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Actualité France - Page 396

  • Taubira : Les Couleuvres et le Scorpion

     

    La démission de Christiane Taubira a inspiré à Dominique Jamet une fable d'une rare perspicacité. Perspicacité humaine et morale selon la tradition et à la manière des fabulistes, où des figures animales forgées sur le terreau des circonstances - en l'occurrence des couleuvres et un scorpion - sont des universaux. Et perspicacité politique, on le verra en lisant cet excellent texte qui envisage toutes les dimensions du départ du Garde des Sceaux. LFAR    

     

    La démission surprise (?) de Christiane Taubira met fin à une situation délirante. Gardienne des Sceaux et des prisons dès le début du quinquennat, nommée pour des raisons politiques, maintenue en place pour des raisons politiciennes, la championne du deux-roues et du double langage ne cachait plus depuis belle lurette ses désaccords profonds avec le gouvernement dont elle faisait pourtant encore officiellement et nominalement partie. Et pour comble, ces désaccords étaient particulièrement graves dans son domaine de compétence – si toutefois le mot est bien approprié.

    D’où l’étrange spectacle de Guignol dont l’hémicycle du palais Bourbon était devenu le théâtre. Banc des ministres ou banc des accusés ? Privée de tribune, immobile à sa place, le visage impassible mais la mine sévère, Mme Taubira écoutait immobile tel ou tel de ses collègues, et souvent le premier d’entre eux, présenter et défendre des projets qu’elle désapprouvait notoirement ou répondre pour elle aux questions qui lui étaient directement adressées. Absente et silencieuse quand ses fonctions lui commandaient de parler, elle s’épanchait sur des plateaux et dans des studios de préférence étrangers pour y donner à entendre qu’elle n’était pas solidaire de l’équipe dont elle portait le maillot.

    Quel gouvernement, digne de ce nom, aurait toléré un tel comportement ? Mais avons-nous un gouvernement ? Protégée par son statut de caution de la gauche, irremplaçable parce que dernier porte-parole (en sourdine) des frondeurs dans le ministère droitisant de Manuel Valls et Emmanuel Macron, Taubira jouissait visiblement de sa scandaleuse immunité. Tel un mari trompé de notoriété publique, le président de la République ne demandait à ce ministre incontrôlable que de sauver un minimum d’apparences, de continuer à échanger son droit de retrait contre l’appétissant plat de lentilles ministériel et feignait de croire que ce compromis boiteux valait acquiescement.

    De fait, c’est Christiane Taubira qui a choisi sa fenêtre de tir, autrement dit la forme et le moment de son départ, les pires pour le gouvernement fragilisé dont elle était le dernier gri-gri. C’est le matin même du jour où le projet de révision constitutionnel sera présenté et discuté à l’Assemblée, devant une majorité divisée, une opposition goguenarde et malveillante et une opinion agacée par la distance persistante entre le langage martial de nos dirigeants et la persistance, voire l’aggravation des menaces qui pèsent sur nous, qu’en claquant la porte qui lui était grande ouverte depuis longtemps elle jette son pavé dans la mare.

    Ce pourrait être une fable : « Les Couleuvres et le Scorpion ». Après avoir tout avalé et jusqu’à la nausée, Christiane Taubira va pouvoir développer, contre les anciens amis qui lui avaient gardé sa place auprès d’eux sur le navire en perdition, toute sa capacité de nuisance. Retrouvant sa liberté de parole et de critique, reprenant où elle l’avait laissé son rôle de conscience et d’icône de la gauche, l’ex-ministre de la Justice – dont la candidature, en 2002, avait contribué pour sa part à la défaite de Jospin – est susceptible, en groupant autour d’elle – ce qui n’était pas le cas à l’époque – la gauche morale, la gauche des valeurs, la vraie gauche, de priver le candidat officiel du PS de la possibilité d’accéder au second tour. Aujourd’hui est un jour à marquer d’une pierre noire pour Hollande et, accessoirement… pour Mélenchon. 

     
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • Qui sera le Prince ? La réponse de Pierre Boutang

     

    Pierre Boutang revient ici, sur L'Avenir de l'Intelligence, qu'il appelle « cet immense petit livre », publié par Maurras en 1905. L'actualité - le monde, la société postmodernes - nous y ramène, comme elle y ramenait Boutang en 1952. 

    Maurras y oppose - un peu à la manière des tragédies de la Grèce antique - deux personnages ou entités allégoriques, engagés dans une lutte à mort : l'Or, c'est-à-dire les puissances d'Argent, les forces du matériel rendues abstraites, et le Sang, c'est-à-dire l'ensemble des forces de la Tradition et de l'Esprit : politique, histoire, culture, religion, spiritualité. Ainsi se définit pour Maurras l'opposition Révolution / Contre-Révolution ou Révolution / Tradition.

    La Révolution, en détruisant le pouvoir royal venu du fond des âges, et qui s'appuyait sur les forces de la Tradition et de l'Esprit, a ouvert toutes grandes les portes aux forces de l'Or, qui règnent maintenant sans partage, et nous sommes aujourd'hui dans cet Âge de fer ou âge barbare, prophétisé par Maurras, qu'ont amené les philosophes du XVIIIe siècle, mais aussi leurs prédécesseurs de la Réforme et de la Renaissance.

    Cela durera-t-il toujours ? La victoire de l'Or sur le Sang est-elle définitive ? C'est, évidemment, une possibilité, et les apparences, aujourd'hui, semblent plaider en faveur de cette hypothèse.

    « A moins que...», dit toutefois Maurras, dans la conclusion de L'Avenir de l'intelligence, son immense petit livre. Et d'esquisser comme une stratégie de la contre-révolution, son souci n'ayant jamais été que de conjurer les perspectives d'un effondrement de notre civilisation et de faire triompher les solutions qui l'en sauveraient.  

    Disciple et continuateur de Maurras, Boutang poursuit ici cette réflexion, dans l'espérance que l'à moins que... par quoi s'achevait l'Avenir de l'Intelligence ne soit pas une attente vaine.

    Les Soviets ont disparu, dans l'effondrement cataclysmique de l'utopie messianique marxiste; et c'est aujourd'hui le vide de la postmodernité qui s'y est substitué... Certains événements, certains personnages dont il est question dans ce texte appartiennent au passé. L'essentiel, la question centrale, plus actuelle que jamais demeure : Qui sera le Prince de ce temps ? Elle est au coeur de notre présent. Lafautearousseau  

     

    4110103012.jpgQui sera le Prince ?

    Article de Pierre Boutang paru dans Aspects de la France les 21 et 28 novembre, et le 12 décembre 1952 [Extraits]

     

    Qui sera le Prince ? Telle est l'unique question du vingtième siècle méritant l'examen, capable de mobiliser les volontés. La fraude démocratique consiste à lui substituer celle de la société, la meilleure possible, et le débat sur son contenu spirituel et moral. Quelle est l'organisation la plus juste, la plus humaine, et d'abord quelle est la meilleure organisation du débat sur cette organisation ?  Voilà le chant des sirènes des démocrates.

    Fiez-vous y ! Le vent et les voleurs viendront.

    Les voleurs et le vent sont à l'oeuvre. La diversion est plus que bonne : très sûre. Pendant ces beaux débats, toutes fenêtres ouvertes, le vent apporte sa pestilence. Et sous le masque de l'opinion reine, de la liberté de jugement des Lazurick ou des Lazareff, l'or triomphe; il détient tout le réel pouvoir dont la presse a mission et fonction cher payée de cacher la nature et de divertir dans le peuple la nostalgie croissante et le désir évident.

    Qui sera le Prince ? Il s'agit de l'avenir : il n'est pas de principat clandestin, de royauté honteuse de soi-même et qui puisse durer. Une société sans pouvoir qui dise son nom et son être, anarchique et secrètement despotique, sera détruite avant que notre génération ait passé. Pour le pire ou pour le meilleur elle disparaîtra. A la lumière très brutale et très franche de la question du Principat, de la primauté politique, les sales toiles des araignées démocratiques, les systèmes réformistes, les blagues juridiques, les ouvrages patients des technocrates européens; seront nettoyés sans recours. Par quelles mains ? C'est le problème... Qui tiendra le balai purificateur ? Non pas quel individu, pauvre ou riche, de petite ou très noble extrace, mais quel type d'homme ? Incarnant quelle idée ? Réalisant quel type de la Force immortelle, mais combien diverse et étrangère par soi-même au bien et au mal ?  

    L'heure nouvelle est au moins très sévère, a dit le poète. Cette sévérité, aujourd'hui, tient à ce fait : nul ne croit plus à la meilleure structure sociale possible, la plus humaine et la plus juste. Tous voient qu'elle ne profite, cette question toujours remise sur le métier de l'examen, sans personne pour la tisser, qu'aux coquins et aux domestiques de l'argent. Les fédéralistes eux-mêmes, armateurs de débats sur les pactes volontaires, reconnaissent que la question du fédérateur est primordiale; mais les uns tiennent que ce fédérateur doit être un sentiment, la peur panique inspirée par les soviets, les autres avec M. Duverger dont les articles du Monde viennent d'avouer la honteuse vérité, que l'or américain, l'aide en dollars, est le seul authentique fédérateur de l'Europe.....

    Positivement, les malheurs du temps ont fait gagner au moins ceci à l'intelligence mondiale, et la vague conscience des peuples : à l'ancienne utopie succède l'inquiétude, la question chargée de curiosité et d'angoisse -qui, quelle force, quelle espèce de volonté humaine, va garantir ou réaliser un ordre politique et social, juste ou injuste, mais qui sera d'abord le sien ? Nos contemporains savent ou sentent qu'il n'y a pas de justice sociale sans société ni de société sans une primauté reconnue, établie en droit et en fait. La réelle nature de la force publique, du Prince qui garde la cité et y exerce le pouvoir, importe plus aux hommes qui ont été dupes si longtemps, que le jeu de patience et d'impatience des réformes sociales; ces réformes sont innombrables dans le possible, imprévisibles dans leurs conséquences; ce qui compte, ce qui est digne de retenir l'atttention ou d'appeler l'espérance, réside dans la loi vivante de leur choix, dans la réalité organique, dans la volonté responsable qui les ordonne et les préfère.

