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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Bouvines, le 27 juillet, serait une bien meilleure date pour la Fête nationale !...

    1789 ? 1790 ? : Ambigüité majeure de la Fête nationale...

     

    Certes, officiellement, c'est le 14 juillet 1790 - et, donc, la Fête de la Fédération, moment fugitif et illusoire de véritable "union nationale"... - que l'on célèbre. Mais le télescopage des deux dates prête malheureusement, et assez souvent, à confusion.

    Le 14 juillet 1789, on promène des têtes au bout des piques. François Furet l'affirme : dès cet épisode, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires".

     terreur tetes sur piques.jpg

    "C'est ainsi que l'on se venge des traîtres." dit l'horrible légende de cette gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jacques de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.  

    Que s'est-il vraiment passé, "le 14 juillet" ? Rien de très glorieux, et, pour être parfaitement exact, rien que du franchement sordide, du répugnant à l'état pur : le gouverneur de la forteresse, Launay, se fiant à leur promesse, laisse entrer les assaillants, qui avaient préparé leur coup; il est assassiné, et sa tête promenée au bout d'une pique !... De la prison (!), on extrait les seuls sept prisonniers qui s'y trouvent : quatre faussaires, un libertin et deux fous, qui, dès le lendemain, seront discrètement conduits à Charenton.

    Voilà la "gloire de la République" ? 

            

    Or, il se trouve que, depuis la Révolution, la Bastille est l'objet d'une falsification historique sans précédent, et d'une ahurissante réécriture des évènements, qui laisse rêveur, et qui est bien l'une des choses les plus stupéfiantes, mais aussi les plus sordides, qui soient.

    Revenons-y quelques instants...

    N'ayant plus aucune valeur militaire depuis des lustres, totalement sous exploitée en tant que prison d'État, et gênant l'accroissement de la capitale vers l'est, il y avait bien longtemps que les rois avaient résolu sa disparition. Seules les difficultés financières chroniques de la royauté retardaient sa disparition.

     La_Bastille_20060809.jpg

    La Bastille, telle qu'elle se présentait au XVIIIème siècle (gravure du temps)

     

    En 1789 eut lieu, ici, l'un des événements les plus ignobles d'une Révolution qui n'en manque pourtant pas. Le gouverneur de Launay accepta de rendre - sans combat - la forteresse aux émeutiers, à la condition expresse qu'il ne serait fait aucun mal à personne. Moyennant quoi, une fois les portes ouvertes, la garnison fut massacrée, et les têtes promenées au bout de piques... 

    Le pseudo mythe d'une prétendue "prise de la Bastille" - prise qui n'a jamais eu lieu puisque la citadelle s'est rendue sans combattre - mêle donc le mensonge le plus énorme à l'ignominie la plus révoltante, dans une réécriture volontairement falsificatrice de la vérité historique, où le burlesque le dispute au tragique et à l'horreur.

     

     • 1. Dans notre Album : Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand , celui-ci - témoin oculaire des faits - rappelle cette falsification de l'Histoire :

    Mystification et falsification de l'Histoire...

    "Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur: si l'on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l'Hôtel de Ville; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d'un coup de pistolet; c'est ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent; on en envoya à tous les niais d'importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j'ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j'aurais une pension aujourd'hui."

    Mémoires d’Outre-tombe, La Pléiade, Tome I, page 168.

     

     • 2. Dans notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville, voir la photo "Variations sur le 14 Juillet"

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    Dans ce travestissement éhonté de l'Histoire, on ne sait ce qui prédomine, de la bouffonnerie ou de l'horreur : on a les symboles et les mythes qu'on peut ! 

     

     

     • 3.  et, dans lafautearousseau, l'excellent point de vue de Jérémy Loisse :

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2017/07/15/histoire-actualite-aux-sources-du-14-juillet-5963398.html

     

     

    Alors que, le 14 Juillet 1790, on célèbre au contraire une espérance, vite déçue certes, et entachée de profanation et de sacrilège (1), mais, aussi, enthousiasmante et belle, malgré tout : au moins l'intention, dans l'opinion, était-elle bonne

    Pour Marc Bloch, repris par Max Gallo, tout Français véritable ne peut que vibrer à l'évocation de la Fête de la Fédération, qui n'a son pendant que dans le Sacre de Reims...

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    Ce qui, par contre, fait l'unanimité : l'hommage à l'Armée française... :

     

    (1) : "...L'abbé Louis (qui devait devenir Ministre des finances de Louis XVIII, ndlr) était venu à jusqu'à Gand réclamer son ministère : il était fort bien auprès de de M. de Talleyrand, avec lequel il avait officié solennellement à la première fédération du Champ de Mars : l'évêque faisait le prêtre, l'abbé Louis le diacre et l'abbé Desrenaudes le sous-diacre.

    Monsieur de Talleyrand, se souvenant de cette admirable profanation, disait au baron Louis : "L'abbé, tu étais bien beau en diacre au Champ de Mars !" Nous avons supporté cette honte derrière la grande tyrannie de Bonaparte : devions-nous la supporter plus tard ?..."(Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome 1, page 933).

    "Et surtout, ne me faites pas rire !...", avait dit Talleyrand à l'un des participants de cette admirable profanation, au moment où il allait célébrer la Messe...

     talleyrand a droite officiant.jpg

    Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération,

    Talleyrand officiant, à droite...

  • La France et l’Europe à la croisée des chemins : le statut post-Brexit des langues officielles des institutions sera fat

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    L’Action fran­çaise est soli­daire du Haut Conseil de la langue fran­çaise et de la Fran­co­pho­nie (HCLFF) dans son com­bat contre le main­tien de la langue anglaise comme pre­mier et bien sou­vent seul mode lin­guis­tique de com­mu­ni­ca­tion au sein de l’Union Euro­péenne, sur­tout après le Brexit. Il va de soi, que confor­mé­ment aux vœux des construc­teurs de l’UE dès le début, cette langue risque d’être main­te­nue en pre­mière place par signe d’inféodation, non pas au royaume d’outre-Manche, mais à l’empire d’outre Atlan­tique. (Ndlr).

    8.jpgLe Haut Conseil de la Langue fran­çaise et de la Fran­co­pho­nie (HCLFF) peut mar­quer très pro­chai­ne­ment son entrée en scène par une pre­mière action jugée de toute pre­mière impor­tance une lettre adres­sée au Pré­sident de la Répu­blique, aux par­le­men­taires et aux media, pour le prier d’écarter le dan­ger immi­nent de voir les ins­ti­tu­tions de l’UE adop­ter, en dépit (ou à cause !) du Brexit, l’anglais comme seule langue offi­cielle de fait(*)

    La construc­tion euro­péenne hésite encore aujourd’hui entre deux concep­tions oppo­sées : la conti­nen­tale qui a une longue tra­di­tion, et l’atlantique plus récente. Tou­jours, la ques­tion lin­guis­tique a été le fléau de la balance. Le Trai­té de Rome de 1957 a été sui­vi en automne 1958 du règle­ment euro­péen n° 1 qui réglait le sta­tut des langues offi­cielles et de tra­vail. Il fut adap­té au fil de l’élargissement de la CEE puis de l’UE.

    La ges­ta­tion et les débuts de l’UE ont été mar­qués par une sorte d’équilibre entre la concep­tion des États-Unis post-Plan Mar­shall et une concep­tion conti­nen­tale euro­péenne, fran­çaise pour l’essentiel. Jean Mon­net, Mau­rice Schu­mann et Wal­ter Hall­stein, en bonne par­tie gui­dés et finan­cés par Washing­ton et la CIA, ont défen­du la pre­mière concep­tion. Le résul­tat fut un com­pro­mis assez satis­fai­sant pour que le Géné­ral arri­vé au pou­voir en juin 1958 pût l’entériner et le pour­suivre : une Europe des nations, mais dont cha­cune res­tait – même la France – liée aux États-Unis. Mais le fran­çais domi­nait de fait à Bruxelles.

    Lorsque le Pré­sident fran­çais et le Chan­ce­lier Ade­nauer signèrent le trai­té fran­co-alle­mand de jan­vier 1963, sa por­tée, très conti­nen­tale et théo­ri­que­ment consi­dé­rable, fut vite réduite par la dépen­dance stra­té­gique de l’Allemagne à l’égard des États-Unis, qui se tra­dui­sit par le sérieux coup de frein mis par le Par­le­ment de Bonn. Entre autres consé­quences, le fran­çais ne put jamais être choi­si en pre­mière langue au même titre que l’anglais dans les écoles des Län­der. La pre­mière puis­sance éco­no­mique du conti­nent deve­nait bilingue alle­mand-anglais, avec un fort effet d’entraînement sur ses voi­sins au nord et à l’est.

    Après le départ du Géné­ral, l’admission de la Grande Bre­tagne, puis des autres États euro­péens, se tra­dui­sit, la plu­part du temps sans véri­table résis­tance des gou­ver­ne­ments fran­çais, par une inexo­rable mon­tée en puis­sance de l’anglais dans les ins­ti­tu­tions. Jusqu’à réduire consi­dé­ra­ble­ment, ces der­nières décen­nies, l’utilisation des autres langues offi­cielles et même de tra­vail (alle­mand et fran­çais), et à impo­ser aux admi­nis­tra­tions des pays membres de tra­vailler sur des docu­ments de Bruxelles non tra­duits, et d’y répondre uni­que­ment en anglais. Le fléau a pen­ché dan­ge­reu­se­ment du côté d’une langue unique de fait : l’anglo-américain.

    Le Brexit devait logi­que­ment conduire, sinon à rayer l’anglais de la liste des offi­cielles, du moins (du fait de l’Irlande qui l’avait décla­rée au même titre que le gaë­lique) à mettre fin à son rôle hégé­mo­nique. Ain­si M. Jun­ker, par exemple, avait-il mar­qué son hos­ti­li­té au Brexit en s’exprimant davan­tage en fran­çais et en alle­mand. Feu de paille…

    Car un fort mou­ve­ment gagne actuel­le­ment la plu­part des diri­geants euro­péens, et meut d’excessifs fédé­ra­listes, sur­tout fran­çais, en faveur du main­tien de l’anglais, de droit, ou plu­tôt de fait pour évi­ter de tou­cher au règle­ment n°1, ce qui exi­ge­rait débats et vote à l’unanimité en Conseil euro­péen. Un consen­sus semble s’installer pour ne pas prendre de déci­sion épi­neuse et tout sim­ple­ment conti­nuer à uti­li­ser l’anglo-américain comme « langue com­mune », de fait. En invo­quant à l’occasion l’habitude bien prise, la com­mo­di­té, les éco­no­mies de tra­duc­teurs et inter­prètes, et sur­tout l’argument nou­veau, plu­tôt osé, selon lequel l’anglais post-Brexit serait deve­nu, à Bruxelles, une sorte de langue neutre, un volapük com­mode et inof­fen­sif, comme s’il n’était pas la langue domi­nante et hégé­mo­nique, sur­tout sur le conti­nent euro­péen. 

