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Actualité France - Page 399

  • Faut-il défendre la France ?

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Depuis quelques jours, une succession d’événements aux conséquences potentiellement très graves alertent les chancelleries : tension entre l’Iran et l’Arabie Séoudite dans une région que l’on compare volontiers aux Balkans du siècle précédent - les plus clairvoyants apprécieront les propos de M. Zemmour : « Ce n'est pas la guerre entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Enfin, pas encore » (RTL) ; énième provocation nord-coréenne qui, comme chacune de celles qui l’ont précédée et de celles qui pourraient la suivre, fait courir un risque mortel à un statu quo qui arrange pourtant tout le monde - d’où cette volonté de minimiser et de dédramatiser, illustrée par M. Guetta (France Inter) : « ce régime […] veut simplement acheter sa survie en faisant chanter la terre entière pour obtenir des aides alimentaires et des garanties de pérennité » ; aggravation brutale de la crise économique et financière en Chine qui pourrait annoncer un nouveau krach à l’échelle mondiale - c’est ce que pensent les plus pessimistes, comme M. Losson (Libération) : « Si la Chine chute, le monde risque de tomber avec elle ».  

    Tout cela est bien inquiétant pour la France car elle pourrait se trouver impliquée, malgré qu’elle en ait, dans crises et conflits. Plus près de nous, on doit envisager le délitement plus ou moins probable de l’Union européenne pour cause d’impuissance et d’incohérence : turbulences garanties en cas de « Brexit ». En France même, on nous annonce que la guerre contre l’islamo-terrorisme, ennemi d’autant plus dangereux que beaucoup continuent à nier sa nature véritable, ne serait-ce qu’en refusant de le nommer, pourrait durer plusieurs dizaines d’années - « On en prend pour trente ans, peut-être cinquante » ne cesse de répéter M. Servent (RMC). Nos troupes devront donc continuer à intervenir hors du territoire national mais aussi, on le voit tous les jours, sur le sol national.

    On ne peut donc qu’approuver certaines des mesures déjà prises ou envisagées par le gouvernement, notamment beaucoup de celles qui visent à faire entrer l’état d’urgence dans la procédure pénale. Cependant, l’état général des esprits, même si on peut noter une sorte de frémissement patriotique, reste englué dans un misérabilisme compassionnel et « mémoriel » fondé sur un amalgame générateur de confusion. Des bobos parisiens qui se prennent pour des « résistants » parce qu’ils vident une pinte à la terrasse d’une brasserie ou M. Renaud venu place de la République pousser la chansonnette pour commémorer les événements de janvier 2015 : cela ferait sourire, si ce n’était pitoyable. Mais que M. Hollande, chef de l’Etat, ou même Mme Hidalgo, maire de Paris, perdent leur temps à pleurnicher en dévoilant des plaques in memoriam est, pis que ridicule, inquiétant.  

    Hommage officiel à ceux qui tombent pour la France ou qui font acte de bravoure, oui. Mais qu’on cesse d’opposer à des ennemis décidés le modèle d’une France fêtarde et jouisseuse, qu’on cesse d’arborer à la face d’un monde dangereux des « valeurs » qui n’en sont pas : la France ne mériterait pas d’être défendue si elle était réduite à ça; la France, c’est quand même autre chose. 

     

  • Thierry Baudet : « La nation est le meilleur cadre pour traiter la crise migratoire »

    La crise des migrants ébranle l'Europe. En Allemagne, Angela Merkel affronte une opinion publique de plus en plus hostile. L'analyse de l'intellectuel néerlandais Thierry Baudet - dans un entretien pour FigaroVox du 8 janvier - ne peut manquer de nous intéresser. Voilà quelqu'un qui ne mâche pas ses mots, qui ne craint pas les remises en cause frontales, la rupture avec les modes et les conformismes. Il est vrai que les utopies qu'il dénonce ici avec force, talent et lucidité, ont commencé, depuis un certain temps déjà, de perdre leurs attraits. Thierry Baudet les ressent finissantes. A vrai dire, nous aussi.  LFAR    

    Dans votre livre Indispensables frontières vous estimiez qu'un des problèmes majeurs de l'Europe résidait dans son absence de frontières intérieures. Alors que la crise migratoire n'a toujours pas trouvé de solution, il faudrait revenir aux frontières intérieures ?

    Thierry BAUDET. - Absolument. Et pas seulement pour des raisons pratiques. Je pense que c'est un droit moral inaliénable pour les nations que de pouvoir décider seules de ceux qu'elles veulent accueillir et de ceux qu'elles ne veulent pas laisser entrer chez elles. Aucun aréopage bureaucratique supranational ne peut réclamer cette prérogative.

    La Convention de Schengen est entrée en vigueur en 1995. Plus de vingt ans plus tard, comment se fait-il que l'espace Schengen soit constamment comparé à une passoire ?

    Parce que Schengen est une passoire depuis l'origine. Non seulement des frontières ouvertes n'ont jamais résolu le moindre problème mais elles n'ont même pas été conçues pour résoudre un problème: comme l'euro, c'était une non-solution à un non-problème, le seul but, inavoué, étant de forcer les peuples européens à constituer des États-Unis d'Europe.

    La nation est-elle le cadre le plus adapté pour gérer la crise migratoire? Est-il envisageable que les 28 Etats de l'UE décident, d'un commun accord, de confier davantage de pouvoirs à la Commission en la matière ?

    Je pense que la nation est, en effet, le meilleur et même le seul cadre dans lequel la crise migratoire peut être traitée, tout simplement car c'est uniquement au niveau national que les responsables politiques ont autorité pour agir. En fait, la Commission européenne ne fonctionne que lorsqu'elle gère des dossiers non controversés, essentiellement non politiques. Chaque pays souhaite en réalité adopter une politique migratoire différente. Si l'Allemagne menace d'attirer à nouveau l'Europe dans l'abîme en raison de son complexe de supériorité (cette fois, supériorité de l'universalisme illimité et de l'humanitarisme), les autres pays devront se prémunir contre elle par l'élaboration de leurs propres politiques d'immigration et la défense de leurs frontières. Ce qui a d'ailleurs déjà commencé.

    La Suède et le Danemark ont rétabli un contrôle à leurs frontières, mettant un terme à soixante ans de libre circulation dans les pays nordiques. La Pologne ou la Hongrie subissent les critiques de Bruxelles visant l'autoritarisme de leurs gouvernements. Le rêve fédéraliste européen est mort ?

    Oui, heureusement ce rêve, ou plutôt ce cauchemar, est terminé. La vraie force de l'Europe a toujours été sa diversité politique et culturelle. Nous pouvons coopérer librement, nous pouvons avoir des règles de délivrance des visas très libérales, mais nous devons défendre la démocratie nationale et la primauté du droit, et ceux-ci ne peuvent exister qu'à l'échelon national, celui des peuples.

    Alors qu'une logique d'abolition des frontières pour faciliter la libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes anime la Commission européenne, que pensez-vous de la construction depuis 2014, financée en grande partie par l'Union européenne, d'un mur entre l'Ukraine et la Russie ?

    Je pense que la manière dont l'Union européenne (et les Américains) essaient de pousser la Russie le plus loin possible de l'Europe, est imprudent, peu judicieux et ne sert les intérêts de personne. Nous nous croyons toujours coincés dans l'ancien cadre de la guerre froide. Mais les temps ont changé, et la Russie peut être un allié important. Pourquoi essayons-nous de faire entrer la Turquie en Europe alors que nous bannissons la Russie ? Je ne vois aucune logique.

    En ce qui concerne l'Ukraine, notons que ce pays est profondément divisé, et que l'UE est bloquée sur l'idée incroyablement naïve que le nouveau gouvernement - qui a pris le pouvoir de façon illégitime par un coup d'Etat - incarne une sorte de Mai 1968 et que Porochenko s'inspirerait de John F. Kennedy. En réalité, nous sommes en partie responsables d'une guerre civile pure et simple, mauvaise pour l'Europe, mauvaise pour la Russie et pour l'Ukraine elle-même. Je ne vois vraiment pas de stratégie cohérente derrière tout cela.