    Reconnaître l'importance capitale de la question du Prince, considérer les autres problèmes politiques comme des fadaises ou des diversions vilainement intéressées, tel est el premier acte d'une intelligence honnête de notre temps. Car cette question du prince est toujours essentielle, et toujours oubliée : mais elle était jadis oubliée parce qu'elle était résolue, et les utopies elles-mêmes s'appuyaient sur la réalité incontestée d'un pouvoir légitime. Depuis le dix-huitième siècle la puissance de l'or, clandestine, masquée par les fausses souverainetés du nombre et de l'opinion n'a pas comblé dans les esprits, les coeurs, les besoins, le vide laissé par la démission des Princes. Les balançoires, les escarpolettes constitutionnelles, dont les brevets continuent en 1952 d'être pris à Londres (ou dans les "démocraties royales" rétrogrades) ne satisfont pas, avec leurs recherches d'équilibre, le goût profond que gardent les peuples pour la stabilité et la connaissance des vraies forces qui soutiennent un gouvernement. L'homme du vingtième siècle n'a pas envie de se balancer à l'escarpolette démocratique et parlementaire : les expériences faites en Europe centrale lui montrent quel est l'usage probable des cordes libérales dont se soutenaient ces jolis objets et jouets des jardins d'Occident. Elles portent bonheur aux pendus..... 

    Quand on voit, quand on sait l'enjeu de cette guerre engagée sous nos yeux pour le Principat, l'inventaire des forces, des réalités naturelles et historiques, capables de répondre à la commune angoisse, s'impose rapidement. L'intellectuel, l'écrivain, disposent de l'outil du langage, dont la fonction est de distinguer des provinces de l'être. Ils font donc leur métier, lorsqu'ils dénombrent les prétendants au Principat. Ils peuvent faire leur salut temporel, en choisissant, en aidant, la force naturelle qui leur apparaît salutaire et légitime.

    La recherche de l'intelligence, dans ce domaine, est libre entre toutes. Elle ne doit de comptes qu'à la vérité, et lorsqu'elle se soumet à ses lois supérieures, à la patrie. Sa liberté propre se moque du libéralisme doctrinaire. Que ses lois propres, et sa soumission la conduisent à vouloir le Principat du Prolétaire, ou celui du Sang dans l'ordre dynastique, son choix ne dépendra pas, par exemple, du retard que tel prolétaire ou tel groupe prolétarien peuvent avoir, dans leur opinion subjective, sur la réalité et la force que le Prolétaire incarne pour un monde nouveau. Les difficultés qui naissent de ces retards, de ces rétrogradations, ne sont pas inconnues des marxistes. Il eût été bien étrange qu'elle fussent épargnées au nationalisme. Leur caractère de phénomène aberrant et transitoire laisse intacte la vraie question : quelle force réellle, capable d'extension, douée d'un sens universel, assumera le Pouvoir que l'on occupe clandestinement, mais n'incarne ni n'accomplit ? Est-ce que ce sera leProlétaire selon Marx, ou le Sang, le principe dynastique, selon Maurras ? Le reste est futilité, opportunisme naïf que l'histoire balaiera sans égards.  

    Non point selon l'ordre national, mais selon l'appparence, un premier Prince apparaît, prétendant du moins au Principat : le journal, le pouvoir de l'opinion. Prétention qui n'est monstrueuse que si l'on néglige les causes et les effets : si le peuple , si le nombre ou la masse - quelles que soient les définitions matériellles que l'on donne de ce Protée - était décrété souverain, l'évidence de son incapacité, de ses faibles lumières, de son enfance, selon le dogme du progrès, imposaient la régence pratique du pédagogue. Ce pédagogue du peuple souverain devait éclairer et former la volonté générale : l'extension rapide du pouvoir de lire rendait incertaine l'action des clubs et des assemblées : la presse seule pouvait se glisser partout en renseigner l'enfant Démos aux mille têtes folles, les mettre à l'abri de la séduction des anciennes autorités, de la mainmise de l'Eglise, de la séduction des Princes ou des généraux.

    Le combat du XIXe siècle pour la liberté de la presse apparaît ainsi comme le plus noble, le plus raisonnable qui pût être conduit, avec les prémisses de la démocratie. Des milliers d'hommes sont morts pour que nous ayons le droit d'accomplir, comme l'a dit Péguy, cette formalité truquée du suffrage universel. Mais la mort demillions n'eût pas été insensée pour que les conditions intellectuelles de cette formalité, la liberté de la presse, seule capable de vaincre le truquage, fût réalisée. Marx avait raison dans sa logique de démocrate radical, qui allait le conduire très loin du libéralisme formel : "La presse est la manière la plus générale dont les individus disposent pour communiquer leur existence spirituelle" (Gazette rhénane, 1842). Or, cette communication est le devoir démocratique majeur, où tout esprit doit enseigner sans cesse le peuple, innombrable héritier du Pouvoir, ayant une charge aussi certaine que celle dont Louis XIV accable un Bossuet. Il n'y a donc pas de limite démocratique à la liberté de la Presse, ce pédagogue des nations, mais dont la mission ne peut finir qu'avec la parfaite majorité de Démos.

    La difficulté commence (et commença !) avec la définition de l'enseignement ainsi donné : le pédagogue se révèle innombrable, indéfini, comme l'élève. A la limite théorique, Démos qui sait ou peut écrire enseigne Démos qui sait et peut lire. Les deux données quasi matérielles et de hasard, écrire et lire, se substituent au choix humain du précepteur, et à la présence naturelle de l'élève royal.

    En fait, par la simple existence d'un commerce de la librairie, une merveilleuse possibilité s'ouvrait ainsi aux forces secrètes qui disposeraient de l'or. Vainement, Marx s'écriait-il, dans la même Gazette de Francfort, à l'occasion des extraordinaires débats de la Diète rhénane qui devaient jouer un rôle décisif dans la formation de son mythe révolutionnaire "la première liberté consiste pour la presse à n'être pas une industrie !" La presse était une industrie, ou le devenait à toute vitesse.

    Si l'or ne renonçait pas, avec les organes de corruption des partis et les truquages électoraux, à gouverner directement le peuple et lui imposer des représentants, du moins les Pourrisseurs les plus scientifiques s'aperçurent très vite de l'existence d'un moyen économique et supérieur : il suffisait de tenir "le quatrième pouvoir" inconnu de Montesquieu, et d'agir sur le pédagogue de Démos. La divisibiliét infinie de l'or, sa séduction aux mille formes s'adaptaient naturellement au maître divers, au pédagogue polycéphale.... On pouvait y aller. On y alla ! 

    Le pédagogue de Démos ne pouvait prétendre, au départ, à un enseignement si bien assimlilé par son élève que le choix des meilleurs en résultât, automatiquement, à l'heure des votes. Était-il écouté, suivi ? Les gouvernements considéraient qu'ils avaient, eux, atteint leur majorité en obtenant la majorité; ils s'émancipaient; ils agissaient à leur tour, par des lois ou par des fonds secrets, sur la presse écoeurée de cette ingratitude. Mais il y avait une ressource : c'était la fameuse opposition. L'opposition au parlement pouvait être méconnue; elle se composait en somme de vaincus. S'appuyait-elle sur une presse vivace, expression du citoyen contre le Pouvoir du moment, éducatrice de son successeur inévitable, alors les chances de la liberté étaient maintenues, on était encore en république !

    Hélas ! La presse d'opposition, précisément parce qu'ellle pouvait influer sur la décision prochaine de Démos, tant qu'elle acceptait le système et ses profits glorieux, tenait à l'or autant que l'autre. Du moins sauvait-elle les apparences.

    Il fallut attendre une déclaration vraiment décisive de l'éditorialiste du quotidien Figaro, feuille conformiste à l'immense tirage, pour que cette dernière décence, cette ultime réserve et pudeur de la putain Démocratie fût gaillardement sacrifiée. Nous commentons dans la Politique de cette semaine ce texte monumental (auro, non aere, perennius !) dû à l'ingéniosité perverse de Mauriac. Citons-le ici pour mémoire :

    « Je sais, on reproche souvent au Figaro d'être toujours du côté du gouvernement. Dans une démocratie, je prétends qu'un grand journal ne peut être un journal d'opposition. Un journal comme Figaro, en raison même de son audience ne peut fronder. Il a des responsabilités sur le plan patriotique. J'admire les gens qui peuvent trancher de tous les problèmes dont ils ignorent les difficultés. Or, le nom du président du Conseil peut changer, les difficultés restent les mêmes au gouvernement.» 

    L'abdication définitive et publique du quatrième pouvoir en démocratie entraîne la ruine de la démocratie elle-même. Le pédagogue de Démos abdique avec son élève devant l'idole d'un gouvernement qui a toujours raison, infaillible et sans principe, girouette prise pour gouvernail du monde, vaine paille au vent de l'histoire consacrée comme grain des choses et substance de la Société....

    La voie est libre alors pour notre dénombrement des forces qui aspirent à la primauté du Prince.

    Qui sera le Prince ? L'or, la puissance financière toute pure et impure ? La technique et ses terribles dévots ? Le Prolétaire dans la dictature révolutionnaire ? Ou le Sang, la force dynastique tels que les définit le merveilleux petit livre de 1905 : « La force lumineuse et la chaleur vivante, celle qui se montre et se nomme, celle qui dure et se transmet, celle qui connaît ses actes, qui les signe, qui en répond.»  

    Repris de notre Grand Texte XXXIII du 9.10.2012 - Et actualisé.

     

  • La lutte pour l'emploi en Bretagne

     

    par Jean-Philippe Chauvin

    Ce qu'est la honte et le scandale de la disparition programmée de l'agriculture française, la misère financière et humaine dans laquelle elle est laissée, le drame des millions d'emplois qui y ont été détruits, sacrifiés au dogme du libre-échangisme sans règles ni limites, la perte de substance et de qualité qui s'en suit pour la société française et sa civilisation, tout cela doit être dit et Jean-Philippe Chauvin nous semble avoir particulièrement raison de rappeler les responsabilités de la République dans tout ce sinistre processus. Si l'on veut rechercher les causes premières et les solutions ultimes au problème ainsi posé, on lira l'article de Pierre Boutang que nous reprenons plus loin : « Qui sera le Prince ? »   Lafautearousseau 

     

    arton8470-7b8cd.jpgLes agriculteurs bretons sont, une fois de plus, sur les routes de l'Ouest pour défendre leur emploi, tout comme, dimanche 24 janvier, des milliers de personnes étaient à Brest pour la même raison, pour maintenir des emplois, ceux du Crédit Mutuel Arkéa, troisième employeur de la région avec 6.500 salariés, emplois aujourd'hui menacés par un projet de fusion avec la branche de l'Est du Crédit Mutuel que souhaite réaliser la Confédération nationale de ce groupe bancaire : c'est un vent de colère qui souffle à nouveau en Bretagne, et qui pourrait, une fois de plus, décoiffer Marianne... 