    La pra­tique très récente, à Bruxelles, va d’ailleurs dans ce sens, en faits accom­plis. Ain­si, la pré­si­dente de la Com­mis­sion, Mme Ursu­la von der Leyen, pour­tant à la fois alle­mande et bonne fran­co­phone, n’y parle plus guère qu’anglais. L’Europe devient atlan­tique, au moins de langue. Il faut rame­ner le fléau au centre.

    En traite une lettre ouverte adres­sée le 22 octobre 2019 au Pré­sident de la Répu­blique, signée par 25 de nos asso­cia­tions, mais qui fut soi­gneu­se­ment occul­tée par les grands media. 

    C’est en effet d’abord de la France qu’est atten­due par­tout l’opposition à cette « langue com­mune », rédui­sant à une les trois « de tra­vail » du règle­ment n°1. 

    Si nous vou­lons être à la hau­teur de cet enjeu fran­çais, euro­péen et civi­li­sa­tion­nel, et évi­ter au Pré­sident de la Répu­blique une for­fai­ture par glis­se­ment sur une pente atlan­tiste, nous vous pro­po­sons de lui deman­der col­lec­ti­ve­ment qu’au nom de la France, il informeoffi­ciel­le­ment le Conseil de l’UE de la déci­sion de la France de tenir, pour sa part, compte du Brexit, en :

    - ne souf­frant plus que ses admi­nis­tra­tions soient contraintes de tra­vailler sur des docu­ments de l’UE non tra­duits, et d’y répondre uni­que­ment en anglais ; 

    - deman­dant que le Conseil réaf­firme sa volon­té de res­pec­ter l’esprit et les dis­po­si­tions du règle­ment n°1, et fixe lui-même le sta­tut post-Brexit des langues offi­cielles et de tra­vail en Conseil des Chefs d’État.

    Albert Salon.

    (*) Com­mu­ni­qué­de­Presse18septembre2020

    Le Haut Conseil de la Langue fran­çaise et de la Fran­co­pho­nie (HCLFF), créé le 18 juin 2020 à Paris, a adres­sé le 14 sep­tembre à Mon­sieur le Pré­sident de la Répu­blique fran­çaise une lettre ouverte col­lec­tive de ses cent per­son­na­li­tés membres, dont la liste est jointe, au sujet de la place post-Brexit du fran­çais et des autres langues offi­cielles et de tra­vail de l’Union euro­péenne. Il lui demande solen­nel­le­ment d’infor­mer offi­ciel­le­ment le Conseil de l’UE de la déci­sion de la France de tenir, pour sa part, compte du départ du Royaume-Uni, en :

    - ne souf­frant plus que ses admi­nis­tra­tions soient contraintes de tra­vailler sur des docu­ments de l’UE non tra­duits, et d’y répondre uni­que­ment en anglais ; 

    - deman­dant que le Conseil revienne à l’esprit du règle­ment lin­guis­tique n°1 de 1958 modi­fié, et fixe lui-même le sta­tut post-Brexit des langues offi­cielles et de tra­vail en Conseil des Chefs d’État, qui doit se pro­non­cer à l’unanimité.

    Ave­nir de la Langue fran­çaise, 34bis, rue Picpus,75012, avenirlf@laposte.net et 23 autres asso­cia­tions.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • La France et l’Europe à la croisée des chemins : le statut post-Brexit des langues de travail des institutions UE sera f

    French President General Charles de Gaulle (C) and German Chancellor Dr Konrad Adenauer (L) sign the French-German cooperation treaty at the Elysee Palace on January 22, 1963 in Paris, as French Foreign minister, Maurice Couve de Murville (D) and French Prime minister Georges Pompidou (2nd R) look on.

    Par Albert Salon, ancien ambas­sa­deur, secré­taire géné­ral du Haut Conseil, fon­da­teur en 1992 et main­te­nant pré­sident d’honneur d’Ave­nir de la Langue fran­çaise (ALF).

    La construc­tion euro­péenne hésite tou­jours entre deux concep­tions oppo­sées : la conti­nen­tale qui a une longue tra­di­tion, très liée au droit romain-ger­ma­nique, et l’atlantique récente, plus liée à la « Com­mon law » bri­tan­nique.

    3.jpgLa ques­tion lin­guis­tique reste le fléau de la balance. Le Trai­té de Rome de 1957 fut sui­vi en 1958 du règle­ment euro­péen n° 1 qui régla le sta­tut des langues offi­cielles et de tra­vail. Il fut Adap­té depuis lors aux élar­gis­se­ments suc­ces­sifs de l’UE.

    La ges­ta­tion et les débuts de l’UE ont été mar­qués par une sorte d’équilibre entre la concep­tion des États-Unis post-guerre et Plan Mar­shall et une concep­tion conti­nen­tale euro­péenne, fran­çaise pour l’essentiel. Jean Mon­net, Mau­rice Schu­mann et Wal­ter Hall­stein, lar­ge­ment gui­dés et finan­cés par Washing­ton et la CIA (cf. le livre de Phi­lippe de Vil­liers), ont défen­du la pre­mière concep­tion. Le résul­tat fut un com­pro­mis assez satis­fai­sant pour que le Géné­ral élu en juin 1958 pût l’entériner et le pour­suivre : une Europe des nations, mais dont cha­cune res­tait –France incluse – liée aux États-Unis. Mais la langue fran­çaise domi­nait de fait à Bruxelles.

    Lorsque le Pré­sident fran­çais et le Chan­ce­lier Ade­nauer signèrent le trai­té fran­co-alle­mand du 22 jan­vier 1963, sa por­tée, poten­tiel­le­ment consi­dé­rable, fut tôt réduite par la dépen­dance stra­té­gique de l’Allemagne à l’égard des États-Unis, qui se tra­dui­sit par un blo­cage du Par­le­ment de Bonn. Entre autres consé­quences, le fran­çais ne put jamais être choi­si en pre­mière langue comme l’anglais dans les écoles des Län­der. L’Allemagne devint presque bilingue alle­mand-anglais, avec un fort effet d’entraînement sur ses voi­sins au nord et à l’est.

    L’admission de la Grande Bre­tagne en 1973, puis d’autres entrants, se tra­dui­sit par une inexo­rable mon­tée en puis­sance de l’anglais dans les ins­ti­tu­tions. Jusqu’à réduire consi­dé­ra­ble­ment, ces der­nières décen­nies, l’utilisation des autres langues de tra­vail (alle­mand et fran­çais), et jusqu’à oser impo­ser aux admi­nis­tra­tions des pays membres de tra­vailler sur des docu­ments de Bruxelles non tra­duits, puis d’y répondre uni­que­ment en anglais. Tout cela à la faveur d’un mélange d’incurie, lâche­té, com­pli­ci­té, des gou­ver­ne­ments fran­çais. Le fléau a donc pen­ché du côté d’une langue unique de fait : l’anglo-américain.

    Le Brexit devait logi­que­ment conduire, sinon à rayer l’anglais de la liste des offi­cielles, (du fait de l’Irlande qui l’avait décla­ré à côté du gaë­lique), du moins à mettre fin à son hégé­mo­nie. Ain­si le com­prit le Pré­sident de la Com­mis­sion, Jean-Claude Jun­ker, qui mar­qua son hos­ti­li­té au Brexit en s’exprimant davan­tage en fran­çais et en alle­mand. Cela ne dura pas ; il partit…

    Car l’empire réagit vite et fort. Il n’était pour ses sup­pôts, y com­pris fran­çais, pas ques­tion de perdre cet ins­tru­ment pri­vi­lé­gié de son hégé­mo­nie. Un fort mou­ve­ment gagna la plu­part des diri­geants euro­péens, et mut d’excessifs fédé­ra­listes en faveur du main­tien de l’anglais, non pas de droit à la mode conti­nen­tale, mais de fait à la mode « Com­mon law ». Il fal­lait contour­ner le règle­ment n°1, pour évi­ter débats et vote à l’unanimité en Conseil euro­péen. Un consen­sus s’installa pour uti­li­ser l’anglo-américain comme « langue com­mune », unique langue de tra­vail de fait. En invo­quant l’habitude bien prise, la com­mo­di­té, les éco­no­mies de tra­duc­teurs et inter­prètes, et sur­tout l’argument nou­veau, cyni­que­ment abu­sif, selon lequel l’anglais post-Brexit serait deve­nu, à Bruxelles, une sorte de langue neutre, un volapük com­mode et inof­fen­sif, comme s’il n’était pas la langue domi­nante et hégé­mo­nique, sur­tout sur le conti­nent européen.

    Telle est donc la pra­tique à Bruxelles, en faits accom­plis que l’on bap­tise juris­pru­dence. Ain­si, la pré­si­dente de la Com­mis­sion, Mme Ursu­la von der Leyen, pour­tant à la fois alle­mande et bonne fran­co­phone, n’y parle plus guère qu’anglais. L’Europe devient atlan­tique de langue, en appli­ca­tion de la « Com­mon law for the com­mon language ».

    Nos asso­cia­tions durent agir par deux voies : poli­tique et juridictionnelle.

    Voie poli­tique :

    Créé le 18 juin 2020 par Ave­nir de la Langue fran­çaise (ALF) et 23 autres asso­cia­tions, le Haut Conseil inter­na­tio­nal de la langue fran­çaise et de la Fran­co­pho­nie (HCILFF)envoya à l’Élysée les lettres ouvertes du 14 sep­tembre 2020, puis du 1er février 2021. Peut-être à leur suite, les Secré­taires d’État C. Beaune et J- Lemoyne annon­cèrent que M. Macron pren­drait des mesures impor­tantes lors de la pré­si­dence fran­çaise du Conseil euro­péen (chefs d’État de l’UE) au 1er semestre 2022, asso­ciées à l’inauguration de la Cité inter­na­tio­nale de la Fran­co­pho­nie à Vil­lers-Cot­te­rêts, pro­jet d’ALF lan­cé sur place le 9/10/2001, enfin repris par l’Élysée dès 2017.

