cambadélis de garder son poste de premier secrétaire et de diriger le congrès du parti à Poitiers, soit à peine 40 000 personnes – et quelles sont-elles ? Or ce vote détermine la ligne du parti, qui détermine la ligne du président de la République qui se veut le candidat du parti socialiste ! C’est ça, la politique ! La politique française ! La France est dirigée par une petite bande de militants – de quelle valeur au juste ? – qui servent de faire-valoir à quelques centaines de cadres qui, eux, ne sont que des rusés et qui s’ouvrent ainsi une carrière politique rémunérée de haut vol. Tel est le régime. Du côté dit maintenant des Républicains, c’est du pareil au même. Les militants servent le parti dont se servent les dirigeants. Pour eux ! Il faut bien gagner, n’est-ce pas ? L’appétit du pouvoir est la seule véritable justification d’un tel fonctionnement. Changer les noms, faire des programmes électoraux, relèvent d’une communication qui est chargée d’attirer le chaland, l’électeur. Ça ne se situe pas très haut. Et la France n’est plus qu’un procédé de la rhétorique politicienne. Panthéoniser fait partie de la panoplie du Président qui exalte ainsi « les valeurs » dont il attend le retour électoral. Ah, les discours ! Ils s’imaginent ainsi être eux-mêmes de grands hommes et ils attendent les hommages de la patrie reconnaissante. 

    La réalité les rattrape 

    Sortir du marigot où ils sont plongés toute la journée, voilà leur rêve ! Pilleurs d’État (éditions Max Milo), tel est le titre du dernier ouvrage de Philippe Pascot, ancien ami de Manuel Valls : pas de titre plus exact pour faire le tour de notre système politique. D’autant plus que l’homme est parfaitement correct et ne tombe jamais dans le trop facile « tous pourris ». Non, mais il les peint tels qu’ils sont ; le portrait de Manuel Valls dit tout. 

    Comment, dans ces conditions, s’occuper vraiment de la France ? Ils ne voient même pas le gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds ou, pour reprendre l’image d’Agnès Verdier-Molinié, le mur sur lequel ils se précipitent. On va dans le mur (éditions Albin Michel) détaille la situation aberrante de notre pauvre pays surchargé de taxes, d’impôts, de superstructures, de lois et de règlements, de régimes différents et surtout de dettes telles qu’elles empêchent tout avenir. 

    Et cet État incapable, livré à des partis sectaires, prétend s’occuper de l’éducation des enfants, sans doute pour mieux les déstructurer, des familles pour mieux les détruire , des patrimoines pour mieux les engloutir,  d’économie et de dialogue social pour mieux les emberlificoter, les idéologiser et en écraser les entreprises, de santé pour mieux l’arracher aux médecins et aux familles, de décentralisation pour mieux prendre en main les territoires et les épuiser. Même les lois qui s’avèrent nécessaires sur le fond, sont polluées par le préjugé partisan. 

    Tout souffre de cette sottise idéologique et surtout les grandes fonctions de l’État : la justice, la défense, la sécurité intérieure et les finances nationales. Faudra-t-il attendre un grave incident sur les comptes publics ou sur notre système de défense et de sécurité – peut-être les deux à la fois – pour que les Français réalisent soudain l’effroyable gabegie et la désastreuse impéritie de leur régime politique ? 

  • Jean-Pierre Chevènement et son « rassemblement souverainiste »… Une illusion démocratique, par François Teutsch

     

    Nous sommes d'accord avec la réflexion de François Teutsch, qui, selon son habitude, ne s'en tient pas à la surface des choses. Toutefois, si nous ne nions pas que la gauche conserve toujours un fond internationaliste,  nous ne sommes pas sûrs du tout que le vieux Che y soit lui-même enclin. D'autre part, si une question fondamentale, par delà l'inaptitude des partis et toute politique politicienne, peut être qu'est-ce que l'homme ? nous trouverons plus prudent de qualifier l'homme en question et de parler de l'homme français ou européen, le reliant ainsi à son héritage. « D’un côté la France, de l’autre la République » nous paraît signaler en effet la véritable opposition des temps actuels. LFAR 

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpegJean-Pierre Chevènement s’est appliqué à lui-même sa célèbre formule « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » en quittant son parti, le Mouvement républicain et citoyen, après que sa motion eut recueilli seulement 16 % des voix au dernier congrès . Il affirme vouloir désormais retrouver sa liberté d’action et d’expression et plaide pour un vaste rassemblement souverainiste allant « du Front de gauche à Dupont-Aignan ». Indignation du premier, sourire ironique du second… L’idée peut paraître séduisante. Elle se heurte à un certain nombre de difficultés.

