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Actualité France - Page 404

  • La fuite des capitaux s’invite dans l’immobilier français

     

    par Ludovic Greiling

     

    Il est des chefs d’entreprise qui ne connaissent pas la crise et qui donnent néanmoins l’alarme sur la situation du pays. Thibault de Saint-Vincent est de ceux-là. Dans les réunions publiques de son entreprise spécialisée dans l’immobilier de luxe, il n’hésite pas à montrer l’ampleur du phénomène de fuite des capitaux liée à l’imposition et aux tracasseries administratives en France.

    L’homme sait de quoi il parle : face à l’ampleur du phénomène, Barnes, sa compagnie, a récemment développé une expertise pour les investisseurs français qui souhaitent faire de l’immobilier locatif à l’étranger (où le groupe est également présent). Ces derniers sont chassés par la loi Duflot, explique l’expert, qui publie un billet d’humeur vigoureux.

    « La loi sur l’encadrement des loyers a des conséquences catastrophiques : les propriétaires, écœurés par les nouvelles contraintes, la perte de la rentabilité et l’impossibilité de se séparer d’un mauvais locataire mettent leurs biens en vente pour acquérir à l’étranger ou décident de les louer en saisonnier.

    Plusieurs centaines d’appartements ont déjà disparu du marché locatif traditionnel et si rien ne change, vivre à Paris ne sera plus envisageable pour ceux qui n’ont ni les moyens d’acheter ou qui ne remplissent pas les « bons critères » pour accéder à un logement social. L’exact effet inverse de ce qui est recherché !

    Une ville ne vit que si l’on y vit. Veut-on faire de Paris une ville musée, livrée aux locations saisonnières des touristes ? Souhaite-t-on vider la ville de ses habitants qui pourtant y travaillent, font leurs achats, scolarisent leurs enfants, entretiennent leurs logements ?

    Certes, la ville de Paris lutte contre l’explosion des meublés de tourisme, mais elle serait plus avisée de faire le ménage chez elle.

    Le logement social qui ne cesse de se renforcer à Paris, est imposé sans concertation avec les professionnels et les Parisiens, qui découvrent souvent dans les médias que les occupants des beaux logements sociaux sont loin d’être tous nécessiteux.

    Quant aux plus fortunés, souvent étrangers, la ville lumière n’est que leur pied à terre, le temps d’un court séjour.
    En regardant vers Bruxelles, nos dirigeants y découvriraient un marché locatif fluide et équilibré, grâce notamment à une exonération fiscale de bon sens accordée aux bailleurs.

    Mais nos élus ont souvent la vue courte, aveuglée par l’idéologie. Comme disait Cécile Duflot, « la loi sur le logement est une loi clairement de gauche ». On aurait préféré une loi ni de droite, ni de gauche mais juste efficace ».  Thibault de Saint Vincent, Président de BARNES.   

  • L'état d'urgence, cette « divine surprise » de la République...

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgNotre société de communication a tendance à ne pas toujours savoir hiérarchiser les informations, au risque de « distraire » des véritables sujets et débats importants : ainsi, la vague récente d’attentats, désormais bien instrumentalisée par le gouvernement et par le président lui-même à leur profit politique et électoral, a failli nous faire oublier que, durant l’état d’urgence, les problèmes persistent et, même, peuvent trouver dans l’actualité des raisons de prospérer, tandis que les grands dossiers, eux, subsistent malgré l’indifférence à leur égard en ces heures particulières… 

    Ainsi, du chômage : même s’il reste, a priori, le premier souci de nos concitoyens, il semble désormais passer au second plan des préoccupations de nos gouvernants et des partis, comme s’il s’inscrivait un peu plus dans une « normalité » qui rassurerait presque en ces heures agitées. Vous croyez que j’exagère ? Alors, lisez la presse écrite, réécoutez les bulletins d’informations de ces dernières semaines, et vous pourrez aisément constater par vous-mêmes cette étrangeté ! Pourtant, la lutte contre le chômage est sans doute un des moyens de donner une moindre prise aux discours des islamistes qui se nourrissent aussi, mais pas seulement, du ressentiment social des déclassés et des populations délaissées. Un emploi ne préserve pas de la tentation totalitaire, mais il peut l’éloigner, par la simple satisfaction de l’utilité sociale personnelle. 

    Autre victime collatérale des attentats et de l’état d’urgence, la question régionale qui, pourtant, aurait dû être au centre des débats électoraux de l’automne, autour des élections qui se dérouleront dans quelques semaines en France. La réforme bâclée de la carte des régions et de leurs attributions, ces dernières années, aurait mérité une vaste contestation et l’ouverture d’un « front » des régionalistes (au sens large du terme, et non seulement des partisans du régionalisme) sur les questions linguistiques, celles des pouvoirs régionaux et de leurs compétences, celles aussi des responsabilités de l’Etat et de son idéologie dominante dans la mauvaise gestion de l’aménagement du territoire et des terroirs. Mais rien de tout cela ne sera évoqué et seul le score du Front National semble intéresser et « inquiéter » avec gourmandise les médias, quand la revendication du rattachement de Nantes à la Bretagne, par exemple, n’arrive plus à traverser le rideau de brouillard des journaux locaux et nationaux… 

    Est-il nécessaire d’ajouter à cette liste la question environnementale et climatique qui, en prévision de la COP 21, devait être l’occasion de forums, de marches et de manifestations, parfois contestataires, et dont les nombreux débats se résument aujourd’hui à l’évocation de grands principes sans beaucoup de risques d’application concrète ? L’interdiction de toute activité de rue et, donc, de toute manifestation sur la voie publique jusqu’au 30 novembre (avant une nouvelle prolongation ?), évite au gouvernement de la République la crainte d’une remise en cause de son hypocrisie sur ce sujet pourtant majeur pour les décennies et les générations qui viennent. 

    Je ne dirai pas que les attentats ont servi la République dans ses organes institutionnels et je ne méconnais pas la réelle émotion du Chef de l’Etat devant la tragédie du vendredi noir, ni ne la remets en cause. Néanmoins, je ne suis pas loin de penser que l’état d’urgence proclamé au soir du drame est désormais vu par certains, y compris au gouvernement, comme « une divine surprise » qui permet de limiter, sinon l’esprit critique, du moins l’affirmation trop visible ou bruyante de celui-ci… 

    Que l’on ne se méprenne pas : je suis partisan de ne rien céder au terrorisme du moment, et je comprends bien la prudence nécessaire de l’Etat et, au-delà, de la nation toute entière face aux risques de nouvelles poussées de violence djihadiste. Mais je ne pense pas que l’état d’urgence soit la seule réponse et la mieux adaptée à la situation actuelle : c’est chaque jour que notre société doit répondre aux défis lancés par la terreur totalitaire, non par le coup de menton, mais par la valorisation de ce qu’est, historiquement et sentimentalement, la France et de ce qui fait son unité profonde, à travers ses racines diverses et ses fleurs originales. Au-delà, il faudra bien, aussi, poser la question de la meilleure réponse institutionnelle politique à cette diplomatie de la terreur de l’Etat Islamique et de ses épigones, et mesurer combien un Etat digne de ce nom, symbole de l’âme de la France et de l’unité de ses communautés comme de ses citoyens, pourrait être le meilleur moyen d’affronter les tempêtes, contemporaines comme futures, qui s’abattent ou qui s’annoncent sur notre terre, sur ce « royaume de France » qu’évoquait Charles Péguy à la veille de 1914, et qui attend, encore et toujours, son Prince français… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Alain de Benoist : « La paix est une chose fragile, et ne sera jamais l’état naturel d’une société… »

     

    Un entretien, sur Boulevard Voltaire, où, une fois encore, Alain de Benoist rappelle une vérité élémentaire ...

    Il y note que la guerre est une constante de l'Histoire, qu'elle n'est naturellement pas abolie parce qu'il est impossible d'en faire disparaître les causes; qu'enfin - ce que Maurras expliquait déjà en termes presque identiques - « l’abolition de l’État-nation n’y changerait rien : au sein d’un "État mondial", les guerres étrangères seraient seulement remplacées par des guerres civiles. »   LFAR  

     

    1530443371.jpg« Cette fois, c’est la guerre », titrait Le Parisien au lendemain des attentats du 13 novembre. « Nous sommes en guerre », a, lui aussi, déclaré Manuel Valls. C’est votre avis ?

