Éphéméride du 3 novembre
1468 : Sac de Liège (ici, la ville, de nos jours)
743 : Translation des restes de Saint Hubert devant l'autel de la collégiale Saint-Pierre de Liège
Le saint patron des chasseurs était le gendre du roi Dagobert.
Il abandonna son Duché d'Aquitaine à son frère, en 688, pour devenir moine, avant que sa renommée ne le fasse élire évêque de Liège.
La tradition raconte que sa vocation remonte à l'une de ses chasses, le jour du Vendredi saint, alors qu'il courrait un cerf : celui-ci lui apparut avec une croix entre les bois, et cette pensée lui vint alors : chasser un vendredi saint ? Pourquoi ne vas-tu pas plutôt prier ?
C'est Floribert, évêque de Liège et successeur d'Hubert - lui-même évêque de la ville - qui procède à la cérémonie : voilà pourquoi c'est au 3 novembre qu'on célèbre Saint Hubert, et non le jour de sa mort, le 30 mai 727.
Écouter : La Saint-Hubert.mp3
(Paroles : La Saint Hubert.pdf)
1440 : Libération de Charles d'Orléans
Fait prisonnier à Azincourt en 1415 et emmené en Angleterre, Charles d'Orléans (fils du frère de Charles VI, il est le père de Louis XII) est remis en liberté après vingt-cinq années de captivité.
Ne perdant jamais espoir ni belle humeur, il nous a laissé cent deux ballades, trente et une chansons et quatre cents rondeaux...
Charles d'Orléans recevant l'hommage. Enluminure du XVème siècle
"Encore est vive la souris", écrit-il dans une ballade où, sitôt libéré, il décrit ce "temps en espérance" passé en captivité :
Nouvelles ont couru en France
Par maints lieux, que j'estoye mort;
Dont avoient peu de desplaisance
Aucuns qui me hayent à tort.
Autres en ont eu desconfort,
Qui m'ayment de loyal vouloir,
Comme mes bons et vrais amis.
Si fais à toutes gens sçavoir
Qu'encore est vive la souris.
Je n'ay éu mal ne grevance,
Dieu mercy, mais suis sain et fort;
Et passe temps en esperance
Que Paix, qui trop longuement dort,
S'esveillera et par accort
À tous fera liesse avoir.
Pour ce, de Dieu soient maudis
Ceulx qui sont dolents de veoir
Qu'encore est vive la souris.
Jeunesse sur moi a puissance;
Mais Vieillesse fait son esfort
De m'avoir en sa gouvernance,
À present faillira son sort :
Je suis assez loin de son port.
De plourir vueil garder mon hoir
Loué soit Dieu de paradis
Qui m'a donné force et povoir
Qu'encore est vive la souris.
http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/orleans-charles
1468 : Sac de Liège
Depuis près de soixante ans, Royaume de France et Duché de Bourgogne s'opposent (voir l'Éphéméride du 21 avril).
La ville de Liège, francophone et, de coeur, favorable à la France fera les frais de cette longue rivalité : en 1468, lorsqu'elle se révolte contre le duc de Bourgogne, alors en discussion avec le roi de France - Louis XI - à Péronne, la ville est attaquée, prise, mise à sac et rasée par les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire. Cette sévérité répondait au coup de force tenté par les six cents Franchimontois qui, dans la nuit du 29 au 30 octobre, tentèrent de s'emparer des deux souverains, qui assiégeaient la ville de conserve : Philippe de Commynes a raconté l'action héroïque, et perdue, de ces six cents habitants du pays de Franchimon...
À cette occasion, Louis XI sera retenu prisonnier par le duc de Bourgogne, devenant ainsi le troisième roi de France à être fait prisonnier (voir l'Éphéméride du 11 février)...
Pour punir la ville, le Perron est enlevé aux Liégeois par les hommes de Charles le Téméraire
Le Perron est un monument emblématique à Liège.
Il se dresse au centre de la place du Marché, près de l'Hôtel de Ville: il s’agit d’une colonne de pierre dressée sur un piédestal de trois marches rectangulaires. Les angles reposent sur des lions couchés. La colonne est surmontée des Trois Grâces. Une croix posée sur une pomme de pin domine l'ensemble.
