Un gendarme est aux Assises. Il a tiré sur un détenu qui s'enfuyait, détenu "défavorablement connu de services de police" comme on dit pudiquement, et connu pour être, de fait, dangereux. Si la mort d'un homme est toujours regrettable, il convient malgré tout de "raison garder". S'il fut un temps où, c'est en partie vrai, on pouvait avoir tendance à accuser quelqu'un en fonction de ses origines - ici, un gitan... - aujourd'hui, nous vivons l'époque inverse : c'est, très souvent, le gendarme ou le policier qui sont suspectés, d'emblée.
C'est ce qui se passe au procès de l'adjudant Christophe Monchal, qui semble s'acheminer logiquement vers l'acquittement du gendarme - puisque même l'Avocat général le demande... - mais qui a été bizarrement marqué par l'intervention du Procureur Girard, qui a, contre toute attente, chargé le gendarme.
Durant son exposé, il a lâché : "Mieux vaut une personne en fuite qu'une personne abattue par un gendarme".
C'est son droit de le penser.
Mais on notera qu'il parle d' "une personne", en général, là où tous les rapports en possession de la Justice parlent d'un malfaiteur multi-récidiviste, et dangereux. Si c'est, redisons-le, son droit de faire la confusion - et de vivre dans la confusion mentale - entre deux choses pourtant très différentes, Monsieur le Procureur voudra bien admettre que c'est notre droit de penser que mieux vaut un malfaiteur abattu par un gendarme, qu'un malfaiteur en fuite, qui pourra, lors de sa fuite, abattre un gendarme ou un(e) simple citoyen(ne). Ou plusieurs...
Le procureur Girard pense-t-il que tout gendarme, tout policier, est, par nature, présumé coupable ? C'est l'impression qu'il donne...