    Bien sûr. Mais pourquoi le dire si c’est évident ? Toute la question est là : nous sommes en guerre, mais beaucoup de Français ne le comprennent pas. Aux attentats du 13 novembre qui, à la différence de ceux de janvier dernier, ne visaient personne en particulier, mais tout le monde indistinctement, ils répondent en des termes convenus qui ressortissent principalement au registre humanitaire (« tristesse, horreur »), lacrymal (« ayons une pensée pour les victimes ») et maternel (« protégez-nous des méchants »). Ils observent des minutes de silence et allument des bougies comme ils le feraient à l’occasion d’une tuerie perpétrée par un fou dans une école, d’une catastrophe aérienne ou d’un tremblement de terre meurtrier. Ils proclament « même pas peur », quitte à détaler comme des lapins à la moindre fausse alerte. Peur, insécurité, psychose. En fin de compte, les attentats se ramènent à un déchaînement de violence incompréhensible dont sont responsables « ceux qui aiment la mort » et dont sont les victimes « ceux qui aiment la vie ». Ce vocabulaire, cette attitude, ces réactions ne sont pas ceux de gens qui ont compris ce qu’est la guerre. Les attentats ont frappé des hommes et des femmes qui n’avaient pas le sentiment d’être en guerre ou d’en vivre une.

    Il n’est jusqu’au terme de « kamikazes » qu’on voit maintenant employé partout, alors qu’il est totalement inapproprié. Les pilotes kamikazes (« vent divin ») étaient des soldats japonais qui sacrifiaient leur vie en allant frapper des objectifs militaires, pas des fanatiques qui allaient se faire exploser pour tuer des civils !

    Comment expliquer cette incompréhension ?

    D’abord parce que cette guerre est d’un genre particulier, puisqu’elle combine guerre conventionnelle sur le terrain et terrorisme, et que l’ennemi se recrute en partie chez nous. Ensuite, parce qu’on n’a jamais vraiment expliqué aux Français pourquoi nous avons choisi de nous y engager. Devions-nous prendre part aux côtés des Américains au conflit qui, à l’heure actuelle, oppose les sunnites et les chiites ? Et pourquoi nous acharnons-nous à refuser toute collaboration avec la Syrie et l’Iran, qui combattent Daech les armes à la main, tout en continuant à faire la cour aux dictatures pétrolières du Golfe, qui soutiennent directement ou indirectement les djihadistes ? Un tel manque de clarté ne favorise pas la compréhension.

    La vraie raison, cependant, est ailleurs. En dehors des guerres liées à la décolonisation (Indochine, Algérie), la France est en paix depuis 70 ans. Cela veut dire, non seulement que les jeunes générations n’ont jamais connu la guerre, mais – cas unique depuis des siècles – que leurs parents ne l’ont pas connue non plus. Dans l’imaginaire collectif de la majorité des Européens, la guerre, c’est fini. Ou plus exactement, c’est fini chez nous.

    En dépit des événements qui ont ravagé l’ex-Yougoslavie, et de ce qui se passe actuellement en Ukraine, ils ont le sentiment qu’en Europe, la guerre est devenue impossible. Ils s’imaginent que la construction européenne a créé un état de paix qui ne peut que durer (en réalité, c’est l’inverse : l’Europe n’a pas empêché la guerre, c’est la fin de la guerre qui a permis de créer l’Europe). Bien sûr, ils savent que l’armée française poursuit des « opérations » dans certains pays, comme le Mali, mais tout cela leur apparaît comme quelque chose qui ne les concerne pas, d’autant que les théâtres d’opérations sont lointains.

    C’est aussi la raison pour laquelle ils parlent de « scènes d’apocalypse » pour désigner des attentats qui ont fait 130 morts. Quels mots emploieraient-ils pour désigner ces périodes de la Première Guerre mondiale où les combats faisaient plus de 20.000 morts par jour ? Il leur reste à apprendre que la paix est une chose fragile, et qu’elle ne sera jamais l’état naturel d’une société. Y compris en Europe.

    Le vieux rêve de « faire disparaître la guerre » n’en reste pas moins présent dans les esprits… même s’il n’y a jamais eu autant de guerres dans le monde que depuis que la guerre a été officiellement abolie !

    Surtout dans l’esprit des pacifistes qui veulent « faire la guerre à la guerre », sans même s’apercevoir du caractère contradictoire de ce slogan. Mais le pacifisme n’est pas la paix, c’est même le contraire. Lorsqu’en 1795, Emmanuel Kant publie son Projet de paix perpétuelle, qui s’inscrit dans le sillage de l’abbé de Saint-Pierre (Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, 1712-1713), il se contente de faire de la « paix perpétuelle » une exigence de la raison pratique : « La raison moralement pratique énonce en nous son veto irrévocable : il ne doit pas y avoir de guerre. » On voit par là qu’il s’agit d’un vœu pieux, car s’il était possible de réaliser en pratique ce qui ne peut relever que du domaine de la raison pure, la distinction entre l’empirique et le métaphysique n’aurait plus de raison d’être. Le projet kantien postule en réalité la domination du droit par la métaphysique et la morale, et l’affirmation de la souveraineté de la métaphysique sur la pratique.

    La paix ne se conçoit pas sans la guerre, et le contraire est également vrai. La guerre restera toujours une possibilité, parce qu’on ne pourra jamais faire disparaître ce qui la provoque, à savoir la diversité virtuellement antagoniste des aspirations et des valeurs, des intérêts et des projets. L’abolition de l’État-nation n’y changerait rien : au sein d’un « État mondial », les guerres étrangères seraient seulement remplacées par des guerres civiles. On ne fait pas disparaître un ennemi en se déclarant « pour la paix », mais en se montrant plus fort que lui. 

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    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

     

  • Chevènement : « Tout pays est toujours seul dans les grands moments de son histoire »

     

    Il y a aujourd'hui, cela nous semble évident, toute une école française de diplomatie et géopolitique réalistes - école dite de Realpolitik - qui s'oppose courageusement et intelligemment aux politiques utopiques en même temps qu'erratiques des gouvernements occidentaux. Politiques menées depuis de trop longues années. Par la France, tout particulièrement. De cette école de Realpolitik, Jean-Pierre Chevènement est incontestablement, avec Hubert Védrine, l'un des représentants les plus qualifiés. Les puristes nous objecteront - comme si nous les ignorions - les idées, les sujets, les domaines où nous ne pouvons l'approuver. Nous en sommes d'accord. Il n'empêche que dans ce monde de dangers extrêmes où l'Histoire est décidément de retour, sur tout ce qui touche à notre défense, notre sécurité, notre diplomatie, nous serions rassurés pour la France si les propositions de Jean-Pierre Chevènement se trouvaient adoptées et appliquées par les gouvernants français. Nous payons aujourd'hui leurs erreurs au prix fort. Il serait temps de s'en apercevoir. 

    Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Léa Salamé, lundi dernier (23.11), à 7h50, sur France Inter. Nous croyons utile et intéressant d'écouter ou réécouter ce qu'il y a déclaré. Les positions qu'il a définies, les propositions qu'il a faites, vont à l'évidence dans le sens des intérêts vitaux de notre pays. On les retrouvera dans la vidéo qui suit. LFAR            

     

    « Quand on casse un Etat comme en Irak, on récolte Al Qaida »

     

  • En lisant Philippe de Villiers

     

    par Hilaire de Crémiers

    Dans Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu, Philippe de Villiers exprime tout son dégoût d’un système corrompu et corrupteur. Mais, au-delà du réquisitoire, se dégage un discours de politique empirique.

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgUn livre vient de paraître dont la pertinence politique est aujourd’hui d’une absolue évidence. Accessible à tous. Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel) de Philippe de Villiers éclaire de l’intérieur le drame français. Comment se fait-il que la France, l’un des pays les plus puissants au monde, soit arrivé à ce point de décrépitude en quelques décennies ?

    Philippe de Villiers, sans faire de théorie, en expose les causes, en livrant le récit – haut en couleurs, il est vrai – de ce qu’il a vécu. Son expérience personnelle d’homme politique suffit, mais d’un homme politique qui a l’innocence de croire à ce qu’il dit et l’intelligence de donner du sens à ce qu’il fait. Apparemment, c’est extrêmement rare. Incompatible, en tout cas, avec le système en vigueur.

    « L’emburenage » politicien

     La classe politique française dans son ensemble – il y a toujours des exceptions – a renoncé à la France. Ceux qui vivent de la politique, en faisant allégeance au régime tel qu’il est, se privent de la liberté première d’être tout simplement français. Consciemment, inconsciemment, c’est ainsi. Des théories absconses dont leurs esprits inconsistants se satisfont et qui fixent tous leurs comportements intellectuels et politiques en les orientant sur on ne sait quel sens de l’histoire, leur ont fait perdre tout sens de la France.

    De Giscard à Hollande, en passant par Mitterrand, Chirac et Sarkozy, c’est manifestement la même fausse logique qui les a tous entraînés à mépriser concrètement la France pour ne prendre en considération que des évolutions générales, dites « modernes », dont le monde, d’après cette théorie simpliste, serait porteur : une sorte d’hégélianisme et de marxisme à la mode libérale et capitaliste, un « sous-Ricardo » indéfiniment revu et corrigé, au gré des circonstances, par les économistes et les penseurs à la mode, leur tient lieu de pensée.