C’est parce que ce monument symbolise les libertés locales que Charles le Téméraire, qui met à sac la cité de Liège et lui confisque toutes ses libertés en 1468, ordonne de le démonter et le fait exposer à Bruges, pour témoigner de l'anéantissement du "Pays de Liège", coupable de s'être insurgé contre l'autorité du duc de Bourgogne.
C'est seulement en 1478, après la mort du Téméraire, que le peuple liégeois récupère son monument, et ses droits...
1616 : Création du Régiment de Lyonnais
Dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France, voir la photo "Le Régiment de Lyonnais"...
1793 : Olympe de Gouges est guillotinée
Son vrai nom est Marie Gouzes.
Royaliste, comme tout le monde (il n'y avait pas dix républicains en France, selon le mot de Saint Just, alors qu'il y avait bien "26 millions de royalistes", selon le mot d'Alain Decaux...), elle adopta l'enthousiasme des idées nouvelles au moment où, pour tout le monde, cette révolution semblait n'être que l'évolution nécessaire dont avait rêvé, par exemple, un Mirabeau.
Mais assez vite, par la suite, révoltée et effrayée par les horreurs dont Marat, Danton, Robespierre et consorts se rendirent coupables, et lucide sur les conséquences de ce qui ne pouvait plus que déboucher sur le Totalitarisme, Marie/Olympe redevint la royaliste qu'elle avait été.
Elle eut le courage, la noblesse de coeur et la grandeur d'âme de demander à défendre Louis XVI, ce qui lui fut interdit par les Conventionnels - les "bourreaux barbouilleurs de lois", comme les appelait André Chénier, qu'ils guillotinèrent également... - et de rédiger des pamphlets contre Marat et Robespierre. Elle ne put donc assister et aider concrètement Malesherbes à défendre le Roi, au cours de son pseudo-procès.
Un tel courage ne pouvait bien sûr pas rester impuni : Robespierre la fit guillotiner le 3 novembre 1793, trois semaines après Marie Antoinette, à qui elle avait crânement adressé le préambule de sa "Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyennne".
Il est attesté qu'elle monta à l'échafaud en faisant preuve d'un grand courage et d'une grande sérénité, illustrant le naufrage des Lumières dans la Terreur...
"Je voudrais que le roi de France remontât sur son trône, que la nation reconnût qu'il en est descendu pour le malheur de la France"
1794 : Mort du Cardinal de Bernis.
Né en 1715, quand s'éteint Louis XIV, et mort en 1794, quatre mois après Robespierre, le cardinal de Bernis incarne l'honnête homme du XVIIIème siècle...
François-Joachim de Pierre de Bernis naquit le 22 mai 1715, à Saint Marcel d'Ardèche (comme Gustave Thibon, qui aimait à citer son vers célèbre : "Où Dieu n'a point d'autel, les Rois n'ont point de trônes"...)
Ambassadeur de France à Venise, Bernis fut tellement efficace que, de retour en France, Louis XV le choisit pour être le négociateur secret du renversement des alliances qui allait conduire la France à une entente avec l’Autriche au détriment de la Prusse.
L’opération, menée avec succès en dehors des voies officielles, se conclut par le Traité de Versailles (1er mai 1756). En 1757, Bernis entra au cœur du pouvoir en étant nommé secrétaire d’État des Affaires étrangères...
Malheureusement, cette vision géostratégique lumineuse et progressiste, au vrai sens du terme, ne fut pas comprise par une opinion publique rétrograde et passéiste, qui continuait, après plus de deux siècles de guerre ouverte avec l'Autriche, à voir en elle notre ennemie, alors que nous l'avions vaincue, et que le nouveau danger était, maintenant, la Prusse; il fallait donc s'allier avec l'ennemi vaincu d'hier contre le nouvel ennemi, du jour et de demain... (dans notre album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville,voir les deux photos1756 : le divorce entre Royauté et opinion (I)et 1756 : le divorce entre Royauté et opinion (II)...)
De l'Histoire de France de Jacques Bainville, chapitre XIV, Louis XV et la Régence :
"...Le "renversement des alliances" est un événement considérable dans notre histoire. Tout naturellement les austrophobes, les partisans aveugles de la tradition se récrièrent, et le pire fut que, bientôt, aux yeux du public, le résultat malheureux de la guerre parut leur donner raison. De l'alliance autrichienne date le divorce entre la monarchie et la nation, et ce sera encore, trente-cinq ans plus tard, le grief le plus puissant des révolutionnaires, celui qui leur donnera le moyen de renverser et de condamner Louis XVI.
