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Actualité France - Page 421

  • Eadem semper ! Par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgToujours les mêmes choses… jusqu’à la lassitude. La superstructure politicienne empêche toute appréhension de l’intérêt national. Les Français, qui en souffrent, se reconnaissent de moins en moins dans le régime. Avec raison. 

    Les partis se mettent en ordre de marche. Comme des armées. Pour la bataille qui se prépare, la grande, la présidentielle de 2017, comme si c’était l’ultime, le tout ou le rien. Une fois de plus ! Ce mois de juin les voit en pleine effervescence, avant la halte de l’été, en vue des universités de la rentrée, préliminaires des prochains affrontements de la fin de l’année, les élections régionales qui seront déterminantes pour les stratégies à venir, tant à l’intérieur mêmes des partis qu’entre les partis eux-mêmes. Les candidats à la candidature à la charge suprême se profilent, se projettent sur scène, s’investissent eux-mêmes de leur mission. Certains pensent déjà au tour d’après et se mettent en lice pour 2022. Les principaux protagonistes et finalistes sont connus, archi-connus ; c’est du répétitif et, pourtant, ils jouent leur va-tout : Marine Le Pen, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Hollande... Dès maintenant, Fillon ne compte plus. Hollande y croit de plus en plus, à la condition – qu’il prépare minutieusement – d’être le seul candidat à gauche : soit jouant le match au deuxième tour – et, donc, dans son esprit le gagnant – contre Marine Le Pen qui se veut, elle, la seule, vraie et totale opposante ; soit – autre scénario qui plairait à l’actuel chef de l’État – rejouant le match, en retour, à cinq ans d’intervalle, contre son adversaire personnel, l’ancien chef de l’État, Sarkozy qui, lui, rumine  sa revanche qu’il espère encore prendre, mais le pourra-t-il ? Président contre président, à celui qui sera le plus républicain ! 

    Comment ça fonctionne 

    Juppé qui, quant à lui, se veut à part – et donc dans son esprit au-dessus –, se pense gagnant à tout coup, ce qui le confirme dans sa superbe assurance. Chacun évalue ses chances selon sa martingale électorale. Fabuleux, non ? Enthousiasmant, non ? Redites et vieux trucs, direz-vous ? Vous aurez raison : les discours sont toujours calibrés aux mêmes normes, union de la gauche républicaine pour le haut motif qu’il s’agit de gagner, union de la droite républicaine… et du centre non moins républicain – ça fait si bien ! –, union nationale dans le ni gauche, ni droite, mais, néanmoins, pour le salut de la République qui, elle, ne vit que de l’opposition gauche-droite, allez comprendre ! 

    Désabusés des « valeurs de la république » 

    Depuis déjà un certain temps des enquêtes révèlent que les Français ne croient plus, mais plus du tout, aux hommes politiques – et sous le nom d’hommes, comme disait l’autre, j’embrasse aussi les femmes. 80 % ne leur font plus confiance ; aux partis politiques, non plus ; aux syndicats et aux syndicalistes, non plus. Plus intéressant encore : 60 % des Français se disent désabusés des incantations républicaines, du mot « République » invoqué à chaque instant et de ce qu’on leur présente comme « les valeurs » de la République. Il y a vraiment de quoi ! Ces Français-là ne sont donc pas représentés et sont vraisemblablement gouvernés au rebours de leurs idées. Comment est-ce possible ? C’est ainsi ! Et depuis très longtemps ! Quand vient le temps de voter, les peuples, les pauvres peuples livrés aux partis tout-puissants et tous complices, votent selon ce qu’on leur dit de voter. Un pays catholique, comme l’Irlande vient de voter ainsi pour le prétendu mariage unisexe. Les partis unanimes et la propagande officielle, nationale et internationale, ont fonctionné à sens unique. Et l’Église catholique qui s’aveugle toujours sur les questions politiques, n’a pas été à la hauteur. Un lobby arrive à faire passer les lois qui lui conviennent ; il n’est pas le seul, d’ailleurs. C’est ainsi que ça marche. C’est ce qu’on appelle « la démocratie » qui n’a, au fond, rien de démocratique quand on sait comment elle fonctionne au vrai, et qui fait le malheur spirituel, moral, politique, social du peuple manipulé. Nous sommes peu à le comprendre et surtout à le dire. Et, pourtant, telle est la vérité. Et heureusement, aujourd’hui, il est plus de gens qu’on ne le pense, à le pressentir. 

    Qu’on y songe seulement : 66 000 militants socialistes ont voté pour leurs motions A,B,C,D sur les 135 000 qui seraient à jour de leur cotisation, soit à peine 54 %. 60 % de ces 54 % ont voté pour la motion A qui permet à Jean-Christophe Cambadélis de garder son poste de premier secrétaire et de diriger le congrès du parti à Poitiers, soit à peine 40 000 personnes – et quelles sont-elles ? Or ce vote détermine la ligne du parti, qui détermine la ligne du président de la République qui se veut le candidat du parti socialiste ! C’est ça, la politique ! La politique française ! La France est dirigée par une petite bande de militants – de quelle valeur au juste ? – qui servent de faire-valoir à quelques centaines de cadres qui, eux, ne sont que des rusés et qui s’ouvrent ainsi une carrière politique rémunérée de haut vol. Tel est le régime. Du côté dit maintenant des Républicains, c’est du pareil au même. Les militants servent le parti dont se servent les dirigeants. Pour eux ! Il faut bien gagner, n’est-ce pas ? L’appétit du pouvoir est la seule véritable justification d’un tel fonctionnement. Changer les noms, faire des programmes électoraux, relèvent d’une communication qui est chargée d’attirer le chaland, l’électeur. Ça ne se situe pas très haut. Et la France n’est plus qu’un procédé de la rhétorique politicienne. Panthéoniser fait partie de la panoplie du Président qui exalte ainsi « les valeurs » dont il attend le retour électoral. Ah, les discours ! Ils s’imaginent ainsi être eux-mêmes de grands hommes et ils attendent les hommages de la patrie reconnaissante. 

    La réalité les rattrape 

    Sortir du marigot où ils sont plongés toute la journée, voilà leur rêve ! Pilleurs d’État (éditions Max Milo), tel est le titre du dernier ouvrage de Philippe Pascot, ancien ami de Manuel Valls : pas de titre plus exact pour faire le tour de notre système politique. D’autant plus que l’homme est parfaitement correct et ne tombe jamais dans le trop facile « tous pourris ». Non, mais il les peint tels qu’ils sont ; le portrait de Manuel Valls dit tout. 

    Comment, dans ces conditions, s’occuper vraiment de la France ? Ils ne voient même pas le gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds ou, pour reprendre l’image d’Agnès Verdier-Molinié, le mur sur lequel ils se précipitent. On va dans le mur (éditions Albin Michel) détaille la situation aberrante de notre pauvre pays surchargé de taxes, d’impôts, de superstructures, de lois et de règlements, de régimes différents et surtout de dettes telles qu’elles empêchent tout avenir. 

    Et cet État incapable, livré à des partis sectaires, prétend s’occuper de l’éducation des enfants, sans doute pour mieux les déstructurer, des familles pour mieux les détruire , des patrimoines pour mieux les engloutir,  d’économie et de dialogue social pour mieux les emberlificoter, les idéologiser et en écraser les entreprises, de santé pour mieux l’arracher aux médecins et aux familles, de décentralisation pour mieux prendre en main les territoires et les épuiser. Même les lois qui s’avèrent nécessaires sur le fond, sont polluées par le préjugé partisan. 

    Tout souffre de cette sottise idéologique et surtout les grandes fonctions de l’État : la justice, la défense, la sécurité intérieure et les finances nationales. Faudra-t-il attendre un grave incident sur les comptes publics ou sur notre système de défense et de sécurité – peut-être les deux à la fois – pour que les Français réalisent soudain l’effroyable gabegie et la désastreuse impéritie de leur régime politique ? 

  • Jean-Pierre Chevènement et son « rassemblement souverainiste »… Une illusion démocratique, par François Teutsch

     

    Nous sommes d'accord avec la réflexion de François Teutsch, qui, selon son habitude, ne s'en tient pas à la surface des choses. Toutefois, si nous ne nions pas que la gauche conserve toujours un fond internationaliste,  nous ne sommes pas sûrs du tout que le vieux Che y soit lui-même enclin. D'autre part, si une question fondamentale, par delà l'inaptitude des partis et toute politique politicienne, peut être qu'est-ce que l'homme ? nous trouverons plus prudent de qualifier l'homme en question et de parler de l'homme français ou européen, le reliant ainsi à son héritage. « D’un côté la France, de l’autre la République » nous paraît signaler en effet la véritable opposition des temps actuels. LFAR 

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpegJean-Pierre Chevènement s’est appliqué à lui-même sa célèbre formule « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » en quittant son parti, le Mouvement républicain et citoyen, après que sa motion eut recueilli seulement 16 % des voix au dernier congrès . Il affirme vouloir désormais retrouver sa liberté d’action et d’expression et plaide pour un vaste rassemblement souverainiste allant « du Front de gauche à Dupont-Aignan ». Indignation du premier, sourire ironique du second… L’idée peut paraître séduisante. Elle se heurte à un certain nombre de difficultés.

