UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actualité France - Page 399

  • De la double nationalité

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Si l’on en croit Le Monde, les « Français » seraient plus de cinq millions à posséder une autre nationalité. C’est quand même beaucoup quand on mesure tous les conflits d’intérêts que peut générer un jour ou l’autre une telle situation, la France ne reconnaissant pas juridiquement ce qu’elle considère comme un simple état de fait. Cela dit, hormis état de guerre avec un pays dont de nombreux Français seraient aussi les « nationaux », les risques sont forcément limités à des cas individuels et des situations particulières. Cependant, la double nationalité (et parfois la multinationalité) constitue aussi une anomalie, voire une contradiction flagrante, pour une république qui fait de l’égalité la pierre angulaire de sa raison d’être : si certains « Français » ont des comptes en Suisse, d’autres bénéficient d’une immatriculation auprès de consulats étrangers. Cela rend d’ailleurs possible un véritable détournement : ainsi, aujourd’hui, les trois pays du Maghreb francophone constituent souvent, pour des délinquants ou des terroristes, une base de repli commode. 

    Il se trouve que les plus nombreux, et de loin, des binationaux, sont justement originaires du Maghreb (deux tiers de « bi(s) » dans une « communauté » elle-même largement majoritaire dans l’ensemble de la population d’origine immigrée). Si la mesure de déchéance prônée par l’exécutif est d’abord voulue comme un symbole, provoquant des cris d’orfraie dans la quasi totalité de l’intelligentsia de gauche, c’est bien parce qu’en fait elle concernerait justement ce type de « population ». Pour mettre tout le monde d’accord et être efficace, on pourrait tout simplement, au lieu de la déchéance, appliquer les lois de la guerre : tout Français qui prend les armes contre son pays doit être condamné au pire. 

    Reste la question de fond. Pour M. Legrand (France Inter, 5 janvier), la déchéance proposée « [rompt] la tradition républicaine selon laquelle on ne divise pas la citoyenneté ». Il n’a pas tort, dans la mesure où en France nationalité et citoyenneté se confondent. Dans la réalité, de nombreux Français se reconnaissent aussi dans une autre filiation, en fait culturelle : c’est, bien entendu, le cas de beaucoup de « provinciaux », Français issus des provinces de France et qui cultivent légitimement leur double héritage (on peut prendre comme exemple la « nacioun gardiano » des Camarguais). Toutefois, on l’a dit, cela peut poser problème, un jour ou l’autre, à des étrangers devenus Français et conservant, durant une ou plusieurs générations au moins le souvenir d’autre chose où le culturel côtoie le national : dans certains cas, il faut bien choisir. Une sorte de prévalence doit donc exister. « La nationalité française est d'abord une allégeance » affirme avec raison M. Zemmour (RTL, 12 janvier). Or, une double allégeance est inadmissible : en ce sens certaines des conventions bilatérales signées par la France sont inacceptables (par exemple que des « jeunes » prétendument « français » puissent accomplir un service militaire en Algérie ou en Israël).  

    Quand les choses ne sont pas simples, c’est au politique de trancher, et s’il le faut dans le vif. Sinon, ce sont les circonstances qui imposeront leur logique. 

     

  • Religions & Cultures • Adonis apostrophe l'Islam

     

    Par Péroncel-Hugoz

    En lisant l'essai ultra-percutant du plus fameux poète arabophone vivant, paru à Paris fin 2015, Péroncel-Hugoz a hésité entre « coup de dent » et « coup de chapeau » …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgÉtabli en France de longue date, le Syrien Ali-Ahmed Saïd-Esber, alias Adonis, patriarche des lettres arabes (il est né en 1930), observait depuis quelque temps un silence accablé devant les malheurs de son Levant originel, auquel il doit le pseudonyme d'Adonis, symbole de Nature et Beauté dans le monde païen d'avant l'Islam. 

    Or voilà que cette auguste plume arabe vient de publier, en France, en français, un provocant livre de dialogues avec la psychanalyste maghrébine Houria Abdelouahed, maître de conférences à l'Université Paris-Diderot et auteur de « Figures du féminin en Islam » (PUF, Paris, 2012). Et ces entretiens, novateurs mais d'une rare brutalité, et toujours très crus, jettent le lecteur entre admiration pour l'époustouflante énergie du vieux poète et indignation ou stupéfaction devant ce qui, en définitive, est surtout une démolition en règle de l'Islam d'hier et d'aujourd'hui. 

    Certains lecteurs se sont demandés si n'avait pas joué, dans les motivations de l'auteur, son appartenance native au noçaïrisme ou alaouitisme, filière religieuse issue du chiisme, à laquelle appartient également le clan Assad au pouvoir à Damas depuis le putsch de 1970. Cependant, Lalla Houria, qui joue un rôle très actif au fil des 200 pages de ce volume est, elle, née sunnite et a été éduquée au Maroc. 

    Finalement, j'ai opéré un choix, forcément arbitraire, des citations d'Adonis qui m'ont paru les plus significatives de cet ouvrage, laissant le lecteur, surtout s'il est musulman, juger par lui même. 

    *

    ARABES

    - « Il n'y a pas aujourd'hui de culture arabe »

    - « Il n'existe pas de problématiques arabes parce que l'Islam a dominé la vision du monde arabe»

     

    CHIISME

    - « Lorsque j'ai écrit « Le fixe et le mouvant » [en arabe, Beyrouth, 1973], les universitaires m'ont accusé d'être un chiite déformant l'Histoire. Ils se sont attaqués à mon lieu de naissance [Cassabine, près de Lattaquié, en pays chiite-alaouite] (…) Depuis 15 siècles, la guerre arabo-arabe n'a pas cessé »

     

    DAECH

    - « Daech répète seulement le côté obscur de l'Histoire »

    - « Daech ne répète pas Averroés, Ibn-Arabi ni l'audace spéculative des moutazilites [qui disaient que le Coran est créé et non pas incréé] »

    - « Je vois en Daech la fin de l'Islam »

     

    DEMOCRATIE

    - « La démocratie vient de la sphère occidentale. La liberté n'existe pas dans le Texte [coranique], ni dans le contexte islamique »

     

    FEMMES

    - « Les Fémens ? Je ne suis pas contre ! »

    - « Le premier ennemi de la femme ce n'est pas l'homme. C'est la religion. »

    - « Les Algériennes ont été victimes de la mentalité archaïque qui continue à régner »

    - « L’État wahabite a détruit la maison de Fatima, fille de Mahomet, en 2006, à La Mecque, comme vestige de la rébellion féminine »

    - La femme est réduite à un champ de labour pour l'homme »

     

    HOMMES

    - « L'homme de l'Islam est un libertin »

    - « L'Islam a déformé la sexualité »

    - « L'homme tunisien préfère épouser une Algérienne ou une autre Arabe, car la Tunisienne est trop exigeante [suite aux lois féministes de Bourguiba] »

     

    ISLAM

    - « La culture arabe est une décadence si on considère ce qui lui était antérieur »

    - « L'Islam, puisqu'il est né parfait, combat tout ce qui lui était antérieur et tout ce qui est venu après »

    - « L'Islam, dès le début, a adopté les violences des guerres et conquêtes »

    - « L'Islam a tué la poésie »

    - « Les grands poètes comme Abou-Nouwas, El Moutanabi et El Maâri étaient contre la religion officielle »

    - « La mystique a toujours été marginalisée au sein de la culture musulmane »

     

    OCCIDENT

    - « L'Occident a œuvré pour empêcher l'éclosion d'une véritable gauche arabe »

    - « L'Occident politique soutient les fondamentalistes »

    - « L'Occident traite les Arabes comme des poupées ou des marionnettes »

    - « L'Occident ne cherche plus la culture, la lumière, l'avenir, le progrès. Il cherche l'argent »

    - « L'Islam est dans son essence anti-Occident »

     

    PRINTEMPS ARABE de 2011

    - « Ce n'est pas une révolution mais une guerre, devenue elle-même une autre tyrannie. Une guerre confessionnelle, tribale et non civique, musulmane et non arabe »

    - « Le recours à la religion a transformé ce Printemps en enfer. C'est une régression totale » 

     

    EN GUISE DE CONCLUSION…

    La psychanalyste Houria Abdelouahed, partenaire d'Adonis pour construire l'essai « Violence et Islam », cite une réflexion peu connue du penseur français gaulliste André Malraux, qui fut ministre des Affaires culturelles au début de la Ve République : « C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains. Aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l'Islam » (3 juin 1956). 

    Bibliographie

    - Adonis. « Violence et Islam », entretiens avec Houria Abdelouahed, Seuil, Paris, 2015

    - Adonis. « El Kitab », œuvres poétiques en français, Seuil, 3 volumes

    - Haouès Seniguer. « Petit précis d'islamisme : hommes, textes, idées », l'Harmattan, Paris, 2013

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 15.01.2016

  • Saint-Germain l'Auxerrois, le 21 janvier : « Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore »

     

    Homélie du père Jean-François Thomas, lors de la messe du 21 janvier à la mémoire de la famille royale et de toutes les victimes de la Révolution, en l’église saint-Germain l’Auxerrois à Paris.

     

    indexv-1.jpgRegardons un instant le Roi,- trahi depuis des années par certains des siens, de ses proches et de ses conseillers, par la noblesse et par le haut clergé, alors qu’il est escorté, humilié, par les sapeurs, les dragons entourant sa voiture au retour de Varennes. Le peuple de France qui l’aimait unanimement quelque temps auparavant, l’insultait désormais tout au long du chemin qui annonçait le Calvaire. La Reine était pâle, tremblant pour ses enfants qui pleuraient dans le vieux fiacre. Ce jour-là, cet homme qui n’avait jamais été qu’un Roi, franchit le seuil qui le conduisait vers le sacrifice, et il souriait d’une incroyable et surnaturelle joie car désormais, il souffrait de la douleur divine qui ne l’abandonnerait pas jusqu’à l’échafaud.

