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Idées, débats... - Page 397

  • Patrimoine cinématographique • Le discours d’un Roi

     

    Par Pierre Builly  

    Le discours d’un Roi de Tom Hooper (2010)

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    Le miracle de la fonction  

    Un scénario en or, équilibré entre le drame personnel et la situation historique. Des acteurs extrêmement bien choisis, sans outrances, sobres et exacts. Une période suffisamment proche de nous et suffisamment étrangère aux préoccupations d’aujourd’hui.

    De là à mériter une pluie d'Oscars ? Tant que ça... ? Pour l'originalité de l'histoire et pour le contexte politique, assurément ; mais davantage ?

    Le-roi-son-therapeute-et-la-reine_width1024.jpgPour qui est interrogatif, comme je le suis, sur la nature du Pouvoir, la charge épouvantable, imméritée, indésirée qui pèse sur ceux qui la reçoivent sans l'avoir revendiquée, qui la prennent comme une fatalité (voir Que la fête commence ou Marie-Antoinette) le film de Tom Hooper est une médiation superficielle, mais intelligente. George VI n'a pas davantage envie que son frère aîné Édouard VIII d'assumer la responsabilité qui lui incombe et dont il est comptable devant la Nation britannique à une des périodes les plus angoissantes de l'Histoire : en décembre 1936, date de son accession au Trône, les difficultés économiques nées de la Crise mondiale de 1929 sont bien loin d'être retombées et l'Europe toute entière commence à percevoir les soubresauts d'un volcan qui va la ravager.

    le-discours-dun-roi-e1532182391789.jpgLe film de Tom Hooper mixe intelligemment le drame personnel et familial du duc d'York, affligé par un irrépressible bégaiement, et sa conjonction avec la montée des périls. Le point culminant en est évidemment le discours prononcé devant le Royaume tout entier recueilli, inquiet et grave lors du déclenchement de la Guerre, le 3 septembre 1939.

    Lediscoursdunroi3.jpgDiscours d'une grande force, d'une grande hauteur de vues (rédigé par qui, au juste ? Le Premier ministre, Neville Chamberlain, sans doute), mais dont la dramaturgie est accentuée par l'incertitude qui pèse sur la difficulté pour le Roi de le prononcer ; images très émouvantes d'un peuple qui ne sait pas encore qu'il supportera tout seul, une longue année terrible, entre juin 40 et juin 41, le sort du monde civilisé et qui le fera impeccablement.

    L'hommage rendu à la Grande-Bretagne est justifié et remarquable et j'ai bien du regret que notre bel aujourd'hui français ne cherche pas dans notre propre histoire d'aussi remarquables moments d'émotion et de fierté, au lieu de se perpétuellement scarifier et rouvrir les plaies, dans une course à la honte et à la culpabilité, réelle ou prétendue. Mais ceci est une autre histoire, comme disait le grand Kipling, Anglais exemplaire.

    arton4580.jpgDonc les acteurs. Ils sont pour beaucoup dans le succès mérité du Discours d'un Roi ; j'avoue bien volontiers n'en connaître aucun, n'avoir jamais vu un de leurs films, et être admiratif devant leur tenue, là aussi toute britannique ; une mention spéciale pour Ève Best, incarnation physique à peu près parfaite de la diabolique Wallis Simpson ; je suis assez vieux pour avoir eu la tête farcie, pendant mes années de jeunesse, par les images du couple princier, duc et duchesse de Windsor, dont les hebdomadaires étaient emplis et qui étaient des figures hautement symboliques du Paris mondain qui n'était pas encore celui de la Jet-Set, mais celui d'une aristocratie décavée et pourrissante, bien élevée, morbide. Mais des bravos pour les deux acteurs principaux, Colin Firth, George VI aux capacités limitées, mais conscient de sa mission et Geoffrey Rush, l’orthophoniste fêlé qui se prend au jeu.

    Le film serait un très bon film s'il était mieux filmé ; ça n'a manifestement pas été la préoccupation principale de Tom Hooper ; abus de gros plans, de travellings sans raisons d'être ; image jaunâtre comme celle du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, jaune et verte, comme si l'hommage à la couleur sépia des anciennes photos était devenu le pertuis obligé pour nous faire prendre conscience du passage des années...  

    Le-Discours-d-un-Roi-Edition-Simple.jpg

    DVD autour de 10 €     

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Livres & Société • L’essai du mois. Pour une anthropologie contraire

    Par Matthieu Baumier

    Le dernier essai d’Alain de Benoist n’est pas un ouvrage de plus sur le libéralisme mais un livre percutant contre le libéralisme.

    La nuance est de taille : le penseur, dont il est devenu difficile pour le monde intellectuel officiel de faire l’économie, après l’avoir tenu à l’écart durant près de 40 ans, entre ici en confrontation directe avec ce qu’il identifie comme étant l’idéologie dominante, en même temps que celle de la classe dominante. Comment donner tort à Alain de Benoist sur un tel sujet ?

    Une critique féroce de l’anthropologie libérale

    La question n’est pas d’analyser l’un des nombreux aspects du libéralisme mais d’en remarquer les effets anthropologiques. Il ne s’agit donc pas de savoir si le libéralisme a apporté des libertés, un accroissement du niveau de vie… mais de saisir combien être contre le libéralisme est une nécessité vitale quand il est contre l’humain. Détaché de tout lien, de toute communauté, de tout enracinement, rejetant la culture à laquelle il appartient (« il n’y a pas de culture française », disait l’actuel DRH de la République), l’homo libéral est un individu hors sol et non plus une personne, pas plus une personnalité, tant il est interchangeable. C’est le rejeton de l’idéologie de la modernité et de la croissance progressiste, dans un monde au bord de la catastrophe.

    Penser avec, c’est débattre

    Alain de Benoist procède ici par étapes, de façon très structurée, pédagogique même, à l’excellent sens de ce terme : après avoir posé ce qu’est le libéralisme en tant qu’anthropologie, l’auteur en confronte les attendus avec d’autres conceptions – les communautariens, nés aux États-Unis en tant que courant de pensée contre le libéralisme, particulièrement de John Rawls, et en débat avec le républicanisme d’un Skinner par exemple, le concept d’identité, la figure du bourgeois, la problématique de la démocratie, le capitalisme, le conservatisme, la critique de la valeur… Un essai qui part dans tous les sens, là aussi de façon positive : de Benoist apporte de quoi penser à son lecteur, il ne lui demande aucun assentiment. Bien sûr, l’auteur ne croit pas possible que l’on soit libéral en économie (et sur un plan tactique), conservateur sociétalement, identitaire en profondeur. C’est le point d’orgue du débat actuel.

    Il est donc possible de partir de la définition du libéralisme donnée par l’auteur : une unité profonde qui « réside dans son anthropologie, une anthropologie dont le fondement est, indissociablement, l’individualisme et l’économisme ». En effet, avec l’individu comme absolu dans une économie intégralement ouverte et hors de contrôle, elle-même conçue comme absolutiste, nous avons là une définition juste du libéralisme contemporain.

    Cependant, la question sera aussi celle de la mise en œuvre d’une anthropologie autre, dans un futur politique concret. La première étape à laquelle s’attache de Benoist pose un fondement : quelle est l’idéologie à combattre ? demande-t-il. La dernière étape sera celle d’une anthropologie contraire mise en œuvre dans le réel. Entre les deux ? Il est possible de croire en une révolution qui viendrait, comme un acte de foi ; il est sans doute plus probable d’envisager une seconde étape passant par une victoire dans le cadre électoral actuel et débouchant sur un retour aux économies d’avant l’ouverture effrénée des frontières, ce qui ne fonctionnait pas si mal finalement.

    Cette seconde étape ne demandera pas de compromis avec le libéralisme, juste d’accepter que « la nation puisse encore être un cadre révolutionnaire provisoire », ce qu’une Chantal Mouffe, par ailleurs lue par Alain de Benoist, a très bien compris. De cette façon, « la nation pourrait être le meilleur chemin vers un retour à l’identité de l’Europe ». Demain, au fond, cela nécessite aussi une stratégie.  ■

    libéralisme.jpg

    Matthieu Baumier 

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    Alain de Benoist, Contre le libéralisme, éditions du Rocher, 2019, 340 p., 19,90 €

  • SOCIÉTÉ • LE CORBUSIER, LE FASCISME ET LES FÂCHEUX

    Le Corbusier

    Par Jean-Christophe Buisson

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    ... Faire de la place pour les aigris se piquant d'écrire et de penser. 