    Doit-on à l'Union européenne le bénéfice de la paix qui existe en Europe depuis 1945? Sa gestion des questions économiques, diplomatiques et migratoires est-elle plus efficace et plus démocratique que celle des Etats-nations ?

    Tout d'abord, je pense qu'il est important de rappeler que ce discours sur l'Union européenne apporteuse de la paix est une absurdité totale. La paix après 1945 a été le résultat de plusieurs facteurs, au premier rang desquels il faut placer la guerre froide et la solidité protectrice de l'OTAN, la naissance d'une Allemagne démocratique puissante, ainsi que les développements technologiques et démographiques. Le fait que des «leaders» européens puissent prétendre être responsables en quoi que ce soit de la paix européenne témoigne de leur orgueil et de leur exceptionnelle arrogance.

    Deuxièmement, je ne pense pas que la démocratie puisse jamais exister à l'échelle continentale en Europe. Les cultures, les langues, les traditions politiques, les visions de la vie, tout est si incroyablement diversifié dans notre beau continent et c'est l'une de nos forces. Il est faux de dire que nous serions plus forts, économiquement et diplomatiquement si nous étions «un». Les gestionnaires disent toujours cela et c'est la raison pour laquelle ils veulent toujours plus de fusions d'entreprises, d'hôpitaux, de municipalités, d'écoles, et ... de pays. Mais ces fusions ne marchent jamais. Si la puissance était systématiquement liée à la taille, Singapour ne serait pas plus riche que l'Indonésie, la Corée du Sud plus riche que la Chine et la Suisse plus riche que la plupart des pays de l'UE! De telles absurdités sont symptomatiques de la propagande de l'UE et c'est un vrai scandale que tant de gens continuent à les prendre au sérieux.

    Alors que se profile un référendum sur le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'UE, David Cameron parcourt l'Europe en quête de soutien des quatre séries de réformes qu'il exige de l'UE pour y maintenir le Royaume-Uni. Si les 27 autres Etats de l'UE consentent à modifier les traités européens pour satisfaire Londres, est-il imaginable que chacun essaie par la suite de les aménager suivant ses intérêts ?

    Je ne le pense pas. Et la raison se trouve dans l'histoire de l'Empire romain. Les sénateurs décidèrent de plébisciter non pas un représentant mais onze. Ceux-ci ne furent bien sûr jamais d'accord, de sorte que les sénateurs purent continuer à gouverner à leur guise. Jean Monnet, le cerveau du système européen, était bien conscient de cette vieille loi de la division pour mieux régner. Les différentes ambitions des différents Etats européens en vue d'éventuelles modifications des traités de l'UE vont se neutraliser. Il est ainsi impossible de réformer fondamentalement l'UE. Et le projet continuera donc jusqu'à ce que les nations soient assez courageuses ou exaspérées pour en sortir entièrement. Comme, je l'espère, la Grande-Bretagne le fera à la suite de son référendum et les Pays-Bas pourraient bien suivre.

    Le ministre des Affaires Etrangères Paolo Gentiloni a estimé le 8 janvier dans La Stampa que « L'Europe ressemble à un immeuble où les voisins se disputent entre eux. Sur le thème des accords de Dublin [texte juridique communautaire concernant les demandeurs d'asile], nous risquons de faire sauter Schengen ». Que pensez-vous de cette analyse ?

    Je pense que comparer nos grandes nations européennes, avec leurs grandes réalisations, leurs langues merveilleuses, leurs cultures, leurs traditions culinaires, leurs révolutions à de simples voisins d'immeuble est insultant et ridicule. Cela montre par ailleurs une profonde haine de soi, un phénomène dominant dans les élites culturelles et intellectuelles européennes, que j'ai appelé dans un de mes livres,Oikophobia, peur pathologique, ou aversion, de notre propre culture et de notre identité. L'Union européenne est le vecteur principal de cette pathologie, de cette carence auto-immune qui détruit l'Europe. L'UE détruit ce qui rend l'Europe unique et merveilleuse, à savoir sa diversité culturelle, ses démocraties, son organisation politique à échelle humaine et la fructueuse concurrence entre ses pays. Dès lors, l'ouverture des frontières est la manifestation de cette maladie mortelle. 

    Intellectuel néerlandais, Thierry Baudet enseigne le droit public à l'Université de Leyde. Il est l'auteur de Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie aux éditions du Toucan.

    Entretien par Eléonore de Vulpillières            

     

  • Politique & Société • « Nous n’avons pas les mêmes valeurs »

    ... OU LA MORT [Le terme qui manque]

     

    Décodage d’une actualité en demi-teinte ou en plein délire, qui navigue entre deux eaux ou patauge dans le deux poids, deux mesures : dans son style et derrière son humour, André Bercoff assène des  vérités de bon sens devenues rares ... « Appui nécessaire à l'hebdomadaire » [Charlie] ? Non. Là nous ne suivrons pas André Bercoff. Par exception. Croit-il aux valeurs de la République ? Nous, pas du tout. Lui, peut-être. En tout cas, il ne doit pas être un fervent des valeurs que répand la doxa dominante ...  LFAR

    andre_bercoff.jpgOn le sait depuis toujours : la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas

    L’on ne peut dire, sur le point de la liberté, qu’en France, depuis quelque temps, nous ayons été particulièrement gâtés : à droite comme à gauche, au gouvernement comme dans l’opposition, dans l’establishment comme dans les corporations, toute critique est considérée, mutatis mutandis, au mieux, comme une atteinte au moral de la nation, au pire, comme une diffamation et donc une incitation aux poursuites judiciaires tout-terrain. Certes, par rapport à une bonne moitié du monde, nous ne figurons pas dans le peloton de queue ; mais le triomphe, dans un certain nombre de médias, du politiquement correct, l’omerta sur les opinions qui déplaisent et les sanglots longs des violons des associations diverses et variées, toujours promptes à faire un procès aux têtes qui dépassent, n’ont rien arrangé, bien au contraire. Le cas de Charlie Hebdo est différent : là, le 7 janvier 2015, il y a eu massacre à la tronçonneuse pour des motifs précis, assumés et proclamés. D’où un appui nécessaire à l’hebdomadaire, mais une stupéfaction non moins intense devant la une du journal représentant un dieu barbu et armé, surmonté d’une drôle de couronne, qui serait le criminel toujours en fuite. Alors que la motivation et l’idéologie des tueurs sont connues et répertoriées. D’où vient, dès lors, l’étrange tentation de se trouver, une fois de plus, devant un amalgame à front renversé ?

    L’histoire la plus représentative de l’étonnante confusion des esprits qui règne en ce moment dans le royaume a été fournie par ce qui s’est passé à Valence

    Donc, un jeune homme précipite sa voiture sur des militaires en faction devant une mosquée, dans l’intention évidente — et plus tard avouée — de les occire. Et c’est là que la fabrique d’excuses commence à fonctionner à plein rendement : le procureur qui déclare que rien ne prouve qu’il s’agit d’un islamiste et que la présence de vidéos de Dae’ch sur son ordinateur ne signifie rien ; la journaliste d’une chaîne de télévision qui explique que sa motivation vient du fait qu’il était au chômage depuis des mois, voire des années. Mais la palme revient sans conteste au JDD, qui retransmet l’information selon la quelle l’agresseur ne trouvait pas de place pour se garer… Effectivement, il y a de quoi avoir des envies de meurtre. Depuis, l’individu a été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et tout aura été fait pour que l’épisode reste dans le domaine du droit commun. Voilà pourquoi, près de quatre siècles après Molière, votre fille reste muette et la vérité également.

    Décidément, il importe de faire entrer au plus vite la Turquie dans l’Union européenne

    Nous n’en voulons pour preuve que l’infinie sagesse du président Erdogan qui, pour expliquer sa volonté de réviser la Constitution afin de faire de son pays un État fort, a cité en exemple l’Allemagne de Hitler. Voilà une direction originale, à laquelle nos politiques n’ont pas encore pensé. Il est toujours temps de corriger le tir.