    Souverainiste, Chevènement l’a toujours été. Farouche partisan du « non » aux traités européens, favorable à une politique monétaire permettant l’évolution du taux de change, il n’a jamais ménagé ses critiques à l’encontre du monstre bruxellois. C’est une des lignes de clivage du monde politique français, mais également de l’ancien maire de Belfort avec le PS qu’il a quitté il y a fort longtemps, lui reprochant sa soumission à l’ultralibéralisme et à la finance internationale. Vue sous cet angle, sa proposition n’est pas aberrante. Ce rejet est partagé par de nombreux responsables politiques, dans tous les partis, sauf peut-être chez les diverses formations centristes. Même au PS, dont on se souvient qu’il s’est divisé lors du référendum de 2005. Mais c’est là s’arrêter à l’écume des choses.

    Ce qui rassemble Nicolas Dupont-Aignan, Christian Vanneste, Jacques Myard, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, c’est un rejet commun de la technostructure européenne qui étouffe nos libertés et nous impose le dogme de la concurrence pure et parfaite, du libre-échange en toutes choses, de la financiarisation de l’économie. Il manque une personne à cette liste : Marine Le Pen. Elle aussi partage cette détestation. Mais le « Che » ne semble pas le savoir. Pourtant, Florian Philippot vient du MRC, même si son ancien patron affirme ne pas s’en souvenir. Premier obstacle : l’oubli du premier parti, et sûrement du premier parti souverainiste de France.

    Second obstacle : on ne fait pas une politique uniquement sur un rejet commun. Certes, cela peut constituer une intéressante base de travail. Mais après ? Une telle coalition ne durera que le temps des cerises. Car si Chevènement n’est pas dépourvu de qualités, si ses propos ont souvent été frappés au coin du bon sens – notamment comme ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, en dépit de la régularisation en masse des immigrés clandestins -, il n’en demeure pas moins un homme de gauche. Il existe deux souverainismes. Celui de droite, fondé sur l’indépendance nationale et le patriotisme. Celui de gauche, fondé sur la mythologie républicaine et le jacobinisme le plus pur. Auquel il faut ajouter une tentation permanente – presque congénitale – à l’internationalisme anticapitaliste et à un laïcisme forcené. D’un côté la France, de l’autre la République. La différence est fondamentale, malgré les protestations de républicanisme de tous les partis, du FN au Front de gauche.

    Troisième obstacle, et non des moindres : la question des valeurs. Si le relativisme moral a envahi la société (et les partis dits de droite n’y ont pas échappé), quelques idéalistes, dont votre serviteur, persistent à penser que la matrice philosophique de la droite reste marquée, parfois à son corps défendant, par une vision de l’homme conforme à sa nature, et une conception de la société aux antipodes de « l’homme nouveau » promu par la gauche historique. Or, la question politique essentielle est là : qu’est-ce que l’homme ? Aucune politique au sens noble du terme ne peut échapper à cette question, dès lors que son objet est d’organiser la société et de tendre vers le bien commun.

    À ce jour, aucun parti politique français ne répond à cette question. Peu se la posent. C’est pourtant par là qu’il faut commencer. Une alliance des souverainistes de droite et de gauche ? Une illusion démocratique !

     

    , avocat - Boulevard Voltaire
     
  • Robert Redeker : l'utopie progressiste débouche sur l'enfer

    Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Robert Redeker a une vision très pessimiste, puisque, au fond, elle débouche sur l'enfer. Travaillons à ce que, par delà la situation actuelle, après les cycles qu'il décrit ou qu'il prévoit, sans-doute à juste raison, l'épuisement des Lumières nous ramène sur le chemin qui conduit chez nous (Platon, cité par Jean-François Mattei en conclusion de son Regard vide) plutôt que de nous maintenir indéfiniment dans cet enfer que prévoit Redeker. Que Maurras avait annoncé, lui aussi, et qu'il nommait l'âge de fer, ou âge barbare. Il avait même envisagé comment et au nom de quoi, nous pourrions en sortir. LFAR   

     

    L'idée de progrès, expliquez-vous, n'est plus le moteur des sociétés occidentales. Partagez-vous le constat de Jacques Julliard qui explique que le progrès qui devait aider au bonheur des peuples est devenu une menace pour les plus humbles ?

    Robert REDEKER. - Le progrès a changé de sens. De promesse de bonheur et d'émancipation collectifs, il est devenu menace de déstabilisation, d'irrémédiable déclassement pour beaucoup. Désormais, on met sur son compte tout le négatif subi par l'humanité tout en supposant que nous ne sommes qu'au début des dégâts (humains, économiques, écologiques) qu'il occasionne. Le progrès a été, après le christianisme, le second Occident, sa seconde universalisation. L'Occident s'est planétarisé au moyen du progrès, qui a été sa foi comme le fut auparavant le christianisme. Il fut l'autre nom de l'Occident.

    Aujourd'hui plus personne ne croit dans le progrès. Plus personne ne croit que du seul fait des années qui passent demain sera forcément meilleur qu'aujourd'hui. Le marxisme était l'idéal-type de cette croyance en la fusion de l'histoire et du progrès. Mais le libéralisme la partageait souvent aussi. Bien entendu, les avancées techniques et scientifiques continuent et continueront. Mais ces conquêtes ne seront plus jamais tenues pour des progrès en soi.

    Cette rupture ne remonte-t-elle pas à la seconde guerre mondiale et de la découverte des possibilités meurtrières de la technique (Auschwitz, Hiroshima) ?

    Ce n'est qu'une partie de la vérité. L'échec des régimes politiques explicitement centrés sur l'idéologie du progrès, autrement dit les communismes, en est une autre. L'idée de progrès amalgame trois dimensions qui entrent en fusion: technique, anthropologique, politique. Le progrès technique a montré à travers ses possibilités meurtrières sa face sombre. Mais le progrès politique -ce qui était tenu pour tel- a montré à travers l'histoire des communismes sa face absolument catastrophique. Dans le discrédit général de l'idée de progrès l'échec des communismes, leur propension nécessaire à se muer en totalitarismes, a été l'élément moteur. L'idée de progrès était depuis Kant une idée politique. L'élément politique fédérait et fondait les deux autres, l'anthropologique (les progrès humains) et le technique.

    Les géants d'Internet Google, Facebook, promettent des lendemains heureux, une médecine performante et quasiment l'immortalité, n'est-ce pas ça la nouvelle idée du progrès ?

    Il s'agit du programme de l'utopie immortaliste. Dans le chef d'œuvre de saint Augustin, La Cité de Dieu, un paradis qui ne connaît ni la mort ni les infirmités est pensé comme transcendant à l'espace et au temps, postérieur à la fin du monde. Si ces promesses venaient à se réaliser, elles signeraient la fin de l'humanité. Rien n'est plus déshumanisant que la médecine parfaite et que l'immortalité qui la couronne. Pas seulement parce que l'homme est, comme le dit Heidegger, «l'être-pour-la-mort», mais aussi pour deux autres raisons.

    D'une part, parce qu'un tel être n'aurait besoin de personne, serait autosuffisant. D'autre part parce que si la mort n'existe plus, il devient impossible d'avoir des enfants. C'est une promesse diabolique. Loin de dessiner les contours d'un paradis heureux, cette utopie portée par les géants de l'internet trace la carte d'un enfer signant la disparition de l'humanité en l'homme. Cet infernal paradis surgirait non pas après la fin du monde, comme chez saint Augustin, mais après la fin de l'homme. Une fois de plus, comme dans le cas du communisme, l'utopie progressiste garante d'un paradis déboucherait sur l'enfer.

    La fin du progrès risque-t-elle de réveiller les vieilles religions ou d'en créer de nouvelles ?

    Le temps historique des religions comme forces de structuration générale de la société est passé. Cette caducité est ce que Nietzsche appelle la mort de Dieu. La foi dans le progrès - qui voyait dans le progrès l'alpha et l'oméga de l'existence humaine - a été quelques décennies durant une religion de substitution accompagnant le déclin politique et social du christianisme. Du christianisme, elle ne gardait que les valeurs et la promesse d'un bonheur collectif qu'elle rapatriait du ciel sur la terre. Bref, elle a été une sorte de christianisme affaibli et affadi, vidé de toute substance, le mime athée du christianisme. Les conditions actuelles - triomphe de l'individualisme libéral, règne des considérations économiques, course à la consommation, mondialisation technomarchande -, qui sont celles d'un temps où l'économie joue le rôle directeur que jouaient en d'autres temps la théologie ou bien la politique, sont plutôt favorables à la naissance et au développement non de religions mais de fétichismes et de fanatismes de toutes sortes. L'avenir n'est pas aux grandes religions dogmatiquement et institutionnellement centralisées mais au morcellement, à l'émiettement, au tribalisme du sentiment religieux, source de fanatismes et de violences.

    Peut-on dire que vous exprimez en philosophie ce que Houellebecq montre dans Soumission: la fin des Lumières ?

    Il doit y avoir du vrai dans ce rapprochement puisque ce n'est pas la première fois qu' l'on me compare à Houellebecq, le talent en moins je le concède. Ceci dit dans ma réflexion sur le progrès je m'appuie surtout sur les travaux décisifs de Pierre-André Taguieff auquel je rends hommage. Ce dernier a décrit le déclin du progrès comme « l'effacement de l'avenir ». Peu à peu les Lumières nous apparaissent comme des astres morts, dont le rayonnement s'épuise. Rien n'indique qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle. Cependant, cet achèvement n'est non plus la revanche des idées et de l'univers vaincus par les Lumières. Elle n'annonce pas le retour des émigrés ! Cette fin des Lumières n'est pas la revanche de Joseph de Maistre sur Voltaire !

    Le conservatisme, vu comme « soin du monde » va-t-il remplacer le progressisme ?

