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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Michel Onfray : psychopathologie du Président (3/3).

    Devant trente-cinq millions de téléspectateurs, un record, le président de la République a excellé dans ce qu’il sait le mieux faire: tenir un double langage, dire une chose et son contraire -comme porter deux alliances...

    Cette fameuse schizophrénie, jadis tenue par les psychiatres pour pathologique, est devenue dans notre époque déconstructionniste une qualité dialectique, un genre de vertu hégélienne -c'est le fameux "en même temps" devenu slogan électoraliste puis, hélas, depuis deux ans, méthode de gouvernement!

    Les thuriféraires du chef de l'État prétendent qu'il disposerait d'une intelligence exceptionnelle, incompréhensible pour le commun des mortels -souvenez-vous des sorties de Gilles Le Gendre et de Richard Ferrand, deux flèches intellectuelles comme chacun aura pu s'en apercevoir. Ce génie que lui prêtent ses courtisans lui permettrait de renvoyer Descartes et le cartésianisme, sinon le plus élémentaire bon sens, aux poubelles de l’Histoire.

    Voilà qui permet de faire exploser en vol le fameux principe de non contradiction, un principe de base de toute rationalité -c'était jadis un enseignement délivré dès les premières heures de classe de philosophie en terminale. Il semble que le Grand Timonier d'Amiens ait sauté la leçon, probablement parce qu'il courrait d'autres lièvres...

    Selon ce principe, une chose ne peut être dite vraie en même temps que son contraire: de fait, on ne peut être à la fois mort et vivant, grand et petit, gros et maigre, crétin et intelligent, blanc et noir, musulman et chrétien, tatoué et sans tatouages, homme et femme -encore que, depuis un certain temps, un homme blanc, barbu, peut, sans se faire rire au nez, dire sur le plateau de Daniel Scheidermann qu'il est une femme de couleur parce qu'il est né au Liban en obtenant les plus plates excuses du journaliste qui ne s'en était pas aperçu... Comme quoi la contamination schizophrénique fait la course en tête avec le virus.

    C'est en vertu de ce paralogisme devenu marque de fabrique présidentielle qu'Emmanuel Macron peut se permettre d’annoncer, en prenant soin de ne jamais utiliser le mot, le confinement de toute la France pour cause de coronavirus.

    Donc: interdit de sortir de chez soi. Sauf quand on sort de chez soi, à savoir: muni d'une déclaration imprimée à partir de son ordinateur -bonjour les anciens sommés de se faire geeks pour l'occasion!

    "La France est en guerre" fut-il dit à plusieurs reprises de façon martiale, il faut donc rester confiné chez soi, mais on peut tout de même effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique". Énième variation sur le thème du "en même temps": restez confinés mais sortez quand même...

    Qui pourrait imaginer qu'en guerre, et la chose fut dite à plusieurs reprises, on puisse sortir de la tranchée pour aller faire un footing sous la mitraille, les obus, en avalant à pleins poumons les gaz de l’ypérite, en courant entre les éclats d'obus, puis rentrer, indemne, à la maison? Emmanuel Macron...

    Dans la foulée, son ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, une autre flèche du carquois présidentiel, annonce clairement: "Le mot d'ordre est clair (sic): restez chez vous!". Ce qui veut donc dire, en toute bonne logique... qu'on ne saurait effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique"!

    On imagine mal que Macron et Castaner ne se soient pas concertés! C'est donc une décision contradictoire à laquelle le chef de l'État nous contraint. Macron, en Dupond D, affirme: "Interdit de sortir, mais on le peut tout de même pour faire du sport"; Castaner, en Dupont T, ajoute: " je dirai même plus, interdit de sortir y compris pour faire du sport". Comprenne qui pourra!

    Bon courage aux forces de l'ordre quand elles devront tenter de faire respecter la loi le carnet de contravention à la main...

    Si l'on voulait tout de même obéir aux deux hommes en même temps, avouons que cette décision de Janus libérerait l'inventivité: nager le dos crawlé dans sa baignoire, faire du cyclisme dans son couloir d'appartement, descendre ses escaliers en ski, faire du parachute en sautant du haut de son armoire, partir en balade en canoë-kayak dans son évier, pratiquer la spéléologie dans la canalisation de ses toilettes, l'escalade en grimpant à ses rideaux, l'équitation en galopant sur son balcon -où l'on constate que le macronisme ouvre des possibles insoupçonnés!  Quelle intelligence inédite en effet...

    On peut également sortir pour des raisons de santé.

    Or, nous croulons sous les prescriptions médicales qui, entre cinq fruits et légumes par jour et pas plus de deux verres d'alcool quotidiens, nous invitent à faire de l'exercice dans le genre dix mille pas par jour: quiconque remplira son formulaire en disant qu'il lui faut marcher, faire du vélo, courir, sera fondé à le faire, donc à sortir de chez lui, sans besoin d'une prescription médicale, puisque les hygiénistes nous bassinent avec ces exhortations chaque jour que Dieu fait depuis des années. Demandez à Michel Cymes, le grand prêtre de cet hygiénisme, flanqué de sa caution scientifique Adriana Karembeu:  il faut bouger pour éliminer -c'est d'ailleurs également la maxime du coronavirus, son impératif catégorique ...

    Je gage qu'en vertu de la logique victimaire, des associations de cardiaques ou de victimes d'AVC (je peux les invoquer, j'ai le titre aux deux, héhé...) se retourneront bientôt contre l'État en le suspectant de vouloir augmenter la mortalité en France par une production massive de crises cardiaques et de congestions cérébrales, comme on disait dans le temps, faute d'exercice physique!

    Donc, le président de la République a dit: restez confinés chez vous sauf quand vous sortirez. Voilà le propos d'un philosophe, d'un sage, d'une intelligence exceptionnelle et d'un conducteur d'hommes. Jupiter, tu m'impressionnes...

    Ce même discours de vingt minutes a mis à jour un second paralogisme. Un toutes les dix minutes, c'est une copie nettement à noter en-dessous de la moyenne...  

    Depuis des semaines, pour contrer les souverainistes avant les élections municipales et, comme toujours, tenter de pousser les feux maastrichtiens, il a été dit, dans une belle formule ciselée par les communicants: "le coronavirus n'a pas de passeport"! C'était une belle image qui appuyait l'idée déjà martelée souventes fois que: "le coronavirus ignore les frontières".

    Dans sa première intervention, le 12 mars, Emmanuel Macron avait appelé à "éviter le repli nationaliste" face au virus qui, avait-il donc dit, "n’a pas de frontières, pas de passeport". Il avait, en même temps, assuré que les fermetures de frontières, "quand elles seront pertinentes", seraient décidées "à l’échelle européenne".

    Le paralogisme était donc déjà dans cette seule phrase: si le coronavirus n'a pas de frontières comment pourrait-il en avoir tout de même? Qu'est-ce qui rend "pertinent", pour utiliser son mot, qu'on les ferme?

    La conclusion s'impose: seule volonté de protéger l'Europe, un souci que ne mériterait pas la France tout juste bonne à crever, s’avérera pertinent...

    La France n'a pas de frontières, mais l'espace Schengen, si; le virus ignore les frontières françaises, mais il connait celles de Schengen; il n'a pas de passeport français, car c'est un vulgaire torchon, mais il possède un passeport européen, un sublime sésame: jamais le cynisme de l'Empire maastrichien qui aspire à détruire les nations pour imposer sa loi n'aura été autant visible.

    Un chef de l'État français qui expose sciemment son peuple et ne prend de mesures contre lui qu'en faveur de l'Europe, voilà le signe de la forfaiture -de la haute trahison si l'on préfère. Comment punit-on ce genre de crime? Le temps voulu, le peuple français saura répondre à cette question*.

    Michel Onfray

    *: A l'heure où je finis ce texte, j'apprends qu'Agnès Buzyn, ministre de la santé démissionnaire en pleine épidémie, et ce afin de remplacer Griveaux mis hors-course dans les municipales de Paris, prétend dans Le Monde qu'elle aurait averti Emmanuel Macron de la dangerosité de la pandémie fin janvier 2019 et qu'il n'en aurait rien fait. Si tel était le cas, la forfaiture et la haute-trahison seraient avérés. A suivre...  

  • Éphéméride du 11 juin

    2010 : Le Collège des Bernardins reçoit le Prix du Patrimoine culturel de l'Union Européenne

     

     

     

     

    1144 : Consécration du Chevet de Saint Denis  

     

    C'est un triomphe personnel pour l'abbé Suger, qui, en présence du Roi Louis VII, inaugure le nouveau chevet lumineux de l'abbaye, en remplacement de celui du vieil édifice carolingien. 

    C'est aussi et surtout l'affirmation d'un art nouveau par ses techniques et par son espritl'art ogival, ou art français (ce n'est que trois siècles plus tard, à la Renaissance, que - dans un amour exclusif et excessif de l'Antiquité - l'on méprisera ce style jugé barbare, donc gothique) : 

    SAINT DENIS CHEVET.jpg
     
    Voir notre album La Basilique de Saint Denis, nécropole royale (version album traditionnel) ou https://vimeo.com/42829624 (version vidéo)

    En utilisant toutes les opportunités qu'offre le fonctionnement par pilier porteur (ce qui sera la marque de l'art ogival), et non plus par muralité (comme dans l'art Roman), les architectes poussent la croisée d'ogives, déjà connu des architectes romans, aux plus extrêmes limites. Qui leur permettent, entre autres, de faire entrer la lumière à flot dans les édifices religieux, autrefois beaucoup plus obscurs : c'est une véritable théologie de la lumière que Suger libère ainsi, et dont il livre le premier exemple à Saint-Denis... 

            

    Mais, pour en arriver là, il a fallu "3 ans, 3 mois et 3 jours" à cet homme qui "petit de corps et de famille, poussé par sa double petitesse, refusa dans sa petitesse d'être petit" (selon son épitaphe) !

    Il peut être fier et heureux : l'art Ogival (dit aussi art français) vient de naître.

     

    Architecture nouvelle, il est à l'image du royaume capétien, en pleine expansion... 

     

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    À propos de son oeuvre, voir l'Éphéméride du 13 janvier, jour de la mort de Suger...
     
     
     
     
     
     

    11 juin,saint denis,suger,art gothique,art roman,croisée d'ogive

     
     
     
     
    1738 : Naissance de Christophe Oberkampf 
     
     
    Industriel allemand d’origine, naturalisé français, Christophe Oberkampf a fondé la Manufacture royale de toiles imprimées de Jouy-en-Josas, où était fabriquée la célèbre toile de Jouy.

    En 1756, à 18 ans, le jeune Oberkampf entra comme graveur dans une manufacture de Mulhouse et, trois ans après, en 1759, il proposa à Antoine Guernes, Suisse au service du roi de France, de s'associer pour la création d'une manufacture de toiles imprimées avec des planches de bois gravées, à Jouy-en-Josas.

    Les premières toiles furent imprimées en mai 1760 et, en 1770, Oberkampf fut naturalisé français. Il remplacera vite les planches de bois par des plaques de cuivre, gravées également, mais souples, qui vont pouvoir être fixées sur des tambours cylindriques : l'entreprise entra, ainsi, dans l'ère de la mécanisation.

    En 1783, la fabrique reçut du roi Louis XVI le titre de Manufacture royale et en 1787, Oberkampf reçut du roi le titre d'écuyer, ainsi que le droit d'utiliser des armoiries et sa devise Recte et vigilanter (droiture et vigilance).

    Lui et son entreprise traverseront la Révolution sans dommage, et, le 20 juin 1806, à l'occasion d'une visite des ateliers, Napoléon lui décernera la Légion d'honneur.  

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    http://www.museeprotestant.org/notice/christophe-philippe-oberkampf-1738-1815/

     

     

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    1784 : "Ce mur murant Paris rend Paris murmurant" : Calonne accepte la construction du Mur des Fermiers généraux... 

     

    Depuis l'arrivée au pouvoir des Capétiens, en 987, la ville de Paris, à l'image de la dynastie, de la France et de sa puissance, ne cessait de s'étendre et de grandir. Une multitude de problèmes pratiques découlaient tout naturellement de cette expansion, en quelque sorte, indéfinie : police et sécurité; hygiène, salubrité et approvisionnement d'une population toujours plus nombreuse; et, bien sûr, problèmes fiscaux, liés aux taxes et aux perceptions des droits de douane pour les marchandises entrant dans la ville (l'octroi...).