    Il faut être clair : depuis l'été, rien n'a vraiment changé pour le monde agricole, piégé par un système qui demande toujours des prix plus bas aux producteurs alors qu'ils ne rentrent déjà plus dans leurs frais de production. Le gouvernement n'arrive pas à faire entendre raison au monde des transformateurs, eux-mêmes frappés durement par la concurrence déloyale des abattoirs allemands (qui utilisent une main-d’œuvre étrangère à très bas coût, parfois moins de 600 euros mensuels), ni au secteur de la Grande distribution, du moins la partie la plus mondialisée de celle-ci. Le problème n'est-il que français ou européen ? Même pas, car c'est tout le système de la mondialisation qui, en définitive, est vicié, et qui détruit plus d'emplois qu'il n'en crée dans notre pays et dans nos régions. Une mondialisation globale qui n'est plus, désormais, que « la guerre de tous contre tous », au moins sur le plan commercial, économique et social. Cela signifie-t-il que l'internationalisation des échanges était forcément destinée à tourner ainsi ? Peut-être pas, et il me faudra en reparler... 

    Pour l'heure, la Bretagne souffre, une fois de plus, et elle doit se battre, à nouveau, pour « Vivre, décider et travailler au pays », comme le clamaient, il y a déjà plus de quarante ans, les affiches des militants bretons, y compris des royalistes de la Nouvelle Action Française, solidaires des ouvriers du « Joint français » de Saint-Brieuc en 1972 ou de ceux de l'industrie de la chaussure à Fougères en 1977. Un combat qui pourrait bien rappeler les responsabilités de la République centrale dans les multiples crises sociales qui affectent la Bretagne et, au-delà, notre pays tout entier... 

    Le Blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Tout ça pour ça : Mariage pour tous, deux ans après, un flop social !

     
     
    Le mariage gay n’a pas la cote chez les homosexuels. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le nombre de mariages homosexuels a globalement décru passant de 10 522 mariages de personnes de même sexe en 2014 à 8000 en 2015. Dans le remarquable entretien qui suit, donné à Atlantico, Guillaume de Prémare tire les leçons de ce bilan chiffré. Il le fait en allant à l'essentiel. Conclusion : le mariage pour tous aura été plus qu'une nécessité, un véritable projet culturel. Encore faut-il dire lequel. Ce que fait Guillaume de Prémare. Et là, du simple point de vue du Bien Commun, politique et social, nous partageons, sur le fond, son analyse.  LFAR
     
     
    5bbc9ffaa3fdbebce007b4aa89b36a5f.jpgAtlantico : On a envie de dire tout ça pour ça ! Que pensez-vous de toute cette énergie dépensée et de tout ce capital politique utilisé pour donner satisfaction à une minorité de minorité (les homosexuels représentant seulement 1% de la population) qui au final n'utilise pas le droit de se marier avec leur conjoint du même sexe ?

    Guillaume de Prémare : L’enjeu de la loi Taubira était culturel, il s’agissait de déconstruire l’ordre anthropologique naturel et symbolique qui fonde la société sur la famille et la famille sur la différence homme-femme, le père, la mère et l’enfant. Madame Taubira a joué cartes sur table en précisant qu’il s’agissait d’un "changement de civilisation". Ce nouvel ordre symbolique et social est un symptôme fort de ce que Pierre Manent nomme "la souveraineté illimitée de l’individu". Dans la dialectique des minorités, la fonction de la loi est d’assurer la reconnaissance sociale de l’individu dans toutes ses dimensions particulières. Il faudrait ainsi un statut pour tous, alors même que tous ont déjà un statut partagé, celui de personne et de citoyen. Chacun revendique de nouveaux droits qui ne reposent sur aucune réalité commune. La logique des minorités est une marche folle vers une égalité fictive essentialisée, qui mène à la guerre de tous contre tous. Et nous voyons bien que les principes communs de vie en société se délitent : tout le monde se demande aujourd’hui comment vivre ensemble. Mais la loi Taubira est loin d’être le seul facteur. L’engrenage de ce que Jacques Généreux nomme la "dissociété" a commencé depuis longtemps. Nous avons oublié que la loi est un cadre général qui se réfère à des réalités partagées et favorise le déploiement d’un bien commun.

    En quoi le mariage gay a-t-il été le cache sexe d’un projet de société qui vise à diffuser la théorie du genre ? Quelles autres réformes sont venues confirmer ce changement de société ?

    L’idéologie issue des études sur le genre vise à imposer l’idée d’indifférenciation entre l’homme et la femme. Il y a un lien substantiel avec le mariage homosexuel : si deux hommes ou deux femmes peuvent se marier et adopter des enfants – au même titre qu’un homme et une femme -, c’est qu’il y a équivalence des situations et indifférenciation entre homme et femme. Il y a une dialectique qui vise à opposer nature et culture ; et même à nier l’existence d’une nature humaine. Cette opposition est trompeuse parce que l’homme est par nature un animal social et culturel ; et sa dimension biologique est articulée à sa dimension culturelle. La nature humaine englobe tout cela. D’autre part, l’idéologie du genre diabolise la notion de stéréotype, attribuant à ce mot une connotation par principe négative, donc à déconstruire. "Stéréotype" est un mot grec qui signifie "modèle fort". Un modèle fort n’est pas nécessairement négatif, au contraire. Le déficit éducatif actuel révèle le préjudice considérable causé par la chute des modèles forts, par exemple celui du père. Pour ma part, je soutiens qu’il y a de bons stéréotypes. Mais si le mariage gay est un "cache sexe" pour le Gender, il est, peut-être encore davantage, un cheval de Troie redoutable pour le marché des mères porteuses (la GPA). On s’appuie sur ce que l’on nomme "droit des minorités" et "égalité" pour introduire demain l’acceptabilité sociale et culturelle de l’externalisation de la grossesse. Cela ouvrirait un formidable marché de masse pour les firmes. La recherche du profit sans limites est indissociable des nouvelles mœurs de la postmodernité.

    Le gouvernement a-t-il été sous l’influence de certains lobbies LGBT qui veulent en finir avec l’hétérosexualité et faire triompher la théorie du genre ?

    D’une manière générale, la dissociété postmoderne dissout le politique dans la logique des lobbies. Cela consacre la loi du plus fort. Ultra-minoritaire, le lobby LGBT tire en grande partie sa force des firmes mondiales qui le financent et l’appuient sans relâche. Le militantisme homosexuel est en effet un instrument pour les firmes, comme je viens de l’expliquer pour la GPA. Le patron de Goldman Sachs a expliqué que le mariage gay est un "good business". Nous avons vu comment les grandes firmes US avaient imposé, via la Cour suprême, le mariage homosexuel à tous les Etats américains en juin 2015. Le lobby LGBT est en quelque sorte un jouet dans les mains du capitalisme globalisé. Les nouvelles mœurs de la dissociété sont consubstantiellement les mœurs de ce capitalisme tardif ; qui n’a plus rien à voir avec le capitalisme entrepreneurial et familial de jadis. Il n’y a aucune contradiction à ce que les révolutionnaires de 68 terminent aujourd’hui dans les bras des puissances d’argent. Et "la souveraineté illimitée de l’individu" jette l’individu – pieds et poings liés - dans les bras du Marché tout-puissant.

    En faisant des sujets sociétaux un enjeu majeur de sa politique, le gouvernement n’a-t-il pas plus servi ses propres intérêts que ceux de la communauté homosexuelle ?

    L’axe Valls-Macron est, sur de nombreux points, interchangeable avec Juppé, Lemaire ou Sarkozy. Le gouvernement s’accroche donc à ce qu’il juge être des marqueurs de gauche, dits sociétaux. Mais cela n’a de gauche que le nom. D’une part parce que cela fait l’affaire des puissances financières, d’autre part parce que le "sociétal" n’a aucun ancrage dans les classes populaires. Quant au PCF et Mélenchon, c’est en partie parce qu’ils ont rallié les nouvelles mœurs qu’ils n’ont quasiment plus d’électorat ouvrier. Le PCF de Duclos et Marchais aurait probablement combattu le mariage homosexuel et dénoncé "les mœurs décadentes du capitalisme".

    S’il reconnait le mal de la loi Taubira, Nicolas Sarkozy n’aurait pas l’intention finalement d’abroger la loi sur le mariage pour tous s’il revenait à l’Elysée. Le revirement de Nicolas Sarkozy sur la question du mariage homosexuel ne risque-t-il pas de se mettre à dos la partie conservatrice de l’électorat de droite ? Autrement dit, y-a-t-il un pouvoir de nuisance de la MPT sur la droite et sur Sarkozy ?

    Oui, La Manif Pour Tous a un pouvoir de nuisance sur les candidats de droite qui ne s’engagent pas pour la famille. Nous l’avons encore constaté aux dernières élections régionales. LMPT fait donc un bon travail. Cependant, Sarkozy ne s’est jamais prononcé sérieusement sur la loi Taubira ni engagé fermement à l’abroger. Pour moi, il n’y a ni surprise ni revirement mais parfaite continuité du personnage. Lors du meeting Sens Commun en 2014, il a acheté "pas cher" - comme il dit – des soutiens et des adhésions UMP, il a fait son marché parmi d’ex-LMPT. Il y a eu mépris de sa part et méprise de la part de ceux qui ont bien voulu y croire. D’une manière générale, je crois que les personnes de tradition socio-politique conservatrice vont comprendre progressivement que la droite qu’ils veulent – libérale au plan économique et conservatrice au plan familial – n’existe pas ou n’existe plus. La défense de la famille ne peut donner de résultat dans un cadre libéral, pour les raisons que j’ai évoquées plus haut. Elle doit s’inscrire dans le cadre d’un combat social et culturel plus large. C’est en rejoignant les préoccupations sociales d’un peuple rudoyé par ce que Laurent Bouvet appelle "l’insécurité culturelle" et par la machinerie économique globale que les défenseurs de la famille trouveront cette surface de contact avec la sociologie des profondeurs du peuple qui leur manque aujourd’hui. Faire ami-ami avec la droite est une illusion. 

    Guillaume de Prémare est délégué général d'Ichtus, et ancien président de La manif pour tous. Twitter @g2premare 

     
  • CHÔMAGE : L’ARNAQUE DE HOLLANDE

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgLors de ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier, François Hollande avait décrété « l’état d’urgence économique et social » : c’est qu’en trois ans et demi son bilan en matière d’emploi est pire que celui de cinq années de Sarkozy, qui n’était déjà pas brillant.

