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Idées, débats... - Page 398

  • Patrimoine cinématographique • La Chinoise

     

    Par Pierre Builly  

    La Chinoise de Jean-Luc Godard (1967)

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    Encore plus détestable que tout le reste 

    Beaucoup de ceux qui ont apprécié La Chinoise argumentent de façon quelquefois séduisante sur les aspects qui leur paraissent innovants et intéressants dans le cinéma de Godard.

    Ils font mine de ne pas attacher plus d'importance que ça au fond du sujet, estimant même que le Genevois a simplement capté l'air du temps qui, de fait, était à Mao.

    lachinoise-6.jpgEt, comme j'avais 20 ans très engagés (évidemment pas du tout de ce côté là) en 67, je peux témoigner de l'étrange séduction que la Chine exerçait sur les étudiants, alors infiniment plus politisés qu'ils ne le sont aujourd'hui. 

    Tout cela aurait sa pertinence si le parcours ultérieur de Godard, en Mai 68 et surtout ensuite ne montrait que le cinéaste a partagé, tout au moins un bon moment les utopies, les folies, les aveuglements, de cette génération cinglée.

    La Chinoise.10.jpgCinglée, assurément… En exemple la conversation surréaliste dans un train entre Véronique (Anne Wiazemsky) et Francis Jeanson, censé être son ancien professeur de Philosophie. 

    Francis Jeanson, en termes révolutionnaires, ce n'est pas de la gnognote : c'est l'organisateur des réseaux de soutien qui faisaient passer fonds, armes et explosifs aux terroristes qui plaçaient ensuite des bombes dans les cafés les plus fréquentés pour faire le maximum de victimes (revoir La bataille d'Alger). En somme un type effrayant, avec plein de sang sur les mains, mais d'une grande cohérence avec ses idéaux anticolonialistes.

    La Chinoise.3.jpgMais, dans le film il est effaré, stupéfait, presque démuni devant l'amateurisme, l'absence de vraie conscience politique et de sens du rapport de force de la jeune fille. Pourquoi ? Elle se propose, avec deux ou trois de ses camarades, d'aller placer des bombes dans les amphis des universités afin de tuer assez de professeurs et d'étudiants pour que, la panique venant, le Gouvernement soit obligé de fermer toutes les écoles ainsi qu'on vient de le faire dans la Chine de la Révolution culturelle sous prétexte de régénération. 

    La stupeur de Jeanson irait plutôt dans le sens de la moquerie de Godard envers ses personnages si ses critiques ne portaient pas sur l'irréalisme du projet, mais plutôt sur son horreur, qui ne le gêne pas du tout. Ce genre de trucs a ensuite conduit à toutes les dérives, en Europe (Action directe, la Fraction Armée rouge) et, sur une échelle industrielle, au Cambodge, avec les Khmers rouges. Ça ne fait rien : ça paraît toujours un peu ridicule mais bien sympathique… Caprices d'enfants gâtés, péchés de jeunesse bien pardonnables, exaltations généreuses finalement sans importance… 

    90be1da95fbcdc300a76c1adf693213c.pngVoire ! Comment se fait-il que les gens qui ont accroché au maoïsme (entre 25 et 70 millions de morts, selon les sources), qui sont nombreux et bien installés dans les allées de tous les pouvoirs puissent venir la ramener aujourd'hui alors que, s'ils avaient eu la moindre esquisse de sympathie pour le nazisme ils seraient disqualifiés à jamais (à tort ou à raison) ? C'est un des côtés les plus dégueulasses du film de Godard : faire mine que tout cela n'a pas d'importance. 

    Un des côtés les plus dégueulasses, mais pas le seul : le cinéaste fou furieux multiplie ses tics et ses obsessions de filmage : prises de vue frontales, omniprésence des couleurs primaires (jaune, bleu, rouge), bavardages prétentieux, insertions de maximes, irruption de la bande-son, enfantillages prétentieux et arrogants, sans finesse ni subtilité. 

    Mais comment ce sale type irresponsable a-t-il pu avoir du succès ? Ma génération me fait souvent honte…                 

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    DVD autour de 13 € si on a l’idée saugrenue de regarder ça

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Cinéma • Le chant du loup

    Par Guilhem de Tarlé     

    A l’affiche : Le chant du loup, un film français d’Antonin Baudry, avec François Civil (Chanteraide – dit « Chaussette » - l’ « oreille d’or »), Mathieu Kassovitz (l’Alfost, Amiral commandant les Forces Océaniques Stratégiques), Reda Kateb (Grandchamp, Commandant de L’Effroyable,  Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins ou SNLE, ), Omar Sy (d’Orsi, Commandant du Titane, Sous-marin Nucléaire d’Attaque ou SNA) et Paula Beer (Diane).

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    « Une  fiction passionnante qui met à l'honneur la Royale »

    La publicité du Chant du loup  est ainsi faite que j'en avais retenu le seul nom d'Omar Sy, et je ne m'étais pas intéressé à son côté animalier.

    Or, si j'aime bien les bêtes, et mon épouse davantage encore, l’« intouchable » Omar Sy m'insupporte et je craignais un scénario 5da40.jpgautour de lui, une mise en scène de l'acteur, raison d'être exclusive  de la réalisation ; peu m'importait d'ailleurs de savoir quel rôle il y jouait du loup ou du chanteur.

    Pourquoi l'avoir ainsi mis en avant quand le casting est ce qu'il est ?

    La plaisanterie est triviale de dire dans l'armée qu’avant d'obéir à un ordre il faut attendre le contrordre pour éviter le désordre…

    le-chant-du-loup-copier.jpgC'est tout le sujet du film.

    Une  fiction passionnante qui met à l'honneur la Royale et la force dissuasive nucléaire française en cas de crise internationale grave.  

     
    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.
  • Journée de la francophonie : Message de Monseigneur le comte de Paris

    jean-d-orlean-dans-paris-patch2-400x250.pngDéfendre la langue française

    Comme Chef de la Maison de France, je m’associe à la Journée Internationale de la Francophonie, qui célèbre chaque 20 mars depuis 21 ans, notre belle langue française.

    Cette langue simple et claire, expression de notre génie français, qui fait partie d’un patrimoine dont nous pouvons être fiers, est parlée dans 88 pays et par 300 millions de personnes, présentes sur les cinq continents. Langue de la diplomatie, elle est un atout incomparable pour la France. Au cours de mes nombreux voyages - du Liban au Québec, de l’Asie à l’Amérique Latine en passant par l’Afrique - j’ai pu constater que la langue française suscitait un engouement qui ne se dément pas depuis le règne de François Ier.

