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Actualité France - Page 398

  • Paris : un homme abattu devant un commissariat du 18e ? Chronique du terrorisme ordinaire ...

    Le quartier où l'attaque s'est produite a été bouclé de longues heures par les forces de l'ordre - Crédit Reuters
     
    On connaît les circonstances. Un homme a été abattu hier jeudi devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris. L'individu abattu aurait crié « Allah Akbar » en tentant d'agresser un policier à l'accueil. Il avait un gilet d'explosif factice. Une image d'un drapeau de l'Etat islamique a été retrouvé sur lui. Selon le parquet, l'agresseur présumé était « porteur d'une arme blanche de type feuille de boucher et d'un dispositif explosif fictif ». Le papier retrouvé sur l'assaillant évoque « des actes pour venger les morts en Syrie ». Un téléphone a été retrouvé près du corps de l'assaillant. Il contenait des messages en allemand et en arabe.

    C'est dans ce dernier détail que réside peut-être une explication à la réaction singulière de Donald Trump, mettant l'Allemagne en cause.  « Un homme abattu dans un commissariat parisien. J'avais annoncé que la menace terroriste était à son niveau le plus élevé. L'Allemagne est un bordel criminogène » a affirmé sur Twitter le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis ...

    L'Allemagne est-elle la seule dans ce cas ? On peut en douter. Et la question est de savoir si les systèmes politiques et sociétaux dont se sont dotés les pays dits occidentaux tiendront longtemps le choc face à une longue période de guerre intérieure et extérieure de plus en plus intenses. L'on peut aussi en douter. Et comme nécessité fait loi, comme l'urgence appelle des solutions et des moyens adaptés à l'extension du domaine de la lutte, à la montée de sa radicalité, de sa violence, il n'est pas impossible que le système politico-médiatique actuel ne dispose plus que d'une espérance de vie limitée. S'il devait être balayé, il ne devrait guère y avoir que le monde clos de ceux qui en vivent pour le pleurer.  Lafautearousseau  

     

  • Lueur à l’horizon

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLes dernières élections ont révélé un mécontentement profond dans le peuple français. Il devrait s’ensuivre des réactions en chaîne . Quant au système, il se défend. Comme toujours !

    Ce fut comme une répétition générale, vécue comme telle par tous les acteurs. Les dernières élections n’avaient plus de régionales que le nom. Il n’était question que de 2017 dans toutes les arrière-pensées politiciennes. Avec le schéma le plus simple qui soit : l’unique but, élevé au rang d’unique stratégie et donc d’unique programme – du moins sur le territoire métropolitain –, se réduisait à battre le Front national. Hystérie et absurdité ! Comme déjà en 2002, mais en pire, dans la mesure où les répercussions des violences idéologiques ébranlaient la France profonde : chaque village, chaque électeur était sommé de choisir. La grosse presse, l’ensemble des médias qui relèvent de l’État ou des financiers mondialistes et gauchards, donnèrent leur lourde artillerie sans aucun scrupule. Les seuls espaces où il était possible de respirer et de s’entendre demeuraient limités à notre presse libre, à Radio Courtoisie, à TV Libertés, qui sont, en France, les derniers lieux sauvegardés de la liberté de pensée et d’expression.

    Le régime récupère

    Après l’enfer des attentats, l’enfer des manœuvres électoralistes où le système en place tentait de tirer profit, pour imposer sa loi diabolique, des peurs, des misères, des malaises, des deuils, dans une atmosphère étouffante de guerre civile, d’ébranlement social, de désordre généralisé que lui-même avait créés, suscités, exaspérés, au point qu’il devient légitime de se demander si, pour partie, il ne les a pas voulus. Qui ne l’a senti, vu, compris au cours de ces derniers jours ? Une sorte de retour aux sources : comme dans les années 1792-1793. L’action politique consistait à « colèrer le peuple », comme on disait à l’époque, et dans un seul but : le pouvoir, le pouvoir , le pouvoir ! Unique obsession et peu importe les morts, les carnages, la dislocation de la société, l’effondrement du pays.

    Nos institutions qui n’en sont plus, ne fonctionnent que par et pour l’esprit de parti au service d’ambitions personnelles démesurées, prêtes à tout pour s’assouvir. Un petit pour cent de la population qui vit des prébendes de la République et en fait vivre sa clientèle, attise les haines les plus inexpiables pour s’assurer les places, les carrières, les bénéfices. Qu’ont donc fait ces gens pour la France ? Ont-ils jamais vraiment travaillé ? Leur vie se résume à des discours : words, words, words, des mots avec quoi ils pensent gouverner, c’est-à-dire rien, rien, rien !
    Régime absurde, régime fatal qui s’achève toujours chez nous en catastrophes : des désastres dans des flots de discours, tel est l’aboutissement de ce système institutionnel dont les Français sont devenus les esclaves. La force du régime, de ses clans, de ses sbires, en mettant la main sur toutes les activités nationales, a été de faire croire à tous les petits Français dès leur plus jeune âge que leur système gouvernemental était garant de leur liberté et un modèle pour le monde entier. D’où le raisonnement simple : tout ce qui risque de remettre en cause le système est ennemi de la liberté. Et selon l’adage célèbre, fondamentalement républicain : pas de liberté pour les ennemis de la liberté !

    La France en est là ; l’envie vient de dire : toujours là. Et le plus curieux, c’est que la plupart des Français en sont conscients. Le vote Front national s’explique d’abord par un rejet profond d’un tel régime. C’est, d’ailleurs, ce qui fait peur aux tenants du système.