    Quelques chiffres pour résumer la catastrophe : plus 764 500 chômeurs de longue durée, c’est-à-dire inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an, avec une ancienneté moyenne passant de 103 jours à 570 jours ; une destruction de 217 600 emplois marchands ; 10,6 % de la population touchés par le chômage (plus 0,9 %) et 25 % des jeunes (plus 1,7 %), lesquels étaient pourtant la priorité du quinquennat. Ainsi, les 300 000 contrats aidés et 70 000 services civiques, le pacte de responsabilité et de solidarité, visant à « rendre nos entreprises compétitives » et à « créer les conditions de la création d’emplois » via la baisse du coût du travail et celle, progressive, de l’imposition des entreprises — 28 % en 2020 contre 33 % aujourd’hui —, le vote de la loi fourre-tout Macron I et 7 milliards d’euros annuels en traitement social du chômage n’auront servi de rien. On peut toujours se consoler en disant que la situation serait encore pire si toutes ces mesures n’avaient pas été prises. Et feindre de placer des espoirs démesurés dans la transformation prochaine du CICE en baisses des « charges » sociales. On peut aussi regretter une politique erratique baissant l’aide à l’apprentissage ou asphyxiant par la fiscalité les entreprises ou les ménages, notamment les familles nombreuses des classes moyennes, avant des rétropédalages bien tardifs et surtout peu opérants.

    Pour Hollande, l’essentiel n’est pas là : s’il a décrété le 31 décembre dernier seulement « l’état d’urgence économique et social  » et non plus tôt, alors que la situation le méritait dès sa prise de fonction compte tenu du bilan, nous l’avons dit, déjà peu brillant de son prédécesseur — depuis 2007, Sarkhollande, ce sont plus d’1,5 million de chômeurs supplémentaires —, c’est parce que la lutte contre le chômage n’est pour lui qu’un argument électoral. En promettant qu’il ne se représenterait en 2017 que s’il réussissait à inverser durablement la courbe du chômage, il se condamnait, ou plutôt il condamnait les Français à ne préparer que pour le début de la campagne électorale des mesures aux effets aussi rapides qu’éphémères. Car il ne s’agit pas pour Hollande de prendre des mesures pérennes, permettant de lutter en profondeur contre le fléau social du chômage, qui n’est que la conséquence d’un autre fléau, celui de la désindustraliation préméditée du pays par des élites dénationalisées soumises aux marchés financiers mondiaux : non, pour ce faire, il faudrait rompre avec la politique suivie par la droite et la gauche depuis la libéralisation complète des capitaux opérée par le Traité de Maëstricht en 1992 et avec une immigration toujours plus invasive, et non pas se contenter, comme le veut la droite libérale, qui a les yeux rivés sur le XIXe siècle, d’un détricotage du code du travail qui ne profiterait qu’aux cabinets d’avocats tout en renforçant sa complexité, et accroîtrait le nombre de travailleurs pauvres et précaires. Car une certaine dose de libéralisation du marché du travail ne peut être envisagée qu’avec l’arrêt de l’immigration et dans le cadre d’un protectionnisme intelligent. Or la droite libérale est fanatiquement immigrationniste et libre-échangiste ... au même titre que la gauche, et finalement pour les mêmes raisons : en finir avec les identités nationales qui sont autant d’obstacles à la suprématie du marché globalisé.

    Non, pour Hollande, il s’agit simplement de manipuler les chiffres du chômage le temps de la campagne électorale. Or celle-ci a débuté, début décembre, le soir même du second tour des élections régionales, qui ont été mauvaises sans être catastrophiques pour la gauche et décevantes pour la droite, tout en confirmant l’isolement du Front National. Comment manipuler les chiffres ? Grâce notamment à l’annonce, ce 18 janvier, d’un énième plan de formation des chômeurs qui, visant 500 000 demandeurs d’emploi, permettra d’inverser artificiellement, au moins jusqu’en mai 2017, d’autant la courbe du chômage. La ficelle est un peu grosse, mais serions-nous toujours en république si l’électeur ne pratiquait pas le vote de l’autruche et ne se laissait pas duper ? C’est ainsi que 2 milliards d’euros vont être dépensés pour subventionner ...jusqu’à la fin de 2017 !, l’embauche dans les TPE-PME, financer un nouveau plan de formation ou encore créer 1000 postes supplémentaires de formateurs pour développer l’apprentissage.

    À un journaliste de Boulevard Voltaire lui demandant, ce 13 janvier, pourquoi, lui, le maire de Béziers, qui avait déclaré ne vouloir se consacrer qu’à sa ville, appelait à un combat national, Robert Ménard a répondu : « Si la France n’était menacée ni par l’immigration ni par l’islamisation, si des millions de Français ne souffraient pas du chômage et de la pauvreté, si nos enfants allaient dans des écoles où on les instruisait plutôt que les préparer à « s’insérer » dans un marché du travail mondial, etc., alors l’essentiel des problèmes qui se posent à un maire, car ils se posent à ses administrés, disparaîtrait. Il existe un lien constant entre l’échelon local et le niveau national. Il n’y a donc pas de rupture mais, au contraire, prolongement de l’action. » Cette réponse résume à elle seule la situation dans laquelle nous nous trouvons. L’état général du pays est le fait de responsables économiques et politiques, plus généralement d’élites qui n’ont plus aucun souci du Bien commun et vendent la France à l’encan : ce qu’il reste de ses trésors industriels — récemment encore Alstom —, l’unité de son peuple, la richesse de sa civilisation et son pacte social millénaire, tout est délibérément sacrifié à des intérêts étrangers à ceux de la nation.

    En ce 21 janvier 2016, que le souvenir du roi-martyr soit une invitation à redoubler d’efforts et de détermination pour imposer à nos concitoyens la conviction que rien n’est perdu si les patriotes savent, par-delà leurs querelles partisanes et, plus encore, leurs luttes d’ego, créer une dynamique nationale rassemblant, sans exclusive aucune ni arrière-pensée boutiquière, tous ceux qui sont convaincus que le temps de la France n’est pas encore révolu. A l’heure où plusieurs nations européennes se réveillent de l’engourdissement mortel dans lequel les a plongées la ciguë de l’idéologie européenne et confient à des gouvernements patriotes le soin d’administrer à leur pays des antidotes puissants, il appartient aux Français de rejoindre ce grand mouvement de libération des peuples, et, pourquoi pas, d’en prendre la tête. 

    L’Action Française 2000  [Editorial]

  • Où Alain Finkielkraut dénonce « les collabos de la modernité »

     

    Alain Finkielkraut - qui sera reçu jeudi à l'Académie française - répond ici aux questions de Léa Salamé sur France Inter [vidéo du lundi 25 Janvier 2016]. 

    Huit minutes trente de réponses courageuses et dérangeantes. Dérangeantes pour ceux - dont ses interviewers - que Finkielkraut appelle les collabos de la modernité. On aurait tort de ne pas l'écouter ...

     

     8'30"

  • De la double nationalité

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Si l’on en croit Le Monde, les « Français » seraient plus de cinq millions à posséder une autre nationalité. C’est quand même beaucoup quand on mesure tous les conflits d’intérêts que peut générer un jour ou l’autre une telle situation, la France ne reconnaissant pas juridiquement ce qu’elle considère comme un simple état de fait. Cela dit, hormis état de guerre avec un pays dont de nombreux Français seraient aussi les « nationaux », les risques sont forcément limités à des cas individuels et des situations particulières. Cependant, la double nationalité (et parfois la multinationalité) constitue aussi une anomalie, voire une contradiction flagrante, pour une république qui fait de l’égalité la pierre angulaire de sa raison d’être : si certains « Français » ont des comptes en Suisse, d’autres bénéficient d’une immatriculation auprès de consulats étrangers. Cela rend d’ailleurs possible un véritable détournement : ainsi, aujourd’hui, les trois pays du Maghreb francophone constituent souvent, pour des délinquants ou des terroristes, une base de repli commode. 

    Il se trouve que les plus nombreux, et de loin, des binationaux, sont justement originaires du Maghreb (deux tiers de « bi(s) » dans une « communauté » elle-même largement majoritaire dans l’ensemble de la population d’origine immigrée). Si la mesure de déchéance prônée par l’exécutif est d’abord voulue comme un symbole, provoquant des cris d’orfraie dans la quasi totalité de l’intelligentsia de gauche, c’est bien parce qu’en fait elle concernerait justement ce type de « population ». Pour mettre tout le monde d’accord et être efficace, on pourrait tout simplement, au lieu de la déchéance, appliquer les lois de la guerre : tout Français qui prend les armes contre son pays doit être condamné au pire. 

    Reste la question de fond. Pour M. Legrand (France Inter, 5 janvier), la déchéance proposée « [rompt] la tradition républicaine selon laquelle on ne divise pas la citoyenneté ». Il n’a pas tort, dans la mesure où en France nationalité et citoyenneté se confondent. Dans la réalité, de nombreux Français se reconnaissent aussi dans une autre filiation, en fait culturelle : c’est, bien entendu, le cas de beaucoup de « provinciaux », Français issus des provinces de France et qui cultivent légitimement leur double héritage (on peut prendre comme exemple la « nacioun gardiano » des Camarguais). Toutefois, on l’a dit, cela peut poser problème, un jour ou l’autre, à des étrangers devenus Français et conservant, durant une ou plusieurs générations au moins le souvenir d’autre chose où le culturel côtoie le national : dans certains cas, il faut bien choisir. Une sorte de prévalence doit donc exister. « La nationalité française est d'abord une allégeance » affirme avec raison M. Zemmour (RTL, 12 janvier). Or, une double allégeance est inadmissible : en ce sens certaines des conventions bilatérales signées par la France sont inacceptables (par exemple que des « jeunes » prétendument « français » puissent accomplir un service militaire en Algérie ou en Israël).  

    Quand les choses ne sont pas simples, c’est au politique de trancher, et s’il le faut dans le vif. Sinon, ce sont les circonstances qui imposeront leur logique. 

     

  • Religions & Cultures • Adonis apostrophe l'Islam

     

    Par Péroncel-Hugoz

    En lisant l'essai ultra-percutant du plus fameux poète arabophone vivant, paru à Paris fin 2015, Péroncel-Hugoz a hésité entre « coup de dent » et « coup de chapeau » …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgÉtabli en France de longue date, le Syrien Ali-Ahmed Saïd-Esber, alias Adonis, patriarche des lettres arabes (il est né en 1930), observait depuis quelque temps un silence accablé devant les malheurs de son Levant originel, auquel il doit le pseudonyme d'Adonis, symbole de Nature et Beauté dans le monde païen d'avant l'Islam. 

    Or voilà que cette auguste plume arabe vient de publier, en France, en français, un provocant livre de dialogues avec la psychanalyste maghrébine Houria Abdelouahed, maître de conférences à l'Université Paris-Diderot et auteur de « Figures du féminin en Islam » (PUF, Paris, 2012). Et ces entretiens, novateurs mais d'une rare brutalité, et toujours très crus, jettent le lecteur entre admiration pour l'époustouflante énergie du vieux poète et indignation ou stupéfaction devant ce qui, en définitive, est surtout une démolition en règle de l'Islam d'hier et d'aujourd'hui. 