    En atten­dant, les media ont enfin mieux réagi : articles dans Le Monde (Mme Mushi­ki­wa­bo de l’OIF), L’Ex­press, Libé­ra­tion (Qua­tre­mer), Marianne (P‑Y. Bour­na­zel, dépu­té), jusqu’à 3 entre­tiens télé­vi­sés d’A. Salon et sur­tout 2 d’É. Zem­mour. Des articles dans Cau­seur le 23 mars 2021, sous « Langue fran­çaise : la France n’est pas une région de l’Union euro­péenne ! ».

    Deuxième action poli­tique : Pro­po­si­tion aux par­le­men­taires fran­çais de créer enfin un inter­groupe Sénat-Assem­blée sur la Fran­co­pho­nie. Pre­miers sai­sis : le séna­teur A. Val­li­ni, ancien ministre de la Fran­co­pho­nie, et le dépu­té J. Kra­bal (Aisne) membre du Haut Conseil.

    Troi­sième grande action poli­tique : en liai­son avec M. J. Kra­bal et son Assem­blée par­le­men­taire de la Fran­co­pho­nie (APF) et le pré­sident du col­lec­tif Langue fran­çaise de Suisse romande,nous avons sai­si en février-mars 2021, dans les langues des pays les plus grands, des dépu­tés de tous par­tis et pays membres du Par­le­ment euro­péen afin d’y obte­nir le vote d’une réso­lu­tion contre l’imposition de la « langue com­mune » Dans le même but, M. Sas­so­li, Pré­sident du Par­le­ment euro­péen, et le Média­teur euro­péen, ont été sai­sis par nos soins.

    Voie juri­dic­tion­nelle : Le HCILFF – simple réseau sans per­son­na­li­té juri­dique – a sou­te­nu l’association habi­li­tée ALF. Celle-cia sai­si le 18 mai en recours gra­cieux la Com­mis­sion et le Par­quet euro­péen. Elle a ensuite, par son avo­cat, dépo­sé le 3 août en Tri­bu­nal euro­péen (pour la CJUE) un recours en annu­la­tion de la déci­sion (du 9 juin) de rejet du recours gra­cieux par Mme Ursu­la von der Leyen, Mme Lau­ra Köve­si étant aus­si men­tion­née dans le texte du recours.

    Nos asso­cia­tions ont bien avan­cé sur les deux voies. Mais nous atten­dons deux évè­ne­ments fati­diques pour l’avenir de la France et de l’Europe : la concré­ti­sa­tion des inten­tions pré­si­den­tielles fran­çaises ; le juge­ment du Tri­bu­nal euro­péen ! Toutes ins­ti­tu­tions, asso­cia­tions, per­son­na­li­tés, en mesure de peser sur ces déci­sions sont cha­leu­reu­se­ment invi­tées à agir par toutes voies et tous moyens à leur disposition.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • La tentation du cynisme et de la brutalité, par Philippe Kaminski.

    Lorsque le jeune et sémillant Emmanuel Macron a été nommé ministre de l’Économie, il sut séduire nombre de gros poissons de l’industrie et de la finance. Il fit même forte impression sur notre chroniqueur, qui s’imagina un temps candidat à la députation, afin de porter ses valeurs d’économie sociale. La tentation fut éphémère, mais les motivations demeurent : le cynisme le plus assumé peut-il néanmoins servir le Bien commun ?

    Actualités de l’économie sociale

    Je viens de refaire un rêve. Le même qui continue. À la réflexion non, ce n’est pas un vrai rêve, mais plutôt un scénario qui se construit par petites touches, sur le temps long, dans ces moments de semi-éveil que nous traversons tous pendant une conférence ennuyeuse ou après quelque libation un peu trop appuyée. Et ce rêve qui n’en est pas vraiment un me fige, en ces temps de confinement, face à une question récurrente qui exige de moi, pour que j’y réponde, la maîtrise de tout ce qui me reste de facultés de réflexion conscientes : que ferais-je, que dirais-je, que ressentirais-je, si j’étais aujourd’hui un député anonyme de la majorité gouvernementale ?

    Tout cela ne vient pas de nulle part. Revenons cinq ans en arrière. Je dois participer à un séminaire sur l’actionnariat salarié. L’affiche est attractive, puisque notre nouveau, jeune et sémillant ministre de l’Économie y est annoncé. Je n’ai lu qu’en diagonale ce qu’on a écrit sur lui, ce sera donc pour moi une totale découverte. D’autant que sur le sujet du jour, j’ai quelques références à faire valoir.

    Eh bien il m’avait fait lors de cette réunion, je dois l’avouer sans honte aucune, forte impression. Il connaissait son dossier sur le bout des doigts, et parlait sans regarder ses notes, dans un français clair et parfait. Se mettant résolument en complicité avec ses interlocuteurs, il n’éprouvait aucune gêne à se placer ainsi en contradiction frontale avec les options défendues par le gouvernement qu’il venait de rejoindre. Quelle était dans ses propos la part de calcul, la part de sincérité, peu importe ; l’art de la mise en scène valait celui d’un vieux routier de la politique, une habileté oratoire certaine et la jeunesse en plus.

    Je comprends fort bien qu’en multipliant ce genre de prestations, notre ex-ministre et aujourd’hui président ait pu séduire nombre de gros poissons de l’industrie et de la finance, qui se sont dits à l’unisson : il n’y a pas de doute, c’est ce gars-là qu’il nous faut !

    Mais moi, je n’avais rien d’un gros poisson de cette sorte, et je m’étais promis depuis une bonne dizaine d’années de ne plus remettre les pieds dans le marigot politique. Il fallait que j’en reste là. Cependant une petite voix venait agiter devant moi les clignotants de la tentation :

    Ne laisse pas passer ta chance ! Tu n’as plus la même fougue ni la même énergie, mais tu as l’expérience. Joue cette carte, c’est la dernière, ce sera la bonne ! Cette monture ira jusqu’au bout, chevauche-la !

    Je ne tardai pas à identifier l’émetteur de ces messages racoleurs. C’eût été lui faire trop d’honneur que de l’appeler Méphisto. Je lui donnai un nom mieux approprié au niveau de sa fourberie : Le Sacripant.

    C’est lui qui vient régulièrement me visiter, surtout quand je rêvasse et que je dois avoir l’air d’une proie facile. J’ai consigné en un petit grimoire, que voici, la quintessence de ses interpellations depuis les origines. Et je vais peut-être avoir besoin d’un cahier supplémentaire, tant ses assauts intempestifs deviennent fréquents, en cette période de coronavirus.

     

    Annonce-toi, pour commencer. C’est facile, tu connais la recette. Tu crées un comité de soutien, le premier, avant les autres. Les attaques viendront de tous les côtés, et s’annihileront d’elles-mêmes.

    Tais-toi, Le Sacripant ! C’est de la pure fiction. Je ne connais plus personne. D’ailleurs, la place est déjà préemptée par le Maire, suite à la fusion des régions. C’est sa manière d’opérer une dissidence qui ne dit pas son nom, et il a toute une équipe de fidèles à caser.

    Justement, c’est ta chance ! Il aura besoin d’un associé venant de l’extérieur pour équilibrer son affaire. Et puis, vous avez déjà été, bien qu’adversaires en théorie, complices dans des alliances pas si paradoxales que ça. Cela a laissé des liens plus forts que ceux des partis, où chacun est prêt à égorger son frère… Tu es l’homme de la situation !

    Ah, Le Sacripant, tu portes bien ton nom ! Que pèsent quelques signes de connivence échangés lors d’un coquetèle ? Illusions que tout cela ! C’est une histoire à prendre des coups bas de toutes parts. Je me sens trop bien de ne plus y toucher. D’ailleurs le député Vert vient de se rallier aussi, ça fait deux crocodiles dans la mare…

    Mais tu vois bien qu’ils sont à couteaux tirés ! Le vainqueur sera le troisième larron, et là il n’y a personne pour te contester le rôle… Et puis, je serais toi, je regarderais attentivement la seconde circonscription. Tu vois bien qu’il y a là-bas un boulevard. Personne n’y fait le poids.

    Irréaliste ! Tu sais bien que le sortant de la seconde est une sortante, qui a elle-même pris la place de mon amie Catherine… Jamais deux sans trois, et avec les exigences de parité, le prochain élu de la seconde sera une élue. Ton hypothèse est caduque de chez caduc de Guise !

    Tu seras l’homme du renversement ! Tu jettes une femme dans la première, le vieux Maire sera tout heureux de l’adouber, elle battra le Vert que tu as toujours rêvé d’assassiner, et la seconde sera pour toi, avec la parité toujours respectée. Je sens que ce plan florentin a tout pour te plaire…

    Très joli tout ça, mais il faudra d’abord que Macron soit élu. Or comme je vois que s’organise son mouvement, rien ne m’enthousiasme. C’est du cafouillage partout. Et puis les idées qui semblent s’en dégager ne me conviennent pas du tout. C’est même tout le contraire. Que serais-je allé faire dans cette galère ?

    Au contraire, c’est la situation la plus favorable qui puisse être. Dans un contexte d’improvisation bordélique, on progresse, on se faufile, on se rattrape, beaucoup plus facilement que dans une organisation qui a déjà ses codes et ses hiérarchies. Et ne me casse pas les phalanges avec les idées. Tu n’as plus vingt ans. Tu as bien pu voir ce que ça donne, les candidatures de témoignage, où l’on défend ses idées, et où on termine avec 3 % des voix ! Ça ne t’a pas suffi ? On s’en tape, des idées ! Ce qui compte c’est d’arriver au pouvoir ! Au pou voir ! Les seules bonnes idées sont les idées qui t’amènent au pou voir ! Et plus celles qu’affiche le parti sont orthogonales aux tiennes, mieux ça vaudra, parce que ça t’évitera d’en parler et de perdre de vue l’essentiel, arriver au pou voir !