    Moteur de croissance durable, le Français et ses multiples accents, représenté par l’organisation internationale de la Francophonie (OIF), est aussi un facteur d’unité et de cohésion qui rassemble tous les peuples à travers un dénominateur culturel, économique et géopolitique commun.

    Langue de paix qui a donné à l’Europe ses plus grands auteurs, une académie prestigieuse que l’on nous envie, elle est un trésor à défendre et à partager car elle exprime non seulement une identité mais définit aussi des exigences qui ne peuvent être bafouées au nom d’un quelconque progressisme, comme l’écriture inclusive, la novlangue ou l’intrusion d’anglicismes, qui risqueraient d’en changer la nature profonde.

    Ciment de notre histoire, la langue française est notre patrie dans ce qu’elle a de national et celle de bien d’autres peuples dans ce qu’elle a d’universel.

    Jean, Comte de Paris Domaine Royal, le 19 mars 2019

     

    Le prince Jean de France

  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie {3/3]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et ce mardi 19 mars.  

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    L’autre grand pourvoyeur de chevaux diplomates aux dirigeants français fut l’Empire ottoman, et son principal bénéficiaire l’empereur Napoléon 1er.

    téléchargement.jpgLe Janissaire, Le Soliman, Le Bacha, Le Bajazet lui ont été offerts en 1808 par le sultan Mahmoud II [Photo], inquiet que le résultat de la rencontre à Tilsit, l’année précédente, entre Napoléon et le tsar Alexandre 1er, ne lui soit défavorable.

    Il suivait en cela l’exemple de son cousin et prédécesseur Selim III, qui avait offert à Bonaparte, au début du règne de ce dernier, un cheval si extraordinaire, Le Vizir, que Napoléon ne voulut jamais s’en séparer, pas même lorsqu’il dût partir en exil à l’île d’Elbe !

    La légende raconte que lorsqu’il vit partir ce bel étalon gris pour la France, Selim [Photo] s’adressa à lui en ces termes : « Va, mon cher III._Selim.jpgVizir ! Va pour Mahomet, et va pour ton sultan ! Va, et deviens le plus illustre cheval de Napoléon. »

    Son vœu fut exaucé.

    Si le fait d’offrir un cheval a été souvent un moyen diplomatique assez efficace, une bonne façon de se concilier les bonnes grâces d’un concurrent, ou de se réconcilier avec un adversaire, il est arrivé au moins une fois que cela déclenche au contraire une véritable crise politique.

    Ce fut le cas, par exemple, lorsque François Mitterrand reçut, en 1993, un superbe cheval akhal-téké du président d’une républiquette gazière d’Asie centrale, le Turkménistan.

    86982_mazarine-une.jpgAu lieu de faire comme tous ses prédécesseurs – à savoir remettre l’animal à l’administration des Haras nationaux –, Mitterrand commit l’erreur de chercher à cacher ce qu’il allait en faire : l’offrir secrètement à sa fille naturelle, Mazarine, passionnée d’équitation. Pourquoi secrètement ? C’est qu’à l’époque, l’existence même de la petite Mazarine, fille illégitime du président, était un secret d’État bien gardé.

    Akhal_Teke_Stallion_-_Goklen.jpgTrop curieux sans doute, certains passionnés de chevaux – catégorie à laquelle j’avoue appartenir – finirent par découvrir que le bel étalon (d’ailleurs un peu caractériel) était logé dans une discrète résidence des environs de Paris, où la fille clandestine du président venait souvent passer ses week-ends. La révélation de cette double vie d’un homme usant d’un double langage et s’affranchissant allègrement de la séparation des affaires publiques des affaires privées provoqua un scandale qui, c’est certain, gâcha un peu ses dernières années de règne.

    On le voit : offrir un cheval n’est jamais un geste anodin. ■  (Suite et fin)

    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

    Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie  [1/2]   [2/3]

  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [2/3]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et mardi 19 mars.  

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    Souffleur : ce fut le triste sort réservé deux siècles plus tard à un autre cheval venu d’Afrique du Nord.

    Nous sommes en 1975, l’Algérie a accédé à l’indépendance depuis une douzaine d’années lorsqu’enfin le président de l’ancienne métropole s’y rend en visite officielle. C’est un événement, que le président algérien de l’époque, Houari Boumédiène, veut marquer d’un geste solennel.

    image174145-640x320-1461772744.jpgBien que simple fantassin et n’ayant jamais mis ses fesses sur un cheval, il connaît la haute valeur symbolique qu’on accorde, dans le monde arabe, au don d’un cheval : c’est un geste de confiance et d’amitié. Il ordonne donc de trouver dans ce qui reste d’un cheptel largement décimé par la guerre et par l’épidémie de peste équine qui frappa le pays dans les années 1966/1967, un bel étalon à offrir au président Giscard d’Estaing.

    32335_4970940080919_1577214104_n_zpsae5d5645.jpgOn en trouve un, dénommé Ouassal, un barbe pur, typique de sa race, gris, 1 m 54 au garrot, âgé de 6 ans. Plus embarrassé qu’honoré par cet encombrant cadeau, le président français en confie la garde aux Haras nationaux, qui ne savent trop qu’en faire, la race n’étant plus reconnue en France depuis 1962, c’est-à-dire la fin de la guerre d’Algérie et la dissolution des derniers régiments de Spahis. Alors on le relégua, le malheureux, au rôle un peu humiliant de simple renifleur… jusqu’à ce que, quinze ans plus tard, et donc en 1989 ou 1990, la race soit à nouveau reconnue (et je me flatte d’y être pour quelque chose !) en France. Voilà alors le brave Ouassal, qui n’est plus tout à fait jeune – il a un peu plus de vingt ans –, mais est encore vigoureux, autorisé enfin à saillir des juments en toute légitimité. A sa troisième saillie, le 1er janvier 1991, son cœur s’arrête brutalement. Mort d’émotion, sans doute.

    414ohBTr3AL.jpgLoin d’être oubliée, cette triste histoire a connu ces dernières semaines un rebondissement inattendu. Dans un ouvrage intitulé « Le soleil ne se lève plus à l’est » (Plon, 2018), Bernard Bajolet, l’ancien patron de la DGSE – les services secrets français – raconte ses souvenirs de diplomate. Il a de quoi raconter, en effet, ayant été en poste, avant de diriger le Renseignement extérieur, à Sarajevo, Ammam, Alger, Bagdad et Kaboul. Evoquant son premier poste en Algérie, comme simple attaché d’ambassade, il raconte que (je cite) « c’était fâché que j’avais quitté l’Algérie de ce premier séjour en 1978 ». Fâché pourquoi ? Parce qu’on ne l’avait pas autorisé à emmener avec lui un cheval dont il s’était entiché, « un superbe étalon barbe à la robe blanche et aux crins argentés », appelé Qalbi, ce qui en arabe, précise-t-il, signifie Mon cœur : « Les autorités refusèrent, raconte-t-il, de m’accorder le permis d’exportation en dépit de multiples démarches, sous le prétexte que ce cheval appartenait à une race protégée ».

    timthumb.jpgCes explications ont aussitôt déclenché dans la presse algérienne une vague de protestations d’autant plus véhémentes que Bernard Bajolet [Photo en compagnie de Bouteflika], dans d’autres passages de son livre, n’est pas tendre pour le régime algérien : « S’il semble avoir laissé son cœur en Algérie, écrit non sans ironie la journaliste Ghania Oukazi dans Le Quotidien d’Oran, en enjambant l’histoire, Bernard Bajolet a dû même y laisser sa mémoire ! ».