    Certains lecteurs se sont demandés si n'avait pas joué, dans les motivations de l'auteur, son appartenance native au noçaïrisme ou alaouitisme, filière religieuse issue du chiisme, à laquelle appartient également le clan Assad au pouvoir à Damas depuis le putsch de 1970. Cependant, Lalla Houria, qui joue un rôle très actif au fil des 200 pages de ce volume est, elle, née sunnite et a été éduquée au Maroc. 

    Finalement, j'ai opéré un choix, forcément arbitraire, des citations d'Adonis qui m'ont paru les plus significatives de cet ouvrage, laissant le lecteur, surtout s'il est musulman, juger par lui même. 

    *

    ARABES

    - « Il n'y a pas aujourd'hui de culture arabe »

    - « Il n'existe pas de problématiques arabes parce que l'Islam a dominé la vision du monde arabe»

     

    CHIISME

    - « Lorsque j'ai écrit « Le fixe et le mouvant » [en arabe, Beyrouth, 1973], les universitaires m'ont accusé d'être un chiite déformant l'Histoire. Ils se sont attaqués à mon lieu de naissance [Cassabine, près de Lattaquié, en pays chiite-alaouite] (…) Depuis 15 siècles, la guerre arabo-arabe n'a pas cessé »

     

    DAECH

    - « Daech répète seulement le côté obscur de l'Histoire »

    - « Daech ne répète pas Averroés, Ibn-Arabi ni l'audace spéculative des moutazilites [qui disaient que le Coran est créé et non pas incréé] »

    - « Je vois en Daech la fin de l'Islam »

     

    DEMOCRATIE

    - « La démocratie vient de la sphère occidentale. La liberté n'existe pas dans le Texte [coranique], ni dans le contexte islamique »

     

    FEMMES

    - « Les Fémens ? Je ne suis pas contre ! »

    - « Le premier ennemi de la femme ce n'est pas l'homme. C'est la religion. »

    - « Les Algériennes ont été victimes de la mentalité archaïque qui continue à régner »

    - « L’État wahabite a détruit la maison de Fatima, fille de Mahomet, en 2006, à La Mecque, comme vestige de la rébellion féminine »

    - La femme est réduite à un champ de labour pour l'homme »

     

    HOMMES

    - « L'homme de l'Islam est un libertin »

    - « L'Islam a déformé la sexualité »

    - « L'homme tunisien préfère épouser une Algérienne ou une autre Arabe, car la Tunisienne est trop exigeante [suite aux lois féministes de Bourguiba] »

     

    ISLAM

    - « La culture arabe est une décadence si on considère ce qui lui était antérieur »

    - « L'Islam, puisqu'il est né parfait, combat tout ce qui lui était antérieur et tout ce qui est venu après »

    - « L'Islam, dès le début, a adopté les violences des guerres et conquêtes »

    - « L'Islam a tué la poésie »

    - « Les grands poètes comme Abou-Nouwas, El Moutanabi et El Maâri étaient contre la religion officielle »

    - « La mystique a toujours été marginalisée au sein de la culture musulmane »

     

    OCCIDENT

    - « L'Occident a œuvré pour empêcher l'éclosion d'une véritable gauche arabe »

    - « L'Occident politique soutient les fondamentalistes »

    - « L'Occident traite les Arabes comme des poupées ou des marionnettes »

    - « L'Occident ne cherche plus la culture, la lumière, l'avenir, le progrès. Il cherche l'argent »

    - « L'Islam est dans son essence anti-Occident »

     

    PRINTEMPS ARABE de 2011

    - « Ce n'est pas une révolution mais une guerre, devenue elle-même une autre tyrannie. Une guerre confessionnelle, tribale et non civique, musulmane et non arabe »

    - « Le recours à la religion a transformé ce Printemps en enfer. C'est une régression totale » 

     

    EN GUISE DE CONCLUSION…

    La psychanalyste Houria Abdelouahed, partenaire d'Adonis pour construire l'essai « Violence et Islam », cite une réflexion peu connue du penseur français gaulliste André Malraux, qui fut ministre des Affaires culturelles au début de la Ve République : « C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains. Aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l'Islam » (3 juin 1956). 

    Bibliographie

    - Adonis. « Violence et Islam », entretiens avec Houria Abdelouahed, Seuil, Paris, 2015

    - Adonis. « El Kitab », œuvres poétiques en français, Seuil, 3 volumes

    - Haouès Seniguer. « Petit précis d'islamisme : hommes, textes, idées », l'Harmattan, Paris, 2013

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 15.01.2016

  • Saint-Germain l'Auxerrois, le 21 janvier : « Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore »

     

    Homélie du père Jean-François Thomas, lors de la messe du 21 janvier à la mémoire de la famille royale et de toutes les victimes de la Révolution, en l’église saint-Germain l’Auxerrois à Paris.

     

    indexv-1.jpgRegardons un instant le Roi,- trahi depuis des années par certains des siens, de ses proches et de ses conseillers, par la noblesse et par le haut clergé, alors qu’il est escorté, humilié, par les sapeurs, les dragons entourant sa voiture au retour de Varennes. Le peuple de France qui l’aimait unanimement quelque temps auparavant, l’insultait désormais tout au long du chemin qui annonçait le Calvaire. La Reine était pâle, tremblant pour ses enfants qui pleuraient dans le vieux fiacre. Ce jour-là, cet homme qui n’avait jamais été qu’un Roi, franchit le seuil qui le conduisait vers le sacrifice, et il souriait d’une incroyable et surnaturelle joie car désormais, il souffrait de la douleur divine qui ne l’abandonnerait pas jusqu’à l’échafaud.

    De retour aux Tuileries, désormais prisonnier mais encore protégé par le trouble La Fayette, le Roi se mit à lire la vie de Charles Ier d’Angleterre, pressentant ce que serait sa fin. Le Dauphin, dans un cauchemar, se vit entouré de loups, de tigres, de bêtes féroces qui voulaient le dévorer. Le Roi était vaincu et cependant, il n’avait jamais été aussi fort et assuré. Il travaille pour la France car il sait qu’elle lui survivra même si elle est infidèle et devenue folle. Il est Roi de France et non point roi des Français comme le décide alors l’Assemblée. Lorsque les sans-culottes et les femmes vociférantes envahissent le palais, armés de piques et prêts à massacrer la famille royale, Louis XVI, serein, calme, fit reculer cette foule abominable par sa majesté. Le regard du Roi faisait reculer la haine.

    Léon Bloy, dans La Chevalière de la Mort, écrit ces mots de braise : « (…) Quand la parfaite ignominie vient s’ajouter à la suprême douleur ; quand le mépris universel, sous sa forme la plus affreuse, vient déshonorer le supplice ; le sublime humain se transfigure et s’élance dans un empyrée nouveau. La Poésie du sang et des larmes se manifeste alors, sans rhétorique ni voiles, découronnée de son terrible bandeau. C’est la poésie surnaturelle de la Passion du Sauveur. Qu’elle le veuille ou non, la douleur d’un homme doit passer par là pour mériter qu’on l’aperçoive dans l’Océan sans rivages des douleurs souffertes. »

    Il faudrait être Bossuet pour décrire tant de souffrance et la comparution apaisante devant la Justice de Dieu après avoir été écrasé par le tribunal des hommes. Peut-être suffirait-il de sangloter en silence tant le mystère de cette iniquité est sans horizon… Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore. Notre peuple est ingrat, il l’a toujours été depuis la fin de ce Moyen Age qui fut époque de foi, d’outrances surnaturelles, de péchés et de grâces à foison. Notre peuple est violent, sanguinaire. Il l’a prouvé tant de fois depuis 1789. Notre peuple est surtout orphelin et il se cherche désespérément un père de substitution depuis qu’il a tué le sien. Ce ne sont point les simagrées républicaines qui peuvent contenter sa soif et sa faim. Il a voulu tuer Dieu et le Roi. Il n’a réussi qu’en partie et demeure hanté par le souvenir de sa grandeur et la profondeur de son apostasie.

    Pensons simplement à ces liturgies laïques misérabilistes qui couronnent désormais chaque disparition parmi ceux qui sont considérés comme de grands hommes et chaque attentat commis par les infidèles. Notre peuple essaie de se raccrocher à ce qu’il connaît encore, si peu, de ses racines. Il a signé son arrêt de mort en condamnant son Roi. Tandis qu’il violait les tombes royales et princières, qu’il déterrait et démembrait les cadavres, il procédait à son propre ensevelissement. Dies irae… Ensevelissement d’un pays, d’une Tradition, d’un Trône, d’un Autel, d’un Monde. Notre pauvre et douce France n’a cessé depuis d’être déchevelée par les démons. Les appels à la conversion plusieurs fois répétés, notamment à La Salette, n’y font rien. Nous regardons impassibles la Sainte Vierge en pleurs, Elle qui couvre de son manteau de miséricorde notre terre ancestrale. Alors ne nous étonnons pas que des fléaux nous déciment depuis deux siècles : les guerres napoléoniennes laissant la France exsangue après la terreur révolutionnaire, la Commune suivant la défaite de Sedan ; et puis les hécatombes de la Grande Guerre, de la Seconde Guerre mondiale, les massacres de l’épuration, le corps de nos officiers d’élite saigné à blanc en Indochine ; la révolution de 1968 qui bouleversa le peu de mœurs qui subsistaient en cette V° République qui accumule les lois iniques, ne respectant ni les enfants à naître, ni les agonisants, ni le mariage selon la loi naturelle…

    Le 21 janvier 1793, avec la tête de notre souverain, roulèrent à terre toutes les grandeurs de notre royaume sur terre, images, certes imparfaites, mais images tout de même, du Royaume vers lequel nous tendons tous, sinon nous ne serions pas dans cette église aujourd’hui à prier pour le repos de l’âme d’un mort, un simple fils de la terre, couronné, mais paraissant dans la nudité du baptême devant le divin Père, juge et miséricorde.

    Nous ne sommes pas ici pour un hommage. L’Eglise n’a que faire des congratulations mondaines. Dans sa liturgie des défunts, elle dirige tous nos sens vers les fins dernières, nous invitant à contempler notre propre mort et à nous y préparer. Le Roi avait rédigé en décembre 1792 son testament qui n’est que pardon et humilité. Le fils de la terre y est déjà fils du ciel. Il refuse toutes les manœuvres pour le délivrer qui pourraient faire couler le sang d’un seul de ses sujets. Le 19 janvier il relit une nouvelle fois le récit de la mort de Charles I° et rédige un logogriphe laissant apparaître le mot « sacrifice ». Parmi les rares demandes que lui accorda la Convention,- nerveuse et inquiète face au royal prisonnier tout habité de paix intérieure, figure l’autorisation de recevoir l’aide spirituelle de l’abbé Edgeworth.