    Après les règnes de Louis XIV et Louis XV, la puissance française avait tellement augmenté, et la ville capitale s'était tellement modifiée et étendue, que plus aucune règle fiscale ne s'appliquait vraiment, et que la perte par non recouvrement des droits sur les marchandises était énorme : non seulement pour le Trésor royal, mais aussi pour les Fermiers généraux, qui étaient chargés de percevoir ces impôts. Il fallait, de toutes manières et de toute évidence, faire quelque chose.

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    Le "mur murant Paris..." rapporté au Paris d'aujourd'hui...

     

    Par une lettre datée du 22 février 1784, Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, Secrétaire d'État de la Maison du Roi, adressa à Antoine-Louis Lefebvre de Caumartin, Prévôt des Marchands de Paris, un mémoire de la Ferme générale concernant l'établissement d'un mur de clôture sur la rive gauche : l'idée était lancée...

    Le 7 mai, Caumartin lui donna son accord sur la nécessité d'endiguer la fraude tout en précisant qu'il ne fallait pas sous-estimer des réactions imprévisibles de la population.
    Le 11 juin de la même année, le projet d'une enceinte devant enfermer Paris fut présenté à Charles-Alexandre de Calonne, contrôleur général des finances par le premier commis de la Ferme, Pierre Joseph de Colonia
     
    Le plan général, établi par le scientifique et Fermier général Antoine Lavoisier, fut accepté. Selon ce projet, environ soixante-neuf hectares furent nouvellement assujettis aux droits d'entrée et six cent quarante-trois hectares rendus à la taillabilité.
     
    11 juin,saint denis,suger,art gothique,art roman,croisée d'ogiveAinsi, Paris, qui avait connu plusieurs enceintes militaires tout au long de son histoire, se dota-t-elle pour la première fois d'une ceinture, complète cette fois-ci, mais destinée non à la protéger militairement mais à mieux faire rentrer l'impôt, et, donc, forcément impopulaire.
     
    Pourtant, conçue et réalisée par le grand architecte Ledoux (ci contre), ce mur devait être très beau : il enfermait 3.370 hectares, et comportait, au niveau des passages, appelés barrières, une cinquantaine de bâtiments, appelés propylées. Il y avait 57 barrières, gardées par les employés de l'octroi.
     
    Cette splendide parure, tout à fait originale, qu'aucune autre grande ville n'a jamais possédée, fut l'ornement - et la détestation - de Paris pendant soixante ans. Déjà abîmée pendant la Révolution, elle fut presque intégralement démolie en 1844, lors de la construction de l'enceinte de Thiers, décidée par Louis-Philippe, ce qui est bien regrettable, du strict point de vue esthétique, architectural et patrimonial.
     
    Aujourd'hui, il ne subsiste plus de ce "mur murant Paris..." que quatre monuments :
     
    la rotonde du Parc Monceau :
     
     
    Rotonde de Monceau, parc Monceau
     
     
    • la rotonde de La Villette : 
     
     
    Rotonde de la Villette
     
     
    • la barrière d'Enfer, et ses deux pavillons, place Denfert-Rochereau :
     

    11 juin,saint denis,suger,art gothique,art roman,croisée d'ogive

     

    Pavillon d’Enfer, place Denfert-Rochereau

    Pourquoi "d'Enfer" ? On ne sait pas vraiment...

    Trois possibilités :

    • la rue d'Enfer, qui débouchait là, traversait le faubourg Saint-Jacques, réputé au Moyen-Âge - à tort ou à raison - "lieu de débauches et de voleries";

    • ou bien ce nom est une modification de via inferior (voie inférieure), la rue Saint-Jacques étant, elle, via superior (voie supérieure);

  • Le pouvoir qui préfère la repentance à la fierté nationale trahit la nation (II), par Christian Vanneste.

    Source : http://www.christianvanneste.fr/

    La vérité scientifique est relative et on sait qu’une thèse dogmatique et non falsifiable ne mérite pas d’être une science. La vérité scientifique n’est que celle d’une théorie qui peut être dépassée par une autre théorie et qui accepte d’être exposée à ce risque. Cela dit, « l’erreur rectifiée » en physique permet néanmoins des prévisions et la mise en oeuvre de techniques efficaces. L’expérimentation est évidemment le meilleur moyen de tester la résistance d’une proposition à la réfutabilité.

    christian vanneste.jpgComme on l’a vu récemment avec le débat sur la thérapeutique mise en oeuvre par le Professeur Raoult sans avoir procédé à une expérimentation qui aurait conduit à ne pas traiter vraiment une partie des malades, la médecine est d’une scientificité plus souple que la physique ou la chimie, notamment parce qu’elle a l’homme comme objet. Accepter de ne pas soigner la moitié des malades pour que l’expérience soit parfaite est moralement inacceptable.

    Lorsqu’on évoque les historiens comme détenteurs d’une vérité scientifique devant laquelle il faudrait se prosterner, on se moque du monde. D’abord, l’histoire est une recherche diachronique qui établit l’existence de faits uniques. Elle ne peut en induire des lois qui fixeraient la causalité ni la répétition de ces événements. Elle ne peut faire appel à la méthode expérimentale. L’échec des lois historiques, celles du marxisme par exemple, est patent. Il y a des philosophies de l’histoire, c’est-à-dire des interprétations qui appartiennent davantage à l’idéologie qu’à la science. La vérité historique est plus proche de celle du juge que de celle du savant : que s’est-il passé ? quelle est la cause ? Quel est le motif ? Qui est l’auteur ? Quant à savoir si ce dernier est un héros ou un criminel, si on doit lui élever une statue ou au contraire débaptiser la rue qui porte son nom, cela dépendra de la mode idéologique qui dominera à l’époque où l’historien écrit et la réponse sera déterminée par l’orientation politique de celui-ci. C’est ainsi que le livre de Sylvain Gouguenheim « Aristote au mont Saint-Michel » avait déclenché une polémique parce qu’il osait toucher à un tabou de la bienpensance historique : le Moyen-Âge chrétien aurait retrouvé la philosophie grecque grâce aux musulmans d’El-Andaluz. C’était négliger l’existence de l’Empire Byzantin, grec et chrétien, jusqu’au XVe siècle et les contacts de celui-ci avec l’Occident par Venise, notamment. Le Grec a été traduit directement en latin sans passer par l’arabe d’ailleurs mal adapté à la pensée d’Aristote. Ce sont des chrétiens syriaques, des chrétiens d’Orient qui avaient transmis la pensée grecque au monde islamique.

    Cet exemple montre combien il est difficile dans toutes les sciences humaines de détacher la connaissance de préjugés ou de préférences idéologiques, mais dans l’histoire plus encore parce que la politique est au coeur de celle-ci, et qu’il est fréquent de projeter dans le passé des préoccupations actuelles. La lecture historique de la Révolution a été biaisée par la volonté de légitimer la République, puis par l’idée que la révolution communiste russe était la deuxième étape vers la parousie socialiste. Depuis Furet, Soljenitsyne, Courtois, et quelques autres,, on connaît mieux les crimes de la Révolution française notamment à partir de 1792, et on sait que la dictature bolchévique issue du coup d’Etat de Lénine n’a fait qu’amplifier et pendant longtemps l’horreur de la dictature « montagnarde ». Lorsque le présent fait appel au passé sur un mode passionnel, il ne fait plus de l’histoire mais de la mémoire, il commémore. L’histoire est une recherche complexe qui exige de la précision et des références, l’histoire qu’on enseigne à l’école ne peut répondre à cette exigence : elle sélectionne les faits et leur présentation elliptique est forcément orientée. Madame Taubira a ainsi imposé par la loi l’enseignement de l’esclavage occidental dans l’Atlantique et l’Océan indien, en omettant sciemment la traite en Méditerranée et en Afrique, d’Alger à Zanzibar par les musulmans. Il s’agit d’un enseignement de l’histoire officielle, quasi totalitaire, susceptible d’entraîner des sanctions pour celui qui le remettrait en question. Il est frappant de constater que lorsque j’ai moi-même proposé qu’on enseigne le rôle positif de la France outre-mer, le Conseil Constitutionnel a abrogé le texte… Pas celui de Taubira !

    Il ne s’agit pas ici d’histoire mais de mémoire, et si la première intéresse d’abord les historiens, la mémoire est et a toujours été politique. Celui qui dit le contraire est un Tartuffe ! Le tout est de savoir à quoi doit servir la mémoire. Elle était avant tout destinée à célébrer les héros, les grandes heures du passé national, et les hommes qui peuvent servir de modèles à ceux d’aujourd’hui. Elle avait pour but de susciter une fierté nationale indispensable pour souder la nation et notamment faciliter l’assimilation des nouveaux arrivants. Peu à peu, elle a inversé son rôle : la commémoration remplaçait les héros par les victimes, et la fierté par la repentance. Au lieu de magnifier la nation, elle mettait en exergue les dettes de celle-ci à l’égard de communautés particulières. Pour faire prendre conscience, disait-on, d’un passé qu’il ne fallait pas revivre, on a surtout fini par montrer le visage d’une France qui n’était guère attirante et à laquelle les nouveaux arrivants avaient cette fois des réparations à faire valoir. L’idée stupide, antinationale, qui consiste à choisir Stora pour mener une mission « historienne » sur la colonisation et la guerre d’Algérie est le comble de la faute : le but serait de « réconcilier » les peuples français et algérien. Comme si un travail d’historien pouvait atteindre ce but ! Comme la « mémoire » algérienne est quant-à-elle clairement orientée, qu’elle légitime la dictature militaire par une guerre « gagnée » contre l’horrible colonisateur coupable de tous les méfaits, elle ne pourra accepter du côté français qu’une vision compatible avec la sienne. Les déclarations scandaleuses de Macron sur la colonisation, crime contre l’humanité, et l’orientation politique de Stora laissent supposer le pire. Si on confiait ce travail à Jean Sévillia, auteur d’un excellent livre sur la colonisation de l’Algérie et sur la guerre, la mémoire serait évidemment très différente. Elle ferait sans excès honneur à la France !

  • La victimisation, l’autre virus qui frappe la France, par la Rédac­tion de l’ASAF.

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    Alors que de nom­breux pays euro­péens prennent des mesures pour frei­ner la dif­fu­sion de la Covid-19, la France semble atteinte depuis quelques années par un autre virus : celui de la vic­ti­mi­sa­tion. Sour­nois, il se pro­page dans toutes les couches de la socié­té sous l’action de super conta­mi­na­teurs.

    Ce virus attaque insi­dieu­se­ment les défenses de la Nation en fai­sant dou­ter les Fran­çais d’eux-mêmes jusqu’à la repen­tance, voire la sou­mis­sion. Il se trans­met essen­tiel­le­ment par les médias sous la forme de dérives séman­tiques, d’accusations ana­chro­niques et de reven­di­ca­tions infon­dées.

    Héros

    Un jar­din de Paris porte doré­na­vant le nom du colo­nel Bel­trame. Le libel­lé de la plaque com­mé­mo­ra­tive com­porte des mots sur­pre­nants : « vic­time de son héroïsme ». Non, le colo­nel Bel­trame n’est pas une vic­time mais bien un héros. Il a rem­pli sa mis­sion jusqu’au sacri­fice de sa vie comme seuls les héros savent le faire. Ce n’est pas son héroïsme qui l’a tué mais un ter­ro­riste isla­miste que le texte de cette plaque ne désigne pas. Cette ins­crip­tion  por­tant une telle omis­sion est-elle l’acte déli­bé­ré d’un com­plice ou d’un idiot ? Pour­quoi ne pas avoir pré­ci­sé l’idéologie tota­li­taire qui a gui­dé le geste du meur­trier ?

    La mémoire du colo­nel Bel­trame appar­tient à la France. Il est mort en France et pour la France, en lut­tant en l’occurrence au corps-à-corps contre le même enne­mi que celui qu’affrontent nos sol­dats au Sahel. Pour­quoi ne s’est-il pas vu attri­buer le titre de « Mort pour la France » ? Hon­teux !
    Mais son geste à Trèbes est gra­vé à jamais dans le livre d’or de l’héroïsme fran­çais. Il par­ti­cipe à la gran­deur de notre patrie et sus­cite l’admiration  de nos com­pa­triotes.