    L’ancien patron des services secrets français semble oublier en effet qu’à l’époque des faits, c’est la France, et non l’Algérie, qui avait nié l’existence du barbe en tant que race d’élevage. Comment reprocher dans ces conditions aux Algériens d’avoir pris, en limitant les exportations, des mesures de sauvegarde de la race ? Interrogé par le journaliste, le Dr Benaïssa, que tout le monde connaît pour avoir été l’un des fondateurs – et le secrétaire général – de l’OMCB (Organisation mondiale du cheval barbe), a rappelé cette chronologie, qui aurait dû amener Bajolet à un peu plus de modération dans ses propos.

    Une espèce de fatalité pèse ainsi sur les relations entre la France et l’Algérie à propos des chevaux. Après l’affaire Ouassal, il y eut, en 2003, l’affaire Mebrouk, un cheval offert par le lointain successeur de Boumédiène, Abdelaziz Bouteflika, au lointain successeur de Giscard, Jacques Chirac : pour des raisons qui m’échappent, cet étalon fut jugé par les zootechniciens français auxquels il fut confié, indigne de représenter la race barbe pure, et fut déclassé en « arabe-barbe ». Puis il y eut l’affaire Kheir : ce beau barbe, né comme Ouassal à Tiaret, alors âgé de 4 ans, fut offert à Nicolas Sarkozy. Hélas, à peine arrivé en France (en mars 2008), le pauvre animal – qui devait devenir le reproducteur de référence des Haras français – est atteint par l’épidémie d’artérite virale qui sévit alors… et doit être castré !

    JCC0609013.jpgSous le règne du président Hollande, nouvelle malchance : en 2012, le président Bouteflika offre à son nouvel homologue français cette fois non pas un cheval mais deux chevaux. Un mâle et une femelle : un cadeau exceptionnel ! S’il est en effet de tradition d’offrir des étalons, il est rarissime d’offrir des poulinières, sauf à vouloir honorer tout particulièrement le récipiendaire qui se trouve ainsi en mesure de perpétuer une lignée. Hélas, la forte charge symbolique dut échapper au président Hollande, les deux animaux étant séparés dès leur arrivée en France, le mâle confié au Haras du Pin, où d’ailleurs on ne pratique plus de saillies, et à la femelle à la jumenterie de Pompadour, où d’ailleurs l’État a cessé de faire naître des poulains.

    L’échange de chevaux s’est toujours mieux passé entre la France et le Maroc. Mais je ne m’étendrai pas sur le sujet.* (À suivre, demain mardi)  ■

    * J’évoquerai tout de même l’arrivée à Versailles le 16 février 1699 d’un lot de chevaux offerts par le Sultan du Maroc, Moulay-Ismaïl, à Louis XIV. Et l’heureuse surprise de Pierre Loti, lors de son voyage au Maroc, au printemps 1889, d’y voir la descendance de « trois juments normandes offertes par le gouvernement français au sultan Moulay-Hassan » vers 1885.
    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

    Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [1/2]

  • Société • Vers un monde sans hommes ni femmes ?

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    Cette tribune - de celles que nous reprenons souvent pour leur pertinence - est parue dans le Journal de Montréal du 14 mars. Qu'on le lise ! Tout simplement. LFAR  

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    « Les savants fous ont pris le contrôle. » 

    Notre époque est traversée par un fantasme terrifiant : l’effacement programmé et délibéré de la différence entre l’homme et la femme. De toutes les manières possibles, il faudrait déconstruire ce qui les distingue, pour qu’advienne un jour un être humain sans aspérités, ni homme ni femme, à moins qu’il ne soit les deux à la fois, selon son choix.

    Pour peu qu’on scrute l’actualité en ayant cela en tête, on trouve mille exemples confirmant cette tendance.

    Genre

    Hier, l’hebdomadaire français L’Obs nous apprenait ainsi que des chercheurs danois en lutte contre les « stéréotypes de genre » avaient présenté dans un festival technologique texan une voix numérique absolument neutre, qu’on ne saurait dire masculine ou féminine.

    Apparemment, cette voix non genrée contribuerait à la lutte contre les discriminations, ce qui n’est peut-être qu’une confirmation parmi d’autres que ce pseudo-combat généralement célébré relève trop souvent du grand n’importe quoi.

    Car si la simple distinction entre l’homme et la femme passe désormais pour une marque de discrimination, c’est bien la preuve que nous venons de basculer dans un univers parallèle. La norme véritable de l’humanité serait-elle asexuée ?

    On le constate aussi régulièrement avec la fameuse question des trans.

    On doit naturellement faire preuve de la plus grande ouverture envers ceux et celles dont l’identité sexuelle est confuse au point de se sentir étrangers à leur propre corps. C’est une forme d’humanisme élémentaire. Mais on ne saurait faire de leur situation dramatique la nouvelle norme censée représenter l’ensemble de la population, qui n’a jamais douté un instant de son identité sexuelle, même si on cherche à la fragiliser délibérément. Il en est de même lorsqu’on parle de la fluidité de ceux ou celles qui ne se reconnaissent pas particulièrement dans un sexe et dont l’identité serait flottante et non binaire. L’importance médiatique gagnée par ces catégories idéologiques est symptomatique du fait que nous sommes sous hypnose idéologique.

     

    Autre exemple qui ne surprend plus. On a récemment débattu en France du remplacement sur les formulaires administratifs des catégories père et mère par parent 1 et parent 2. Il faut dire que cette manie est partout présente en Occident, y compris au Québec.

    Qu’il faille ajuster notre vocabulaire administratif pour l’adapter à la réalité des familles homoparentales, personne n’en disconvient. Mais fallait-il pour cela abolir le père et la mère, ou les rendre invisibles, alors qu’il s’agit de fonctions symboliques inscrites dans les profondeurs de la psyché humaine ?

    Ce qu’on voulait encore une fois renverser, c’était la différence sexuelle.