    De retour aux Tuileries, désormais prisonnier mais encore protégé par le trouble La Fayette, le Roi se mit à lire la vie de Charles Ier d’Angleterre, pressentant ce que serait sa fin. Le Dauphin, dans un cauchemar, se vit entouré de loups, de tigres, de bêtes féroces qui voulaient le dévorer. Le Roi était vaincu et cependant, il n’avait jamais été aussi fort et assuré. Il travaille pour la France car il sait qu’elle lui survivra même si elle est infidèle et devenue folle. Il est Roi de France et non point roi des Français comme le décide alors l’Assemblée. Lorsque les sans-culottes et les femmes vociférantes envahissent le palais, armés de piques et prêts à massacrer la famille royale, Louis XVI, serein, calme, fit reculer cette foule abominable par sa majesté. Le regard du Roi faisait reculer la haine.

    Léon Bloy, dans La Chevalière de la Mort, écrit ces mots de braise : « (…) Quand la parfaite ignominie vient s’ajouter à la suprême douleur ; quand le mépris universel, sous sa forme la plus affreuse, vient déshonorer le supplice ; le sublime humain se transfigure et s’élance dans un empyrée nouveau. La Poésie du sang et des larmes se manifeste alors, sans rhétorique ni voiles, découronnée de son terrible bandeau. C’est la poésie surnaturelle de la Passion du Sauveur. Qu’elle le veuille ou non, la douleur d’un homme doit passer par là pour mériter qu’on l’aperçoive dans l’Océan sans rivages des douleurs souffertes. »

    Il faudrait être Bossuet pour décrire tant de souffrance et la comparution apaisante devant la Justice de Dieu après avoir été écrasé par le tribunal des hommes. Peut-être suffirait-il de sangloter en silence tant le mystère de cette iniquité est sans horizon… Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore. Notre peuple est ingrat, il l’a toujours été depuis la fin de ce Moyen Age qui fut époque de foi, d’outrances surnaturelles, de péchés et de grâces à foison. Notre peuple est violent, sanguinaire. Il l’a prouvé tant de fois depuis 1789. Notre peuple est surtout orphelin et il se cherche désespérément un père de substitution depuis qu’il a tué le sien. Ce ne sont point les simagrées républicaines qui peuvent contenter sa soif et sa faim. Il a voulu tuer Dieu et le Roi. Il n’a réussi qu’en partie et demeure hanté par le souvenir de sa grandeur et la profondeur de son apostasie.

    Pensons simplement à ces liturgies laïques misérabilistes qui couronnent désormais chaque disparition parmi ceux qui sont considérés comme de grands hommes et chaque attentat commis par les infidèles. Notre peuple essaie de se raccrocher à ce qu’il connaît encore, si peu, de ses racines. Il a signé son arrêt de mort en condamnant son Roi. Tandis qu’il violait les tombes royales et princières, qu’il déterrait et démembrait les cadavres, il procédait à son propre ensevelissement. Dies irae… Ensevelissement d’un pays, d’une Tradition, d’un Trône, d’un Autel, d’un Monde. Notre pauvre et douce France n’a cessé depuis d’être déchevelée par les démons. Les appels à la conversion plusieurs fois répétés, notamment à La Salette, n’y font rien. Nous regardons impassibles la Sainte Vierge en pleurs, Elle qui couvre de son manteau de miséricorde notre terre ancestrale. Alors ne nous étonnons pas que des fléaux nous déciment depuis deux siècles : les guerres napoléoniennes laissant la France exsangue après la terreur révolutionnaire, la Commune suivant la défaite de Sedan ; et puis les hécatombes de la Grande Guerre, de la Seconde Guerre mondiale, les massacres de l’épuration, le corps de nos officiers d’élite saigné à blanc en Indochine ; la révolution de 1968 qui bouleversa le peu de mœurs qui subsistaient en cette V° République qui accumule les lois iniques, ne respectant ni les enfants à naître, ni les agonisants, ni le mariage selon la loi naturelle…

    Le 21 janvier 1793, avec la tête de notre souverain, roulèrent à terre toutes les grandeurs de notre royaume sur terre, images, certes imparfaites, mais images tout de même, du Royaume vers lequel nous tendons tous, sinon nous ne serions pas dans cette église aujourd’hui à prier pour le repos de l’âme d’un mort, un simple fils de la terre, couronné, mais paraissant dans la nudité du baptême devant le divin Père, juge et miséricorde.

    Nous ne sommes pas ici pour un hommage. L’Eglise n’a que faire des congratulations mondaines. Dans sa liturgie des défunts, elle dirige tous nos sens vers les fins dernières, nous invitant à contempler notre propre mort et à nous y préparer. Le Roi avait rédigé en décembre 1792 son testament qui n’est que pardon et humilité. Le fils de la terre y est déjà fils du ciel. Il refuse toutes les manœuvres pour le délivrer qui pourraient faire couler le sang d’un seul de ses sujets. Le 19 janvier il relit une nouvelle fois le récit de la mort de Charles I° et rédige un logogriphe laissant apparaître le mot « sacrifice ». Parmi les rares demandes que lui accorda la Convention,- nerveuse et inquiète face au royal prisonnier tout habité de paix intérieure, figure l’autorisation de recevoir l’aide spirituelle de l’abbé Edgeworth.

    Alors qu’il vient de faire ses adieux à sa famille, de rappeler de nouveau au jeune Dauphin ses devoirs religieux et celui de pardonner à ses bourreaux, tandis que la Reine défaillait à son départ, il avoue à l’Abbé : « Ah ! Monsieur, quelle entrevue que celle que je viens d’avoir ! Faut-il que j’aime et que je sois si tendrement aimé ? Mais c’en est fait, oublions tout le reste pour ne penser qu’à l’unique affaire de notre salut ; elle seule doit en ce moment concentrer toutes mes affections et mes pensées. » Il se confessa et grâce à un privilège arraché par l’Abbé aux commissaires qui le surveillaient, il put entendre la messe et communier à six heures de l’aurore du 21 janvier. Cette messe était une messe identique à celle célébrée aujourd’hui, bien qu’elle ne fût pas de requiem.

    Voilà pour nous le moyen béni d’être en union et en communion avec toutes ces générations de fidèles qui nous ont précédés et qui ont prié avec les mêmes formules intangibles. La messe ne s’acheva-t-elle pas, de mystérieuse façon, sur cet échafaud entouré par une foule partagée entre la furie et les pleurs ? Si la mort est la dernière messe de chaque prêtre, elle l’est aussi du souverain qui se sacrifie pour son peuple l’ayant trahi et renié. « Faites ce que vous voulez, je boirai le calice jusqu’à la lie » murmura le Roi aux bourreaux.

    Mes chers frères, les trompettes des épouvantements suprêmes retentissent dans le Ciel à chaque fois qu’un innocent est mis à mort. Le Jugement dernier n’est pas une fable pour enfants. Que la mort de notre Roi, homme imparfait et pécheur comme tout un chacun, mais juste et bon, ne soit pas pour nous un sujet de nostalgie mondaine mais fasse grandir en notre âme le désir de mourir comme lui en fils de l’Eglise. Chaque siècle porte en lui, en son milieu, un ravin creusé par le torrent du sang des innocences égorgées. Destin extraordinaire, honneur insigne que d’être ainsi marqué par Notre Seigneur pour participer au banquet des élus. Notre pays doit se préparer spirituellement à connaître de nouveau une telle hécatombe car le fléau de l’islam déferle sur la Fille aînée de l’Eglise avec la complicité de tous les politiques et la lâcheté des clercs.

    Nous ne pourrons pas échapper à ce terrible témoignage, même si nous bandons nos yeux et refusons de regarder la réalité. La raison moderne a la haine du Surnaturel. Nous aimons contempler les saints et les martyrs sur les fresques des coupoles car alors ils sont très éloignés de nous et ne risquent donc point de nous emporter dans leur envol. Le dix-huitième siècle fut un siècle petit dans tous les sens du terme, et encore plus en sainteté après l’éclat du dix-septième siècle, le Grand Siècle. Notre siècle lui ressemble en bien des points. Il fallut la Révolution pour que surgissent alors des martyrs par myriades, dans la paysannerie, le petit peuple, l’aristocratie, le clergé. Cette purification était nécessaire. L’aplatissement universel et contemporain des âmes ne peut que déboucher sur un épilogue identique. Un épilogue annonciateur d’une renaissance. Alors préparons nos armes spirituelles, comme le Roi à la veille de son exécution. Ne soyons pas surpris sans huile dans nos lampes. Ce monde va avoir besoin de notre lumière.

       Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.  

          P.Jean-François Thomas s.j.