    Tu penses avoir gagné, Le Sacripant, mais cette victoire est bien fragile. Elle n’est due qu’au suicide de Fillon, aux quelques voix de Hamon qui ont empêché Mélenchon de passer devant, et à la mauvaise prestation de Marine lors du duel télévisé. Mais si tu fais les comptes, tu vois bien que la base électorale du président est très étroite. Il est irrésistible en petit comité, mais il perd ses moyens et son charisme dès qu’il s’adresse au peuple. Ça n’ira pas loin.

    Ridicule ! Il dispose d’une majorité introuvable à la Chambre, et si tu avais suivi mes doctes conseils, tu en serais à l’heure qu’il est. Imagine l’étendue et la diversité des perspectives d’action qui te seraient alors offertes ! Imagine seulement ! Et cesse de tout voir en négatif. Certes, le président se montre souvent cassant, maladroit, même arrogant. Mais ce sont autant de voies d’action qui s’ouvrent à toi, pour pallier ces défauts et te faire un nom, toi qui ne les a pas !

    Je vois le mécontentement et la contestation qui ne cessent de monter. Tous mes amis sont remontés à fond contre lui. Ils ne cessent de s’en moquer, ils sont tous derrière les gilets jaunes. J’aurais l’air fin, devant eux, ah oui, s’ils me savaient député godillot. D’ailleurs il y en a de plus en plus, de ces députés, qui quittent le navire, et ceux qui restent prennent des positions que je ne puis approuver.

    Mais ne fais pas comme ces députés qui ont des états d’âme et qui en plus le crient sur les toits ! Soit tu as su les ramener à temps dans le droit chemin, soit tu participes à leur mise à mort, ces traîtres, ces chacals, ces moins que rien ! Dans les deux cas, tu grimpes dans le parti, tu te fais respecter. Quant à ce que peuvent penser tes amis, laisse-moi rigoler. Bien sûr que les plus fidèles d’entre eux auront vite compris tout le profit qu’ils peuvent tirer d’avoir un relais au cœur du pays légal. Tu auras rendu service aux uns et aux autres, te faisant ainsi une clientèle d’autant plus solide que tu auras su les compromettre, juste ce qu’il faut, dans le parti du président. Ce n’est pas le double jeu qui va t’effrayer. La seule chose qui importe, c’est que ton interlocuteur croie toujours que ce que tu lui dis c’est vraiment le fond de ta pensée, et ce que tu dis ailleurs c’est juste pour donner le change.

    Je me suis tenu éloigné de tes sortilèges, Le Sacripant. Je ne me suis pas compromis avec la lèpre politicienne. Je n’ai de comptes à rendre à personne. Et je me consacre à défendre une belle chose qui est l’Économie Sociale, que malheureusement le « Haut Commissaire » qui en a aujourd’hui la tutelle, s’acharne à pervertir…

    Ha, tu est libre, tu es pur. Tu es surtout inefficace et inaudible. Songe à ce que, comme député audacieux et entreprenant, tu aurais pu réaliser pour l’Économie Sociale ! Ton haut commissaire, tu pourrais lui savonner la planche, ou le mettre dans ta poche, selon ses réactions ; tu pourrais être devenu le point de ralliement de tout ce que le secteur compte d’éléments prometteurs et réalistes. Tu aurais pu mettre en valeur, et en pratique, tout ce que tu as accumulé jusqu’ici comme réflexions et comme recherches, au lieu qu’elles dorment dans ton disque dur, si seulement tu sais les y retrouver. Il ne tenait qu’à toi. En plus, tu aurais vécu des aventures passionnantes. Est-il vraiment trop tard pour écouter mes judicieuses suggestions ?

    Philippe KAMINSKI

  • Dès le lundi 31 août, une nouvelle chronique de Gérard Leclerc, sur les ondes de Radio-Notre-Dame...

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               La passion de Gérard pour le monde des idées et les débats contemporains ne se dément pas. Dès lundi prochain, 31 août, il animera une rubrique sur Radio-Notre-Dame (1).

               Le titre n'en est pas encore trouvé, mais Gérard sait qu'on attend de lui "un regard chrétien sur l'actualité"....

                 "J'interviendrai dans les matinales, après huit heures, plusieurs jours de suite, selon une durée variable et sous plusieurs formes: la chronique pourra être rédigée d'avance ou être plus spontanée. La chronique se terminera par un dialogue avec Louis Daufresne, sur les derniers évènements, ou à propos de son invité du jour. Je pense qu'à la longue et avec la pratique, cette chronique devrait se forger et s'identifier plus clairement", a-t-il déclaré à Maryvonne Gasse (2).
     
     
                  Cette présence sur les ondes n'est pas tout à fait nouvelle, rappelle Gérard: "...J'interviens sur les ondes de Radio-Notre-Dame depuis les origines, dans les années 80, voici donc presque trente ans. Je me souviens de ses pionniers, Robert Toussaint, puis Olivier Jay, et je connais bien l'histoire de cette radio. A plusieurs reprises j'ai interviewé le cardinal Lustiger. Il n'y a pas une année où je ne sois intervenu sur RND..."
                 
                  A noter, en marge de l'annonce de cette nouvelle chronique: la prochaine parution du treizième livre de Gérard: "un tout petit ouvrage sur l'histoire des relations entre Rome et les lefèbvristes, qui sortira aux Editions du Salvator...."
     
     
     
     
     
     
    (1) : Radio-Notre-Dame, 100,7, à partir de 8 heures, les lundi, mardi, mercredi et jeudi. 
     
    (2) : dans Famille Chrétienne n°1650, du 29 août au 4 septembre 2009.
  • Nouvelles du Blog : ”A la fleur de lys”, l'échoppe de lafautearousseau...

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                Cela fait, aussi, partie de ces aménagements et nouveautés diverses dont nous vous parlons depuis le début des vacances, et que nous souhaitons mener à bien pendant ces deux mois de juillet/août. Afin que tout soit fin prêt, dès les premiers jours de septembre, pour une nouvelle année encore plus dynamique.

                lafautearousseau s'étant bien développé, il importe maintenant de créer des structures, simples et souples, permettant d'organiser des rencontres, réunions, Café-débats, activités diverses etc..., et aussi de manipuler des fonds, indispensables à toute action.

                Une Association a donc été créée, Les Amis de Lafautearousseau, qui pourra, dès la rentrée, se charger d'organiser toute activité souhaitable et nécéssaire, et qui, d'ores et déjà, vous propose son échoppe, "A la fleur de lys".

                Une première série de produits de qualité et de bon goût vous y attend : en vous les procurant, pour vous les offrir à vous-même ou pour les offrir à des amis, vous aiderez au développement de notre action. Vous vous doutez bien que, si nous voulons non seulement la poursuivre, mais encore l'amplifier, il faudra bien, d'une façon ou d'une autre recueillir ce nerf de la guerre qui sera indispensable. La création de Les Amis de Lafautearousseau, et l'ouvertured'un compte à son nom, sont une des réponses à ce problème...

                Très prochainement, un service Paypal sera également mis à votre disposition, afin de faciliter les règlements pour vos commandes à l'échoppe, ou les dons que vous voudrez bien faire pour donner des moyens à vos idées....

                Une boite postale, décentralisée à Marseille (1), est également à votre disposition à partir de maintenant.

                Pour visualiser l'album des produits disponibles dans notre échoppe, cliquez sur le lien, suivant (ou reportez-vous à la Catégorie Albums Photos), colonne de droite de la page d'accueil du Blog) :

                http://lafautearousseau.hautetfort.com/album/a-la-fleur-de-lys-l-echpe-de-lafautearousseau/

    (1) : Les Amis de lafautearousseau - BP 50204, 13445 Marseille 06

  • Un monastère cistercien, et bien plus que cela... Ou : Les vrais amis de l'Afrique et des Africains...

              En Afrique, il y a des gens sérieux, qui font des choses sérieuses sur le terrain et qui mènent des actions réellement porteuses d'espoir et de progrès, donc d'un avenir meilleur; et qui, plutôt que de transplanter ailleurs la misère locale, c'est à dire déplacer le problème sans le régler, luttent au quotidien pour vaincre la misère sur place, ce qui est la seule solution efficace....

              Construire un monastère pour les héritiers de la Tradition cistercienne venue de l'Abbaye d'Aiguebelle. Et le faire en terre d'Afrique (au Cameroun) dans une région fortement musulmane, en plein accord et en totale amitié avec les musulmans locaux, qui ont eux-même souhaité une présence de l'Église Catholique, en vue du dialogue fructueux qui pourrait en résulter: on pourrait penser qu'il ne s'agit là que d'une oeuvre strictement religieuse. Pas du tout: sans rien renier évidemment de leur spécificité et de leur appartenance à l'Église Catholique, les moines vont oeuvrer, par le moyen même de cette construction, à la formation de la population qui, une fois formée, aura acquis un métier et donc une réelle chance de promotion sociale, de vie familiale et sociale heureuse et épanouie, dans son propre pays. Plutôt que de se laisser tenter par les mirages mensongers et amers d'une émigration toujours douloureuse et le plus souvent décevante.

              Il y a donc bien un aspect social et humanitaire dans la construction de ce monastère cistercien, et agir comme le font les moines de Koutaba, en Afrique aujourd'hui après l'avoir fait en France et en Europe hier, est pleinement conforme au charisme et à l'intuition originelle de l'Ordre. C'est aussi une des réponses que l'on peut proposer aux sots qui n'imaginent comme autre réponse aux problèmes de l'Afrique que l'expatriation massive de sa population. Cette pseudo solution, catastrophe pour l'Afrique, non seulement ne réglerait en rien ses problèmes, mais les démultiplierait d'une façon dramatique, et peut-être irréversible: c'est en Afrique qu'il faut aider les Africains; c'est l'Afrique qu'il faut développer, avec et par les Africains eux-mêmes, comme les moines de Koutaba en donnent un merveilleux exemple.....

              Laissez-vous guider dans le site remarquable de ces moines, non moins remarquables, qui réalisent en terre Africaine une oeuvre qui, à tous égards, mérite et force le respect. Et, si vous le pouvez et si vous le souhaitez, aidez-les: la construction du monastère ce sera des millions de briques à fabriquer et à assembler par la population camerounaise, et 6 années de travaux au total: un mur de clôture, des bâtiments conventuels, une église, une hôtellerie, un système d’adduction d’eau!.....En aidant des personnes, et en participant à une action, de cette qualité, on est sûr de faire quelque chose de bien; et, plutôt que d'être "fort en tchatche", comme certains...., de lutter comme il convient pour le développement et le progrès.