    Si Michel Delpech n’était pas toute la France…

    On aimerait tout de même bien que, dans l’ADN de ce pays, il demeure encore un peu, beaucoup, énormément de Laurette. Et de tout-terrain. Et de fêtes. Et de Loir-et-Cher. 

    André Bercoff [Valeurs actuelles]

  • Livres • Crime imaginaire et victimes réelles

     

    Entre blasphème, soldats d'Allah, charia et menace des kalachnikovs, une excellente chronique d'Éric Zemmour pour FigaroVox.

     

    Un an après Charlie, seule une plongée dans le passé du blasphème nous éclaire. Une histoire passionnante où religion et politique sont étroitement mêlées. Hier comme aujourd'hui.

    Le mot avait disparu du langage courant. Il évoquait des temps immémoriaux et obscurs, où le Moyen Âge et le chevalier de La Barre se mêlaient dans une grande confusion historique. Le blasphème nous semblait aussi désuet que la marine à voile mais sans susciter la même nostalgie pour la splendeur des équipages. Il y a un an, l'exécution de dessinateurs blasphémateurs au cri d'Allah akbar nous a ramenés dans un passé que l'on croyait révolu. Aussi efficace qu'une machine à remonter le temps, la kalachnikov des frères Kouachi ressuscitait un univers des «péchés de bouche» et des «serments outrageux» que Voltaire et la République des Jules avaient cru enterrer dans le linceul des «crimes imaginaires». Alors, pour mieux comprendre et combattre ce qui nous tombait dessus, autant plonger dans ce passé qui était fort bien passé. C'est ce que nous propose Jacques de Saint Victor, historien du droit bien connu des lecteurs du supplément littéraire du Figaro. Une plongée passionnante et instructive qui nous ramène aux sources juives du Dieu monothéiste, exclusif et jaloux, et de ces développements complexes en terre chrétienne.

    Notre auteur nous surprend en nous apprenant que, contrairement aux idées reçues, ce n'est pas tant l'Église qui réprima le blasphème que les rois ; le pape tempérait même les ardeurs répressives des rois: «C'est plutôt la politique que la religion qui a rendu la religion intolérante.» Les guerres de religion allaient donner une nouvelle vigueur à cette question, dans un temps où les protestants usaient du blasphème pour scandaliser les catholiques et où le protestantisme fut assimilé au blasphème par les catholiques. Pour sortir des guerres de religion, les politiques inventèrent la monarchie absolue. Que les Lumières et la Révolution remplacèrent par la nation. On n'avait plus besoin de Dieu et de la religion pour fonder la légitimité du pouvoir politique. «La France fut la première nation en Europe à abolir expressément le délit de blasphème en 1791… La première nation à dissocier aussi nettement le droit et la religion.» Les tentatives pour restaurer les anciens interdits (Restauration, second Empire) étaient vouées à l'échec et au ridicule. Mais le ridicule ne tue pas. Notre auteur s'en amuse ou s'en effraie. «Notons que notre exigence actuelle de “respect des religions” ou de “décence” puise sa source dans les plus obscures décisions de justice du second Empire, celles-là mêmes qui poursuivaient Proudhon, Baudelaire et Flaubert!» Nous vivons le temps des grands renversements d'alliance. Les progressistes ont des faiblesses pour le Moyen Âge. Les laïcards, des tendresses pour Allah. «La pénalisation du “discours de la haine” et le respect des convictions intimes étaient brandis par la droite ultracatholique de 1881 pour dénoncer le blasphème ; les voici repris aujourd'hui par les associations antiracistes.»

    À l'époque, c'est Clemenceau, anticlérical et anticolonialiste, qui lançait: «Dieu se défendra bien lui-même ; il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés.» Aujourd'hui, c'est l'extrême gauche qui explique que la laïcité est un projet colonialiste et raciste, et que l'islam rigoriste n'est que «la rage des victimes de la mondialisation capitaliste».

    Jadis, l'État français combattait tout communautarisme et tout État dans l'État. Aujourd'hui, c'est l'État lui-même qui, avec la loi Pleven, «marque le début juridique du repli communautaire en France en institutionnalisant sans y prendre garde la logique identitaire». À l'ONU, sous la pression des pays musulmans, le conseil des droits de l'homme adopte une résolution en 2009 qui affirme la nécessité de poursuivre «toute forme de diffamation des religions» et le Vatican s'y oppose, voyant le danger pour les chrétiens dans les pays musulmans.

    Dans ce tohu-bohu historique et idéologique, notre auteur tente de raison garder. Il invoque les mânes modérés de Montesquieu ; refuse la confusion faite «entre respect des croyances et respect des sensibilités». Mais il paraît désarmé devant cette «singularité française: depuis le début des années 2000, la nation la plus laïque d'Europe va nourrir, en son sein, des exigences parmi les plus fondamentalistes du continent en matière de blasphème». Il diagnostique fort bien un retour à l'esprit des guerres de religion: «Le blasphème a fini par redevenir un “curseur identitaire” comme il l'avait été au XVIe siècle» ; mais il croit pouvoir établir une égalité entre les menaces venues de l'islam littéraliste et celles issues du christianisme fondamentaliste. Derrière celui-ci, il croit voir l'ombre de «l'ordre moral». Il continue à croire que «la société libérale laïque reste en définitive la seule réponse à ce délit de blasphème» ; mais il oublie que cette société libérale de la IIIe République respectait alors «la morale de nos pères» chère à Jules Ferry, et ne sacrifiait pas aux rites postmodernes de la théorie du genre et du mariage homosexuel. Il invoque avec raison le souvenir glorieux de Clermont-Tonnerre et sa fameuse phrase: «Il faut tout donner aux juifs en tant qu'individus, et rien en tant que nation», en omettant que les Israélites, en échange de leur émancipation religieuse, poursuivaient leur assimilation culturelle à une société chrétienne. Il craint que cette évocation vigoureuse et décomplexée de nos racines chrétiennes ne pousse au «choc des civilisations» en faisant mine de ne pas voir que le fameux choc a déjà fait couler le sang dans les rues de Paris. Il nous avait pourtant lui-même donné les clefs d'explication du retour tonitruant de cette question dans la France du XXIe siècle, en nous montrant que la répression du blasphème fut une des armes utilisées par le pouvoir royal pour affirmer son autorité et sa souveraineté.

    De même aujourd'hui, la répression du blasphème par des soldats d'Allah exprime la volonté d'affirmer sur notre sol, et nos populations, l'émergence d'un pouvoir islamique, fondé sur la charia et appuyé par la menace des kalachnikovs. Les islamo-gauchistes ont déjà choisi d'y faire allégeance. D'autres s'y refusent. Notre auteur, comme nous tous, devra se résoudre à choisir son camp. 

    Eric Zemmour 

    Blasphème de .Jacques de Saint Victor, Gallimard, 122p., 14 €

    Blasphème de .Jacques de Saint Victor, Gallimard, 122p., 14 €

  • Déchéance de la nationalité : et après ?

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgLes vœux qu’il a adressés à ses « cher-e-s compatriotes » (sic), ainsi qu’il est désormais écrit sur le site de l’Elysée par soumission au lobby paritariste, n’ont fait que confirmer le déni de réalité dans lequel se situe Hollande, qui refuse toujours de désigner l’ennemi, l’islamisme, au moment même où il réaffirme que nous sommes confrontés sur notre sol à des actes de guerre.  

    Une guerre sans ennemi, alors ? Non, puisque nous sommes avant tout « victimes du fanatisme » et que « nous diviser, c’est ce que cherchent les extrémistes » : il ose ainsi englober dans une même dénonciation subliminale à la fois l’Etat islamique et le Front national, tous deux évidemment « extrémistes » et se nourrissant l’un l’autre — un « élément de langage » que certains « experts » politiquement corrects n’ont pas hésité à asséner, après les massacre du 13 novembre, pour prévenir la montée de l’ « extrême droite » aux régionales du début décembre. Ou quand, derrière le masque du chef de l’Etat, dont le « premier devoir  » serait de « protéger » les Français, se révèle le vrai visage du politicien qui n’hésite pas à insulter près de 7 millions d’électeurs en leur déclarant que leur vote fait le jeu des terroristes.