  • Médias • On n’est pas levé

     

    HUMOUR

    par Ph. Delelis

    – Monsieur le Premier ministre, bonjour ! Et merci d’avoir accepté notre invitation dans l’émission On n’est pas levé. Et d’abord une question : puis-je vous appeler par votre prénom, Kevin ?
    – Bien entendu, mon cher Léo.
    – Merci, Kevin ! Mais pas de « mon cher ». Au contraire, la question suivante est : « Puis-je te tutoyer » ? Parce que c’est la règle de l’émission, Kevin.
    – Oui, je le sais et je l’accepte bien volontiers. Au début du XXIème siècle, il y avait encore un peu de formalisme – je crois qu’on appelait ça « politesse » ou « respect » – mais c’est fini, il faut vivre avec son temps.
    – Parfait. Alors, Kevin, je pense qu’on va passer un bon moment ensemble en compagnie de nos internautes. On n’est pas levé est diffusé en prime time à onze heures du matin sur Internet puisque, dans ce pays de cent millions d’habitants, à peine vingt millions ont un job et tous les autres peuvent donc nous regarder en direct.
    – Souvent depuis leur lit…
    – Oui, d’où le titre de l’émission… Ils pourront aussi se coucher tôt parce que de toute façon, ils n’ont pas d’argent à dépenser et la télévision, ancêtre d’Internet, a disparu.
    – Si tu veux me faire dire qu’on n’a pas tout essayé contre le chômage, c’est vrai.
    – Je ne t’ai pas invité pour ça, parce qu’ au fond ça n’intéresse personne, l’histoire nous l’a montré. Non, on va évoquer l’actualité culturelle.
    – Je sens que tu vas me parler de la réédition en package numérique collector du discours de réception de Finkie à la French Academy.
    – Non pas du tout ! Je vais te parler de Dalida. Nous sommes en 2057, c’est le soixante-dixième anniversaire de sa disparition. Un concert de son hologramme sera donné à la Philarmonie la semaine prochaine c’est ça l’actu ! Quelle est ta chanson préférée ?
    Gigi l’Amoroso, incontestablement, surtout dans la version remixée en synthèse vocale et réalité augmentée.
    – Bien sûr, indépassable ! Et dis-moi, quand tu en as fini avec les problèmes du pays, vers 16h ou 16h30, tu te retires dans ton appartement de Matignon Mansion, qu’est-ce que tu écoutes pour te détendre ?
    – Du classique, uniquement.
    – Par exemple ?
    Dialogue de l’Ombre Double de Pierre Boulez
    – Connais pas.
    – Dans une reprise de Patrick Bruel.
    – Ah oui, là je vois ! Bon, puisqu’on est sur du sérieux, que peux-tu nous dire du projet gouvernemental de reconversion du Garnier Palace en temple du hip-hop ?
    – Ça avance. Nous avons choisi l’architecte qui va reconfigurer l’espace. Il a proposé un concept que l’on ne pouvait pas refuser, il l’a appelé : « le vide ».
    – Le vide ?
    – Oui, on garde l’extérieur, qui est d’un kitch incroyable mais plébiscité par les touristes asiatiques, et on fait le vide à l’intérieur.
    – On casse tout, quoi…
    – Oui.
    – Eh bien, Kevin, merci ! Le vide à l’intérieur… tout un programme ! 

  • Paris • Frédéric Rouvillois au Cercle de Flore, ce soir, 22 janvier

     

    A Paris, vendredi 22 janvier 2016 à 20h00, prochain Cercle de Flore.

    2958415420.5.jpg

    9782204105439-5617d14d3d0a1-c84bc.jpgFrédéric Rouvillois, professeur de droit public et écrivain, viendra présenter son dernier ouvrage « Être (ou ne pas être) républicain »   

    10 rue Croix des Petits Champs 75001 Paris, Escalier A, 2 ème étage

    M° Palais-Royal

    PAF : 3€ , gratuité pour les adhérents. 

    Action Française

  • Réponse de fond du Vice-ministre polonais des Affaires étrangères aux critiques de Bruxelles

     

    Lire ce très intéressant entretien, que vient de publier Valeurs actuelles, avec le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, c'est se persuader qu'il ne sera pas facile pour Bruxelles et les démocraties molles de l'Ouest européen d'imposer aux vingt-huit Etats membres de l'Union le modèle hors sol, hors racines, multi-culturaliste, universaliste et post-national qu'ils ont en tête. La Pologne est un grand pays et elle s'inscrit, comme la France devrait le faire, en opposition très claire à ce modèle déconstructiviste. On ne pourra pas la traiter pour quantité négligeable. Et, dans la voie qu'elle vient de se tracer, il n'est pas exclu qu'elle fasse école. Qu'elle soit précurseur... Il n'y a d'ailleurs pas de raison de ne pas le souhaiter.  Lafautearousseau   

     

    aleksander_stepkowskicdr.jpgCritiqué pour ses réformes de la Justice et des médias, le nouveau gouvernement polonais est sous le feu des attaques de Bruxelles. Afin de s’expliquer, Aleksander Stepkowski, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a accepté d’accorder un entretien exclusif à Valeurs actuelles.

    VA. Quels sont les objectifs de votre gouvernement à long terme ?

    Très brièvement : l’objectif principal est le développement social à travers le renforcement de la famille, en lui assurant une sécurité non seulement économique mais plus générale également. L’aspect le plus important de cette politique est de renforcer l’identité polonaise, notamment le patriotisme et les valeurs culturelles qui ont longtemps été des caractéristiques polonaises mais qui sont devenues synonymes d’agressivité – souvent à torts – cette critique a été soutenue délibérément et institutionnellement par les précédents gouvernements polonais. Nous pensons que la Pologne devrait jouer un rôle actif et important sur la scène politique européenne.

    VA. Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée la société polonaise ?

    La société polonaise est dans une situation délicate. Les familles sont particulièrement fragilisées, alors même que la famille est censée être particulièrement protégée et défendue par l’Etat polonais d’après l’article 18 de notre Constitution. Les familles sont cependant devenues victimes de discriminations dans la plupart des aspects de la vie sociale. Se marier devient même un motif de discrimination. Vivre célibataire est plus facile et moins cher. La Pologne souffre en effet d’une crise démographique importante ainsi que d’une importante crise migratoire économique. Plusieurs millions de polonais parmi les plus dynamiques participent à l’enrichissement d’autres nations parce qu’ils n’ont pas eu suffisamment d’opportunités de développement dans leur pays natal. Le nouveau gouvernement polonais va apporter un changement radical à cet état de choses. Nous voulons établir des conditions favorables afin que les polonais reviennent de l’étranger.

    VA. Pensez-vous que la société polonaise puisse échapper à l’individualisme libéral qui a transformé les sociétés occidentales ces dernières décennies ?

    Tout dépend de la manière dont vous entendez la possibilité d’y échapper. A bien des égards ce n’est pas possible dans la mesure où la société contemporaine est construite sur une anthropologie individualiste. Par ailleurs, nous pouvons résister aux transgressions culturelles contemporaines issues de l’individualisme et chercher à renforcer les communautés existantes. Il faudrait développer un sens de l’interdépendance mutuelle qui soit comprise non pas comme un obstacle à la réalisation individuelle mais un prérequis nécessaire au développement personnel.

    VA. Comment défendre la famille ?

    Tout commence par la conscience que nous avons vraiment de ce que nous sommes et des conditions nécessaires à notre développement. Il faut arrêter d’envisager la société comme un groupe d’individus mais l’appréhender comme un système de communautés interconnectées. Il faut ensuite ajuster la loi à cette perspective sociale. Je dois dire que les solutions françaises concernant la politique familiale sont bien plus favorables à la famille qu’en Pologne, nous devons suivre votre exemple. Par ailleurs une condition nécessaire au développement de la famille est la protection de l’identité naturelle de la personne humaine et de la famille, et dans ce domaine, la Pologne est dans une meilleure position. Nous reconnaissons et protégeons toujours l’identité naturelle du mariage ainsi que l’autonomie familiale. Il y a eu d’importantes menaces qui ont plané sur l’autonomie de la famille ces dernières années en Pologne, mais la société civile a paru absolument déterminée à défendre les valeurs fondamentales de la vie de famille et s’est organisée en ce sens. En France, si la mobilisation autour de La Manif pour Tous a été sans précédent, elle est intervenue dans un contexte tout à fait différent ; c’est l’identité naturelle même des structures fondamentales de la société qui était radicalement reniée par l’initiative législative.

    Nous avons beaucoup à perdre dans ce contexte et il nous faut nous protéger avec prudence et détermination.

    VA. L’Europe fait face à une double crise: démographique et migratoire, ces crises sont d’une magnitude sans précédent. Pensez-vous qu’il y a un risque d’effondrement de la société occidentale Européenne ? Comment faut-il réagir ?

    Le danger est très sérieux. Le problème est que son origine est une sorte d’auto-agression envers notre identité dans ses aspects les plus profonds : notre identité culturelle et notre identité humaine.

    Notre système éducatif ainsi que la culture elle-même présente l’identité comme une menace à la liberté et une source d’agression. C’est pour cette raison que la mutation de notre identité est proposée comme une libération et un moyen de prévenir la violence. Cette auto-agression nous mène finalement à une autodestruction. Il est important d’évoquer que la stratégie finale de l’Union Soviétique communiste élaborée à la fin des années 70 du 20ème siècle pour envahir l’Europe reposait sur une hypothèse : après une agression militaire initiale des forces communistes sur l’Europe de l’ouest, le reste de l’Europe aurait été incapable de se défendre sous l’influence des intellectuels de gauche qui auraient paralysé l’Europe occidentale avec des slogans pacifiques. La capitulation intellectuelle était un prérequis nécessaire au succès de la révolution communiste. Nous expérimentons une situation similaire aujourd’hui, mais l’invasion devient possible non pas à cause du pacifisme mais à cause de slogans humanitaires appelant à la solidarité et à la tolérance. 

    VA. L’Europe occidentale est également confrontée à une crise culturelle, marquée par l’échec de transmission de sa culture et de sa religion aux nouvelles générations. La situation est-elle différente en Pologne ?

    Oui. La transmission que vous évoquez n’est possible qu’à travers une transmission de l’identité, identité religieuse et culturelle. Si l’Européen contemporain n’est pas capable de dire qui il est, non seulement dans une dimension religieuse mais également sexuelle, comment peut-il en parler à ses enfants ? Nous ne pouvons transmettre aux générations suivantes que ce que nous comprenons de nous-mêmes, ce à quoi nous sommes fidèles dans nos vies.

    En Pologne nous sommes confrontés aux mêmes défis culturels que l’Europe de l’ouest, même si nos problèmes ne sont pas aussi avancés. Néanmoins, les jeunes témoignent très souvent de leur foi - et de manière très courageuse. La question est de savoir s’ils demeureront fidèles face aux défis existentiels et aux tentations.

    J’ai personnellement tendance à être assez pessimiste, mais je dois reconnaître que je vois souvent des jeunes dont la conduite personnelle me remplit d’espoir.

    Ils ont cependant besoin d’avoir des chefs (spirituels et temporels) responsables et expérimentés qui ne leur fassent pas faux bond.

    VA. Qu’est-ce que l’Europe pour vous ?