    Le Premier ministre qui devrait être préoccupé de la situation de la France et de la sécurité des Français, ne pense plus qu’à faire la guerre au Front national, allant jusqu’à assimiler les menaces terroristes aux risques que représenterait ce qu’il appelle l’extrême droite. Marine Le Pen a eu raison de protester contre pareille ignominie qui, maintenant, a cours dans les médias. Mais Valls ne change pas sa ligne, car il n’a en vue que son avenir. Il ne cherche plus qu’à être le grand opposant au Front national, le défenseur attitré de la République, le maître-d’œuvre d’une recomposition politique dans la grande tradition radicale et opportuniste, genre années 1900, avec pour prétendu modèle Clemenceau. Question de posture qui lui permettra, pense-t-il, d’accéder au sommet au moment opportun si jamais l’occasion s’en présente.

    Ambitions et manœuvres

    François Hollande, lui, se voit déjà réélu en 2017. Selon les explications de ses conseillers au style aussi cynique que grotesque, il a fort bien « géré sa séquence attentats et post-attentats ». Merci pour les victimes ! Il s’instaure père de la patrie, chef de guerre, maître de la République, gardien des institutions, lui qui n’a jamais su de sa vie que ricaner. Et de proposer pacte sur pacte. Après le pacte de stabilité, le pacte de responsabilité, puis le pacte de sécurité, enfin, pour demain, le pacte contre le chômage pour mieux lutter contre le FN ! Words, words, words… Il a toujours pensé, comme son maître Mitterrand, que les mots suffisaient à duper le monde. Stratégie simple : éliminer sur sa gauche toute candidature concurrente sérieuse, pulvériser la droite et le centre en détachant ce qu’il faut de républicains à son image autour de la prétendue défense républicaine, se présenter enfin comme le candidat, le seul possible, face à Marine Le Pen. Telle est la primordiale pensée, impossible à dissimuler, du chef de l’État, et qui proclame en même temps que la France est en guerre !

    La droite dite républicaine, en effet, se disloque. Sarkozy est pris dans son propre piège. Sa stratégie, comme celle de ses concurrents, tout comme celle de ses adversaires, se ramène, elle aussi, à la prétention d’être le seul candidat républicain face à Marine : tel est l’unique objet de leur désir à tous ! Mais comment faire ? Faut-il être de droite, donc un peu complice ? De gauche, donc traître à son camp ? Du centre, donc d’extrême centre, – car comment le définir ? –, ce lieu idéalement virtuel où chantent toutes les sirènes embusquées de la grandiloquence politicienne et où s’échouent régulièrement tous les radeaux de la République. Estrosi et Bertrand, eux, ont choisi. De prétendue droite, ils gouverneront leur région à gauche ; ils ont vendu leur âme pour ce plat de lentilles. Ah, le pouvoir ! Ils iront jusqu’à constituer des sortes d’assemblées territoriales parallèles pour justifier leur trahison, ce qui est évidemment anti-constitutionnel.

    Jusqu’où ne va pas l’esprit républicain ? Comme disait justement la jeune et courageuse Marion Maréchal Le Pen : « Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs ! » Comment gouverner avec de pareilles institutions et de pareilles gens ? Et si l’état des choses empirait ? Immigration, attentats, déficits publics, chômage….
    Le réveil sera brutal. L’échec du régime est là, patent, en tout domaine. La réussite d’une stratégie électorale ne saurait plus contenter un peuple justement inquiet. Voilà au moins un point qui semble acquis. 

  • Remplacer le président de la République...

     

    par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgAinsi, selon un sondage de ce début d’année, 74 % des Français ne veulent ni de M. Sarkozy ni de l’actuel président M. Hollande : pourtant, il y a quelques (mal)chances que l’un des deux soit élu ou réélu en 2017… Bienvenue en république d’Absurdie ! Le pays légal a tendance à se reproduire sans discontinuer, dans une tendance (presque) dynastique qui rappelle néanmoins plus l’empire romain que la monarchie capétienne : peut-on s’en satisfaire ? 

    Ma réponse est non, évidemment non ! Certes, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un échec politique doit forcément entraîner une mise à la retraite d’office comme je ne suis pas partisan d’une sorte de jeunisme qui voudrait que tous ceux qui ont dépassé la soixantaine devraient se taire définitivement et laisser la place à de jeunes loups aux dents encore plus longues que leurs prédécesseurs. Mais il me semble que les hommes politiques qui aspirent à exercer la magistrature suprême de l’Etat doivent entendre les doléances des citoyens et savoir, au moins pour un temps, s’extraire de leur bulle médiatique pour revenir aux réalités du moment sans négliger les perspectives de l’avenir. 

    Bien sûr, MM. Sarkozy et Hollande n’écouteront qu’eux-mêmes, persuadés de leur irremplaçable particularité, et, peut-être sinon sans doute, l’un des deux se trouvera confirmé dans cette impression par le verdict du second tour de l’élection présidentielle. Cela changera-t-il pour autant ce désagréable sentiment populaire que le vainqueur n’est là que par défaut, que par le « chantage au pire », comme on a pu le voir, dès 2002 à cette même élection, ou ces semaines dernières lors des élections régionales où les électeurs socialistes se trouvèrent acculés à mener campagne pour des listes de droite qu’ils n’aimaient pas vraiment ? 

    Les Français sont attachés à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, c’est indéniable, mais ils en constatent pourtant de plus en plus les effets pervers sans pouvoir, pour l’heure, imaginer autre chose que cette magistrature suprême élective. Le royaliste que je suis le constate et le regrette, mais ne se contente pas de cette constatation et de ce regret : la proposition monarchique me semble le meilleur moyen de neutraliser les petits jeux de clientèles et de féodalités partisanes en arrachant la magistrature suprême à l’élection, fût-elle populaire chez nos concitoyens. Certains y verront un sacrifice de leur possibilité de choix qui, pourtant, est de moins en moins une liberté et un choix réel, si ce n’est entre deux « moins pires » (sic !), et qui ouvre plus à la frustration et à désillusion qu’à la joie et l’espérance… 

    D’autre part, laisser au hasard et à l’hérédité non choisie le soin de désigner le Chef de l’Etat permet l’indépendance de celui-ci et cette possibilité d’arbitrage au-dessus des partis et au-delà des différences et des diversités politiques sans pour autant les nier ou les écraser. Une possibilité d’arbitrage mais aussi de décentralisation (voire de fédéralisation) sans mettre en danger, pour la France, l’unité entre ses multiples parties historiques (et je ne parle pas de la caricature de régions créée par la récente réforme territoriale), le monarque incarnant cette unité à la fois historique et contemporaine, et « centrant » l’Etat sans pour autant centraliser tous les pouvoirs politiques dans le sein parisien. 