    HOLLANDE- PÉTAIN : MÊME COMBAT ?

    Pourtant ne se voit-il pas, dans le même temps et, qui plus est, dans son propre camp, comparer au Maréchal Pétain — horresco referens — en raison de son entêtement à introduire dans la prochaine réforme constitutionnelle la déchéance de nationalité y compris pour les binationaux nés français ? Et voici qu’on nous resserre Vichy et les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire ! Valls se serait bien passé de cette couleuvre à faire avaler à une gauche du parti socialiste qui y voit, à juste titre du reste, une rupture avec ses « valeurs » et est prête à en faire un casus belli. Car la question essentielle, pour la gauche qui se vit sous le mode de l’authenticité, n’est pas de savoir si, pour introduire cette mesure, il est nécessaire ou pas de toucher à la Constitution. La déchéance de la nationalité, avec laquelle la gauche n’a jamais été très à l’aise — la socialiste Guigou en a réduit la portée en 1998 sous le prétexte fallacieux de la conformer à nos engagements internationaux — contredit en effet cette inversion des valeurs qui la caractérise et lui fait refuser, par principe, aujourd’hui l’extension de la déchéance de nationalité comme, hier, la peine de mort. Pour la gauche, en effet, l’assassin de droit commun ou le terroriste sont des victimes avant d’être des criminels, ce sont mêmes les vraies victimes car ils le sont d’une société injuste, d’exclusion, voire d’ « apartheid  », comme l’a soutenu Valls en janvier dernier, après les premiers attentats terroristes. La société est la première coupable et les apparentes « victimes » des assassins et des terroristes ne sont en fait que les victimes collatérales d’une situation sociale insupportable. Dans ces conditions, comment déchoir de leur nationalité des Français binationaux qui n’ont été conduits à commettre leurs actes « fanatiques » ou « extrémistes » que parce qu’ils ont été eux-mêmes victimes du manque de vivre-ensemble, du rejet de l’autre, de l’intolérance envers leur différence, du racisme, des fausses valeurs identitaires d’une « France moisie », etc., etc. ? Et demain, en revanche, comment plaindre un peuple qui, s’il réagissait par un vote « extrémiste » contre ce patriotisme d’ « ouverture au monde », au nom duquel « nous avons bâti l’Europe  » — car telle est la définition idéologique de la patrie pour Hollande —, nous conduirait tout droit à la « guerre civile », si on en croit le premier ministre ? Ces Français moisis ne l’auraient-ils pas cherché ? Ils auraient en tout cas été prévenus.

    C’est pourquoi, si cette extension de la déchéance de nationalité est, théoriquement, contraire aux « valeurs » de la gauche, celle-ci aurait tort de trop s’inquiéter. Tout d’abord, les Français mononationaux et les Français binationaux sont « dans des situations objectivement différentes – les premiers ont une seule nationalité, les seconds deux – et les traiter différemment ne porte pas atteinte au principe d’égalité », — autre sacro-saint principe de la gauche —, comme le reconnaît Dominique Rousseau, professeur de droit, dans Libération du 31 décembre dernier. Une égalité que le projet de Hollande renforce au contraire entre natifs et naturalisés. Ensuite, Hollande n’envisage nullement de restreindre parallèlement ni le nombre massif de naturalisations ni le déferlement migratoire, bien au contraire. Enfin, le Gouvernement, par cette mesure dont le caractère symbolique constitue ou, plutôt, devrait constituer toute l’efficacité réelle, entend surtout placer la droite dans une position difficile tout en flattant une opinion très favorable à la mesure, sans pour autant donner à cette extension toute sa portée. Car sa portée effectivement symbolique — « c’est justement pour cela qu’elle semble plébiscitée par l’opinion » remarque finement, dans Le Figaro du 4 janvier, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, spécialiste du multiculturalisme — ne serait pas sans conséquence concrète si elle se traduisait par des expulsions réelles. Or la loi actuelle n’est déjà pas appliquée, notamment en raison de recours devant la justice européenne. Mais aussi parce que la justice française et l’Etat français refusent de l’appliquer, en particulier le cinquième alinéa de l’article 25 du code civil, qui prévoit qu’un individu ayant acquis la nationalité peut la perdre « s’il a été condamné en France ou à l’étranger pour un acte qualifié de crime par la loi française et ayant entraîné une condamnation à une peine d’au moins cinq années d’emprisonnement ». Combien d’apprentis terroristes auraient pu être expulsés avant même qu’ils ne se radicalisent ou n’aient été « fanatisés », si cet alinéa n’était pas systématiquement oublié ? Et si Sarkozy, en mondialiste de gauche qu’il est foncièrement, n’avait pas supprimé en 2003 la prétendue double peine pour des étrangers naturalisés ensuite par brassées ?

    LA FRANCE EST TOUT SAUF UN CONCEPT

    Mais cette question pose celle, plus essentielle encore, de la bi-, voire de la multi-nationalité. Que signifie obéir à une double, voire à une multiple allégeance ? Et est-il normal que l’Etat lui-même ignore le nombre de « Français » soumis à des allégeances étrangères — plusieurs millions ? Enfin, que peut signifier encore le jus soli, qui n’est pas, d’ailleurs, un principe constitutionnel, quand on n’a plus la maîtrise de son sol et qu’on est submergé par une déferlante migratoire imposée par l’oligarchie mondialiste ?

    Si la république réduit la nationalité à son aspect juridique — en ce sens elle a fait de tous les Français des Français de papiers —, c’est qu’elle n’en a qu’une conception idéologique, qu’elle résume au partage de valeurs dont l’universalité abstraite, valant pour tous, ne peut du même coup valoir pour définir ce particulier qu’est la nation — un particulier qui ne contredit pas l’universel mais n’est pas l’universel. C’est pourquoi elle contraint les Français à vivre leurs prétendus « échecs » par rapport aux exigences morales auxquelles elle résume la France sous le mode d’une repentance masochiste et de la dissolution de leur identité. Puisse cette question de la déchéance de la nationalité avoir au moins pour effet de rouvrir le débat sur ce que signifie être Français aux seuls plans qui comptent : spirituel, culturel, historique. Car la France est tout sauf un concept et s’en faire une certaine idée, c’est déjà la travestir en une imposture idéologique. 

    L’Action Française 2000

  • Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la France

     

    TRAVAUX DIVERS.jpgAu lendemain de la tuerie du 7 janvier, nous étions presque seuls parmi les médias à refuser de nous dire Charlie. La manœuvre de récupération, de déviation de toute réaction nationale qui eût été purement française, au profit de l'idéologie dominante, nous paraissait évidente. Il n'était pas question d'emboîter le pas à la stratégie imaginée par les cercles du pouvoir pour empêcher, stériliser, parer à un mouvement spontané du peuple français contre le terrorisme islamiste et contre ce Système qui le rend possible.    Sur les responsabilités, sur la déstabilisation profonde de la société française par la folie de notre politique migratoire des quarante dernières années, sur les risques tragiques qu'elle crée, sur notre refus d'ériger en absolu la liberté d'expression, de ne lui fixer aucunes règles ni limites, nous n'avons rien à retrancher de ce que nous écrivions le 8 janvier 2015 au matin. Hélas, on le sait, la situation n'a fait qu'empirer depuis.  LFAR

    Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam.    