    L’Europe est pour moi une entité culturelle dont les origines spécifiques déterminent l’identité. Voilà « mon » Europe, celle à laquelle je m’identifie. Malheureusement, les sociétés européennes contemporaines perdent souvent leur identité telle que je la comprends. Certains phénomènes sociaux sont réputés représenter des valeurs européennes, bien que pour ma part ils n’aient rien d’européen. Si je vois une cathédrale gothique, je n’ai pas de doutes, je vois quelque chose de très européen, même si elle a été construite en Amérique et pas pendant le Moyen-Âge comme la cathédrale St Patrick à New York par exemple. En revanche lorsque j’emmène ma voiture en réparation dans un atelier installé dans une ancienne église gothique, il me semble évident que ce continent qui porte toujours le nom d’Europe perd dramatiquement son identité.

    VA. L’une des premières mesures de votre gouvernement a visé l’audiovisuel public, on a accusé votre gouvernement de porter atteinte à la liberté de la presse…

    Le principal objectif du gouvernement est la réintroduction du pluralisme dans les institutions polonaises. Cela concerne également les médias publics. La position des médias publics sur le marché polonais des médias a été affaiblie par l'ancien gouvernement. Le nouveau gouvernement veut rendre une base financière stable aux médias publics qui a été presque détruite par l'ancien gouvernement. Cette réforme se compose de deux parties. La première vise à assurer une meilleure gestion et à mettre en œuvre des normes requises par le Conseil de l'Europe en 2010 à l’égard de la Hongrie. Dans l'opinion officielle du Conseil de l'Europe, il est clairement indiqué que le régulateur des médias sur le marché ne devrait pas avoir le pouvoir d'influencer la composition des conseils de gestion et de contrôle des médias publics. C’est exactement ce qui a été fait en Pologne : le Conseil national de la radiodiffusion a perdu son pouvoir de nommer les membres de la direction des médias publics, pouvoir qu’il  a longtemps exercé. Nous avons donc commencé à mettre en œuvre des normes européennes organisant les relations entre l’Etat et les médias publics, dont il est propriétaire

    VA. Qu’en est-il de la réforme de la Cour constitutionnelle : on reproche à votre gouvernement d’avoir nommé, à peine arrivés aux affaires, des nouveaux juges…

    Ici encore, l’unique objectif des changements rapides opérés quant à la désignation des juges constitutionnels vise à introduire du pluralisme au sein du Tribunal Constitutionnel. La précédente majorité avait entrepris de nommer cinq nouveaux juges alors qu’ils en avaient déjà nommés neuf sur un total de quinze. Ils voulaient nommer 15 sur les 15 juges du Tribunal Constitutionnel. Pour cela, ils ont désigné des juges pour des postes qui ne deviendraient vacants qu’après les élections ; élections où ils ont perdu le soutien de la population. Pour cette raison, afin de défendre le pluralisme au sein du Tribunal, une action rapide était nécessaire. Je dois reconnaître qu’après notre action, il reste toujours les deux tiers des juges qui ont été désignés par l’ancienne majorité.

    Notre seul objectif est de restaurer le pluralisme au sein du Tribunal Constitutionnel, pluralisme qui était mis en cause par le précédent gouvernement à la toute fin de son mandat. 

    Valeurs actuelles

     

  • Remaniement : au pays de l’absurde, tout est possible

     

    Nous publions ces lignes de Dominique Jamet en tête de nos parutions de ce jour, non pas parce qu'elles sont écrites avec style et esprit - c'est pourtant le cas - mais parce qu'elles dépeignent avec toutes les fortes apparences de la vraisemblance, ce royaume d'Absurdie qu'est notre République. Il le fait à propos des rumeurs insistantes d'un tout prochain remaniement, risque des pronostics, s'amuse de leur absurdité, dussent-ils se réaliser...  On en rirait si ce n'était pas la France qui se trouve au centre de ces jeux misérables et, encore une fois, absurdes. Une France en guerre, une France affaiblie, une France envahie, à l'identité menacée, une France dont la société se décompose et la souveraineté se trouve largement confisquée. Par Bruxelles, par Berlin, par Frankfort ou par Washington. En vérité, par l'ensemble de ces capitales et des puissances dont elles sont le centre. C'est un socialiste pacifiste, Marcel Sembat, député et ministre, qui, face à la menace de guerre franco-allemande qui montait, rejoignant les analyses de Maurras et de l'Action française, avait publié en 1911, il y a un peu plus d'un siècle, un petit livre resté célèbre : « Faites un roi, sinon faites la paix ». Il ne voulait pas d'un roi dont il savait qu'il nous eût permis d'être à jeu égal avec l'Allemagne - et peut-être ainsi d'éviter l'horrible guerre. Ce qu'il voulait c'était que la République fît la paix avec l'Allemagne. En réalité qu'elle s'y soumît. C'était toute l'illusion du pacifisme. Nous ne sommes pas loin d'une telle situation. Peut-être en pire.  Le dilemme est le même : « Sortir de ce Système, ou être contraints à la soumission. » Celle que Houellebecq a décrite, qui est soumission à l'Islam. Et celles - autres - que nous avons dites plus haut et consistent toutes à dépendre de l'étranger. A l'inverse de Marcel Sembat qui préférait se soumettre à l'Allemagne que de faire un roi, la solution que nous appelons de nos vœux ici est une sortie de ce régime d'absurdité que Dominique Jamet décrit fort bien ici. D'ailleurs, y a-t-il vraiment une autre solution ? Nous ne le croyons pas.  Lafautearousseau  • 

     

    3312863504.jpgIl aurait été assez compréhensible et d’ailleurs conforme à la plus vieille et à la meilleure tradition républicaine qu’un remaniement ministériel, annonciateur d’une inflexion politique, intervînt au lendemain des élections régionales de décembre qui n’étaient guère que la quatrième défaite consécutive de la majorité en place. Il n’y a donc pas eu de remaniement et le sujet, officiellement, n’est pas d’actualité, ce qui donne à penser aux experts en hollandologique qu’un remaniement est imminent, et certaines informations, données pour sûres, circulent déjà dans les milieux intéressés. Osons donc le petit jeu des pronostics, avec tous les risques d’erreur que celui-ci comporte.

    À tout seigneur tout honneur. Le Premier ministre a clairement décidé de passer son tour en 2017, de coller d’ici là aux décisions, aux orientations et, selon toute probabilité, aux fautes, aux erreurs et aux échecs du président de la République, et d’être confondu dans l’impopularité de son supérieur hiérarchique. M. Manuel Valls est donc assuré de rester à Matignon jusqu’au bout de la nuit du quinquennat.

    Lointain successeur de Talleyrand, M. Laurent Fabius a été un ministre des Affaires étrangères tout simplement désastreux. Persévérant dans l’erreur avec une obstination diabolique, le locataire du Quai d’Orsay a fait de son mieux pour nous brouiller avec la Russie, s’est opposé de toutes ses forces à la réintégration de l’Iran dans le concert des nations et a choisi son camp dans le conflit syrien, où la France a pesé de tout son poids, en l’occurrence heureusement réduit, pour favoriser le Front Al-Nosra, succursale locale d’Al-Qaïda, rebaptisé par nos soins « opposition syrienne modérée ». Il peut donc se maintenir jusqu’en 2017 derrière le bureau de Vergennes ou chausser les prestigieuses pantoufles de président du Conseil constitutionnel.

    Mme Ségolène Royal a étendu au-delà des limites du raisonnable les attributions et les prérogatives de son ministère de l’Écologie sans que sa soif de pouvoir en soit étanchée. On a pu le vérifier lors de la phase de préparation de l’historique COP21. Si M. Fabius quitte le gouvernement, elle se verrait bien dans le poste qu’il occupait. Elle en a même tellement envie qu’elle ne voit pas pourquoi on ne lui ferait pas ce plaisir. Impulsive, indisciplinée, désordonnée, et ignorant tout de la complexité des relations internationales, elle a donc les plus fortes chances de coiffer au poteau Hubert Védrine ou Élisabeth Guigou, qui n’ont d’autre légitimité que leur connaissance des dossiers et des problèmes en jeu.

    Mme Christiane Taubira a réussi la prouesse de faire contre elle la quasi-unanimité des professionnels de la justice, ses administrés, magistrats, avocats ou gardiens de prison. Elle n’a rien à faire Place Vendôme, ni d’une manière générale dans un gouvernement. Mais elle détient l’arme absolue : une candidature éventuelle en 2017, à la gauche de la gauche. Quand on a fait échouer Lionel Jospin, pourquoi se priver du plaisir de faire capoter François Hollande ? Elle fait donc figure de favorite pour le ministère de la Culture sur la base d’un argument fort : si elle n’est pas plus qualifiée pour ce portefeuille que Mme Fleur Pellerin, elle ne peut pas l’être moins.

    Mme Najat Vallaud-Belkacem devrait conserver le portefeuille capital de l’Éducation nationale où elle a, certes, fait la preuve d’une incompétence et d’une capacité de nuisance exceptionnelles, mais elle ne laisserait ignorer à personne, au cas où on tenterait de la mettre hors d’état de nuire, qu’on la met à l’écart parce que femme, parce que jeune et parce que d’origine et de nationalité marocaines. Elle restera donc rue de Grenelle.

    Le cas de M. Emmanuel Macron est bien différent : nommé à la surprise générale ministre de l’Économie, le jeune ministre est devenu en quelques mois la vedette du gouvernement auquel il appartient, au point de susciter la jalousie secrète de ceux-là mêmes qui l’avaient nommé et la jalousie active des collègues qui l’ont vu débarquer parmi eux. Ce n’est pas un hasard s’il a été dépossédé de la suite de son projet de réforme du travail, finalement confié à Mme Myriam El Khomri, ni si les derniers arbitrages rendus en matière de lutte contre le chômage l’ont été contre lui. M. Macron cumule les défauts : il est jeune, il est audacieux, il est compétent et il est populaire. S’il décide de prendre la porte, comme on lui en prête l’intention, on ne le retiendra donc pas.