    Alors qu’il vient de faire ses adieux à sa famille, de rappeler de nouveau au jeune Dauphin ses devoirs religieux et celui de pardonner à ses bourreaux, tandis que la Reine défaillait à son départ, il avoue à l’Abbé : « Ah ! Monsieur, quelle entrevue que celle que je viens d’avoir ! Faut-il que j’aime et que je sois si tendrement aimé ? Mais c’en est fait, oublions tout le reste pour ne penser qu’à l’unique affaire de notre salut ; elle seule doit en ce moment concentrer toutes mes affections et mes pensées. » Il se confessa et grâce à un privilège arraché par l’Abbé aux commissaires qui le surveillaient, il put entendre la messe et communier à six heures de l’aurore du 21 janvier. Cette messe était une messe identique à celle célébrée aujourd’hui, bien qu’elle ne fût pas de requiem.

    Voilà pour nous le moyen béni d’être en union et en communion avec toutes ces générations de fidèles qui nous ont précédés et qui ont prié avec les mêmes formules intangibles. La messe ne s’acheva-t-elle pas, de mystérieuse façon, sur cet échafaud entouré par une foule partagée entre la furie et les pleurs ? Si la mort est la dernière messe de chaque prêtre, elle l’est aussi du souverain qui se sacrifie pour son peuple l’ayant trahi et renié. « Faites ce que vous voulez, je boirai le calice jusqu’à la lie » murmura le Roi aux bourreaux.

    Mes chers frères, les trompettes des épouvantements suprêmes retentissent dans le Ciel à chaque fois qu’un innocent est mis à mort. Le Jugement dernier n’est pas une fable pour enfants. Que la mort de notre Roi, homme imparfait et pécheur comme tout un chacun, mais juste et bon, ne soit pas pour nous un sujet de nostalgie mondaine mais fasse grandir en notre âme le désir de mourir comme lui en fils de l’Eglise. Chaque siècle porte en lui, en son milieu, un ravin creusé par le torrent du sang des innocences égorgées. Destin extraordinaire, honneur insigne que d’être ainsi marqué par Notre Seigneur pour participer au banquet des élus. Notre pays doit se préparer spirituellement à connaître de nouveau une telle hécatombe car le fléau de l’islam déferle sur la Fille aînée de l’Eglise avec la complicité de tous les politiques et la lâcheté des clercs.

    Nous ne pourrons pas échapper à ce terrible témoignage, même si nous bandons nos yeux et refusons de regarder la réalité. La raison moderne a la haine du Surnaturel. Nous aimons contempler les saints et les martyrs sur les fresques des coupoles car alors ils sont très éloignés de nous et ne risquent donc point de nous emporter dans leur envol. Le dix-huitième siècle fut un siècle petit dans tous les sens du terme, et encore plus en sainteté après l’éclat du dix-septième siècle, le Grand Siècle. Notre siècle lui ressemble en bien des points. Il fallut la Révolution pour que surgissent alors des martyrs par myriades, dans la paysannerie, le petit peuple, l’aristocratie, le clergé. Cette purification était nécessaire. L’aplatissement universel et contemporain des âmes ne peut que déboucher sur un épilogue identique. Un épilogue annonciateur d’une renaissance. Alors préparons nos armes spirituelles, comme le Roi à la veille de son exécution. Ne soyons pas surpris sans huile dans nos lampes. Ce monde va avoir besoin de notre lumière.

       Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.  

          P.Jean-François Thomas s.j.

  • Médias • On n’est pas levé

     

    HUMOUR

    par Ph. Delelis

    – Monsieur le Premier ministre, bonjour ! Et merci d’avoir accepté notre invitation dans l’émission On n’est pas levé. Et d’abord une question : puis-je vous appeler par votre prénom, Kevin ?
    – Bien entendu, mon cher Léo.
    – Merci, Kevin ! Mais pas de « mon cher ». Au contraire, la question suivante est : « Puis-je te tutoyer » ? Parce que c’est la règle de l’émission, Kevin.
    – Oui, je le sais et je l’accepte bien volontiers. Au début du XXIème siècle, il y avait encore un peu de formalisme – je crois qu’on appelait ça « politesse » ou « respect » – mais c’est fini, il faut vivre avec son temps.
    – Parfait. Alors, Kevin, je pense qu’on va passer un bon moment ensemble en compagnie de nos internautes. On n’est pas levé est diffusé en prime time à onze heures du matin sur Internet puisque, dans ce pays de cent millions d’habitants, à peine vingt millions ont un job et tous les autres peuvent donc nous regarder en direct.
    – Souvent depuis leur lit…
    – Oui, d’où le titre de l’émission… Ils pourront aussi se coucher tôt parce que de toute façon, ils n’ont pas d’argent à dépenser et la télévision, ancêtre d’Internet, a disparu.
    – Si tu veux me faire dire qu’on n’a pas tout essayé contre le chômage, c’est vrai.
    – Je ne t’ai pas invité pour ça, parce qu’ au fond ça n’intéresse personne, l’histoire nous l’a montré. Non, on va évoquer l’actualité culturelle.
    – Je sens que tu vas me parler de la réédition en package numérique collector du discours de réception de Finkie à la French Academy.
    – Non pas du tout ! Je vais te parler de Dalida. Nous sommes en 2057, c’est le soixante-dixième anniversaire de sa disparition. Un concert de son hologramme sera donné à la Philarmonie la semaine prochaine c’est ça l’actu ! Quelle est ta chanson préférée ?
    Gigi l’Amoroso, incontestablement, surtout dans la version remixée en synthèse vocale et réalité augmentée.
    – Bien sûr, indépassable ! Et dis-moi, quand tu en as fini avec les problèmes du pays, vers 16h ou 16h30, tu te retires dans ton appartement de Matignon Mansion, qu’est-ce que tu écoutes pour te détendre ?
    – Du classique, uniquement.
    – Par exemple ?
    Dialogue de l’Ombre Double de Pierre Boulez
    – Connais pas.
    – Dans une reprise de Patrick Bruel.
    – Ah oui, là je vois ! Bon, puisqu’on est sur du sérieux, que peux-tu nous dire du projet gouvernemental de reconversion du Garnier Palace en temple du hip-hop ?
    – Ça avance. Nous avons choisi l’architecte qui va reconfigurer l’espace. Il a proposé un concept que l’on ne pouvait pas refuser, il l’a appelé : « le vide ».
    – Le vide ?
    – Oui, on garde l’extérieur, qui est d’un kitch incroyable mais plébiscité par les touristes asiatiques, et on fait le vide à l’intérieur.
    – On casse tout, quoi…
    – Oui.
    – Eh bien, Kevin, merci ! Le vide à l’intérieur… tout un programme ! 

  • Paris • Frédéric Rouvillois au Cercle de Flore, ce soir, 22 janvier

     

    A Paris, vendredi 22 janvier 2016 à 20h00, prochain Cercle de Flore.

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    9782204105439-5617d14d3d0a1-c84bc.jpgFrédéric Rouvillois, professeur de droit public et écrivain, viendra présenter son dernier ouvrage « Être (ou ne pas être) républicain »   

    10 rue Croix des Petits Champs 75001 Paris, Escalier A, 2 ème étage

    M° Palais-Royal

    PAF : 3€ , gratuité pour les adhérents. 

    Action Française

  • Réponse de fond du Vice-ministre polonais des Affaires étrangères aux critiques de Bruxelles

     

    Lire ce très intéressant entretien, que vient de publier Valeurs actuelles, avec le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, c'est se persuader qu'il ne sera pas facile pour Bruxelles et les démocraties molles de l'Ouest européen d'imposer aux vingt-huit Etats membres de l'Union le modèle hors sol, hors racines, multi-culturaliste, universaliste et post-national qu'ils ont en tête. La Pologne est un grand pays et elle s'inscrit, comme la France devrait le faire, en opposition très claire à ce modèle déconstructiviste. On ne pourra pas la traiter pour quantité négligeable. Et, dans la voie qu'elle vient de se tracer, il n'est pas exclu qu'elle fasse école. Qu'elle soit précurseur... Il n'y a d'ailleurs pas de raison de ne pas le souhaiter.  Lafautearousseau   

     

    aleksander_stepkowskicdr.jpgCritiqué pour ses réformes de la Justice et des médias, le nouveau gouvernement polonais est sous le feu des attaques de Bruxelles. Afin de s’expliquer, Aleksander Stepkowski, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a accepté d’accorder un entretien exclusif à Valeurs actuelles.

    VA. Quels sont les objectifs de votre gouvernement à long terme ?

    Très brièvement : l’objectif principal est le développement social à travers le renforcement de la famille, en lui assurant une sécurité non seulement économique mais plus générale également. L’aspect le plus important de cette politique est de renforcer l’identité polonaise, notamment le patriotisme et les valeurs culturelles qui ont longtemps été des caractéristiques polonaises mais qui sont devenues synonymes d’agressivité – souvent à torts – cette critique a été soutenue délibérément et institutionnellement par les précédents gouvernements polonais. Nous pensons que la Pologne devrait jouer un rôle actif et important sur la scène politique européenne.

    VA. Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée la société polonaise ?

    La société polonaise est dans une situation délicate. Les familles sont particulièrement fragilisées, alors même que la famille est censée être particulièrement protégée et défendue par l’Etat polonais d’après l’article 18 de notre Constitution. Les familles sont cependant devenues victimes de discriminations dans la plupart des aspects de la vie sociale. Se marier devient même un motif de discrimination. Vivre célibataire est plus facile et moins cher. La Pologne souffre en effet d’une crise démographique importante ainsi que d’une importante crise migratoire économique. Plusieurs millions de polonais parmi les plus dynamiques participent à l’enrichissement d’autres nations parce qu’ils n’ont pas eu suffisamment d’opportunités de développement dans leur pays natal. Le nouveau gouvernement polonais va apporter un changement radical à cet état de choses. Nous voulons établir des conditions favorables afin que les polonais reviennent de l’étranger.

    VA. Pensez-vous que la société polonaise puisse échapper à l’individualisme libéral qui a transformé les sociétés occidentales ces dernières décennies ?

    Tout dépend de la manière dont vous entendez la possibilité d’y échapper. A bien des égards ce n’est pas possible dans la mesure où la société contemporaine est construite sur une anthropologie individualiste. Par ailleurs, nous pouvons résister aux transgressions culturelles contemporaines issues de l’individualisme et chercher à renforcer les communautés existantes. Il faudrait développer un sens de l’interdépendance mutuelle qui soit comprise non pas comme un obstacle à la réalisation individuelle mais un prérequis nécessaire au développement personnel.

    VA. Comment défendre la famille ?