    Rien de français dans ce ragoût idéaliste et matérialiste, les deux à la fois, composé fondamentalement de salmigondis anglo-saxons et germaniques. Mais y- a-t-il encore une pensée française ? Est-il seulement permis de penser français? Les quelques journalistes et intellectuels français, même venus de la gauche, qui commencent à se rendre compte de cet effroyable esclavage de la pensée, s’insurgent à juste titre. Est-ce là l’aboutissement de la République ?

    Eh bien, telle qu’elle fonctionne, oui ! Les vertus dont ils pensaient créditer le régime, n’étaient, en effet, qu’à mettre au crédit de la France. Les politiciens ont toujours vécu de cette ambiguïté : la France vraie, la République de principe, le régime sordide dont ils vivent. La France vivait et vit encore avec ses familles, ses soldats, ses industriels, ses commerçants, ses artisans, ses agriculteurs, ses professeurs et instituteurs, ses magistrats, ses gens de justice, ses ingénieurs, ses ouvriers, ses patrons…

    Cette réalité ne demande qu’à vivre, à prospérer et à se perpétuer dans ses hautes traditions qui savent, d’ailleurs, par elles-mêmes , parfaitement se renouveler ; mais, là-dessus, se hausse un monde politicien qui n’est, dans sa combinaison partisane, qu’une super structure inutile et qui vit sur la « bête ». Seuls ceux qui sont en charge d ’intérêts collectifs réels peuvent appréhender ce qu’est réellement la politique. Mais les professionnels de la politicaillerie – généralement des nantis intouchables de la fonction publique –, sont en réalité des monstres.

    Des forcenés qui ne vivent que pour satisfaire leurs ambitions. Voilà l’origine du malaise des Français, de la société française, jusque et y compris dans sa vie morale et artistique. Ça commence à se dire et à se savoir, tant mieux ! Il suffit de lire Villiers. L ’affaire des colonnes de Buren est de ce point de vue emblématique. De gauche , de droite, ces gens-là nous « emburenneront » jusqu’au cou !

    À voir par exemple, le sort réservé chez nous à un Maurice Allais, l’économiste – prix Nobel – qui a tout prévu de ce qui allait se passer, il apparaît à l’évidence qu’une réflexion française, propre à la France et, par ailleurs, bénéfique pour les nations, ne saurait même être envisagée par la dogmatique dite « républicaine » qui impose aujourd’hui ses articles de foi et son système d’inquisition.

    Cette dogmatique qui ose se dire « française », est totalement aliénée, dépendante de quatre ou cinq lieux communs qui bêtifient les esprits, privent les Français de toute vraie liberté et les livre aux forces ennemies, sur notre territoire même, à l’islamisme singulièrement, au mondialisme financier pareillement.

    Entrer en dissidence

    Une telle pensée, totalitaire à l’intérieur, tout en faisant de la licence sa règle, est, par nature, sur l’extérieur, perméable à toutes les influences étrangères ; elle se laisse dicter ses principes de conduite par les grands cercles mondialistes – est-il besoin de les énumérer ? – et qui, comme par hasard, sont au service d’intérêts économiques énormes, multinationaux, transnationaux, qu’aucun scrupule n’embarrasse ; ils détruisent tout sous leurs rouleaux compresseurs : les peuples, les nations, les moeurs, les lois, les coutumes, les habitudes de vie, les civilisations. Transformer le monde en masses indifférenciées de consommateurs-producteurs, voilà le but. L’immigration de masse ne gêne pas les cosmopolites apatrides!

    Ainsi les dirigeants français, ont-ils tout cédé à une Europe technocratique qui ne leur appartient même plus, sauf à y faire une carrière personnelle juteuse, une Europe qui, d’ailleurs, ne s’appartient plus elle-même et qui s’apprête à se livrer entièrement aux États-Unis et, au-delà, à un vaste ensemble globalisé dont la loi ne sera plus que le profit, l’argent, Mammon : les riches, selon l’aphorisme ricardo-marxiste, devenant toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres.

    Bien sûr, la théorie officielle vous explique doctement que, malgré tout, tout le monde s’enrichit ! En attendant, la France, elle, s’appauvrit. Le « fric », d’un côté, les lois « sociétales » de l’autre, tout ça marche ensemble ; et les financiers qui font marcher cette machine et dont le tartuffe d’Hollande est l’obligé, sont devenus nos maîtres. La France, un pays libre ? Allons, soyons sérieux! Et Bruxelles ? Villiers en fait le tableau : le « Bruxelles » officiel où les lobbies sont à la manoeuvre, avec, au coeur, « le fric » et « LGBT », toujours la même chose!

    Le « Bruxelles » officieux et secret dont il raconte une séance nocturne pour y avoir assisté de manière impromptue ; là, seul y est admis le gros argent mondialisé, avec ses sbires, ses profiteurs, ses maîtres patentés, ses doctes stratèges, tableau sinistre et pourtant d’une drôlerie criante de vérité! Le livre de Villiers est rempli d’anecdotes, toutes plus savoureuses les unes que les autres, tristes quant au fond, car il s’agit de la France, comiques quant aux personnes concernées, car elles sont ridicules dans leur suffisance insupportable.

    Le régime le veut ainsi : ce sont nos gouvernants ! Leur morgue dissimule mal leur vaniteuse vacuité. Mais voilà : ils ont appris des « trucs » pour gagner. Gagner des élections, gagner de l’argent, gagner des places, gagner des honneurs qu’ils s’attribuent entre eux. « Gagner et, après, on verra », telle est leur formule. Aucune noblesse d’âme, aucune élévation d’esprit, aucune vision historique, aucun sens du bien commun.

    Quelle galerie de portraits, quelle verve à la Daudet! Vouloir le bien dans un cadre pareil non seulement est impossible, mais ne fait que précipiter la catastrophe. Que les tenants d’un redressement national se le tiennent pour dit. C’est l’heure de la dissidence, prévient Villiers. Retenons ce mot de dissidence. De l’Est, elle doit passer à l’Ouest. 

    Directeur de Politique magazine

  • Pénitence post-attentats : le désir d’être coupable

     

    Peut-on se délivrer de ce penchant pervers ? C'est la question que pose Mathieu Bock-Côté

    Nous partageons l'intention de fond de ces réflexions. Etant précisé - Mathieu Bock-Côté en sera d'accord - que s'il est une culpabilité de l'Occident, c'est d'avoir nié son identité profonde, rejeté sa tradition, de n'être presque plus lui-même. De s'être en quelque sorte dissout, à tel point qu'il est aujourd'hui à reconstruire ou à refonder.  LFAR 

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgC’est chaque fois la même chose: dès les premières explosions à Paris, les figures autorisées de la vie médiatique ont commencé leur sermon : surtout pas d’amalgame entre l’islam et l’islamisme !

    Alors qu’elles n’ont pour la plupart pas lu une ligne du Coran, elles ânonnent que l’islam est une religion de paix et que ce serait verser dans l’intolérance que d’oser nuancer cette affirmation.

    Les morts gisaient encore sur le plancher du Bataclan qu’elles en rajoutaient : ce que nous devons redouter, c’est moins de nouveaux attentats qu’une réaction « populiste ». On doit moins craindre les balles que la peur. Elles invitèrent nos sociétés à se garder de la tentation « islamophobe », qui consiste, on l’aura compris, à regarder l’islam autrement qu’avec des yeux de Chimène.

    La faute à la France ?

    Certains poussèrent même l’odieux jusqu’à mettre sur le même pied les « isla­mophobes » et les islamistes ou les « populistes » et les «t erroristes ». L’essentiel, c’est de créer une équivalence entre ceux qui attaquent et ceux qui se défendent pour se placer en surplomb, au nom d’un pacifisme moralisateur flattant leur sentiment d’être absolument vertueux.

    Les belles âmes ont continué : certes, on doit pleurer les morts et vomir les assassins, mais la France en particulier et l’Occident en général ne l’ont-ils pas un peu cherché ? N’ont-ils pas récolté ce qu’ils ont semé ? Qui sème la guerre et l’exploitation récolte le djihad. En gros, les morts sont moins les victimes des assassins de l’État islamique que de leur propre gouvernement.

    Dans le cas de la France, on l’accusera d’avoir créé les conditions du terrorisme en laissant en déshérence ses banlieues, même si depuis plusieurs décen­nies, elle engouffre des milliards pour les entretenir. Qu’importe aussi si ces banlieues pratiquent à son endroit une forme de séparatisme ethnoreligieux alimenté par des imams salafistes. Qu’importe la haine de la France.

    La culture de l’excuse écrase tout. S’il arrive aux belles âmes de reconnaître péniblement que nous sommes en guerre, ils la définissent à leur manière : c’est une guerre entre l’humanité et le terrorisme. Mais ce dernier, il ne faudra jamais le caractériser en l’associant à l’islamisme même s’il s’en réclame ouvertement et s’en veut le bras armé dans la conquête de l’Europe.