    Tout cela est absurde, direz-vous. C’est bien pourquoi il y a des chances que cela se produise.  

     
    Journaliste et écrivain - Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • Religions & Cultures • Escalade dans l’absurde : le suicide de l’islam ?

     

    par Pierre de La Coste 

     

    3328214605.jpgDepuis un an, les « amalgames » et les « clichés » sur l’islam ont tendance à s’accumuler dans les journaux et sur nos écrans. Les faits sont si nombreux qu’ils déchirent le voile de complaisance que nos médias dressent devant la réalité. Mais est-il possible de trouver un sens, une logique, dans ce chaos ? Est-ce autre chose qu’une réalité qui se rebelle et revient frapper l’Occident au visage ? Oui, il y a bien un sens sous les événements : c’est celui d’un islam qui cherche à nous entraîner dans son long suicide.

    Il y a un an, l’attentat contre Charlie Hebdo obéissait encore à une certaine logique criminelle : vous blasphémez contre le Prophète, je vous tue. Sous-entendu : si vous cessez de blasphémer, je cesse de vous tuer. Dans l’odieuse tuerie de l’Hyper Cacher, c’est plutôt : vous êtes juifs, donc je vous tue. C’est sans aucune échappatoire. Dans les deux cas, le suicide programmé des auteurs des crimes est censé appuyer la démonstration : je suis capable de mourir pour vous tuer.

    En novembre, on a franchi un pas avec les attentats du Bataclan. Il s’agit de tuer toute personne, au hasard, qui assiste à un concert ou qui boit un verre à la terrasse d’un café. Nulle repentance n’est accordée aux mécréants. Sauf hypothèse, assez peu probable, que la France entière se soumette formellement à l’islam et cesse d’aller au café, tout le monde (même les musulmans) peut y passer : tu es Français, donc je te tue, et je me suicide pour mieux te tuer. En marge de ce premier massacre, un fait que l’on explique mal : faute de pouvoir exploser au milieu du Stade de France, des terroristes se suicident seuls, en ne faisant presque aucune victime.

    Un dernier événement (pour l’instant) apporte peut-être le sens de cette escalade dans l’absurde. À la Goutte-d’Or, un immigré en situation irrégulière vient se suicider devant un commissariat. Il n’avait qu’une chance infime de tuer un policier, et aucune de faire un massacre de masse. Le geste est singulier. Pour « mimer » un attentat-suicide, et en fait pour être certain de mourir, il a fabriqué un faux dispositif. Stupidité ? Coup de folie ? Mais alors, comment expliquer que ce vrai-faux attentat soit si minutieusement préparé ? Le message change encore : je me tue, je veux que tu le saches et je fais semblant de vouloir te tuer, mais cela n’a pas d’importance…

    Évidemment, les trois types d’attentat – Charlie, Bataclan et Goutte-d’Or – peuvent se produire à nouveau, successivement ou simultanément. Mais le dernier représente, selon nous, la situation psychologique dans laquelle se trouve, ou se trouvera demain, l’islam lui-même : je te hais, Occident maudit, mais je me déteste encore plus moi-même. Ce qui est important, c’est de mourir.

    Pour clore cette année maudite, lors de la Saint-Sylvestre, à Cologne et ailleurs, c’est un autre « cliché » sur l’islam qui se réalise sous les yeux de l’opinion publique. Depuis treize siècles, l’islam organise la frustration sexuelle des jeunes hommes pour les lancer à l’assaut des troupes ennemies. Si un homme riche a droit à quatre épouses, trois hommes pauvres n’en ont aucune. Ils n’ont droit qu’aux « captives de guerre » prises à l’ennemi, et mieux encore s’ils meurent au combat : les trop fameuses « houris », « vierges aux grands yeux » du paradis, véritables poupées gonflables pour adolescents attardés.

    C’est ainsi que les califes barbus ont bâti leurs immenses empires et accumulé leurs richesses. Les dames de Cologne en savent quelque chose. Elles ont rencontré la pitoyable misère sexuelle des musulmans privés d’épouses soumises et d’esclaves sexuelles. En attente du djihad qui leur procurera les houris. Mais l’homme de la Goutte-d’Or aura-t-il droit à ses 72 vierges comme ceux de Charlie et du Bataclan ? Les savants de l’islam s’interrogent. Il ne faut pas que le suicide soit trop voyant. 

     

    [Boulevard Voltaire]

  • Médias • Manuel Valls à On n'est pas couché ou le Premier ministre dans la bande à Ruquier

     

    HUMEUR - Hier soir, samedi, a été diffusée l'interview de Manuel Valls à l'émission On n'est pas couché. Par anticipation, Théophane Le Méné y a vu - pour le Figaro - la compensation médiatique d'une impuissance politique. Cette note d'humeur a été rédigée avant l'émission. Il n'y avait aucune chance que cette dernière la démente ...

     

    Mené.pngIl y aura à coup sûr les gloussements de Laurent Ruquier, les dissertations de Yann Moix, les certitudes de Léa Salamé, les interventions enflammées d'un quadrille d'invités soucieux de plaire et de se complaire. Sûrement quelques échanges vifs comme pour convoquer le panache de l'antique débat français ; et entre cela, de franches parties de rigolade où l'on ricanera de la roture et de tout ce qui y ressemble. Banalité du samedi soir français qui, loin des intrépides émissions politiques de la grande époque, se satisfait désormais d'une grand-messe à mi-chemin entre l'information et le divertissement dans un théâtralisme triomphant avec la séquence cathodique d' « On n'est pas couché ».

    Faut-il s'en étonner, pour la première fois dans l'histoire de cette émission devenue un emblème et par là-même un passage obligé, c'est à Manuel Valls qu'il reviendra cette semaine d'endosser le maillot de l'invité politique. Pour ceux qui croyaient encore à la force de l'Etat théologique et politique dans une acception qui en faisait une chose sérieuse, virile et sacrificielle en seront pour leur frais. Car ils ne verront pas un chef de gouvernement tancer ses contradicteurs en leur rappelant qu'ils s'adressent au Premier ministre de la France. Car ils ne goûteront pas aux grandes apostrophes empreintes de cette culture qui forgeaient nos dirigeants d'antan. Car ils ne s'esclafferont de ces saillies qui jalonnent l'histoire littéraire et politique de l'antiquité à nos jours et qui nous rappellent combien la politique ne peut être autre chose qu'une forme raisonnable de violence légitime. Car enfin, ils n'apprendront rien de ce qu'ils savent déjà et de ce qui participe à leur affliction au jour le jour.

    Tristan Bernard disait d'une actrice en vogue: « Pour se faire un nom, elle a souvent dû dire oui ». On oserait presque l'analogie avec Manuel Valls. Impuissant face aux crises qui s'accumulent, sommé tous les jours par Bruxelles et Berlin non pas de décider mais d'exécuter, bridé par les sondages d'opinion et les prochaines échéances électorales, que peut-il, sinon accepter de se rendre à Canossa et recevoir l'adoubement d'une caste qui n'a de cesse d'affirmer la consommation comme solution de remplacement à la désolation spirituelle du monde moderne, à la protestation et à la rébellion ? Car c'est bien ce dont il s'agit. Ce que nos anciens appelaient la politique, nos contemporains l'ont transformé en société coopérative de consommation et de production où le divertissement œuvre avec subtilité pour esquiver toutes les réalités et par la même toutes les responsabilités qui incombent aux hommes politiques. Dès lors, il ne faut s'attendre à rien, sinon à observer un Premier ministre que Leo Strauss aurait décrit comme un visage « libéral qui tolère et respecte toutes les convictions « honnêtes » à condition que l'ordre légal et la paix soient pour elles sacro-saints ». Et en fait de convictions, rien ne sera politique ; tout sera tactique et communication - avec rire et distraction pour assaisonnement. 

    Théophane Le Méné

  • Société • Julien Sanchez, un maire FN face à la « résistance »

     

    par Yves Morel

    Des commerçants musulmans assignent leur maire en justice : les enseignements politiques d’une procédure.

    Julien Sanchez, jeune maire FN de Beaucaire (Gard) connaît, avec la communauté musulmane, des problèmes judiciaires révélateurs de l’incapacité de nos pouvoirs publics à défendre efficacement leurs administrés dans leurs droits et leurs intérêts les plus fondamentaux.

    M. Sanchez avait pris deux arrêtés municipaux datés des 16 et 17 juin derniers interdisant l’ouverture des commerces durant la nuit. Le premier fixait cette interdiction de 23h à 8h du matin à l’intérieur d’un secteur délimité du centre-ville de Beaucaire. Le second réduisait la portée de cette interdiction, la limitant à deux rues du centre-ville (les rues Nationale et Ledru-Rollin) et en faisait cesser l’application à 5h du matin. Ces arrêtés n’étaient d’ailleurs applicables que jusqu’au 31 octobre.

    Le jeune maire motivait sa décision par les plaintes de nombreux riverains (dont certains musulmans, ce que l’on se garde bien de préciser) victimes des nuisances sonores engendrées par cette activité commerciale nocturne. Ces riverains ne pouvaient pas dormir, agressés qu’ils étaient par le tumulte résultant du bavardage et des cris et autres braillements de clients agités et en grande conversation, attroupés à proximité des magasins, les vrombissements et pétarades de véhicules motorisés, le bruit des coups de klaxons et autres agréments de cette joyeuse convivialité. Certains renonçaient à dormir dans leur chambre et s’installaient sur leur canapé situé dans une pièce moins exposée (sans pour autant trouver le calme indispensable à l’ensommeillement), d’autres, exaspérés se disaient sur le point de s’abandonner à des réactions violentes. La décision du premier magistrat de la petite cité du Gard semblait donc bien compréhensible.

    Pas du tout !, ont estimé les commerçants des rues visées par ces interdictions.