    Une poignée d'intellectuels-procureurs à peu près tous inconnus et appelés à le demeurer réclament au ministre de la Culture de ne plus soutenir l'oeuvre de l'architecte Le Corbusier (1887-1965), à qui la commune de Poissy projette de consacrer un musée.

    Motif ? Ses rapports ambigus au fascisme et à l'Etat français du maréchal Pétain. Ce type de procès n'est pas nouveau. Régulièrement, on ressort les vieux dossiers de ceux ayant frayé, il y a 80-90 ans (!), avec l'Action française, Vichy ou le fascisme. Quitte à mettre tout le monde dans le même panier.

    XVMca828a5e-72b9-11e7-8bbb-ff6842e638f6.jpgChiche ? Dans ce cas, brûlons les livres du conununiste Aragon qui fut l'ami (voire plus) de Drieu la Rochelle.

    Déchirons l'ceuvre du pape du radicalisme, le philosophe Alain, coupable d'éloges appuyés d'Adolf Hitler à la fin de .sa vie. Cessons les fouilles archéologiques, qui obéissent à la loi de 1941 portant le nom du ministre de Vichy Jérôme Carcopino. Crachons sur les poèmes de Paul Claudel, qui chanta Pétain, et maudissons Henri Pourrat et François Mitterrand, décorés de la Francisque.

    Quant à Proust, Apollinaire, Malraux, Bergson, Blanchot ou Gide, admirateurs de Maurras, les extirper des bibliothèques et des programmes scolaires semble un minimum. Cela ferait de la place pour les aigris se piquant d'écrire et de penser.   

    Source : Figaro magazine, dernière livraison. 

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

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    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.
  • Cinéma • Rebelles

    Par Guilhem de Tarlé     

    A l’affiche : Rebelles, un film français d’Allan Mauduit, avec Cécile de France, Yolande Moreau, Audrey Lamy et Simon Abkarian.

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    « On fait rarement dans la dentelle
    Quand on a une âme rebelle  »

    Etre Rebelle, Jean-Pax Mefret le chante dans Les galères, et je me le sens pleinement.

    C'est donc vraiment pour ce titre Rebelles que je suis allé voir ce film car si le casting est tentant la bande-annonce vue sur allo-ciné ne l'était pas.

    Mais oui  je suis rebelle, et l'ai toujours été depuis un certain 21 avril 1961... Il paraît même qu'à 9 ans, en 1956, je l'étais déjà !

    Et je le suis de plus en plus avec, en permanence, mon gilet jaune sur le tableau de bord de ma voiture.

    maxresdefault.jpgRebelle, c'est à dire contre tout ce qui est pour, et pour tout ce qui est contre... Vaste programme comme disait l'Autre, celui précisément contre lequel j'ai forgé mon « âme rebelle ».

    Etre rebelle, c’est dénoncer la novlangue et le politiquement correct, c’est appeler un chat, un chat, et Macron, un fripon.

    5118033.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx-4113012.jpgC’est défendre la culture de vie contre la culture de mort, défendre le mariage de l’homme et de la femme et ignorer les paires ; c’est contre l’invasion et le Grand Remplacement prôner la recolonisation de l’Afrique ; c’est affirmer que les ères climatologiques (réchauffement et glaciation) sont aussi vieilles que le monde et refuser les taxes écolo et la dénaturation de nos paysage par les éoliennes ; c’est constater que « l’insécurité routière » - comme ils disent – est moindre que l’insécurité hospitalière avec les maladies nosocomiales…

    C’est, contre la laïcité laïciste maçonnique, continuer à dire : « France, fille aînée de l’Église » en rappelant que la véritable laïcité est paradoxalement chrétienne : « Rendre à César, ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu ».

    C’est rappeler, face à « la deuxième religion de France », dite « de paix et d’amour » : « Hors de l’Église, point de Salut ».  etc… etc… etc…  

    rebelles-albertine-productions-854x570.jpgRien de tout cela, malheureusement, dans la réalisation d’Allan Mauduit, et le titre Rebelles me paraît usurpé, et même fallacieux avec le message subliminal, au début et à la fin, des « aérogénérateurs » qui dominent la ville de Boulogne sur Mer.

    Ces prétendues Rebelles nous livrent néanmoins une comédie amusante, même si, violente, scabreuse et peu morale, elle ne fait précisément pas « dans la dentelle ».    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.
  • 500è anniversaire de la mort de Léonard de Vinci : le comte de Paris recevra le Président de la République à Amboise

    Photo : la première et la dernière image du dossier

     

    La page Facebook du Prince a diffusé hier matin l'information suivante : « Aujourd'hui paraît dans L'Express, un grand dossier de 10 pages sur le comte de Paris, retraçant son parcours, évoquant ses perspectives et son projet pour notre pays. » 

    C'est au fil de ce grand dossier que l'on apprend que Le 2 mai prochain, le chef de la Maison royale de France, Monseigneur le comte de Paris, recevra au château d’Amboise, le Président de la République, Emmanuel Macron et le président italien Sergio Mattarella, pour les célébrations du 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci.

    comte-de-paris-express-2.jpgL’Express consacre dans son édition de cette semaine (Photo de couverture), un dossier complet de 10 pages au nouveau comte de Paris, le prince Jean d’Orléans. Dans ce portrait, le chef de la Maison royale de France se livre sur sa famille, son parcours, évoque ses perspectives et son projet pour notre pays. 

     

    Le château royal d'Amboise

    chateau-amboise.jpg

  • TV Libertés • Charles MAURRAS : Entretien de Philippe CONRAD avec le professeur Olivier DARD

     

    Entretien sur Charles Maurras, le nationaliste intégral [Passé Présent n° 230]

    [De 29,40 ' à la fin].

     

    27 minutes

    La présentation de TVLibertés

    Dans ce nouveau numéro de Passé-Présent, Philippe Conrad reçoit le Professeur Olivier Dard qui réédite sa biographie de Charles Maurras : Charles Maurras, le nationaliste intégral. (Editions Echo). Grande figure intellectuelle du XXè siècle, Maurras grandit en Provence. Orphelin tôt, sourd dès l'enfance, autoditacte (il ne peut suivre aucun cours), boulimique de lectures, ambitieux, il correspond avec Maurice Barrès mais, contrairement à son aîné, rejette le systême républicain. Il voyage en Grèce en 1896 à l'occasion des Jeux Olympiques, se mobilise dans l'affaire Dreyfus, crée l'Action française en 1908, journal qui connaîtra un écho profond pendant des décennies. Théoricien de la décentralisation, il proposera une restauration monarchique, mais fondamentalement élitiste il ne comprendra pas l'influence des masses. De sensibilité gréco-latine, il n'assimilera jamais le culte de la force, ni de la guerre, et observera toute sa vie une germanophobie exarcerbée. Pendant l'occupation, le père de l'Action française sera confronté à des dissidences parmi ses proches, avant d'être victime d'un procès politique en 1945. Il s'éteindra sept ans plus tard à la clinique de St-Symphorien-lès-Tours. 

  • Tocqueville : « l’espèce d’oppression, dont les peuples démocratiques sont me­na­cés »

     

    Publié le 20 mars 2017 - Actualisé le 12 avril 2018

    « Je pense que l’espèce d’oppression, dont les peuples démocratiques sont me­na­cés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde. [...] Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nou­velle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

    Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

    Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. il est absolu, détaillé, régulier, pré­voyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

    C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à tou­tes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.    

     

    Alexis de Tocqueville 

    Le Despotisme démocratique - Carnets de l'Herne - 2009

     

  • Royauté & Légitimité • La branche actuelle de la Famille de France des origines à nos jours ...

    Publié le 3 avril 2019 - Actualisé le 7 avril 2019

    Louis_XIII_(de_Champaigne).jpgLe 21 septembre 1640 : naissance de Philippe, second fils de Louis XIII, à l'origine de la branche actuelle de la Famille de France.   

    Louis XIII [Photo] et Anne d'Autriche n'auront que deux enfants - mâles - et encore, après 23 et 25 ans de mariage : Louis Dieudonné - le futur Louis XIV - en 1638, et son frère cadet, Philippe, né deux ans plus tard, en 1640.

    Ce dernier est à l'origine de l'actuelle Famille de France, couramment appelée « d'Orléans »  mais, évidemment, tout aussi « Bourbon»  que les descendants de Louis XIV, ce que certains ont tendance à oublier.

    1 Philippe_de_France,_Duc_d'Orléans_(1640-1701).jpg1. C'est à partir de la fin du XVIème siècle que l'on prit l'habitude d'appeler « Monsieur » le frère du Roi, ou l'aîné de ses frères : aussi Philippe [1640-1701] devint-il « Monsieur »  en 1660, à la mort de son oncle Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Il épousa d'abord, en premières noces, Henriette d'Angleterre, la fille du roi Charles 1er (le roi décapité, dont le très beau portrait, acheté plus tard par Louis XVI fit ainsi son entrée dans les collections royales, donc, plus tard, au Louvre...).