    Et les électeurs là-dedans ? Dans une Monarchie active et arbitrale telle que je la souhaite, il n’est pas impossible de leur donner le pouvoir concret, par le suffrage universel direct, de désigner, au-delà des députés et des élus régionaux, les présidents d’assemblée et, pourquoi pas, le premier ministre lui-même sur un programme gouvernemental qu’il lui appartiendra de mettre en œuvre ou, plutôt, sur une ligne d’objectifs qu’il lui reviendra de suivre ou de faire valider par le recours (alors plus fréquent) au référendum. Le roi, quant à lui Chef de l’Etat, fixerait le cap politique à long terme (en particulier dans les domaines sociaux et environnementaux) et aurait charge de représenter l’Etat à l’intérieur comme à l’extérieur, de mener la diplomatie française dans le monde et de négocier (et garantir) la parole de la France au sein des institutions internationales : en somme, à lui l’autorité et l’arbitrage ; aux ministres, députés et élus locaux, la gestion des affaires économiques dans leur cadre d’exercice et de pouvoir ; aux citoyens, les libertés d’expression et de désignation de leurs pouvoirs politiques de proximité et centraux, ainsi que la « démocratie directe » au sein de leurs cadres politiques et sociaux locaux et nationaux, voire européens… C’était, à peu de choses près, l’esprit du programme monarchique du marquis de La Tour du Pin, dès la fin du XIXème siècle : « l’autorité au sommet, les libertés à la base », pourrait-on dire. Un programme toujours d’actualité et de nécessité, ne serait-ce que pour rendre à nos concitoyens le goût de la politique et de l’action, contre le fatalisme et l’indifférence… 

    Blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Charlie Hebdo : la Une de la honte

     
     
    Une tribune intéressante et non-conformiste de Benoît Rayski sur Atlantico. Faut-il le redire ? Nous ne sommes pas Charlie !
     
    La rédaction de l’hebdomadaire a identifié l’assassin de janvier. Son portrait-robot est passionnant.
     
    picture-67_0.jpgC’est un « wanted » tiré à un million d’exemplaires. Le montant de la prime – « mort ou vif » – n’est pas précisé, ce qui est dommage. L’assassin, donc, court toujours. Mais les journalistes de Charlie Hebdo savent sur lui des choses que nous ignorons. Il a plutôt une bonne tête. Une sorte de pâtre grec sur le retour. Une barbe fleurie, plus jupitérienne que mahométane.

    D’ailleurs, détail vestimentaire de première importance, il porte des sandales, pas des babouches. En outre, pour ajouter à la complexité du personnage, au-dessus de sa tête, il y a quelque chose qui fait penser à un triangle maçonnique. 

    C’est intéressant. C’est riche. Et ça ouvre de nouveaux horizons à une pensée dont les rédacteurs de Charlie Hebdo ne veulent pas qu’elle se résume à montrer du doigt les djihadistes.

    Car ça, c’est d’un commun. C’est convenu, banal. Et un journal se doit de surprendre. La une de Charlie Hebdo est à cet égard d’une réussite exemplaire. Vous auriez dépensé 3 euros, vous, pour voir la tête des frères Kouachi ? Vous auriez mis la main à la poche pour regarder une caricature de djihadiste alors qu’on nous en abreuve tous les jours ? Bien sûr que non. Tandis que là, vous en avez pour votre argent. 

    Un Dieu gréco-judéo-chrétien : c’est lui l’assassin de janvier ! Si vous voyez quelqu’un qui lui ressemble, signalez-le à Cazeneuve, à Hollande, à Valls, au premier flic venu. Et arrêtez immédiatement de vous polariser sur les djellabas, les burqas et de scruter à la jumelle les cités de Roubaix, de Saint-Denis, de Stains, de Trappes. Le portrait-robot de Charlie Hebdo nous incite à voir plus haut, plus loin. Du côté de l’Olympe. Vers le mont des Oliviers. Et – pourquoi pas – à Saint-Pierre de Rome…

    Entendons-nous bien. Il n’est pas question – et il ne peut en être question – de reprocher à Charlie Hebdo de ne pas nous avoir resservi un peu de Mahomet. Qui sommes-nous – et qui serions-nous – pour demander à d’autres d’aller se faire trouer la peau à notre place ? Mais pour autant, qui obligeait Charlie Hebdo à faire cette une, un sommet de la bien-pensance sirupeuse ? Oyez, oyez, braves gens ! Voici ce que nous annonce Charlie Hebdo. Toutes les religions se valent. Toutes les religions sont meurtrières. Un seul coupable : Dieu. Ne vous fiez pas aux apparences qui tendent ces derniers temps à accuser une religion d’être un peu plus agitée que les autres. Les rédacteurs de l’hebdomadaire (qui fut satirique) regardent pour nous le monde à l’échelle de l’Histoire et même de la Préhistoire. En janvier 2015, j’ai, comme beaucoup, souscrit un abonnement de soutien d’un an à Charlie Hebdo. Au vu de cette une, je viens à l’instant même d’y mettre fin.

    Benoît Rayski - Atlantico

     

  • Déchéance de la nationalité : « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique »

     

    « la patrie n'est pas qu'un artifice juridique » : C'est ce qu'affirme Mathieu Bock-Côté dans cette chronique *.