    Les intellectuels ont le devoir d'éviter de se prendre pour Madame Soleil en décrivant l'avenir. Cette tentation trouvait son origine dans une vision nécessitariste de l'histoire (présente chez Hegel et Marx) que justement l'épuisement des Lumières renvoie à son inconsistance. Pourtant nous pouvons dresser un constat. Ce conservatisme est une double réponse : au capitalisme déchaîné, cet univers de la déstabilisante innovation destructrice décrite par Luc Ferry (L'Innovation destructrice, Plon, 2014), et à l'illusion progressiste. Paradoxalement, il s'agit d'un conservatisme tourné vers l'avenir, appuyé sur une autre manière d'envisager l'avenir : le défunt progressisme voulait construire l'avenir en faisant table rase du passé quand le conservatisme que vous évoquez pense préserver l'avenir en ayant soin du passé. La question de l'enseignement de l'histoire est à la croisée de ces deux tendances : progressiste, l'enseignement de l'histoire promu par la réforme du collège est un enseignement qui déracine, qui détruit le passé, qui en fait table rase, qui le noie sous la moraline sécrétée par la repentance, alors que l'on peut envisager un enseignement de l'histoire qui assurerait le « soin de l'avenir » en étant animé par le « soin du passé ». 

    Figaro.vox

  • Laïcité : la propagande subventionnée

    Jérôme EHO/ASS, LES PETITS CITOYENS

    Mercredi dernier, à Marseille, au cours d'un débat, Eric Zemmour était interrogé par un jeune homme impatient : « Nous sommes tous d'accord avec vous. Maintenant que faut-il faire ? ». La réponse a été sans détour : « Hé bien, non, justement nous ne sommes pas tous d'accord. Je suis ravi de l'être avec vous, sans-doute même avec la majorité de cette assemblée. Mais ne vous y trompez pas : la gauche, parce qu'un certain nombre d'intellectuels souvent venus de ses rangs réagissent contre la pensée dominante, se répand en lamentations et prétend qu'elle est en train de perdre l'hégémonie idéologique et culturelle. Mais ce n'est pas vrai, c'est un leurre, sa pensée continue de dominer la société française; elle en conserve tous les moyens; la bataille des idées est loin d'être gagnée; les partis - y compris ceux de droite - sont bien incapables de la mener. Elle doit l'être sur le terrain culturel et nous avons bien du chemin à faire, encore, avant de pouvoir chanter victoire ». Le texte qui suit, publié par Valeurs actuelles sur son site (11.06.2015) atteste par l'exemple de la clairvoyance d'Eric Zemmour. Les nombreux signes d'une réaction conservatrice de beaucoup d'intellectuels français, hors des partis politiques, est encore loin de signifier leur victoire. Travaillons ! LFAR     

     

    Document. Et si on s’parlait de la laïcité ? C’est sous ce titre, en apparence anodin, qu’est publié un petit livret à destination des enfants (photo).

    Véritable exemple de novlangue socialiste, le fascicule a été distribué à la presse en marge du congrès du PS à Poitiers. L’association Les Petits Citoyens édite de nombreux livrets à destination des écoles primaires. Au téléphone, elle l’affirme : « Ce sont les communes qui nous les commandent. On n’envoie rien automatiquement. » En apparence ludique, le contenu du livret n’a rien à envier à la propagande de certains pays communistes. Entre deux chapitres sur « le vivre ensemble » et « les citoyens du monde », on peut voir une Marianne noire brandir un drapeau français où il est écrit « laïcité ». Plus loin dans l’ouvrage, on apprend « qu’il ne faut pas avoir peur d’être différent des autres », ou que « faire du sport, c’est aussi vivre ensemble ». Chaque petit chapitre est illustré par un dessin. Là, une jeune fille métisse en costume de superhéros rêve de devenir « Super Égale ». Ici, sur une autre vignette, une jeune fille fait un cauchemar. Elle rêve d’une Marianne poursuivie par des hommes au crâne — forcément — rasé. Et son ami métis de dire : « Elle nous fait un cauchemar antirépublicain ! » Ces petits livrets de propagande socialiste sont soutenus par la Fédération Léo-Lagrange, fondée, en 1950, par Pierre Mauroy. Mais l’association, qui édite également Et si on s’parlait de l’égalité filles-garçons, est aussi financée par l’argent public. Ainsi, l’année dernière, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a versé 100 000 euros à l’association. En 2013, c’est Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, qui avait soustrait 150 000 euros de sa réserve parlementaire…         

    valeursactuelles.com

     

     

  • Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels, selon Vincent Tremolet de Villers *

     

    Nous avons maintes fois évoqué ce sujet important dans Lafautearousseau. Et, sans-doute, n'en aurons-nous pas fini de longtemps. Vincent Tremolet de Villers dresse ici de l'évolution d'une bonne partie des intellectuels français un tableau synthétique brillant, saisissant et utile.  LFAR

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Pseudo-intellectuels ! » On croyait que Najat Vallaud- Belkacem était une élève appliquée, on a découvert la plus affranchie des anarchistes. Il lui aura fallu une formule prononcée le 30 avril sur RTL pour faire trembler tout ce qui, à Paris, fait la vie de l'esprit. Le Collège de France, l'Académie française, la revue Le Débat, l'Ecole des hautes études… Au bowling, ça s'appelle un strike, au tennis un grand chelem. Marc Fumaroli, Pierre Nora, Jacques Julliard, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Pascal Bruckner, Patrice Gueniffey : son tableau de chasse ferait pâlir d'envie le dernier des Enragés de 68. « Professeurs, vous êtes vieux… votre culture aussi », écrivaient-ils sur les murs ; « Intellectuels, imposteurs », leur a-t-elle dit en substance. Depuis, la bonne élève a repris le dessus et elle fait mine de trier le bon grain (Nora, Julliard) de l'ivraie (Finkielkraut, Ferry, Bruckner). Le gouvernement dans son ensemble s'est souvenu que le maître d'œuvre des Lieux de mémoire n'était pas un vulgaire porte-parole de l'UMP. Mais il est trop tard, le mal est fait. La confrérie des « pseudos », partagés entre la colère et l'effarement, épargne Najat Vallaud-Belkacem, mais le propre d'un universitaire, d'un chercheur ou d'un savant est d'avoir la mémoire longue.

    D'autant que le Premier ministre a pris, lui aussi, la mauvaise habitude de cibler penseurs et essayistes. En six mois, il a réussi le tour de force de se mettre à dos quatre auteurs à très grands succès. Il a d'abord affirmé que le livre d'Eric Zemmour ne devait pas être lu. A expliqué que celui de Houellebecq le méritait peut-être. Avant de tomber sur Michel Onfray dans une démonstration embrouillée (Manuel Valls lui reprochait en substance de préférer avoir raison avec Alain de Benoist plutôt que tort avec BHL) puis sur Emmanuel Todd (qui n'en demandait pas tant), coupable, par les considérations abracadabrantesques que l'on peut lire dans son dernier essai Qui est Charlie? (Seuil), de désespérer le canal Saint-Martin. « Crétin ! », « Pétain ! » a reçu Manuel Valls en retour.

    Tout fout le camp ! La gauche avait déjà perdu le peuple, voilà les intellectuels qui la désertent. Ils y étaient pourtant plus chez eux qu'un banquier à la City, à tel point que l'on apposait naturellement, comme un poing sous une rose, les mots « de gauche » à celui d'« intellectuel ». Las ! Les images de philosophes à cheveux longs, belles gueules, clope au bec, dans un cortège de mains jaunes illustrent désormais les livres scolaires. SOS Racisme est une petite entreprise en difficulté, François Hollande, un Mitterrand de poche et la jeunesse de France, atomisée. La planète de l'intelligence s'éloigne chaque jour un peu plus de celle de la politique et, si le divorce n'a pas été prononcé solennellement, la séparation est un fait. « Où sont les intellectuels ? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter au créneau. Où est la gauche ? » a lancé Manuel Valls, en meeting dans la petite ville de Boisseuil, près de Limoges (Haute-Vienne). C'était le 5 mars, avant les départementales. Nul, sinon l'écho, n'a répondu à sa plainte.

    Sans s'en douter, le Premier ministre renvoyait à la première querelle, la plus profonde. Son discours reprenait, en effet, les mots de Max Gallo, alors porte-parole du gouvernement Mauroy, qui, en 1983, signait dans Le Monde une tribune sur « le silence des intellectuels ». 1983: c'était alors le tournant libéral et la première rupture. L'enjeu : l'autre politique et la sortie de la France du Système monétaire européen (SME). Après moult hésitations, Mitterrand avait choisi la ligne « orthodoxe ». « Sur l'Europe, 1983 fut pour les socialistes ce que 1992 fut pour les gaullistes », explique Eric Zemmour. Ce fut l'occasion d'un affrontement idéologique qui a creusé les premières tranchées. A gauche, les marxistes, mais aussi ce qu'on appellera beaucoup plus tard les souverainistes, les défenseurs de « l'Etat stratège », du modèle social, du soldat de Valmy, du prolo des usines que Renaud, pas encore passé de la mob au 4 x 4, chante avec talent. Pour eux, depuis 1983, «l e peuple est la victime émissaire des élus du marché libre » (Michel Onfray). A droite, les pragmatiques, et les membres de ce qu'Alain Minc appellera beaucoup plus tard « le cercle de la raison ». Ils sont progressistes, défenseurs de la construction européenne et de l'Alliance atlantique. En politique, c'est Jean-Pierre Chevènement contre Jacques Attali. Mitterrand apaisa ces courants contraires en faisant souffler « l'esprit du Bien ». Avec l'aide de Julien Dray, Bernard-Henri Lévy, Harlem Désir, il inventa l'antiracisme au moment même où il aidait le Front national à prendre son envol. La droite la plus bête du monde foncera tête baissée. Trente ans après, elle continue de tourner sans but dans l'arène. La gauche se grisera avec la lutte contre le FN pour oublier que sa pensée s'épuise. Au début, c'est caviar et champagne ! C'est nous qu'on est les penseurs ! L'intelligence, le talent, la culture, les paillettes sont de gauche. Le magistère intellectuel aussi. Le mécanisme énoncé par Régis Debray en 1979 dans Le Pouvoir intellectuel en France (Folio) - « Les médias commandent à l'édition, qui commande à l'université » - est parfaitement huilé. « Mitterrand était un homme complexe, cultivé, spontanément monarchique, se souvient Pascal Bruckner. Il y avait une cour autour de lui. »