    Notre seconde remarque est que la société de la liberté, de l’insolence et de l’irrespect que l’on nous prêche inlassablement depuis hier – mais liberté, insolence et irrespect factices et convenus qui cachent en réalité un profond conformisme et sont à sens unique – comporte en soi-même les germes de la dissolution et de la violence. Les médias, la pensée unique, ont immédiatement forgé, imposé le slogan « Nous sommes tous Charlie » et posé la « liberté d’expression » comme un absolu. Nous regrettons de dire que nous ne sommes pas de cet avis. Aucune liberté ne doit se considérer comme un absolu. Y compris la liberté d’expression, notamment celle de la presse qui ne devrait pas pouvoir manquer de s’imposer la règle, l’éthique, la déontologie qui donne à toute liberté sa définition et sa justification. C’est ce que Charlie Hebdo ne reconnaissait pas, ne s’imposait pas. L’on ne moque pas, selon nous, qui plus est de façon triviale, ce qui pour des milliards d’hommes, à tort ou à raison, constitue depuis des siècles des figures sacrées. Ainsi en est-il des figures de l’Islam, comme de celles du Christianisme. Les morts sont naturellement à regretter, leurs familles à plaindre. Mais – au risque de choquer – le coup porté à Charlie Hebdo ne nous paraît pas une perte de substance pour la France. 

    Nous ne sommes donc pas Charlie. Matteo Renzi, apportant le soutien de l’Italie, vient de déclarer : « On est tous la France ». C’est ce que, dans ces circonstances, il convient seul de dire et de penser.  •  Lafautearousseau

  • Paris : un homme abattu devant un commissariat du 18e ? Chronique du terrorisme ordinaire ...

    Le quartier où l'attaque s'est produite a été bouclé de longues heures par les forces de l'ordre - Crédit Reuters
     
    On connaît les circonstances. Un homme a été abattu hier jeudi devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris. L'individu abattu aurait crié « Allah Akbar » en tentant d'agresser un policier à l'accueil. Il avait un gilet d'explosif factice. Une image d'un drapeau de l'Etat islamique a été retrouvé sur lui. Selon le parquet, l'agresseur présumé était « porteur d'une arme blanche de type feuille de boucher et d'un dispositif explosif fictif ». Le papier retrouvé sur l'assaillant évoque « des actes pour venger les morts en Syrie ». Un téléphone a été retrouvé près du corps de l'assaillant. Il contenait des messages en allemand et en arabe.

    C'est dans ce dernier détail que réside peut-être une explication à la réaction singulière de Donald Trump, mettant l'Allemagne en cause.  « Un homme abattu dans un commissariat parisien. J'avais annoncé que la menace terroriste était à son niveau le plus élevé. L'Allemagne est un bordel criminogène » a affirmé sur Twitter le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis ...

    L'Allemagne est-elle la seule dans ce cas ? On peut en douter. Et la question est de savoir si les systèmes politiques et sociétaux dont se sont dotés les pays dits occidentaux tiendront longtemps le choc face à une longue période de guerre intérieure et extérieure de plus en plus intenses. L'on peut aussi en douter. Et comme nécessité fait loi, comme l'urgence appelle des solutions et des moyens adaptés à l'extension du domaine de la lutte, à la montée de sa radicalité, de sa violence, il n'est pas impossible que le système politico-médiatique actuel ne dispose plus que d'une espérance de vie limitée. S'il devait être balayé, il ne devrait guère y avoir que le monde clos de ceux qui en vivent pour le pleurer.  Lafautearousseau  

     

  • Lueur à l’horizon

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLes dernières élections ont révélé un mécontentement profond dans le peuple français. Il devrait s’ensuivre des réactions en chaîne . Quant au système, il se défend. Comme toujours !

    Ce fut comme une répétition générale, vécue comme telle par tous les acteurs. Les dernières élections n’avaient plus de régionales que le nom. Il n’était question que de 2017 dans toutes les arrière-pensées politiciennes. Avec le schéma le plus simple qui soit : l’unique but, élevé au rang d’unique stratégie et donc d’unique programme – du moins sur le territoire métropolitain –, se réduisait à battre le Front national. Hystérie et absurdité ! Comme déjà en 2002, mais en pire, dans la mesure où les répercussions des violences idéologiques ébranlaient la France profonde : chaque village, chaque électeur était sommé de choisir. La grosse presse, l’ensemble des médias qui relèvent de l’État ou des financiers mondialistes et gauchards, donnèrent leur lourde artillerie sans aucun scrupule. Les seuls espaces où il était possible de respirer et de s’entendre demeuraient limités à notre presse libre, à Radio Courtoisie, à TV Libertés, qui sont, en France, les derniers lieux sauvegardés de la liberté de pensée et d’expression.

    Le régime récupère

    Après l’enfer des attentats, l’enfer des manœuvres électoralistes où le système en place tentait de tirer profit, pour imposer sa loi diabolique, des peurs, des misères, des malaises, des deuils, dans une atmosphère étouffante de guerre civile, d’ébranlement social, de désordre généralisé que lui-même avait créés, suscités, exaspérés, au point qu’il devient légitime de se demander si, pour partie, il ne les a pas voulus. Qui ne l’a senti, vu, compris au cours de ces derniers jours ? Une sorte de retour aux sources : comme dans les années 1792-1793. L’action politique consistait à « colèrer le peuple », comme on disait à l’époque, et dans un seul but : le pouvoir, le pouvoir , le pouvoir ! Unique obsession et peu importe les morts, les carnages, la dislocation de la société, l’effondrement du pays.

    Nos institutions qui n’en sont plus, ne fonctionnent que par et pour l’esprit de parti au service d’ambitions personnelles démesurées, prêtes à tout pour s’assouvir. Un petit pour cent de la population qui vit des prébendes de la République et en fait vivre sa clientèle, attise les haines les plus inexpiables pour s’assurer les places, les carrières, les bénéfices. Qu’ont donc fait ces gens pour la France ? Ont-ils jamais vraiment travaillé ? Leur vie se résume à des discours : words, words, words, des mots avec quoi ils pensent gouverner, c’est-à-dire rien, rien, rien !
    Régime absurde, régime fatal qui s’achève toujours chez nous en catastrophes : des désastres dans des flots de discours, tel est l’aboutissement de ce système institutionnel dont les Français sont devenus les esclaves. La force du régime, de ses clans, de ses sbires, en mettant la main sur toutes les activités nationales, a été de faire croire à tous les petits Français dès leur plus jeune âge que leur système gouvernemental était garant de leur liberté et un modèle pour le monde entier. D’où le raisonnement simple : tout ce qui risque de remettre en cause le système est ennemi de la liberté. Et selon l’adage célèbre, fondamentalement républicain : pas de liberté pour les ennemis de la liberté !

    La France en est là ; l’envie vient de dire : toujours là. Et le plus curieux, c’est que la plupart des Français en sont conscients. Le vote Front national s’explique d’abord par un rejet profond d’un tel régime. C’est, d’ailleurs, ce qui fait peur aux tenants du système.

    Le Premier ministre qui devrait être préoccupé de la situation de la France et de la sécurité des Français, ne pense plus qu’à faire la guerre au Front national, allant jusqu’à assimiler les menaces terroristes aux risques que représenterait ce qu’il appelle l’extrême droite. Marine Le Pen a eu raison de protester contre pareille ignominie qui, maintenant, a cours dans les médias. Mais Valls ne change pas sa ligne, car il n’a en vue que son avenir. Il ne cherche plus qu’à être le grand opposant au Front national, le défenseur attitré de la République, le maître-d’œuvre d’une recomposition politique dans la grande tradition radicale et opportuniste, genre années 1900, avec pour prétendu modèle Clemenceau. Question de posture qui lui permettra, pense-t-il, d’accéder au sommet au moment opportun si jamais l’occasion s’en présente.