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    Vic­times

    Depuis les atten­tats de 2015, le pré­sident Hol­lande a déci­dé d’attribuer une médaille aux « vic­times du ter­ro­risme ». Sur la poi­trine des réci­pien­daires, elle se place juste après celles des deux ordres natio­naux mais avant celles de la Valeur mili­taire et de la médaille pour actes de cou­rage et de dévoue­ment, c’est-à-dire des déco­ra­tions qui récom­pensent des gestes volon­taires et exem­plaires et, assez sou­vent, héroïques. Pour­quoi ?  L’explication qui en est don­née est ubuesque : sim­ple­ment parce que cette déco­ra­tion est attri­buée au nom du pré­sident de la Répu­blique et non du ministre des Armées ou de l’Intérieur comme les deux autres. Le pire est peut-être que cette situa­tion, incom­pré­hen­sible et aisé­ment modi­fiable, per­dure mal­gré des demandes réité­rées d’associations et notam­ment de l’ASAF.

    Hors-la-loi 

    Puisque le sta­tut de vic­time est pla­cé si haut de nos jours en France, il n’est pas éton­nant alors que les médias s’intéressent sou­vent davan­tage aux vic­times qu’aux héros. Il est vrai que, de plus en plus sou­vent, le voyou ou le hors-la-loi, bles­sé au cours d’un contrôle ou d’une arres­ta­tion par la Police ou la Gen­dar­me­rie, se pré­sente comme une vic­time cher­chant à gom­mer le crime ou le délit qu’il vient de com­mettre, dési­gnant ain­si les membres des forces de sécu­ri­té  qui l’ont neu­tra­li­sé comme des agres­seurs. Cette inver­sion des rôles est pro­pre­ment stu­pé­fiante et nombre de médias rentrent com­plai­sam­ment dans ce jeu dan­ge­reux de la confu­sion.

    Otage

    Faut-il que le pré­sident de la Répu­blique et le ministre des Affaires étran­gères aient beau­coup à gagner sur le plan média­tique pour se dépla­cer et accueillir madame Pétro­nin de retour du Mali. Déte­nue pen­dant quatre ans dans des condi­tions conve­nables selon ses propres décla­ra­tions, elle sou­haite retour­ner  au Mali. Si nous sommes heu­reux pour son fils qui s’est déme­né pour sa libé­ra­tion, notre sep­tua­gé­naire voi­lée des­cen­dant allè­gre­ment la pas­se­relle du Fal­con à Vil­la­cou­blay  n’est en rien une vic­time sus­ci­tant une quel­conque com­pas­sion.

    Suite aux pro­pos tenus par madame Pétro­nin, le Pré­sident a choi­si de ne pas par­ler pour ne pas ren­trer dans le jeu très ambi­gu de cette Fran­co-suisse atteinte au der­nier degré du syn­drome de Stock­holm. La France a‑t-elle pu être écar­tée des négo­cia­tions entre les auto­ri­tés poli­tiques maliennes et cer­tains groupes rebelles ? Nul ne le sait ; mais à quel prix les 200 dji­ha­distes libé­rés par les auto­ri­tés maliennes seront-ils  à nou­veau mis hors d’état de nuire par les sol­dats fran­çais ? Là est la vraie ques­tion.

    On doit aus­si s’interroger sur le silence de cette otage au sujet des sol­dats fran­çais qui com­battent, souffrent et meurent depuis huit ans dans cette région pour éli­mi­ner ceux qu’elle refuse d’appeler les ter­ro­ristes isla­mistes : ces hommes qui ne connaissent que l’égorgement, la prise d’otages et les mas­sacres aveugles de civils désar­més au Sahel comme en France et qu’elle qua­li­fie de « sol­dats lut­tant pour leur liber­té ». Notre pays doit-il lais­ser la natio­na­li­té fran­çaise à cette Fran­co-suisse qui sou­haite retour­ner au Mali, alors que la France y est tou­jours en guerre contre ceux dont elle dit com­prendre la lutte ?

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    Pseu­do vic­times

    Enfin, quelques Fran­çais ou Afri­cains vivant en France, appar­te­nant à ce qu’il est conve­nu d’appeler les mino­ri­tés visibles, affirment être indi­rec­te­ment des vic­times de la colo­ni­sa­tion et de l’esclavage et s’estiment donc  en droit de deman­der des répa­ra­tions à la France. Mais en quoi ces hommes et femmes sont-ils des vic­times, eux qui vivent dans un pays si géné­reux dont ils ont tout reçu ?

    Pour­quoi ces hommes et ces femmes ne s’identifient-ils pas plu­tôt à leurs ancêtres qui se sont bat­tus sou­vent avec héroïsme pour la France pen­dant les deux guerres mon­diales ? Veulent-ils vrai­ment épou­ser la France et deve­nir Fran­çais ?

    Un virus mor­tel

    Face à cette pol­lu­tion mor­telle, nous devons réagir. Il faut mener une guerre non seule­ment contre les ter­ro­ristes isla­mistes mais aus­si s’opposer à cette menace sour­noise qui ronge nos convic­tions, désta­bi­lise nos réfé­rences et fra­gi­lise notre cohé­sion. Face à cette guerre psy­cho­lo­gique et sub­ver­sive mêlant dés­in­for­ma­tion, pro­vo­ca­tions et menaces qui nous est décla­rée, il faut faire face vigou­reu­se­ment et ensemble, sous peine de voir notre pays, dont les fon­da­tions sont sapées quo­ti­dien­ne­ment, s’effondrer bru­ta­le­ment.

     

    La RÉDACTION de l’ASAF
    www.asafrance.fr

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Du rififi dans le yaourt, par Olivier Pichon.

    Y-a-t-il une autre loi que celle du profit dans l’entreprise mondialisée ?

    Danone, un des géants français de l’agro-alimentaire, depuis quelques années affichait des performances inférieures à ses concurrents de taille comparable, Unilever et Nestlé (dont les marchés ne sont d’ailleurs pas exactement comparables : Unilever gère plusieurs marques de produits d’entretien, par exemple).

    10.jpgSon dirigeant, Emmanuel Faber, a été évincé avec effet immédiat par son conseil d’administration. Emmanuel Faber, 57 ans, était directeur général depuis 2014 et PDG depuis 2017. Il a été remplacé par Gilles Schnepp, ancien patron du fabricant de matériel électrique Legrand. La presse nous indique que c’est une victoire des fonds d’investissement actionnaires du groupe, on ne saurait en douter. Nous sommes, dans ce cas de figure, assez éloignés de la « démocratie actionnariale ». Quant aux salariés, 2000 suppressions de postes dans le monde sont annoncées, dans la lignée de ce qu’avait décidé Faber.

    Que se passe-t-il chez Danone ?

    Emmanuel Faber avait pour ligne d’action le social, l’écologie (au bon sens du terme) et entendait s’affranchir du court-termisme : un capitalisme intégrant des paramètres très actuels, fort prisés de l’opinion, mais son éviction démontre que le discours sur la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise (RSE) relève plus de la communication que de la réalité dès lors que les profits sont en cause.

    Une victoire des fonds d’investissement

    Depuis plusieurs semaines une fronde d’actionnaires exigeait la dissociation des fonctions de président et de directeur général. Cela afin de remédier aux conséquences de la pandémie de Covid-19 (baisse de 1,5 % du CA). À l’œuvre, Artisan Partners, troisième actionnaire de Danone avec environ 3 % du capital, appelait à nommer « immédiatement » un président « vraiment indépendant ». Comment comprendre ce vœu d’indépendance si ce n’est à l’égard de ce que le Conseil d’administration a l’air de considérer comme une mode superfétatoire et coûteuse, la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise. C’est en tout cas un sérieux démenti à ce courant de pensée. Dans la galerie des grands fonds, un autre actionnaire, Blue Bell Capital Partners avait déclaré, le 3 mars, que les bénéfices attendus de la dissociation des fonctions de président et directeur général « seraient compromis par le maintien d’Emmanuel Faber comme président ». Après cette annonce, peu après l’ouverture de la Bourse, le titre Danone affichait une forte hausse (en trois ans le titre avait perdu 14 % de sa valeur).

    En revanche, les deux fonds ont demandé aussi la suspension du plan Local First qui prévoyait des licenciements et qui visait à rendre plus “agile” l’entreprise en faisant des économies sur les strates hiérarchiques. Pour une fois, le titre d’une entreprise ne remontait pas en bourse à l’annonce de licenciements mais à celle du changement de gouvernance. On pourrait s’en réjouir en notant qu’historiquement le remplacement d’un manageur est, depuis bien avant la mondialisation, un signe favorable pour les marchés. Il est généralement porteur d’appréciation du titre. Quant à l’agilité, c’est le dernier mot à la mode, le “must” du management, traduisons : adaptation à la mondialisation. Mais, précisément, Faber avait un discours hétérodoxe sur la globalisation. Au surplus, il n’était pas membre de la famille Riboud, les fondateurs de Danone, dont l’héritier Frank siège au conseil d’administration.

    Faber, un homme hors du sérail

    Emmanuel Faber disait que « le pouvoir et l’argent ne servent uniquement qu’eux-mêmes et rendent fous ceux qui les servent » : on croirait du Péguy ! Voilà qui peut aussi expliquer son éviction. Manifestement, quoique ancien d’HEC, l’homme n’est pas du sérail. On a reproché à Faber sa gouvernance solitaire, c’est généralement ce qu’on reproche à ceux que l’on veut écarter. Mais, grand travailleur et exigeant, Faber présente un profil plutôt ascétique, dormant peu, ne fréquentant pas les dîners mondains, très peu “jet set” ; il est convaincu que « l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale » : voilà qui ne s’entend guère. Il est à l’origine de la création de la chaire « Entreprise et pauvreté » à HEC, il entendait vivre l’économie autrement (titre de son livre paru chez Albin Michel en 2011 : Chemins de traverse – Vivre l’économie autrement). La mission sociale (et non sociétale, qui concerne les mœurs et autres logiques comportementales) de l’entreprise était au cœur de ses préoccupations et ne se réduisait pas à de la communication. Cette dimension sociale apparemment révulsait les financiers qui ne se privaient pas de le faire savoir : on jugera par là l’hypocrisie des discours sociaux quand ils ne sont pas ceux d’hommes comme Faber qui, par ses convictions affichées de chrétien, s’employait à les appliquer réellement. Le reproche de se prendre pour le président d’une ONG lui était adressé de façon assez fielleuse, d’autant que le social était, à l’origine, dans l’ADN de l’entreprise, qui voulait assurer un équilibre entre l’économique et le social. Les syndicats y étaient sensibles. Antoine Riboud, le fondateur, ne manquait pas de rappeler que « l’entreprise doit répondre aux aspirations de l’homme et trouver les valeurs qui amélioreront la qualité de sa vie en disciplinant la croissance ». Plus proche de la pensée du fondateur en voulant faire de Danone un modèle social d’alimentation bio et locale, Faber a été éliminé par la finance qui, semble-t-il, prise peu ces considérations quand le profit n’est pas au rendez-vous.

    Les fonds chassent en meute

    Considérons maintenant d’un peu plus près ce que sont ces fonds d’investissement. Bluebell et Artisan ne possédaient pas, à eux deux, 8 % de Danone. C’est trop peu pour le coup qu’ils viennent de réaliser. Cela n’aurait jamais pu se produire sans le consentement de MFS (Massachussetts Financial Services, un très ancien fonds financier datant de 1924), de BlackRock et des grands fonds nord-américains qui contrôlent effectivement le capital de Danone.

    Gilles Schnepp est un ancien vice-président de la banque américaine Merryll-Lynch et un ancien patron de Legrand, comme nous l’avons indiqué : mais l’entreprise autrefois française fut longtemps copropriété avec Wendel d’un fonds américain dont l’actionnaire de référence aujourd’hui est MFS. La plupart des administrateurs ont des carrières très compatibles avec les exigences de grands fonds américains. Ce qui veut dire que si Faber est parti, c’est que BlackRock et MFS l’ont voulu. BlackRock est aussi actionnaire du fond Artisan qui a mené la charge contre Faber. Ces choses-là ne se disent pas, cela pourrait paraître contradictoire avec le discours de responsabilité sociale affichée, ce qui pourrait déplaire aux retraités américains (bénéficiaires de ces fonds), tout pleins de bons sentiments RSE, ainsi qu’à la presse. Aussi, comme le signale avec pertinence l’analyste Guy de La Fortelle [1] : « Cela pose un problème, parce que BlackRock, MFS et les grands fonds américains sont les maîtres des grandes capitalisations mondiales. Emmanuel Faber est assuré de trouver portes fermées dans tous les grands groupes agroalimentaires mondiaux cotés. Car derrière l’apparence de concurrence des entreprises, le capital, depuis 2008, s’est concentré dans un nombre extraordinairement petit de mains. Et la stratégie de BlackRock et de la grande communauté d’intérêts des grands gestionnaires d’actifs américains est simple : soit vous êtes avec eux, soit vous êtes contre eux, ils ne font pas dans le détail. Si Faber veut retrouver un job, il devra faire allégeance. »

    Le plan Local First, le conseil d’administration, les limites du discours RS

    Gilles Schnepp, nommé vice-président du conseil d’administration à côté de Cécile Cabanis, l’ex-directrice générale finances de Danone, qui avait démissionné, est donc le nouveau patron. Les actionnaires demandaient aussi que le plan de réorganisation et de réduction des coûts lancé par Emmanuel Faber soit au moins suspendu. Philanthropie des fonds financiers ? Que nenni. D’ailleurs, le nouveau président de Danone a annoncé le 18 mars l’application du plan Local First au Figaro : « la feuille de route stratégique de Danone ne changera pas ! » On s’interroge dans ces conditions sur ce qui a vraiment motivé l’éviction de Faber. Ce plan comprend, outre les licenciements (400 en France), une cession de marques dans les eaux, un plan d’économie d’un milliard et une réorganisation par secteurs géographiques. La “crise de gouvernance” en réalité reflète un mal plus profond qu’on ne peut imputer exclusivement à Faber. Danone est fortement exposé à un raid boursier, Danone ne pèse que 40 milliards d’euros et pourrait être la proie de ses concurrents, une OPA menace : que pèse la volonté de « vivre l’économie autrement » quand on risque de ne plus exister ?