    «  ...Elle devint catholique en 1661 (à 17 ans) et épousa la même année Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV... Louis XIV la chargea en 1670 d'une mission secrète en Angleterre, auprès de son frère Charles II, qu'elle réussit à détacher de l'alliance hollandaise (traité de Douvres, 1670). Peu après son retour en France, elle mourut presque subitement, après avoir bu un verre d'eau de chicorée, et il est possible qu'elle ait été empoisonnée »    (Michel Mourre).

    Elle n'avait que 26 ans : c'est pour elle que Bossuet prononça sa célébrissime oraison funèbre (extrait) :  « Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? ... »

    Un an après, en 1671, Philippe épousa Charlotte-Elisabeth de Bavière, dite « la princesse Palatine : « Au milieu de la cour de Versailles, elle se singularisa par son esprit incisif et sa rude franchise, qui la firent redouter de beaucoup... »  (Michel Mourre). Louis XIV l'aimait beaucoup, et appréciait justement, chez elle, sa spontanéité, son esprit et sa franchise. 

    Comme Henriette d'Angleterre, première épouse de « Monsieur» , la princesse Palatine eut trois enfants de lui : elle fut la mère du duc d'Orléans, le futur Régent, qui sera le deuxième de la lignée.

    Philippe avait de réels dons de stratège : « Il se distingua en Flandre et aux Pays-Bas, dans les campagnes de 1667 et 1672, battit le prince d'Orange à Cassel* et amena la prise de Saint-Omer; ses succès excitèrent la jalousie de son frère, qui ne lui donna plus de commandement. Il protesta en vain contre le testament du roi d'Espagne Charles II, qui, en appelant au trône Philippe, duc d'Anjou, le frustrait des droits qu'il tenait de sa mère Anne d'Autriche sur la couronne espagnole »  (Michel Mourre). Faut-il voir dans cette double « déception »  le début d'une faille entre les deux branches des Bourbons « de France » , qui devait aller en s'élargissant, jusqu'aux conséquences épouvantables que l'on devait voir ?... 

    2 Portrait_of_Philippe_d'Orléans,_Duke_of_Orléans_in_armour_by_Jean-Baptiste_Santerre.png2. Bon général, comme son père, Philippe [1674-1723] - fils de « Monsieur » et de la princesse Palatine – « se distingua au siège de Mons (1691), à la prise de Namur (1692), fut blessé à Steinkerque et déploya tant de bravoure et d'habileté à Neerwinden (1693) qu'il fit ombrage à Louis XIV et fut quelque temps éloigné des armées. En 1706, on lui rendit cependant un commandement en Italie, puis en Espagne, où il soumit l'Aragon, la Catalogne et prit Lérida (1707-1708). Ayant vu au cours de cette campagne la faiblesse de Philippe V, il se mit à intriguer pour se placer lui-même sur le trône d'Espagne et fut rappelé par Louis XIV, qui l'exila de Versailles...»  (Michel Mourre). 

    Nouvel accroc à la solidarité familiale, Louis XIV, à sa mort, n’avait pas donné la Régence à Philippe, mais simplement la présidence du Conseil de Régence. Philippe n'eut aucun mal à faire « casser »  le testament de Louis XIV par le Parlement de Paris (le 2 septembre 1715, dès le lendemain de la mort du Grand roi). Le Parlement le reconnut comme Régent « pour exercer pleinement l'autorité royale » .

    « Il se rallia aux théories de Law, qui préconisait l'appel au crédit et le papier-monnaie : cette tentative permit une relance du commerce et l'allègement de la dette publique, mais s'acheva en banqueroute (1720)... Louis XV, devenu majeur en février 1723, laissa le duc d'Orléans à la tête des affaires, mais celui-ci mourut dès la fin de l'année...»  (Michel Mourre). 

    Pour mémoire, c'est lui qui acheta... «  le Régent » , peut-être le plus beau diamant du monde.

    3 Louis_d'Orléans,_Duke_of_Orléans_by_Charles_Antoine_Coypel.png3. Avec son fils, Louis, duc d'Orléans [1703-1752], troisième de la lignée, il n'y eut aucune discorde entre les deux branches de la Famille des Bourbons de France : « … il donna au contraire l'exemple des vertus et de la piété. Gouverneur du Dauphiné depuis 1719, il se consacra surtout à l'étude, se fit une grande réputation d'hébraïsant et constitua de magnifiques cabinets d'histoire naturelle et de médailles. Il acheva sa vie à l'abbaye de Sainte-Geneviève » (Michel Mourre). Louis d'Orléans est d'ailleurs couramment surnommé « le pieux » .

    4 medium.jpg4. Son fils, Louis-Philippe [1725-1785], quatrième duc d'Orléans, inaugura la politique démagogique que devait suivre son propre fils, le futur Philippe-Egalité :

    « Louis-Philippe se distingua dans plusieurs campagnes et devint lieutenant-général (1744)... protégeant les savants et les gens de lettres... il affectait de la sympathie pour les idées et les découvertes nouvelles, fut un des premiers en France à faire inoculer ses enfants, et consacra d'importantes sommes à des œuvres de bienfaisance »  (Michel Mourre).

    5 Portrait_of_Louis_Philippe_d'Orléans,_Duke_of_Orléans_(known_as_Philippe_Égalité)_in_ceremonial_robes_of_the_Order_of_the_Holy_Spirit_by.jpg5. C'est son fils Louis-Philippe Joseph [1747-1793] qui se fit appeler Philippe-Egalité, et joua sous la Révolution le rôle ignominieux qui devait, du reste, le conduire à l'échafaud, la Révolution mangeant toujours les révolutionnaires. Bon gestionnaire de la fortune de sa famille, il devint le plus riche des princes français. Anglophile à l'extrême, au point d'en devenir anglomaniaque, il fut exilé par Louis XV, car, lors de la révolution royalede celui-ci, menée avec Maupeou, qui consista à renvoyer les Parlements, il s'opposa à la politique bienfaisante du roi. 

    Plus tard, il devint l'ennemi acharné de Marie-Antoinette : après sa participation au combat naval d'Ouessant (1778), il se vit refuser la charge de grand amiral, et ce qu'il considéra comme un affront - qu'il attribua à Marie-Antoinette - fit de lui le chef de l'opposition. Il ouvrit à la foule - à laquelle il répandait ses largesses. - ses jardins du Palais-Royal, qui devint un centre d'agitation permanent. Il appuya, quand il ne les fomenta pas directement (comme les journées des 5 et 6 octobre 1789), tous les mouvements d'agitation révolutionnaire.

    Il devint clair pour tous qu'il voulait, sinon devenir roi, au moins être régent : même La Fayette fut obligé de le contraindre à s'exiler, un temps, en Angleterre, et Mirabeau se détacha de lui. A son retour, mais trop tard, Louis XVI tenta de se le concilier en le nommant amiral. «  Il crut enfin tenir sa chance après la fuite de Varennes (malgré notre estime pour Michel Mourre, le terme de « fuite »  est incorrect, et c'est le terme « évasion »  qui convient,) : élu vingtième et dernier député de Paris à la Convention, il prit le nom de Philippe-Egalité (septembre 1792) et n'hésita pas à voter la mort de son cousin Louis XVI. Mais le complot de Dumouriez et la fuite  de son fils avec ce général le rendirent néanmoins suspect. Arrêté en avril 1793, il fut condamné en novembre à la guillotine et mourut avec le dédaigneux courage d'un grand seigneur de l'Ancien Régime...»  (Michel Mourre).

    Il fut conduit à l'échafaud le 6 novembre 1793, soit trois semaines exactement après Marie-Antoinette, place Louis XV, devenue place de la Révolution, sur le lieu même où avaient été assassinées le roi et la reine ; et où le seront, un peu plus tard, ceux qui l'y avaient envoyé : Brissot de Warville, Danton,( Robespierre, Jacques-René Hébert, Saint-Just...

    6 Louis-Philippe_de_Bourbon_crop.jpg6. Sixième représentant de la lignée, son fils aîné, Louis-Philippe [1773-1850] devait devenir roi en 1830, après l'abdication de Charles X.

    Son règne de dix-huit années fut bénéfique pour la France, car il s'opposa courageusement aux entreprises de tous ceux qui voulaient recommencer les aventures tragiques de la funeste époque napoléonienne, et Jacques Bainville a justement montré comment la création de la Belgique fut bien « le dernier cadeau de la monarchie » .