    Folie

    On pourrait en revenir à cette évidence plurimillénaire que ne peut perdre de vue qu’une civilisation décadente : le masculin n’est pas le féminin, un homme n’est pas une femme, et ces différences sont fondatrices pour l’humanité.

    Lorsque nous ne sommes plus capables de reconnaître les réalités élémentaires de la condition humaine, c’est bien la preuve que nous basculons dans un monde où les savants fous font la loi. ■   

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • Racines & Histoire • Le cheval dans la diplomatie [1/2]

    jeanlouis-gouraud (1) cartouche.jpgPar Jean-Louis Gouraud

    Conférence prononcée par Jean-Louis Gouraud au XIe Salon du Cheval à Mazagan-Eljadida (Maroc) en octobre 2018. Parution en 3 parties dimanche 17, lundi 18 et mardi 19 mars. 

     

    téléchargement.jpgLorsque le président Mao Tse Toung, soucieux de réchauffer les relations – jusqu’ici glaciales – entre son pays, la Chine, et les États-Unis, offrit au président américain Richard Nixon venu lui rendre visite (c’était en 1972) un couple de ces gros oursons qui ressemblent à des peluches portant des lunettes de soleil, on se mit à parler d’une « diplomatie du panda ».

    The_Qianlong_Emperor_in_Ceremonial_Armour_on_Horseback.jpgDeux siècles auparavant, se pratiquait en Chine une autre façon de témoigner sa bonne volonté et son désir de nouer de bonnes relations : en offrant non pas des nounours mais des chevaux.

    Le musée Guimet, à Paris, possède un splendide rouleau panoramique dû à un peintre de cour montrant ainsi l’empereur Quianlong [Photo], sous le règne duquel la Chine connut son apogée (c’était au XVIIIe siècle), recevant trois magnifiques chevaux des mains d’ambassadeurs kirghizes ou kazakhs venus faire allégeance.

    Ainsi, lorsque le président Macron, croyant sans doute bien faire, offrit récemment (en janvier 2018) au président Xi Jinping un cheval, certaines mauvaises langues – dont la mienne – se demandèrent si le président français avait ainsi voulu marquer son allégeance au président chinois.

    Sans doute pas, mais à cette ambiguïté s’ajouta dans cette affaire une maladresse : le cheval offert, prélevé sur les effectifs de la Garde républicaine (qui est d’environ quatre cents chevaux) en effet, était un hongre !

    1034662968.jpgOr, entre souverains et hommes de cheval, on le sait bien, on ne s’offre que des chevaux entiers. Donner un cheval qui ne peut pas reproduire équivaut à refiler une pendule qui ne marque pas l’heure : c’est presque une insulte.

    Heureusement, il semblerait que le président chinois se soit montré malgré tout très satisfait du cadeau, ce qui tendrait à prouver qu’en Chine aussi les bons usages se perdent.

    Dans le cas d’Emmanuel Macron, on avait eu déjà la preuve de son manque d’éducation en la matière lorsque, à peine élu, il avait réservé sa première visite en dehors de France au corps expéditionnaire envoyé dans le nord du Mali pour tenter d’en éradiquer la menace islamiste. Apprenant cette visite, le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta – dit IBK – était venu à la rencontre du président français, qui avait fait poser son avion non pas à Bamako, la capitale, mais à Gao, la principale ville du nord. Pour honorer son hôte, le président malien non seulement fit l’effort de le rejoindre à Gao mais lui proposa un bel étalon gris de race locale. Ce que Macron – je ne sais pas en quels termes exactement – refusa. Gentiment, j’espère ! Autrefois, ce genre d’affront aurait provoqué une rupture des relations diplomatiques.

    gettyimages-161558892-1024x1024.jpgCette histoire me rappelle un peu celle du cheval offert au milieu du XVIIIe siècle par le bey de Tunis, Hussein Ben Ali, au roi de France, Louis XV. Une histoire bien connue, puisqu’elle a été merveilleusement racontée (et enjolivée) par deux grands écrivains populaires : Eugène Sue en 1846 et Maurice Druon [Photo] en 1957. L’animal, appelé Cham, n’avait pas eu l’heur de plaire à Louis XV, qui avait ordonné d’en débarrasser ses écuries. La pauvre bête se retrouva alors sur le pavé parisien à tirer une carriole, jusqu’à ce qu’un Anglais, de passage à Paris, discerne un formidable potentiel dans la misérable haridelle qu’était devenu ce cheval.

    Pour une poignée d’avoine, il l’achète, l’amène à Londres où, après mille péripéties, le bestiau se retrouve dans le haras d’un aristocrate passionné de courses, Lord Godolphin. L’endroit est prestigieux mais Cham y est relégué au simple rôle de souffleur. On disait, à l’époque, agaceur, ou boute-en-train. Un job assez frustrant : il s’agit pour le cheval d’aller renifler l’arrière-train d’une jument afin de déterminer si la dame est disposée, ou non, à recevoir l’hommage d’un étalon. Si c’est non, la femelle proteste vigoureusement en décochant à celui qui la renifle quelques belles ruades. Si c’est oui, on ramène le malheureux souffleur à l’écurie, pour laisser la place à un étalon de prix, auquel on ne voulait pas faire prendre le risque d’un coup de pied malencontreux.

    hqdefault.jpgUn jour, il faut le comprendre, Cham finit par se révolter. Rompant ses liens, il alla honorer une belle alezane qui passait par là. De cette union imprévue naquit onze mois plus tard un poulain extrêmement rapide à la course. Du coup, si je puis m’exprimer ainsi, le propriétaire débaptisa Cham pour lui donner son propre nom, Godolphin, qui devint le principal reproducteur de son élevage, ainsi que l’un des fondateurs d’une race appelée à un bel avenir, que les Britanniques ont le culot d’appeler le « pur-sang anglais » [Photo](À suivre, demain lundi et mardi)  

    Voir dans Lafautearousseau ...

    De Péroncel-Hugoz : JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

  • Patrimoine cinématographique • Le monocle rit jaune

     

    Par Pierre Builly

    Le monocle rit jaune de Georges Lautner (1964) 

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgQue la France était belle ... 

    On réévaluera sûrement un jour le cinéma de Georges Lautner qui eut un immense succès mais qui fut vilipendé, méprisé, insulté par tout ce que la production française compte de prescripteurs et de têtes pensantes.

    On rappellera les films avec Belmondo (Flic ou voyou, Le guignolo, Le professionnel) ou avec Delon (Les seins de glace, Mort d'un pourri) et naturellement avec Mireille Darc, qui, à elle seule aura symbolisé la liberté de la fin des années Soixante (Galia, La grande sauterelle, Fleur d'oseille et bien d'autres...). 