    Ainsi quelles que soient les pratiques de management de Faber et, sans doute, ses erreurs stratégiques, on voit bien que le big business n’aime pas ceux qui ne sont pas perinde ac cadaver, dévoués au veau d’or plus que jamais debout. On voit aussi les limites des responsabilités sociales et environnementales de l’entreprise, pourtant prégnantes dans le discours contemporain.

     

    Illustration : Emmanuel Faber. Il voulait devenir le symbole de la vertu opposée au profit, il est devenu le symbole du patron déchu.

     

    [1] . Chaine YouTube de Guy de La Fortelle :
    www.youtube.com/c/LInvestisseursanscostume

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sabotage de Nord Stream  : la révolte de l’Allemagne contre l’Amérique, par Marc Rousset

    MARC ROUSSET.jpgC'est une réflexion en deux parties, si l'on peut dire, que nous envoie, cette fois-ci, notre ami Marc Rousset :

    d'abord, sa propre analyse, que vous allez lire en premier;

    et, ensuite, un entretien d'Oscar Lafontaine, traduit en français, paru à la fin du mois de novembre dernier...

    Voici donc, pour commencer, l'article de Marc Rousset...

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    Mitterrand, à la veille de sa mort, avait pris conscience de cette révolte européenne à venir, de la guerre économique à mort que nous font continuellement les États-Unis
    Oskar Lafontaine n’est pas sans nous rappeler les célèbres constatations et recommandations de Mitterrand avant sa mort : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils ont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre méconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ».
    De Gaulle, Pompidou et Jacques Rueff, eux, en ont toujours été pleinement conscients, aussi bien dans la politique monétaire, économique, étrangère, linguistique que militaire.

    La plupart des partis politiques allemands, à l’exception de la SPD, ont bien réalisé le coup de Jarnac de l’Amérique qui ne perd rien pour attendre
    L’AfD demandait déjà la réouverture de Nord Stream avant le sabotage et les responsables de la CDU ne sont pas non plus des idiots sans mémoire. La réaction viendra. Seul le SPD a effectué un virage idéologique étrange en prenant le contre-pied de son mentor Willy Brandt car il voit aujourd’hui dans la Russie, une menace militaire.

    La Russie s’est étonnée par contre de l’hypocrisie actuelle des élites allemandes en se demandant « pourquoi Berlin s’est si honteusement et lâchement abstenu d’enquêter sur le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui a coupé l’économie allemande du gaz russe bon marché ». Il se trouve pourtant qu’le SPD d’Olaf Scholz, lors de l’anniversaire du Comité de l’économie allemande pour l’Europe de l’Est, a déjà proposé à Moscou de reprendre la coopération économique lors de la fin de la guerre en Ukraine !
    L’Allemagne, valet de l’Amérique, est un rival très jaloux de la France, mais n’est pas viscéralement, comme la Pologne, pro-américaine et anti-française.

    L’Allemagne, après avoir mis en échec un grand nombre de projets militaires industriels franco-allemands, après avoir torpillé la politique nucléaire énergétique de la France, suite à son immense erreur de l’ « Energiewende », a montré cependant un peu de compréhension avec Paris sur trois dossiers récents .
    Le très important projet d’armement aéronautique franco-allemand SCAF continue avec un nouveau contrat signé, Dassault étant le seul maître d’œuvre. L’Europe vient aussi de trouver un accord sur le plafonnement des prix du gaz à 180 euros par mégawattheure, alors que les Allemands n’en voulaient pas au départ. Il semble également que l’Allemagne et la France vont finalement réagir conjointement face au protectionnisme de Washington et à l’immonde IRA (Inflation Reduction Act)

    Les dirigeants allemands dont Scholz, comme Macron et tous les Européens, ont sauté à pied joint dans le piège de « l’ami américain », mais la révolte viendra !
    Les dirigeants européens ont accumulé les erreurs en matière énergétique, passant d’une soi -disant dépendance au fournisseur russe à une véritable dépendance américaine, qui est de plus catastrophique sur le plan écologique et coûte un prix exorbitant. Cela n’empêche pas les États-Unis d’acheter des millions de dollars de marchandises à la Russie et de mettre en place un protectionnisme économique qui menace de ruiner l’industrie européenne.
    Ce sont l’obsession de la transition énergétique, alors que le réchauffement de la planète par l’homme est une sinistre plaisanterie non prouvée scientifiquement, ainsi que les sanctions économiques suicidaires contre la Russie, qui ont poussé les Européens dans la direction souhaitée et rêvée depuis longtemps par Washington !

    Le réaliste et visionnaire Viktor Orban a pu déjà déclarer à ce sujet : « Le prix de la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’est pas le même des deux côtés de l’Atlantique. Si nous voulons que l’industrie européenne survive, nous devons résoudre rapidement le problème de la crise énergétique européenne. Il est temps de revoir les sanctions. Toute nouvelle sanction sur le gaz ou l’énergie nucléaire russe aurait des conséquences tragiques »

    Dans l’immédiat, en apparence, il n’y a pas de réaction publique de l’Allemagne et d’autres dirigeants européens, suite au sabotage du gazoduc Nord Stream par l’Amérique, mais cet acte ignoble, comme le coup de pied de l’âne, finira par ressortir un jour ou l’autre sur la place publique en Europe, avec des conséquences géopolitiques graves quant au protectorat économique et militaire de l’Amérique sur l’Allemagne, la France et l’Europe. Oskar Lafontaine aura été un courageux pionnier clairvoyant !

    Marc Rousset

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    Voici maintenant la traduction en français de l’excellent et assez long entretien, publié fin novembre 2022, par "Die deutschen Wirtschaftsnachrichten im Gepräch" d'Oskar Lafontaine, ancien Président de la Sarre, ancien Président du SPD, ancien Ministre des Finances, ancien candidat à la Chancellerie. Son analyse, non seulement francophile, ce qui est très rare en Allemagne, mais aussi tout à fait identique à celle du général De Gaulle et de Konrad Adenauer sur le plan géopolitique, interpelle, même si sa sensibilité SPD humaniste, socialiste, pacifiste est à l’antipode de celle du Général.
    Oskar Lafontaine a toujours stigmatisé la dangerosité de l’alignement des intérêts européens sur ceux de l’OTAN qui ne sont rien d’autres que ceux des Américains et uniquement ceux des Américains. ll a toujours eu horreur de la guerre, a toujours milité pour l’indépendance de l’Allemagne, en étant assez proche de la pensée de Jacques Chirac, dernier Président d’une France indépendante et souveraine pour avoir refusé la guerre en Irak et le retour de la France dans l’OTAN, alors que l’hypocrite et vendeur de soupe « Sarko l’américain » s’est fait un plaisir de brader les intérêts de la France en intégrant l’OTAN ,sans faire quoi qu ce soit, malgré ses promesses de charlatan, pour combattre l’invasion migratoire en cours.
    Oskar Lafontaine met en garde dans l’interview ci-dessous d’une façon fracassante sur le déclin économique possible de l’Allemagne, sur la guerre par procuration entre la Russie, l’Otan et l’Amérique en Ukraine. Il exige même le retrait des troupes américaines d’Allemagne, ce qu’avait aussi réalisé le général De Gaulle pour la France !

    Titre de l’entretien en allemand d’Oskar Lafontaine : "L’Europe paie le prix de la lâcheté de ses propres dirigeants"

    DWN : Quelles seront les conséquences du sabotage à l’explosif des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ?
    Oskar Lafontaine : L’explosion des deux gazoducs est une déclaration de guerre à l’Allemagne et c’est à la fois pathétique et lâche que le gouvernement fédéral veuille mettre l’incident sous le tapis. L’Allemagne dit qu’elle sait quelque chose, mais qu’elle ne peut pas le dire pour des raisons de sécurité nationale. Les moineaux le sifflent pourtant depuis longtemps sur les toits : les États-Unis ont soit directement mené l’attaque, soit au moins donné le feu vert. Sans la connaissance et le consentement de Washington, la destruction des gazoducs, qui est une attaque contre notre pays, paralyse notre économie et va à l’encontre de nos intérêts stratégiques, n’aurait pas été possible.
    C’était non seulement un acte hostile contre la République fédérale, mais aussi la démonstration une fois de plus que nous devons nous libérer de la tutelle américaine.

    DWN : Dans votre nouveau livre « Ami, il est temps de partir ! », vous appelez au retrait des troupes américaines d’Allemagne. N’est-ce pas irréaliste ?
    Oskar Lafontaine : Bien sûr, cela ne se fera pas du jour a lendemain, mais l’objectif doit être clair : le retrait de toutes les installations militaires et nucléaires américaines d’Allemagne ainsi que la fermeture de la base aérienne de Ramstein. Il faut y travailler avec persévérance et construire en même temps une architecture de sécurité européenne, car l’OTAN dirigée par les États-Unis est obsolète, comme l’a reconnu à juste titre, le président français Emmanuel Macron. C’est parce que l’OTAN n’est plus une alliance défensive, mais un outil pour faire respecter la prétention des États-Unis à rester la seule puissance mondiale. Nous devons donc formuler nos propres intérêts qui ne sont en aucun cas conformes à ceux des États-Unis.

    DWN : Vous dites que les Américains sont responsables de l’explosion des gazoducs. Croyez-vous sérieusement qu’ils abandonneraient l’Allemagne sans combattre ?
    Oskar Lafontaine : Non, ça va être très dur, mais je ne vois pas d’alternative. Si nous et les autres pays européens continuons à rester sous tutelle américaine, ils nous pousseront jusque vers la falaise pour protéger leurs propres intérêts Nous devons donc progressivement élargir notre champ d’action, de préférence avec la France. Comme Peter Scholl-Latour, j’ai réclamé il y a de nombreuses années, une union franco-allemande. Ensuite la défense des deux États pourrait également être intégrée, en tant que noyau d’une Europe indépendante. Pour utiliser une expression désormais éculée : nous vivons les affres de l’enfantement de la phase de transition d’un ordre mondial unipolaire à un ordre mondial multipolaire. Et là se pose la question de savoir si nous avons notre propre place dans ce nouvel ordre mondial ou si nous nous laissons entraîner dans les conflits de Washington avec Moscou et Pékin en tant que vassaux américains. Nous ne pourrions alors que perdre.

    Oskar Lafontaine : La scène où le Chancelier Scholz apparaît comme un petit écolier muet sur l’estrade pendant une Conférence de presse à Washington, à côté du grand Maître américain, le Président Biden, lorsque celui-ci l’informait que son gazoduc Nord Stream 2 n’allait pas faire long feu, représentait une véritable mortification provocatrice et arrogante pour l’Allemagne.