    Mais, Louis-Philippe et Charles X commirent l'erreur de ne pas s'entendre, et cette « scission de 1830 » devait avoir les plus funestes effets, comme l'a montré également Jacques Bainville... Qui a bien montré encore comment Charles X et Louis-Philippe eurent tort de ne pas instaurer le suffrage universel - comme le fera très peu de temps après Louis-Napoléon, futur Napoléon III - ce qui aurait donné au régime royal l'assise populaire et la légitimité qui lui auraient permis de résister aux mouvements d'humeur ultra-minoritaires de quelques extrémistes parisiens, qui ne représentaient en rien ni tout Paris, ni encore moins la France !

    Le roi Louis-Philippe eut cinq fils. L'un d'eux, la prince de Joinville, Amiral, avait pour ami un certain Garnier, compagnon de navigation, qui devait être le grand-père de Charles Maurras, et qu'il vint visiter dans sa maison du Chemin de Paradis, à Martigues. Un autre, le duc d'Aumale, qui vit mourir très jeune ses deux garçons, offrit à la France (très précisément, à l'Institut), son splendide patrimoine de Chantilly et les fabuleuses collections qu'il contient.

    7 Prince_Ferdinand_Philippe,_Duke_of_Orléans_by_Ingres,_1832.jpg7. Cependant, seul le prince Ferdinand [1810-1842], père de Philippe, comte de Paris, et de Robert, duc de Chartres, prolongera la dynastie (ses quatre frères soit n'eurent pas d'enfants, soit les virent mourir très jeunes). Ferdinand devait, lui aussi, mourir jeune, et d'une façon tragique (après un accident de fiacre). 

    Il s'illustra dans la conquête de ces terres barbaresques sans nom ni régime clairement définis, qui n'étaient qu'un immense espace soumis nominalement à l'Empire ottoman, mais où seuls régnaient, en fait, la loi du plus fort et l'arbitraire. C'est la France qui devait organiser cet immense espace, en inventant pour lui, et en lui donnant, ce beau nom d'Algérie.

    8 Philippe VII.jpg8. Son fils Philippe, comte de Paris, deviendra Philippe VII à la mort du Comte de Chambord, lorsque la fusion sera réalisée entre les légitimisteset les orléanistes («.Les Orléans sont mes fils » ). Il résidait à l'Hôtel Matignon, où il menait grand train et d'où il organisait une intense activité, dont la république naissante finit par prendre ombrage, et même peur, car cela représentait pour elle un réel danger. C'est ce qui amena la cruelle et inique Loi d'exil de 1886. Obligé de quitter le territoire national, il s'installa à Bruxelles.  

    Cette loi d'exil intervint donc peu de temps après la fusion et la réconciliation entre les deux branches de la famille royale, et peu de temps aussi après l'installation de la république, encore très fragile : son prétexte fut que, le 14 mai 1886, eut lieu, à l'hôtel Matignon, la célébration du mariage de la princesse Amélie d'Orléans avec Charles de Portugal, héritier du trône de Portugal. L'importance de la fête, et l'espèce de démonstration de force que firent à cette occasion les Orléans, ainsi que la relation qu’en firent les journaux, monarchistes ou non (et, en particulier, Le Figaro) causèrent une grande inquiétude dans les milieux républicains.

    D'où de nombreuses attaques contre la famille royale, puis la loi du 26 juin 1886 : cette loi interdisait l’accès et le séjour sur le sol français aux chefs des familles royale (et impériale) ayant régné sur la France, ainsi qu’à leur fils aîné. Elle interdisait également à tous les hommes de ces familles de servir dans l’armée française. Mais, à la différence des précédentes, cette loi ne concernait que les prétendants (Orléans et Bonaparte) ainsi que leur fils aîné, et pas les autres membres de la famille. 

    C'est la raison pour laquelle, comme le raconte Léon Daudet, la reine de France sera présente à Notre-Dame de Paris pour la messe des obsèques de Philippe VIII [voir plus loin] ; ou que, le 13 juillet 1934, la même duchesse de Guise vint rendre visite à Charles Maurras, dans sa maison du Chemin de Paradis, à Martigues : c'est à cette occasion qu'elle lui déclara, en substance, » si la monarchie est restaurée un jour en France, monsieur Maurras, c'est à vous qu'on le devra...». Philippe VII mourut en exil en 1894.

    9 Philippe,_Duke_of_Orléans.jpg9. Son successeur fut son fils, Philippe VIII, duc d’Orléans qui devait mourir sans héritier [1869-1926]. 

    C'est de Philippe VIII que Maurras disait, en substance, qu'il aurait fait un grand roi; un grand roi qui avait manqué à la France. En 1905, il réalisa un important voyage scientifique au Groenland et au Pôle Nord : il est à noter que le Muséum d'Histoire Naturelle s'est enrichi des collections qu'il avait réunies au cours de ses divers déplacements.

    Dès la fondation de l'Action française, le Prince appuya le mouvement (il donnait, par exemple, mille francs par mois pour soutenir le journal).

    Il est l'auteur de la formule que le journal quotidien L'Action française prit comme devise, dès le premier jour de sa parution, en 1908 : Tout ce qui est national est nôtre. C'est lui, enfin, que Maurras et ses amis étaient allés visiter à Bruxelles lorsque fut lancée L’Enquête sur la monarchie ou que Maurras et Daudet allèrent visiter à Londres., en 1904.

    10 Jean_d'Orléans_(1874-1940).jpg10. A sa mort sans héritier, lui aussi en exil, en 1926, ce fut son cousin Jean, le duc de Guise, Jean III [1874-1940], qui lui succéda.

    Jean III était le fils de Robert, duc de Chartres, le deuxième fils de Ferdinand : c'est donc bien du seul Ferdinand, et non de l'un ou l'autre des quatre autres fils de Louis-Philippe, que descendent les représentants actuels de la Famille de France.

    Jean III fut le troisième et dernier membre de la Famille à mourir en terre étrangère, en l’occurrence au Maroc.

    11 Le_Comte_de_Paris_intervieuwé_par_Antenne_2.jpg11. Son fils, le Comte de Paris, Henri VI [1908-1999], lui a succédé. Celui des Mémoires d'exil et de combatqui rentra en France en 1950, la Loi d'exil ayant été abrogée, au bout de 64 ans, sur proposition du député MRP du Morbihan, Paul Hutin-Desgrées.

    Dans la période troublée de la seconde guerre mondiale, le Comte de Paris fit tout ce qu'il put pour accéder au trône, et fut parfois sur le point d'y parvenir, notamment depuis l'Algérie pendant le Seconde Guerre Mondiale, Mais trop d'oppositions (notamment celle des Américains) vinrent à chaque fois déjouer ses plans.

    « La Constitution de la Vème République ? De Gaulle l'a faite pour moi ! » aimait-il à répéter : de ce côté-là aussi, les possibilités, bien réelles, d'une ré-instauration de la Royauté devaient, hélas, être déçues. 

    12 4546967-henri-d-orleans-comte-de-paris-portrai-637x0-3.jpg12. Son successeur a été Henri VIIComte de Paris; né en 1933 et décédé le 21 janvier 2019, lui-même père du prince Jean de France.

    En 2009, il avait été fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire - pour faits d'armes en Algérie - par le président Sarkozy à l'Elysée.  

    Pour connaître ou se remémorer son action au cours des quelques vingt années pendant lesquelles il fut le Chef de la Maison de France, l'on pourra se reporter utilement à la page Wikipédia qui lui est consacrée. 

    13 Le-prince-Jean-d-Orleans-est-officiellement-le-nouveau-comte-de-Paris.jpg13. Le prince Jean - Jean IV, Comte de Paris - est aujourd'hui le Chef de la Maison de France. Marié à la princesse Philomena et père de cinq enfants, son fils aîné, le prince Gaston, est Dauphin de France. 

    La page Wikipédia du Prince vient de connaître une importante mise à jour. L'on pourra la consulter de même que l'on pourra se reporter à l'ensemble des articles de lafautearousseau traitant de la Famille de France,  principalement du Prince Jean qui, de longue date, en représentait l'avenir. Lien : Monseigneur le Comte de Paris, Famille de France

    Ce très rapide survol, à grands traits, de l'histoire de l'actuelle Famille de France ne prétend pas épuiser le sujet, mais seulement établir certains des faits les plus saillants de cette longue histoire.

    Il montre, surtout, les deux principales traditions servies par cette famille, tout au long de son histoire mouvementée : celle du service de la France par les Armes, et celle du service de la France par les généreuses donations de biens patrimoniaux, artistiques, ethnographiques, scientifiques.