    On aimerait croire que ce discours, finalement, est minoritaire. Il l’est certainement chez le commun des mortels. On se fâche, un jour, de se faire accuser de mériter les baffes qu’on reçoit. Mais ce discours est dominant dans les médias. Il l’est encore plus dans les universités, surtout dans les départements qui prétendent réfléchir à la société. Or, une société pourrit par la tête.

    Non coupable !

    Qu’on se comprenne bien. Personne ne s’imagine que l’État islamique est le seul représentant de l’islam. Personne ne croit qu’un terroriste se cache derrière chaque musulman ou réfugié syrien. Et il va de soi que l’immense majorité des musulmans a été horrifiée par les attentats. Personne ne croit non plus que l’Occident soit sans faute ni reproche.

    Peut-on néanmoins en finir avec l’entreprise de culpabilisation des peuples occidentaux ? Peut-on se délivrer du désir pervers de se vouloir à tout prix coupable du mal qu’on subit ? Surtout, est-il possible, devant ceux qui n’en finissent plus de faire le procès de l’Occident, de répondre simplement : non coupable. 

    Le blog de Mathieu Bock-Côté.

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • A l’épreuve des faits

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Il y a les faits. La plupart des terroristes impliqués directement dans les attentats du vendredi 13 sont nés en France, presque tous sont d’origine maghrébine, tous se réclament de l’islam. Cela ne signifie pas que l’islam est l’ennemi, cela signifie que l’ennemi provient de l’islam et, plus précisément sur notre sol, de ces « cités » où se concentre la majorité d’une population directement liée à l’immigration massive des dernières décennies. Certains ont encore du mal à l’admettre, comme M. Hamon qui ânonne son credo (« nous avons choisi de vivre ensemble », France Inter, mercredi 18), d’autres osent le parler vrai, comme M. Boutih : l’ennemi n’est pas « une bande d’illuminés imbéciles » mais est constitué de « forces très structurées »; « les cités » constituent les « bases arrière » de la radicalisation salafiste (France Inter, lundi 16). 

    M. Valls lui-même n’en finit pas de nous prédire le pire (« il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques ou bactériologiques », jeudi 19 devant l’Assemblée), posture dangereuse pour lui car on ne peut dès lors que lui reprocher de n’avoir pas pris certaines mesures après les attentats de janvier. Rappelez-vous : il nous disait déjà que nous étions en guerre… Mais M. Hollande et son gouvernement ont, à l’époque, préféré croire qu’ils pourraient éviter d’aller au-delà d’une simple opération de communication politicienne - laissant ainsi s’ébattre en toute quiétude les quelque douze mille sept cents terroristes potentiels fichés « S ». Or, les résultats immédiats et exceptionnels obtenus grâce à la déclaration de l’état d’urgence sont la preuve que, dans la situation actuelle, certaines dispositions de celui-ci devraient être maintenues de façon quasi permanente. En clair, que l’urgence devienne l’habitude, de façon à permettre aux forces de l’ordre d’intervenir comme à St Denis avec, n’ayons pas peur des mots, un permis de tuer les tueurs. Rien de ce qui va dans le sens d’une plus grande sécurité pour tous ne saurait être critiqué. 

    Evidemment, cela déplaît à la gauche dure : celle qui a des convictions (six voix, jeudi 19 à l’Assemblée, contre la prolongation de l’état d’urgence); celle qui rit à l’humour moisi de Charlie Hebdo mais s’offusque quand M. Zemmour se demande avec ironie s'il ne faudrait pas « bombarder Moleenbeck plutôt que Racca » (R.T.L., mardi 17). Quant à Mme Taubira, par ailleurs pleine de compréhension pour les petites frappes de banlieue qui pourrissent la vie de tant de Français(e)s, elle est bien obligée d’assumer… (France 5, mercredi 18). Pour l’instant, M. Hollande semble n’en avoir cure, lui qui dans un accès de lyrisme débridé lance au Congrès « La République détruira le terrorisme ». Voire ! Car, en n’osant même pas ce jour-là nommer lennemi, il a montré toutes ses limites. Se rend-il seulement compte que l’efficacité dont il semble faire preuve en ce moment (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) ne provient que des pouvoirs quasi monarchiques que lui confère la constitution gaullienne ? On peut en douter et se demander si, pour le malheur de ce pays, il n’est pas que l’ « insignifiant opportuniste » dénoncé par M. Houellebecq (Il Corriere della Sierra, jeudi 19). Auquel cas, le pire est effectivement devant nous. 

     

  • Marseille : Quand de jeunes militants d'Action française montrent que la République a failli ...

     

    C'est en tout cas ce qu'ont voulu montrer les jeunes militants d'Action française Provence, en se rassemblant devant le Palais de Justice de Marseille, vendredi dernier, d'où ils ont diffusé le texte qu'on va lire. Texte publié, aussi, sur leur page Facebook. Bien-sûr, ce n'est pas d'aujourd'hui que la République a failli, fauté, et qu'elle met en danger le peuple français. Ce n'est pas d'aujourd'hui mais de toujours, à travers les deux derniers siècles. Mais les circonstances graves que nous traversons en sont un exemple de plus. Un exemple probant. LFAR   

     

    12243572_790512464392181_8547391742204518385_n.jpg« Nous, militants d’Action française, sommes ici rassemblés devant le palais de justice de Marseille en ce soir du 20 novembre 2015. Près d’une semaine jour pour jour après les attentats du 13 novembre, nous voulons dénoncer un certain nombre de dysfonctionnements et d’injustices. En effet, le président de la République et son gouvernement sont coupables des tueries abominables perpétrées sur notre territoire par les islamistes radiaux. Ils ont fait preuve de naïveté quant au danger terroriste qui nous menace en permanence. Avec mépris, ils ont laissé policiers, pompiers et secouristes aller au charbon tandis qu’ils étaient occupés à préparer leur discours de politiciens apeurés. Nous dénonçons avec la plus grande force l’incapacité de nos dirigeants et parlementaires à décider et voter des lois pour garantir la sécurité des Français. Leur manque de volonté politique a des conséquences aujourd’hui mortifères. Dès lors nous appelons les Français à tirer les leçons de ce chaos : D’abord en considérant l’Union européenne et sa politique de négation des frontières comme étant l’institution à l’origine de tous les dangers passés et futurs. Nous les exhortons à déconsidérer avec la plus grande force l’ensemble de la classe politique de droite et de gauche, qui décennies après décennies se rend coupable de la plus grande médiocrité et du plus grand laxisme face aux assassins. Nous vous demandons de sanctionner l’échec de la politique de François HOLLANDE qui continue jour après jour à faire venir en France des milliers de clandestins. Ces clandestins n’ont rien à faire dans notre pays, d’une part parce que nous ne pouvons rien pour eux en terme d’emploi et de logement mais aussi et surtout parce que derrière chacun d’eux se cache un terroriste potentiel. Alors Français, reprenez votre pouvoir de décision pour votre propre pays ! La république a fauté ! La république met en danger le peuple français ! La république nuit à la France ! Venez avec nous crier votre colère ! Reprenez votre Patrie et demandez la démission du gouvernement !  L’Action française Provence »  • 

     

  • CIVILISATION • Philippe de Villiers : « La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation »

     

    Par Philippe De Villiers

    Dans une tribune donnée au Figaro, Philippe de Villiers réagit aux attentats du vendredi 13 novembre. Selon lui, de cette tragédie pourrait naître un sursaut salutaire. Nous n'avons rien à y ajouter. LFAR 

    Dans mon dernier livre [1], je l'avais écrit en toutes lettres: « Nous allons devoir affronter la guerre que nous ne voulons pas nommer. Et la classe politique va connaître le chaos. »

    Nous y sommes : la guerre est là. Et le chaos va suivre. Les fautes sont trop lourdes. L'imputation sera terrible. Comment les élites mondialisées pourraient-elles en effet s'exonérer de leur responsabilité devant l'histoire, d'avoir installé chez nous, depuis les années soixante-dix, une colonisation à rebours, préparant ainsi les prodromes d'une nouvelle guerre de religion inouïe depuis le XVIème siècle.

    Les gens qui se sont succédé au pouvoir depuis l'ère giscardienne et maastrichtienne ont failli. La France officielle qui a importé au cœur de notre pays, une autre nation, a vécu sur deux principes : un «espace sans frontière», au nom de l'hubris européen ; et une « société multiculturelle », au nom de l'idéologie mondialiste.

    On nous a expliqué, pendant vingt ans, que « les frontières étaient inutiles ». Aujourd'hui, il y a 5000 kalachnikovs qui, après un long voyage, dorment sagement dans les caves des « territoires perdus de la République ». Personne n'en a contrôlé l'entrée. On y trouvera bientôt des stocks de gaz sarin. Il y a aussi 3000 kamikazes - selon nos services de renseignement - qui vont et viennent sans souci pour aller chercher en Belgique ou en Syrie leurs ceintures explosives.