    La nationalité,   dit-il, relève au contraire d'une réalité historique et identitaire plus profonde. Conception traditionnelle avec laquelle nous sommes en accord de fond. LFAR   

    Mathieu Bock-Coté.jpgÀ sa manière, l'année 2015 a été terriblement logique. Elle a commencé pour la France sous le signe de l'agression islamiste, avec les attaques contre Charlie Hebdo et le marché Hyper Casher. Les attentats du 13 novembre ont confirmé que de telles agressions étaient en fait des actes de guerre, et qu'ils étaient menés au nom de l'islam radical, même si le premier réflexe politique a consisté à dénoncer un terrorisme générique plutôt que le terrorisme islamiste. Ces attentats étaient menés généralement par des « Français », ou du moins, par des individus qui avaient la nationalité française. Fallait-il parler dès lors d'une guerre contre la France, ou d'une guerre civile ne disant pas son nom ? À tout le moins, il fallait bien reconnaître l'existence d'un problème ne relevant pas seulement de l'exclusion sociale dont la France serait coupable.

    Il n'est pas étonnant que l'année se termine avec une discussion sur la déchéance de nationalité des terroristes. Ce débat en sous-tend un autre : la nationalité n'est-elle qu'un artifice juridique ou réfère-t-elle à une réalité historique et identitaire plus profonde, dont elle est la traduction politique et institutionnelle ? Peut-on comprendre quelque chose à la nation si on l'enferme dans les seules catégories du contractualisme moderne ? On a beau répéter qu'elle se confond avec les valeurs de la République, on constate bien que ces dernières ne suffisent pas à caractériser la spécificité française. Les nations ne sont pas toutes interchangeables et à moins de consentir à leur dissolution dans une forme de grand peuple mondial, il faut chercher à comprendre en profondeur l'identité de chacune d'entre elles. Il faut renouer avec la culture.

    C'est à cette lumière qu'il faut analyser le déploiement de la question identitaire dans la vie politique française, et plus largement, dans celle de toutes les sociétés occidentales. Elle permet de penser la part invisible de la citoyenneté moderne, et plus largement, de la modernité politique. Depuis plusieurs années, des intellectuels ont cherché à la faire valoir en rappelant les droits de l'histoire et de la culture dans la définition d'une communauté politique. En faisant valoir ces évidences étouffées par le progressisme dominant, ils subirent des attaques médiatiques à répétition et même quelques procès. Certains pans de réalité ne sont tout simplement plus admis dans la vie publique, puisqu'ils représentent un désaveu sans ambiguïté de l'impasse du modèle diversitaire.

    On a beau redouter plus que jamais les amalgames dans le système médiatique contemporain, cette peur des associations malheureuses ne tient plus lorsqu'il s'agit de stigmatiser publiquement les représentants d'une certaine dissidence conservatrice, qui sont systématiquement ramenés à Vichy. Soudainement, la prudence lexicale ne tient plus, et il s'agit surtout d'exclure le plus possible de la vie publique ceux qui ne participent pas au consensus multiculturaliste et progressiste. De même, on hystérise le débat public en laissant croire à un retour des années 1930, ce qui est une manière d'écraser la situation présente sous une comparaison historique effrayante. Cela permet évidemment aux accusateurs de se réclamer de la mémoire de l'antifascisme et de s'enduire de vertu médiatique. La stratégie est éculée mais n'est pas inefficace.

    On ne doit pas oublier que pendant une bonne partie de l'année 2015, le système médiatique s'est questionné ouvertement sur la prétendue hégémonie culturelle et intellectuelle des conservateurs et des réactionnaires dans le débat public. On s'inquiétait de leur progression, on leur prêtait la capacité de manipuler l'opinion à partir de leurs quelques tribunes médiatiques, comme s'ils disposaient d'un pouvoir d'hypnose à grande échelle. On oubliait, au même moment, que ces quelques voix étaient finalement bien rares dans un paysage médiatique où domine encore l'orthodoxie néo-soixante-huitarde. Mais c'est justement parce qu'elles étaient rares qu'on les entendait autant. Le progressisme a tellement l'habitude de l'hégémonie qu'il lui suffit d'être contesté pour se croire assiégé.

    C'est le drame d'une nation qui s'est laissée intoxiquer par la rectitude politique : plus on l'attaque et plus elle se sent coupable. Plus on l'agresse et plus ses élites s'en prennent à ceux qui en appellent à la riposte politique et à sa renaissance historique. On en revient alors à la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux : on peut y voir une rupture non seulement politique, mais philosophique, dans la mesure où elle réintroduit dans la nation certains éléments qui ne relèvent pas du simple artifice juridique. On dit de la mesure qu'elle est symbolique mais c'est justement pour cela qu'elle semble plébiscitée par l'opinion, qui devine bien ce que représente cet enjeu, même si elle ne parvient pas nécessairement à l'expliciter. Peut-on s'attendre à ce qu'en 2016, le réel fasse définitivement éclater la gaine de la rectitude politique ? C'est moins certain. Une nation ne sort pas facilement de ses mauvaises habitudes. 

    * FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Etat d'urgence

     

    par Bernard Pascaud *

     

    2920517656.jpgOui à l’analyse des récents succès électoraux du Front National quand ils cessent d’être uniquement considérés comme des votes de rejet mais aussi comme des votes de conviction. Plus précisément comme la traduction politicienne de profondes tendances à l'oeuvre dans la société française d’aujourd’hui, parmi lesquelles le besoin d’identité, le désir de sécurité, la soif de justice, l’amour de la France.

    Oui, mille fois oui également à ce qu’on lit sous les plumes les plus lucides : le multiculturalisme est un échec, l’islamisme remplit le vide créé par le laïcisme, le patriotisme resurgit, Maastricht, Schengen, le mondialisme ne font plus illusion, le système des partis est de plus en plus déconsidéré, toute une population et spécialement sa jeunesse se sont réveillées et s’engagent au service de la Cité. Des veilleurs à la multiplication des écoles hors contrat en passant par toutes les possibilités d’Internet, les formes de résistance à la déconstruction de notre société sont multiformes.