    Des brillantes victoires militaires du fondateur de la Famille, Philippe, et de son fils, le Régent, à la Légion d'honneur « à titre militaire»  reçue par le Comte de Paris (Henri VII), en passant par les actions d'éclat en Algérie du Prince Ferdinand et la création de la Légion étrangère par son père, Louis-Philippe, ainsi que par la mort au combat, durant la Guerre d'Algérie, du Prince François, la tradition du service du pays à travers l'institution militaire ne s'est jamais démentie dans la Famille de France...  

    Vue-sur-Dreux.jpg• Quant aux donations, le mécénat du duc d'Aumale (envers l'Institut) fut poursuivi, on l'a vu, par celui de Philippe VIII (envers le Muséum d'Histoire naturelle), et par Henri VI, qui institua la Fondation Saint Louis afin d'assurer la pérennité de biens patrimoniaux inestimables, comme le château d'Amboise, le domaine de Dreux [Photo], le château de Bourbon l'Archambault.  

    Source [Actualisée / Extraits] : Ephéméride du 21 septembre (lafautearousseau - Rédigé par François DAVIN).

  • Livres & Histoire • LES DICTATEURS SOUS LA LOUPE

    Par Jean Sévillia

    1400806989.jpg

    En 1935, l'historien Jacques Bainville publiait son dernier livre, consacré à une étude comparée des dictatures à travers les siècles. Magistral.

    En 1918, le président américain, Woodrow Wilson [Photo ci-dessous], rêvait de « rendre le monde plus sûr grâce à la démocratie ».

    3598094297.2.jpgCette perspective pétrie de bons sentiments marquera les traités de paix de 1919-1920, qui seront imprégnés d'une morale contrastant avec le froid réalisme du système d'alliances conclu lors du traité de Vienne (1815), au sortir de trente ans de guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Ces traités scellant la fin de la Première Guerre mondiale, spécialement le traité de Versailles, Jacques Bainville en avait fait une critique aiguë. Dans Les Conséquences politiques de la paix, en 1920, il avait prédit le scénario qui se déroulerait quinze ans plus tard : avènement d'une dictature à Berlin, réarmement allemand, remilitarisation de la Rhénanie, annexion de l'Autriche, invasion de la Tchécoslovaquie, pacte germano-soviétique, invasion de la Pologne. Si Bainville, journaliste qui était aussi un historien, s'était montré prophète, c'est en appliquant sa méthode qui consistait, expliquait-il, à « penser historiquement ».

    XVM0834a832-e456-11e8-83d1-fc7ebc69ae48.jpgEn 1935, déjà atteint par le cancer qui lui serait fatal un an plus tard, il avait entrepris d'écrire Les Dictateurs, ouvrage que réédite la collection Tempus.

    Sous ce titre, l'auteur évoque pourtant, de l'Antiquité au XXe siècle, des figures qui ont exercé un pouvoir personnel, monocratique, mais pas toujours dictatorial : de Périclès à César, de Cromwell à Richelieu, de Robespierre à Napoléon III, de Lénine à Atatürk et de Mussolini à Hitler, la variété des personnages est grande.

    A travers cette galerie de portraits, Bainville cherche moins à décrire des systèmes politiques, dont il n'ignore pas les différences, qu'à dépeindre, fût-ce en quelques lignes, des « caractères », au sens où l'employait La Bruyère. Il veut surtout illustrer une loi que l'observation du passé lui a apprise : les dictatures naissent de circonstances imprévisibles qui ouvrent sur l'inconnu. Bainville, qui était monarchiste, n'aimait ni l'imprévisible, ni l'inconnu, ce qui ne le portait pas à l'indulgence envers les dictateurs. Il savait néanmoins, souligne l'historien Christophe Dickès, que la dictature fait partie des « permanences de l'histoire de l'humanité ». La preuve : l'Europe de l'entre-deux-guerres, démentant l'optimisme wilsonien, avait accouché d'une série de dictateurs.  

    006153549.jpg

    Les Dictateurs, de Jacques Bainville, présenté par Christophe Dickès, Tempus, 262 p.,9€.

    Source Figaro magazine, 5 avril

  • Livres & Actualité • L’ouvrage des méchants demeure périssable

    Robert Schuman, haute figure morale au service des États-Unis, explique comment la France pourra profiter d’une association politique non contraignante.

     

    Par Jacques Trémolet de Villers

     

    3444282921.2.jpg

    Justice. L’Union européenne est une création des États-Unis d’Amérique.

    Le livre de Philippe de Villiers J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu n’est pas déplacé dans cette rubrique où la justice est première.

    Cette plongée romanesque et policière – car le livre se lit comme un roman d’espionnage – dans les origines de « l’Union européenne » a une dimension juridique de grande importance – notre droit, en effet, est de plus en plus tributaire de ce qu’on appelle, par abus de mots, « le droit européen » alors qu’il s’agit d’un simple ensemble de contraintes réglementaires, porté par une idéologie qui prétend s’imposer comme le nouveau pouvoir spirituel. La Cour européenne des droits de l’homme y joue le rôle d’un consistoire laïc.

    images.jpgAu fil du récit mené de main de maître – qui a parlé de plagiat ? on y reconnait à chaque ligne le style et la mise en scène de cet exceptionnel auteur dramatique qu’est le créateur du Puy du Fou –, on voit se dessiner, dans la galerie de portraits, le vrai visage des « pères fondateurs », Jean Monnet et Robert Schuman qui, à la fin, tels des Lénine dans la Russie libérée, gisent à terre, déboulonnés de leur socle commun comme de vulgaires idoles.

    Le marchand du temple et le pharisien

    picture-Jean-Monnet.jpgLe « génial » Jean Monnet était d’abord et avant tout un intrigant, agent d’influence au service des services américains avec des rétributions qu’on peut dire « lourdes ». On songe, le talent en moins, au Voltaire de Frédéric II. Il a pu traverser les deux guerres mondiales sans jamais porter l’uniforme de son pays ni le servir dans quelque défense que ce soit. Quant à Robert Schuman, s’il a bien porté l’uniforme, en 14-18, c’était l’uniforme allemand, et en 39-45, il a erré de couvents en monastères pendant que d’autres combattaient sur tous les fronts. Deux « planqués » habiles, l’un plus mondain, dont le seul aspect attachant est son aventure amoureuse, bien qu’adultère, avec une splendide italienne qu’il épousera, grâce à la complicité de l’ambassadeur des États-Unis – son patron – et du maréchal Staline, en Union Soviétique, l’autre, « indigne national » rattrapé par De Gaulle, gagnait son banc à l’Assemblée Nationale comme un chanoine la stalle qu’il a si longtemps convoitée.

    Ah ! que cette démolition est jubilatoire ! Les conformistes s’étranglent de rage. Philippe de Villiers, en démontrant que l’Union européenne est tout sauf européenne, que ce n’est même pas « les États-Unis d’Europe », mais tout simplement le règne des États-Unis en Europe et le prélude d’un gouvernement mondial, est allé, au bout du mensonge, à la Vérité. Et cette vérité nous annonce, avec certitude, l’écroulement de cette prétendue Union.

    « L’ouvrage des méchants demeure périssable,
    Les idoles d’argent qu’ils se sont élevées
    S’écrouleront demain sur leurs bases de sable
    Et la nuit tombera sur leurs formes rêvées »,

    dit le psalmiste.

    Après la nuit, la lumière du jour

    Pour les assoiffés de justice qui sont aussi les amoureux de vérité, c’est une bonne nouvelle. Le temps est venu de revenir au juste et au réel en se libérant des carcasses absurdes et des dogmes idéologiques, pour retrouver la méthode du droit naturel qui veut que les juges et les avocats, au moyen de débats contradictoires, recherchent ensemble, dans chaque litige le droit – id quod justum est… ce qui est juste. Ce livre a sa place dans la grande tradition des écrivains « pourfendeurs de nuées », aux côtés de Léon Daudet et du Bernanos de La France contre les robots.