    Souverainiste, Chevènement l’a toujours été. Farouche partisan du « non » aux traités européens, favorable à une politique monétaire permettant l’évolution du taux de change, il n’a jamais ménagé ses critiques à l’encontre du monstre bruxellois. C’est une des lignes de clivage du monde politique français, mais également de l’ancien maire de Belfort avec le PS qu’il a quitté il y a fort longtemps, lui reprochant sa soumission à l’ultralibéralisme et à la finance internationale. Vue sous cet angle, sa proposition n’est pas aberrante. Ce rejet est partagé par de nombreux responsables politiques, dans tous les partis, sauf peut-être chez les diverses formations centristes. Même au PS, dont on se souvient qu’il s’est divisé lors du référendum de 2005. Mais c’est là s’arrêter à l’écume des choses.

    Ce qui rassemble Nicolas Dupont-Aignan, Christian Vanneste, Jacques Myard, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, c’est un rejet commun de la technostructure européenne qui étouffe nos libertés et nous impose le dogme de la concurrence pure et parfaite, du libre-échange en toutes choses, de la financiarisation de l’économie. Il manque une personne à cette liste : Marine Le Pen. Elle aussi partage cette détestation. Mais le « Che » ne semble pas le savoir. Pourtant, Florian Philippot vient du MRC, même si son ancien patron affirme ne pas s’en souvenir. Premier obstacle : l’oubli du premier parti, et sûrement du premier parti souverainiste de France.

    Second obstacle : on ne fait pas une politique uniquement sur un rejet commun. Certes, cela peut constituer une intéressante base de travail. Mais après ? Une telle coalition ne durera que le temps des cerises. Car si Chevènement n’est pas dépourvu de qualités, si ses propos ont souvent été frappés au coin du bon sens – notamment comme ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, en dépit de la régularisation en masse des immigrés clandestins -, il n’en demeure pas moins un homme de gauche. Il existe deux souverainismes. Celui de droite, fondé sur l’indépendance nationale et le patriotisme. Celui de gauche, fondé sur la mythologie républicaine et le jacobinisme le plus pur. Auquel il faut ajouter une tentation permanente – presque congénitale – à l’internationalisme anticapitaliste et à un laïcisme forcené. D’un côté la France, de l’autre la République. La différence est fondamentale, malgré les protestations de républicanisme de tous les partis, du FN au Front de gauche.

    Troisième obstacle, et non des moindres : la question des valeurs. Si le relativisme moral a envahi la société (et les partis dits de droite n’y ont pas échappé), quelques idéalistes, dont votre serviteur, persistent à penser que la matrice philosophique de la droite reste marquée, parfois à son corps défendant, par une vision de l’homme conforme à sa nature, et une conception de la société aux antipodes de « l’homme nouveau » promu par la gauche historique. Or, la question politique essentielle est là : qu’est-ce que l’homme ? Aucune politique au sens noble du terme ne peut échapper à cette question, dès lors que son objet est d’organiser la société et de tendre vers le bien commun.

    À ce jour, aucun parti politique français ne répond à cette question. Peu se la posent. C’est pourtant par là qu’il faut commencer. Une alliance des souverainistes de droite et de gauche ? Une illusion démocratique !

     

    , avocat - Boulevard Voltaire
     
  • Robert Redeker : l'utopie progressiste débouche sur l'enfer

    Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Robert Redeker a une vision très pessimiste, puisque, au fond, elle débouche sur l'enfer. Travaillons à ce que, par delà la situation actuelle, après les cycles qu'il décrit ou qu'il prévoit, sans-doute à juste raison, l'épuisement des Lumières nous ramène sur le chemin qui conduit chez nous (Platon, cité par Jean-François Mattei en conclusion de son Regard vide) plutôt que de nous maintenir indéfiniment dans cet enfer que prévoit Redeker. Que Maurras avait annoncé, lui aussi, et qu'il nommait l'âge de fer, ou âge barbare. Il avait même envisagé comment et au nom de quoi, nous pourrions en sortir. LFAR   

     

    L'idée de progrès, expliquez-vous, n'est plus le moteur des sociétés occidentales. Partagez-vous le constat de Jacques Julliard qui explique que le progrès qui devait aider au bonheur des peuples est devenu une menace pour les plus humbles ?