    Sous la conduite d’Abdallah Zekri, président de l’Observatoire « national » (défense de rire) contre l’islamophobie au sein du Conseil Français du Culte Musulman (Diantre ! Voilà un homme de poids), six d’entre eux déposèrent une plainte devant le Tribunal administratif de Nîmes pour obtenir l’annulation des arrêtés incriminés, et 3 000 euros d’indemnité (chacun) au titre des préjudices engendrés par leur application. Le Conseil Français du Culte Musulman, lui, se portait partie civile, dans cette procédure. En effet, ces commerçants s’estimaient particulièrement lésés dans la mesure où la période d’application des deux arrêtés couvrait celle du ramadan, qui expliquait la recrudescence des nuisances sonores dont se plaignaient les riverains. A leurs yeux, « les mesures prises par ce maire visent à asphyxier l’activité économique de ces commerçants en raison de leur appartenance à la religion musulmane », pas moins.

    Se prévalant de l’alibi de la tranquillité de ses administrés, le maire poursuivrait donc une politique de « discrimination » à l’égard des musulmans de sa cité. « Force est de reconnaître que ces arrêtés visent substantiellement les commerçants musulmans », est-il spécifié dans la citation à comparaître. Ces commerçants, le maire viserait à les acculer à la faillite ; comme si leur bonne santé économique et financière dépendait uniquement de leur surcroît d’activité au moment du ramadan ; et comme si les Beaucairois justement mécontents (dont certains musulmans, répétons-le) n’avaient qu’à souffrir en silence au nom de la « tolérance », de l’égalité, du refus de toute discrimination ethnique ou religieuse, valeurs essentielles de notre république.

    A la suite du dépôt de plainte des commerçants, Julien Sanchez rapporta ses deux arrêtés. Si bien que, lors de l’audience du 26 août dernier, le Tribunal administratif de Nîmes rendait un verdict de non-lieu sur ce sujet, et, de surcroît, déboutait les plaignants de leur demande d’indemnisation.

    Mais le maire ne renonça pas à faire prévaloir ses décisions. A peine eut-il abrogé les arrêtés en cause que, le 19 août, il en prit deux autres, qui reconduisaient les mesures qu’ils contenaient. Les commerçants et le CFCM déposèrent alors une nouvelle plainte devant le Tribunal correctionnel de Nîmes, cette fois.

    Ces tous derniers jours, jeudi 7 janvier, à l’issue de l’audience, le président du Tribunal correctionnel a mis la décision en délibéré au 10 mars prochain. Nul ne peut préjuger du verdict qui sera rendu.

    Quel que soit le verdict qui sera vendu, cette affaire montre à quel degré d’impuissance est vouée la défense des droits les plus élémentaires de nos compatriotes en nos temps d’aliénation morale et culturelle et de déliquescence politique. Un édile ne peut même plus assurer la simple tranquillité de ses concitoyens sans se voir aussitôt vilipendé, médiatiquement lynché et traduit devant un tribunal par les représentants de telle communauté ethnoreligieuse. Si le tribunal nîmois donne tort à M. Sanchez, les beaucairois des quartiers en lesquels sont implantés des commerces arabes n’auront qu’à se résigner à supporter le supplice du tintamarre provoqué par les attroupements bruyants des clients musulmans de ces échoppes pendant au moins un mois, quitte à être privé de sommeil ; et, bien entendu, ils n’auront pas le droit de se plaindre sous peine de se voir taxer de racisme. De la même façon, les habitants de banlieues populaires des grandes villes doivent se résoudre, la mort dans l’âme, à voir leurs communes ou leurs quartiers hérissés de minarets et émaillés de boucheries halal, de restaurants arabes, de pizzerias turques et autres kebab, de magasins spécialisés dans l’organisation de mariages musulmans et la vente de matériel religieux, et de sièges locaux d’associations d’aides aux immigrés ou de jeunes maghrébins.

    Il est vrai que Yann Moix nous rappelle, sur le ton de l’objurgation, que « c’est le mouvement de l’histoire », que « demain, la France sera peut-être musulmane », et qu’il est aussi vain qu’ »indécent » de s’opposer à une telle évolution. Manifesterait-il la même inclination s’il diagnostiquait un retour de la tradition et de la morale catholique en France ? Non, à n’en pas douter.

    La mésaventure du jeune maire de Beaucaire dément les sombres prévisions de ceux que l’accès au pouvoir du Front national amènerait l’instauration d’une dictature de type pétainiste ou fasciste. En fait, ses opposants entreraient immédiatement « en résistance », suivant leur propre expression et mettraient tout en œuvre pour empêcher le pouvoir d’agir ou faire invalider ses décisions par le Conseil constitutionnel et les tribunaux de tous degrés et de toutes natures. Et on sait que notre constitution et nos divers codes juridiques contiennent quantité d’articles, de lois et de décrets qui concourent tous – tant par leur inspiration ou leur contenu effectif que par les interprétations qu’ils autorisent –à empêcher toute politique de défense de notre nation, de notre identité culturelle et des droits les plus élémentaires de nos compatriotes au nom des « droits de l’homme » et des « valeurs de la République », qui font » l’honneur de la France ». Notre classe politique et notre intelligentsia nous ont collé, durement inscrit dans les textes de loi, un véritable sida politique et moral qui nous prive de toute défense, de toute possibilité de saine réaction contre la décrépitude. Cette petite affaire beaucairoise en est une illustration entre mille. 

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

  • Culture • Le lexique franco-« jeunes » (sic) enfin disponible dans les écoles les plus proches

     

    Une excellente et instructive chronique de Gabriel Robin*

     

    Gabriel Robin.jpegAh, le langage des « jeunes » ! Une barrière à la compréhension intergénérationnelle souvent infranchissable. Récemment, les dictionnaires Petit Robert et Larousse se sont renouvelés en incluant des anglicismes stupides et des mots d’argot comme « bolos ». Ils restent néanmoins en retard par rapport à l’évolution constante de l’argot des « jeunes ».

    L’Express révélait hier, dans sa rubrique « Insolite », l’existence d’un lexique franco-« jeunes » officieux à l’usage des professeurs d’un établissement scolaire parisien. C’est une utilisatrice du réseau social Twitter qui en a révélé l’existence. Le document, intitulé « Lexique top secret pour M. Dufduf », était affiché dans la salle destinée aux réunions privées des professeurs. Dans ce lexique, plusieurs mots argotiques, ou étrangers, trouvent une traduction en français courant (déduction faite des nombreuses fautes d’orthographe).

    Parmi les mots mentionnés, de nombreux mots étrangers : sheitan (diable), miskine (le pauvre), bismila (au nom de dieu), nardinomouk (insulte pour une mère), starfoullah (pardon dieu), psartek (respect). D’autres mots renvoient au vocabulaire du rap, des fameux quartiers dits « populaires » : zoulette (péripatéticienne), balek (s’en foutre royalement), zonz (prison), biff (argent), rodave (être pris en flagrant délit), crew (groupe, block, bâtiment de la cité). Pour le journaliste de la rubrique « Insolite de L’Express, cette liste de définitions permettrait d’« enrichir le vocabulaire des adultes » et représenterait le langage des « jeunes ». Mais de quels « jeunes » parlons-nous ? La jeunesse de France dans son ensemble aurait donc fait de l’arabe vulgaire sa première langue et d’un sabir islamo-racaille mondialisé son langage de tous les jours ?

    Cette information témoigne de la profonde décadence dans laquelle est plongée la France. La déculturation du pays est une réalité observable. Première victime ? La langue française qui est dénaturée, trahie, violée et méthodiquement remplacée par un jargon débilitant. Le niveau d’enseignement donné à l’école baisse considérablement, ainsi que la compétence générale d’une partie de moins en moins négligeable du corps enseignant.

    À la source de nos maux : une classe politique folle qui a laissé venir une immigration de masse sans se soucier des conséquences : l’abandon progressif de l’exigence à l’école, le relativisme culturel. L’école, conformément aux souhaits des idéologues qui nous gouvernent, s’est adaptée aux nouvelles catégories de la population présentes sur notre territoire, alors qu’elle aurait dû demander à ces nouvelles catégories de s’adapter à elle. Elle est devenue bêtement « multiculturelle » avant que d’être totalement déculturée car déracinée. Face à l’immigration de masse, nos dirigeants ont toujours répondu qu’elle était une « chance ». Ils n’ont jamais prévenu les Français que cette immigration de masse pourrait poser des « difficultés » et qu’elle nécessitait des aménagements, des sacrifices auxquels la population n’aurait pas forcément consenti si elle avait été informée.

    « Dès qu’elle est proférée, la langue entre au service d’un pouvoir », disait Roland Barthes. En l’espèce, ce pouvoir prospère sur la disparition de notre civilisation et entend la remplacer par un néant. C’est un pouvoir injuste en lutte contre tout ce qui est beau et élève l’esprit. 

    * Boulevard Voltaire

    Juriste
  • Livres • L’or du rien

        Tadashi Kawamata   

     

    L'imposture que constitue ce que l'on appelle avec complaisance l'art contemporain est aujourd'hui assez communément dénoncé. C'est ce que fait ici avec pertinence Laurent Dandrieu en commentaire d'un livre d’Aude de Kerros qui démontre comment le dit art contemporain est devenu une bulle spéculative. De l’art de faire des fortunes avec du vent.

     

    laurent%20dandrieu%203.jpgLes chiffres donnent le tournis : 58,4 millions de dollars pour un chien gonflable de Jeff Koons (Balloon Dog), 100 millions de dollars pour une tête de mort (certes incrustée de diamants) de Damien Hirst (For the Love of God), 70,5 millions de dollars acquittés le 11 novembre dernier, chez Sotheby’s à New York, pour des gribouillages sur tableau noir signés de Cy Twombly (Untitled). Selon le site Artprice, le chiffre d’affaires annuel du marché de l’art contemporain serait aujourd’hui de 1,7 milliard d’euros, soit une augmentation de 1 800 % en quinze ans !