    DWN : Vous citez Machiavel dans votre ouvrage : « Ce n’est pas celui qui agresse militairement qui est le responsable du mal, mais celui qui est à l’origine véritable du conflit ».  Cette citation s’applique-t-elle au conflit ukrainien ?
    Oskar Lafontaine : Cette citation vaut pour le conflit en Ukraine depuis qu’il a commencé en 2014 avec le coup d’État américain à Maîdan. Les États-Unis ont ensuite équipé et préparé les Ukrainiens à une guerre contre la Russie, en faisant de l’Ukraine, non pas en droit, mais de fait, un membre de l’OTAN. Ces préliminaires sont intentionnellement passés sous silence par les médias et les hommes politiques occidentaux.
    Depuis 100 ans, l’objectif officiel de la diplomatie américaine est d’éviter à tout prix un rapprochement entre l’économie, la technologie allemande et les matières premières russes. Il y a là trahison par le SPD de la politique de réconciliation, de paix , initiée par Willy Brandt, tout comme une irresponsabilité impardonnable de ne pas avoir fait respecter les accords signés de Minsk

    DWN : Est-ce que les États-Unis ont atteint leurs objectifs de guerre ?
    Oskar Lafontaine : Oui et non ! Les États-Unis ont magnifiquement réussi à séparer l’UE de la Russie, à mettre l’Allemagne hors-jeu comme rival économique, à dicter leur politique à l’UE et aux États européens. Ils ont aussi réussi à vendre leur saleté de gaz de schiste et à réaliser des affaires en or pour leurs industries d’armements.
    Mais les États-Unis n’ont pas réussi à faire s’écrouler l’économie russe., à provoquer le départ de Poutine et à mettre en place un gouvernement fantoche, comme avec Eltsine, afin de mettre la main sur les matières premières russes. Les États-Unis sont tombés sur un bec de granit. Les États-Unis face à la force nucléaire russe hautement technologique sont impuissants, avec le simple envoi d’armements et de conseillers militaires. De plus, les sanctions sont contre-productives et reviennent comme un boomerang dans la face des États européens. Tout cela va conduire à la désindustrialisation, la pauvreté et au chômage. Les classes populaires et travailleuses en Europe vont payer la note des ambitions de l’Amérique et de la lâcheté des dirigeants européens.

    DWN : A partir de maintenant, c’est donc la dégringolade ?
    Oskar Lafontaine : Les États-Unis doivent renoncer à mettre la Russie à genoux avant leur prochain combat au corps à corps avec la Chine. C’est pourquoi une initiative franco-allemande s’impose !
    Si l’on ne parvient pas rapidement à un nouvel accord avec la Russie pour les importations d’énergie et de matières premières, il faut alors s’attendre à un écroulement de l’économie européenne et à la montée en puissance des partis de droite.

  • Éphéméride du 3 novembre

    1468 : Sac de Liège (ici, la ville, de nos jours)

     

     

    743 : Translation des restes de Saint Hubert devant l'autel de la collégiale Saint-Pierre de Liège 

     

    Le saint patron des chasseurs était le gendre du roi Dagobert.

    Il abandonna son Duché d'Aquitaine à son frère, en 688, pour devenir moine, avant que sa renommée ne le fasse élire évêque de Liège.

    La tradition raconte que sa vocation remonte à l'une de ses chasses, le jour du Vendredi saint, alors qu'il courrait un cerf : celui-ci lui apparut avec une croix entre les bois, et cette pensée lui vint alors : chasser un vendredi saint ? Pourquoi ne vas-tu pas plutôt prier ?

    C'est Floribert, évêque de Liège et successeur d'Hubert - lui-même évêque de la ville - qui procède à la cérémonie : voilà pourquoi c'est au 3 novembre qu'on célèbre Saint Hubert, et non le jour de sa mort, le 30 mai 727. 

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    La vision de Saint Hubert, racontée au fronton de la Chapelle Saint Hubert, au château d'Amboise  
    Écouter :  La Saint-Hubert.mp3 
    (Paroles : La Saint Hubert.pdf) 

     

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    1440 : Libération de Charles d'Orléans 

     

    Fait prisonnier à Azincourt en 1415 et emmené en Angleterre, Charles d'Orléans (fils du frère de Charles VI, il est le père de Louis XII) est remis en liberté après vingt-cinq années de captivité.

    Ne perdant jamais espoir ni belle humeur, il nous a laissé cent deux ballades, trente et une chansons et quatre cents rondeaux...

     

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             Charles d'Orléans recevant l'hommage. Enluminure du XVème siècle          

                                 

     

    "Encore est vive la souris", écrit-il dans une ballade où, sitôt libéré, il décrit ce "temps en espérance" passé en captivité :

     

    Nouvelles ont couru en France
    Par maints lieux, que j'estoye mort;
    Dont avoient peu de desplaisance
    Aucuns qui me hayent à tort.
    Autres en ont eu desconfort,
    Qui m'ayment de loyal vouloir,
    Comme mes bons et vrais amis.
    Si fais à toutes gens sçavoir
    Qu'encore est vive la souris.
    Je n'ay éu mal ne grevance,
    Dieu mercy, mais suis sain et fort;
    Et passe temps en esperance
    Que Paix, qui trop longuement dort,
    S'esveillera et par accort
    À tous fera liesse avoir.
    Pour ce, de Dieu soient maudis
    Ceulx qui sont dolents de veoir
    Qu'encore est vive la souris.
    Jeunesse sur moi a puissance;
    Mais Vieillesse fait son esfort
    De m'avoir en sa gouvernance,
    À present faillira son sort :
    Je suis assez loin de son port.
    De plourir vueil garder mon hoir
    Loué soit Dieu de paradis
    Qui m'a donné force et povoir
    Qu'encore est vive la souris.

     

     

     http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/orleans-charles

     

     

     

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    1468 : Sac de Liège 

     

    Depuis près de soixante ans, Royaume de France et Duché de Bourgogne s'opposent (voir l'Éphéméride du 21 avril).

    La ville de Liège, francophone et, de coeur, favorable à la France fera les frais de cette longue rivalité : en 1468, lorsqu'elle se révolte contre le duc de Bourgogne, alors en discussion avec le roi de France - Louis XI - à Péronne, la ville est attaquée, prise, mise à sac et rasée par les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire. Cette sévérité répondait au coup de force tenté par les six cents Franchimontois qui, dans la nuit du 29 au 30 octobre, tentèrent de s'emparer des deux souverains, qui assiégeaient la ville de conserve : Philippe de Commynes a raconté l'action héroïque, et perdue, de ces six cents habitants du pays de Franchimon...

    À cette occasion, Louis XI sera retenu prisonnier par le duc de Bourgogne, devenant ainsi le troisième roi de France à être fait prisonnier (voir l'Éphéméride du 11 février)...

     

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             Pour punir la ville, le Perron est enlevé aux Liégeois par les hommes de Charles le Téméraire

    Le Perron est un monument emblématique à Liège.

    Il se dresse au centre de la place du Marché, près de l'Hôtel de Ville: il s’agit d’une colonne de pierre dressée sur un piédestal de trois marches rectangulaires. Les angles reposent sur des lions couchés. La colonne est surmontée des Trois Grâces. Une croix posée sur une pomme de pin domine l'ensemble.

    C’est parce que ce monument symbolise les libertés locales que Charles le Téméraire, qui met à sac la cité de Liège et lui confisque toutes ses libertés en 1468, ordonne de le démonter et le fait exposer à Bruges, pour témoigner de l'anéantissement du "Pays de Liège", coupable de s'être insurgé contre l'autorité du duc de Bourgogne.

    C'est seulement en 1478, après la mort du Téméraire, que le peuple liégeois récupère son monument, et ses droits...

     

     

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    1616 : Création du Régiment de Lyonnais

     

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    Dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France, voir la photo "Le Régiment de Lyonnais"...

     

     

     

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    1793 : Olympe de Gouges est guillotinée

     

    3 novembre,azincourt,charles d'orléans,liège,charles le temeraire,perron,tour eiffel,malraux,olympe de gouges,saint hubertSon vrai nom est Marie Gouzes.

    Royaliste, comme tout le monde (il n'y avait pas dix républicains en France, selon le mot de Saint Just, alors qu'il y avait bien "26 millions de royalistes", selon le mot d'Alain Decaux...), elle adopta l'enthousiasme des idées nouvelles au moment où, pour tout le monde, cette révolution semblait n'être que l'évolution nécessaire dont avait rêvé, par exemple, un Mirabeau.

    Mais assez vite, par la suite, révoltée et effrayée par les horreurs dont Marat, Danton, Robespierre et consorts se rendirent coupables, et lucide sur les conséquences de ce qui ne pouvait plus que déboucher sur le Totalitarisme, Marie/Olympe redevint la royaliste qu'elle avait été.

    Elle eut le courage, la noblesse de coeur et la grandeur d'âme de demander à défendre Louis XVI, ce qui lui fut interdit par les Conventionnels - les "bourreaux barbouilleurs de lois", comme les appelait André Chénier, qu'ils guillotinèrent également... - et de rédiger des pamphlets contre Marat et Robespierre. Elle ne put donc assister et aider concrètement Malesherbes à défendre le Roi, au cours de son pseudo-procès.

    Un tel courage ne pouvait bien sûr pas rester impuni : Robespierre la fit guillotiner le 3 novembre 1793, trois semaines après Marie Antoinette, à qui elle avait crânement adressé le préambule de sa "Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyennne".

    Il est attesté qu'elle monta à l'échafaud en faisant preuve d'un grand courage et d'une grande sérénité, illustrant le naufrage des Lumières dans la Terreur...

    "Je voudrais que le roi de France remontât sur son trône, que la nation reconnût qu'il en est descendu pour le malheur de la France"

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    Olympe de Gouges à l'échafaud, gravure d'époque
     
    Les partisans du Système ont oublié - ou font semblant... - dans quelles conditions se fit la révolution : en ce qui concerne les femme, la constitution votée le 23 juin 1793 instaure un suffrage universel masculin. Peu de temps après, le rapport d'Amar, député de l'Isère, au comité de sûreté générale va dans le même sens :
     
    "les femmes doivent-elles exercer des droits politiques et s'immiscer dans les affaires du gouvernement ? L'opinion universelle repousse cette idée. Les femmes doivent-elles se réunir en associations politiques ? En général les femmes sont peu capables de conceptions hautes et de méditations sérieuses… Voulez-vous que, dans la République française, on les voie venir au barreau, à la tribune, aux assemblées politiques comme les hommes, abandonnant et la retenue, source de toutes les vertus de ce sexe, et le soin de leur famille ?… Nous croyons qu'une femme ne doit pas sortir de sa famille pour s'immiscer dans les affaires du gouvernement."
     
    Le 30 octobre 1793 les clubs féminins sont fermés. Le 4 prairial an III (23 mai 1795), nouveau décret de la Convention :
     
    "toutes les femmes se retireront dans leur domicile respectif : celles qui, une heure après l'affichage du présent décret, seront retrouvées dans la rue, attroupées au dessus du nombre de 5, seront dispersées par la force armée et successivement mises en état d'arrestation jusqu'à ce que la tranquillité publique soit rétablie dans Paris."
     
     
     
     

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    1794 : Mort du Cardinal de Bernis. 

     

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    Né en 1715, quand s'éteint Louis XIV, et mort en 1794, quatre mois après Robespierre, le cardinal de Bernis incarne l'honnête homme du XVIIIème siècle...

     

     

    François-Joachim de Pierre de Bernis naquit le 22 mai 1715, à Saint Marcel d'Ardèche (comme Gustave Thibon, qui aimait à citer son vers célèbre : "Où Dieu n'a point d'autel, les Rois n'ont point de trônes"...)

    Ambassadeur de France à Venise, Bernis fut tellement efficace que, de retour en France, Louis XV le choisit pour être le négociateur secret du renversement des alliances qui allait conduire la France à une entente avec l’Autriche au détriment de la Prusse.

    L’opération, menée avec succès en dehors des voies officielles, se conclut par le Traité de Versailles (1er mai 1756). En 1757, Bernis entra au cœur du pouvoir en étant nommé secrétaire d’État des Affaires étrangères...

    Malheureusement, cette vision géostratégique lumineuse et progressiste, au vrai sens du terme, ne fut pas comprise par une opinion publique rétrograde et passéiste, qui continuait, après plus de deux siècles de guerre ouverte avec

  • Patrimoine cinématographique • Le discours d’un Roi

     

    Par Pierre Builly  

    Le discours d’un Roi de Tom Hooper (2010)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpg

    Le miracle de la fonction  

    Un scénario en or, équilibré entre le drame personnel et la situation historique. Des acteurs extrêmement bien choisis, sans outrances, sobres et exacts. Une période suffisamment proche de nous et suffisamment étrangère aux préoccupations d’aujourd’hui.

    De là à mériter une pluie d'Oscars ? Tant que ça... ? Pour l'originalité de l'histoire et pour le contexte politique, assurément ; mais davantage ?