    Robert REDEKER. - Le progrès a changé de sens. De promesse de bonheur et d'émancipation collectifs, il est devenu menace de déstabilisation, d'irrémédiable déclassement pour beaucoup. Désormais, on met sur son compte tout le négatif subi par l'humanité tout en supposant que nous ne sommes qu'au début des dégâts (humains, économiques, écologiques) qu'il occasionne. Le progrès a été, après le christianisme, le second Occident, sa seconde universalisation. L'Occident s'est planétarisé au moyen du progrès, qui a été sa foi comme le fut auparavant le christianisme. Il fut l'autre nom de l'Occident.

    Aujourd'hui plus personne ne croit dans le progrès. Plus personne ne croit que du seul fait des années qui passent demain sera forcément meilleur qu'aujourd'hui. Le marxisme était l'idéal-type de cette croyance en la fusion de l'histoire et du progrès. Mais le libéralisme la partageait souvent aussi. Bien entendu, les avancées techniques et scientifiques continuent et continueront. Mais ces conquêtes ne seront plus jamais tenues pour des progrès en soi.

    Cette rupture ne remonte-t-elle pas à la seconde guerre mondiale et de la découverte des possibilités meurtrières de la technique (Auschwitz, Hiroshima) ?

    Ce n'est qu'une partie de la vérité. L'échec des régimes politiques explicitement centrés sur l'idéologie du progrès, autrement dit les communismes, en est une autre. L'idée de progrès amalgame trois dimensions qui entrent en fusion: technique, anthropologique, politique. Le progrès technique a montré à travers ses possibilités meurtrières sa face sombre. Mais le progrès politique -ce qui était tenu pour tel- a montré à travers l'histoire des communismes sa face absolument catastrophique. Dans le discrédit général de l'idée de progrès l'échec des communismes, leur propension nécessaire à se muer en totalitarismes, a été l'élément moteur. L'idée de progrès était depuis Kant une idée politique. L'élément politique fédérait et fondait les deux autres, l'anthropologique (les progrès humains) et le technique.

    Les géants d'Internet Google, Facebook, promettent des lendemains heureux, une médecine performante et quasiment l'immortalité, n'est-ce pas ça la nouvelle idée du progrès ?

    Il s'agit du programme de l'utopie immortaliste. Dans le chef d'œuvre de saint Augustin, La Cité de Dieu, un paradis qui ne connaît ni la mort ni les infirmités est pensé comme transcendant à l'espace et au temps, postérieur à la fin du monde. Si ces promesses venaient à se réaliser, elles signeraient la fin de l'humanité. Rien n'est plus déshumanisant que la médecine parfaite et que l'immortalité qui la couronne. Pas seulement parce que l'homme est, comme le dit Heidegger, «l'être-pour-la-mort», mais aussi pour deux autres raisons.

    D'une part, parce qu'un tel être n'aurait besoin de personne, serait autosuffisant. D'autre part parce que si la mort n'existe plus, il devient impossible d'avoir des enfants. C'est une promesse diabolique. Loin de dessiner les contours d'un paradis heureux, cette utopie portée par les géants de l'internet trace la carte d'un enfer signant la disparition de l'humanité en l'homme. Cet infernal paradis surgirait non pas après la fin du monde, comme chez saint Augustin, mais après la fin de l'homme. Une fois de plus, comme dans le cas du communisme, l'utopie progressiste garante d'un paradis déboucherait sur l'enfer.

    La fin du progrès risque-t-elle de réveiller les vieilles religions ou d'en créer de nouvelles ?

    Le temps historique des religions comme forces de structuration générale de la société est passé. Cette caducité est ce que Nietzsche appelle la mort de Dieu. La foi dans le progrès - qui voyait dans le progrès l'alpha et l'oméga de l'existence humaine - a été quelques décennies durant une religion de substitution accompagnant le déclin politique et social du christianisme. Du christianisme, elle ne gardait que les valeurs et la promesse d'un bonheur collectif qu'elle rapatriait du ciel sur la terre. Bref, elle a été une sorte de christianisme affaibli et affadi, vidé de toute substance, le mime athée du christianisme. Les conditions actuelles - triomphe de l'individualisme libéral, règne des considérations économiques, course à la consommation, mondialisation technomarchande -, qui sont celles d'un temps où l'économie joue le rôle directeur que jouaient en d'autres temps la théologie ou bien la politique, sont plutôt favorables à la naissance et au développement non de religions mais de fétichismes et de fanatismes de toutes sortes. L'avenir n'est pas aux grandes religions dogmatiquement et institutionnellement centralisées mais au morcellement, à l'émiettement, au tribalisme du sentiment religieux, source de fanatismes et de violences.