    Dans l’essai qu’elle consacre au phénomène, Aude de Kerros montre qu’aujourd’hui, l’art contemporain (qu’elle désigne par l’acronyme AC, pour bien souligner que ce courant ultra-dominant ne saurait prétendre à représenter la totalité de l’art d’aujourd’hui) est essentiellement devenu un art financier, une bulle spéculative pour grandes fortunes avides de placements hautement rentables et quasiment sans risques. Si le titre de son livre, l’Imposture de l’art contemporain, pourrait laisser croire à une énième dénonciation du vide de ce nouvel art officiel, l’approche en est plus novatrice : démonter les processus par lesquels, d’avant-garde esthétique, il s’est mué en puissance économique dominatrice et monopolistique.

    Sous ses dehors d’art contestataire, censé poser sur le réel un regard déconstructeur en ne cessant de le “questionner” — sans jamais donner la moindre réponse, ce qui permet de continuer à poser indéfiniment les mêmes questions —, l’art contemporain est devenu une valeur refuge, d’autant plus commode qu’elle est incontrôlable : « C’est un produit qui échappe à bien des réglementations, aux taux de change, aux problèmes de douane, grâce aux zones franches. Il offre des possibilités à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent. […] Les délits d’initiés, les trusts et les ententes ne sont pas réprimés sur le marché de l’AC. » Indépendant par essence de la critique, puisque seul le regard de l’artiste est apte à décider ce qui est de l’art, l’AC s’est, depuis quelques années, émancipé de la tutelle des institutions (musées, pouvoirs publics) pour ne plus dépendre que du marché. Un marché qui est tout sauf transparent, puisque collectionneurs, galeristes, experts et grandes maisons de ventes aux enchères travaillent main dans la main, avec la bénédiction complice des grands musées instrumentalisés par le secteur privé, pour déterminer les cotes des artistes d’une manière on ne peut plus artificielle — mais très avantageuse pour toutes les parties concernées. Irrespectueux par essence, l’art contemporain s’est d’ailleurs toujours montré très déférent vis-à-vis de la puissance de l’argent : « On peut se foutre de la gueule de l’art, mais pas de la gueule du marché », déclare ainsi Damien Hirst, qui parle d’or.

    Devenu marginal sur le marché de l’art, où il ne pèse guère ni artistiquement ni financièrement, Paris s’est vu attribuer un autre rôle : celui d’une place de prestige, assignée à la légitimation de l’AC. Versailles, le Louvre, l’hôtel de la Monnaie, en ouvrant leurs portes à Koons, Murakami ou McCarthy, leur confèrent par capillarité la dignité de la haute culture, une sorte de label de qualité symbolique incritiquable.

    Bien rodé, le système peut-il perdurer indéfiniment ? Depuis quelques années, le réveil de la pensée critique sur le sujet laisse deviner que le roi est de plus en plus nu. Quant à cette « titrisation du néant » que dénonce Jean Clair, cette manière de conférer des prix délirants à des objets qui artistiquement n’existent pas, elle semble condamnée à se dégonfler aussi sûrement que ces produits financiers dérivés qui ne reposaient sur rien de tangible et qui ont abouti à la crise des subprimes. À défaut de rester dans l’histoire de l’art autrement que comme symptôme de dégénérescence, peut-être Jeff Koons restera-t-il comme un prophète, pour avoir donné à ses oeuvres phares l’opportune apparence de baudruches. 

    Aude_de_Kerros.jpgL’Imposture de l’art contemporain, une utopie financière, d’Aude de Kerros, Eyrolles, 256 pages, 25 €.

    Laurent Dandrieu  [Valeurs actuelles]

  • Pierre Boutang et la permanence de « L'espérance royale » : celle de Maurras, la sienne, la nôtre ...

     

    [Lafautearousseau - Actualisé le 14.01.2016]

    Dans son prélude au livre essentiel qu'il a écrit sur Maurras* - ouvrage sans-doute trop volumineux et souvent trop difficile pour que beaucoup d'esprits fassent l'effort de s'y arrêter vraiment - Pierre Boutang dit ce que fut l'espérance royale de Charles Maurras, mais aussi la sienne propre, et conséquemment la nôtre, nous qui gardons, dans le contexte actuel, la foi politique qui fut la leur, comme de beaucoup d'autres. Une foi et une espérance politiques purement d'Action française. Ce texte, dont nous publions plus loin quelques extraits, nous paraît en effet en particulière concordance avec l'évolution en cours d'un certain nombre d'esprits importants, soit qu'ils se livrent à une forme très nette de remise en cause des valeurs républicaines, de la République en soi-même, soit qu'ils posent, très clairement, la question du régime et évoquent le manque de Roi, à l'instar d'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie en exercice. Ainsi, la monarchie réapparaît, une fois de plus, comme le dit Boutang, sinon immédiatement à l'horizon du possible, du moins au cœur du débat public  Dans un contexte et un langage actuels, comme il est normal. Et si l'idée monarchique ne cesse pas d'être sous-jacente à la réflexion politique contemporaine, on verra ce qu'elle doit, selon Boutang, à la démonstration puissante, répétée pendant un demi-siècle, par Maurras et par l'Action française selon laquelle la République ne remplit pas les conditions minimales d'un Etat. Tel est en tout cas le constat que font aujourd'hui, selon des voies diverses, nombre de personnalités dont il serait aisé de réunir les noms et les textes. Dans les crises de toute nature où se débat le régime, ces avancées de l'hypothèse monarchique ne sont pas négligeables. Tout au contraire.  LFAR  

     

    4110103012.jpgDans cet ordre, sans doute [l'espérance royale], il n'a jamais pensé qu'à faire. Ses pires insulteurs sont ceux qui feignent de douter qu'il ait, de toutes ses forces, voulu le Roi, comme il voulait la patrie. Encore un coup, Péguy était bon juge, espérait même qu'il y eût quelqu'un pour vouloir la République comme Maurras voulait le Roi, et a dit la conviction que cet homme était prêt à mourir pour ce Roi qui ne meurt pas, qui accompagne la patrie; pour Celui, tout autant, qui, de manière fixe, destinée, figure, pour une ou deux générations cette escorte des siècles. Croyez-vous, jeunes gens, que, parce qu'il le démontre avec tout l'éclat du Même et du Logos, il y adhère moins ? Ça ne serait vraisemblable que pour un qui se distinguerait de sa pensée. Il voulait même que le Roi voulût régner, autant et plus qu'il prouvait sa nécessité. 

    […] Plusieurs décennies ont passé depuis sa mort, et nous avons recom­mencé, cessé, et puis recommencé; nous avons, quelques-uns, roulé le rocher de Sisyphe qu'est, au regard étranger, pas au nôtre, la monarchie. 

    Possible que cela prête, au moins, à sourire, n'est-ce pas ? Nous en souririons nous-mêmes, s'il n'y avait l'espérance qui crie en nos petits-enfants. Oui, comme a dit ce vieil et pur camelot du roi de Bernanos, « autour des petits garçons français penchés ensemble sur leurs cahiers, la plume à la main, et tirant un peu la langue, comme autour des jeunes gens ivres de leur première sortie sous les marronniers en fleur, au bras d'une jeune fille blonde, il y avait ce souvenir vague et enchanté, ce rêve, ce profond murmure dont la race berce les siens ». Il y avait ? Il y a : chaque fois que naît un enfant dont on sait déjà que, bientôt, il saura dire son ave Maria, et le long d'un clair ruisseau buvait une colombe. 

    Déon Fig Mag 1.jpgJe l'admets, Maurras n'a pas réussi à ramener le Roi. Il a travaillé « pour 1950 », et voici bientôt l'an deux mille, et si le Roi n'est pas ramené, notre foi politique est vaine. 

    […] Mais, d'abord, il y a un sens où le retour du Roi n'a nullement été étranger à son action et à sa preuve. Certes nos Princes n'échappent pas à la cruelle loi d'exil grâce à la force ou la ruse de l'Action française. Simplement l'Idée du Roi, sans laquelle on ne sait pas qui rentre, sans laquelle nos Princes eux-mêmes ne l'auraient pas toujours su, cette Idée-là dormait au cœur de la forêt historiale sans que personne eût le souci ni les moyens de la réveiller. 

    Ensuite l'auteur de l'Enquête n'a jamais douté que l'instauration et la consolidation d'une monarchie moderne — ou affrontée au monde moderne — ne dût être l'œuvre du Prince lui-même, et de son charisme qui dépasse la raison, du moins toutes les raisons. 

    Toutefois […] nous avons été « jetés en monarchie », en quasi-monarchie par un Charles De Gaulle très conscient des prolongements nécessaires pour que son œuvre ne fût pas, à long terme, un échec pire que celui de la république qu'il avait « ramassée dans la boue » en 1944 et déposée en 1958... 

    Enfin deux ordres de réalités concomitantes doivent être considérés à propos de Maurras : 

    D'une part, en remontant du salut public […] jusqu'à sa condition royale, il a pu ériger la preuve puissante, jamais réfutée, que la république en France, règne du nombre, des partis, et, à travers eux, de l'or et de l'Étranger, ne remplissait pas les conditions minimales d'un État; qu'elle ne pouvait donc masquer sa nullité politique que par une tyrannie administrative et bureaucratique vouée à défaire la nation. Il en résultait que l'avantage majeur de la monarchie serait de n'être pas la République, de combler son vide par la présence d'une personne douée, en général et au moins, des attributs de l'humanité, la raison de « l'animal rationnel mortel » et la responsabilité. 

    Sans cette démonstration, répétée pendant un demi-siècle, la monar­chie n'aurait pu apparaître à l'horizon du possible. 

    D'autre part le royalisme maurrassien a trouvé sa forme supérieure, et sa composition stable, (la seule qui pût avoir des prolongements positifs, hors de la simple critique de la religion et de la non-politique démocratiques) chez ceux qui, ou bien avaient conservé une fidélité monarchique, tout endormie et désespérée qu'elle fût, ou bien, dans l'Armée, l'Église, et quelques réduits de l'Intelligence critique et de l'Université, ne voyaient pas chez le Roi la simple négation de la République, mais une personne vivante, l'héritier des fondateurs de la patrie. 