    De Mitterrand à Hollande

    C'est « la République des bonnes blagues, des petits copains »

    Pascal Bruckner

    Près de trente ans après, un socialiste est toujours à l'Elysée, mais c'est « la République des bonnes blagues, dit Bruckner, des petits copains ». Quant à l'antiracisme, les bombes de l'islamisme conquérant l'ont désorienté. « C'est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre » (Finkielkraut). Le Président bichonne la société civile, mais les comédiens, les rappeurs (JoeyStarr), les comiques (Debbouze), les artistes passent avant les intellos. Bernard-Henri Lévy passe parfois en voisin, mais c'est pour prendre la défense des Ukrainiens, des peshmergas ou des chrétiens d'Orient. Régis Debray préfère dîner avec Eric Zemmour ou deviser avec son voisin de palier, Denis Tillinac. Pascal Bruckner, malgré les sarcasmes de ses amis qui moquent « un combat de droite », se rend à Erbil à la rencontre des chrétiens d'Irak. Alain Finkielkraut est élu à l'Académie française au fauteuil de Félicien Marceau. L'ancien mao Jean-Pierre Le Goff fustige avec un talent redoutable le « gauchisme culturel ». Jacques Julliard déplore le « néant spirituel et intellectuel contemporain ». Pierre Nora considère que « la crise identitaire que traverse la France (est) une des plus graves de son histoire ». Tous reconnaissent un divorce avec la gauche qui nous gouverne. Le communiste Alain Badiou voit-il sa prophétie prendre corps ? En 2007, il confiait au Monde: « Nous allons assister, ce à quoi j'aspire, à la mort de l'intellectuel de gauche, qui va sombrer en même temps que la gauche tout entière (…) (Sa) renaissance ne peut se faire que selon le partage : ou radicalisme politique de type nouveau, ou ralliement réactionnaire. Pas de milieu.» Le radicalisme politique de type nouveau pousse à la gauche de la gauche. Il regarde vers Syriza ou Podemos et dénonce, avec Jean-Claude Michéa, la complicité idéologique entre gauche et droite françaises « sous le rideau fumigène des seules questions “sociétales” ». Que reste-t-il pour le gouvernement ? Un quarteron de sociologues, le sourire de Jacques Attali et la mèche d'Aymeric Caron.

    « L'antiracisme est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre »

    Alain Finkielkraut

    Le 11 janvier n'est plus ce qu'il était

    Les intellos, François Hollande pense pourtant les connaître par cœur. Un déjeuner, quelques compliments, un shake-hand et le tour est joué. Le PS, c'est chez eux: ils reviendront à la maison à la première occasion. Le 11 janvier, le président de la République a cru à la grande réconciliation. « Il a vécu une lune de miel avec les intellectuels, raconte Pascal Bruckner. Et, très vite, la gauche est revenue à son péché originel : croire qu'elle est le sanctuaire inaliénable de l'intelligence et de la pensée. Hors les penseurs godillots, les intellectuels n'ont pas suivi et ceux qui ne suivent pas sont excommuniés.» L'esprit du 11 janvier a laissé la place à l'esprit de parti. Très vite, il ne s'agissait plus de combattre le terrorisme islamiste, mais le Front national et « l'islamophobie ». La défense de la liberté d'expression a laissé place à une surveillance du « dérapage », de l'amalgame, de la stigmatisation. Un détournement grossier qui a laissé des traces. « On invoque “l'esprit du 11 janvier”, tempêtait Jean-Pierre Le Goff dans FigaroVox, en même temps, le débat et la confrontation intellectuelle sont placés sous la surveillance d'associations communautaristes qui se sont faites les dépositaires de la morale publique.» Quand Laurent Joffrin célébrait le 11 janvier comme une épiphanie de la gauche morale, Alain Finkielkraut voyait naître « la division du monde politique, médiatique et intellectuel entre deux partis. Il y a d'un côté “le parti du sursaut” et “le parti de l'Autre”. La vision était prophétique. « L'antifascisme mondain » (Elisabeth Lévy) a volé en éclats et « le parti de l'Autre » a tombé le masque. Avec Edwy Plenel et Emmanuel Todd, il fait des musulmans d'aujourd'hui « les juifs des années 30 » et de la réaction des Français aux attentats la preuve de leur « islamophobie ». Après les avoir célébrées, s'en prendre aux foules du 11 janvier est devenu un must. La preuve d'«une fuite en avant dans la radicalité chic» (Finkielkraut). Sur l'autre versant de l'antiracisme, de Bernard-Henri Lévy en Philippe Val, on nomme l'ennemi prioritaire: « le drapeau noir du califat ».

    La vérité est que la folie djihadiste a mis au jour une ligne de fracture très profonde et que l'on ne peut plus enfouir : celle de l'identité ainsi qu'une question obsédante: « Qu'est-ce qu'être Français ? » L'universitaire Laurent Bouvet se souvient d'un colloque organisé en 2011, par le PS, sur le sujet. Il avait défendu l'idée d'une angoisse identitaire qui traversait le pays et développé la notion d'« insécurité culturelle ». Il fut considéré, au mieux comme un zozo, au pire comme un allié objectif de Marine Le Pen.

    Impuissante à y répondre, sourde à ces paniques, oscillant sans choisir entre le parti de « l'Autre» et celui du «sursaut », dépourvue de marges de manœuvre économiques, la gauche Hollande, pour combler son vide idéologique, est en proie à une véritable frénésie sociétale. Le mariage, la filiation, le genre, l'IVG, la fin de vie : il faut légiférer sur tous les aspects de l'existence, de la conception jusqu'à la mort naturelle. Là encore, tous les intellos ne suivent pas. « Ils veulent changer la condition humaine », s'est exclamé Claude Lanzmann dans Le Figaro. Onfray signe avec José Bové et Sylviane Agacinski une tribune dans Libé contre la GPA. Dans Le Figaro, il qualifie Pierre Bergé, favorable à cette pratique, de « Berlusconi, la vulgarité en plus ». « Le mariage pour tous, comme la réforme du collège, devait être pour leurs promoteurs une simple mesure d'ajustement à la société d'aujourd'hui, explique l'historien Pierre Nora. Ils ont tout, pour leurs détracteurs, d'un ébranlement social profond.»

    Le collège ! Le dernier champ de bataille entre les intellos et le gouvernement. Les premiers reprochent un nivellement par le bas, les seconds veulent libérer l'élève de son ennui. « La civilisation, ça n'est pas le Nutella, c'est l'effort », a lancé Régis Debray comme un cri de ralliement. Alain Finkielkraut reconnaît avec ses pairs que droite et gauche sont pareillement coupables dans l'effondrement de l'école. Il s'inquiète cependant des déclarations martiales de Najat Vallaud-Belkacem: « L'école était une promesse, elle est devenue une menace, explique-t-il. A l'insécurité culturelle, le gouvernement ajoute une insécurité scolaire, indiquant aux parents qui veulent le meilleur pour leurs enfants qu'ils sont pris au piège et que les “resquilleurs de mixité” seront punis. Leur attitude de plus en plus compassionnelle est aussi de plus en plus totalitaire.»

    L'inculture pour tous

    « Les intellectuels peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée ­binaire feront toujours plus d'audience que la nuance »

    Pierre Nora

    Pour Pierre Nora, au-delà même des idées, cette rupture était inéluctable. « Les politiques se méfient des intellectuels, reconnaît-il. Ils ont en tête leurs fourvoiements d'autrefois et leur reprochent d'être déconnectés de la réalité du terrain, de la complexité des dossiers. Ils ne pèsent rien dans les formations politiques, pas plus que dans les élections.» Mais, à l'entendre, la clé est ailleurs. « Les intellectuels, poursuit-il, peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée binaire feront toujours plus d'audience que la nuance, où animateurs et politiques se mettront le plus souvent d'accord pour considérer “le penseur” comme un coupeur de cheveux en quatre.»

    Comment réfléchir dans la perspective étroite et desséchante de la conquête du pouvoir? Comment méditer sur les fractures françaises quand vous êtes attendu sur une radio à 8 heures, une télé d'information continue deux heures plus tard, à un déjeuner avec des journalistes avant de vous rendre à l'Assemblée et à un colloque le soir dans un lycée de lointaine banlieue sur « le vivre-ensemble » ? Le tout en ayant échangé une centaine de textos ?

    Dans l'agenda d'une politique, la vie intellectuelle est un encombrant.

    Nous sommes au début des années 2000. Le PS a pris des bonnes résolutions. Il reçoit tour à tour les grandes figures de la pensée. Ce matin, c'est Marcel Gauchet qui planche. Le thème: « La sortie du religieux ». Une quinzaine d'auditeurs sont présents avec, au premier rang, le premier secrétaire du parti, François Hollande. A peine l'orateur a-t-il commencé que le député de Corrèze commence à compulser un dossier qu'il lit avec attention page par page. Au milieu de la communication, son attachée de presse apporte, l'air affairé, un autre dossier. Tandis que Gauchet poursuit son propos, Hollande se plonge un peu plus dans ses papiers. Une fois la conférence terminée, il oublie ses dossiers sur la table. Que contenaient-ils? Des dépêches politiques du fil AFP !