    Peut-on dire que vous exprimez en philosophie ce que Houellebecq montre dans Soumission: la fin des Lumières ?

    Il doit y avoir du vrai dans ce rapprochement puisque ce n'est pas la première fois qu' l'on me compare à Houellebecq, le talent en moins je le concède. Ceci dit dans ma réflexion sur le progrès je m'appuie surtout sur les travaux décisifs de Pierre-André Taguieff auquel je rends hommage. Ce dernier a décrit le déclin du progrès comme « l'effacement de l'avenir ». Peu à peu les Lumières nous apparaissent comme des astres morts, dont le rayonnement s'épuise. Rien n'indique qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle. Cependant, cet achèvement n'est non plus la revanche des idées et de l'univers vaincus par les Lumières. Elle n'annonce pas le retour des émigrés ! Cette fin des Lumières n'est pas la revanche de Joseph de Maistre sur Voltaire !

    Le conservatisme, vu comme « soin du monde » va-t-il remplacer le progressisme ?

    Les intellectuels ont le devoir d'éviter de se prendre pour Madame Soleil en décrivant l'avenir. Cette tentation trouvait son origine dans une vision nécessitariste de l'histoire (présente chez Hegel et Marx) que justement l'épuisement des Lumières renvoie à son inconsistance. Pourtant nous pouvons dresser un constat. Ce conservatisme est une double réponse : au capitalisme déchaîné, cet univers de la déstabilisante innovation destructrice décrite par Luc Ferry (L'Innovation destructrice, Plon, 2014), et à l'illusion progressiste. Paradoxalement, il s'agit d'un conservatisme tourné vers l'avenir, appuyé sur une autre manière d'envisager l'avenir : le défunt progressisme voulait construire l'avenir en faisant table rase du passé quand le conservatisme que vous évoquez pense préserver l'avenir en ayant soin du passé. La question de l'enseignement de l'histoire est à la croisée de ces deux tendances : progressiste, l'enseignement de l'histoire promu par la réforme du collège est un enseignement qui déracine, qui détruit le passé, qui en fait table rase, qui le noie sous la moraline sécrétée par la repentance, alors que l'on peut envisager un enseignement de l'histoire qui assurerait le « soin de l'avenir » en étant animé par le « soin du passé ». 

    Figaro.vox

  • Laïcité : la propagande subventionnée

    Jérôme EHO/ASS, LES PETITS CITOYENS

    Mercredi dernier, à Marseille, au cours d'un débat, Eric Zemmour était interrogé par un jeune homme impatient : « Nous sommes tous d'accord avec vous. Maintenant que faut-il faire ? ». La réponse a été sans détour : « Hé bien, non, justement nous ne sommes pas tous d'accord. Je suis ravi de l'être avec vous, sans-doute même avec la majorité de cette assemblée. Mais ne vous y trompez pas : la gauche, parce qu'un certain nombre d'intellectuels souvent venus de ses rangs réagissent contre la pensée dominante, se répand en lamentations et prétend qu'elle est en train de perdre l'hégémonie idéologique et culturelle. Mais ce n'est pas vrai, c'est un leurre, sa pensée continue de dominer la société française; elle en conserve tous les moyens; la bataille des idées est loin d'être gagnée; les partis - y compris ceux de droite - sont bien incapables de la mener. Elle doit l'être sur le terrain culturel et nous avons bien du chemin à faire, encore, avant de pouvoir chanter victoire ». Le texte qui suit, publié par Valeurs actuelles sur son site (11.06.2015) atteste par l'exemple de la clairvoyance d'Eric Zemmour. Les nombreux signes d'une réaction conservatrice de beaucoup d'intellectuels français, hors des partis politiques, est encore loin de signifier leur victoire. Travaillons ! LFAR     

     

    Document. Et si on s’parlait de la laïcité ? C’est sous ce titre, en apparence anodin, qu’est publié un petit livret à destination des enfants (photo).