    Mais naturellement, on devra revenir au meilleur, ce pourquoi Lautner restera : l'introduction de l'insensé dans le cinéma français de comédie ; je n'écris pas le burlesque, le terme semblant réservé à ce genre bizarre imité du muet, illustré (?) par le muet Pierre Etaix. L'insensé, c'est l'alliance entre la folie des situations et la subtilité outrancière des dialogues ; ceux de  Michel Audiard dans Les tontons flingueurs et Les barbouzes, ceux de Jacques Robert dans la série engagée avec Le monocle noir, qui s'achève, malheureusement, avec le chef-d’œuvre du genre, Le monocle rit jaune. 

    hqdefault.jpgVoir le sidérant trio composé de Paul Meurisse, Marcel Dalio et Robert Dalban chanter sur une scène de beuglant hongkongais J'irai revoir ma Normandie est déjà magnifique ; mais entendre le troisième couplet de cette romance niaise passer sur un rythme de swing est plus sidérant que toutes les audaces de la prétendue Nouvelle Vague. Lautner ne craignait rien, n'hésitait devant rien, se moquait des règles et des bien-pensances ; en trois ou quatre ans (en gros de L’œil du monocle à Galia), il a sûrement été un des cinéastes français les plus inventifs, les plus polissons et les moins conformistes. 

    03-le-monocle-rit-jaune.jpgSituations délicieuses tournées avec des bouts de ficelle (Lautner raconte assez drôlement le tournage dans le supplément du DVD) et dialogues exceptionnels, dits par un Meurisse sublime ; ainsi le propos du commandant Dromard avec cette fière allure parfaitement décalée, déjà rodée dans les deux premiers opus de la série, à l'arrivée dans la baie de Hong Kong, le propos qu'il tient à son fidèle compagnon, le sergent Poussin (Robert Dalban) : Sentez-vous le parfum des alizés qui vous apportent les douces senteurs de l'Empire du Milieu ? Entendez-vous le tintinnabulement des porcelaines Ming dans des palais verdoyants où des mandarins laissent s'écouler le temps paisible en compagnie de concubines lascives ?. Comment résister ? Et comment résister au grand moment du discours funéraire déclamé par Meurisse en imitation des vastes périodes de Bossuet ? 

    Le-Monocle-rit-jaune-1964a-DVDrip-by-Galmuchet-mkv-snapshot-00-2.jpgLe monocle rit jaune est un très très bon film, surtout si l'on passe sur l'insignifiance de l'intrigue et quelques faiblesses de distribution ; ainsi le jeune blanc-bec interprété par Olivier Despax, un de ces beaux garçons interchangeables (comme Gil Vidal ou Jean Sorel) qui tentaient alors de faire la pige à Alain Delon, et qui est particulièrement exaspérant... 

    J'ai dit tout le bien que je pensais de Paul Meurisse, séduisant, délicieux, flegmatique, lunaire, irrésistible.

    ob_3520b5_monoclejaune07.jpgUne mention à l'immortel Dalio qui, en plus, interprète un personnage merveilleux de petit Juif de ghetto polonais qui a trouvé en France sa vraie patrie, l'a libérée, a traqué le Boche jusqu'à Berlin, s'est engagé et s'est battu à Dien-Bien-Phu,  puis a servi son pays d'adoption en traficotant dans l'import-export aux portes de la vaste Chine.

    Belle émotion quand, tué dans un combat qu'on voyait bouffon, son camarade de combat Dalban le salue d'un Au revoir, petit Normand ! qui touche vraiment juste. 

    La France décide, pour sauver le monde de l'emprise de pacifistes frénétiques, d'agir seule, sans la paralysante approbation de l'O.N.U. La Chine ressemble à ce qu'elle aurait dû rester : celle de Tintin et du Lotus bleu ; entrelacs des rues, des passages ombreux et des jonques ; celle des tandems, des pousse-pousse, des fumeries d'opium. 

    Bref, nous avons beaucoup perdu à la mondialisation.                       

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    DVD autour de 9 € .

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • JEAN-LOUIS GOURAUD, « LA PLUS BELLE CONQUÊTE DU CHEVAL »

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    « ... Ça tient à un seul mot : Cheval. » 

    C’est au Maghreb que j’ai pris conscience du rayonnement de mon confrère Jean-Louis Gouraud (Le Figaro, Jeune Afrique, La Revue, etc.). Un rayonnement pan-nord-africain car, dans les cinq pays (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie), composant cet ensemble géopolitique, jadis romano-berbère puis musulman sunnite et où, malgré les points communs, chacun se déteste, s’épie, se joue des tours, se nuit (surtout depuis la décolonisation au milieu du XXème siècle) ; eh bien Gouraud, lui y a toujours eu et continue à y avoir partout des amis loyaux et efficaces. Ça tient à un seul mot : Cheval. 

    51XM4YT18SL._SX333_BO1,204,203,200_.jpgL’hippologue et hippophile français fait l’unanimité au Maghreb à cause de sa science hippologique. Les Nords-Africains ont une passion commune : le cheval. Ardente, indémentie, pas suffisante pour dépasser les clivages politiques mais permettant à Gouraud, depuis des décennies, d’être partout bien reçu au Maghreb ; chez feu le colonel Kadhafi, au temps de sa rude splendeur, chez les rugueux cactus du sérail politique algérois, à la cour policée de Sa Majesté chérifienne ou encore dans l’ancien Fort-Gouraud en Mauritanie qui reprit un jour son nom français pour honorer le journaliste hippologue en visite. 

    « Si Gouro » 

    Je me souviens des commentaires de mes confrères marocains, au fameux Salon international du cheval d’El-Jadida (Mazagan de son nom indigène historique), il y a peu d’années, lorsque « Si Gouro »[1] y fut reçu en audience particulière par le roi Mohamed VI et son frère unique, l’émir Moulay-Rachid : « Gouraud aime et connaît les chevaux ». Au Maroc, une telle remarque vous classe un homme une fois pour toutes et a le pas sur toute autre considération. De quoi causèrent le monarque chérifien, le prince et l’hippologue ? De chevaux bien sûr et en particulier du geste remarquable du Palais ayant consisté à racheter, pour les haras royaux du Maroc, les derniers percherons français, cette antique race paysanne abandonnée par une France infidèle à son héritage campagnard, contrairement à son ancien Protectorat marocain. 

    jlgouraud-equitation-blog-cheval-aventure.jpgGouraud, c’est aussi l’homme d’un fameux raid équestre à travers la Russie, en 1990, au cours duquel il franchit 3333 kilomètres en 75 jours avec la même monture, qu’il offrit ensuite au libérateur Mikhail Gorbatchev, l’ex-apparatchik qui fit sortir son pays du communisme avec le moins de casse possible. Au passage, signalons quand même, pour les curieux, que Gouraud, un vrai Arabe en ce qui concerne sa vie personnelle, est marié à une ressortissante russe qui lui a donné un fils nommé Nicolas-Timour. Les enfants Gouraud, nés auparavant d’autres unions de notre ami, portent les prénoms très évocateurs d’Hannibal (qui ne faisait pas la guerre aux Romains qu’avec des éléphants mais aussi, bien sûr, avec des chevaux) ou d’Attila (qui conquit l’Europe à cheval). 