              Voici l'adresse du site de Koutaba: cliquez, vous ne serez pas déçus: http://www.koutaba.org

  • L'apprentissage, filière à valoriser...

            On le sait, on le dit (ici, en l'occurrence, Nadine Morano), mais on fait - ou on laisse se faire... - le contraire....

            La Ministre en charge de l'Apprentissage et de la formation professionnelle, était en effet à Marseille, où elle a visité la Cité des métiers de Marseille, le mardi 19 avril.

            Ce qui nous donne, dans La Provence du lendemain (mercredi 20) une pleine et très intéressante page 3, entièrement consacrée à ce thème de l'apprentissage et, pour reprendre le très beau titre de l'un des articles de cette page, à "l'intelligence de la main" (l'expression est de Roger Mahler, ex-président d'Alstom, qui écrit ce papier).

     

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            Nous ne pouvons qu'être totalement d'accord avec lui sur la tonalité et le sens de son article, ayant plus d'une fois dit -et redit... - ici-même combien, pour nous, le savoir-faire était l'une des formes les plus nobles et les plus abouties du Savoir. C'est la raison pour laquelle nous ne cessons de demander - la consultation des notes de notre Catégorie Éducation en fait foi - la fin de ce système aberrant qui consiste, de fait, à imposer des études longues et théoriques à un nombre invraisemblable d'enfants qui n'en ont ni le goût ni les moyens. Cette politique aberrante, menée à coup de milliards tout de même, aboutit dans les faits à ce que des dizaines de milliers de jeunes sortent du système scolaire sans rien, après plusieurs années gâchées à perdre leur temps (1).

            "Apprendre la culture du travail", "L'apprentissage, l'autre voie", "Reconnaître l'intelligence de la main" tels sont quelques uns des titres de cette page, qui voisinent avec des vérités qui vont sans dire, mais qui vont tellement mieux en le disant !, du genre : "Ici, on s'occupe de vous bien mieux qu'à Pôle emploi, je le dis comme je le pense...", "...être apprenti n'est pas une maladie honteuse, ce n'est pas une voie par défaut...", "il faut admettre que l'on peut choisir une autre voie que le bac et les études, plus pratique au sens d'acquérir des compétences", "l'apprentissage, une voie d'avenir ? il en a toujours été ainsi !..."

            Bref, dans l'océan des délires et des aberrations des pédagogistes, et pour cette fois, que du bon sens ! Que du bonheur !...

    (1) : un désastre moral et personnel pour chacun d'entre ces jeunes, qui n'a d'égal que le désastre financier pour la collectivité de ce gouffre à milliards pour rien qu'est devenu dans les faits, pour tous ces jeunes, le Ministère de la des-Éducation nationale...

    PS : au moment où paraît cette note, on apprend la création d'un fonds national en faveur de l'insertion, de la formation et de la transmission des savoir-faire, qui permettra de mener à bien des actions d’insertion sociale et professionnelle en direction de publics en difficulté, et de renforcer son action en faveur de la transmission des savoir-faire traditionnels et de la formation des jeunes aux métiers du patrimoine. Voilà qui va dans le bon sens, et qui rejoint, même par des chemins différents, ce que nous venons de dire. Nous en reparlerons.... 

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

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    MACRON, TON PASSE ON N'EN  VEUT PAS !

    UN CONSEIL CONSTITUTIONNEL AUX ORDRES L'A VALIDÉ ?

    TOUS DANS LA RUE, AUJOURD'HUI SAMEDI,

    PARTOUT EN FRANCE !

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    Liste des manifestations :

    https://www.breizh-info.com/2021/08/06/168670/manifestations-du-7-aout-contre-le-pass-sanitaire-toutes-les-dernieres-informations/

     

    1. La France est le seul pays occidental où un repris de justice peut devenir un "Sage" d'une institution garante de l’État de droit. Cette Vème République dévoyée et pourrie jusqu'à la moelle est irréformable. Il faut y mettre un terme, par la Révolution royale...

    La seule action politique sérieuse et exaltante à mener ? :

    "une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime" (Léon Daudet)

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    1 BIS. Rappelons-nous, c'était hier, et le même Conseil constitutionnel :

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    1 TER. Deux réactions possibles et immédiates : 

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    4. "Ça", un Conseil constitutionnel ? La claque de Bercoff ! :

    André Bercoff
    "Un #conseilconstitutionnel, ça n’ose plus rien. C’est surtout à ça que désormais on les reconnaît. Et qu’on les estime à leur juste prix."
     
    Bercoff a raison, une fois de plus et ce "machin" qu'on appelle encore (pourquoi, au fait ?) "Conseil constitutionnel" n’est plus autre chose qu’une maison de retraite dorée pour apparatchiks. C’est un contre-pouvoir dévoyé depuis longtemps et le grand mérite de la crise sanitaire est de le dévoiler.
    Et "ça" ne vous rappelle rien ? :

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    5. À Béziers, la Police municipale ne contrôlera pas le passe sanitaire aux terrasses des cafés...

    https://policeetrealites.com/2021/08/05/%f0%9f%87%ab%f0%9f%87%b7-beziers-la-police-municipale-ne-controlera-pas-le-pass-sanitaire-sur-les-terrasses-des-cafes/

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    6. À Paris (et ailleurs...) on trouve toujours de l'argent pour les cingleries de foldingues les plus inimaginables, ou pour les envahisseurs (rebaptisés "immigrés" ou "migrants") les plus improbables. Mais pour notre Patrimoine, notre Héritage, ce qui "fait" la France et son Être profond, le Système s'en fiche... on n'ose pas dire "roayalement" !

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    Ce nouvel article est "réservé aux abonnés", mais il vient, hélas, infirmer ce précédent, du même Parisien :

    https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-la-fontaine-des-innocents-va-etre-restauree-05-07-2019-8110569.php...

     

    7.  Et, pour finir cette série d'aujourd'hui, n'oublions pas, justement, nos Racines, et replongeons-nous joyeusement dans notre essentiel : 

    Bienvenue au Festival Interceltique de Lorient !

    50 ans du monde celte, Année de la Bretagne

    Donemat e Festival Etrekeltiek an Oriant 50 vle e kreizig kreiz ar bed keltek, Blead Breizh

    https://twitter.com/FESTIVALLORIENT/status/1423524305917419522?s=20

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    Vendredi 13 août 2021 à 21h05, La Nuit Interceltique 2019,  suivi du concert anniversaire 50 ans de Tri Yann à 23h10 :

    https://www.festival-interceltique.bzh/retransmission-tele-avec-france3/

     

     

    À DEMAIN !

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour : sur Keynes et le Président Wilson, deux anglo-saxons malfaisants...

    1924 : Mort du président Woodrow Wilson, utopiste naïf et malfaisant...

     
    Elle est bien longue, la cohorte de ces rois ou chefs d'État, chefs de guerre ou puissant de tous ordres qui ont eu, au fil des siècles, une influence néfaste pour la France sur le cours des événements; qui ont pesé de tous leur poids pour nous accabler; qui sont responsables de bien de nos malheurs et dont l'action a été malfaisante en tous points, si l'on considère nos intérêts majeurs, voire vitaux.
     
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    Parmi ces êtres, malfaisants pour nous, le président des États-Unis Woodrow Wilson (ci contre) - qui devait connaître une fin sans gloire, et même pitoyable, six mois après (mais six mois trop tard !) fut sans conteste l'un des pires...
     
    Au mépris de la lucidité politique la plus élémentaire, il s'acharna à empêcher la France victorieuse (mais à quel prix ! : un million cinq-cent mille jeunes Français, "couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue") de récolter le fruit de sa victoire : l'Allemagne ne fut pas démembrée (son unité "forcée" par Bismarck, de la façon que l'on sait, n'avait que quarante-huit ans...); elle ne fut pas envahie, et ne vit pas son territoire un tant soit peu abîmé, elle qui avait saccagé, quatre années durant, quatorze départements français; elle garda ses forces intactes, la rive gauche du Rhin ne fut pas la barrière qu'elle devait devenir entre elle et nous : soit par l'indépendance accordée aux divers séparatismes rhénans, soit par toute autre forme d'organisation qui l'aurait retiré de l'administration directe de la Prusse, pour la placer dans un état de fait où elle aurait été ouverte à nos influences...
     
    3 fevrier,philippe auguste,paris,esther,racine,boileau,lully,phedre,louis xiv,simone weil,thibon,mauriac,stoffletEn agissant de la sorte; en imposant avec les autres anglo-saxons - comme Keynes, ci-contre - sa vision angélique des choses (mais, "qui veut faire l'ange fait la bête", comme le dit Pascal...) Wilson est directement cause - vingt ans après - de l'arrivée au pouvoir du nazisme, de la Seconde Guerre mondiale et de toutes les atrocités qu'elle a générées.
    Certes, des Français ont prêté la main, par aveuglement, idéologie et anticatholicisme primaire, à ces folies Wilsoniennes : au premier rang desquels Clemenceau, Briand et tant d'autres membres du Pays légal...
    Il n'empêche : en ce qui concerne la France et les Français, le président Woodrow Wilson reste, à tout jamais, l'un des hommes les plus funestes qui aient été...
     
     
     
    Et, sur l'action néfaste, elle aussi, de Keynes, voir l'Éphéméride du 24 avril
  • L'échec de la République

    A LA UNE DE « CAUSEUR » 

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgEn ce début d’année scolaire, ce ne sont pas les sujets d’actualité et parfois d’indignation, qui manquent, et l’absence d’une monarchie digne de ce nom dans notre pays se fait cruellement sentir en ces heures à la fois douloureuses et incertaines : la République n’est plus, suivant l’expression terrible de Pierre Boutang, qu’un « Semble-Etat » incapable de mener une politique sur le long terme, bornée qu’elle est par l’échéance de l’élection présidentielle (2017, 2017 ! En attendant 2022…), cet horizon apparemment indépassable de l’action politicienne en France qui fait oublier toute raison et toute humilité… Triste régime qui brasse du vent quand il faudrait un grand souffle pour la nation et ses générations présentes et à venir.