    Véritable exemple de novlangue socialiste, le fascicule a été distribué à la presse en marge du congrès du PS à Poitiers. L’association Les Petits Citoyens édite de nombreux livrets à destination des écoles primaires. Au téléphone, elle l’affirme : « Ce sont les communes qui nous les commandent. On n’envoie rien automatiquement. » En apparence ludique, le contenu du livret n’a rien à envier à la propagande de certains pays communistes. Entre deux chapitres sur « le vivre ensemble » et « les citoyens du monde », on peut voir une Marianne noire brandir un drapeau français où il est écrit « laïcité ». Plus loin dans l’ouvrage, on apprend « qu’il ne faut pas avoir peur d’être différent des autres », ou que « faire du sport, c’est aussi vivre ensemble ». Chaque petit chapitre est illustré par un dessin. Là, une jeune fille métisse en costume de superhéros rêve de devenir « Super Égale ». Ici, sur une autre vignette, une jeune fille fait un cauchemar. Elle rêve d’une Marianne poursuivie par des hommes au crâne — forcément — rasé. Et son ami métis de dire : « Elle nous fait un cauchemar antirépublicain ! » Ces petits livrets de propagande socialiste sont soutenus par la Fédération Léo-Lagrange, fondée, en 1950, par Pierre Mauroy. Mais l’association, qui édite également Et si on s’parlait de l’égalité filles-garçons, est aussi financée par l’argent public. Ainsi, l’année dernière, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a versé 100 000 euros à l’association. En 2013, c’est Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, qui avait soustrait 150 000 euros de sa réserve parlementaire…         

    valeursactuelles.com

     

     

  • Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels, selon Vincent Tremolet de Villers *

     

    Nous avons maintes fois évoqué ce sujet important dans Lafautearousseau. Et, sans-doute, n'en aurons-nous pas fini de longtemps. Vincent Tremolet de Villers dresse ici de l'évolution d'une bonne partie des intellectuels français un tableau synthétique brillant, saisissant et utile.  LFAR

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Pseudo-intellectuels ! » On croyait que Najat Vallaud- Belkacem était une élève appliquée, on a découvert la plus affranchie des anarchistes. Il lui aura fallu une formule prononcée le 30 avril sur RTL pour faire trembler tout ce qui, à Paris, fait la vie de l'esprit. Le Collège de France, l'Académie française, la revue Le Débat, l'Ecole des hautes études… Au bowling, ça s'appelle un strike, au tennis un grand chelem. Marc Fumaroli, Pierre Nora, Jacques Julliard, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Pascal Bruckner, Patrice Gueniffey : son tableau de chasse ferait pâlir d'envie le dernier des Enragés de 68. « Professeurs, vous êtes vieux… votre culture aussi », écrivaient-ils sur les murs ; « Intellectuels, imposteurs », leur a-t-elle dit en substance. Depuis, la bonne élève a repris le dessus et elle fait mine de trier le bon grain (Nora, Julliard) de l'ivraie (Finkielkraut, Ferry, Bruckner). Le gouvernement dans son ensemble s'est souvenu que le maître d'œuvre des Lieux de mémoire n'était pas un vulgaire porte-parole de l'UMP. Mais il est trop tard, le mal est fait. La confrérie des « pseudos », partagés entre la colère et l'effarement, épargne Najat Vallaud-Belkacem, mais le propre d'un universitaire, d'un chercheur ou d'un savant est d'avoir la mémoire longue.

    D'autant que le Premier ministre a pris, lui aussi, la mauvaise habitude de cibler penseurs et essayistes. En six mois, il a réussi le tour de force de se mettre à dos quatre auteurs à très grands succès. Il a d'abord affirmé que le livre d'Eric Zemmour ne devait pas être lu. A expliqué que celui de Houellebecq le méritait peut-être. Avant de tomber sur Michel Onfray dans une démonstration embrouillée (Manuel Valls lui reprochait en substance de préférer avoir raison avec Alain de Benoist plutôt que tort avec BHL) puis sur Emmanuel Todd (qui n'en demandait pas tant), coupable, par les considérations abracadabrantesques que l'on peut lire dans son dernier essai Qui est Charlie? (Seuil), de désespérer le canal Saint-Martin. « Crétin ! », « Pétain ! » a reçu Manuel Valls en retour.

    Tout fout le camp ! La gauche avait déjà perdu le peuple, voilà les intellectuels qui la désertent. Ils y étaient pourtant plus chez eux qu'un banquier à la City, à tel point que l'on apposait naturellement, comme un poing sous une rose, les mots « de gauche » à celui d'« intellectuel ». Las ! Les images de philosophes à cheveux longs, belles gueules, clope au bec, dans un cortège de mains jaunes illustrent désormais les livres scolaires. SOS Racisme est une petite entreprise en difficulté, François Hollande, un Mitterrand de poche et la jeunesse de France, atomisée. La planète de l'intelligence s'éloigne chaque jour un peu plus de celle de la politique et, si le divorce n'a pas été prononcé solennellement, la séparation est un fait. « Où sont les intellectuels ? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter au créneau. Où est la gauche ? » a lancé Manuel Valls, en meeting dans la petite ville de Boisseuil, près de Limoges (Haute-Vienne). C'était le 5 mars, avant les départementales. Nul, sinon l'écho, n'a répondu à sa plainte.