    Le-roi-son-therapeute-et-la-reine_width1024.jpgPour qui est interrogatif, comme je le suis, sur la nature du Pouvoir, la charge épouvantable, imméritée, indésirée qui pèse sur ceux qui la reçoivent sans l'avoir revendiquée, qui la prennent comme une fatalité (voir Que la fête commence ou Marie-Antoinette) le film de Tom Hooper est une médiation superficielle, mais intelligente. George VI n'a pas davantage envie que son frère aîné Édouard VIII d'assumer la responsabilité qui lui incombe et dont il est comptable devant la Nation britannique à une des périodes les plus angoissantes de l'Histoire : en décembre 1936, date de son accession au Trône, les difficultés économiques nées de la Crise mondiale de 1929 sont bien loin d'être retombées et l'Europe toute entière commence à percevoir les soubresauts d'un volcan qui va la ravager.

    le-discours-dun-roi-e1532182391789.jpgLe film de Tom Hooper mixe intelligemment le drame personnel et familial du duc d'York, affligé par un irrépressible bégaiement, et sa conjonction avec la montée des périls. Le point culminant en est évidemment le discours prononcé devant le Royaume tout entier recueilli, inquiet et grave lors du déclenchement de la Guerre, le 3 septembre 1939.

    Lediscoursdunroi3.jpgDiscours d'une grande force, d'une grande hauteur de vues (rédigé par qui, au juste ? Le Premier ministre, Neville Chamberlain, sans doute), mais dont la dramaturgie est accentuée par l'incertitude qui pèse sur la difficulté pour le Roi de le prononcer ; images très émouvantes d'un peuple qui ne sait pas encore qu'il supportera tout seul, une longue année terrible, entre juin 40 et juin 41, le sort du monde civilisé et qui le fera impeccablement.

    L'hommage rendu à la Grande-Bretagne est justifié et remarquable et j'ai bien du regret que notre bel aujourd'hui français ne cherche pas dans notre propre histoire d'aussi remarquables moments d'émotion et de fierté, au lieu de se perpétuellement scarifier et rouvrir les plaies, dans une course à la honte et à la culpabilité, réelle ou prétendue. Mais ceci est une autre histoire, comme disait le grand Kipling, Anglais exemplaire.

    arton4580.jpgDonc les acteurs. Ils sont pour beaucoup dans le succès mérité du Discours d'un Roi ; j'avoue bien volontiers n'en connaître aucun, n'avoir jamais vu un de leurs films, et être admiratif devant leur tenue, là aussi toute britannique ; une mention spéciale pour Ève Best, incarnation physique à peu près parfaite de la diabolique Wallis Simpson ; je suis assez vieux pour avoir eu la tête farcie, pendant mes années de jeunesse, par les images du couple princier, duc et duchesse de Windsor, dont les hebdomadaires étaient emplis et qui étaient des figures hautement symboliques du Paris mondain qui n'était pas encore celui de la Jet-Set, mais celui d'une aristocratie décavée et pourrissante, bien élevée, morbide. Mais des bravos pour les deux acteurs principaux, Colin Firth, George VI aux capacités limitées, mais conscient de sa mission et Geoffrey Rush, l’orthophoniste fêlé qui se prend au jeu.

    Le film serait un très bon film s'il était mieux filmé ; ça n'a manifestement pas été la préoccupation principale de Tom Hooper ; abus de gros plans, de travellings sans raisons d'être ; image jaunâtre comme celle du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, jaune et verte, comme si l'hommage à la couleur sépia des anciennes photos était devenu le pertuis obligé pour nous faire prendre conscience du passage des années...  

    Le-Discours-d-un-Roi-Edition-Simple.jpg

    DVD autour de 10 €     

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Une chronique de France info sur les Cent jours : vérité sur Napoléon, qui a menti...

                On en parle régulièrement sur ce Blog, parce qu'elle est toujours intéressante, et souvent remarquable : la chronique Le livre du jour, de Philippe Vallet, ce 7 août 2010, n'a pas derogé à la règle.

                Pendant 2'29", Philippe Vallet a reçu Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, pour parler du quatrième et dernier tome de sa Nouvelle Histoire du Premier Empire

    napoleon cent jours.jpg
    Nouvelle Histoire du Premier Empire - Tome IV, Les Cent jours
    Thierry Lentz, Fayard - 600 pages, 27 euros

                Et il est bon que ce soit Thierry Lentz qui ait été invité, et que ce soit lui qui ait dit ce qu'il a  dit. Les propos d'un adversaire declaré de Napoléon auraient eu moins de poids, auraient peut-être paru moins crédible...

                Car, que nous disent les deux intervenants, ce samedi matin, dans leur courte mais dense chronique ? Eh, bien, en peu de mots, ils rendent un hommage éclatant à Louis XVIII et à la Restauration, et établissent le fait que Napoléon a menti, en re-écrivant l'Histoire....

                Premier point, très brièvement évoqué, mais cela suffit : justice est rendue à Louis XVIII, et à la Restauration, qui a donné le parlementarisme à la France ("...elle a goûté au parlementarisme avec Louis XVIII...", dit Philippe Vallet). Une France dans laquelle l'opinion publique était, alors, majoritairement hostile à l'Empire, qui perd les trois élections qu'il organise (les royalistes gagnent les élections municipales, les libéraux, les législatives, et les abstentionnistes le plébiscite, ou moins de 20% de votants se présentent...)

                Sur le deuxième point, Philippe Vallet et Thierry Lentz montrent que c'est donc bien Chateaubriand qui a raison, lorsqu'il écrit "Tout est menti chez Napoléon". Un exemple entre mille : ce court passage des Mémoires d'Outre Tombe (La Pléiade, Tome I, page 1002) :

                "...Ce n'était pas tout que de mentir aux oreilles, il fallait mentir aux yeux : ici, dans une gravure, c'est Bonaparte qui se découvre devant les blessés autrichiens, là c'est un petit tourlourou qui empêche l'empereur de passer, plus loin Napoléon touche les pestiférés de Jaffa, et il ne le sa jamais touchés; il traverse le Saint-Bernard sur un cheval fougueux dans des tourbillons de neige, et il faisait le plus beau temps du monde..."

               Depuis un certain temps, l'on assiste - et nous nous en faisons régulièrement l'écho ici - à une sorte de re-découverte de notre Histoire vraie; à une sorte de ré-appropriation de nos racines historiques authentiques, dégagées - enfin !... - de la gangue des mensonges, falsifications et travestissements dont une histoire officielle mensongère les avaient affublées.

               Et ce mouvement, nous ne cessons de le dire, ne pourra pas rester sans conséquences

               Voici donc une chronique, courte mais substantielle, qui s'inscrit dans ce grand mouvement. Et dans laquelle les deux intervenants établissent bien les faits : pour la première fois, c'est le vaincu qui re-écrit l'Histoire, en la déformant à son avantage (cela porte un nom...), et en rejetant la faute sur les autres : Grouchy, qui est arrivé trop tard; Ney, qui a sacrifié la cavalerie...

              Mais la chose est dite : Napoléon a re-écrit l'Histoire, à sa façon, en l'arrangeant au mieux de ses intérêts à lui. Et il a magnifié la légende, mais elle reste une légende, mensongère, qui plus est....

                Il est bon que cela ait été dit.

                Pour écouter l'ensemble de cette courte, mais intéressante, rubrique, cliquer ici : 

     

    Le livre du samedi matin, Philippe Vallet.  (2'29")

     

     

     

    Sous l’angle politique, diplomatique ou militaire, le système napoléonien a cessé de vivre avec l’abdication de 1814 et l’installation aux Tuileries du frère de Louis XVI. Aussi, le long récit historique de Thierry Lentz aurait-il pu se clore sur ces événements, les Cent-Jours n’étant que le bégaiement d’années fécondes, tantôt glorieuses, tantôt décevantes, de la conquête de l’Europe à l’effondrement. La France n’est-elle pas désormais dépouillée de presque toutes ses conquêtes ? Ses institutions ne sont elles pas en cours d’adaptation à un modèle dont les réminiscences de l’Ancien Régime ne sont pas absentes ?

    Pourtant, la mémoire de Napoléon ne serait pas la même s’il n’avait pas eu l’audace de vouloir inverser le cours des choses : ce furent le « miracle » du retour de l’île d’Elbe, les Cent-Jours et Waterloo.

    L’historien doit observer qu’il n’y a rien de commun entre ces trois mois de 1815 et les quinze années précédentes. Le revenant de l’île d’Elbe a perdu la main. Il multiplie les erreurs dans le choix des hommes et les imprudences politiques. Il s’entoure d’un personnel fatigué ou bien de ses pires ennemis, sans compter l’appel à des intellectuels en manque de prestige. Il subit aussi des trahisons que ne compensent pas certains ralliements, tandis qu’à Vienne les puissances poursuivent la reconstruction d’une Europe dans laquelle il n’a plus sa place. Le salut du régime ne tient plus qu’au savoir-faire guerrier du vainqueur d’Austerlitz. Mais l’Empire succombe dans une « morne plaine », aux portes de Bruxelles, avant de recevoir l’estocade devant les Chambres. La paix signée avec les vainqueurs sera terrible.

    Il faudra la réécriture de l’histoire à Sainte-Hélène, l’envol de la légende et que, les années passant, « la France s’ennuie », comme devait dire Lamartine, pour que les Cent-Jours soient oubliés, pardonnés puis magnifiés.

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Joséphine, l’atout irrésistible de Napoléon….

    1.jpgEn DVD : Joséphine, l’atout irrésistible de Napoléon… de Jean-Louis Rémilleux, présenté par Stéphane Bern, avec divers intervenants dont les historiens et écrivains Jean Tulard, Thierry Lentz et Pierre Branda (Fondation Napoléon).

    guilhem de tarlé.jpgNul ne sait quel parti il aurait pris au temps de…

    Pharisien ou chrétien, ou encore, comme certain, précurseur des gestes barrières, se serait-il lavé les mains ?

    Le Dieu, « le fils de L’Homme », nous a mis en garde : « Ne jugez point » (Mt 7,1)

     

    Alors… Napoléon…

    Il y a chez tout homme, et chez tout meneur d’hommes, du bon et du mauvais, et je me garde bien, à deux siècles de distance, d’émettre une opinion unique et définitive à l’égard du général Vendémiaire et de l’Empereur des Français. En revanche, je veux profiter du bicentenaire de sa mort, de cette année Napoléon, pour me cultiver de son histoire qui est une page de 15 ans de l’Histoire de France dont nous sommes les héritiers conscients.


    Comment ne pas y revenir en ce 22 juin, anniversaire de sa deuxième et définitive abdication (1815), et aussi en ce 23 juin, double anniversaire de celle dont une diseuse de bonne aventure avait prédit qu’elle serait « plus que reine ».

    C’est en effet le 23 juin 1763 que naît à la Martinique Marie-Josèphe-Rose Tascher de la Pagerie qui épousera, le 13 décembre 1779, le Vicomte Alexandre de Beauharnais. Ce dernier était un « libertin consommé » et, après les naissances d’Eugène (1781) et d’Hortense (1783), les époux vécurent séparés durant plusieurs années avant de se retrouver à la prison des Carmes où l’ancien Président de l’Assemblée Constituante fut guillotiné, le 23 juin 1794. Il s’en fut de peu, par la suite, que la « ci-devant veuve Beauharnais », ne fut, elle aussi, à son tour guillotinée, avant que la Révolution, le 9 thermidor an II, ne dévore son enfant « vertueux » Robespierre.   

    La vidéo, trop longue, sans chapitres, nous montre comment, sortie de prison, cette séductrice, frivole et gourgandine, bien introduite dans les milieux débauchés du pouvoir thermidorien, sut « déniaiser » et subjuguer le capitaine Bonaparte jusqu’à l’accompagner au sommet du pouvoir avant de l’aider par son goût de la nature, des arts et des belles choses, en dépensant sans compter, à se mouvoir parmi les puissants.

    Couronne sur la tête, elle sut s’effacer pour permettre à l’Empereur d’avoir un héritier, inaugurant avant la lettre le « divorce par consentement mutuel » tandis que « son ex » déclarait « Elle a embelli 15 années de ma vie ».

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et 500 autres sur mon blog Je ciné mate

  • Un jeu très dangereux, par Jean Monneret (Historien).

    Des soutiens de Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des travailleurs, devant le tribunal militaire de Blida, en Algérie, le 9 février 2020. PHOTO / RYAD KRAMDI / AFP.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Et si, en nommant Benjamin Stora , historien contestable, le président français venait au secours du pouvoir corrompu d’Alger, à la recherche d’une cause extérieure à l’échec du FLN  ?