    Pour Jean-Pierre Le Goff, cette inculture est de plus en plus rédhibitoire : « Une élite ? Des gens qui, par un certain nombre de conditions, sont arrivés au pouvoir. Mais ils sont totalement incultes. Dénués des oripeaux du pouvoir, ils ne sont plus rien. » « Ceux qui affirment, sans gêne, que l'on critique sans avoir étudié, que lisent-ils ? », interroge Alain Finkielkraut. Ce qu'un ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand résume en ces termes: « Les ministres d'aujourd'hui ont le niveau des attachés parlementaires des années 80.» Cette inculture, cependant, n'est pas l'apanage de la gauche. Et la droite s'illusionne si elle pense adopter ces orphelins. « Mon parti n'existe pas », confie Alain Finkielkraut. Bruckner, lui non plus, n'a pas de port d'attache. Le Goff anime le groupe Politique autrement. Régis Debray ou Michel Onfray se situent désormais en surplomb de ce qu'ils considèrent comme un divertissement de masse. Ce qui les relie les uns aux autres ? Quelques mots d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.» D'autres de Pierre Manent : « Je veux comprendre, ou plutôt je désire comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui est.» Et le premier des droits de l'intelligence, plus menacé que jamais. Celui qui consiste, tout simplement, à appeler un chat, un chat. 

    Vincent Tremolet de Villers  - Figarovox   

     

  • Jack Lang, de nouveau ... Et si le diable se faisait ermite ? Faut-il le croire ? Question ouverte ...

     

    Substantiellement et sans préjuger de ce qu'on en fera, cette « Fête de la fierté française » n'est pas une mauvaise idée. D'ailleurs, curieusement (!) les médias n'ont pas beaucoup repris le thème... 

    Source : commentaire de Pierre Builly - Lafautearousseau - Lundi 18 mai 2015 11h07

  • Eric Zemmour à Politique magazine : « Reconquérir la société par la culture » par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    Politique magazine l’avait écrit dès sa parution : parce qu’il permet de comprendre comment la France en est arrivée à se renier elle-même, Le Suicide français d’Eric Zemmour est un livre capital. Pour l’écrivain, c’est par la culture que notre société a été contaminée par l’idéologie qui détruit notre pays. C’est par la culture qu’il faut la reconquérir. 

    Pourquoi choisir un titre aussi provoquant que « Le suicide français » ?

    L’aspect éditorial a bien sûr compté, mais le but était avant tout de frapper un grand coup, dès la couverture, pour alerter sur l’imminence de la catastrophe : la disparition pure et simple du peuple français et de sa civilisation tels qu’ils existent depuis des siècles. On peut toujours ergoter pour savoir s’il s’agit d’un suicide, d’un meurtre ou que sais-je encore… Il n’empêche que nous sommes collectivement fascinés par notre propre disparition et que nous cédons volontiers à cette pulsion mortifère. Il s’agit donc bien d’une sorte de suicide. Ou, si l’on veut, d’un suicide assisté.

    Qui en est le responsable ?

    Le responsable, c’est le projet subversif de ceux qui contraignent notre pays à ingurgiter des valeurs et des mœurs aux antipodes de ce qu’il a édifié au fil des siècles. C’est un totalitarisme d’un genre nouveau qui, en particulier à travers les médias, impose ses conceptions et guide les consciences, interdisant de fait toute pensée autonome. C’est la haine des élites politiques, économiques, médiatiques, héritières de Mai 68, envers le peuple français et son histoire. Et ce sont les Français eux-mêmes qui ont assimilé cette haine et, par une sorte de masochisme, l’ont retournée contre eux.

    Comment expliquez-vous alors le succès phénoménal de votre livre ?

    Quand les Français sortent de chez eux, ils ont l’impression d’avoir changé de continent ! Le voile se déchire… Nos compatriotes ne se sentent plus chez eux et il est interdit de le dire. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que nous avons affaire à un système qui évacue le réel. Dans mes écrits, j’essaie modestement de le remettre au centre du débat public, ce qui, évidemment, suscite la colère de ceux qui n’ont de cesse de l’ostraciser.

    Justement. Vos détracteurs vous reprochent des analyses manichéennes et réactionnaires. Que leur répondez-vous ?

    Généralement, ceux qui me reprochent ma vision « manichéenne » comme vous dites, sont les mêmes qui traitent mon livre de manière caricaturale. Livre que, d’ailleurs, souvent ils n’ont pas lu, ou alors très vite et très mal. Mais on accuse toujours les autres de ses propres turpitudes, c’est une loi de la psychologie… Quant au terme « réactionnaire », comme celui de « populiste », je l’assume pleinement. D’abord parce que, revendiquant mon droit à réagir, j’en suis un au sens propre. Ensuite, parce qu’en effet j’aime le passé, j’aime l’histoire et en particulier l’histoire de France, de laquelle nous aurions des leçons à tirer pour surmonter la crise actuelle qui menace de nous emporter. Tous les renouveaux se sont fondés sur des expériences du passé. Dans un de ses textes, le général De Gaulle en appelle à la tradition pour, je cite, « régénérer le pays ». Or, depuis quarante ans, par un mélange d’inconscience et d’arrogance, on s’ingénie à détruire notre mémoire nationale, ce qui est une catastrophe à tous les niveaux. Je ne défends évidemment pas une conception étriquée de la tradition, mais l’arrachement à nos racines comme condition du progrès humain est une idée fausse et dangereuse… Comme l’explique Jean-Claude Michéa, la liberté, telle que nous la concevons depuis le XVIIIe siècle, naît de la confrontation entre la tradition et l’individualisme. Or, Mai 68 a tué cette dialectique puisqu’il a détruit toute référence au passé : de ce fait, l’individu a été laissé à lui-même, à ses caprices, à son hubris.

    Dans votre livre, vous expliquez que ce qui a sauvé les soixante-huitards, c’est qu’ils ont échoué à prendre le pouvoir. Que voulez-vous dire par là ?

    Cette explication est tirée d’une discussion entre Alain Peyrefitte et Georges Pompidou rapportée dans Le Mal français, le livre de Peyrefitte. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le libéral, le progressiste, le moderne, ce n’est pas Pompidou, c’est Peyrefitte. Son action à l’Éducation nationale est une catastrophe ! En 1968, De Gaulle, qui ne comprend pas ce qui est en train de se passer, le pousse sur le devant de la scène en pensant qu’il va sauver les meubles. Mais c’est le contraire qui se passe. Pompidou, qui est le vrai conservateur, a tout compris. Il sera d’ailleurs furieux contre Chaban-Delmas et son discours de politique générale sur la « nouvelle société » où, remarque-t-il, pas une seule fois ne figure le mot « Etat ». De fait, Premier ministre en 1969, juste après les événements de mai, Chaban fait entrer l’esprit soixante-huitard dans les institutions gaulliennes. Esprit qui va, dès lors, se diffuser dans la société, comme le ver dans le fruit. 

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    Daniel Cohn-Bendit. Les soixante-huitards et leur entreprise de destruction des moindres rouages qui avaient édifié la France…

    En fait, essentiellement, sous l’argument culturel ?

    Oui, c’est par la culture, d’abord par la culture savante avec ce que les Américains appellent la french theory, puis par la culture populaire, que ces idées se sont diffusées. Dans mon livre, j’analyse un certain nombre de films et de chansons représentatifs de cette idéologie qui va progressivement subvertir la société traditionnelle d’avant les années 70. Ce fut d’autant plus efficace que la plupart des artistes de l’époque avaient un talent formidable. La violence comique d’un Coluche frise le génie ! Pas un seul des « humoristes » d’aujourd’hui – qui se contentent sagement d’être des chiens de garde de l’idéologie dominante – n’arrive à la cheville de ce pur produit de l’esprit de 68 qui fut sans doute l’un des plus grands « déconstructeurs » de la seconde moitié du XXe siècle. Ironie de l’histoire : si ces artistes avaient un tel talent, s’ils l’ont fait fructifier, c’est qu’ils ont bénéficié de l’excellente formation classique qu’ils ont contribué à détruire. De même avaient-ils eu un père à qui se confronter pour devenir des hommes. Mai 68 a tué la figure du père. Le féminisme en a fait une mère comme une autre.

    On a parfois l’impression que cette idéologie que vous décrivez est en fait une sorte de religion qui a pénétré toutes les couches de la société jusqu’au plus haut sommet de l’Etat…

    Absolument ! On a affaire à une nouvelle religion d’état prêchée par des grands-prêtres qui catéchisent, sermonnent, excommunient… Sous couvert de « valeurs de la République », nos élites nous imposent une religion républicaine – le progressisme, le féminisme, l’antiracisme – qui est précisément l’anti-république puisqu’elle est tout sauf la « chose publique » mais une idéologie. Leur idéologie.

    N’est-ce pas, au moins en France, une dérive inhérente au régime républicain, cette sacralisation du politique ?