    Cela ne veut pas dire que tous nos ministres sont médiocres, et il en est même d’excellents, malgré leur étiquette social-démocrate. Mais la République, par ses principes et son exercice mêmes, entre domination oligarchique et légitimation partisane (la démocratie dite représentative…), dévalorise l’action politique et la légitimité même de celle-ci, et laisse le champ libre à une « gouvernance » qui est bien la vassalisation du politique et des Etats à l’économique et à ses grandes féodalités. On peut le regretter, et c’est mon cas, mais c’est ainsi : la République ne s’impose plus aux puissances économiques et financières, mais est devenue leur pitoyable jouet. Cela étant, est-ce seulement contemporain de MM. Hollande et Sarkozy, ou n’est-ce pas une tendance lourde des démocraties contemporaines quand elles ne sont plus ordonnées par une autorité d’Etat forte et éminemment politique ? Georges Simenon, dans son livre « Le Président » qui inspira l’excellent film éponyme de Verneuil avec Gabin et Blier dans les rôles principaux, l’avait laissé entendre de façon plutôt explicite, ce qui ne surprend guère de la part de cet écrivain un temps proche des amis du Comte de Paris…

    Le fondateur de la Cinquième République n’avait que mépris pour les Troisième et Quatrième Républiques, tellement parlementaires qu’elles en étaient impuissantes et corrompues, ce que Clemenceau, pourtant républicain radical (au sens originel du terme…) et qui ne connut pas celles postérieures aux années 30, confirmait par ses piques incessantes et désabusées sur les représentants du peuple et ses collègues députés ou ministres. Si l’Etat sembla restauré en 1958 sous la férule du général de Gaulle, cela ne dura que le temps pour les politiciens de reprendre le terrain que l’homme du 18 juin leur avait soustrait : en redevenant le régime des partis, la République, même si elle sut encore faire illusion quelques années et au-delà, en quelques occasions (sorte d’hommage du vice à la vertu, en somme…), abandonnait dans le même mouvement ce qui aurait pu lui assurer l’indépendance et l’efficacité. Plus la Cinquième République se « démonarchise », plus elle retombe dans les travers qui ont entraîné la perte des précédentes… et, plus grave encore, le malheur de la France : si le sort de la République n’est pas forcément ma préoccupation première, celui de la nation France m’importe et je m’inquiète de la voir si mal défendue face aux périls qui montent à l’horizon. Si, pour ceux qui ne le sont pas encore, il n’y a pas d’urgence à devenir royaliste (et cela n’a en somme que peu d’importance), il y a nécessité pour le pays d’instaurer au plus vite cette Monarchie active que j’appelle de mes vœux, non pour le simple décorum royal, mais parce qu’elle est, selon l’heureuse formule de Thierry Maulnier, « la dernière chance de la liberté »…

     

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Mini dossier sur la Crise (IV): Espérance souveraine, par Hilaire de Crémiers.

    Espérance souveraine

    Bientôt vers un deuxième krach… C’est comme un sentiment général que tout se détraque… Que peut-il en advenir ?

     

                Non, les bilans généraux ne sont pas bons. Les bilans d’État. Ceux de la zone euro, ceux de l’Europe. Ceux de la France. Le fait que les États-Unis soient dans des situations comparables, n’en est pas pour autant réjouissant.

    Les 750 milliards – même encore aujourd’hui  virtuels – du plan de sauvetage européen, dont il était dit, il y a quinze jours à peine, que ce serait la digue  qui assurerait l’avenir de la construction européenne, sont déjà obsolètes, d’avance submergés, immédiatement inutiles, sauf à donner un court répit.

     

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                Les Allemands n’ont accepté et voté ce plan sous la pression américaine qu’à des conditions draconiennes, les leurs, qui le rendent pour ainsi dire impraticable, concrètement inexécutable. Et telle est bien leur volonté profonde ; tout l’art dans cette prétendue négociation consiste à imputer le défaut d’exécution aux autres partenaires pour dégager sa propre responsabilité.

    L’irréalisme du plan tout autant que les conditions qui y sont jointes dorénavant, en ont fait, à peine conçu, un replâtrage caduc.

    La spéculation est mise en cause par les États. Et, certes, ils n’ont pas tort. Ils auraient dû s’en rendre compte plus tôt, au lieu d’en jouer eux-mêmes, car ils en ont joué dans leur intérêt, par organismes financiers interposés, tant qu’elle leur était profitable ; et ils ont laissé aveuglément ou impunément les banques qui relevaient de leur souveraineté et éventuellement de leur contrôle, en user et en abuser. Quitte à demander à ces mêmes banques de les rembourser de leurs avances ! Vient un moment où tout – ou presque tout – se sait !

    Cependant la véritable raison de cet effondrement financier, demain monétaire, aux conséquences économiques, sociales et bientôt politiques, incalculables, ne tient pas d’abord et fondamentalement à la spéculation. Feindre de le croire est une excuse facile que les hommes politiques s’accordent pour ne pas assumer leur responsabilité.

     

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    Des états insolvables

     

                La crise s’explique tout uniment par la dette, les dettes, celles qui aujourd’hui grèvent les États, hypothèquent toutes leurs capacités, empêchent leur action, bouchent leurs horizons. Il y a quelques mois, quelques semaines encore, comme personne n’osait trop aborder le problème de face, les commentateurs officiels de cette crise en cours qui ne cessait, ne cesse toujours, de connaître de nouveaux rebondissements, parlaient d’un problème de liquidités. Il suffisait, disait-on, d’assurer des liquidités et le système serait sauvé ; le moteur financier, les moteurs économiques, continueraient à fonctionner. D’où des plans, encore des plans, toujours des plans pour injecter du crédit et finalement de la monnaie, qui partaient dans tous les trous qui se creusaient et que, du coup, on creusait partout ; autant d’argent, d’ailleurs, qui n’était pas mis dans les circuits où c’était nécessaire, ceux de l’activité économique réelle, capable d’engendrer de véritables plus-values.

                Cependant la vérité du problème a fini par s’imposer dans sa cruelle réalité. Ce n’est pas, ce n’est plus une question de liquidités, une affaire de trésoreries qu’il conviendrait d’assurer et qui subiraient des difficultés. C’est une question de solvabilité. C’est donc infiniment grave. Et c’est aussi, disons-le, ce qui fut et ce qui est écrit dans ces colonnes depuis déjà trois ans.

    La constatation vient pulvériser tous les raisonnements ; elle est implacable, et ses conséquences sont inéluctables. Les États concernés par la crise sont insolvables. Voilà, c’est dit ; ça commence à se dire. Comme la percée de Sedan en mai 1940 : tout était prévu, sauf ça. Qui survient précisément. Panique dans  les états-majors, aujourd’hui comme naguère. Les événements s’enchaînent sans retours-arrière possibles.

                Les Allemands qui sont les moins mal en point de tous, économiquement parlant, ne veulent pas devenir insolvables de l’insolvabilité des autres. C’est compréhensible. Ils prennent déjà les mesures pour empêcher la spéculation sur leurs dettes souveraines. L’idée de mettre les dettes en commun, de les « européaniser » ne leur sourit pas. Un fonds monétaire européen où ils seraient financièrement les plus engagés, au prétexte de soutenir un euro qui, dans leur esprit, commencerait à davantage ressembler à la drachme qu’au deutschmark, ne saurait leur agréer. Pas plus que ne leur plaît le fait – gravissime pour eux – que la BCE se mette tout à coup à acheter de la dette d’État, grecque en particulier. C’est évidemment contraire à tous les dogmes financiers sur lesquels, à leur demande, la Banque centrale de Francfort avait été instituée. Autant dire que cette dette est monétisée, vieux procédé de la planche à billets que les fabricateurs de l’Europe intégrée et de l’euro avaient voulu justement exorciser. À quoi sert donc l’euro, en pareil cas ? Nécessité oblige, répond-t-on d’un air gêné sans donner de vrais chiffres. Trichet tricherait-il ? Pour quelle bonne cause ? Pour maintenir des taux obligataires raisonnables ? Pour arracher des États à la banqueroute forcée ? Au final, pour sauver l’euro ?

                Mais les Allemands ne voient pas du tout cette nécessité. Angela Merkel, tiraillée entre des influences contradictoires tant extérieures qu’intérieures – sa coalition est émiettée – n’a pas manqué de signaler ouvertement que l’euro était en question. Les Allemands ont donc exigé des compensations et des engagements précis. La Commission européenne et la présidence de l’Union s’en sont emparé aussitôt pour en faire un programme qui leur donne l’illusion d’exister dans cette crise. Et les ministres des Finances font réunion sur réunion pour trouver des accords qui n’en sont pas, au motif de stabiliser la zone euro. Elle est instable par nature. Alors Merkel et Schäuble ont donné leurs ordres.

     

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    La Chancelière Angela Merkel et son Ministre des Finances, Wolfgang Schäuble

     

    La rigueur ou/et la mort de l’euro

     

                Les budgets nationaux devront être supervisés par la Commission européenne et – les Allemands ont réclamé en plus cette précision – par des organismes indépendants, avant même d’être votés par les parlements nationaux. Autant dire que les chambres de députés n’exercent plus les droits de leur prérogative souveraine de représentations nationales ; et autant dire, aussi et d’ailleurs, qu’elles les exercent fort mal ; ce qui est, évidemment, plus que vrai. Les Anglais ont tout de suite, conformément à leur histoire nationale, récusé cette instance supérieure.

                Des mesures concrètes et immédiates de baisse des dépenses d’État et d’amélioration des finances publiques doivent être prises par tous les États de la zone euro, et aussi par tous ceux de l’Union européenne qui bénéficient des fonds européens sous une forme ou sous une autre.

                Ne serait-ce que pour arrêter la dégradation de leurs propres finances et, en conséquence, des notes relatives à leurs dettes souveraines qui risquent d’affecter terriblement, peut-être irréversiblement, leurs emprunts obligataires, les États ont dû, non seulement annoncer, mais entamer des plans de rigueur et là, sans les vaines  fioritures que les responsables français se croient obligés d’employer. La Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Allemagne elle-même et l’Angleterre de Cameron aussi, tous les pays concernés, quel que soit leur gouvernement, frappent fort : c’est drastique, la taille est de l’ordre de 5 %, voire de 10 % tant dans les budgets que dans les salaires ; les impôts augmentent d’autant. Cameron en particulier y va très fort et donne l’exemple en commençant par rogner dans les émoluments ministériels et politiciens ; ça donne envie de crier bravo, trois fois bravo !