    Sans s'en douter, le Premier ministre renvoyait à la première querelle, la plus profonde. Son discours reprenait, en effet, les mots de Max Gallo, alors porte-parole du gouvernement Mauroy, qui, en 1983, signait dans Le Monde une tribune sur « le silence des intellectuels ». 1983: c'était alors le tournant libéral et la première rupture. L'enjeu : l'autre politique et la sortie de la France du Système monétaire européen (SME). Après moult hésitations, Mitterrand avait choisi la ligne « orthodoxe ». « Sur l'Europe, 1983 fut pour les socialistes ce que 1992 fut pour les gaullistes », explique Eric Zemmour. Ce fut l'occasion d'un affrontement idéologique qui a creusé les premières tranchées. A gauche, les marxistes, mais aussi ce qu'on appellera beaucoup plus tard les souverainistes, les défenseurs de « l'Etat stratège », du modèle social, du soldat de Valmy, du prolo des usines que Renaud, pas encore passé de la mob au 4 x 4, chante avec talent. Pour eux, depuis 1983, «l e peuple est la victime émissaire des élus du marché libre » (Michel Onfray). A droite, les pragmatiques, et les membres de ce qu'Alain Minc appellera beaucoup plus tard « le cercle de la raison ». Ils sont progressistes, défenseurs de la construction européenne et de l'Alliance atlantique. En politique, c'est Jean-Pierre Chevènement contre Jacques Attali. Mitterrand apaisa ces courants contraires en faisant souffler « l'esprit du Bien ». Avec l'aide de Julien Dray, Bernard-Henri Lévy, Harlem Désir, il inventa l'antiracisme au moment même où il aidait le Front national à prendre son envol. La droite la plus bête du monde foncera tête baissée. Trente ans après, elle continue de tourner sans but dans l'arène. La gauche se grisera avec la lutte contre le FN pour oublier que sa pensée s'épuise. Au début, c'est caviar et champagne ! C'est nous qu'on est les penseurs ! L'intelligence, le talent, la culture, les paillettes sont de gauche. Le magistère intellectuel aussi. Le mécanisme énoncé par Régis Debray en 1979 dans Le Pouvoir intellectuel en France (Folio) - « Les médias commandent à l'édition, qui commande à l'université » - est parfaitement huilé. « Mitterrand était un homme complexe, cultivé, spontanément monarchique, se souvient Pascal Bruckner. Il y avait une cour autour de lui. »

    De Mitterrand à Hollande

    C'est « la République des bonnes blagues, des petits copains »

    Pascal Bruckner

    Près de trente ans après, un socialiste est toujours à l'Elysée, mais c'est « la République des bonnes blagues, dit Bruckner, des petits copains ». Quant à l'antiracisme, les bombes de l'islamisme conquérant l'ont désorienté. « C'est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre » (Finkielkraut). Le Président bichonne la société civile, mais les comédiens, les rappeurs (JoeyStarr), les comiques (Debbouze), les artistes passent avant les intellos. Bernard-Henri Lévy passe parfois en voisin, mais c'est pour prendre la défense des Ukrainiens, des peshmergas ou des chrétiens d'Orient. Régis Debray préfère dîner avec Eric Zemmour ou deviser avec son voisin de palier, Denis Tillinac. Pascal Bruckner, malgré les sarcasmes de ses amis qui moquent « un combat de droite », se rend à Erbil à la rencontre des chrétiens d'Irak. Alain Finkielkraut est élu à l'Académie française au fauteuil de Félicien Marceau. L'ancien mao Jean-Pierre Le Goff fustige avec un talent redoutable le « gauchisme culturel ». Jacques Julliard déplore le « néant spirituel et intellectuel contemporain ». Pierre Nora considère que « la crise identitaire que traverse la France (est) une des plus graves de son histoire ». Tous reconnaissent un divorce avec la gauche qui nous gouverne. Le communiste Alain Badiou voit-il sa prophétie prendre corps ? En 2007, il confiait au Monde: « Nous allons assister, ce à quoi j'aspire, à la mort de l'intellectuel de gauche, qui va sombrer en même temps que la gauche tout entière (…) (Sa) renaissance ne peut se faire que selon le partage : ou radicalisme politique de type nouveau, ou ralliement réactionnaire. Pas de milieu.» Le radicalisme politique de type nouveau pousse à la gauche de la gauche. Il regarde vers Syriza ou Podemos et dénonce, avec Jean-Claude Michéa, la complicité idéologique entre gauche et droite françaises « sous le rideau fumigène des seules questions “sociétales” ». Que reste-t-il pour le gouvernement ? Un quarteron de sociologues, le sourire de Jacques Attali et la mèche d'Aymeric Caron.

