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Remaniement : au pays de l’absurde, tout est possible

 

Nous publions ces lignes de Dominique Jamet en tête de nos parutions de ce jour, non pas parce qu'elles sont écrites avec style et esprit - c'est pourtant le cas - mais parce qu'elles dépeignent avec toutes les fortes apparences de la vraisemblance, ce royaume d'Absurdie qu'est notre République. Il le fait à propos des rumeurs insistantes d'un tout prochain remaniement, risque des pronostics, s'amuse de leur absurdité, dussent-ils se réaliser...  On en rirait si ce n'était pas la France qui se trouve au centre de ces jeux misérables et, encore une fois, absurdes. Une France en guerre, une France affaiblie, une France envahie, à l'identité menacée, une France dont la société se décompose et la souveraineté se trouve largement confisquée. Par Bruxelles, par Berlin, par Frankfort ou par Washington. En vérité, par l'ensemble de ces capitales et des puissances dont elles sont le centre. C'est un socialiste pacifiste, Marcel Sembat, député et ministre, qui, face à la menace de guerre franco-allemande qui montait, rejoignant les analyses de Maurras et de l'Action française, avait publié en 1911, il y a un peu plus d'un siècle, un petit livre resté célèbre : « Faites un roi, sinon faites la paix ». Il ne voulait pas d'un roi dont il savait qu'il nous eût permis d'être à jeu égal avec l'Allemagne - et peut-être ainsi d'éviter l'horrible guerre. Ce qu'il voulait c'était que la République fît la paix avec l'Allemagne. En réalité qu'elle s'y soumît. C'était toute l'illusion du pacifisme. Nous ne sommes pas loin d'une telle situation. Peut-être en pire.  Le dilemme est le même : « Sortir de ce Système, ou être contraints à la soumission. » Celle que Houellebecq a décrite, qui est soumission à l'Islam. Et celles - autres - que nous avons dites plus haut et consistent toutes à dépendre de l'étranger. A l'inverse de Marcel Sembat qui préférait se soumettre à l'Allemagne que de faire un roi, la solution que nous appelons de nos vœux ici est une sortie de ce régime d'absurdité que Dominique Jamet décrit fort bien ici. D'ailleurs, y a-t-il vraiment une autre solution ? Nous ne le croyons pas.  Lafautearousseau  • 

 

3312863504.jpgIl aurait été assez compréhensible et d’ailleurs conforme à la plus vieille et à la meilleure tradition républicaine qu’un remaniement ministériel, annonciateur d’une inflexion politique, intervînt au lendemain des élections régionales de décembre qui n’étaient guère que la quatrième défaite consécutive de la majorité en place. Il n’y a donc pas eu de remaniement et le sujet, officiellement, n’est pas d’actualité, ce qui donne à penser aux experts en hollandologique qu’un remaniement est imminent, et certaines informations, données pour sûres, circulent déjà dans les milieux intéressés. Osons donc le petit jeu des pronostics, avec tous les risques d’erreur que celui-ci comporte.

À tout seigneur tout honneur. Le Premier ministre a clairement décidé de passer son tour en 2017, de coller d’ici là aux décisions, aux orientations et, selon toute probabilité, aux fautes, aux erreurs et aux échecs du président de la République, et d’être confondu dans l’impopularité de son supérieur hiérarchique. M. Manuel Valls est donc assuré de rester à Matignon jusqu’au bout de la nuit du quinquennat.

Lointain successeur de Talleyrand, M. Laurent Fabius a été un ministre des Affaires étrangères tout simplement désastreux. Persévérant dans l’erreur avec une obstination diabolique, le locataire du Quai d’Orsay a fait de son mieux pour nous brouiller avec la Russie, s’est opposé de toutes ses forces à la réintégration de l’Iran dans le concert des nations et a choisi son camp dans le conflit syrien, où la France a pesé de tout son poids, en l’occurrence heureusement réduit, pour favoriser le Front Al-Nosra, succursale locale d’Al-Qaïda, rebaptisé par nos soins « opposition syrienne modérée ». Il peut donc se maintenir jusqu’en 2017 derrière le bureau de Vergennes ou chausser les prestigieuses pantoufles de président du Conseil constitutionnel.

Mme Ségolène Royal a étendu au-delà des limites du raisonnable les attributions et les prérogatives de son ministère de l’Écologie sans que sa soif de pouvoir en soit étanchée. On a pu le vérifier lors de la phase de préparation de l’historique COP21. Si M. Fabius quitte le gouvernement, elle se verrait bien dans le poste qu’il occupait. Elle en a même tellement envie qu’elle ne voit pas pourquoi on ne lui ferait pas ce plaisir. Impulsive, indisciplinée, désordonnée, et ignorant tout de la complexité des relations internationales, elle a donc les plus fortes chances de coiffer au poteau Hubert Védrine ou Élisabeth Guigou, qui n’ont d’autre légitimité que leur connaissance des dossiers et des problèmes en jeu.

Mme Christiane Taubira a réussi la prouesse de faire contre elle la quasi-unanimité des professionnels de la justice, ses administrés, magistrats, avocats ou gardiens de prison. Elle n’a rien à faire Place Vendôme, ni d’une manière générale dans un gouvernement. Mais elle détient l’arme absolue : une candidature éventuelle en 2017, à la gauche de la gauche. Quand on a fait échouer Lionel Jospin, pourquoi se priver du plaisir de faire capoter François Hollande ? Elle fait donc figure de favorite pour le ministère de la Culture sur la base d’un argument fort : si elle n’est pas plus qualifiée pour ce portefeuille que Mme Fleur Pellerin, elle ne peut pas l’être moins.

Mme Najat Vallaud-Belkacem devrait conserver le portefeuille capital de l’Éducation nationale où elle a, certes, fait la preuve d’une incompétence et d’une capacité de nuisance exceptionnelles, mais elle ne laisserait ignorer à personne, au cas où on tenterait de la mettre hors d’état de nuire, qu’on la met à l’écart parce que femme, parce que jeune et parce que d’origine et de nationalité marocaines. Elle restera donc rue de Grenelle.

Le cas de M. Emmanuel Macron est bien différent : nommé à la surprise générale ministre de l’Économie, le jeune ministre est devenu en quelques mois la vedette du gouvernement auquel il appartient, au point de susciter la jalousie secrète de ceux-là mêmes qui l’avaient nommé et la jalousie active des collègues qui l’ont vu débarquer parmi eux. Ce n’est pas un hasard s’il a été dépossédé de la suite de son projet de réforme du travail, finalement confié à Mme Myriam El Khomri, ni si les derniers arbitrages rendus en matière de lutte contre le chômage l’ont été contre lui. M. Macron cumule les défauts : il est jeune, il est audacieux, il est compétent et il est populaire. S’il décide de prendre la porte, comme on lui en prête l’intention, on ne le retiendra donc pas.

Tout cela est absurde, direz-vous. C’est bien pourquoi il y a des chances que cela se produise.  

 
Journaliste et écrivain - Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
 

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