    De Xénophon à Jeanne d’Arc 

    Véritable encyclopédie vivante du cheval à travers âges et civilisations, Gouraud a publié, comme auteur ou éditeur, des dizaines d’ouvrages sur les thèmes équins et où défilent aussi bien Xénophon que Jeanne d’Arc ou l’émir Abdelkader. 

    51iltBlOAhL.jpgUn des livres les plus captivants de Gouraud est Le Pérégrin émerveillé (Prix Renaudot 2013 du Poche) où il nous fait voyager en croupe « par monts et par chevaux ». Pas avare d’humour envers lui-même, ce qui est fort rare, notre homme a intitulé un de ses ouvrages : Hippomanie… Pour l’anecdote encore, sachez que c’est Gouraud qui révéla au monde la confiscation par le Président François Mitterrand d’un cadeau d’Etat, reçu en Kirghizie, lors d’une visite officielle, à savoir le cheval de la rarissime race Akhal-téké prénommée Gendjim et que Mitterrand avait détourné au profit de sa fille adultérine férue d’équitation… 

    Bref, rien, absolument rien de ce qui concerne les chevaux n’échappe à Gouraud et il en fait bénéficier le public avec une générosité sans faille. C’est ce que je constatais en 2018, au Salon d’El-Jadida, avec l’essayiste et vétérinaire marocain Jamal Hossaini-Hilali[2], en écoutant ensemble une conférence publique de Gouraud, riche en ironie et en notations politico-historiques, en liaison avec « La plus belle conquête de l’Homme », conférence restée inédite à notre connaissance. Voici donc ce texte plein de saveurs pour les lecteurs de lafautearousseau.  

    [1] Si : Monsieur en arabe nord-africain
    [2] Auteur entre autres d’un excellent livre sur un thème inédit : Des vétérinaires au Maroc sous le Protectorat français (1912-1956) Ed. Adrar, Rabat, 2015. Prix 2016 de l’Académie vétérinaire de France. Cet auteur s’est aussi fait connaitre pour avoir redécouvert un peintre animalier français du Maroc protectoral, Mattéo Brondy, ancien vétérinaire militaire fixé ensuite à Meknès, où il mourut en 1944. Hossaini-Hilali prépare maintenant sur Brondy un livre qui, sans doute, ne laissera pas Gouraud indifférent… Sur Brondy, voir aussi mon article « La colonisation par les vétérinaires » La Nouvelle Revue d’Histoire, Paris, janvier 2015.
  • Cinéma • Grâce à Dieu

    Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Grâce à Dieu, un film « magistral » (selon l’affiche) de François Ozon, avec François Marthouret (Mgr Barbarin), Bernard Verley (l’abbé Bernard Preynat), Melvil Poupaud (Alexandre Guérin), Denis Ménochet (François Debord), Swann Arlaud et Josiane Balasko (Emmanuel Thomassin et Irène, sa mère), Frédéric Pierrot (Capitaine Courteau).

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    « Imagine-t-on un même film sur une autre communauté religieuse, professionnelle ou politique ? »

    Grâce à Dieu…Y aller ou ne pas y aller ? C'est une question que je me suis posée depuis la 1ère bande-annonce, bien avant la sortie du film, et avec davantage d’acuité encore au lendemain de la condamnation de Mgr Barbarin.

    Y aller, n'est-ce pas hurler avec les loups ? Ou au contraire s’informer pour participer, « en même temps » que ce film-événement, au « grand débat » sur ladite condamnation.

    Ne devient-on pas, d’ailleurs, inéluctablement l’agneau de l’Évangile quand on a l’honneur de prendre place sur le « Mur des c… » ? Et la Parole libérée ne nous permet-elle pas de relire à haute voix « Le jugement des juges » du poète fusillé ?

    Y aller, c'est surtout accepter de voir la réalité en face... N'est-ce pas le philosophe Marcel Clément – je crois - qui enseignait : L'Église est sans péché mais elle n'est pas sans pécheurs ?

    Grace-a-Dieu-la-Bande-annonce-VF.pngGrâce à Dieu est un film à charge,  totalement à charge.

    Et l’on notera que les « coupables » portent leurs vrais noms alors qu’il n’en est pas de même des autres personnages !

    En outre, selon les critiques, ce film a été « tourné dans le plus grand secret » !

    Vous avez dit « transparence » ?

    A charge, bien évidemment, quand faisant fi de la présomption d'innocence, il affirme la pédophilie du père Preynat… Mais n'y a-t-il pas désinformation à continuer d’appeler « présumé innocent » le coupable qui a avoué  ?

    A charge, quand, longuement, à plusieurs reprises, il nous submerge dans les prières - « Seigneur, je ne suis pas digne.. » - pour nous forcer à n'y voir qu'hypocrisie.

    Centre-victimes-Preynat-combat-liberer-parole-Francois-Ozon-revele-ditdes-audiences-proces-Barbarin_0_728_509.jpgA charge, - c’est l’objectif avoué -, contre le cardinal Philippe Barbarin, toujours en faisant fi de la présomption d’innocence puisque le film est sorti avant le jugement, alors que la procédure judiciaire était en cours… Mais Mgr Barbarin n’est-il pas l’homme à abattre puisque, « Primat des Gaules », il a été le fer de lance – le film le rappelle - contre « Le Mariage pour Tous » ?

    A charge donc contre l’Église catholique – « écrasons l’infâme » disait déjà Voltaire – complice par son silence, et donc coupable d’un péché par omission : Alexandre Guérin, après avoir à plusieurs reprises affirmé que son action n’était pas contre l’Église mais au contraire pour la « sauver », finit par nous dire qu’il lui suffit d’être baptisé, donc chrétien, et qu’il n’a pas besoin des autres sacrements.

    grace-a-dieu-ce-que-notre-critique-cinema-en-a-pense_4426180_497x330p.jpgA charge enfin – le but ultime (inavoué) - contre Dieu, avec cette dernière scène où ce même Alexandre s’abstient de répondre – un « silence éloquent » - à son fils qui l’interroge : « Crois-tu encore en Dieu » ?

    Un bon long-métrage, néanmoins, « magistralement » interprété, et très politiquement correct !