    En Algérie, aujourd’hui est encore pire qu’hier

    8.jpg«  Alors que les arrestations de militants se multiplient, cet éditorialiste algérien s’émeut des dérives du nouveau régime algérien. Et appelle à la poursuite du combat pour la démocratie, un an après la chute d’Abdelaziz Bouteflika.  »

    On sait que le FLN, à chaque crise intérieure, incrimine la «  colonisation français  » pour détourner les regards, Macron a-t-il l’intention de tomber dans le piège  ? (NDLR, Olivier Perceval)

    Il y a quelque temps, je vous ai invités à réfléchir à la personnalité et à l’activité de M. Benjamin Stora choisi par Emmanuel Macron pour «  favoriser la réconciliation entre les peuples français et algérien  ». Dont on ignorait d’ailleurs qu’ils fussent si fâchés. Considérons aujourd’hui ce que pourraient être les conséquences d’une «  réconciliation  », qui serait en fait un nouvel abaissement expiatoire de la France devant les actuels maîtres de l’Algérie.

    D’abord, elle se situerait en pleine crise identitaire française. On s’en prend actuellement, tous les jours, aux signes visibles de notre Histoire et d’aucuns militent pour leur mise au placard. Je suis d’accord avec Finkelkraut et Onfray pour dire que ce genre de processus pénitentiel, issu de la haine de soi, n’aura plus de fin, une fois engagé. Une «  réconciliation  » bâclée, consistant à se prosterner une nouvelle fois*devant les revendications schizophréniques du FLN, ajouterait à la crise française et pourrait la porter au paroxysme.

    Macron et Stora jouent avec des données très enflammables. Les convictions européistes du Président sont connues  : il croit à cette Europe née des rêves de Jean Monnet et reposant sur l’effacement des états-nations. Je ne pense pas qu’il comprenne en profondeur ce qu’est une Nation. Voit-il ce qu’une démarche expiatoire imposée par Alger aurait de catastrophique  ?

    En choisissant Stora pour cette mission, il est à craindre qu’il ait déjà engagé une évolution sans retour. Stora est un anticolonialiste patenté. Le choisir c’est annoncer la suite car, J.Sevillia n’a pas tort de lui imputer une vision partiale de la Guerre d’Algérie.

    Essayons d’imaginer ce que pourrait être les suites d’une démarche pénitentielle en direction d’Alger. Beaucoup de nos concitoyens ont du mal à l’imaginer. Nombre d’entre eux voient en tout cela un fatras de vieilleries dont il serait bon de faire table rase. Erreur  ! Et pour plusieurs raisons. Les conséquences s’empileraient sans limites.

    1°) La France se placerait dans une position de débitrice envers l’Algérie.**

    2°) Il serait toujours plus difficile de réguler l’immigration algérienne. Le gouvernement français renoncerait peut-être même à le faire, à titre de compensation pour les dommages passés.

    3°) Un flot ininterrompu de requêtes d’indemnisation se déverserait, pour les essais nucléaires, pour les victimes des opérations de l’Armée et sur tout sujet.

    4°) En reconnaissant une «  culpabilité  » française, le gouvernement français consacrerait une vision historique erronée, biaisée. Ceci conforterait le sentiment antifrançais dans les banlieues sensibles. Les courants djihadistes en seraient stimulés.

    5°) La lutte contre le terrorisme et le travail de la police seraient affaiblis. Notre Armée, la seule digne de ce nom en Europe, serait affublée d’un passé en partie imaginaire et chargée de 1000 entraves destinées à empêcher le retour «   des jours sombres  ».

    6°) Une capitulation devant les revendications du FLN porterait un rude coup à la discipline historique. Une inversion de l’Histoire et l’instrumentalisation de cette discipline à des fins de basse politique mèneraient au chaos intellectuel et moral.

    7°) L’âme de la France, notre héritage spirituel, le rôle unique de notre pays dans l’Histoire, la Lumière qu’il apporte au monde seraient ébranlés, voire compromis.

    8°) La France est la clef de voûte de l’Europe. Notre abaissement serait celui du continent tout entier.

    Notes :

    *Une nouvelle fois, car, il y eut le précédent des Accords d’Evian, capitulation de type munichois devant le terrorisme, mais dissimulée sous un dispositif de type Potemkine, de principes et de garanties inapplicables et inappliqués.

    **A son arrivée au pouvoir, il y a 39 ans, F.Mitterand décida, de son propre chef et sans requête de la partie bénéficiaire, d ‘augmenter le prix payé pour le pétrole algérien.

  • Pas de démocratie sans identité nationale !, par Christian Vanneste.

    La grande question qui se pose à une démocratie est celle du “démos” qui est censé être le souverain de cette réalité politique. Pour que le peuple soit souverain, encore faut-il qu’il y ait un peuple. En France, le peuple avant même d’être souverain constituait une nation.

    christian vanneste.jpgMalgré la diversité de ses coutumes et de ses patois, la France prenait conscience d’elle-même en s’identifiant à son roi. Sans guerre de succession, sans rivalités dynastiques, la longue lignée des Capétiens, d’une branche à une autre jusqu’aux Bourbons, avait incarné la représentation légitime de la France selon les lois fondamentales du Royaume et selon la volonté divine. Le sacre de l’héritier mâle le plus proche en ligne masculine réalisait cette double condition. Ainsi étaient évitées les compétitions entre candidats à la succession ou l’éventuelle puissance d’un étranger devenu l’époux de la reine. Dans les moments les plus difficiles de notre histoire, la Guerre de Cent Ans ou les Guerres de Religion, la clarté de la source de légitimité a imposé la continuité dynastique et l’unité du pays. Deux autres facteurs y ont puissamment contribué : la religion catholique dominante au point d’obliger le futur Henri IV à se convertir et la langue française. La plupart des autres nations n’ont connu ni cette unité, ni cette continuité que ce soit l’Angleterre ou l’Espagne où les luttes dynastiques et les séparatismes régionaux ont jalonné l’histoire, que ce soit l’Allemagne dont l’unité tardive a laissé perdurer la division religieuse entre catholiques et protestants, ou encore l’Italie marquée par des identités régionales considérables. On pourrait souligner le cas original de l’Autriche qui ne vit sa dynastie Habsbourg s’écrouler qu’en 1918 à la fin de la Grande Guerre alors que c’était elle, avec, c’est vrai, son catholicisme, qui constituait l’unité d’un Empire baroque de peuples disparates.

    L’unité de la nation française, sa permanence sont un trésor exceptionnel qui a d’ailleurs élevé la France au rang de modèle. Comme Tocqueville le montre dans l’Ancien Régime et la Révolution, la rupture de 1789 n’est de ce point de vue qu’une apparence. La centralisation, l’uniformisation du pays ont commencé avant et se sont poursuivies après. En commettant la grande erreur de son règne, la persécution des protestants, Louis XIV travaillait à l’unité du pays, mais la laïcité postrévolutionnaire a visé le même but jusqu’à aujourd’hui. De même, l’étonnant mélange présent dans certains discours révolutionnaires entre la haine des aristocrates et la volonté de chasser les descendants des envahisseurs germains de la Gaule, poursuivait la meme finalité : peaufiner l’unité et l’identité de la nation. La lutte des classes se voulait aussi lutte des races. On trouve en cela un nouvel élément constitutif de la nation : la solidarité de ses membres est d’autant plus forte qu’elle se mobilise contre l’autre, l’étranger, l’ennemi. Si le suicide est, comme le pensait Durkheim, un signe d’anomie, d’affaiblissement de la solidarité entre les membres d’une société, on sait que la guerre a tendance à en diminuer le nombre, parce que la volonté de vivre est renforcée par la peur de succomber devant l’ennemi. Le suicide “altruiste” du héros est le contraire du suicide “égoïste” du désespéré.

    Sans roi, sans religion, ni même une laïcité ferme et conquérante, sans ennemi, peut-il y avoir encore un peuple conscient d’être une nation souveraine, bâtissant son avenir d’élection en élection, peut-il y avoir une démocratie ? La récente algarade entre les ministres de l’intérieur et de la justice est révélatrice de la décadence de notre “démocratie”. Le premier se vante qu’une majorité d’électeurs se soit portée sur son nom aux municipales puis aux départementales, mais il oublie de rappeler la relativité de cette majorité qui ne porte que sur un tiers des électeurs potentiels. Dans “sa” ville de Tourcoing, 75% d’abstentions aux municipales, 80% aux départementales. La représentativité d’un élu par une portion aussi faible et sans doute peu proportionnelle de la population est-elle encore légitime ? Le second qui doit se contenter des 8,5% obtenus par sa liste aux régionales crie à la trahison et sus à l’ennemi : cet homme dont les Français découvrent l’inintelligence se rend-il compte qu’en démocratie, il ne peut y avoir d’ennemi intérieur sauf lorsqu’une partie de la population pactise avec l’étranger ?

    La lutte des classes a vécu. Le parti, qui se disait représentant de l’une d’elles, était soumis à une puissance étrangère, l’URSS. Cette menace a disparu, et aujourd’hui, avec une inconséquence absolue, on ose désigner comme “ennemi” un parti qui se veut plus “national” que les autres. Ce parti a évidemment le même droit que les autres à représenter la nation à travers ses élus. La nation est une communauté humaine de destin. Ce n’est pas, comme on a trop tendance à le penser dans notre pays, le vecteur d’une idéologie, que ce soit celle des droits de l’homme ou une autre. Le désintérêt pour la politique de la première des nations historiques n’est pas une anecdote. C’est le résultat effarant d’une trahison des prétendues élites qui ont systématiquement ruiné ce qui constituait l’identité française, son enracinement chrétien, sa fierté linguistique, son goût pour les victoires ailleurs que sur les terrains de football, son culte de l’histoire comme roman national. Que reste-t-il de nos jours : une grégaire solitude, un ensemble de tribus, comme dit Maffesoli ? La première a été amplifiée par les mesures sanitaires qui ont accru l’isolement du “chacun pour soi”, le séparatisme des secondes est en marche. L’abstention de dimanche dernier, ce n’est pas la plèbe faisant sécession de l’oligarchie, ce qui serait le signe avant-coureur d’un soulèvement salutaire, mais l’expression d’un désenchantement de la politique, le repli massif des individus, faute d’un message d’avenir clair et mobilisateur.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Il y a 50 ans, De Gaulle…., par Christian Vanneste.

    Il y a un demi-siècle, le Général de Gaulle laissait la France veuve comme dira Georges Pompidou. Cet événement eut un retentissement mondial alors que le Général avait quitté le pouvoir et se consacrait à l’écriture de ses Mémoires d’espoir dans l’austère solitude familiale de Colombey. Pour beaucoup sans doute cela appartient à l’histoire ancienne, comme ce 11 Novembre qui une fois encore va être célébré dans deux jours. Malgré la médiocrité recluse du temps de confinement, des politiciens d’aujourd’hui vont néanmoins se prévaloir de leur respect pour celui qui fut, et de loin, le dernier grand homme de notre histoire.

    christian vanneste.jpgCet empressement est chez certains injurieux, tant ils contribuent à l’abaissement tragique de la France, cette fatalité contre laquelle l’homme du 18 Juin s’était dressé.

    On ne peut comprendre de Gaulle qu’en prenant conscience des deux idées maîtresses qui l’animaient : maintenir la France à la hauteur d’elle-même et tenir compte de la réalité fuyante du temps. C’est le sens de l’une des formules fortes qui achèvent les Mémoires de guerre : ” Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau.” Pour que la France se maintienne à son rang, il faut sans cesse la tourner vers l’avenir, en ne gardant du passé que l’idéal de grandeur qu’il nous lègue. Le militaire qui avait écrit “La France et son armée ne pouvait cacher son admiration pour l’Ancien Régime : ” Quand le temps a passé, emportant les hommes, et qu’une telle oeuvre demeure, on doit glorifier l’artisan”. S’il termine cet ouvrage par un hymne à la victoire française de 1918, il en souligne aussi le prix : ” La France, dans l’épreuve des nations armées, emporta la palme de l’effort”. Et, loin de s’en tenir à la stratégie et aux armes forgées alors, il va donner la priorité aux armes nouvelles qui impliquent une stratégie révolutionnaire. Ce sera ” Vers l’armée de métier” dans lequel il décrit avec précision celle-ci, la guerre de mouvement, qui doit remplacer celles des positions grâce à l’emploi massif et pénétrant de divisions blindées constituées de spécialistes formés pour ce matériel. Une fois de plus, la France va affronter l’Allemagne. Elle n’a plus l’avantage démographique, elle doit avoir la suprématie technique, celle qui permet de toucher l’adversaire en son coeur économique, la Ruhr, tout en sachant que l’ennemi peut de la même manière vaincre en perçant rapidement jusqu’à Paris. L’armée française ne s’étant pas adaptée, ayant utilisé les chars comme en 1917, fut écrasée comme elle ne l’avait jamais été.