    On comprend que les bénéficiaires de cette « construction » se démènent comme des diables pour conserver leurs places, seul but aujourd’hui de la presque totalité des partis, mouvements et institutions dites politiques qui ne sont plus que ce qu’Edouard Parker appelait « des complots d’éduqués » pour vivre confortablement de l’argent public sans avoir à gagner leur pain à la sueur de leur front. Mais la construction, aujourd’hui, vacille sous le choc de la révolte des « puent-la-sueur ». En mettant à nu le mensonge qui a présidé à sa fondation, Philippe de Villiers contribue puissamment à sa chute. Après, entre nations rendues à la liberté de leur souveraineté, on pourra enfin parler et, donc, s’entendre, et l’Europe, la vraie, deviendra possible.

    de-saint-marc..jpgUn jour, aux Baux-de-Provence, j’étais assis à la table des dédicaces, à côté d’Hélie de Saint Marc. Pendant une pause, ce vrai héros de la résistance, qui se mourait à Buchenwald tandis que Robert Schuman se faisait dorloter dans un prieuré, me dit en aparté : « Vous êtes royaliste, vous ? » Comme je cherchais une réponse un peu argumentée, sans attendre, il ajouta : « Pensez à ceci : le vrai chemin pour une Europe des peuples passe par une Europe des Rois. » Là est l’avenir, quand nous aurons dégagé les débris du mensonge.  

     

    Jacques Trémolet de Villers

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  • Politique & Religion • 1939 : Il y a 30 ans, élection du pape Pie XII. L'Église de François est-elle la même ?

     

    C’est le 2 mars 1939 que le cardinal Eugenio Pacelli devint le Pape Pie XII.

    De sa première encyclique Summi Pontificatus, l’on peut extraire les lignes suivantes, lumineuses du simple point de vue de la science politique. Elles tranchent singulièrement avec le discours public de l’Église catholique d’aujourd’hui. Celle du pape François. Est-ce bien la même Église ?

    50689067.jpg« L’Église du Christ, fidèle dépositaire de la divine sagesse éducatrice, ne peut penser ni ne pense à attaquer ou à mésestimer les caractéristiques particulières que chaque peuple, avec une piété jalouse et une compréhensible fierté, conserve et considère comme un précieux patrimoine. Son but est l'unité surnaturelle dans l'amour universel senti et pratiqué, et non l’uniformité exclusivement extérieure, superficielle et par la débilitante. (…)  Et il n'est pas à craindre que la conscience de la fraternité universelle, inculquée par la doctrine chrétienne, et le sentiment qu'elle inspire, soient en opposition avec l'amour que chacun porte aux traditions et aux gloires de sa propre patrie, et empêchent d'en promouvoir la prospérité et les intérêts légitimes; car cette même doctrine enseigne que dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux. Le Divin Maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte. » 

  • FIN DE CYCLE

    Par Pierre Renucci  

    Une réflexion sur la nature des cycles qui constituent la vraie Histoire et sur les évolutions profondes que connaît le monde actuel. Où des motifs d'espérance se dessinent. 

    IMG_20180129_195658 (002).jpg

    Un cycle historique s’achève, entend-on souvent. Probablement. Attention pourtant à cette notion faussement simple.

    Ne nous imaginons pas les cycles historiques comme des assiettes empilées dans le buffet ou soigneusement posées sur une table. Ils ressemblent plutôt à des cercles concentriques, un peu comme des ronds dans l’eau provoqués par un caillou. Et les choses se compliquent quand ils s’entrecroisent avec d’autres ronds provoqués par d’autres cailloux lancés à des époques plus ou moins proches. Par exemple, le capitalisme industriel ne serait pas né sans la grappe d’inventions qui permit le machinisme ni sans les Lumières qui provoquèrent la révolution bourgeoise et l’esseulement de l’individu. Ce que l’on appelle fin de cycle, n’est donc bien souvent que la disparition de segments formés par l’intersection de plusieurs ronds dans l’eau… D’ailleurs, plutôt qu’à des cycles, l’Histoire ne ressemble-t-elle pas à une ligne qui s’incurve, se brise, se redresse au gré des événements ?

    587070524.jpgPartout, mais surtout en Europe, la ligne à peu près droite qui avait débuté en 1945 se tord. Cette année-là s’était achevée une guerre de trente ans entrecoupée d’une fausse paix. Une guerre perdue par l’Europe. Bien sûr, ce conflit mondial étant d’abord un conflit européen, il y eut des nations européennes vainqueurs et d’autres vaincues. Mais à l’exception de la Russie, l’Europe en tant qu’entité était la grande perdante. Vassalisée par les États-Unis et l’Union soviétique, elle entrait dans une longue dormition dont elle n’est encore pas sortie. Quoiqu’antagonistes, les deux suzerains partageaient la même détestation de la vieille Europe et la même croyance en leur propre vocation messianique. Leur objectif était en définitive identique : la création d’un homo oeconomicus standardisé, sans racine, sans culture, sans histoire. Seule la méthode différait. Les Soviétiques entendaient l’asservir à l’État communiste par la brutalité et de la planification. Les Américains, au Marché dominé par eux-mêmes, en diffusant l’american way of life avec sa culture de masse et sa production de masse.

    La ligne commence à se tordre, donc, avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la disparition de l’URSS en 1991. Cette inflexion marque la fin du cycle communiste en Europe, mais pas de celui de l’Europe vassalisée désormais soumise aux seuls États-Unis : la ligne s’incurve, elle ne se brise pas. Évidemment, dans un premier temps, la disparition du communisme donna l’illusion de la supériorité de l’Occident, entendu comme le modèle capitaliste américain.

    De fait, jusqu’à l’orée du XXI° siècle, ce néo-libéralisme empreint de libertarisme semblait devoir s’imposer au monde et réaliser les prétentions messianiques des États-Unis. Pour sa part, si l’Europe pouvait se féliciter d’être débarrassée de la tyrannie communiste, le déséquilibre des forces qui en résulta la soumit davantage aux « valeurs »   libéral-libertaires sous lesquelles se cache l’impérialisme du système américain. Cette soumission eut deux conséquences immédiates. D’un côté le suivisme des Européens dans la politique étrangère de leur suzerain : provocation envers la Russie, aventures militaires au Kosovo, en Afghanistan, en Irak. De l’autre et surtout, le façonnage accéléré de l’homo oeconomicus par le Capitalisme au moyen de l’invasion migratoire, de la propagande et de la farce sociétale.

    policiers-autrichiens-migrants.jpgL’invasion migratoire présente le triple avantage d’importer de la main d’œuvre à bon marché mais plus encore des consommateurs subventionnés par l’impôt prélevé sur les indigènes, et de détruire les identités nationales. On sait que l’invasion migratoire - cela fut confirmé par les révélations de Wikileaks de 2010 - est souhaitée et favorisée par les États-Unis pour détruire l’Europe de l’intérieur.

    Bien sûr, l’indigène regimbe un peu. Alors on l’éduque. La propagande commence à l’École, où l’enseignement du dogme de l’Humanité a depuis longtemps remplacé les humanités. Puis la machine politico-médiatique prend le relais, sous l’influence notable d’anciens communistes de toute obédience (trotskystes, stalinistes, maoïstes) reconvertis dans le libéral-libertarisme. Les catéchistes de la nouvelle religion ordonnent leurs prêches autour de deux thèmes principaux. Un, la glorification du dieu Marché et de ses hypostases que sont l’Immigré, le Féminisme, les Minorités ou la Libération Sexuelle. Deux, la culpabilisation du Blanc - surtout européen - responsable sans partage de tous les maux. Quant aux déviants qui s’avisent de contester la bonne parole, ils sont dûment châtiés par la mise à l’index, l’exclusion sociale et si ce n’est assez, par les juges nationaux et internationaux.

    La farce sociétale relève d’un registre plus subtil. Le Système utilise ce dérivé du libertarisme soixante-huitard à plusieurs fins. Sur le plan commercial, il ne s’agit jamais que de technique de « segmentation du marché » pour créer de nouveaux besoins, de nouvelles clientèles et de nouveaux profits. Ainsi s’explique l’émergence de produits de spéculation tel le non-art du type plug annal et emballage du Pont-Neuf, ou de services de satisfaction de l’individu-roi telle la GPA pour tous. Ainsi s’explique aussi le « ciblage » de catégories de population, tels les homosexuels, les communautés ethniques etc. Mais pour que ces  « segments de marché » développent leur plein effet, il faut les intégrer dans la religion de l’Humanité, le mettre sous la protection des droits de l’Homme, ce qui nécessite l’intervention du politique.

    1f34c-1_7ndf97etytbfdmogswz5g.jpgC’est alors que la farce sociétale revêt le masque de l’« opposition progressiste » au Système. On y trouve pêle-mêle les « cultureux » subventionnés par le ministère de la Culture, les minorités activistes (LGBT, indigénistes, ultragauche…), les « féministes 2.0 », bref toutes les chapelles du « jouir sans entrave ». La confrontation est évidemment factice. En réalité, si le Système feint de se démarquer de ces pantalonnades, c’est pour mieux s’en servir : en révolution permanente, le Capitalisme trouve dans les délires sociétaux de l’« opposition progressiste » la caution nécessaire à sa fringale destructrice. C’est pourquoi, après une résistance de bon aloi, il promulgua bien volontiers le mariage pour tous, consacrant du même coup les homosexuels en communauté et en segment de marché, et qu’il érigera bientôt PMA et GPA pour tous en droit de l’Homme.