    Tout commence par la conscience que nous avons vraiment de ce que nous sommes et des conditions nécessaires à notre développement. Il faut arrêter d’envisager la société comme un groupe d’individus mais l’appréhender comme un système de communautés interconnectées. Il faut ensuite ajuster la loi à cette perspective sociale. Je dois dire que les solutions françaises concernant la politique familiale sont bien plus favorables à la famille qu’en Pologne, nous devons suivre votre exemple. Par ailleurs une condition nécessaire au développement de la famille est la protection de l’identité naturelle de la personne humaine et de la famille, et dans ce domaine, la Pologne est dans une meilleure position. Nous reconnaissons et protégeons toujours l’identité naturelle du mariage ainsi que l’autonomie familiale. Il y a eu d’importantes menaces qui ont plané sur l’autonomie de la famille ces dernières années en Pologne, mais la société civile a paru absolument déterminée à défendre les valeurs fondamentales de la vie de famille et s’est organisée en ce sens. En France, si la mobilisation autour de La Manif pour Tous a été sans précédent, elle est intervenue dans un contexte tout à fait différent ; c’est l’identité naturelle même des structures fondamentales de la société qui était radicalement reniée par l’initiative législative.

    Nous avons beaucoup à perdre dans ce contexte et il nous faut nous protéger avec prudence et détermination.

    VA. L’Europe fait face à une double crise: démographique et migratoire, ces crises sont d’une magnitude sans précédent. Pensez-vous qu’il y a un risque d’effondrement de la société occidentale Européenne ? Comment faut-il réagir ?

    Le danger est très sérieux. Le problème est que son origine est une sorte d’auto-agression envers notre identité dans ses aspects les plus profonds : notre identité culturelle et notre identité humaine.

    Notre système éducatif ainsi que la culture elle-même présente l’identité comme une menace à la liberté et une source d’agression. C’est pour cette raison que la mutation de notre identité est proposée comme une libération et un moyen de prévenir la violence. Cette auto-agression nous mène finalement à une autodestruction. Il est important d’évoquer que la stratégie finale de l’Union Soviétique communiste élaborée à la fin des années 70 du 20ème siècle pour envahir l’Europe reposait sur une hypothèse : après une agression militaire initiale des forces communistes sur l’Europe de l’ouest, le reste de l’Europe aurait été incapable de se défendre sous l’influence des intellectuels de gauche qui auraient paralysé l’Europe occidentale avec des slogans pacifiques. La capitulation intellectuelle était un prérequis nécessaire au succès de la révolution communiste. Nous expérimentons une situation similaire aujourd’hui, mais l’invasion devient possible non pas à cause du pacifisme mais à cause de slogans humanitaires appelant à la solidarité et à la tolérance. 

    VA. L’Europe occidentale est également confrontée à une crise culturelle, marquée par l’échec de transmission de sa culture et de sa religion aux nouvelles générations. La situation est-elle différente en Pologne ?

    Oui. La transmission que vous évoquez n’est possible qu’à travers une transmission de l’identité, identité religieuse et culturelle. Si l’Européen contemporain n’est pas capable de dire qui il est, non seulement dans une dimension religieuse mais également sexuelle, comment peut-il en parler à ses enfants ? Nous ne pouvons transmettre aux générations suivantes que ce que nous comprenons de nous-mêmes, ce à quoi nous sommes fidèles dans nos vies.

    En Pologne nous sommes confrontés aux mêmes défis culturels que l’Europe de l’ouest, même si nos problèmes ne sont pas aussi avancés. Néanmoins, les jeunes témoignent très souvent de leur foi - et de manière très courageuse. La question est de savoir s’ils demeureront fidèles face aux défis existentiels et aux tentations.

    J’ai personnellement tendance à être assez pessimiste, mais je dois reconnaître que je vois souvent des jeunes dont la conduite personnelle me remplit d’espoir.

    Ils ont cependant besoin d’avoir des chefs (spirituels et temporels) responsables et expérimentés qui ne leur fassent pas faux bond.

    VA. Qu’est-ce que l’Europe pour vous ?

    L’Europe est pour moi une entité culturelle dont les origines spécifiques déterminent l’identité. Voilà « mon » Europe, celle à laquelle je m’identifie. Malheureusement, les sociétés européennes contemporaines perdent souvent leur identité telle que je la comprends. Certains phénomènes sociaux sont réputés représenter des valeurs européennes, bien que pour ma part ils n’aient rien d’européen. Si je vois une cathédrale gothique, je n’ai pas de doutes, je vois quelque chose de très européen, même si elle a été construite en Amérique et pas pendant le Moyen-Âge comme la cathédrale St Patrick à New York par exemple. En revanche lorsque j’emmène ma voiture en réparation dans un atelier installé dans une ancienne église gothique, il me semble évident que ce continent qui porte toujours le nom d’Europe perd dramatiquement son identité.

    VA. L’une des premières mesures de votre gouvernement a visé l’audiovisuel public, on a accusé votre gouvernement de porter atteinte à la liberté de la presse…

    Le principal objectif du gouvernement est la réintroduction du pluralisme dans les institutions polonaises. Cela concerne également les médias publics. La position des médias publics sur le marché polonais des médias a été affaiblie par l'ancien gouvernement. Le nouveau gouvernement veut rendre une base financière stable aux médias publics qui a été presque détruite par l'ancien gouvernement. Cette réforme se compose de deux parties. La première vise à assurer une meilleure gestion et à mettre en œuvre des normes requises par le Conseil de l'Europe en 2010 à l’égard de la Hongrie. Dans l'opinion officielle du Conseil de l'Europe, il est clairement indiqué que le régulateur des médias sur le marché ne devrait pas avoir le pouvoir d'influencer la composition des conseils de gestion et de contrôle des médias publics. C’est exactement ce qui a été fait en Pologne : le Conseil national de la radiodiffusion a perdu son pouvoir de nommer les membres de la direction des médias publics, pouvoir qu’il  a longtemps exercé. Nous avons donc commencé à mettre en œuvre des normes européennes organisant les relations entre l’Etat et les médias publics, dont il est propriétaire

    VA. Qu’en est-il de la réforme de la Cour constitutionnelle : on reproche à votre gouvernement d’avoir nommé, à peine arrivés aux affaires, des nouveaux juges…

    Ici encore, l’unique objectif des changements rapides opérés quant à la désignation des juges constitutionnels vise à introduire du pluralisme au sein du Tribunal Constitutionnel. La précédente majorité avait entrepris de nommer cinq nouveaux juges alors qu’ils en avaient déjà nommés neuf sur un total de quinze. Ils voulaient nommer 15 sur les 15 juges du Tribunal Constitutionnel. Pour cela, ils ont désigné des juges pour des postes qui ne deviendraient vacants qu’après les élections ; élections où ils ont perdu le soutien de la population. Pour cette raison, afin de défendre le pluralisme au sein du Tribunal, une action rapide était nécessaire. Je dois reconnaître qu’après notre action, il reste toujours les deux tiers des juges qui ont été désignés par l’ancienne majorité.

    Notre seul objectif est de restaurer le pluralisme au sein du Tribunal Constitutionnel, pluralisme qui était mis en cause par le précédent gouvernement à la toute fin de son mandat. 

    Valeurs actuelles

     

  • Remaniement : au pays de l’absurde, tout est possible

     

    Nous publions ces lignes de Dominique Jamet en tête de nos parutions de ce jour, non pas parce qu'elles sont écrites avec style et esprit - c'est pourtant le cas - mais parce qu'elles dépeignent avec toutes les fortes apparences de la vraisemblance, ce royaume d'Absurdie qu'est notre République. Il le fait à propos des rumeurs insistantes d'un tout prochain remaniement, risque des pronostics, s'amuse de leur absurdité, dussent-ils se réaliser...  On en rirait si ce n'était pas la France qui se trouve au centre de ces jeux misérables et, encore une fois, absurdes. Une France en guerre, une France affaiblie, une France envahie, à l'identité menacée, une France dont la société se décompose et la souveraineté se trouve largement confisquée. Par Bruxelles, par Berlin, par Frankfort ou par Washington. En vérité, par l'ensemble de ces capitales et des puissances dont elles sont le centre. C'est un socialiste pacifiste, Marcel Sembat, député et ministre, qui, face à la menace de guerre franco-allemande qui montait, rejoignant les analyses de Maurras et de l'Action française, avait publié en 1911, il y a un peu plus d'un siècle, un petit livre resté célèbre : « Faites un roi, sinon faites la paix ». Il ne voulait pas d'un roi dont il savait qu'il nous eût permis d'être à jeu égal avec l'Allemagne - et peut-être ainsi d'éviter l'horrible guerre. Ce qu'il voulait c'était que la République fît la paix avec l'Allemagne. En réalité qu'elle s'y soumît. C'était toute l'illusion du pacifisme. Nous ne sommes pas loin d'une telle situation. Peut-être en pire.  Le dilemme est le même : « Sortir de ce Système, ou être contraints à la soumission. » Celle que Houellebecq a décrite, qui est soumission à l'Islam. Et celles - autres - que nous avons dites plus haut et consistent toutes à dépendre de l'étranger. A l'inverse de Marcel Sembat qui préférait se soumettre à l'Allemagne que de faire un roi, la solution que nous appelons de nos vœux ici est une sortie de ce régime d'absurdité que Dominique Jamet décrit fort bien ici. D'ailleurs, y a-t-il vraiment une autre solution ? Nous ne le croyons pas.  Lafautearousseau  • 

     

    3312863504.jpgIl aurait été assez compréhensible et d’ailleurs conforme à la plus vieille et à la meilleure tradition républicaine qu’un remaniement ministériel, annonciateur d’une inflexion politique, intervînt au lendemain des élections régionales de décembre qui n’étaient guère que la quatrième défaite consécutive de la majorité en place. Il n’y a donc pas eu de remaniement et le sujet, officiellement, n’est pas d’actualité, ce qui donne à penser aux experts en hollandologique qu’un remaniement est imminent, et certaines informations, données pour sûres, circulent déjà dans les milieux intéressés. Osons donc le petit jeu des pronostics, avec tous les risques d’erreur que celui-ci comporte.

    À tout seigneur tout honneur. Le Premier ministre a clairement décidé de passer son tour en 2017, de coller d’ici là aux décisions, aux orientations et, selon toute probabilité, aux fautes, aux erreurs et aux échecs du président de la République, et d’être confondu dans l’impopularité de son supérieur hiérarchique. M. Manuel Valls est donc assuré de rester à Matignon jusqu’au bout de la nuit du quinquennat.

    Lointain successeur de Talleyrand, M. Laurent Fabius a été un ministre des Affaires étrangères tout simplement désastreux. Persévérant dans l’erreur avec une obstination diabolique, le locataire du Quai d’Orsay a fait de son mieux pour nous brouiller avec la Russie, s’est opposé de toutes ses forces à la réintégration de l’Iran dans le concert des nations et a choisi son camp dans le conflit syrien, où la France a pesé de tout son poids, en l’occurrence heureusement réduit, pour favoriser le Front Al-Nosra, succursale locale d’Al-Qaïda, rebaptisé par nos soins « opposition syrienne modérée ». Il peut donc se maintenir jusqu’en 2017 derrière le bureau de Vergennes ou chausser les prestigieuses pantoufles de président du Conseil constitutionnel.