    Toutes ces résistances vont-elles un jour se « connecter » ? Si oui, autour de quoi, de qui, de quelles idées ? Autour d’un nouvel homme prétendument providentiel ? Certains en appellent ainsi à Eric Zemmour, d’autres à Philippe de Villiers… Mais qui ne voit que leur candidature n’aboutirait qu’à quelques pourcentages de voix ? Il est peu probable que de tels hommes se laissent entraîner dans l’aventure. L’un a déjà donné, l’autre est trop futé pour cela. Le premier a tiré des leçons salutaires de son immersion dans le système foireux des partis, l’autre connaît trop bien son histoire politique française où se sont épuisées vainement tant de bonnes volontés patriotes.

    La coordination se fera-t-elle, comme certains le souhaitent ou le craignent, par l’émergence d’une « droite hors les murs » localisée quelque part entre la gauche du Front National et la droite des Républicains ? La belle affaire ! Ce ne serait qu’une énième tentative de sursaut dont la seule satisfaction serait de donner bonne conscience à des électeurs pleins d’illusions.

    Alors, droite molle, droite dure, droite hors les murs, droite extrême ? L’affrontement droite-gauche est-il l’horizon indépassable de la politique ? Est-on condamné à cela ou à la désertion du terrain politique ? Dans les deux cas on se retrouve toujours nus devant la Politique. On n’en sort pas.

    Pour en sortir est justement le titre d’un livre de Charles Maurras. Il y est dit qu’ « il n’y a rien de plus urgent que de remplacer la République par le Roi » Et il se clôt par ce diagnostic toujours actuel : « Beaucoup de gens ont cru pouvoir se rendre utiles sous le régime en vigueur. Mais ce régime est conçu pour les épuiser vainement. Qu’ils voient la vérité ! Et qu’enfin elle leur impose ces ruptures libératrices qui leur rouvriront l’avenir ! » Pour aider nos compatriotes à voir la vérité, voici un petit questionnaire que je vous propose de tester autour de vous. Même limité à sept interrogations, il peut constituer un salubre dessillement.

    Pensez-vous qu’en période d’insécurité préoccupante comme celle d’aujourd’hui le sommet de l’Etat doit être prioritairement centré sur des questions électoralistes ?

    Les « valeurs de la République » vous apparaissent-elles la référence la plus utilement « structurante » - pour le peuple français plutôt que les références à la nation et aux communautés de destin naturelles et historiques ?

    Estimez-vous comme dépassée et répréhensible toute référence à l’identité nationale ?

    Estimez-vous que la représentation parlementaire soit le reflet fidèle de la nation française ?

    Croyez vous que les partis politiques soient une réserve de personnel prêt à se dévouer au Bien commun plutôt qu’à satisfaire des ambitions personnelles ?

    Pensez-vous qu’une réforme de fond des institutions soit utile et qu’un changement de personnel politique suffirait à résoudre nos problèmes ?

    Êtes-vous persuadé que le maintien du système politique actuel soit la condition pour vous permettre de voir la fin de la dette, des déficits, du chômage, et la France renouer avec une politique de grandeur ?

    Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous n’avez aucune raison de cesser d’être républicain, quel que soit le parti auquel vous consentez votre suffrage.

    Si vous répondez non à ces questions, vous avez toutes les raisons de rejoindre la Restauration Nationale, car vous estimez qu’il y a un état d’urgence permanent en France : celui créé par son délabrement institutionnel. 

    * Président de la Restauration Nationale

    Restauration Nationale, trimestriel

  • LA FUITE DE TAUBIRA

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgNous sommes en état d'urgence jusqu'au 26 février. L'armée dans les rues, bérets rouges, verts, bleus, noirs ; tenues camouflées, pistolets mitrailleurs ; drapeaux tricolores aux fenêtres... On se croirait en 1958, après la bataille d'Alger.

    Les moyens policiers autorisés par l'état d'urgence rappellent d'ailleurs, à nos souvenirs, ceux utilisés pendant cette lutte contre un terrorisme qui se prétendait déjà islamique. Les perquisitions administratives se multiplient à un rythme impressionnant, mais nécessaire si l'on pense que les possibles auteurs de massacres sont au moins vingt mille et que, depuis un trop long temps, la police et « les services » restaient « l'arme au pied », sans possibilité d'agir.

    Maintenant, libérés des contraintes légales qui rendaient ces interventions impossibles, ils essaient de rattraper le temps perdu. Mais on n'entend pas notre Garde des Sceaux. Comme Hollande mange son chapeau en allant voir Poutine, Taubira ravale actuellement son idéologie en voyant sa police judiciaire se livrer à des actes « administratifs » sur lesquels elle n'a aucune prise !

    L'état d'urgence et ses conséquences pratiques constituent la négation absolue de la doctrine pénale de son ministère - mais aussi des précédents, toutes catégories politiques confondues. Le méchant est méchant et le policier est un héros. jusqu'où va aller ce retournement et combien de temps durera-t-il ?

    L'ennui, c'est que nos cadres judiciaires, formés à une méthodologie tout opposée aux contraintes de l'état d'urgence, risquent de s'abandonner à une double erreur, dont l'histoire nous montre qu'elle est fréquente : passer de l'extrême permissivité à l'extrême répression ou abandonner l'opération policière à sa propre loi en continuant de juger comme si rien n'avait changé.

    Généralement, les situations de crise appellent des changements de législation. Mais, aujourd'hui, les attentats et la situation de guerre, reconnue par le président de la République devant le Congrès, appellent à une réflexion sur tout notre code pénal. Qui dit guerre dit force armée, interventions violentes, usage des moyens entraînant la mort de l'ennemi. Quand la guerre se fait sur le sol de la patrie, contre des compatriotes qui peuvent, à tout moment, tuer des Français, le cadre légal, connu et enseigné dans les écoles militaires pour des opérations extérieures ou des actions de commandos, est bouleversé. La jonction armée-police modifie les relations avec la Justice.