    Et voilà que soudain, on nous dit « On va fermer les frontières ». Il faut se pincer pour être sûr d'avoir bien entendu. Le salto arrière est impressionnant. Aucun mea culpa. La médiacaste éberluée s'extasie : « va pour les frontières ! Chapeau l'artiste ! ». Il faudra des années pour reconstituer une infrastructure douanière. Que de temps perdu !

    De la même manière, depuis vingt ans, au nom du multiculturalisme, on a voulu en finir avec la fameuse « assimilation » des étrangers. C'était un «concept désuet ». Il fallait « insérer », « intégrer ». Et on a désintégré et assimilé à  l'envers les petits Français de souche au mode de vie hallal.

    Ainsi a-t-on changé le visage de la France ! Dans certains quartiers, dans certaines villes, il suffit de descendre dans la rue : il y a des voiles partout. On a inscrit dans nos paysages, avec la « mixité sociale », la « politique de la ville », un damier communautaire.

    Les hommes politiques savent que, selon la loi de l'islam, l'humanité entière est destinée à se reconnaître musulmane, à se soumettre au Dieu du Coran. La bipartition du monde impose le Djihad: il y a le monde islamisé - le Dar El Islam - « la maison de la paix ». Et il y a le monde à islamiser - le Dar El Harb - « la maison de la guerre ». Pour les « jeunes Croyants », imprégnés de sourates, et ceinturés d'explosifs, qui ont frappé à Paris, depuis Molenbeek et la Syrie, la France doit être islamisée puisqu'elle fait partie du Dar El Harb.

    Il y a un autre mensonge qui vient d'expirer sous nos yeux dans le Paris ensanglanté : nos élites ont voulu nous faire croire que la « laïcité droit de l'hommiste » était une réponse suffisante - et même la seule réponse convenable - à la gangrène djihadiste. Or on voit bien ce qui se passe aujourd'hui : les laïcards font le vide et les islamistes le remplissent. Ils nous frappent parce qu'ils nous méprisent. Le nihilisme occidental, prenant congé d'une chrétienté flageolante, s'exprime comme une neutralisation religieuse de l'espace public.

    Il faut rendre le pays à ses fiertés. Et sortir aussi la France du protectorat américain où elle s'abîme. Nos élites sont veules. Elles obéissent à Washington où elles vont chercher consignes et argent de poche. A cause de l'Amérique, nous avons lâchement abandonné les Chrétiens d'Orient. Il faut un renversement d'alliance : sortir de l'OTAN et ouvrir un partenariat avec les Russes, faire la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, l'Europe des chrétientés charnelles.

    Quelle tristesse ! Le bain de sang, le grand deuil… Tant de larmes… Et puis la torpeur… l'incompréhension, parfois la prostration. Tant de gens qui ont cru à la fable du « vivre ensemble » et au slogan « L'islam, religion de paix », ainsi qu'à l'impératif catégorique à l'intention des islamo-sceptiques : « Pas de stigmatisation! Pas d'amalgame ! ».

    La France pleure. Nos cœurs saignent. Nous pleurons sur les Français et sur la France. Sur ce pauvre pays si cher, qui enterre les victimes d'une religion de conquête et que nos politiciens n'ont pas su protéger, par lâcheté, par inconséquence et par une détestation hystérique de la France chrétienne. Au surlendemain des attentats [2], le président des maires de France, M. Baroin, a demandé qu'on expulse de l'espace public les crèches de Noël. Et pourtant, dans les noirceurs de cette tragédie, s'est allumée une petite lumière. Bientôt émergera le carré de la dissidence. Un jour viendra - peut-être un jour prochain - où des milliers de mains vont se tendre les unes vers les autres. Des mains qui ne se connaissent pas. Fragiles, hésitantes. Celles des jeunes branchés du vendredi soir, agressés les premiers et dont la colère les portera vers la vérité. Leurs parents soixante-huitards leur avaient dit : « il n'y aura plus jamais de guerre ». Maintenant, ils savent. Un peu plus loin, il y a d'autres jeunes, qui vivent tapis dans les banlieues et qu'on appelle les « petits blancs ». Ceux-là n'en peuvent plus de baisser la tête et de longer les murs. Ils regardent aujourd'hui les terrasses ensanglantées, ils se sentent frères de détresse sinon de mode de vie avec les morts du Bataclan. Eux aussi vont se redresser en criant: « On est chez nous ! ».

    Et puis il y a tous ces jeunes veilleurs de la Manif Pour Tous qui ont passé quelques nuits au poste et ont compris que la gent politicienne les avait manipulés. Ils savent que notre civilisation est mortelle. Ils sont entrés en dissidence, dans la grande catacombe. Enfin, il a les jeunes ruraux, qui se sentent abandonnés par la fameuse « politique de la Ville » et qui voient arriver dans les campagnes le flot des migrants où se glissent quelques terroristes syriens.

    Toutes ces jeunesses vont se lever et opérer leur jonction. Ils porteront des lucioles, comme celles qu'ils ont déposées dans les rues de Paris. Ils les brandiront au nom de l'Âme Française. Toutes ces petites Marseillaises qui viennent de partout signalent déjà ces fiertés bourgeonnantes. Les événements en auront fait - eux, les fils de consommateurs compulsifs - des combattants instinctifs de notre identité patrimoniale.

    Alors, peut-être qu'avec le recul, dans quelques années, on pensera : ce premier acte de guerre des islamistes à Paris, qui a semé la terreur et la panique, ce fut en fait la première faute stratégique du Califat. Car il a réveillé les Français - les jeunesses françaises -. et les a arrachés à leurs somnolences et crédulités.

    Avec les prochains attentats, hélas prévisibles, nous allons connaître le point de retournement. La France est en dormition mais elle n'est pas morte. La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation. Les yeux vont s'ouvrir. Et peut-être aussi les âmes. 

    Philippe De Villiers            

  • LIVRES • Un futur best-seller

     

    par Grégoire Arnould

    Les derniers jours de nos pères, son premier roman, fut un succès d’estime. Son deuxième, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, est devenu un best-seller couronné par le Grand prix de l’Académie française…

    Le livre des Baltimore est la confirmation du talent du tout juste trentenaire Joël Dicker et la consécration d’un style dont l’efficacité redoutable ne gêne en rien de jolies trouvailles littéraires. Le narrateur Marcus Goldman est de nouveau de la partie. Il conte l’histoire de sa famille, scindée en deux : les Goldman de Montclair, petite ville middle-class qu’il habite avec ses parents, et ses cousins, les Goldman de Baltimore, habitants les quartiers aisés de la capitale du Maryland. Markie, comme il est surnommé, ne souhaite qu’une chose : devenir « un Baltimore ».

    Il passe donc ses week-ends et ses vacances, chez son oncle et sa tante avec lesquels il nourrit des relations filiales. Fasciné par le luxe et l’apparente facilité de leur vie, il ne voit pas le drame qui se joue quand deux personnages s’incruste dans cet univers à l’équilibre de façade… Plus ambitieux que le précédent roman de Dicker, Le livre des Baltimore est mieux qu’un bon polar.

    C’est la fresque d’une certaine Amérique, celle du déclassement social, aux conséquences désastreuses, d’une partie de sa population frappée par la crise économique. Pour ne rien gâcher, l’habileté narrative de Joël Dicker prend le lecteur en otage dès les premières pages… avec son consentement, comme un pur syndrome de Stockholm. A coup sûr, un nouveau best-seller. Vivement le prochain ! 

    Le livre des Baltimore, de Joël Dicker, éditions de Fallois, 480 p., 22 euros.

     

  • SOCIETE • Terrorisme : prions pour Paris ?

     

    Thibaut Picard Destelan, dans Causeur : « Face à l’horreur, mieux vaut méditer que jouir sans entraves » - D'intéressantes réflexions dont on peut débattre ... 

    Quelle belle tirade que celle de Michel Hazanavicius dans Première ! « Baiser, rire, manger, baiser, boire, lire, baiser, discuter, manger, argumenter, peindre, baiser, lire, baiser, s’engueuler, dormir, regarder des films, mais surtout baiser, et éventuellement se taper une joyeuse petite branlette ». Voilà ce qui, selon le réalisateur définirait la belle spécificité du Français… ce qui est sensé lui apporter la victoire ! Certes on y reconnaît le style satirique de celui qui nous a fait rire de la franchouillardise dans OSS 117, mais le sourire (jaune) qu’arrache cette harangue est loin des esclaffements gaulois si chers à Hubert Bonnisseur de La Bath.