    Mme Ségolène Royal a étendu au-delà des limites du raisonnable les attributions et les prérogatives de son ministère de l’Écologie sans que sa soif de pouvoir en soit étanchée. On a pu le vérifier lors de la phase de préparation de l’historique COP21. Si M. Fabius quitte le gouvernement, elle se verrait bien dans le poste qu’il occupait. Elle en a même tellement envie qu’elle ne voit pas pourquoi on ne lui ferait pas ce plaisir. Impulsive, indisciplinée, désordonnée, et ignorant tout de la complexité des relations internationales, elle a donc les plus fortes chances de coiffer au poteau Hubert Védrine ou Élisabeth Guigou, qui n’ont d’autre légitimité que leur connaissance des dossiers et des problèmes en jeu.

    Mme Christiane Taubira a réussi la prouesse de faire contre elle la quasi-unanimité des professionnels de la justice, ses administrés, magistrats, avocats ou gardiens de prison. Elle n’a rien à faire Place Vendôme, ni d’une manière générale dans un gouvernement. Mais elle détient l’arme absolue : une candidature éventuelle en 2017, à la gauche de la gauche. Quand on a fait échouer Lionel Jospin, pourquoi se priver du plaisir de faire capoter François Hollande ? Elle fait donc figure de favorite pour le ministère de la Culture sur la base d’un argument fort : si elle n’est pas plus qualifiée pour ce portefeuille que Mme Fleur Pellerin, elle ne peut pas l’être moins.

    Mme Najat Vallaud-Belkacem devrait conserver le portefeuille capital de l’Éducation nationale où elle a, certes, fait la preuve d’une incompétence et d’une capacité de nuisance exceptionnelles, mais elle ne laisserait ignorer à personne, au cas où on tenterait de la mettre hors d’état de nuire, qu’on la met à l’écart parce que femme, parce que jeune et parce que d’origine et de nationalité marocaines. Elle restera donc rue de Grenelle.

    Le cas de M. Emmanuel Macron est bien différent : nommé à la surprise générale ministre de l’Économie, le jeune ministre est devenu en quelques mois la vedette du gouvernement auquel il appartient, au point de susciter la jalousie secrète de ceux-là mêmes qui l’avaient nommé et la jalousie active des collègues qui l’ont vu débarquer parmi eux. Ce n’est pas un hasard s’il a été dépossédé de la suite de son projet de réforme du travail, finalement confié à Mme Myriam El Khomri, ni si les derniers arbitrages rendus en matière de lutte contre le chômage l’ont été contre lui. M. Macron cumule les défauts : il est jeune, il est audacieux, il est compétent et il est populaire. S’il décide de prendre la porte, comme on lui en prête l’intention, on ne le retiendra donc pas.

    Tout cela est absurde, direz-vous. C’est bien pourquoi il y a des chances que cela se produise.  

     
    Journaliste et écrivain - Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • Religions & Cultures • Escalade dans l’absurde : le suicide de l’islam ?

     

    par Pierre de La Coste 

     

    3328214605.jpgDepuis un an, les « amalgames » et les « clichés » sur l’islam ont tendance à s’accumuler dans les journaux et sur nos écrans. Les faits sont si nombreux qu’ils déchirent le voile de complaisance que nos médias dressent devant la réalité. Mais est-il possible de trouver un sens, une logique, dans ce chaos ? Est-ce autre chose qu’une réalité qui se rebelle et revient frapper l’Occident au visage ? Oui, il y a bien un sens sous les événements : c’est celui d’un islam qui cherche à nous entraîner dans son long suicide.

    Il y a un an, l’attentat contre Charlie Hebdo obéissait encore à une certaine logique criminelle : vous blasphémez contre le Prophète, je vous tue. Sous-entendu : si vous cessez de blasphémer, je cesse de vous tuer. Dans l’odieuse tuerie de l’Hyper Cacher, c’est plutôt : vous êtes juifs, donc je vous tue. C’est sans aucune échappatoire. Dans les deux cas, le suicide programmé des auteurs des crimes est censé appuyer la démonstration : je suis capable de mourir pour vous tuer.

    En novembre, on a franchi un pas avec les attentats du Bataclan. Il s’agit de tuer toute personne, au hasard, qui assiste à un concert ou qui boit un verre à la terrasse d’un café. Nulle repentance n’est accordée aux mécréants. Sauf hypothèse, assez peu probable, que la France entière se soumette formellement à l’islam et cesse d’aller au café, tout le monde (même les musulmans) peut y passer : tu es Français, donc je te tue, et je me suicide pour mieux te tuer. En marge de ce premier massacre, un fait que l’on explique mal : faute de pouvoir exploser au milieu du Stade de France, des terroristes se suicident seuls, en ne faisant presque aucune victime.

    Un dernier événement (pour l’instant) apporte peut-être le sens de cette escalade dans l’absurde. À la Goutte-d’Or, un immigré en situation irrégulière vient se suicider devant un commissariat. Il n’avait qu’une chance infime de tuer un policier, et aucune de faire un massacre de masse. Le geste est singulier. Pour « mimer » un attentat-suicide, et en fait pour être certain de mourir, il a fabriqué un faux dispositif. Stupidité ? Coup de folie ? Mais alors, comment expliquer que ce vrai-faux attentat soit si minutieusement préparé ? Le message change encore : je me tue, je veux que tu le saches et je fais semblant de vouloir te tuer, mais cela n’a pas d’importance…

    Évidemment, les trois types d’attentat – Charlie, Bataclan et Goutte-d’Or – peuvent se produire à nouveau, successivement ou simultanément. Mais le dernier représente, selon nous, la situation psychologique dans laquelle se trouve, ou se trouvera demain, l’islam lui-même : je te hais, Occident maudit, mais je me déteste encore plus moi-même. Ce qui est important, c’est de mourir.

    Pour clore cette année maudite, lors de la Saint-Sylvestre, à Cologne et ailleurs, c’est un autre « cliché » sur l’islam qui se réalise sous les yeux de l’opinion publique. Depuis treize siècles, l’islam organise la frustration sexuelle des jeunes hommes pour les lancer à l’assaut des troupes ennemies. Si un homme riche a droit à quatre épouses, trois hommes pauvres n’en ont aucune. Ils n’ont droit qu’aux « captives de guerre » prises à l’ennemi, et mieux encore s’ils meurent au combat : les trop fameuses « houris », « vierges aux grands yeux » du paradis, véritables poupées gonflables pour adolescents attardés.

    C’est ainsi que les califes barbus ont bâti leurs immenses empires et accumulé leurs richesses. Les dames de Cologne en savent quelque chose. Elles ont rencontré la pitoyable misère sexuelle des musulmans privés d’épouses soumises et d’esclaves sexuelles. En attente du djihad qui leur procurera les houris. Mais l’homme de la Goutte-d’Or aura-t-il droit à ses 72 vierges comme ceux de Charlie et du Bataclan ? Les savants de l’islam s’interrogent. Il ne faut pas que le suicide soit trop voyant. 

     

    [Boulevard Voltaire]

  • Médias • Manuel Valls à On n'est pas couché ou le Premier ministre dans la bande à Ruquier

     

    HUMEUR - Hier soir, samedi, a été diffusée l'interview de Manuel Valls à l'émission On n'est pas couché. Par anticipation, Théophane Le Méné y a vu - pour le Figaro - la compensation médiatique d'une impuissance politique. Cette note d'humeur a été rédigée avant l'émission. Il n'y avait aucune chance que cette dernière la démente ...

     

    Mené.pngIl y aura à coup sûr les gloussements de Laurent Ruquier, les dissertations de Yann Moix, les certitudes de Léa Salamé, les interventions enflammées d'un quadrille d'invités soucieux de plaire et de se complaire. Sûrement quelques échanges vifs comme pour convoquer le panache de l'antique débat français ; et entre cela, de franches parties de rigolade où l'on ricanera de la roture et de tout ce qui y ressemble. Banalité du samedi soir français qui, loin des intrépides émissions politiques de la grande époque, se satisfait désormais d'une grand-messe à mi-chemin entre l'information et le divertissement dans un théâtralisme triomphant avec la séquence cathodique d' « On n'est pas couché ».

    Faut-il s'en étonner, pour la première fois dans l'histoire de cette émission devenue un emblème et par là-même un passage obligé, c'est à Manuel Valls qu'il reviendra cette semaine d'endosser le maillot de l'invité politique. Pour ceux qui croyaient encore à la force de l'Etat théologique et politique dans une acception qui en faisait une chose sérieuse, virile et sacrificielle en seront pour leur frais. Car ils ne verront pas un chef de gouvernement tancer ses contradicteurs en leur rappelant qu'ils s'adressent au Premier ministre de la France. Car ils ne goûteront pas aux grandes apostrophes empreintes de cette culture qui forgeaient nos dirigeants d'antan. Car ils ne s'esclafferont de ces saillies qui jalonnent l'histoire littéraire et politique de l'antiquité à nos jours et qui nous rappellent combien la politique ne peut être autre chose qu'une forme raisonnable de violence légitime. Car enfin, ils n'apprendront rien de ce qu'ils savent déjà et de ce qui participe à leur affliction au jour le jour.

    Tristan Bernard disait d'une actrice en vogue: « Pour se faire un nom, elle a souvent dû dire oui ». On oserait presque l'analogie avec Manuel Valls. Impuissant face aux crises qui s'accumulent, sommé tous les jours par Bruxelles et Berlin non pas de décider mais d'exécuter, bridé par les sondages d'opinion et les prochaines échéances électorales, que peut-il, sinon accepter de se rendre à Canossa et recevoir l'adoubement d'une caste qui n'a de cesse d'affirmer la consommation comme solution de remplacement à la désolation spirituelle du monde moderne, à la protestation et à la rébellion ? Car c'est bien ce dont il s'agit. Ce que nos anciens appelaient la politique, nos contemporains l'ont transformé en société coopérative de consommation et de production où le divertissement œuvre avec subtilité pour esquiver toutes les réalités et par la même toutes les responsabilités qui incombent aux hommes politiques. Dès lors, il ne faut s'attendre à rien, sinon à observer un Premier ministre que Leo Strauss aurait décrit comme un visage « libéral qui tolère et respecte toutes les convictions « honnêtes » à condition que l'ordre légal et la paix soient pour elles sacro-saints ». Et en fait de convictions, rien ne sera politique ; tout sera tactique et communication - avec rire et distraction pour assaisonnement. 

    Théophane Le Méné