    Ainsi donc, la monade humaine décérébrée, déracinée, déracisée, voit le jour, zombie dont l’appartenance se résumera à ses segments de consommation et dont le bonheur consistera à satisfaire les désirs soufflés par le Marché.

    Mais le pire n’est jamais sûr. Les échecs américains au Proche-Orient et en Afghanistan, la question identitaire au sein même de la société américaine, la crise financière, l’émergence de la puissance chinoise et demain indienne, le refus de la Russie de se laisser dépecer et vassaliser, ont redonné espoir à ceux qui attendent le réveil de l’Europe. À tout le moins, la vision unipolaire de l’american way pour tous c’est-à-dire du Marché dominé par les seuls Américains a désormais peu de chance de se réaliser.

    La partie s’annonce rude. Les forces de dissolution sont à l’œuvre depuis longtemps. Toutefois le Système n’est plus aussi fort qu’à ses débuts. Le capitalisme financier connaît une crise si grave, qu’il ne survit qu’au moyen d’artifices financiers comme la facilitation monétaire (quantitative easing), la socialisation des pertes bancaires et le recours indéfini aux emprunts.

    ENF-Koblenz.jpgEn Europe, les immigrés se comportent comme le souhaite le Système : ils s’adonnent à la consommation de masse et constituent des communautés qui affaiblissent les nations. Mais leur refus de s’assimiler provoque chez les indigènes une renaissance du sentiment national. Aux États-Unis, le peuple fatigué de l’immigration massive et du capitalisme débridé, élit un président populiste, avouant par là-même l’échec de la domination américaine du Marché. L’Europe de l’Est instruite par des siècles de luttes contre l’empire ottoman et par cinquante ans d’occupation soviétique ne veut ni d’une invasion migratoire musulmane ni de la tyrannie de l’UE, ces deux derniers phénomènes étant d’ailleurs liés. L’Autriche et l’Italie sont maintenant gouvernées par des « populistes » et ouvrent peut-être la voie à l’Europe de l’Ouest. En France le mouvement des Gilets Jaunes, sonne la révolte contre l’oligarchie. Sans doute ne dénonce-t-il pas l’invasion migratoire. Mais ne faut-il pas voir dans ce silence une « pensée de derrière » à la Pascal, dont l’« habileté » serait de taire ce qu’on ne peut encore hurler ? Peut-être, tant la crainte de passer pour raciste obère la parole. Pourtant, quels que soient les défauts de ce mouvement et la récupération dont il peut faire l’objet, on peut espérer que sa spontanéité et son origine éminemment populaire marquent le retour de la nation.

    Ce que nous vivons annonce peut-être une de ces secousses historiques dont les effets se mesurent à l’échelle du millénaire. L’Europe occidentale - l’homme malade de l’hémisphère nord - doit s’y préparer sous peine de disparaître. Royaume-Uni, Belgique, Suède, France sont les plus touchés.

    comte-paris-wikipedia.pngDe ces quatre nations sœurs, on peut espérer que la France sera la première à relever l’étendard du sursaut. Mais son système politique souffre d’un grave manque de représentativité. Contrairement aux Italiens, les Français ne peuvent compter sur aucun parti ni aucune alliance propre à renverser l’oligarchie qui gouverne depuis quarante sous l’apparence d’une fausse alternance. C’est d’ailleurs pourquoi le référendum d’initiative populaire demeure la principale revendication des Gilets Jaunes.

    Dans ce combat qui ne sera gagné qu’en retrouvant nos racines, en nous souvenant de notre héritage spirituel, un authentique arbitre serait nécessaire. Or la France a la chance d’avoir la plus vieille famille dynastique d’Europe et pourrait demander à son rejeton d’exercer cette fonction de roi-conscience.

    Puisse ce prince se faire connaître et se déclarer prêt à accomplir sa tâche : lever l’étendard du sursaut, celui de Saint-Denis !   

    Pierre Renucci
    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux 

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    Marc Antoine : un destin inachevé entre César et Cléopâtre  [26.00€]

  • « Lettres d’Ailleurs au Prince qui vient » : Louis XIV au prince Jean de France

    Par Jacques Trémolet de Villers

    Nos amis du blog de La Couronne ont eu la bonne idée de publier hier ces lignes signées de Jacques Trémolet de Villers, reprises de son livre Lettres d’Ailleurs au Prince qui vient, paru en 1999. Nous avons décidé de les reprendre à notre tour en appui de notre article qui précède, Des origines à nos jours, la branche actuelle de la Famille de France.  LFAR    

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    « Nous ne sommes pas et nous n’avons jamais été des prétendants. Nous sommes des serviteurs. »

    « Mon cher neveu,

    Et aussi pour une part que j’ai trop aimée, mon cher fils, ce que j’ai à vous dire est simple et grave. Mais c’est moi, et moi seul qui puis vous le dire. Vous êtes l’héritier légitime, le seul héritier légitime du trône de France, au regard des lois de succession, du droit international, du droit interne et du respect de mes volontés qui ont été déterminées par le seul intérêt de la France et de la paix en Europe. 

    Quand, j’ai envoyé la chair de ma chair et le sang de mon sang régner sur le Trône d’Espagne, ce fut, à la condition expresse, absolue, irrévocable, jurée devant l’Europe entière sur ce que nous avons de plus sacré, que ceux qui devenaient ainsi les Bourbons d’Espagne s’attachaient à l’Espagne et, en preuve irrévocable de cet attachement, renonçaient, pour eux et pour leurs descendants, à toute prétention à la couronne de France. Ce qui est dit est dit. Ce qui est juré est juré. Le respect de la parole donnée, la foi jurée des traités sont les conditions premières de la vie nationale et internationale. Nous ne sommes pas de la race de ceux qui renient ou les déchirent comme chiffon de papier. Nous nous interdisons de revenir dessus. Nul n’a le droit de rendre ses ancêtres parjures. 

    Depuis la fin de l’ère féodale et l’émergence des nations chrétiennes, les dynasties des grandes nations, et de la France en tout premier lieu, sont nationales. Ce qui signifie qu’elles épousent le sort de leur peuple, qu’elles vivent avec lui, en lui, de ses espoirs et de ses craintes. Elles sont dans le cœur du peuple comme le peuple est présent dans leur cœur. C’est pour que mes enfants servent loyalement l’Espagne que j’ai accepté qu’ils ne soient plus Français, espérant que par ce sacrifice, qui n’est pas sans analogie avec celui qui fut demandé à Abraham (…), je ferai d’une Europe d’adversaires une Europe de frères ou de cousins, seule façon plausible d’en faire une Europe de paix. Mais je savais aussi, par expérience acquise comme par raison naturelle et leçon d’histoire, que chaque famille, chaque nation doit d’abord être maîtresse chez elle. 

    L’important, pour nous autres Bourbons, n’était pas le renom des Bourbons. L’important, le primordial, notre raison d’être, c’était la France, et, pour ceux qui sont devenus d’Espagne, c’était l’Espagne. Nous ne sommes pas et nous n’avons jamais été des prétendants. Nous sommes des serviteurs, ou nous ne sommes rien. Nous sommes les serviteurs de l’État, les défenseurs de la république et les protecteurs de l’intérêt privé des Français, particulièrement des plus humbles. Là réside notre légitimité, et, là seulement. Elle n’est pas dans notre patronyme, non plus que dans exégèses de juristes qui prétendent que les renonciations auxquelles j’ai demandé à mes enfants de procéder seraient nulles ou non avenues. Un héritage ne se divise pas. C’est de moi, de mon sang, de mes filiations qu’ils tiennent leur droit. Ils l’ont reçu, ce droit, avec les réserves et les limites que je leur ai fixées. Qui viendra réformer ma décision ? Un aréopage de professeurs de droits et d’historiens va-t-il constituer une cour suprême qui jugera de la validité des décisions royales ? Mais je ne réponds que devant Dieu de ce que j’ai décidé et, en matière de royaume, ce que j’ai lié est lié. Ce que j’ai institué a permis à l’Espagne d’être l’Espagne, à la France d’être la France (…) Qui ne voit que nos histoires, pour être cousines, n’en sont pas moins différentes ? 