    C’est une question compliquée mais vous avez sans doute raison de penser que cette tendance est inscrite dès l’origine dans les gènes de la République. Michelet parlait de Robespierre et des Montagnards comme du « parti-prêtre ». Nous sommes un peuple de dogmatiques… Moi, je suis pour la révolution arrêtée par Bonaparte, celle qui, comme il le disait lui-même, s’arrête aux principes qui l’ont commencée : l’égalité et le mérite. Rien de plus, rien de moins ! Cela dit, je comprends la critique contre-révolutionnaire. Quand il relève les contradictions des principes de la Révolution et de la philosophie des Lumières, Joseph de Maistre a souvent raison sur le plan intellectuel. Vous voyez, je n’ai rien contre les monarchistes. Mais il faut assumer son héritage et savoir en conserver le meilleur. Et, je le répète, le meilleur de la Révolution française, c’est la fin des privilèges liés à la naissance. C’est le mérite.

    On sait que vous êtes un admirateur de Napoléon…

    Dans Mélancolie française, mon précédent livre, je soutiens, à rebours de l’historiographie autorisée, que Napoléon a porté au plus haut l’ambition poursuivi pendant quinze siècles par la monarchie française d’être reconnue comme l’héritière de Rome. Ce rêve de la monarchie de succéder à l’Empire romain, Napoléon l’a accompli même si l’aventure s’est terminée par un désastre. Cette thèse permet de comprendre pourquoi l’échec final de 1815 est une rupture profonde de l’histoire de France. A partir de cette date, elle ne peut plus dominer l’Europe. Elle n’est plus un géant et elle le sait. Par une sorte d’effet de compensation, ses élites cherchent depuis des modèles et des maîtres à l’étranger : ce fut l’Angleterre, puis l’Allemagne et l’Amérique, enfin l’URSS et maintenant l’Europe, mais l’Europe allemande…

    Revenons-en à l’actualité. Des critiques extrêmement virulentes contre les socialistes au pouvoir et le politiquement correct de la société médiatique proviennent d’intellectuels classés à gauche (Michel Onfray, Jean-Claude Michéa, Régis Debray, Christophe Guilluy…). Pour vous, qu’est-ce que cela signifie sur le plan du climat intellectuel et idéologique français ?

    J’écris depuis vingt ans que le clivage entre la droite et la gauche n’a plus aucun sens ! En voilà la preuve. Je vous renvoie à la remarquable formule d’un autre intellectuel venu de la gauche, Alain Finkielkraut, sur l’alternative entre « le parti du sursaut et le parti de l’autre ». Nous avons le choix entre « l’autre », c’est-à-dire celui qu’on aime jusqu’à la haine de soi, et le « sursaut », autrement dit le refus de disparaître, collectivement en tant que peuple, mais aussi personnellement comme individu libre. Un philosophe comme Michel Onfray, qui a beaucoup lu et beaucoup travaillé, est en train de choisir. Venu du camp autoproclamé « progressiste », il n’en est pas moins dans le collimateur du « parti de l’autre » parce qu’il a compris que sa liberté individuelle – en tant que citoyen mais aussi en tant que penseur et intellectuel – est en jeu.

    Le Front national peut-il être l’instrument de cette nécessaire réaction ?

    Il m’est difficile de répondre à cette question. Le FN fait de la politique politicienne, ce qui est son rôle mais ce n’est pas mon combat. à mon avis, le nerf de la guerre c’est de reconquérir culturellement la société sur les thèmes que j’ai définis dans mon livre. La réaction politique et électorale ne pourra aboutir qu’après. Quand la société sera prête à l’accueillir. Et on ne sait pas encore quelle forme partisane elle prendra. 

    A lire : Le suicide français, Albin Michel, 544 p., 22,90 euros.

       Politique magazine

  • La bonne nouvelle, par Hilaire de Crémiers *

    La France, certes, s’enfonce dans un marasme profond où le pire peut advenir, mais de  nombreux signes – et déjà ceux des rassemblements de la Manif pour tous – montrent que tous les redressements sont possibles.

    Tout va mal, en France, et de plus en plus mal. Chaque jour apporte sa mauvaise nouvelle, son lot de licenciements, de déconfitures économiques, son paquet d’annonces catastrophiques, sa quantité de chiffres de plus en plus épouvantables sur la situation financière et budgétaire, sur les déficits structurels qui affectent tous les comptes publics, plus gravement sur le chômage qui frappe plus de 5 millions de personnes et devenu comme irrémédiable, sur l’immigration que plus personne ne contrôle et qui coûte des sommes incalculables.

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  • Quand Philippe de Villiers, une fois de plus, parle d'or...

    A la suite de l'article de Louis-Joseph Delanglade de mardi dernier (11 novembre), Jean-Louis Faure nous envoie les quelques citations suivantes, tirées de l'entretien de Philippe de Villiers, invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC le 13 novembre :

     

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    * "Longtemps j'ai été un lanceur d'alerte sur le mondialisme, l'islamisme... mais aujourd'hui j'ai un dégoût de la politique, de ce cercle de connivences".

    * "L'exemple vient d'en haut et tout le monde les regarde. Quel discrédit sur l'autorité qui contamine toute la société".

    * "Tous ces politiciens ont largué la France, ils ne sont plus que les livreurs de décisions prises à Bruxelles".

    * "J'échange Hollande et Sarkozy contre Poutine". "C'est un homme d'Etat, un patriote qui défend le bien commun de son pays".

    * "je vais vous donner un scoop. Chaque jour l'ambassadeur français aux Etats-Unis reçoit un appel du Département d'Etat (Ministère des Affaires étrangères US) pour ne pas livrer les Mistral".

  • Christophe Guilluy, l’impertinent auteur de La France périphérique ♦ Par Bruno Stéphane-Chambon

    Guilluy

     

    Le prix des Impertinents 2014 a été remis, le 3 novembre 2014, à Christophe Guilluy pour son livre La France périphérique, paru aux éditions Flammarion. Selon les organisateurs, « le jury a tenu à distinguer le travail de ce géographie indépendant, homme de gauche mais esprit inclassable, qui ose, comme il l’avait fait dans son essai Fractures françaises (Bourin, 2010), mettre le doigt là où les plaies de la société française font mal » .

    On peut trouver, dans différents dictionnaires, les définitions de l’impertinent ou les synonymes de ce vocable utilisé comme nom ou comme adjectif.

    Or, il s’avère que les synonymes sont éloquents mais souvent péjoratifs : arrogant, blessant, culotté, désinvolte, effronté, impoli, insolent, irrévérencieux, outrecuidant, sans-gêne, discourtois, irrespectueux et grossier. Mais il y a aussi d’autres traductions comme audacieux et hardi !

    Nous nous permettrons donc de proposer la définition suivante : « un impertinent est une personne audacieuse et hardie qui utilise l’humour et un ton désinvolte, parfois irrespectueux, pour mettre le doigt sur une blessure que la doxa tente de cacher. » En cela le Prix des Impertinents est bien une récompense pour un essai « s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique. »

    Le premier prix des Impertinents a été décerné en 2009 à Claire Brière-Blanchet pour son ouvrage Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, parcours militant d’une ancienne gauchiste. En 2010 ce fut au tour de Michèle Tribalat, pour un livre sur l’immigration intitulé Les Yeux grands fermés. En 2011, Richard Millet triomphe avec son essai Fatigue du sens. L’inénarrable Denis Tillinac reçoit le Prix en 2012 pour ses Considérations Inactuelles, écrites avec sa faconde habituelle et, en 2013, Shmuel Trigano est le lauréat avec La nouvelle idéologie dominante. Un titre qui qualifie bien l’essence même de ce concours, destiné à pourfendre les cuistres qui veulent gouverner sans partage le monde des Lettres et des Idées.

    On retiendra qu’aucune influence de la part des éditeurs n’est à relever et que le critère de l’impertinence dépasse largement les clivages politiques. En cela le Prix des Impertinents n’est pas réservé à une clique ou un parti, mais plutôt à des plumes élégantes, armées d’épées acérées et courageuses. Présidé Jean Sévillia, il réunit les écrivains, essayistes et journalistes, Christian Authier, Jean-Marc Bastière, Bruno de Cessole, Jean Clair, de l’Académie française, Gabrielle Cluzel, Louis Daufresne, Chantal Delsol, de l’Institut, Paul-François Paoli, Rémi Soulié (secrétaire général du jury), François Taillandier et… Éric Zemmour !

    C’est au restaurant Montparnasse 1900, place conviviale et réputée, que le jury se réunit chaque automne*. Cette année, sans trahir la confidentialité des propos qui se sont tenus, nous pouvons seulement révéler que la lutte fut rude, chaque candidat retenu ayant ses partisans.

    Trois gladiateurs étaient en lice. Le jeune philosophe François-Xavier Bellamy, avec son essai sur la transmission du savoir : Les Déshérités. Denis Moreau, grand lecteur de l’Évangile et professeur de philosophie à l’Université de Nantes concourrait lui aussi avec un essai : Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations. Il y analyse la longue dérive de la vie du couple qui se défait et propose de revenir à un mariage non comme un devoir ou vieille institution, mais comme un accès à la plénitude de la vie. Enfin, Christophe Guilluy (voir ci-dessous), qui a publié La France périphérique.

    Ce fut le troisième Horace qui fut vainqueur.  ♦

    Un mot sur le lauréat

    Christophe Guilluy, âgé d’une cinquantaine d’années, est diplômé de géographie urbaine de l’université de Paris I. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle géographie sociale, en prenant en compte la fracture sociale et politique de notre pays qui se traduit par une nouvelle répartition de l’habitat. Les nouvelles classes populaires, les retraités sans grande ressources se retrouvent confinés dans les périphéries des grandes, moyennes et petites villes, parfois dans des espaces ruraux. Ils représentent plus de 60 % de la population à vivre dans cette « France périphérique ». Cette France invisible vit à l’écart des centres des villes où bourgeoisie, hauts fonctionnaires, agents et directeurs d’opinion eux, résident.
    Ces habitants des zones périurbaines sont les premières victimes du chômage et des tensions entre les communautés. Vivant de façon précaire, ils se sentant abandonnés par des élites qui semblent ignorer l’insécurité, l’ouverture des frontières aux marchandises et à l’immigration. Naturellement taxé de populisme par certains nantis, dont le fond de commerce est l’anti racisme et la glorification du mondialisme, Christophe Guilluy, praticien renommé, nous livre un diagnostic imparable et demande une opération chirurgicale sérieuse qui sera, certes, douloureuse.