    Nos ministres ont-ils prévu cette situation ? Ou comme ce fut le cas lors de la guerre d'Algérie, vont-ils laisser l'armée et la police se débrouiller, pour, ensuite, éventuellement leur reprocher d'avoir violé la Convention européenne des droits de l'homme ?

    Les fous d'Allah nous rappellent à la réalité, de façon brutale, et nous constatons que nous étions bien endormis. Voilà les Français en première ligne, comme victimes et comme terroristes. Ce serait le moment de voir, dans cette première ligne, le ministre qui a reçu la mission de garder les Sceaux de la Justice. Mais celle qui était mobilisée pour faire voter et imposer le mariage des homosexuels ne répond plus. Le mariage des homosexuels ! Combien ces « avancées » paraissent aujourd'hui dérisoires !

    Nous sommes au bord d'un brutal et immense changement - non pas une révolution idéologique - mais un violent rappel à la réalité. Il est urgent que ceux qui l'ont compris s'unissent pour en tirer les conséquences.

    Politique magazine

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • Tous nos voeux pour 2016

    « Versailles 2015 » - Aquarelle originale

     

    Pour la France, pour la Famille de France et pour nos familles, pour vous tous, chers amis lecteurs, pour Lafautearousseau qui vous accompagne chaque jour, et pour notre œuvre poursuivie ensemble au service du Bien commun : tous nos voeux pour 2016 ...

     

    Lafautearousseau

  • Vous avez dit : « autrement » ?

     

    Il paraît que les résultats des élections régionales exigent que l’on fasse désormais de la « politique autrement ». A gauche et à droite, c’est plus qu’une promesse, c’est une certitude : « Plus rien ne sera comme avant », a-t-on répété à satiété, de Jean-Christophe Cambadélis à l’inénarrable Christian Estrosi, élu en PACA avec les voix de ses « adversaires » de la veille, socialistes et écologistes. Drôle d’« autrement » qui consiste à priver des millions de citoyens d’une victoire acquise le plus démocratiquement du monde en vertu d’une intimidation intellectuelle maquillée sans scrupule en « front républicain »…

    Si le procédé possède un air de déjà-vu, la nouveauté réside dans le fait qu’avec 6 millions de voix au premier tour, soit 27% des inscrits, un record historique pour lui, le FN est aujourd’hui le premier parti de France – celui des abstentionnistes étant hors catégorie. On s’en doutait, mais les régionales sont venues confirmer cette réalité désormais incontournable de la vie politique française. C’est le premier enseignement de ces élections.

    Deuxième enseignement : la corrélation entre le vote FN et le chômage, établi au soir du second tour, ne tient pas la route. Elle permet seulement aux commentateurs autorisés d’éviter d’aborder franchement les sujets qui fâchent, en particulier l’immigration qui est aujourd’hui une des principales préoccupations des Français. D’ailleurs, plus qu’un simple témoignage d’adhésion aux thèses frontistes, discordantes selon qu’on est au nord de la France ou au sud, le vote FN est un sursaut du pays réel face à ce qui est ressenti comme une dislocation de la société. Sursaut que l’opposition entre « patriotes » et « mondialistes » ne traduit qu’imparfaitement.

    Troisième enseignement. Dès lors qu’il est en position favorable au premier tour, le mouvement de Marine Le Pen se heurte à un « plafond de verre », c’est-à-dire que sa réserve de voix est insuffisante pour l’emporter au second tour. Ce qui devrait l’amener à se poser la question des alliances car personne ne peut gagner seul contre l’ensemble coalisé des forces politiques et médiatiques.

    Quatrième enseignement qui découle du précédent : le battage idéologique de l’entre-deux tours permet d’illustrer le mot de Jacques Julliard selon lequel la gauche détient en France, à travers les institutions étatiques, politiques et médiatiques, « le monopole de la parole légitime ». Un Laurent Wauquiez l’a compris qui ne s’embarrasse plus de gages à donner au politiquement correct. Mais il est bien isolé au sein de la droite dite « républicaine » où Nicolas Sarkozy tergiverse et ne semble plus savoir à quelle stratégie se vouer.

    Conclusion : le PS, bien que largement minoritaire, n’est écrasé ni par le FN, ni par Les Républicains. Au point qu’une victoire socialiste en 2017 redevient envisageable, et même probable. Pour le candidat de la gauche – mais il faudrait dire du « système » – le tout sera d’arriver jusqu’au second tour où, face à Le Pen quasiment certaine d’y être, il donnera la grosse artillerie de la « République en danger » et de la « politique autrement ». Les véritables gagnants de ce scrutin, Manuel Valls et François Hollande, s’y voient déjà. Ainsi, le piège imaginé par François Mitterrand, non seulement pour diviser la droite mais plus encore pour étouffer toute réaction à l’hégémonie culturelle de la gauche, continue de remplir sa fonction au-delà même de ce qui était imaginable. « Plus le Front national sera fort, plus on sera imbattable », disait Pierre Bérégovoy au début des années 90. C’était il y a presque trente ans… C’était hier. C’est toujours aujourd’hui. 

    Politique magazine - Editorial, janvier 2016

  • Numéro de janvier de Politique magazine : « Terrorisme islamiste, si loin, si proche »

    Découvrez le numéro de janvier ! 

    Terrorisme islamiste, si loin, si proche

    Dossier spécial terrorisme

    Les attentats du 13 novembre ont ouvert les yeux de ceux qui refusaient encore de le voir : la France est en guerre contre l’état islamique. Les implications de cette guerre géopolitiques s’étendent à l’ensemble du monde musulman mais aussi à notre propre territoire.

    L’ennemi se situe à l’intérieur même de nos frontières. Ses combattants les plus déterminés se recrutent sur notre propre sol, là où une part de la population musulmane se laisse influencer par l’islamisme. Or, quand on mène une guerre, il faut la volonté de la gagner…

    > Grand entretien avec László Trócsányi, ministre hongrois de la Justice : « Bruxelles bafoue la souveraineté des Etats » 

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

    Sommaire

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  • Gérard Leclerc : « La cage aux phobes » ...