    Au fond, cette sortie est bien triste, car elle révèle à quel point nos libertés conquises sont devenues des plaisirs qui s’imposent sans désir ni doute : elles sont l’algorithme à entrer dans le robot « French 2.0.15 ». Juxtaposer la sexualité débridée et l’apéritif en terrasse, c’est admettre notre abrutissement face à nos instincts : manger, boire, jouir ! Pourquoi ne pas plutôt justifier d’un réel art de vivre qui s’exprime par la manière, toujours française, de rendre beau ce qui est nécessaire : de ne pas manger mais prendre un repas – de préférence cuisiné avec soin, de ne pas boire mais déguster un vin, de ne pas s’habiller mais faire de la mode ? Hazanavicius admet sans y penser que son divertissement n’est pas un but à poursuivre, ni une valeur à défendre mais la fuite inexorable des âmes perdues que Pascal expliquait ainsi : « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, se sont avisés pour se rendre heureux, de n’y point penser.»

    Aujourd’hui la mort et l’ignorance sont de retour, plus fortes que nos jeux insouciants. Alors quand certains défendent la France à coup de « sortez couverts » et « ce soir on picole », d’autres prennent le temps d’interroger notre « modèle de civilisation » – comme Madeleine de Jessey dans Figarovox. Selon la porte parole de Sens Commun « La culture du seul divertissement et de la consommation sans limites ne satisfait plus personne ». Ce bonheur au rabais que l’on traque et dont Pascal nous dit qu’il est ce que nous nous fuyons dans le divertissement est la cause de notre appauvrissement culturel ; aujourd’hui cristallisé dans notre incapacité à nous réunir sous des bannières plus grandes que les plaisirs individuels. De tout façon, nous avions déjà tété nos plaisirs jusqu’à lie, descendant dans une torpeur qui profitait à nos adversaires.

    Il conviendrait alors d’éveiller nos cœurs à quelque chose de plus grand ; mais avec la peur du terrorisme est venue un refus catégorique de l’idéal, le libertarisme sociétal n’admettant pas que l’homme se meuve pour plus grand que lui. Ainsi, le refus de l’islamisme se change en refus de la religion. D’un côté on dit « pas d’amalgame » entre musulman et islamiste. De l’autre on fait l’amalgame entre islamisme et religion… il faut savoir ! Luc Le Vaillant, dans Libération, se plaint du hashtag #prayforparis qu’il accuse de « faire le jeu du religieux et de ses guerres ». Cela prouve bien l’inculture du personnage. On n’est pas musulman ou chrétien comme on est Samsung ou Apple ! En tant que relation avec Dieu, la religion est un acte personnel : elle fait partie de l’identité du croyant et de la culture des peuples.

    C’est pourquoi la laïcité ne doit pas être une religion comme les autres ; sinon elle se fera marginaliser par l’islamisme, de la même manière qu’elle a marginalisé la chrétienté. Pour être plus forte, la France doit, au contraire, faire la paix avec son passé. Daech, lui ne l’a pas oublié puisqu’il n’a pas attaqué l’« incroyance festive » que défend Libération, mais « celle qui porte la bannière de la croix », « les croisés » (cf. communiqué EI du 14 novembre). Accepter #prayforparis c’est admettre l’existence indéniable d’un héritage religieux dans la culture occidentale, et opposer cette barrière aux assauts de Daech – qui prend d’ailleurs soin de détruire les œuvres d’art partout où il en rencontre, comme s’il ne pouvait supporter la bravade de la beauté.

    Nous devons retrouver notre histoire et nous nourrir de tout ce qu’elle contient de contradictoire avec l’islamisme : des trésors de notre culture tellement plus fort que ce que défend le libertaire individualiste ! La chevalerie, les cathédrales, la renaissance sont des pages de l’histoire certes moins médiatiques que la révolution où la résistance, mais elles portent aussi en elles un fragment de ce que sont les Français. Des protecteurs et non des brutes, des pèlerins et non des conquérants, des chercheurs ardents de la vérité dont l’histoire – à la beauté trop méconnue – chante les louanges aux oreilles sourdes et ivres du jouisseur parisien.

    Il ne s’agit pas de se bâtir une histoire de propagande mais de retrouver dans nos mémoires si tristement sélectives ce qu’il y reste de fierté. Il est par exemple de bon ton de qualifier le terroriste de moyenâgeuxnec plus ultra de l’insulte dans notre monde de progrès. Quelle offense faite à mille années de notre histoire ! Natacha Polony disait quelques jours avant les attentats : « Il s’est passé [en France] un moment de la conscience humaine ». Si l’on refuse de l’admettre, si l’on ne trouve rien d’autre à défendre que la clownerie moribonde de nos divertissements, alors nous avons déjà perdu.  

  • MAL DÉFENDUS !

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgBeyrouth-sur-Seine : avec leur générosité imbécile pour toute la misère du monde, leur géopolitique du Bien et du Mal et leur fausse diplomatie des droits de l’homme, leur « Padamalgam » pour toute morale pratique, leur « France ouverte » et leur multiculturalisme comme horizon indépassable de l’humanité, leur « république de la diversité », leurs « chances pour la France », leur société inclusive, ils sont comblés. Faire France, comme ils disaient ! Engagez-vous, rengagez-vous dans le camp de la mondialisation heureuse. La France est devenue un village festif. 

    Le chagrin, bien sûr. 130 morts, à l’heure où nous écrivons. Le chagrin mais aussi la colère. Non pas devant le caractère inéluctablement tragique de l’histoire qui s’est rappelé à nous, brutalement, ce vendredi 13 novembre, mais devant son oubli par nos gouvernants, depuis tant de mois, d’années, de décennies, devant ce déni de réalité dont le massacre de la semaine dernière n’est que le fruit sanglant. Malheureusement, ces 130 morts ne leur ont pas plus servi de leçon que les premiers massacres de janvier ou la décapitation de juin : le semble-exécutif refuse toujours de nommer l’adversaire. Vendredi soir, Hollande n’a parlé que de « terroristes », alors qu’il savait déjà ; lundi matin, son ministre de l’intérieur Cazeneuve, martelant avec un air martial que « les terroristes ne détruiront jamais la République, c’est la République qui les détruira », n’évoque que du bout des lèvres des « imams prêcheurs de haine » pour mieux ne pas qualifier cette haine, qui est islamiste. Récidivant à Versailles devant le Congrès, le président de la république n’a évoqué le « terrorisme djihadiste » que pour mieux taire l’islamisme radical, s’enferrant dans une condamnation de « Daech ». Il ne faut pas déplaire à nos amis séoudiens ou qataris, financiers de ce même islamisme. Or ce n’est pas la « France ouverte », contrairement à ce que croit Hollande, qu’ont visé les agents de l’Etat islamique — parlons français ! —, mais en dépit ou à travers des valeurs républicaines dont ils se fichent éperdument, la France toujours considérée, à tort ou à raison, comme terre de Chrétienté. Ce sont des « croisés » qu’ils ont massacrés, indépendamment de la confession des victimes. C’est à l’identité profonde de la France qu’en dépit de nous-mêmes les assassins nous ont ramenés.

    D’où l’absence scandaleuse, samedi dernier, à la messe célébrée à Notre-Dame de Paris par Mgr Vingt-Trois pour les victimes des attentats, des membres du Gouvernement, du président de la République et de Nicolas Sarkozy, lui-même ancien président. Les présidents des deux assemblées étaient là, jusqu’au maire de Paris, des ambassadeurs, aussi, c’est-à-dire les représentants d’Etats étrangers, mais aucun de notre exécutif laïque et obligatoire. Pas même le ministre des cultes qui, il est vrai, considère que parler des racines chrétiennes de la France c’est « faire une relecture frelatée » de l’histoire de France, tandis que « prôner le djihad n’est pas un délit ».

    Alors que la France est en guerre, nous aimerions nous ranger, plus qu’à une union nationale, valable en temps de paix, à une Union sacrée, puisque c’est l’ultime qui est en jeu quand la brèche a permis à l’ennemi de franchir le rempart et d’envahir le pré carré. Mais l’union sacrée avec qui, quand le pays légal a totalement failli ? Oui, l’ouverture des frontières a permis à la mafia salafiste franco-belge d’agir en toute impunité ; oui, parmi les prétendus réfugiés se cachent des terroristes de l’Etat islamique : deux des assassins sont venus de Syrie par la Grèce à la faveur de la générosité lacrymale de l’Europe ; oui, la politique étrangère conduite depuis tant d’années par Sarkozy (Libye, Syrie) puis Hollande, poursuivant de sa vindicte davantage Assad et la Russie, que les islamistes (Fabius : « Al Nostra fait du bon boulot »), se révèle plus qu’un crime : un imbécillité sans nom ; oui, notre république immigrationniste a enfanté un ennemi intérieur, qui n’attend, avec l’aide de quelques convertis, que l’ordre d’agir, après avoir trouvé ses justifications tant dans les métastases d’une repentance nationale généralisée diffusée par les élites, que dans le mépris des racines chrétiennes et de l’identité charnelle de la France devenu dogme de la République