    Et au moment où le peuple de France, plus que jamais dans son pèlerinage temporel, éprouve le besoin physique de se reconnaître dans un prince incontestable, au service de tous, le connaissant et vivant avec lui, la même soi-disant cour suprême voudrait que le seul légitime fût Espagnol ! Ne laissez jamais, mon neveu, les juristes et historiens, les philosophes et les hommes de lettres, usurper sur ce qui est votre autorité propre et tient en trois mots : le bon sens. Le métier du roi est de faire prévaloir, en toutes choses, le bon sens. C’est très simple à voir, et très difficile à réaliser, car le cœur de l’homme, même celui des rois, est prompt d’abord au sophisme et à la complication. Il y faut une éducation que j’ai reçue et que j’ai voulu transmettre aux miens, c’est-à-dire au peuple entier, aux générations à venir. J’ai fait le siècle classique, qui fut celui de la beauté, de la grandeur, du charme et de la lumière qui s’attachent au bon sens. C’était très humble et ce fut très noble. 

    Tenez bon, mon neveu. Vous arrivez, comme je suis arrivé, ce qui n’est pas donné à beaucoup, au moment opportun, vous voici venir quand il faut et comme il faut. Ne vous laissez pas ébranler et ne laissez pas vos fidèles se perdre dans des débats qui ne sont même pas divertissants. Balayez ces vieilleries. Vous êtes un homme d’action et non un mannequin pour revue nostalgique. L’heure est à l’action. Montrez qui vous êtes, mon digne et légitime héritier. »   

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    Jacques Trémolet de Villers

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    lettre-au-prince-qui-vient-200x300.pngLettres d’Ailleurs au Prince qui vient

    Par Jacques Trémolet de Villers

    Édition Dominique Martin Morin

    Dans cet essai, Jacques Trémolet de Villers livre treize lettres, venues d’ailleurs, pour un prince d’ici, qui existe vraiment. Ces correspondants du ciel parlent à la terre. Les habitants de l’éternité s’adressent au prince de ce temps, le Prince Jean de France.

  • Dostoïevski : « la ténuité des racines qui unissent la République au sol français » ...

     

    « Décidément il existe chez tout républicain une conviction fort malheureuse, à savoir que le mot de « république » suffit à tout et qu’il n’y a qu’à dire que le pays est une République pour que son bonheur soit assuré de l’éternité. Tout ce qui arrive de fâcheux à la République, on l’attribue à des circonstances extérieures gênantes, à des prétendants, à des ennemis perfides. Pas une fois on ne songe à la ténuité des racines qui unissent la République au sol français. » 

    Dostoïevski, Journal d'un écrivain, 1877

    Lire ...
    Un sondage qui devrait réveiller les royalistes ... et les autres
  • Patrimoine cinématographique • Marie-Antoinette, reine de France

     

    Par Pierre Builly  

    Marie-Antoinette, reine de France de Jean Delannoy (1956)

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    Solide et émouvant  

    Évidemment, si l’on n’est pas ému, à l’extrême fin du film, par ces images fiévreuses du prêtre réfractaire qui s’est faufilé sous l’échafaud où l’on va couper en deux Marie-Antoinette, qui lit en balbutiant les prières des agonisants et qui est brusquement interrompu dans son oraison par le sang de la reine assassinée qui ruisselle, il faut mieux éviter de perdre son temps et garder pour soi une occasion de ricaner qui ne serait pas de très bon goût. 

    Marie_Antoinette_reine_de_France.jpgJe concède volontiers que Jean Delannoy n’est qu’un honnête cinéaste et non pas un immense créateur. Mais il a construit là un beau film grave, bien construit, bien photographié, bien émouvant, et Michèle Morgan, qui, à mes yeux a toujours porté une ombre de tristesse dans son regard, y est mieux que personne cette reine qui passe de la frivolité naïve, de la légèreté gracieuse du début de sa vie à la tragédie d’une femme saisie par une tourmente qu’elle comprend mal, puis au drame de l’épouse dont on tue le mari et qu’on sépare de ses enfants avant de la conduire à la mort. 

    tumblr_p5biiqQ2DD1soti42o10_500.pngLe beau visage inexpressif et un peu bête de Michèle Morgan convient particulièrement à l’illustration du drame de cette femme dont la vie n’a été que contraintes et souffrances, et qui est morte, sacrifiée, à 38 ans, haïe d’une foule sanglante, puérile et imbécile. 

    Le film de Jean Delannoy, qui a eu un grand succès, n’est pas très bon.

    Il accorde une place démesurée à une intrigue hasardeuse, présentant la passion amoureuse de marie_antoinette-02.jpgMarie-Antoinette et du comte Alex de Fersen (Richard Todd) comme avérée, ce qui n’est pas l’avis de nombre d’historiens sérieux, mais offre l’avantage cinématographique d’instiller des épices romanesques qui font pleurer Margot. 

    Ce qui est plus embêtant (car, après tout, l’aventure avec Fersen, qu’elle ait eu lieu ou non, n’a, aux yeux de la postérité, aucune importance), c’est que, banalement, Delannoy présente Louis XVI comme le font les pires chromos de l’historiographie militante : un lourdaud insouciant et glouton, uniquement préoccupé de chasses, de bombances et de serrurerie, alors que le Roi, géant (1,92 mètre), timide et pataud était passionné de sciences et de découvertes (on dit que ses derniers mots sur l’échafaud furent A-t-on des nouvelles de M. de La Pérouse ?, grand navigateur qu’il avait envoyé compléter la cartographie du monde connu, et qui disparut corps et bien aux Nouvelles-Hébrides). 

    Surtout Delannoy, qui fut pourtant un homme de droite, ne dit pas un mot de ce que furent les tentatives désespérées et continuelles de Louis XVI de réformer l’Ancien Régime ; je cite là Wikipédia : abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d’Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787. Il est aussi marqué par quatre tentatives de réformes profondes du royaume (1774-1776, 1781, 1787 par deux fois) passant par l’instauration d’un impôt direct égalitaire (en remplacement de la taille inégalitaire) et d’assemblées provinciales élues destinées à contrôler cet impôt. Ces dernières réformes butèrent sur l’hostilité des privilégiés, en particulier celle de la noblesse de robe, celle du Parlement de Paris et celle de la Cour de Versailles. Louis XVI tenta alors de passer outre leur opposition en présentant ses réformes devant une assemblée de notables (1787) puis devant les États généraux (1789).

    S’il eût été réalisé, ce grand œuvre de réformation eût sauvé la Monarchie et épargné à la France et à l’Europe les monstruosités de la Terreur et les guerres de la Révolution et de l’Empire, tant de ruines et de sang… Mais Delannoy n’en dit pas un mot. 

    348848.jpgCela dit, il faut bien admettre que le film, d’insignifiant et caricatural au début, devient, au fur et à mesure que les événements s’accentuent, aussi pathétique que le fut la réalité. Comme on l’a remarqué, il y a de la grandeur et de l’émotion à voir la famille royale humiliée, abîmée, souillée par les révolutionnaires et conservant une immense dignité, une grandeur admirable dans les épreuves et les abominations. Le couple royal, rassemblé à l’origine pour des raisons profondément et hautement politiques, ce couple mal assorti trouve dans son malheur de suffisantes raisons de se hausser à la grandeur du Destin qui lui est dévolu. 

    image_bonus_A_0948115907.jpgSi l’on peut comprendre, sans admettre, l’exécution du Roi Louis XVI comme un rite sacrificiel archaïque, primitif et fondateur, l’assassinat de la Reine n’a aucune justification et ne peut bénéficier d’aucun pardon : la République est souillée à jamais par ce crime inexpiable ; que des rues et des places françaises portent encore le nom de Robespierre est aussi incompréhensible que si des places allemandes se baptisaient encore du nom d’Adolf Hitler. Et le sang qui ruisselle sur l’autel hâtivement édifié sous l’échafaud par un prêtre réfractaire qui dit en toute hâte les prières des agonisants au moment où la guillotine coupe en deux la Reine retombe encore en pluie désolée sur notre pays. 

    Une observation sur le film : il est assez singulier, et finalement rigolo que Delannoy ait choisi, pour incarner le buveur de sang Marat, Jacques Dufilho, dont les opinions politiques étaient notoirement royalistes et que, parallèlement, le prêtre réfractaire qui, au péril de sa vie, célèbre sous l’échafaud, le sacrifice, soit Michel Piccoli, notoire compagnon de route du Parti Communiste ! Merveilles du cinéma ! 

    Une observation sur le DVD, qui n’est pas à l’honneur de Gaumont : le sang de la Reine étoile à peine les ornements sacerdotaux que les images sont brutalement interrompues pour revenir au Menu… Dix secondes de plus n’auraient pas été si coûteuses….           

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    DVD autour de 15 €     

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.