    Ambitions et manœuvres

    François Hollande, lui, se voit déjà réélu en 2017. Selon les explications de ses conseillers au style aussi cynique que grotesque, il a fort bien « géré sa séquence attentats et post-attentats ». Merci pour les victimes ! Il s’instaure père de la patrie, chef de guerre, maître de la République, gardien des institutions, lui qui n’a jamais su de sa vie que ricaner. Et de proposer pacte sur pacte. Après le pacte de stabilité, le pacte de responsabilité, puis le pacte de sécurité, enfin, pour demain, le pacte contre le chômage pour mieux lutter contre le FN ! Words, words, words… Il a toujours pensé, comme son maître Mitterrand, que les mots suffisaient à duper le monde. Stratégie simple : éliminer sur sa gauche toute candidature concurrente sérieuse, pulvériser la droite et le centre en détachant ce qu’il faut de républicains à son image autour de la prétendue défense républicaine, se présenter enfin comme le candidat, le seul possible, face à Marine Le Pen. Telle est la primordiale pensée, impossible à dissimuler, du chef de l’État, et qui proclame en même temps que la France est en guerre !

    La droite dite républicaine, en effet, se disloque. Sarkozy est pris dans son propre piège. Sa stratégie, comme celle de ses concurrents, tout comme celle de ses adversaires, se ramène, elle aussi, à la prétention d’être le seul candidat républicain face à Marine : tel est l’unique objet de leur désir à tous ! Mais comment faire ? Faut-il être de droite, donc un peu complice ? De gauche, donc traître à son camp ? Du centre, donc d’extrême centre, – car comment le définir ? –, ce lieu idéalement virtuel où chantent toutes les sirènes embusquées de la grandiloquence politicienne et où s’échouent régulièrement tous les radeaux de la République. Estrosi et Bertrand, eux, ont choisi. De prétendue droite, ils gouverneront leur région à gauche ; ils ont vendu leur âme pour ce plat de lentilles. Ah, le pouvoir ! Ils iront jusqu’à constituer des sortes d’assemblées territoriales parallèles pour justifier leur trahison, ce qui est évidemment anti-constitutionnel.

    Jusqu’où ne va pas l’esprit républicain ? Comme disait justement la jeune et courageuse Marion Maréchal Le Pen : « Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs ! » Comment gouverner avec de pareilles institutions et de pareilles gens ? Et si l’état des choses empirait ? Immigration, attentats, déficits publics, chômage….
    Le réveil sera brutal. L’échec du régime est là, patent, en tout domaine. La réussite d’une stratégie électorale ne saurait plus contenter un peuple justement inquiet. Voilà au moins un point qui semble acquis. 

  • Remplacer le président de la République...

     

    par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgAinsi, selon un sondage de ce début d’année, 74 % des Français ne veulent ni de M. Sarkozy ni de l’actuel président M. Hollande : pourtant, il y a quelques (mal)chances que l’un des deux soit élu ou réélu en 2017… Bienvenue en république d’Absurdie ! Le pays légal a tendance à se reproduire sans discontinuer, dans une tendance (presque) dynastique qui rappelle néanmoins plus l’empire romain que la monarchie capétienne : peut-on s’en satisfaire ? 

    Ma réponse est non, évidemment non ! Certes, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un échec politique doit forcément entraîner une mise à la retraite d’office comme je ne suis pas partisan d’une sorte de jeunisme qui voudrait que tous ceux qui ont dépassé la soixantaine devraient se taire définitivement et laisser la place à de jeunes loups aux dents encore plus longues que leurs prédécesseurs. Mais il me semble que les hommes politiques qui aspirent à exercer la magistrature suprême de l’Etat doivent entendre les doléances des citoyens et savoir, au moins pour un temps, s’extraire de leur bulle médiatique pour revenir aux réalités du moment sans négliger les perspectives de l’avenir. 

    Bien sûr, MM. Sarkozy et Hollande n’écouteront qu’eux-mêmes, persuadés de leur irremplaçable particularité, et, peut-être sinon sans doute, l’un des deux se trouvera confirmé dans cette impression par le verdict du second tour de l’élection présidentielle. Cela changera-t-il pour autant ce désagréable sentiment populaire que le vainqueur n’est là que par défaut, que par le « chantage au pire », comme on a pu le voir, dès 2002 à cette même élection, ou ces semaines dernières lors des élections régionales où les électeurs socialistes se trouvèrent acculés à mener campagne pour des listes de droite qu’ils n’aimaient pas vraiment ? 

    Les Français sont attachés à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, c’est indéniable, mais ils en constatent pourtant de plus en plus les effets pervers sans pouvoir, pour l’heure, imaginer autre chose que cette magistrature suprême élective. Le royaliste que je suis le constate et le regrette, mais ne se contente pas de cette constatation et de ce regret : la proposition monarchique me semble le meilleur moyen de neutraliser les petits jeux de clientèles et de féodalités partisanes en arrachant la magistrature suprême à l’élection, fût-elle populaire chez nos concitoyens. Certains y verront un sacrifice de leur possibilité de choix qui, pourtant, est de moins en moins une liberté et un choix réel, si ce n’est entre deux « moins pires » (sic !), et qui ouvre plus à la frustration et à désillusion qu’à la joie et l’espérance… 

    D’autre part, laisser au hasard et à l’hérédité non choisie le soin de désigner le Chef de l’Etat permet l’indépendance de celui-ci et cette possibilité d’arbitrage au-dessus des partis et au-delà des différences et des diversités politiques sans pour autant les nier ou les écraser. Une possibilité d’arbitrage mais aussi de décentralisation (voire de fédéralisation) sans mettre en danger, pour la France, l’unité entre ses multiples parties historiques (et je ne parle pas de la caricature de régions créée par la récente réforme territoriale), le monarque incarnant cette unité à la fois historique et contemporaine, et « centrant » l’Etat sans pour autant centraliser tous les pouvoirs politiques dans le sein parisien. 

    Et les électeurs là-dedans ? Dans une Monarchie active et arbitrale telle que je la souhaite, il n’est pas impossible de leur donner le pouvoir concret, par le suffrage universel direct, de désigner, au-delà des députés et des élus régionaux, les présidents d’assemblée et, pourquoi pas, le premier ministre lui-même sur un programme gouvernemental qu’il lui appartiendra de mettre en œuvre ou, plutôt, sur une ligne d’objectifs qu’il lui reviendra de suivre ou de faire valider par le recours (alors plus fréquent) au référendum. Le roi, quant à lui Chef de l’Etat, fixerait le cap politique à long terme (en particulier dans les domaines sociaux et environnementaux) et aurait charge de représenter l’Etat à l’intérieur comme à l’extérieur, de mener la diplomatie française dans le monde et de négocier (et garantir) la parole de la France au sein des institutions internationales : en somme, à lui l’autorité et l’arbitrage ; aux ministres, députés et élus locaux, la gestion des affaires économiques dans leur cadre d’exercice et de pouvoir ; aux citoyens, les libertés d’expression et de désignation de leurs pouvoirs politiques de proximité et centraux, ainsi que la « démocratie directe » au sein de leurs cadres politiques et sociaux locaux et nationaux, voire européens… C’était, à peu de choses près, l’esprit du programme monarchique du marquis de La Tour du Pin, dès la fin du XIXème siècle : « l’autorité au sommet, les libertés à la base », pourrait-on dire. Un programme toujours d’actualité et de nécessité, ne serait-ce que pour rendre à nos concitoyens le goût de la politique et de l’action, contre le fatalisme et l’indifférence… 

    Blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Charlie Hebdo : la Une de la honte

     
     
    Une tribune intéressante et non-conformiste de Benoît Rayski sur Atlantico. Faut-il le redire ? Nous ne sommes pas Charlie !
     
    La rédaction de l’hebdomadaire a identifié l’assassin de janvier. Son portrait-robot est passionnant.
     
    picture-67_0.jpgC’est un « wanted » tiré à un million d’exemplaires. Le montant de la prime – « mort ou vif » – n’est pas précisé, ce qui est dommage. L’assassin, donc, court toujours. Mais les journalistes de Charlie Hebdo savent sur lui des choses que nous ignorons. Il a plutôt une bonne tête. Une sorte de pâtre grec sur le retour. Une barbe fleurie, plus jupitérienne que mahométane.

    D’ailleurs, détail vestimentaire de première importance, il porte des sandales, pas des babouches. En outre, pour ajouter à la complexité du personnage, au-dessus de sa tête, il y a quelque chose qui fait penser à un triangle maçonnique. 