    « L'antiracisme est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre »

    Alain Finkielkraut

    Le 11 janvier n'est plus ce qu'il était

    Les intellos, François Hollande pense pourtant les connaître par cœur. Un déjeuner, quelques compliments, un shake-hand et le tour est joué. Le PS, c'est chez eux: ils reviendront à la maison à la première occasion. Le 11 janvier, le président de la République a cru à la grande réconciliation. « Il a vécu une lune de miel avec les intellectuels, raconte Pascal Bruckner. Et, très vite, la gauche est revenue à son péché originel : croire qu'elle est le sanctuaire inaliénable de l'intelligence et de la pensée. Hors les penseurs godillots, les intellectuels n'ont pas suivi et ceux qui ne suivent pas sont excommuniés.» L'esprit du 11 janvier a laissé la place à l'esprit de parti. Très vite, il ne s'agissait plus de combattre le terrorisme islamiste, mais le Front national et « l'islamophobie ». La défense de la liberté d'expression a laissé place à une surveillance du « dérapage », de l'amalgame, de la stigmatisation. Un détournement grossier qui a laissé des traces. « On invoque “l'esprit du 11 janvier”, tempêtait Jean-Pierre Le Goff dans FigaroVox, en même temps, le débat et la confrontation intellectuelle sont placés sous la surveillance d'associations communautaristes qui se sont faites les dépositaires de la morale publique.» Quand Laurent Joffrin célébrait le 11 janvier comme une épiphanie de la gauche morale, Alain Finkielkraut voyait naître « la division du monde politique, médiatique et intellectuel entre deux partis. Il y a d'un côté “le parti du sursaut” et “le parti de l'Autre”. La vision était prophétique. « L'antifascisme mondain » (Elisabeth Lévy) a volé en éclats et « le parti de l'Autre » a tombé le masque. Avec Edwy Plenel et Emmanuel Todd, il fait des musulmans d'aujourd'hui « les juifs des années 30 » et de la réaction des Français aux attentats la preuve de leur « islamophobie ». Après les avoir célébrées, s'en prendre aux foules du 11 janvier est devenu un must. La preuve d'«une fuite en avant dans la radicalité chic» (Finkielkraut). Sur l'autre versant de l'antiracisme, de Bernard-Henri Lévy en Philippe Val, on nomme l'ennemi prioritaire: « le drapeau noir du califat ».

    La vérité est que la folie djihadiste a mis au jour une ligne de fracture très profonde et que l'on ne peut plus enfouir : celle de l'identité ainsi qu'une question obsédante: « Qu'est-ce qu'être Français ? » L'universitaire Laurent Bouvet se souvient d'un colloque organisé en 2011, par le PS, sur le sujet. Il avait défendu l'idée d'une angoisse identitaire qui traversait le pays et développé la notion d'« insécurité culturelle ». Il fut considéré, au mieux comme un zozo, au pire comme un allié objectif de Marine Le Pen.

    Impuissante à y répondre, sourde à ces paniques, oscillant sans choisir entre le parti de « l'Autre» et celui du «sursaut », dépourvue de marges de manœuvre économiques, la gauche Hollande, pour combler son vide idéologique, est en proie à une véritable frénésie sociétale. Le mariage, la filiation, le genre, l'IVG, la fin de vie : il faut légiférer sur tous les aspects de l'existence, de la conception jusqu'à la mort naturelle. Là encore, tous les intellos ne suivent pas. « Ils veulent changer la condition humaine », s'est exclamé Claude Lanzmann dans Le Figaro. Onfray signe avec José Bové et Sylviane Agacinski une tribune dans Libé contre la GPA. Dans Le Figaro, il qualifie Pierre Bergé, favorable à cette pratique, de « Berlusconi, la vulgarité en plus ». « Le mariage pour tous, comme la réforme du collège, devait être pour leurs promoteurs une simple mesure d'ajustement à la société d'aujourd'hui, explique l'historien Pierre Nora. Ils ont tout, pour leurs détracteurs, d'un ébranlement social profond.»