    Imagine-t-on, d’ailleurs, un même film sur une autre communauté religieuse, professionnelle ou politique… Cela ferait, comme l’écrivait Cohn Bendit en 1975, « Le grand bazar ».  

     PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • VIE D'UN HOMME ILLUSTRE

    Hélie de Saint Marc

    Par Jean-Christophe Buisson

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    C'est ce soir ...

    Un documentaire réalisé à partir des textes laissés par Hélie de Saint Marc, qui met en lumière le destin de ce grand soldat au sens de l'honneur aigu. 

    CHERS ORPHELINS DE GRANDS HOMMES, le documentaire de 52.minutes (Histoire, ce 15 mars, à 21 h 35) consacré au commandant Hélie de Saint Marc, disparu en 2013 après une vie exemplaire, ne va pas aider à vous faire admirer notre époque où les héros à chanter sont aussi nombreux que les parents donnant à leurs enfants le prénom de Marie en Seine-Saint-Denis (voir à ce sujet l'étude de Jérôme Fourquet).

    Même si Hélie de Saint Marc, témoin du siècle n'apporte pas d'éléments nouveaux sur cette figure incarnée de l'honneur et de la droiture, il a notamment pour mérite de ne donner la parole qu'à l'officier lui-même. A partir de ses écrits — nombreux et superbes —, lus par Jean Piat, Marcela Feraru et Jean-Marie Schmitz reconstituent, images d'archives parfois inédites à l'appui, la trajectoire singulière d'un homme qui, 91 ans durant, s'en tint à un principe d'airain : ne pas décevoir, ne pas déchoir.

    Enfance bordelaise où naît sa passion (méconnue) pour la nature et se développe, grâce aux « hussards noirs de la République », un haut sens de la morale et de la patrie.

    Désespoir où se mêlent dégoût et fascination pour « la force joyeuse du vainqueur allemand », en 1940. Résistance et déportation à Buchenwald avec cet apprentissage de la grandeur et de la misère de l'homme, ce « regard fixe retourné vers l'intérieur » qui devient le sien malgré lui, cette révélation de « l'absolue vérité des êtres ».

    L'engagement dans la Légion, « la grande affaire de ma vie ». L'Indochine, histoire de troquer la noirceur des camps de la mort avec la lumière du Tonkin. Le traumatisme d'avoir à abandonner au couteau viêt-minh ces milliers de supplétifs dévoués de l'armée française.

    45273.jpgPuis l'Algérie, les rêves de fraternisation sans lendemain en mai 1958, le putsch — seule manière de ne pas trahir à nouveau la parole donnée, seule réponse possible à « l'abus de confiance » du général de Gaulle —, le procès, la prison, le statut de réprouvé jusqu'à la réhabilitation des années 2000 avec le prix Femina, la grand-croix de la Légion d'honneur. Cet honneur enfin, et légitimement, retrouvé.

    Ce destin raconté et montré est exceptionnel. Il eût mérité une hagiographie. Il n'en est rien.

    Ce documentaire remarquable est une leçon de vie. Et de philosophie de la vie.  

    Source : Figaro magazine, dernière livraison. 

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

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    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.
  • Cultivé Trudeau ? Il n'a pas du lire Claude Lévi-Strauss... Macron non plus. Nous leur conseillons ce qui suit !

     

    « Il n'est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au dessus de toutes les autres et d'éprouver peu d'attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. (...) Cette incommunicabilité relative n'autorise pas à opprimer ou à détruire les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n'a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. » 

    Claude Lévi-Strauss

    Conférence à l'UNESCO, Race et culture

  • Patrimoine cinématographique • L’esquive

     

    Par Pierre Builly

    L’esquive d’Abdellatif Kechiche (2004)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgQu'est-ce qu'on peut faire ? 

    Je n'avais pas détesté La graine et le mulet, et l'idée de voir Marivaux en banlieue me semblait être une idée singulière mais admissible. Après tout, pourquoi pas ? Mon âge me donne tout le temps de regarder n'importe quoi, y compris les choses les plus incongrues. 

    Passé l'agacement de ne pas comprendre une phrase sur deux, phrase hachée, mâchée, grognée, hurlée, aboyée par des gamins qui n'ont avec ma propre manière de s'exprimer qu'une parenté lointaine, je me suis pris au jeu. Je n'ai pas détesté, je n'ai pas méprisé, j'ai même compati devant ces pauvres gamins à qui notre décadence n'offre aucune échappatoire que le football ou le gangsta-rap (sélection autrement plus rigoureuse, au demeurant, que celle des concours des meilleures grandes écoles). 

    72266242-13db-4f16-81dc-5f2053d09664_2.jpgPauvres petits enfants perdus de nos banlieues, si lointaines et si proches, à qui des professeurs fous furieux et magnifiques essayent d'inculquer un peu de ce bagage qui n'a cessé de s'éparpiller depuis cinquante ou soixante ans sur les routes de l'exploitation mondialiste et de la destruction des identités... Elle est parfaite, cette prof' de Lettres qui croit encore à une sorte de mission sacrée et qui, alors que la barbarie est à la porte essaye de replonger ses chers et pauvres sauvageons dans le raffinement de siècles qui leur sont étrangers... Sauvageons touchants, émouvants, pathétiques même lorsqu'ils ne s'expriment que dans la rage de leur pauvre vocabulaire, même lorsqu'ils ne parlent que de niquer la race de l'autre et que se battre les couilles (même et surtout pour les filles) leur semble être l'ultima ratio de la désinvolture. 

    Je ne sais pas trop ce qu'il faut faire, là-bas, de l'autre côté du Périphérique : envoyer les gosses se mesurer à Marivaux, dans le raffinement superbe de la fin d'un monde civilisé ou se mettre au niveau de leur sous-culture, leur enseigner les textes de Nique ta mère et de Grand corps malade... Je ne sais pas. Je trouve beau qu'on essaye de leur faire toucher du doigt l'élégance, la sophistication, la perversité subtile, la finesse des grands textes décadents. Beau et désespérant. 

    arton40-1450x800-c.jpgDans une des scènes les plus fortes du film, le professeur (Carole Franck) aborde vraiment le sujet : la détermination sociale. Dans la pièce (et toujours chez Marivaux), les valets ont beau se déguiser en maîtres et les maîtres en valets, ce jeu artificiel d'échange et de surprise ne va pas bien loin : à la fin de la pièce, chacun retrouve son milieu, son territoire, sa race. Dommage que Kechiche, peut-être effaré par la désolation de ce qu'il va dire, s'arrête au bord du précipice, recule à l'idée de désespérer les Francs-Moisins... Et là c’est lui qui esquive. Je songe que Belvaux dans Pas son genre a eu davantage de courage (de rage ?) en montrant la résignation de Jennifer la coiffeuse (Émilie Dequenne) qui n'a pas pu malgré tous ses efforts et son enthousiasme amoureux, marcher au même pas que son  Clément le professeur de philosophie (Loïc Corbery) : il y a des choses qui ne se rattrapent pas... 

    hqdefault.jpgQu'est-ce qui va se passer après que les gamins auront joué devant les familles assemblées les entrelacs compliqués de l'écriture classique ? Peut-être si Lydia (Sara Forestier) qui semble avoir en elle la rage et la volonté d'aller plus loin, pourra traverser le périph'... Mais les autres resteront confinés dans leur relégation, entre trafics, petits et grands, chômage endémique, puis confinement à la maison, pour les filles, avec trop de mômes à torcher et petits boulots de rien du tout pour les garçons, avec trop de crédits à rembourser... 