    C’est intéressant. C’est riche. Et ça ouvre de nouveaux horizons à une pensée dont les rédacteurs de Charlie Hebdo ne veulent pas qu’elle se résume à montrer du doigt les djihadistes.

    Car ça, c’est d’un commun. C’est convenu, banal. Et un journal se doit de surprendre. La une de Charlie Hebdo est à cet égard d’une réussite exemplaire. Vous auriez dépensé 3 euros, vous, pour voir la tête des frères Kouachi ? Vous auriez mis la main à la poche pour regarder une caricature de djihadiste alors qu’on nous en abreuve tous les jours ? Bien sûr que non. Tandis que là, vous en avez pour votre argent. 

    Un Dieu gréco-judéo-chrétien : c’est lui l’assassin de janvier ! Si vous voyez quelqu’un qui lui ressemble, signalez-le à Cazeneuve, à Hollande, à Valls, au premier flic venu. Et arrêtez immédiatement de vous polariser sur les djellabas, les burqas et de scruter à la jumelle les cités de Roubaix, de Saint-Denis, de Stains, de Trappes. Le portrait-robot de Charlie Hebdo nous incite à voir plus haut, plus loin. Du côté de l’Olympe. Vers le mont des Oliviers. Et – pourquoi pas – à Saint-Pierre de Rome…

    Entendons-nous bien. Il n’est pas question – et il ne peut en être question – de reprocher à Charlie Hebdo de ne pas nous avoir resservi un peu de Mahomet. Qui sommes-nous – et qui serions-nous – pour demander à d’autres d’aller se faire trouer la peau à notre place ? Mais pour autant, qui obligeait Charlie Hebdo à faire cette une, un sommet de la bien-pensance sirupeuse ? Oyez, oyez, braves gens ! Voici ce que nous annonce Charlie Hebdo. Toutes les religions se valent. Toutes les religions sont meurtrières. Un seul coupable : Dieu. Ne vous fiez pas aux apparences qui tendent ces derniers temps à accuser une religion d’être un peu plus agitée que les autres. Les rédacteurs de l’hebdomadaire (qui fut satirique) regardent pour nous le monde à l’échelle de l’Histoire et même de la Préhistoire. En janvier 2015, j’ai, comme beaucoup, souscrit un abonnement de soutien d’un an à Charlie Hebdo. Au vu de cette une, je viens à l’instant même d’y mettre fin.

    Benoît Rayski - Atlantico

     

  • Déchéance de la nationalité : « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique »

     

    « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique » : C'est ce qu'affirme Mathieu Bock-Côté dans cette chronique *.

    La nationalité,   dit-il, relève au contraire d'une réalité historique et identitaire plus profonde. Conception traditionnelle avec laquelle nous sommes en accord de fond. LFAR   

    Mathieu Bock-Coté.jpgÀ sa manière, l'année 2015 a été terriblement logique. Elle a commencé pour la France sous le signe de l'agression islamiste, avec les attaques contre Charlie Hebdo et le marché Hyper Casher. Les attentats du 13 novembre ont confirmé que de telles agressions étaient en fait des actes de guerre, et qu'ils étaient menés au nom de l'islam radical, même si le premier réflexe politique a consisté à dénoncer un terrorisme générique plutôt que le terrorisme islamiste. Ces attentats étaient menés généralement par des « Français », ou du moins, par des individus qui avaient la nationalité française. Fallait-il parler dès lors d'une guerre contre la France, ou d'une guerre civile ne disant pas son nom ? À tout le moins, il fallait bien reconnaître l'existence d'un problème ne relevant pas seulement de l'exclusion sociale dont la France serait coupable.

    Il n'est pas étonnant que l'année se termine avec une discussion sur la déchéance de nationalité des terroristes. Ce débat en sous-tend un autre : la nationalité n'est-elle qu'un artifice juridique ou réfère-t-elle à une réalité historique et identitaire plus profonde, dont elle est la traduction politique et institutionnelle ? Peut-on comprendre quelque chose à la nation si on l'enferme dans les seules catégories du contractualisme moderne ? On a beau répéter qu'elle se confond avec les valeurs de la République, on constate bien que ces dernières ne suffisent pas à caractériser la spécificité française. Les nations ne sont pas toutes interchangeables et à moins de consentir à leur dissolution dans une forme de grand peuple mondial, il faut chercher à comprendre en profondeur l'identité de chacune d'entre elles. Il faut renouer avec la culture.

    C'est à cette lumière qu'il faut analyser le déploiement de la question identitaire dans la vie politique française, et plus largement, dans celle de toutes les sociétés occidentales. Elle permet de penser la part invisible de la citoyenneté moderne, et plus largement, de la modernité politique. Depuis plusieurs années, des intellectuels ont cherché à la faire valoir en rappelant les droits de l'histoire et de la culture dans la définition d'une communauté politique. En faisant valoir ces évidences étouffées par le progressisme dominant, ils subirent des attaques médiatiques à répétition et même quelques procès. Certains pans de réalité ne sont tout simplement plus admis dans la vie publique, puisqu'ils représentent un désaveu sans ambiguïté de l'impasse du modèle diversitaire.

    On a beau redouter plus que jamais les amalgames dans le système médiatique contemporain, cette peur des associations malheureuses ne tient plus lorsqu'il s'agit de stigmatiser publiquement les représentants d'une certaine dissidence conservatrice, qui sont systématiquement ramenés à Vichy. Soudainement, la prudence lexicale ne tient plus, et il s'agit surtout d'exclure le plus possible de la vie publique ceux qui ne participent pas au consensus multiculturaliste et progressiste. De même, on hystérise le débat public en laissant croire à un retour des années 1930, ce qui est une manière d'écraser la situation présente sous une comparaison historique effrayante. Cela permet évidemment aux accusateurs de se réclamer de la mémoire de l'antifascisme et de s'enduire de vertu médiatique. La stratégie est éculée mais n'est pas inefficace.

    On ne doit pas oublier que pendant une bonne partie de l'année 2015, le système médiatique s'est questionné ouvertement sur la prétendue hégémonie culturelle et intellectuelle des conservateurs et des réactionnaires dans le débat public. On s'inquiétait de leur progression, on leur prêtait la capacité de manipuler l'opinion à partir de leurs quelques tribunes médiatiques, comme s'ils disposaient d'un pouvoir d'hypnose à grande échelle. On oubliait, au même moment, que ces quelques voix étaient finalement bien rares dans un paysage médiatique où domine encore l'orthodoxie néo-soixante-huitarde. Mais c'est justement parce qu'elles étaient rares qu'on les entendait autant. Le progressisme a tellement l'habitude de l'hégémonie qu'il lui suffit d'être contesté pour se croire assiégé.

    C'est le drame d'une nation qui s'est laissée intoxiquer par la rectitude politique : plus on l'attaque et plus elle se sent coupable. Plus on l'agresse et plus ses élites s'en prennent à ceux qui en appellent à la riposte politique et à sa renaissance historique. On en revient alors à la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux : on peut y voir une rupture non seulement politique, mais philosophique, dans la mesure où elle réintroduit dans la nation certains éléments qui ne relèvent pas du simple artifice juridique. On dit de la mesure qu'elle est symbolique mais c'est justement pour cela qu'elle semble plébiscitée par l'opinion, qui devine bien ce que représente cet enjeu, même si elle ne parvient pas nécessairement à l'expliciter. Peut-on s'attendre à ce qu'en 2016, le réel fasse définitivement éclater la gaine de la rectitude politique ? C'est moins certain. Une nation ne sort pas facilement de ses mauvaises habitudes. 

    * FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Etat d'urgence

     

    par Bernard Pascaud *

     

    2920517656.jpgOui à l’analyse des récents succès électoraux du Front National quand ils cessent d’être uniquement considérés comme des votes de rejet mais aussi comme des votes de conviction. Plus précisément comme la traduction politicienne de profondes tendances à l'oeuvre dans la société française d’aujourd’hui, parmi lesquelles le besoin d’identité, le désir de sécurité, la soif de justice, l’amour de la France.