    Maurras avait dû, sans jamais oublier ce royalisme, où ne s'opposent jamais l'intelligence et le cœur, mettre l'accent sur la preuve négative, creuser et miner la démocratie parlementaire dont les ruines pouvaient seules, une fois déblayées, laisser la place à la monarchie moderne. Cela étant fait, et bien fait, cette critique ayant pénétré dans le subconscient de toutes les familles politiques, un fait nouveau, aussi inattendu que, pour les marxistes orthodoxes avant Lénine la Révolution dans un seul pays, apparut : non seulement le Roi se concevait comme négation effective de la République sans tête ni cœur, mais l'accession au pouvoir souverain, peut-être sous une forme nouvelle, d'un Capétien, fils de saint Louis, sortait de la simple spéculation**. 

    * Maurras, la destinée et l'œuvre, Plon, 1984

    ** Boutang évoque ici - et plus loin - la volonté de régner du Comte de Paris (Henri VI) et son action. De même la persistance des Princes de la Maison de France à assumer "la tradition qu'il (leur) a été donné d'incarner".

  • Ringard, anachronique, nostalgique de commémorer l'exécution de Louis XVI ?

     

    executionlouisxvi.jpgLa question posée en titre n'est pas illégitime. Commémorer l'exécution de Louis XVI, comme nous le ferons dans quelques jours, si ce devait être sans porter son regard au delà de cet acte singulier, pleurer seulement un mort, ce serait en effet pur passéisme pour Français nostalgiques et surannés, sans-doute capables de piété, mais définitivement hors de la politique et de l'Histoire. Ce ne doit pas être cela.

    Mais s'il s'agit de poser avec toute l'acuité requise notre regard critique sur le cours des deux siècles qui ont suivi - le XIXe et le XXe, auquel s'ajoute désormais le début du nôtre, le XXIe - s'il s'agit d'envisager la chaîne des conséquences - guerres, révolutions, délitements sociaux - qui ont découlé de cette volonté tragique et unique dans notre histoire d'arracher la France historique et charnelle à ses racines, alors commémorer la mort de Louis XVI prend un sens moderne, un caractère d'urgence, une forme de devoir, qui s'impose à nous. Alors commémorer la mort de Louis XVI, est ce que les amis de l'Action française, et d'au delà de l'Action française, ce que les royalistes et les patriotes français ont de plus important et de plus urgent à faire, le 21 janvier de chaque année.

    Ringard, anachronique, nostalgique de commémorer l'exécution de Louis XVI ? Chacun sait, aujourd'hui que de cette mort datent le déséquilibre de la société française, de ses Institutions politiques, et le déclin, aujourd'hui profond, de notre pays.

    De cette prise de conscience, nous donnons en annexe deux signes probants. Parmi beaucoup d'autres. Deux déclarations, dont l'une émane d'Emmanuel Macron, 38 ans, énarque, ministre de l'Economie en exercice; l'autre, toute récente, de Michel Onfray, 57 ans, philosophe et essayiste. Pour l'un et pour l'autre, l'exécution du roi Louis XVI est un acte à la source du mal français le plus contemporain. Lafautearousseau 

     

    194600802.jpgEmmanuel Macron

    « - La démocratie est-elle forcément déceptive ?

    - Il nous manque un roi. La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu. »

    (Interview du 8 juillet 2015 dans le journal hebdomadaire Le 1, repris par tous les médias)

     

     

    arton127.jpgMichel Onfray

    « C'est un vieux schéma : on coupe la tête du roi et la démocratie arrive. Or, on sait maintenant que Louis XVI n'était pas un tyran et que c'est la Terreur qui lui a succédé. » 

    (Figaro magazine du 8 janvier 2016)

     

     

     

     

  • République, République, vous avez dit République ?

     

     Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgJe n’écris pas beaucoup en ce début d’année, ce qui ne m’empêche pas, Dieu merci, de lire, d’écouter et de discuter politique, entre autres. En fait, je suis surtout en train de corriger des devoirs d’histoire-géographie de Seconde au milieu d’une actualité qui tourne à la rubrique nécrologique permanente : après Delpech, Galabru et Courrèges, c’est au tour de David Bowie de monter au Ciel… « Sale temps pour les saltimbanques », pourraient soupirer Audiard ou Gainsbourg s’ils étaient encore là pour le faire. Nécrologie, et commémorations, ces dernières semblant ne plus devoir cesser en cette République qui, a défaut d’une véritable mémoire, s’invente une histoire et une légitimité, au risque de se brouiller un peu plus avec les réalités et avec les sentiments d’un pays réel qui se sent, sans doute, délaissé ou méprisé. 

    Ainsi, je suis agacé par la véritable sacralisation (qui n’est pas vraiment récente, à bien y regarder) d’une République dont on vante les valeurs sans interroger les fondements, philosophiques comme historiques, même si je constate aussi que nombre de personnes entendent « France » quand les officiels prononcent, rituellement, le mot « République », comme si les deux se confondaient forcément et comme s’il n’y avait de valeurs civiques que dans ce régime qui se drape dans la toge de Marianne, y cachant parfois quelques poignards destinés au César du moment, fût-il « normal »… 

    Je me souviens de l’embarras de nos gouvernants quand une attaque terroriste ayant endeuillé le Danemark au printemps, ceux-ci reprenaient le discours officiel de janvier 2015 sur les « valeurs » en évitant, parfois bien maladroitement, de rajouter le qualificatif de « républicaines » pour un pays qui est et reste, envers et contre tout, un Royaume qui n’a guère de leçons de civisme et de démocratie à recevoir de quiconque, comme nombre de pays scandinaves et la Belgique voisine, mais aussi l’Espagne, le Royaume-Uni et le Luxembourg, souvent membres d’une Union européenne fondée sur des principes démocratiques reconnus à défaut d’être toujours respectés par les institutions d’icelle. 

    Bien sûr, on peut aussi entendre le mot République au sens latin du terme qui signifie « la chose publique » ou « le bien commun », et, dans ce cas, un monarchiste, même s’il est « réactionnaire » ou maurrassien, et encore plus s’il se réfère aux monarchiens de 1789 ou aux catholiques sociaux du XIXe siècle, peut reprendre le terme sans barguigner, dans le sens qu’a développé, en son XVIe siècle, le juriste Jean Bodin, « théoricien » de la Monarchie absolue… Mais, le plus souvent, nos gouvernants ne (re)connaissent pas cette généalogie politique du mot et se contentent d’y mettre ce qui peut s’apparenter à « leur » conception du Pouvoir et de sa légitimation, et de n’y voir qu’un régime politique défini, à la façon d’Anatole France (qui a compris bien des choses), que comme « l’absence de roi »… 

    Cette République-là, à la merci des grands féodaux et de leurs partis, est justement celle que je dénonce et combats, et pour laquelle je n’ai pas de mots assez durs, non par haine d’elle-même, mais bien au contraire, par amour de la Chose publique, du Bien commun, de la nation française et de ses particularités et diversités… Cette République qui oublie les petits et les pauvres, cette République qui méprise les provinces et les villages, cette République qui parle de valeurs mais pense d’abord Bourse et compétitivité, cette République qui se verdit le temps d’une COP 21 et bétonne le jour d’après, de Notre-Dame-des-Landes (ce n’est pas fait !) aux entours de nos bourgs ruraux (la « rurbanisation », disent-ils, mais qui est une véritable artificialisation inutile des terres quand les centres-bourgs ont tant de maisons disponibles à remplir et à restaurer)… Cette République qui inscrit dans la pierre de ses bâtiments officiels la liberté comme pour être bien sûre qu’elle ne bouge plus de ses frontons et dans le cœur des gens, et qu’elle ne menace plus son règne… Si Bernanos, cet amoureux passionné de la liberté, était royaliste, ce n’est ni un hasard ni une surprise, comme l’a rappelé si souvent son disciple le plus fervent, Sébastien Lapaque, mais la simple constatation que la République enfermait la liberté dans ses textes et son Journal officiel, ce que moquaient aussi les Camelots du roi qui n’hésitaient pas, dans leurs chants joyeux, à clamer qu’ils « se foutaient de ses lois »… 

    Le professeur d’histoire que je suis n’a guère de chances, en étudiant les siècles passés, de devenir partisan d’une République née dans la Terreur des années 1792-94, et qui s’est tant de fois déshonorée, à l’intérieur comme à l’extérieur, préférant ses « coquins » et ses « valeurs » plutôt que la justice sociale (une formule qu’elle n’a même pas inventée puisque c’est… le roi Louis XVI qui l’a valorisée le premier !) et les libertés concrètes. Je me souviens, dans mon adolescence, avoir pleuré de l’aveuglement et de la lâcheté de la IIIème République face aux totalitarismes, de son hypocrisie profonde et bien pensante, tout comme je me souviens aussi de mes éclats de rire quand je lisais « La bande des Ayacks », ce roman de jeunesse qui s’en prenait à une société des adultes qui fleurait fort le monde des officiels de la République et qui « nous » vengeait de cette dernière… Est-ce un hasard, en définitive, si j’ai découvert la Résistance, celle des années sombres de l’Occupation allemande, dans les livres du colonel Rémy, ce résistant aux idées catholiques et royalistes (il sera abonné jusqu’à sa mort, en 1984, à l’hebdomadaire monarchiste Aspects de la France…) ? Mes deux premiers livres reliés cuir (de couleur bleu) étaient frappés de la croix de Lorraine et signés de Rémy, et, sans le comprendre alors, ils ont sans doute préparé le terrain à mon engagement royaliste ! D’ailleurs, dans ceux-ci, je n’ai pas souvenir d’avoir vu évoquées les valeurs républicaines dont on nous rabat les oreilles en tous lieux tandis que notre République déroule le tapis rouge aux dignitaires saoudiens d’un régime féodal et obscurantiste qui salit le nom de Monarchie… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin