Éphéméride du 11 juin
2010 : Le Collège des Bernardins reçoit le Prix du Patrimoine culturel de l'Union Européenne
1144 : Consécration du Chevet de Saint Denis
C'est un triomphe personnel pour l'abbé Suger, qui, en présence du Roi Louis VII, inaugure le nouveau chevet lumineux de l'abbaye, en remplacement de celui du vieil édifice carolingien.
C'est aussi et surtout l'affirmation d'un art nouveau par ses techniques et par son esprit : l'art ogival, ou art français (ce n'est que trois siècles plus tard, à la Renaissance, que - dans un amour exclusif et excessif de l'Antiquité - l'on méprisera ce style jugé barbare, donc gothique) :
En utilisant toutes les opportunités qu'offre le fonctionnement par pilier porteur (ce qui sera la marque de l'art ogival), et non plus par muralité (comme dans l'art Roman), les architectes poussent la croisée d'ogives, déjà connu des architectes romans, aux plus extrêmes limites. Qui leur permettent, entre autres, de faire entrer la lumière à flot dans les édifices religieux, autrefois beaucoup plus obscurs : c'est une véritable théologie de la lumière que Suger libère ainsi, et dont il livre le premier exemple à Saint-Denis...
Mais, pour en arriver là, il a fallu "3 ans, 3 mois et 3 jours" à cet homme qui "petit de corps et de famille, poussé par sa double petitesse, refusa dans sa petitesse d'être petit" (selon son épitaphe) !
Il peut être fier et heureux : l'art Ogival (dit aussi art français) vient de naître.
Architecture nouvelle, il est à l'image du royaume capétien, en pleine expansion...
En 1756, à 18 ans, le jeune Oberkampf entra comme graveur dans une manufacture de Mulhouse et, trois ans après, en 1759, il proposa à Antoine Guernes, Suisse au service du roi de France, de s'associer pour la création d'une manufacture de toiles imprimées avec des planches de bois gravées, à Jouy-en-Josas.
Les premières toiles furent imprimées en mai 1760 et, en 1770, Oberkampf fut naturalisé français. Il remplacera vite les planches de bois par des plaques de cuivre, gravées également, mais souples, qui vont pouvoir être fixées sur des tambours cylindriques : l'entreprise entra, ainsi, dans l'ère de la mécanisation.
En 1783, la fabrique reçut du roi Louis XVI le titre de Manufacture royale et en 1787, Oberkampf reçut du roi le titre d'écuyer, ainsi que le droit d'utiliser des armoiries et sa devise Recte et vigilanter (droiture et vigilance).
Lui et son entreprise traverseront la Révolution sans dommage, et, le 20 juin 1806, à l'occasion d'une visite des ateliers, Napoléon lui décernera la Légion d'honneur.
http://www.museeprotestant.org/notice/christophe-philippe-oberkampf-1738-1815/
1784 : "Ce mur murant Paris rend Paris murmurant" : Calonne accepte la construction du Mur des Fermiers généraux...
Depuis l'arrivée au pouvoir des Capétiens, en 987, la ville de Paris, à l'image de la dynastie, de la France et de sa puissance, ne cessait de s'étendre et de grandir. Une multitude de problèmes pratiques découlaient tout naturellement de cette expansion, en quelque sorte, indéfinie : police et sécurité; hygiène, salubrité et approvisionnement d'une population toujours plus nombreuse; et, bien sûr, problèmes fiscaux, liés aux taxes et aux perceptions des droits de douane pour les marchandises entrant dans la ville (l'octroi...).
Après les règnes de Louis XIV et Louis XV, la puissance française avait tellement augmenté, et la ville capitale s'était tellement modifiée et étendue, que plus aucune règle fiscale ne s'appliquait vraiment, et que la perte par non recouvrement des droits sur les marchandises était énorme : non seulement pour le Trésor royal, mais aussi pour les Fermiers généraux, qui étaient chargés de percevoir ces impôts. Il fallait, de toutes manières et de toute évidence, faire quelque chose.
Le "mur murant Paris..." rapporté au Paris d'aujourd'hui...
Par une lettre datée du 22 février 1784, Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, Secrétaire d'État de la Maison du Roi, adressa à Antoine-Louis Lefebvre de Caumartin, Prévôt des Marchands de Paris, un mémoire de la Ferme générale concernant l'établissement d'un mur de clôture sur la rive gauche : l'idée était lancée...
Pourquoi "d'Enfer" ? On ne sait pas vraiment...