     Philippe Muray

     

    GERARD LECLERC.JPGVoilà un certain temps que je m’inquiète de l’étrange propension du débat public à tourner à ce qu’on pourrait appeler l’inquisition lexicale. Il s’agit, en effet, de prendre à tout prix en défaut celui dont la tête ne vous revient pas, pour ce qu’on considère être un dérapage verbal. Le but est de le disqualifier, et plus encore de le mettre hors-jeu, en le faisant condamner par les tribunaux. Ce disant, je ne plaide évidemment pas pour la diffusion des discours de haine, pour l’apologie de ce qui est d’évidence insupportable. Je m’insurge contre une forme de police lexicale, qui finit par être dangereuse pour la liberté d’expression. En ce sens, je me sens assez proche de la mentalité américaine, farouchement attachée à cette liberté, garantie par la Constitution dans son célèbre Premier amendement, qui date de 1791.

    S’il y a excès et même faute, est-il absolument nécessaire de recourir aux tribunaux, dès lors qu’on a la faculté de répondre et d’expliquer franchement en quoi quelqu’un a dépassé la ligne jaune et peut être, pour cette raison, incriminé moralement ? Mais il est un autre aspect de l’inquisition lexicale, qui met en danger la probité du débat : c’est la psychiatrisation de l’adversaire, que l’on veut absolument convaincre de « phobie ». L’abus extrême de l’incrimination pour phobie pollue le libre échange des idées. Ainsi que l’avait déjà remarqué Philippe Muray, qui parlait d’une médicalisation systématique : «  Il y a maintenant des phobes pour tout, des homophobes, des gynophobes (appelés encore machistes ou sexistes), des europhobes, etc. Une phobie c’est une névrose : est-ce qu’on va discuter, débattre, avec un névrosé au dernier degré ! Non, on va l’envoyer se faire soigner, on va le fourrer à l’asile, on va le mettre en cage. Dans la cage aux phobes. » (Exorcismes spirituels III, Les Belles Lettres, 2002, p. 267).

    La cage aux phobes, aujourd’hui, c’est souvent le tribunal. C’est sans doute préférable aux hôpitaux psychiatriques de l’Union soviétique, où l’on enfermait les délinquants politiques. Mais je ne suis pas sûr que ce soit l’endroit rêvé pour arbitrer nos débats de fond.  •

    Gérard Leclerc

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    Ecouter : cliquez sur l'image

    La France Catholique

  • Hollande a fait son choix

     

    Un  point de vue de Dominique Jamet

    En tout cas une analyse qui donne à réfléchir. Et même à se poser la question de fond, celle qui sous-tend le débat politique français depuis des mois : comment un tel Système où même les situations les plus graves ne réduisent pas à leur néant les calculs politiciens, les combines électorales, les ambitions et les égos, mais, au contraire, les motivent et les exacerbent, susciterait-il la confiance et l'adhésion des Français ? Le fossé entre peuple et Système continuera de se creuser. Par la force des choses et des événements, viendra alors le temps des échéances. Des échéances plus décisives que celle de la réélection ou non de Monsieur François Hollande. LFAR 

     

    3312863504.jpgIl a longuement hésité. Pesé le pour et le contre. Pris des avis de sens contraire. Entendu les arguments des uns et des autres. Souri complaisamment aux uns comme aux autres. Laissé croire à ses interlocuteurs, quels qu’ils fussent, ce qu’ils avaient envie de croire. D’un côté, il y avait un marqueur traditionnel de la gauche. De l’autre, la possibilité d’une manœuvre politicienne fructueuse. Entre la fidélité aux grands principes, au risque de paraître manquer de détermination face au terrorisme, et l’éventuel avantage électoral qu’il pourrait tirer d’une posture de fermeté, François Hollande a balancé, au point que même deux des ministres les plus directement intéressés, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira, ont pu s’y tromper et que la dernière nommée a entrepris la tournée des dupes qui l’a menée à Alger et au bord de la rupture. Puis le Président a tranché – on sait dans quel sens.

    Est-ce parce qu’il s’était solennellement engagé devant le Congrès à priver de leur citoyenneté française les terroristes bénéficiant d’une double nationalité ? François Hollande n’est pas de ceux qui font obligatoirement ce qu’ils ont dit et un éventuel manquement à sa parole n’aurait fait que s’ajouter à la liste de ses promesses non tenues et de ses reniements plus ou moins assumés.

    Est-ce parce qu’il y a quoi que ce soit à attendre d’une mesure qui non seulement ne s’appliquera qu’à un nombre extrêmement réduit d’individus mais ne fera ni chaud ni froid à des gens qui s’excluent sciemment, par la pensée et par leurs actes, de la communauté nationale ? Évidemment non.

    Tout simplement, dans le contexte actuel, le Président ne pouvait ignorer que la déchéance de nationalité des criminels djihadistes était devenue un symbole, que l’opposition à l’affût s’apprêtait à exploiter toute reculade sur ce terrain et que l’opinion aurait suivi. D’où ce choix spectaculaire qui, après l’instauration de l’état d’urgence et la reprise du contrôle de nos frontières, entérine le ralliement du chef de l’État et de son gouvernement à des solutions qu’ils n’étaient pas les derniers à dénoncer, il y a six semaines, comme d’extrême droite et, il y a encore huit jours, comme typiquement de droite.

    François Hollande n’ignorait naturellement pas qu’il allait faire hurler ceux des socialistes qui sont encore de gauche et ceux qui se situent encore plus à gauche que les frondeurs. Mais peu lui chaut, désormais, de heurter ou de désespérer Benoît Hamon, Martine Aubry, Christian Paul, Cécile Duflot ou Jean-Luc Mélenchon alors qu’il lui importe beaucoup, au contraire, de caresser dans le sens du poil et de séduire Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo, François Bayrou et jusqu’à Alain Juppé.