    Il faut ajouter que, si l’auteur est connu pour ses positions progressistes, il reste sans concessions face au lobby socialiste… et ne semble pas être très apprécié du think-tank Terra Nova. Bienvenu, donc, à ce nouveau mousquetaire, venant d’autres horizons. Le Prix des Impertinents est bien une récompense qui relève de l’universel des lucides.

    La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, de Christophe Guilluy, Flammarion – Documents Sciences Humaines, 192 p., 18 €

    A lire aussi :

    Les déshérités de François-Xavier Bellamy, Plon, 240 p., 17 €

    Pour la vie ? : Court traité du mariage et des séparations de Denis Moreau, édition du Seuil, 256 p., 17 €


    * Restaurant Montparnasse 1900
    59, boulevard du Montparnasse, Paris 6ème
    Tél : 01 45 49 19 00
    restaurant@montparnasse-1900.com
    Ouvert 7/7 j, de midi à 15h et de 19h à minuit.
    Terrasse et salons privatifs. Spécialités de Viandes
    Restaurant créé en 1858, ayant appartenu par la suite à Édouard Chartier.
    Somptueux décor de type Art Nouveau de la Belle Époque
    Inscrit aux répertoires des Monuments Historiques le 16 juillet 1984.

     

    Source : Politique magazine -  

  • Et si nous étions en guerre économique ? par François Reloujac

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    Un Gouvernement qui renonce à la politique de la demande pour une politique de l’offre, une banque centrale qui troque un euro fort contre des « mesures non conventionnelles », un patronat déboussolé, une majorité politique qui se délite, des travailleurs en grève : le pays est en danger. Mais ne serait-ce pas la conséquence d’une véritable guerre économique ? 

    Malgré son attitude volontariste et son air martial, le Premier ministre ne l’avoue pas. Le seul slogan qu’il répète à son tour, comme tous ses prédécesseurs avant lui depuis plus de quarante ans, est : « il faut réformer ! » Mais de changements en réformes, d’alternance en volte-face politiques, le pays continue à s’enfoncer dans la crise sans que personne n’ose vraiment regarder la vérité en face. Faute de désigner clairement la cause des difficultés et faute d’adopter une stratégie cohérente et clairement définie pour y remédier, la situation se dégrade chaque jour un peu plus et l’unité nationale se trouve mise à mal tandis que le moral des populations flanche. Le président Mitterrand disait, il y a quelques années, qu’en matière de chômage « on avait tout essayé ». Depuis, de nouvelles mesures ont encore été imaginées et, pourtant, aucune amélioration sérieuse n’a jamais été enregistrée. Le point commun aux divers gouvernements, de droite ou de gauche, qui se sont succédé, est de n’avoir jamais conduit la politique économique du pays comme si la France était en guerre. Tous ont célébré à l’envi une paix universelle et éternelle, mettant en avant une harmonie de façade sans chercher à réduire les misères qu’elle cachait.

     

    Quel est le terrain ? 

    Quels sont les combattants ?

     

    Dans une guerre économique, le terrain sur lequel se livrent les combats est constitué par « les marchés ». C’est là que certains s’enrichissent alors que d’autres se ruinent ; c’est là que s’exercent désormais les pouvoirs. Sur ce terrain, les combattants sont les agents économiques. L’offensive est menée par les entreprises qui produisent les biens et services qui permettent de gagner des parts de marché tandis que la défense est assurée par les consommateurs, qui peuvent orienter leurs achats. S’ils achètent d’abord des produits nationaux, ils soutiennent leurs entreprises, et, par là-même, le niveau national de l’emploi. S’ils achètent d’abord des biens et services venant de « l’ennemi », ils affaiblissent les entreprises nationales, la richesse du pays et le niveau national de l’emploi. Ils renforcent les producteurs étrangers. Sur ce terrain – les marchés –, les entreprises multinationales apparaissent comme des mercenaires qui peuvent aussi bien prêter leur concours au pays dans lesquels elles opèrent que jouer le rôle de cinquième colonne au profit d’une autre puissance. Elles peuvent aussi se conduire en véritables « routiers » quand elles n’ont d’autre objectif que de se servir elles-mêmes sur le pays pour leur propre profit.   

     

    Quelles sont les armes ?

     

    Les armes utilisées sont les biens et services produits et la monnaie qui sert à les acquérir ainsi que les normes techniques qui permettent de privilégier telle production ou telle consommation plutôt que telle autre. Dans la mesure où la monnaie est surévaluée par rapport à celle des pays concurrents, elle permet d’acquérir le capital des entreprises de ces pays et, donc, de payer des « mercenaires ». Mais elle risque aussi de rendre particulièrement onéreuses les matières premières dont on a besoin pour forger des « armes » nouvelles. à l’inverse, une monnaie faible incite les consommateurs à acquérir des biens et services provenant de l’étranger et, donc, à favoriser le développement sur le terrain des troupes ennemies. Les pouvoirs publics pourraient lutter contre ces débordements par l’instauration de barrières douanières, mais ces remparts ne sont pas plus en honneur aujourd’hui que la ligne Maginot hier, par l’imposition de normes – sanitaires ou techniques – particulières comme le font si bien les Américains, par une fiscalité indirecte appropriée (augmentation de la TVA) ou par un dumping social, apanage des pays les moins développés. En effet, toutes ces mesures favorisent les exportations, c’est-à-dire la conquête de marchés étrangers et dissuadent les importations, c’est-à-dire protègent le marché intérieur. Dans le cadre d’une telle guerre économique, la croissance permet plus de mesurer l’augmentation de la production des munitions que l’accroissement du bien-être des populations.   

     

    Quelle stratégie développer ?

     

    Lorsque l’on privilégie une « politique de la demande » dans le cadre d’une guerre économique, on se place délibérément dans le cadre d’une stratégie défensive. Mais, dans ce cas, il ne faut pas, sur le plan monétaire, conduire une politique du « franc fort », ou aujourd’hui de l’« euro fort », car on incite alors les consommateurs à acheter des produits provenant de l’étranger et l’on ruine automatiquement les avantages que l’on serait en droit d’attendre d’un accroissement de la demande intérieure. Si, pour soutenir cette demande, on a de plus recours au crédit, on ne fait que s’affaiblir un peu plus sur un autre front, car on est obligé de soutenir la valeur de la monnaie par un endettement public plus important. Cela correspond en fait à une perte d’indépendance – une défaite – sur les marchés financiers. Lorsque, à l’inverse, on pratique une « politique de l’offre », c’est parce que l’on attend des entreprises nationales qu’elles gagnent des parts de marché au-delà des frontières : on applique alors une stratégie offensive. Pour qu’une « politique de l’offre » ne soit pas agressive, il faudrait qu’elle ait pour but de favoriser essentiellement la recherche et le développement, ce qui permettrait de créer de nouveaux marchés et non pas simplement de rapatrier sur le sol national la production de biens et services consommés dans le pays. Mais une politique non agressive en la matière suppose beaucoup de courage et de patience ; elle ne peut porter de fruits qu’à long terme.

     

    Dans le cadre d’une telle analyse, il reste une question primordiale : qui est l’ennemi ? Personne ne peut se battre en permanence contre tout le monde. Il faut savoir trouver des alliés et désigner clairement l’adversaire. Lorsque l’on met en commun des structures ou des politiques, encore faut-il être sûrs que les intérêts des uns et des autres sont bien liés. Si les intérêts des uns ne coïncident pas avec ceux des autres, la structure commune pourra être utilisée par l’un des protagonistes pour dominer ses partenaires. Enfin, un pays ne peut-il pas être tenté par la stratégie d’Horace pour défaire les Curiace ? Il commence par envahir le marché voisin qui semble le moins bien défendu afin d’accroître sa puissance économique. Puis, fort de son succès, il s’attaque à un adversaire plus véloce ou plus agile. En l’occurrence un marché plus important.

     

    Bien entendu, une telle analyse n’est que pure fiction.  u

     

    Source : Politique magazine

     

  • Après l'émotion, il faudra bien prendre conscience de la situation de guerre où nous sommes entrés, sans-doute pour longtemps

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    Il était bien prévisible que l'otage français capturé en Algérie par les islamistes ne tarderait pas à être exécuté. Il a fallu que ce soit chose faite, dans les horribles conditions que l'on sait, que l'on a vues, pour que l'émotion s'empare, fortement cette fois-ci, de l'opinion française et de ceux qui la font. L'onde de choc de telles images et de telles émotions peut s'étendre loin dans l'espace (en Europe notamment), dans le temps (le renouvellement de tels actes est évidemment à prévoir), et dans l'ordre des conséquences : politiques, militaires, sociales et idéologiques. 

    Dans cette situation, le rappel des responsabilités des uns et des autres serait vain si l'on n'en tirait aucunes conséquences idéologiques et politiques. Ces dernières devraient aller de soi.