Trois possibilités :
• la rue d'Enfer, qui débouchait là, traversait le faubourg Saint-Jacques, réputé au Moyen-Âge - à tort ou à raison - "lieu de débauches et de voleries";
• ou bien ce nom est une modification de via inferior (voie inférieure), la rue Saint-Jacques étant, elle, via superior (voie supérieure);
• ou bien encore il s'agirait d'un dérivé du surnom donné à une porte de l'enceinte de Philippe-Auguste, porte qui était, tout simplement, "en fer"...
• et la barrière du Trône, place de la Nation, avec ses deux guérites supportant deux colonnes de 28 mètres de haut (surmontées en 1845 des statues de Saint-Louis et de Philippe-Auguste)...
Il a écrit également un remarquable Charles Maurras, préfacé par Henry Bordeaux et Pierre Dominique (aux Éditions universitaires, "Classiques du XXème siècle", Paris, 1953) : la Préface de cet excellent ouvrage constitue notre 47ème Grand Texte :
GRANDS TEXTES (47) : Préface du "Charles Maurras" (de Michel Mourre), par Pierre Dominique (extraits)
Pour bien comprendre pourquoi il a rédigé son Dictionnaire :
Gilbert Comte sur Michel Mourre.pdf
2010 : Le Collège des Bernardins reçoit le Prix du Patrimoine culturel de l'Union Européenne/Concours Europa Nostra, dans la catégorie "Conservation".
Ce 11 juin 2010, en récompense d'une restauration exemplaire, le Collège des Bernardins a reçu le Prix du Patrimoine culturel de l'Union Européenne / Concours Europa Nostra, dans la catégorie "Conservation".
Ce prix récompense chaque année les meilleures réalisations de mise en valeur du patrimoine culturel.
Le 4 novembre 2010, la cérémonie locale de remise de prix s'est tenue dans le Collège : une plaque commémorative est visible en bas de l'escalier XVIIIème...
http://www.collegedesbernardins.fr/fr/
C'est dans ce lieu prestigieux et magnifique que le pape Benoit XVI, le 12 septembre 2008, a rencontré "le monde de la culture" et a prononcé son discours magistral, qui forme notre XIIIème Grand Texte :
GRANDS TEXTES XIII : Discours du pape Benoît XVI au collège des Bernardins.
2012 : Le Louvre préempte l'un des plus beaux chefs d'oeuvre de Bouchardon
Il s'agit d'un buste exceptionnel, représentant Charles Frédéric de La Tour du Pin, marquis de Gouvernet (1698-1762), préempté à 3.750.630 € par le Musée du Louvre.
Ce buste en marbre blanc, d’une exceptionnelle puissance et d’une impressionnante vérité, œuvre magistrale de l’artiste, a été exposé au salon de 1738 et est resté dans la famille depuis 1736, devenant l’un des plus grands chef-d’oeuvres de la sculpture française du règne de Louis XV conservé en mains privées.
Il est signé au revers EDMONDUS BOUCHARDON SCULPTOR REGIUS FACIEBAT
Edmé Bouchardon fut certainement le sculpteur le plus célèbre du règne de Louis XV, considéré par ses contemporains, confrères et amateurs, comme l’incarnation la plus éblouissante du renouveau de l’art de la grande sculpture française. Sa carrière fut jalonnée de commandes royales et privées prestigieuses, parmi lesquelles figurent le monument funéraire de la duchesse de Lauraguais, la fontaine de la rue de Grenelle... sans oublier sa participation à la Place Louis XV (aujourd'hui, de la Concorde).
Éloigné du portrait de cour et de toute autre représentation sculptée de l’époque, le buste en marbre du marquis de Gouvernet rompt avec l’art du portrait développé par les sculpteurs français depuis le règne de Louis XIV. Il doit être considéré comme la toute première manifestation de l’Antiquité appliquée au portrait en buste d’une personnalité française au XVIIIe siècle.
Dans sa composition, Bouchardon fait preuve d’une incroyable audace et s’affiche comme le sculpteur le plus avant-gardiste de son temps. Ce type de représentation met en scène le modèle en le présentant telle une figure héroïque caractérisée par la nudité, totale ou partielle, à laquelle Bouchardon apporta quelques éléments modernes, notamment le traitement réaliste de la chevelure et le rejet de la composition axiale du visage par rapport au corps, en le plaçant volontairement de profil.
Il s’agit de la première personnalité française représentée "à l’antique".
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