                Quant à la France, ne touchant pratiquement à rien, – le peut-elle seulement ? – elle entend son président proclamer que les déficits seront proscrits pour l’avenir par voie constitutionnelle. Comment faire avec les chiffres effarants qui augmentent tous les jours ? Et d’abord il n’est pas dit que la réforme de la Constitution puisse passer, et puis n’y a-t-il pas quelque chose d’absurde et de ridicule dans tous ces grands engagements qui ne font que souligner davantage les effroyables sujétions d’habitudinaires invétérés ? Une Constitution organise le fonctionnement des pouvoirs publics et ne vise pas le comportement des hommes ! Et, pendant ce temps, le gouvernement français essaye de laisser penser que peut-être il faudra songer sans doute à allonger éventuellement le temps de vie au travail, si les Français ne veulent pas que le système de retraite par répartition que, bien sûr, il n’est pas même envisagé de changer, n’explose ! La France est en retard, prend chaque jour du retard. Dans tous les domaines. Comme les investisseurs ont besoin de placements, son crédit souverain pour le moment ne souffre pas ! Mais pour combien de temps ?

                Cependant l’Allemagne a aussi exigé des sanctions contre les États récalcitrants, ceux qui ne suivraient pas les normes qu’elle a fixées. Droit de vote supprimé dans les instances européennes et, renouvellement de la pensée maestrichienne, pénalités financières pour ceux qui ne sont pas bon financièrement : gravité de la faute, aggravation de la situation du coupable ! Jusqu’où ? Jusqu’à la sortie de l’euro ! Cela a été dit. Clairement.

     

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    Les fourmis en ont assez des cigales.....

     

    L’impossible dilemme

     

                S’il est permis de risquer quelques pronostics, toujours sujets à caution en ces matières, il est des directions générales qui se profilent suffisamment pour discerner quelques évolutions politiques futures. L’Allemagne se tirera, elle, de cette crise ; elle a refait son unité et ses assises et, sur son pourtour, toute sa zone d’influence ; reste son problème central qui est moral avant même d’être démographique. L’Angleterre a toujours un ressort nationaliste qui la sauve de son égoïsme et de sa sottise démocratique ; c’est le cas aujourd’hui. Elle se moque de l’euro, en dépit des discours, et maintiendra sa livre qui lui garantit son indépendance. Elle aussi, son problème est d’abord moral avant même d’être économique. Les États-Unis pragmatiques conservent la totale souveraineté de leur dollar ; ils rachètent leur dette, en s’appuyant sur leur puissance. Ils veulent sauver leur économie. Leur souci réel, c’est la Chine ; ils traitent donc avec la Chine, carte forcée. L’euro ne compte pour eux que dans leur jeu monétaire. Les États-Unis n’ont besoin que de retrouver leur foi et leur dynamisme.

                Et la France ? Il est dès à présent à craindre qu’elle ne suive le sort de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal… Malgré tout ce que racontent les commentateurs officiels. Quelques esprits libres, comme Yves de Kerdrel, osent le pronostiquer. La France présidera le G20 du mois de juin : elle fera des discours sur une régulation financière qu’Obama a déjà fait entériner aux États-Unis !

                Le malheur veut que les peuples du sud de l’Europe, qui plus que d’autres auraient besoin de monarchies fortes, c’est-à-dire indépendantes et libres, garanties supérieures de toutes les libertés vraiment populaires, soient livrés à des politiciens démagogues et littéralement enchaînés à des institutions aussi inefficaces que corrompues où la surenchère électorale est la règle. Comment pourraient-ils s’en sortir ?  Le président de la République française n’est pas un roi, hélas ! Il faut être sot comme nos journalistes officiels pour se l’imaginer. N’est pas Ulysse qui veut.

                Le dilemme de nos peuples est simple : ou ils se lancent dans une politique de rigueur qu’ils ne peuvent supporter, qui ébranlera leur peu d’unité sociale, en tuant en même temps toute tentative de croissance… et, alors, tout explose, y compris vraisemblablement l’euro ; ou ils prétendent sauver leur indépendance, garder leurs habitudes, aménager leur situation économique sans en avoir vraiment les moyens… et la zone euro ne peut durer. Il leur faut dès maintenant songer à une solution de rechange. La vérité est que ces peuples et leurs responsables sont aujourd’hui incapables d’anticiper sur les événements : les deux branches du dilemme sont de toute façon périlleuses, voire catastrophiques, donc, dans l’état actuel des choses et des esprits, inimaginables ! Pour sortir d’un dilemme, il faut un esprit et une volonté. Le problème de la France, avant même que d’être moral, est politique ; politique d’abord. Un Henri IV, que la France a célébré en ce mois de mai, avait su en son temps sortir son pays d’un dilemme, lui aussi, apparemment insoluble. La solution était politique, c’était lui : le Roi.

     

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  • Le DVD Guerres de Vendée - Combat de Géants de Reynald Secher....

                Les Guerres de Vendée ont saigné toute la région où elles se sont déroulées. Près de 30% de la population de cette région a péri. Si cette guerre a commencé par des batailles entre deux camps armés, elle s’est ensuite dirigée vers un massacre de la population civile. Ce documentaire explique ainsi une page sombre de l’histoire de France.

                Il dure près d'une heure trente. Pour la clarté de l'explication, il se trouve, ici, divisé en cinq parties: division arbitraire, bien entendu, qui n'a d'autre objet et d'autre prétention que de permettre une meilleure appréhension de l'ensemble du sujet, dans sa complexité.... 

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    DVD format 4/3 - Durée 88 mm -19 euros

            I  (18'17") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktfp_ktfs_.html

                 Après une dizaine de minutes consacrées à la présentation du cadre géographique et du contexte historique, Pierre Chaunu explique brillamment que "La Vendée, c'est le crime, le péché mortel de la Révolution. Elle en a commis d'autres, mais c'est là qu'elle est prise la main dans le sac...". Et Chaunu explique bien l'agression, par des "petits ratés de province...", dont a été victime tout un peuple.

                 Ensuite, il démonte la mystification qu'a été la déclaration de guerre à nos voisins: là est "le mensonge et le crime majeur de la république", car c'est bien à une deuxième agression, à l'extérieur cette fois, que s'est livré la république; agression de l'Europe par les révolutionnaires, et non l'inverse.... Une guerre désastreuse qui ne s'achévera qu'en 1815.....

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    Pierre Chaunu
     
     

                Mars 1793: les paysans vont chercher des chefs : Jacques Cathelineau, Jean-Nicolas Stofflet, d'Elbée, Lescure, Sapineau, Bonchamps....

     

                II (16'51") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-ktgq_ktfs_.html

                Des origines du soulèvement jusqu'à l'échec de l'assaut sur Nantes, 29 Juin 1793:

                Pour commander les paysans, 20.000 au début, et plus de 100.000 par la suite, voici Bonchamps, Henri de la Rochejaquelein et Charette, dont Napoléon dira: "Ce chef possédait l'étincelle du génie".

                Jean Meyer, professeur à la Sorbonne donne d'utiles informations sur l'armement des Vendéens.... C'est d'abord une armée de harcèlement, une armée insaisissable car la Vendée protège les Vendéens (les moulins sont leurs complices...)

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    Les moulins du Mont des Alouettes
     
     

                La Convention envoie 2.000 hommes depuis La Rochelle, qui seront défaits à Pont Charault: cette localité étant en Vendée, on appellera désormais "Vendée" tout le territoire insurgé. Du coup la Convention envoie 80.000 hommes, mais rien n'arrête la Vendée: prise de Saumur (15.000 fusils et 80 canons), entrée dans Angers.

                Les chefs vendéens se prennent à rêver: "...Bientôt leur drapeau flottera sur Paris. Bientôt Louis XVII retrouvera le trône de ses pères pour être le garant de leur Foi et de leurs libertés..." Mais Paris est loin pour des paysans: on ira donc sur Nantes, qui sera le premier échec sérieux. Cathelineau est tué et la Grande Armée Catholique et Royale se replie.....

                III  (18'12") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-ktie_ktfs_.html

               Les troupes de Westermann ("le boucher de la Vendée") sèment la mort. Barrère monte à la tribune le 1° Août 1793: "Détruisez la Vendée !"...

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    Bertrand Barère de Vieuzac

     

     

                Kléber et son armée de Mayence entre en Vendée, mais il est défait à Torfou le 19 Septembre ("L'armée de Mayence est une armée de faïence, et nous l'avons brisée...). Le 17 Octobre, à Cholet, 35.000 Blancs rencontrent 32.000 Bleus. Ce sera la plus grande bataille de la Guerre de Vendée et, d'après Kléber, "un combat de tigres contre des lions". Bonchamps blessé, l'armée blanche se retire vers la Loire....

                Deux moments inattendus et émouvants: une méditation profonde d'Aragon sur Bonchamps (dont David d'Angers, fils d'un des 5.000 prisonniers bleus graciés par Bonchamps juste avant sa mort, a sculpté la statue); et quelques vers de Victor Hugo sur ces soldats, défaits mais héroïques....

                Ensuite, c'est "la grande virée de galerne", les dissensions entre chefs vendéens, et l'organisation méthodique du génocide... "....à l'affrontement militaire, avec ses incertitudes et sa gloire, va faire place l'extermination avec son cortège d'horreurs, l'acharnement dans l'escalade de la terreur: des hommes vont s'illustrer horriblement: Carrier...Turreau....."

     

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    Il n'y a pas que la pollution qui souille l'Arc de Triomphe.....
     
     

                IV (17'54") : http://www.wat.tv/video/video-guerre-vendee-partie-kuch_ktfs_.html

                C'est la partie la plus "accusatrice" pour la Convention et la République......

                Pour exterminer la Vendée, le 17 Janvier 1794 Louis-Marie Turreau de Garambouville - dont le nom est gravé sur le côté est de l'Arc de Triomphe !... - expose son plan: ce seront les Colonnes Infernales. Elles commenceront leur sinistre besogne le 21 Janvier 1794 (jour symbolique, choisi par Turreau lui-même...), pour ne l'achever qu'à la fin mai.....

                Les rapports d'activité des Colonnes Infernales existent, et sont consultables: ils sont déposés aux Archives militaires historiques, au Fort de Vincennes. (Gracchus Babeuf forge le terme de "populicide"....)