    À court terme, la droite et même le Front national sont pris au piège. Il serait désormais absurde et contre-productif que, dans ce vaste secteur de l’opinion, on aille rejeter une révision constitutionnelle faisant entrer dans notre droit des mesures que l’on réclamait à cor et à cri. Si peu de temps après que les électeurs socialistes ont permis aux « Républicains » de triompher dans le Nord et le Midi, nous allons donc les voir voler au secours de la gauche – un rendu pour un prêté – ou se déjuger et passer pour préférer les vieux clivages à l’intérêt national. L’inflexion en faveur de laquelle Manuel Valls et Ségolène Royal ont bataillé est un petit caillou de plus sur le grand chemin de la recomposition.

    À plus longue échéance – une échéance de dix-sept mois -, le Président, visant déjà le second tour, considère que l’essentiel des voix de toute la gauche lui est acquis et lui reviendra, bon gré mal gré, fût-ce en grognant, fût-ce la rage au cœur et la bave aux lèvres, face à Marine Le Pen, et que le réservoir de voix qui lui assurera la victoire finale se situe à droite et sera partie prenante dans la majorité de demain.

    En tout cas, cet épisode devrait fermer définitivement la bouche à ceux qui douteraient encore de sa volonté. De se présenter. 

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • Jacques Myard : « Oui, il y a un risque de guerre civile en Corse et ailleurs »

     

    L'attaque violente d'un camion de pompiers à Ajaccio a provoqué de fortes tensions sur l'Île de Beauté. Pour Jacques Myard*, dans Le Figaro, la crise corse préfigure des évènements similaires partout en France. Nous trouvons son analyse de la situation parfaitement juste et équilibrée. Simplement nous ne croyons en la capacité de la République, en sa forme actuelle, ni pour ce sursaut de l'autorité que Jacques Myard réclame à juste titre, ni pour régler ensuite les problèmes de fond qu'il analyse pourtant avec pertinence. Le régime des partis, qui a miné les Institutions de la Vème République, l'idéologie droit-de-l'hommiste et laïcarde, la négation de nos racines au profit de prétendues valeurs abstraites et universalistes, nous paraissent, en effet, par essence incapables de vraiment répondre aux défis que Jacques Myard, avec beaucoup de lucidité, voit monter en France. Les Corses sont une communauté organique, ce qui fait leur force. La France doit se donner les moyens d'en redevenir une si elle a la volonté de survivre. Ce qui ne nous paraît pas être au programme du Système, droite et gauche confondues. LFAR    

     

    Ukraine-gardons-notre-calme-reclame-Jacques-Myard.jpgAprès l'agression de pompiers dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, la Corse a connu plusieurs jours de tension...

    Jacques Myard : Les violences en Corse ne sont malheureusement pas une surprise. Les caillassages et les agressions contre les pompiers et les forces de l'ordre se produisent dans toutes les banlieues de France et sont presque devenus une accoutumance à laquelle on ne peut pas s'habituer. Les réactions de la population d'Ajaccio montrent à l'évidence que le ras-le-bol est atteint . La population a voulu réagir face à la défaillance de l'État en se faisant justice elle-même. Dans un cas comme dans l'autre, aucun responsable politique ne peut admettre ce qui s'est passé. Il n'en demeure pas moins que nous devons dépasser la réaction épidermique que l'on peut avoir face à ces évènements.

    N'y-a-t-il pas également une dérive nationaliste ?

    Il y a une spécificité corse : c'est une évidence et personne ne le nie. De tous temps, les Corses ont toujours réagi face à ce qu'ils estimaient inadmissible. C'est la richesse de la nation française. Cependant, c'est parce qu'il y a eu faillite de l'État en matière de maintien de l'ordre et de sécurité que la population s'est révoltée. En voulant se faire justice eux-mêmes, les Corses n'ont fait que pallier l'absence de l'Etat. C'est un phénomène qui à mon sens risque de se répéter partout en France. Il y a une véritable colère face à la montée de cette « injustice » ou de cette « ajustice », c'est à dire l'absence de sanction face à des caïds qui de manière répétée font régner leurs lois. Il y a en France des zones de non droit. Face à cette situation, il est particulièrement osé de parler de racisme ordinaire. Il s'agit d'une polémique alibi qui masque de la part de ceux qui emploient ces termes une cécité totale sur les phénomènes qui sont en train de naître en France.

    Que faut-il faire ?

    L'alternative est très simple, l'Etat assure la première de ses missions, la sécurité de citoyens ou il s'installe dans la démission et il sera vite remplacé par la justice populaire. La sécurité plus encore que la politique a horreur du vide, alors l'heure n'est plus aux condamnations morales mais à la nécessité absolue de la tolérance zéro face aux caïds des banlieues. Le gouvernement et plus particulièrement la garde des Sceaux au lieu de fustiger le racisme des Français, véritable alibi de leur propre faillite, devrait se souvenir de la phrase prémonitoire d'un noble de la cour au Roi à la veille de la révolution : « Sire ce peuple est terrible ». Ils l'apprendront à leurs dépens ! La crise corse est prémonitoire et pourrait se propager sur le continent.

    Manuel Valls a récemment évoqué le risque de « guerre civile »...

    Il est évident que si il n'y a pas un sursaut de l'autorité, nous allons vers des évènements graves partout car nous savons bien qu'aujourd'hui les Français en ont assez de cette insécurité grandissante. De la même manière, ils ne peuvent pas admettre que des Français viennent assassiner d'autres Français à cause de leur religion. Il faut pour maintenir la paix civile être extrêmement ferme. Si on laisse dériver le communautarisme, oui il y a un risque fort de guerre civile en France ... Nous sommes ouverts sur le monde et la France subit directement toutes les dérives de la planète, notamment ce qui se passe au Proche et Moyen-Orient. C'est une évidence. Le nier, c'est jouer la politique de l'autruche. 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Alexandre Devecchio  [28.12.2015]