    Oui, mille fois oui également à ce qu’on lit sous les plumes les plus lucides : le multiculturalisme est un échec, l’islamisme remplit le vide créé par le laïcisme, le patriotisme resurgit, Maastricht, Schengen, le mondialisme ne font plus illusion, le système des partis est de plus en plus déconsidéré, toute une population et spécialement sa jeunesse se sont réveillées et s’engagent au service de la Cité. Des veilleurs à la multiplication des écoles hors contrat en passant par toutes les possibilités d’Internet, les formes de résistance à la déconstruction de notre société sont multiformes.

    Toutes ces résistances vont-elles un jour se « connecter » ? Si oui, autour de quoi, de qui, de quelles idées ? Autour d’un nouvel homme prétendument providentiel ? Certains en appellent ainsi à Eric Zemmour, d’autres à Philippe de Villiers… Mais qui ne voit que leur candidature n’aboutirait qu’à quelques pourcentages de voix ? Il est peu probable que de tels hommes se laissent entraîner dans l’aventure. L’un a déjà donné, l’autre est trop futé pour cela. Le premier a tiré des leçons salutaires de son immersion dans le système foireux des partis, l’autre connaît trop bien son histoire politique française où se sont épuisées vainement tant de bonnes volontés patriotes.

    La coordination se fera-t-elle, comme certains le souhaitent ou le craignent, par l’émergence d’une « droite hors les murs » localisée quelque part entre la gauche du Front National et la droite des Républicains ? La belle affaire ! Ce ne serait qu’une énième tentative de sursaut dont la seule satisfaction serait de donner bonne conscience à des électeurs pleins d’illusions.

    Alors, droite molle, droite dure, droite hors les murs, droite extrême ? L’affrontement droite-gauche est-il l’horizon indépassable de la politique ? Est-on condamné à cela ou à la désertion du terrain politique ? Dans les deux cas on se retrouve toujours nus devant la Politique. On n’en sort pas.

    Pour en sortir est justement le titre d’un livre de Charles Maurras. Il y est dit qu’ « il n’y a rien de plus urgent que de remplacer la République par le Roi » Et il se clôt par ce diagnostic toujours actuel : « Beaucoup de gens ont cru pouvoir se rendre utiles sous le régime en vigueur. Mais ce régime est conçu pour les épuiser vainement. Qu’ils voient la vérité ! Et qu’enfin elle leur impose ces ruptures libératrices qui leur rouvriront l’avenir ! » Pour aider nos compatriotes à voir la vérité, voici un petit questionnaire que je vous propose de tester autour de vous. Même limité à sept interrogations, il peut constituer un salubre dessillement.

    Pensez-vous qu’en période d’insécurité préoccupante comme celle d’aujourd’hui le sommet de l’Etat doit être prioritairement centré sur des questions électoralistes ?

    Les « valeurs de la République » vous apparaissent-elles la référence la plus utilement « structurante » - pour le peuple français plutôt que les références à la nation et aux communautés de destin naturelles et historiques ?

    Estimez-vous comme dépassée et répréhensible toute référence à l’identité nationale ?

    Estimez-vous que la représentation parlementaire soit le reflet fidèle de la nation française ?

    Croyez vous que les partis politiques soient une réserve de personnel prêt à se dévouer au Bien commun plutôt qu’à satisfaire des ambitions personnelles ?

    Pensez-vous qu’une réforme de fond des institutions soit utile et qu’un changement de personnel politique suffirait à résoudre nos problèmes ?

    Êtes-vous persuadé que le maintien du système politique actuel soit la condition pour vous permettre de voir la fin de la dette, des déficits, du chômage, et la France renouer avec une politique de grandeur ?

    Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous n’avez aucune raison de cesser d’être républicain, quel que soit le parti auquel vous consentez votre suffrage.

    Si vous répondez non à ces questions, vous avez toutes les raisons de rejoindre la Restauration Nationale, car vous estimez qu’il y a un état d’urgence permanent en France : celui créé par son délabrement institutionnel. 

    * Président de la Restauration Nationale

    Restauration Nationale, trimestriel

  • LA FUITE DE TAUBIRA

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgNous sommes en état d'urgence jusqu'au 26 février. L'armée dans les rues, bérets rouges, verts, bleus, noirs ; tenues camouflées, pistolets mitrailleurs ; drapeaux tricolores aux fenêtres... On se croirait en 1958, après la bataille d'Alger.

    Les moyens policiers autorisés par l'état d'urgence rappellent d'ailleurs, à nos souvenirs, ceux utilisés pendant cette lutte contre un terrorisme qui se prétendait déjà islamique. Les perquisitions administratives se multiplient à un rythme impressionnant, mais nécessaire si l'on pense que les possibles auteurs de massacres sont au moins vingt mille et que, depuis un trop long temps, la police et « les services » restaient « l'arme au pied », sans possibilité d'agir.

    Maintenant, libérés des contraintes légales qui rendaient ces interventions impossibles, ils essaient de rattraper le temps perdu. Mais on n'entend pas notre Garde des Sceaux. Comme Hollande mange son chapeau en allant voir Poutine, Taubira ravale actuellement son idéologie en voyant sa police judiciaire se livrer à des actes « administratifs » sur lesquels elle n'a aucune prise !

    L'état d'urgence et ses conséquences pratiques constituent la négation absolue de la doctrine pénale de son ministère - mais aussi des précédents, toutes catégories politiques confondues. Le méchant est méchant et le policier est un héros. jusqu'où va aller ce retournement et combien de temps durera-t-il ?

    L'ennui, c'est que nos cadres judiciaires, formés à une méthodologie tout opposée aux contraintes de l'état d'urgence, risquent de s'abandonner à une double erreur, dont l'histoire nous montre qu'elle est fréquente : passer de l'extrême permissivité à l'extrême répression ou abandonner l'opération policière à sa propre loi en continuant de juger comme si rien n'avait changé.

    Généralement, les situations de crise appellent des changements de législation. Mais, aujourd'hui, les attentats et la situation de guerre, reconnue par le président de la République devant le Congrès, appellent à une réflexion sur tout notre code pénal. Qui dit guerre dit force armée, interventions violentes, usage des moyens entraînant la mort de l'ennemi. Quand la guerre se fait sur le sol de la patrie, contre des compatriotes qui peuvent, à tout moment, tuer des Français, le cadre légal, connu et enseigné dans les écoles militaires pour des opérations extérieures ou des actions de commandos, est bouleversé. La jonction armée-police modifie les relations avec la Justice.

    Nos ministres ont-ils prévu cette situation ? Ou comme ce fut le cas lors de la guerre d'Algérie, vont-ils laisser l'armée et la police se débrouiller, pour, ensuite, éventuellement leur reprocher d'avoir violé la Convention européenne des droits de l'homme ?

    Les fous d'Allah nous rappellent à la réalité, de façon brutale, et nous constatons que nous étions bien endormis. Voilà les Français en première ligne, comme victimes et comme terroristes. Ce serait le moment de voir, dans cette première ligne, le ministre qui a reçu la mission de garder les Sceaux de la Justice. Mais celle qui était mobilisée pour faire voter et imposer le mariage des homosexuels ne répond plus. Le mariage des homosexuels ! Combien ces « avancées » paraissent aujourd'hui dérisoires !

    Nous sommes au bord d'un brutal et immense changement - non pas une révolution idéologique - mais un violent rappel à la réalité. Il est urgent que ceux qui l'ont compris s'unissent pour en tirer les conséquences.

    Politique magazine

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • Tous nos voeux pour 2016

    « Versailles 2015 » - Aquarelle originale

     

    Pour la France, pour la Famille de France et pour nos familles, pour vous tous, chers amis lecteurs, pour Lafautearousseau qui vous accompagne chaque jour, et pour notre œuvre poursuivie ensemble au service du Bien commun : tous nos voeux pour 2016 ...

     

    Lafautearousseau