    Sur le plan extérieur, sans remonter trop loin dans l'histoire récente, il est clair que les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, à quoi s'ajoute l'initiative stupide de la France en Libye, ont bouleversé le toujours fragile équilibre proche-oriental et y ont libéré les forces - et les armes - qui nous frappent aujourd'hui. Sans-doute pour longtemps. Savait-on, à Washington et à Paris ce que l'on risquait en touchant, sans autre projet politique sérieux que d'y installer des démocraties paisibles, au monde arabe ? Les avertissements n'avaient pas manqué. Ils étaient justifiés. Mener sa politique, sans suivre aveuglément les Etats-Unis (comme elle l'a fait en 2003, où elle s'est abstenue de participer à la deuxième guerre d'Irak), en éliminer l'idéologie et le moralisme qui la corrompent trop souvent, soutenir, partout où cela sera possible, les hommes et les régimes qui constituent ou pourront reconstituer des zones d'ordre qui ne nous menacent pas, en somme, mener une politique réaliste et non une politique de principes, voilà qui devrait s'imposer à la France. Saura-t-elle opérer cette rupture ? Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de frapper, elle aussi, affaiblir, détruire autant qu'il sera possible, les forces en guerre contre nous, libérées par nos propres inconséquences. Il est probable que nous venons d'entrer dans une période de guerre de longue haleine. Guerre de trente ans, guerre de cent ans ? En tout cas, ce genre de guerre - dite, aujourd'hui, asymétrique - dont il n'est pas possible d'entrevoir le terme ...   

    La menace intérieure est l'autre face de ce conflit, en lien et synergie avec la précédente. Elle est majeure. Le consentement de la France à une immigration massive en provenance des pays d'Islam en est l'élément principal. Certes, comme on nous en rebat suffisamment les oreilles, les immigrés de religion ou de culture musulmane ne doivent pas, individuellement, et même collectivement, être suspectés de terrorisme. La plupart souffrent de la situation actuelle. Ces considérations n'empêchent pas que les politiques d'immigration menées en France ces quarante dernières années, aboutissant à la présence sur notre sol de dix à douze millions d'immigrés de religion ou de culture musulmane, sont directement responsables du climat d'insécurité, de la crise d'identité, et, pour une part non négligeable, des difficultés économiques, qui ont conduit à la démoralisation des Français. Le parti immigrationniste (en fait, ce que nous appelons le Système) - politiques, intellectuels, journalistes, syndicalistes (y compris le patronat), monde de l'Education, nébuleuse des associations, églises, jusqu’au plus haut niveau - ont, à quelques courageuses exceptions près, imposé leur loi politique et morale à la France. Leur responsabilité est terrible. Aujourd'hui s'ajoute au malaise identitaire, la menace terroriste intérieure. Concrète et terrifiante. Issue qu'on le veuille ou non - très minoritaire, il est vrai, mais fanatique, résolue à toutes les extrémités et en lien avec le jihadisme international - de la communauté immigrée. Une politique de l'immigration en rupture radicale avec celle suivie jusqu'à présent, devrait donc s'imposer. Ce n'est pas le lieu d'en décrire le détail. Mais nous devrions y revenir prochainement.

    Quelles seront les suites politiques, idéologiques, électorales, européennes, militaires, du choc - pour l'instant surtout émotionnel - que la France vient de connaître ? Entraînera-il une réaction déterminante, ou sera-t-il récupéré, canalisé par la conjonction des idéologues et des bonnes consciences ? Amplifiera-t-il les réactions qui commencent à poindre aussi, en Europe, comme Louis-Joseph Delanglade l'a indiqué, ici, avant-hier ? Permettra-t-il, comme le suggérait un commentaire reçu, hier, dans notre blog, de "crever l'abcès en liquidant toute cette menace mise à jour une bonne fois" ? L'on peut en douter. Il n'est pas non plus interdit de l'espérer.  u

     

    Lafautearousseau

     

  • Alain Finkielkraut a imaginé le discours de démission de François Hollande ... Ce n'est pas une défense du Président mais une charge contre la stupidité de notre société

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    Si j’étais François Hollande, j’irais, dans les tout prochains jours, au journal télévisé de 20 heures et je prononcerais, après les premières notes de la Marseillaise, l’allocution suivante : 

    « Mes chers compatriotes,

    Il est vrai que vous en apprenez de belles sur mon compte. Non seulement, je maltraite les femmes mais je hais les pauvres. Ils me dégoûtent. Je les appelle même les "sans-dents" en pouffant de rire à ma bonne petite blague. Vous croyez vraiment à ça ? Et êtes-vous restés adolescents au point de considérer que la classe politique se divise entre ceux qui aiment les pauvres et ceux qui veulent les empêcher d’aller chez le dentiste par tous les moyens ? Et comment prouver son amour des pauvres sinon en prenant la pose ? La pose du nouveau pape faisant monter les petits enfants dans sa papamobile. La pose de l’homme politique qui va dans les "quartiers" pour montrer qu’il est solidaire de ses habitants et qu’il souffre avec eux. L’amour en politique, c’est l’image de l’amour, et l’image ne doit pas tenir lieu d’action. Certes, celui qui exerce le pouvoir se doit à son prochain comme tout un chacun, mais il a affaire à la pluralité humaine, et donc la question ne cesse de se poser : qui, dans ce cas précis, est mon prochain ? Il ne vit pas dans un monde d’effusions, mais dans un monde de problèmes et de dilemmes, parfois tragiques, parfois inextricables. Est-ce tendre la main aux jeunes gens issus de milieux modestes que de supprimer les bourses au mérite à l’université et de les remplacer par des bourses sur critères exclusivement sociaux ou est-ce au contraire les pousser malignement à se prévaloir de leur origine et à demander réparation au lieu de faire l’effort nécessaire pour accéder à la culture et à un avenir meilleur ? La justice, qui est l’objet par l’excellence de la politique, requiert le discernement. Je m’interroge tous les jours pour savoir si le discernement me guide ou s’il me fait défaut. Mais visiblement vous vous en fichez. Les problèmes, ce n’est pas votre problème. Vous voulez de l’amour. Le monde, disait Chesterton, est plein d’idées chrétiennes devenues folles, et cette folie est en train de tuer la politique. J’aurais gardé un peu d’espoir dans cette tourmente si je n’avais vu, à gauche comme à droite, des Mélenchon et des Apparu s’adosser au livre de Valérie Trierweiler pour continuer d’instruire mon procès. Ils ne savent pas, les inconscients, que nous sommes, eux et moi, dans le même bateau et que ce bateau coule.

    Dans la Tache, un roman qui se déroule en pleine affaire Clinton-Lewinsky, Philip Roth écrit qu’il rêve d’une banderole tendue d’un bout à l’autre de la Maison Blanche, et qui proclamerait : "Ici, demeure un être humain". Je suis un être humain : tout aux délices de l’indiscrétion et à la volupté du sarcasme, vous n’avez pas l’air de vous en rendre compte. J’ai donc décidé de tirer ma révérence. Malgré Mediapart, je n’irai pas sur une autre planète. Mais je vous laisse, chers little big brothers et chères little big sisters. Amusez-vous bien.

    Vive la République ! (mais elle est morte et ce n’est pas un nouveau numéro qui la ressuscitera). Vive la France ! (mais cette patrie littéraire n’est plus qu’un vague souvenir). A bas les réseaux sociaux ! (mais cette hydre infernale a gagné la guerre). » u 

     
    Tribune publiée dans Libération, le 9.09.2014
     
    Dernier ouvrage paru :«l’Identité malheureuse», Stock, 2013
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  • La France face au mondialisme, de Jean-Yves Dufour par Louis Anders*

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    La pensée politique française peut se retrouver dans des plis insoupçonnés. C'est en auto-édition qu'un jeune auteur a décidé de publier un ouvrage documenté sur la souveraineté, qui s'effrite en France année après année. Mais rien ne se perd jamais...

    « Le souverainisme n'est pas spécialement une idéologie mais simplement l'état politique d'une authentique nation libre ». Ces mots de Jean-Yves Dufour éclairent le but de La France face au mondialisme : montrer que le pays est de moins en moins souverain et que des forces travaillent à prendre ses pouvoirs. Livre militant qui appelle dans sa conclusion à la résistance dans tous les domaines possibles, mais ouvrage argumenté, détaillé de beaucoup d'anecdotes et d'informations vérifiées. Et développé à la manière d'une dissertation particulièrement travaillée.

    Qui sont et que veulent les mondialistes ? Rien de moins que la création de grands blocs continentaux unifiés dans l'optique d'un gouvernement mondial, affirme l'auteur qui cite toutes ses sources. Qu'a-t-on à y gagner ? Des dangers, essentiellement, à cause de l'éloignement des pouvoirs, estime-t-il. « Nous nous adressons à tous ceux qui ont senti que quelque chose clochait dans les décisions politiques nationales et internationales mais sans parvenir à définir exactement quoi ». Ce livre permet d'y voir plus clair.

    La France face au mondialisme, le nouveau paradigme, de Jean-Yves Dufour (livre auto-édité sur http://autres-talents.fr/, 9 euros). 

    Source Politique magazine (Site)

     

  • Valls à deux temps

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    Le rite socialiste semble immuable. Dans un premier temps, on se fait plaisir avec des réformes sociétales (suppression de la peine de mort, libéralisation des radios, mariage des pédérastes, etc.). Puis on vire un Mauroy pour le remplacer par un Fabius, ou un Eyraud pour un Valls, on devient pragmatique et on prend les mesures macron-économiques et sociales que la droite n’a pas osé prendre par peur de la gauche. Car en-dessous de l’écume politicienne, l’économie impose ses lois à nos moutons gouvernementaux hélas tous atteints de bruxellose.

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