    C’est alors que le soldat devint politique. Contrairement à d’autres, de Gaulle n’a jamais mis au premier plan du désastre les causes politiques, morales ou économiques. Il considérait que la bataille de France pouvait être gagnée en utilisant d’autres moyens. Les 100 000 morts français en quelques semaines, avant que le moral ne s’effondre totalement à l’appel d’avoir à cesser le combat lancé par Pétain, prouvent que l’argument est recevable. La série de défaites italiennes explicables par un équipement obsolète, et une hiérarchie militaire calamiteuse, le renforce. Toutefois, l’impréparation, la chute de la production industrielle, la diplomatie contradictoire qui s’appuyait sur le réseau des pays d’Europe centrale et orientale qu’une stratégie défensive nous rendait incapables de secourir, l’alignement systématique sur l’Angleterre, trouvaient bien leur source commune dans un système politique irresponsable, dépourvu de volonté et de continuité. Redonner à la France un exécutif digne de ce nom, propre à concevoir le destin du pays à long terme et sans préjugé idéologique : tel fut le but politique essentiel de l’homme politique, de l’Appel à la Libération, du RPF à la Ve République. Il y est parvenu, mais après son départ, et singulièrement depuis le retour de la gauche au pouvoir, la leçon a été oubliée, les travers sont revenus. La France a recommencé à descendre les marches.

    Rendre hommage au Général, ce n’est pas glorifier un homme particulièrement généreux, humaniste. Il a été dur, et parfois impitoyable, mais toujours au nom d’une lucidité implacable. La tragédie de l’Algérie française en est l’exemple le plus cruel. Mais qui pourrait prétendre que la décolonisation n’était pas inévitable ? En revanche, qui peut croire un instant que la France d’aujourd’hui, si mal gouvernée, prisonnière des minorités, déséquilibrée par une immigration sans contrôle, serait conforme à ses vues ? Le 18 Juin, il avait annoncé qui gagnerait la guerre, et il ne s’était pas trompé. A Alain Peyrefitte, il déclarait : ” la gauche n’a pas raté un désastre”. Malheureusement, les 50 ans qui nous séparent de sa mort lui ont aussi donné raison sur ce point.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Éphéméride du 19 octobre

    1235 : Dédicace de l'Abbaye de Royaumont 

    abbaye-de-royaumont.jpg

    Voulue par Louis IX et sa mère, Blanche de Castille, l'ensemble vit son Abbatiale détruite à la Révolution, puis est devenue, de nos jours une Fondation... 

    https://www.royaumont.com/ 

     

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    1781 : Cornwallis capitule face aux indépendantistes américains

     

    Les 7.500 soldats anglais de la base de Yorktown en Virginie se rendent aux Insurgents. Coupé de la mer par la flotte française du comte de Grasse, le général Charles Cornwallis accepte la défaite face aux 16.000 Français et Américains de George Washington et de Rochambeau qui encerclent la ville de Yorktown.

    Cette ultime bataille marque la fin réelle de la Guerre d’indépendance américaine : le Traité de Paris, signé deux ans plus tard, en 1783, consacrera cette indépendance (voir l'Éphéméride du 3 septembre)... 

     

    De Michel Mourre : 

    "...La campagne qui mit fin avec succès à la guerre d'indépendance américaine nécessita une coopération franco-américaine très étroite : coopération sur terre, où il s'agissait de savoir si l'on se battrait pour New York ou plus au sud, en Virginie. Coopération terre-mer, avec l'appui de la flotte française de l'amiral de Grasse. En juillet, l'armée de Rochambeau rejoignit celle de Washington au nord de New York, mais de Grasse préféra intervenir en Virginie. Secrètement, les deux armées se portèrent alors sur Yorktown, où le général britannique Cornwallis s'enferma. De Grasse non seulement intercepta victorieusement la flotte anglaise de secours, mais, remontant la baie de Chesapeake jusqu'à Baltimore, il transborda 9.000 hommes de Washington et 7.800 de Rochambeau jusqu'à Yorktown..."

     

    19 octobre,poitiers,charles martel,rochambeau,washington,sainte therese de lisieux,jean paul ii,retraite de russie,jean dausset,camille claudel,auguste lumiereIronie de l'Histoire, et condamnation sans appel de la Révolution et de ses ravages en France : alors que la flotte française - on vient de le voir - était reine des mers sous Louis XVI, traversait l'Atlantique avec une armée, écrasait la flotte anglaise aux Amériques, puis rentrait tranquillement au pays, traversant une deuxième fois l'Atlantique sans la moindre difficulté, vingt ans plus tard, notre flotte était détruite, d'abord à Aboukir (ci-contre), puis achevée à Trafalgar; et Napoléon se trouvait dans l'incapacité de faire franchir à son armée les malheureux trente petits kilomètres qui séparent la France de l'Angleterre, entre Calais et Douvres.

    On mesure, par ce seul exemple, l'étendue de l'abaissement de la France qu'a représenté la Révolution.

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XV, Louis XVI et la naissance de la Révolution :

    "...Disons tout de suite que Necker, appelé aux finances sous le couvert d'un homme de paille, parce qu'il était étranger, trouva les moyens de financer la guerre contre les Anglais. Mais à quel prix ! Par ses combinaisons d'emprunt, terriblement onéreuses pour le Trésor, il légua à ses successeurs un fardeau écrasant dont ils ont porté l'impopularité. Ici encore, quelle peine on a à choisir : s'il n'est pas juste d'accuser Calonne et Brienne des fautes de Necker, l'est-il de reprocher à Necker, chargé de trouver de l'argent pour la guerre, de s'en être procuré par des moyens faciles, qui avaient l'avantage de ne soulever l'opposition de personne, mais par lesquels, bientôt, nos finances devaient culbuter ?

    L'engouement du public pour la cause de l'indépendance américaine aida Necker à placer ses emprunts et Vergennes à réaliser ses projets. L'Amérique, en se soulevant contre l'Angleterre, faisait écho à l'idée de liberté que le dix-huitième siècle avait répandue. Le "bonhomme Franklin", au fond un assez faux bonhomme, qui vint à Paris plaider pour son pays, sut flatter la sensibilité à la mode et fut reçu comme un personnage de Jean-Jacques Rousseau. Cet enthousiasme se traduisait par le départ, sur lequel le gouvernement ferma les yeux, de La Fayette et de ses volontaires. Un peu plus tard, la France envoya, en Amérique, avec de nombreux subsides, des troupes régulières sous Rochambeau. Il n'est pas douteux que, sans notre concours militaire et pécuniaire, les insurgés américains eussent été écrasés..."

     

     

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    1812 : Début de la Retraite de Russie

     

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    De Michel Mourre :

             

    "...Napoléon rassembla la plus grande armée qu'on eût jamais encore vue en Europe : au total plus de 600.000 hommes participèrent à l'invasion de la Russie...

    Le 29ème Bulletin de la Grande Armée, daté de Molodetchno, le 3 décembre 1812, devait révéler à la France l'étendue du désastre...

    De la campagne de Russie ne revinrent au total que 110.000 hommes; Napoléon avait perdu 500.000 hommes (100.000 morts au combat, dont 70.000 français; 200.000 morts de froid, de faim, de maladie; 50.000 blessés abandonnés au cours de la retraite; 50.000 déserteurs; 100.000 prisonniers de guerre)".

     

    Napoléon portera lui-même ce jugement sur cette désastreuse campagne :

    " Cette guerre de Russie était une mauvaise affaire. Je me suis trompé non sur son but et son opportunité politique, mais sur la manière de la faire... Je suis allé à Moscou, j'ai cru y signer la paix. J'y suis resté trop longtemps. J'ai cru obtenir en un an ce qui ne devait être exécuté qu'en deux campagnes...".

    Et, comme s'il ne pouvait imaginer que le glas de l'Empire avait déjà commencé de sonner, il ajoutera : " J'ai fait une grande faute, mais j'aurai les moyens de la réparer ".

    Un proche avenir allait lui enlever ses dernières illusions. Deux ans plus tard, succombant sous le poids de l'Europe entière coalisée contre lui, Napoléon était obligé d'abdiquer...

     

    retraite de russie 2.jpg
    Le commencement de la fin...
     
    Sur cette désastreuse Campagne de Russie - le "commencement de la fin" - voir aussi les Éphémérides du 22 juin - Napoléon déclare la guerre à la Russie - du 7 septembre - bataille de la Moskova, ou de Borodino - du 15 septembre - l'incendie de Moscou - et du 26 novembre - le passage de la Bérésina...
     
     
     
     
     
     
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    1862 : Naissance d'Auguste Lumière

     

    AUGUSTE LUMIERE.jpg

    Avec son frère, Louis, il est l'inventeur du cinématographe  :

    http://cinematographes.free.fr/lumiere.html

     

     
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    1916 : Naissance de Jean Dausset
     
     
    Il reçut le Prix Nobel de Médecine 1980.

     JEAN DAUSSET.jpg

     http://histoire.inserm.fr/les-femmes-et-les-hommes/jean-dausset

     

     

  • Avis à nos nouveaux lecteurs (et rappel pour les anciens !...) : pas de notes demain, sur lafauteraousseau...

    lfar flamme.jpgDès que j'ai fondé lafautearousseau, le 28 février 2007, j'ai eu l'intuition qu'il fallait soustraire trois jours, dans l'année, au rythme effréné de la publication quotidienne : le jour de Pâques, le jeudi du 15 août et le 25 décembre.

    Pourquoi ?

    Tout simplement parce que les formules que nous employons ne sont pas des phrases creuses : lorsque nous parlons des "racines chrétiennes de la France", cela n'est pas une formule incantatoire, mais cela signifie au contraire que nous reconnaissons vraiment ces racines, nous les respectons, nous en vivons, comme nos ancêtres avant nous. Et qu'elles s'imposent à tous, croyants ou non. Car elles sont à nos origines, aux origines du beau pays dont nous sommes les heureux héritiers et possesseurs aujourd'hui; elles sont constitutives de notre Être profond, de notre Esprit; elles sont indissociables de la lente création, au cours de mille ans d'Histoire, de notre Nation France...

    Ces trois jours sont donc comme trois pauses, qui nous rappellent fort opportunément que, si nous devons lutter chaque jour, du 1er janvier au 31 décembre, il est bon de se rappeler, au moins trois fois dans l'année, que l'homme ne vit pas seulement de pain, et que le combat pour les choses terrestres - nécessaire - ne doit pas faire oublier les réalités d'en haut. Au moment où l'on célèbre ces trois Fêtes, tout doit plier, tout doit s'effacer devant cette évidence...

    Le grand humaniste Hollandais Grotius ne disait-il pas :  "La France, le plus beau royaume après celui du Ciel." (Épître dédicatrice. De jure belli ac pacis, 1625) ? A l'image de cette belle formule, nous qui combattons pour notre beau royaume terrestre, nous rappelons, donc, explicitement, trois fois dans l'année, qu'il y a un autre Royaume, au dessus; un autre combat; une verticalité radicale qui nous redonne, pleinement, conscience que si l'Homme est un animal social, il est aussi, il est surtout, coeur, âme, esprit.

    Et c'est cette heureuse verticalité que nous réaffirmons, par le silence, trois fois dans l'année; cette tension vers ce que les Anciens appelaient le Vrai, le Beau et le Bien, que le christianisme est venu comme accomplir et couronner pleinement; et que nos ancêtres ont très vite accepté, depuis bientôt deux mille ans, nous sauvant ainsi de la désolante horizontalité du matérialisme, sous quelque forme que ce soit...

    Voilà pourquoi, en 2007, après avoir fondé lafautearousseau à la fin février, j'ai inauguré cette coutume dès le 8 avril suivant; et cette coutume s'est poursuivie le 15 août et pour la Noël, et à chacune de ces trois dates depuis...

    Demain, vous aurez donc une belle illustration de ce que représente cette fête de Pâques. Nous espérons qu'elle nourrira votre méditation... Elle sera suivie, en cette année pénible, d'un moment musical, célébrant lui aussi la victoire de la Vie sur la Mort...

    Et puis ce sera tout : seule l'Ephémeride du jour paraîtra.

    François Davin, Blogmestre

    lafautearousseau.jpg