Par le premier traité de Versailles, le gouvernement français n'avait conclu qu'une alliance défensive. Elle fut étendue après l'accession et les succès de Frédéric, mais, par un second traité, nous prêtions notre concours militaire à l'Autriche contre la promesse d'étendre notre frontière dans la partie méridionale des Pays-Bas autrichiens, d'Ostende à Chimay, le reste devant former un État indépendant, esquisse de la future Belgique, qui serait attribué à l'infant de Parme, gendre de Louis XV.
Connues de nos jours seulement, les instructions de Bernis, devenu ministre des affaires étrangères, à Choiseul, nommé ambassadeur à Vienne, ont montré que l'alliance avec l'Autriche avait été l'effet du calcul et non du caprice.
L'expérience, disait Bernis, a prouvé que nous avions eu tort de contribuer à l'agrandissement du roi de Prusse. L'intérêt de la France est qu'aucune puissance ne domine l'Allemagne et que le traité de Westphalie soit respecté. Or Frédéric a saisi l'occasion de notre conflit avec l'Angleterre pour s'allier avec cette puissance dans l'idée que nous serions trop occupés sur les mers pour nous opposer à ses entreprises dans les pays germaniques. Si nous laissions le roi de Prusse en tête-à-tête avec l'Autriche, il serait à craindre qu'il n'arrivât à ses fins et que le système de l'Allemagne fût bouleversé à notre détriment. Il ne restait d'autre parti que de répondre aux avances de l'Autriche et de s'associer à elle pour défendre l'équilibre européen.
En 1756 et en 1757, Bernis a donc compris que le danger en Allemagne était prussien. Il a vu aussi combien notre tâche devenait lourde, puisque, au moment où l'Angleterre nous provoquait à une lutte redoutable, nous étions engagés par Frédéric dans une guerre continentale et dans la complexité des affaires de l'Europe centrale et orientale.
Cette complexité. s'accroissait du fait que l'impératrice de Russie entrait dans la coalition contre la Prusse, car nous avions à protéger notre autre et ancienne alliée, la Pologne, contre les convoitises de l'Autriche et de la Russie, nos associées, sans compter que, pour avoir le concours des Russes, il avait fallu conseiller à la Pologne de ne pas se mêler du conflit.
On a ainsi l'idée d'un véritable dédale où la politique française se perdit plusieurs fois. La diplomatie secrète embrouilla souvent les choses en cherchant à résoudre ces contradictions. Mais on ne peut pas incriminer à la fois le "Secret du roi" et le renversement des alliances puisque le "secret" était polonais et cherchait à réserver l'avenir de nos relations avec la Pologne malgré nos liens avec la Russie et l'Autriche..."
https://www.herodote.net/Diplomate_equilibriste_-synthese-2657-494.php
1901 : Naissance d'André Malraux
Dans notre catégorie Grands Textes, voir les deux qui lui sont consacrés :
1. Grands Textes (XII) : Préface de Mademoiselle Monk.
2. Grands Textes (XXII) : "Oh Jehanne, sans sépulcre et sans portrait..."
1917 : Mort de Léon Bloy
Gérard Leclerc a consacré cette intéressante chronique de Radio Notre-Dame à Léon Bloy :
Léon Bloy vu par Marcello Castellani
Et, toujours sur Radio Notre-Dame, Gérard Leclerc poursuivait sa réflexion par un rapprochement fort pertinent entre Bloy et Bernanos :
Par ailleurs, et pour ainsi dire "à titre d'exemple", nous donnons un court extrait, dans notre Éphéméride du 9 janvier, de la dénonciation de "la chienlit" par le même Léon Bloy...
Cette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
• la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),
• l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),
• écouter 59 morceaux de musique,
• et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides :
Éphémérides de lafautearousseau.pdf
Commentaires
Merci de ces éphémérides toujours très intéressantes.
Sur Olympe de Gouges, j'avais écrit en son temps ce billet...
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/03/08/ainsi-fut-elle-portee-a-l-echafaud.html
Jamais vain de rappeler que les haines dont elle fut l'objet étaient autant le fait d'hommes que de femmes...