    Le collège ! Le dernier champ de bataille entre les intellos et le gouvernement. Les premiers reprochent un nivellement par le bas, les seconds veulent libérer l'élève de son ennui. « La civilisation, ça n'est pas le Nutella, c'est l'effort », a lancé Régis Debray comme un cri de ralliement. Alain Finkielkraut reconnaît avec ses pairs que droite et gauche sont pareillement coupables dans l'effondrement de l'école. Il s'inquiète cependant des déclarations martiales de Najat Vallaud-Belkacem: « L'école était une promesse, elle est devenue une menace, explique-t-il. A l'insécurité culturelle, le gouvernement ajoute une insécurité scolaire, indiquant aux parents qui veulent le meilleur pour leurs enfants qu'ils sont pris au piège et que les “resquilleurs de mixité” seront punis. Leur attitude de plus en plus compassionnelle est aussi de plus en plus totalitaire.»

    L'inculture pour tous

    « Les intellectuels peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée ­binaire feront toujours plus d'audience que la nuance »

    Pierre Nora

    Pour Pierre Nora, au-delà même des idées, cette rupture était inéluctable. « Les politiques se méfient des intellectuels, reconnaît-il. Ils ont en tête leurs fourvoiements d'autrefois et leur reprochent d'être déconnectés de la réalité du terrain, de la complexité des dossiers. Ils ne pèsent rien dans les formations politiques, pas plus que dans les élections.» Mais, à l'entendre, la clé est ailleurs. « Les intellectuels, poursuit-il, peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée binaire feront toujours plus d'audience que la nuance, où animateurs et politiques se mettront le plus souvent d'accord pour considérer “le penseur” comme un coupeur de cheveux en quatre.»

    Comment réfléchir dans la perspective étroite et desséchante de la conquête du pouvoir? Comment méditer sur les fractures françaises quand vous êtes attendu sur une radio à 8 heures, une télé d'information continue deux heures plus tard, à un déjeuner avec des journalistes avant de vous rendre à l'Assemblée et à un colloque le soir dans un lycée de lointaine banlieue sur « le vivre-ensemble » ? Le tout en ayant échangé une centaine de textos ?

    Dans l'agenda d'une politique, la vie intellectuelle est un encombrant.

    Nous sommes au début des années 2000. Le PS a pris des bonnes résolutions. Il reçoit tour à tour les grandes figures de la pensée. Ce matin, c'est Marcel Gauchet qui planche. Le thème: « La sortie du religieux ». Une quinzaine d'auditeurs sont présents avec, au premier rang, le premier secrétaire du parti, François Hollande. A peine l'orateur a-t-il commencé que le député de Corrèze commence à compulser un dossier qu'il lit avec attention page par page. Au milieu de la communication, son attachée de presse apporte, l'air affairé, un autre dossier. Tandis que Gauchet poursuit son propos, Hollande se plonge un peu plus dans ses papiers. Une fois la conférence terminée, il oublie ses dossiers sur la table. Que contenaient-ils? Des dépêches politiques du fil AFP !

    Pour Jean-Pierre Le Goff, cette inculture est de plus en plus rédhibitoire : « Une élite ? Des gens qui, par un certain nombre de conditions, sont arrivés au pouvoir. Mais ils sont totalement incultes. Dénués des oripeaux du pouvoir, ils ne sont plus rien. » « Ceux qui affirment, sans gêne, que l'on critique sans avoir étudié, que lisent-ils ? », interroge Alain Finkielkraut. Ce qu'un ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand résume en ces termes: « Les ministres d'aujourd'hui ont le niveau des attachés parlementaires des années 80.» Cette inculture, cependant, n'est pas l'apanage de la gauche. Et la droite s'illusionne si elle pense adopter ces orphelins. « Mon parti n'existe pas », confie Alain Finkielkraut. Bruckner, lui non plus, n'a pas de port d'attache. Le Goff anime le groupe Politique autrement. Régis Debray ou Michel Onfray se situent désormais en surplomb de ce qu'ils considèrent comme un divertissement de masse. Ce qui les relie les uns aux autres ? Quelques mots d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.» D'autres de Pierre Manent : « Je veux comprendre, ou plutôt je désire comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui est.» Et le premier des droits de l'intelligence, plus menacé que jamais. Celui qui consiste, tout simplement, à appeler un chat, un chat. 

    Vincent Tremolet de Villers  - Figarovox   

     

  • Jack Lang, de nouveau ... Et si le diable se faisait ermite ? Faut-il le croire ? Question ouverte ...

     

    Substantiellement et sans préjuger de ce qu'on en fera, cette « Fête de la fierté française » n'est pas une mauvaise idée. D'ailleurs, curieusement (!) les médias n'ont pas beaucoup repris le thème... 

    Source : commentaire de Pierre Builly - Lafautearousseau - Lundi 18 mai 2015 11h07