    Nous ne souhaitons pourtant qu’une chose : que le pays légal réagisse enfin. Aussi comment ne pas être effaré d’entendre Valls réitérer sur RTL, ce lundi 16 novembre, ses propos de janvier : la France va « vivre longtemps » avec le terrorisme, justifiant ainsi son inaction depuis Charlie, sa passivité d’aujourd’hui, ses échecs probables de demain ? « Il faut, je l’ai rappelé depuis des mois [...] expulser tous les étrangers qui tiennent des propos insupportables, radicalisés contre nos valeurs, contre la République. Il faut fermer les mosquées, les associations, qui aujourd’hui s’en prennent aux valeurs de la République »... Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? N’est-il pas le premier ministre ? L’Esprit du 11-janvier, avec lequel nous le croyions en communication permanente, ne lui a-t-il pas inspiré des mesures efficaces ? Pourquoi les frontières sont-elles restées béantes depuis janvier ? Pourquoi les imams des mosquées salafistes prêchent-ils toujours librement la haine des croisés alors qu’ils devraient avoir été expulsés ou mis en camp de rétention ? Pourquoi ces mosquées sont-elles toujours en activité ? Pourquoi les mis en examen pour terrorisme ne sont-ils pas tous en prison ? Pourquoi, alors que tous les terroristes qui sont passés à l’action sont connus de nos services, puisque fichés S, ont-ils été laissés libres d’agir ? Pourquoi ce manque d’échanges entre services de renseignements belges et français ? Pourquoi a-t-il fallu attendre ces attentats pour effectuer toutes ces perquisitions manifestement efficaces ? Oui, pourquoi avoir attendu 130 morts pour commencer à agir ? Du reste, Valls y est-il vraiment décidé ? Le fait qu’il juge, toujours sur RTL, en contradiction avec Hollande soi-même, que « fermer les frontières ne changera rien » n’est pas fait pour nous rassurer. Manifestement les deux têtes de l’exécutif ne sont pas sur la même longueur d’ondes, ce qui est gravissime en temps de guerre. Quant à l’assignation à résidence des fichés S, Hollande s’en remet courageusement au Conseil d’Etat, c’est-à-dire à la Cour européenne des droits de l’homme.

    Les mesures annoncées en catastrophe par Hollande à Versailles témoignent de l’impréparation de la République à affronter les fruits de son incohérence politique. Maurras évoquait à la veille de la guerre de 1914 ces jeunes Français « couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue ». Rembaucher les policiers, douaniers ou gardiens de prison congédiés par Sarkozy, geler la baisse des effectifs des armées entamée par Sarkozy et Hollande, prolonger l’état d’urgence d’une réforme constitutionnelle permettant d’agir en situation exceptionnelle, tout cela peut être bel et bon. Le mieux est de l’avoir préparé en amont. Gouverner, c’est prévoir. La comble de l’incohérence ? Envisager, tout en sachant qu’on ne le fera pas — le Conseil constitutionnel, sous la coupe de Strasbourg et de Bruxelles, le refusera —, la déchéance de nationalité de binationaux même nés français. Quel aveu des contradictions insolubles dans lesquelles nous plongent la notion même de binationalité et le droit du sol pratiqué dans cette « France ouverte » si chère à Hollande.

    La République ne nous décevra jamais. 

    L’Action Française 2000

  • Alexandra Lavastine : mon jour d'après le 13 novembre dans un quartier sensible de Seine-Saint-Denis

     

    Passionnant récit d'Alexandra Laignel-Lavastine

    La journaliste et philosophe Alexandra Laignel-Lavastine, qui habite en Seine-Saint-Denis, a interrogé les jeunes de son quartier dès le matin du 14 novembre. Si leurs propos ne reflètent pas l'opinion majoritaire dans ce département, ils traduisent une réalité dérangeante.   

    Alors qu'en ce lugubre matin du samedi 14 novembre, la France était en état de choc et le monde glacé d'effroi, comment les jeunes de mon quartier, dans le 93, avaient-ils vécu, eux, les carnages de la nuit? Un vague espoir m'avait saisi: et si les tueurs islamistes venaient, par ce bain de sang, de s'aliéner un peu leurs admirateurs de banlieue, généralement fascinés par leurs «exploits guerriers»? Dans cet univers clos et à la dérive, où la fêlure morale est souvent vertigineuse, le principe qui prédomine est en effet celui de la valeur contraire. Les décapitations en ligne, les prières de rue et le voile intégral horrifient ou dérangent? Ils «kiffent» puisqu'ils «niquent la France». Mais cette fois? Se pouvait-il que les images atroces des tueries les laissent de marbre et ne suscitent pas l'ombre d'un écœurement ou d'une identification aux victimes? En s'en prenant au public jeune et festif d'un concert de rock ; pis, en ciblant les spectateurs d'un match de foot, leur passion, de surcroît au Stade de France, situé à quelques encablures de là et où ils auraient tous pu se trouver, les tueurs de Daech n'avaient-ils pas commis une erreur d'appréciation? J'avoue que je m'attendais au moins à un vague: «Là quand même, ils abusent!». Je descends au bistrot du coin vers 10 heures.

    Première surprise: rien n'y laisse deviner qu'une tragédie vient de frapper le pays. La télé est pourtant allumée au-dessus du comptoir, le film des événements passe et repasse en boucle. La clientèle, exclusivement masculine, regarde du coin de l'œil, mais personne ne semble concerné. J'interroge le patron, les yeux rougis par l'absence de sommeil, un sympathique arabe chrétien qui se définit comme «assyro-babylonien»: «J'y crois pas», me dit-il à voix basse. Depuis que j'ai ouvert à 8 heures, les gens parlent de tout et de rien, mais surtout pas de ce qui vient de se passer. C'est biz as usual: circulez, y'a rien à voir. Je m'attable avec Malik* en train de boire son café, le visage fermé. Je lui dit qu'il a une mine fatiguée et qu'il y a de quoi après les massacres horribles des dernières heures. «Pourquoi horribles?», me lance-t-il d'un air hostile, «tu crois quand même pas ce qu'ils nous racontent!». Ma crédulité lui fait même «pitié»: «Réfléchis trois secondes: un musulman, ça tue pas. Tuer, chez nous, c'est haram. C'est marqué dans le Coran». Je tente la carte bobo nunuche bien-pensante: l'islam est certes une religion-de-tolérance-et-de-paix, mais il peut y avoir de mauvais musulmans, des fanatiques qui le déforment et s'en servent à de vilaines fins politiques. «C'est quoi ces conneries?», poursuit-il. «Un communiqué, ça se fabrique, c'est comme les images: tout est bidon». Et comme un musulman ne peut donc être un meurtrier, il faut bien que «y'ai un truc derrière tout ça». Le raisonnement est implacable. Aussi brillant que celui d'Emmanuel Todd et d'une bonne partie de la doxa de gauche politiquement correcte, pour qui il ne s'agissait déjà plus, quatre mois après «Charlie», de combattre l'islamisme, mais le «laïcisme radical» porté par les néo-réactionnaires, très vite tenus, en toute indécence, pour les coupables indirects des crimes de janvier.

    Entre temps, les copains de Malik sont arrivés et ils se mêlent à la conversation. Nidal, passablement agressif, renchérit: «La vérité, de toute façon, on l'a connaît: c'est un complot contre nous et contre l'islam, comme avec Merah et le reste». Le reste? Un autre m'éclaire de façon assez prévisible en m'expliquant que les chambres à gaz seraient une «invention sioniste», le 11-Septembre un complot du Mossad et le massacre de Charlie-Hebdo un coup monté de la DCRI. «Tu vois, les Kouachi. J'ai un copain qui les connaissait bien. Il m'a dit que le deuxième frère était mort en 2009. C'est pas une preuve, ça? Le but, c'est de salir les musulmans». Avant, m'expliquent-ils, ils ne disposaient que de la version officielle que leur servaient «les médias». Désormais, ils possèdent un savoir inaccessible au profane: «On peut plus nous enfumer». À ce propos, je leur demande quels sont leurs sites préférés: Dieudonné, Soral, Médiapart, oumma.com, les Indigènes de la République? Ils ne comprennent pas le sens de ma question: «Internet, quoi, YouTube. Tu connais YouTube?». Je n'insiste pas, voyant que la notion même de source leur échappe. Je me résigne aussi assez vite à laisser de côté la question de la vraisemblance dudit complot — la paranoïa conspirationniste étant par définition immunisée contre tout démenti en provenance des faits —, pour m'intéresser aux chefs d'orchestres cachés: un complot, mais orchestré par qui? «Justement, on le saura jamais», dit Kevin d'un air grave et dubitatif. «Tu déconnes!», s'énerve Réda qui prend à son tour la parole avec véhémence: «T'sé quoi Madame, avec tout mon respect: les gros salauds, les barbares, les criminels qu'faudrait régler à la kalach, c'est les Juifs! Mais ça, tu pourras pas l'écrire dans ton journal vu qu'ils contrôlent tout». Vraiment tout? «Nan, en fait, seulement 80 %», estime Kamel, plus raisonnable et qui dispose de chiffres plus… exacts. Son voisin, un peu gêné devant moi, tient lui aussi à… nuancer: «Les Juifs, enfin les sionistes plutôt. C'est eux les grands caïds. Même l'Etat français est une marionnette entre leurs mains». Tous acquiescent avec vigueur et considèrent, pour de mystérieuses raisons, que seul Poutine, «un mec génial», pourrait nous «sauver».