    Et là, Marivaux !...                                      

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    DVD disponible autour de 8 € .

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Les Tambours de Bâle : voilà l'Europe que nous aimons, que nous voulons...

    Cette Europe, c'est l'Europe des Nations, des Traditions, des Cultures : toutes différentes, mais issues de fondamentaux commun, jaillissant d'un même tronc solide et puissant, comme les multiples branches d'un arbre vigoureux qui élance ses branches haut vers le ciel, parce qu'il pousse ses racines profondément dans la Terre...

    Vive l'Europe des peuples, non à la semble-Europe de la commission de Bruxelles...

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    Passez donc 6*31** époustouflantes avec eux ! : 

    https://vimeo.com/20408504

  • Livres & Actualité • Sionismes

    Par Charles de MEYER*

    web-charles-de-meyer-c2a9-sos-chretiens-dorient.jpgIsräel et le sionisme sont le territoire de bien des fantasmes.

    D’une doctrine mal connue, et plus complexe que son résumé hâtif, beaucoup tirent des admirations et des détestations excessives. Et si l’affirmation que certains biberonneraient à l’antisémitisme dans « les territoires perdus » est polémique en France, c’est une réalité constante du Proche-Orient. Je connais même des généraux libanais qui parlent hébreu et n’ont pas de mots assez durs pour le monde juif. Mais c’est une autre histoire.

    Le livre de Jean Pierre Filiu sur Benjamin Netanyahou, Main basse sur Israël, se lit donc en restant sur ses gardes. « L’Orient compliqué » n’a pas gagné en simplicité avec la création de l’État d’Israël et son évolution implique l’intégralité des états voisins. Des implications souvent cachées pour continuer à attirer les plus de 3000 juifs Français qui émigrent vers Israël chaque année.

    800px-Al-Husayni1929head.jpgJean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain. Il est peu de dire que nous ne partageons pas la même expérience de la région et que nos vues divergèrent largement sur le sort de la Syrie. Il n’en reste pas moins intéressé de longue date à l’histoire d’Israël et de la Palestine, au point de s’étrangler quand il entendit Benjamin Netanyahou affirmer, le 20 octobre 2015, que la Solution Finale fut susurrée à Hitler des lèvres du Grand Mufti de Palestine [Photo]. S’il y vit les excès électoralistes d’un homme politique roué, il en profita pour disséquer de manière très intéressante les débats à l’œuvre en Israël et auprès de la diaspora juive du monde entier.

    Embourbé dans les polémiques contemporaines, le lecteur oublierait vite que cette histoire fut aussi faite de dissensions juives. Les rapports avec la puissance mandataire anglaise des divers partis sionistes furent diamétralement opposés, entre ceux qui collaborèrent avec la Grande-Bretagne et les forces comme l’Irgoun, qui multiplia les attentats en 1938, ou d’autres équipées extrémistes qui allèrent jusqu’à assassiner le ministre résident britannique au Caire en novembre 1944. Pour Jean-Pierre Filiu, la famille Netanyahou s’inscrit clairement dans l’héritage des camps les plus fanatiques, notamment sous la houlette d’un pur et dur, Zeev Jabotinsky. Ce dernier, inventeur d’un courant dit révisionniste, fut très actif auprès de la communauté juive polonaise, dont il était originaire, et milita en faveur de la colonisation de la Transjordanie.

    Bibi-grave-TN.jpgPour Filiu, « Bibi » Netanyahou est « un alliage de perversité et de médiocrité » qui a utilisé ses années de diplomate aux États-Unis pour forger un réseau international. Pendant les années Reagan, il aurait tourné le dos aux progressistes et transformé l’AIPAC, le lobby américain de la diaspora juive, en organe fanatique. Élu en 1988 à la Knesset, Netanyahou ne reculera devant aucune bassesse et aurait quasiment provoqué l’assassinat d’Yitzhak Rabin. Il sera élu Premier ministre en mai 1996 pour trois ans avant de revenir à la tête du gouvernement de mars 2009 à aujourd’hui. Jean-Pierre Filiu écrit : « au-delà de la défaite de Pérès, c’est bel et bien le symbole de Rabin et son héritage politique que Netanyahou terrasse en prenant la tête du gouvernement ». Dès lors, Netanyahou appliqua une politique extrémiste. Il négligea ostensiblement un cinquième des habitants d’Israël : les Arabes restés depuis 1948, qu’il décrirait encore comme un ennemi de l’intérieur, une menace existentielle inassimilable car non juive.

    maxresdefault.jpgLà où Jean-Pierre Filiu n’est plus crédible, c’est quand il crée une manière de nouvel orientalisme, dont le référent ne serait plus une civilisation française arrogante mais les fantasmes de la gauche. En somme, le professeur forge un Israël à la mesure de ses idées comme les Orientalistes fabriquèrent une question d’Orient à la sauce bourguignonne. Ce n’est plus l’exotisme des ruines et des coutumes qui fascine, mais un hypothétique mouvement en faveur des droits de l’homme. La paix d’Israël ? Elle sera rétablie au sortir d’une ouverture à « l’Autre palestinien ». Les liens du Premier ministre avec Viktor Orban et Steve Bannon ? Une tolérance pour les antisémites. Les excuses télévisées de Netanyahou pour son infidélité envers sa femme Sarah ? Une manipulation obscène. La lutte contre l’OLP ? « Une diabolisation incendiaire ». La haine de Netanyahou pour Damas et Téhéran ? Une simple manipulation. Si la politique des Nations orientales souffre de bien des maux, elle est encore épargnée par les interdits du gauchisme français. Pour la plus grande tristesse de Jean-Pierre Filiu.  

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    Jean-Pierre Filiu, Main basse sur Israël, Netanyahou et la fin du rêve sionisteLa Découverte, 2019, 215 p., 16 €.

    * Président de SOS Chrétiens d’Orient
    Charles de Meyer
    PM