    Les trois mots magiques — «Juif», «sioniste» et «complot» — étant lâchés, ces vocables ont aussitôt pour effet d'échauffer le groupe, toujours aussi peu disposé, autour de midi, à verser une larme de compassion, même une toute petite, envers les morts et les blessés de la nuit. Une insensibilité et une indifférence absolues. Tandis que je songe à la réflexion d'Hannah Arendt sur le fait que c'est aussi dans le vide de la pensée et l'incapacité d'être ému que la barbarie se déploie, voilà que Toufik infléchit avec succès la discussion sur les francs-maçons, «les alliés du grand caïd» qui, manifestement, les passionnent. Et d'ajouter: «De toute façon, en France, c'est simple: si tu fais pas partie d'une loge, t'as pas de boulot». Son pote le coupe: «Faut pas oublier non plus Sarko et sa bande qui, après avoir vendu cinq tonnes d'or aux Américains pour une bouchée de pain, se sont tous tirés à Tel-Aviv». Son voisin complète: «Même les Français en ont marre, ils sont plus chez eux avec ces Juifs pourris. Or on a quand même le droit de se sentir chez soi, c'est normal!». J'ose faire remarquer que Nicolas Sarkozy a pourtant l'air de se trouver physiquement à Paris. «Ben c'est normal, vu que c'est Rockefeller qui dirige BFM et iTélé». J'admet que je n'y avais pas pensé… De toute façon, «ils sont tous islamophobes, faut arrêter de nous stigmatiser», conclut un autre.

    Là, il me sidère: ces jeunes esprits déstructurés, abreuvés aux discours de haine et aux fantasmes complotistes, ont en même temps très bien capté le prêt-à-penser du jour et l'intérêt qu'ils pouvaient en retirer, entre chantage à l'islamophobie, vulgate du padamalgame (les procès en dérive «néo-réac», ils ne connaissent pas encore) et complaisance victimaire. Il est vrai que l'axiome de Malik — «Un musulman, ça tue pas» — rejoint le principe intangible de la bien-pensance contemporaine, à savoir que le Mal ne saurait en aucun cas surgir du camp du Bien, celui des anciens «damnés de la terre». D'où l'exploit d'Edwy Plenel qui, en 2013, osait encore parler d'un «terrorisme dit islamiste».

    C'est ainsi que sans ces territoires occupés de la pensée progressiste, toute à son déni idéologique du réel, Les Territoires perdus de la République*, un livre qui réunissait dès 2002 les témoignages alarmés de professeurs du secondaire, aurait pu permettre de faire — à temps? — le bon diagnostic. La gauche, dont la lâcheté fut affligeante, a préféré le bouder et le considérer comme raciste: comment osait-on constater une offensive salafiste dans certains quartiers? Scandaleux. Résultat: la France enregistre quinze ans de retard à l'allumage face à la menace représentée par un islam qui se radicalise. À se demander où réside le plus horrifiant. Dans cette perte absolue de repères parmi une jeunesse pourtant née et éduquée en France? Ou dans le manque de courage de nos élites somnambules qui, de renoncements en capitulations, ont contribué à accuser cette fracture qu'il était jusqu'à présent de mauvais goût de vouloir voir et sur laquelle il était donc de bon ton de ne rien savoir. Tragique. Au début des années 2000, mes interlocuteurs étaient encore enfants. Nos milliers de djihadistes de fabrication locale — dont les massacreurs du 13 novembre —, l'étaient aussi. 

    * 220 pages, 18 €.

    * Les prénoms ont été changés

    XVMbffe1f82-8e20-11e5-99b8-4bd51d8f92b3-100x150.jpgAlexandra Laignel-Lavastine a fait ses études à l'Université Paris Sorbonne-Paris IV puis au Centre de formation des journalistes (CFJ), avant de se consacrer à une carrière d'essayiste, d'universitaire et d'éditeur, collaborant aussi, depuis 1987, à de nombreux médias écrits et audiovisuels, dont Le Monde (près de 250 articles, portraits et chroniques de 1998 à 2009, accessibles via le site du quotidien), Libération, Le Monde des débats, Philosophie Magazine... Elle est l'auteur d' un livre de combat sur les enjeux de l'après Charlie, intitulé La Pensée égarée (Grasset, Prix de la Licra, mai 2015)* et sous titré «Islamisme, populisme, antisémitisme: essai sur les penchants suicidaires de l'Europe». La chronique d'une catastrophe annoncée en même temps qu'une invitation à décréter l'état d'urgence intellectuel.

    Alexandra Laignel-Lavastine  - FigaroVox          

             

  • La dernière « couv » de Valeurs actuelles : D'accord, mais ...

     

    ... On ne réarmera pas la France

    - c'est à dire d'abord au plan

    mental et politique - à

    l'intérieur du Système !

  • Pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi intérieur, le reniement de soi

     

    Notre pays vient de vivre des heures tragiques dont il sait qu'elles ne sont pas terminées, dont il sait qu'elles se reproduiront et que la menace de leur renouvellement, leur renouvellement même, se prolongeront longtemps encore. Probablement des années. Peut-être une décennie. Peut-être davantage.

    Les Français ont pris conscience de cette situation de guerre. Et donc de l'existence d'un ennemi. On n'a pas pu leur refaire cette fois-ci  le coup de Charlie ... Mais les mêmes (politiques et médias) tentent déjà de leur inoculer que ce que nous devrions défendre ce serait la société du divertissement, du brassage festif des cultures et des populations, la société du caprice et du plaisir... Au sens vulgaire.   

    Les trois articles que nous publions plus loin, signés Denis Tillinac (Valeurs actuelles), Madeleine Bazin de Jessey (Le Figaro) et Jean-Paul Brighelli (Causeur), chacun selon son registre, appellent au contraire les Français à une sorte de retour sur eux-mêmes en rupture avec l'idéologie que nous venons de nommer.

    Denis Tillinac en donne le sens : « Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi.»

    Le souci de Madeleine de Jessey, ce sont les jeunes français, y compris ceux qui sont issus de l'immigration : « Ils avaient besoin d'histoire et de modèles identificatoires, nous leur avons appris à haïr notre passé à travers des séances d'auto-flagellation permanentes qui les ont entretenus, pour les uns, dans une culpabilité étouffante, et pour les autres, dans une victimisation haineuse.» 

    Jean-Paul Brighelli s'insurge que l'on puisse appeler kamikaze les tueurs aveugles du 13 novembre. Alors que le Japon contemporain remet à l'honneur les valeurs de sa tradition : « Ce mouvement de balancier a permis l’exaltation de ces jeunes gens prêts à mourir pour l’empereur. Et le suicide de Mishima par seppuku en 1970 n’est jamais que l’ultime démonstration des valeurs traditionnelles du Japon en résistance à l’ère du base-ball et de la vulgarité américaine. (...) Aucun rapport en tout cas avec ce qui vient de se passer : à Paris, ce n’étaient pas des « vrais croyants » affrontant des « croisés », comme ils aiment le dire. C’étaient juste des connards sanguinaires.»

    La détermination, le courage, le professionnalisme, la rigueur, la technique impeccable des hommes du RAID est indéniable. Eux aussi risquent leur vie. Comme nos pilotes qui bombardent Raqa jusqu'où ils volent avec sans-doute le meilleur avion du monde. Ce sont de légitimes motifs de fierté.

    C'est de leur régime politique que les Français n'ont pas de raisons d'être fiers. Et de l'idéologie qui le sous-tend. Une constante de ce régime à travers l'histoire est que la France y est  toujours mal défendue. Ce n'est pas ici notre sujet que d'analyser les errements, les retards, l'incohérence de notre politique sécuritaire, de notre politique de l'immigration, de notre politique étrangère. Que d'erreurs ! Que de temps perdu ! Sous ce malheureux quinquennat, tandis que la crise économique sévissait, que le monde devenait infiniment plus dangereux, que montaient en France même les risques liés à l'immigration et au terrorisme, que de temps a été passé, d'importance donnée, aux réformes sociétales imposées par le gouvernement et les lobbies ! Il s'agissait de déconstruire les bases de la société française...

    Tous comptes faits, l'Action française de jadis - et celle d'aujourd'hui - avait raison d'affirmer que la France se défait sans roi. C'est bien à quoi nous assistons et c'est aussi assez exactement ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, au mois de juin dernier. C'est ce qu'écrivait, hier mercredi, ici même, Hilaire de Crémiers : « Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. »