                Les Lucs sur Boulogne, 28 février 1794: à Oradour sur Glane, les SS n'ont rien inventé.... On se souvient que c'est aux Lucs qu'Alexandre Soljenitsyne est venu rendre hommage aux Vendéens, et établir la filiation entre la révolution française et toutes celles qui l'ont suivi, dont la bolchévique.

     

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    Samedi 25 septembre 1993, Sojénitsyne est aux Lucs sur Boulogne,
     pour l'inauguration de L'Historial de Vendée
     

                Pierre Chaunu reprend : "...On ne peut pas ne pas s'apercevoir que la façon dont la répression a été conduite en Vendée....c'est l'archétype de toutes les atrocités qui se sont produites au XX° siècle...".

                V (7'05") : http://www.wat.tv/video/guerre-vendee-partie-fin-kudq_ktfs_.html

               1795: seuls restent Stofflet et Charette, mais ils sont désunis..... Le 8 Juin se répand la nouvelle: Louis XVII est mort ! Et la guerre reprend, ou plutôt la guérilla....

                Stofflet mourra le 25 février 1796 (fusillé à Angers) et Charette le 29 Mars (fusillé à Nantes).

                C'est Jean Tulard qui conclut en quelque sorte cette évocation des Guerres de Vendée, en rappelant l'action de pacification menée par Bonaparte en Vendée. Jeune général, il a toujours refusé d'aller servir dans cette guerre qu'il qualifia lui même de "Guerre de Géants". Il ne se rendit en Vendée qu'en 1808 et, raconte Jean Tulard, il fut horrifié par ce qu'il découvrit. D'où sa réelle volonté d'indemniser la Vendée et de l'aider à connaître une véritable renaissance.....

     

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    Récapitulatif :

     




  • Mieux connaître, pour mieux comprendre et mieux évaluer... : Regards croisés sur l'Islam (IV)

                Aujourd'hui, la parole est à Claude Lévi-Strauss.

     

                Voici un extrait significatif de Tristes Tropiques, publié en 1955, l'auteur ayant, alors, 47 ans.

     

     

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    « Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité» 

                 C’était surtout l’Islam dont la présence me tourmentait (…). Déjà l’Islam me déconcertait par une attitude envers l’histoire contradictoire à la nôtre et contradictoire en elle-même: le souci de fonder une tradition s’accompagnait d’un appétit destructeur de toutes les traditions antérieures. (…)

                 Dans les Hindous, je contemplais notre exotique image, renvoyée par ces frères indo-européens évolués sous un autre climat, au contact de civilisations différentes, mais dont les tentations intimes sont tellement identiques aux nôtres qu’à certaines périodes, comme l’époque 1900, elles remontent chez nous aussi en surface.

                 Rien de semblable à Agra, où règnent d’autres ombres: celles de la Perse médiévale, de l’Arabie savante, sous une forme que beaucoup jugent conventionnelle. Pourtant, je défie tout visiteur ayant encore gardé un peu de fraîcheur d’âme de ne pas se sentir bouleversé en franchissant, en même temps que l’enceinte du Taj, les distances et les âges, accédant de plain-pied à l’univers des Mille et une Nuits (…).

                Pourquoi l’art musulman s’effondre-t-il si complètement dès qu’il cesse d’être à son apogée ? Il passe sans transition du palais au bazar. N’est-ce pas une conséquence de la répudiation des images ? L’artiste, privé de tout contact avec le réel, perpétue une convention tellement exsangue qu’elle ne peut être rajeunie ni fécondée. Elle est soutenue par l’or, ou elle s’écroule. (…)

     

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    "N’est-ce pas une conséquence de la répudiation des images ? L’artiste, privé de tout contact avec le réel, perpétue une convention tellement exsangue qu’elle ne peut être rajeunie ni fécondée...."
     

                Si l’on excepte les forts, les musulmans n’ont construit dans l’Inde que des temples et des tombes. Mais les forts étaient des palais habités, tandis que les tombes et les temples sont des palais inoccupés. On éprouve, ici encore, la difficulté pour l’Islam de penser la solitude. Pour lui, la vie est d’abord communauté, et le mort s’installe toujours dans le cadre d’une communauté, dépourvue de participants. (…)

                N’est-ce pas l’image de la civilisation musulmane qui associe les raffinements les plus rares - palais de pierres précieuses, fontaines d’eau de rose, mets recouverts de feuilles d’or, tabac à fumer mêlé de perles pilées - servant de couverture à la rusticité des moeurs et à la bigoterie qui imprègne la pensée morale et religieuse? 

                Sur le plan esthétique, le puritanisme islamique, renonçant à abolir la sensualité, s’est contenté de la réduire à ses formes mineures: parfums, dentelles, broderies et jardins. Sur le plan moral, on se heurte à la même équivoque d’une tolérance affichée en dépit d’un prosélytisme dont le caractère compulsif est évident. En fait, le contact des non-musulmans les angoisse. Leur genre de vie provincial se perpétue sous la menace d’autres genres de vie, plus libres et plus souples que le leur, et qui risquent de l’altérer par la seule contiguïté.

                Plutôt que de parler de tolérance, il vaudrait mieux dire que cette tolérance, dans la mesure où elle existe, est une perpétuelle victoire sur eux-mêmes. En la préconisant, le Prophète les a placés dans une situation de crise permanente, qui résulte de la contradiction entre la portée universelle de la révélation et de la pluralité des fois religieuses. Il y a là une situation paradoxale au sens « pavlovien », génératrice d’anxiété d’une part et de complaisance en soi-même de l’autre, puisqu’on se croit capable, grâce à l’Islam, de surmonter un pareil conflit. En vain d’ailleurs: comme le remarquait un jour devant moi un philosophe indien, les musulmans tirent vanité de ce qu’ils professent la valeur universelle de grand principes - liberté, égalité, tolérance - et ils révoquent le crédit à quoi ils prétendent en affirmant du même jet qu’ils sont les seuls à les pratiquer.

                Un jour à Karachi, je me trouvais en compagnie de Sages musulmans, universitaires ou religieux. A les entendre vanter la supériorité de leur système, j’étais frappé de constater avec quelle insistance ils revenaient à un seul argument: sa simplicité. (…) Tout l’Islam semble être, en effet, une méthode pour développer dans l’esprit des croyants des conflits insurmontables, quitte à les sauver par la suite en leur proposant des solutions d’une très grande (mais trop grande) simplicité. D’une main on les précipite, de l’autre on les retient au bord de l’abîme. Vous inquiétez-vous de la vertu de vos épouses ou de vos filles pendant que vous êtes en campagne ? Rien de plus simple, voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique (…).

     

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    "...voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique..." 
     
     

                Chez les Musulmans, manger avec les doigts devient un système: nul ne saisit l’os de la viande pour en ronger la chair. De la seule main utilisable (la gauche étant impure, parce que réservée aux ablutions intimes) on pétrit, on arrache les lambeaux et quand on a soif, la main graisseuse empoigne le verre. En observant ces manières de table qui valent bien les autres, mais qui du point de vue occidental, semblent faire ostentation de sans-gêne, on se demande jusqu’à quel point la coutume, plutôt que vestige archaïque, ne résulte pas d’une réforme voulue par le Prophète – "ne faites pas comme les autres peuples, qui mangent avec un couteau"  - inspiré par le même souci, inconscient sans doute, d’infantilisation systématique, d’imposition homosexuelle de la communauté par la promiscuité qui ressort des rituels de propreté après le repas, quand tout le monde se lave les mains, se gargarise, éructe et crache dans la même cuvette, mettant en commun, dans une indifférence terriblement autiste, la même peur de l’impureté associée au même exhibitionnisme. (…)

                Si un corps de garde pouvait être religieux, l’Islam paraîtrait sa religion idéale: stricte observance du règlement (prières cinq fois par jour, chacune exigeant cinquante génuflexions; revues de détail et soins de propreté (les ablutions rituelles); promiscuité masculine dans la vie spirituelle comme dans l’accomplissement des fonctions religieuses; et pas de femmes.

                Ces anxieux sont aussi des hommes d’action; pris entre des sentiments incompatibles, ils compensent l’infériorité qu’ils ressentent par des formes traditionnelles de sublimations qu’on associe depuis toujours à l’âme arabe: jalousie, fierté, héroïsme. Mais cette volonté d’être entre soi, cet esprit de clocher allié à un déracinement chronique (…) qui sont à l’origine de la formation du Pakistan (…). C’est un fait social actuel, et qui doit être interprété comme tel: drame de conscience collectif qui a contraint des millions d’individus à un choix irrévocable (…) pour rester entre musulmans, et parce que qu’ils ne se sentent à l’aise qu’entre musulmans.

                Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une« néantisation » d’autrui, considéré comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d’une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s’avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle équivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants....

                Ce malaise ressenti au voisinage de l’Islam, je n’en connais que trop les raisons: je retrouve en lui l’univers d’où je viens; l’Islam, c’est l’Occident de l’Orient. Plus précisément encore, il m’a fallu rencontrer l’Islam pour mesurer le péril qui menace aujourd’hui la pensée française. Je pardonne mal au premier de me présenter notre image, de m’obliger à constater combien la France est en train de devenir musulmane. (…) Si, pourtant, une France de quarante-cinq millions d’habitants s’ouvrait largement sur la base de l’égalité des droits, pour admettre vingt-cinq millions de ci

  • Le Conseil National des Imams, par Annie Laurent

    Annie_Laurent.jpgLe 4 décembre dernier, nous publiions l'article d'Annie Laurent Le pari d'un "Islam républicain", dans lequel elle présentait les diverses initiatives prises par l’État français depuis 1989 en vue de susciter les structures représentatives d’un "Islam de France".

    Ces démarches ont abouti en 2003 à la création d’un Conseil français du culte musulman (CFCM) reconnu par le gouvernement comme son principal interlocuteur.

    Se posa alors la question de la légitimité de cet organisme, auquel le président Emmanuel Macron, lors d’une rencontre à l’Elysée le 18 novembre 2020, a demandé la mise en place rapide (pour la mi-décembre) d’un Conseil national des imams régi par une "Charte des valeurs républicaines".

    Le CFCM s’y était engagé mais des oppositions internes et externes, émises ces dernières semaines, risquent d’anéantir ces projets. Pour comprendre ces difficultés, il convient de tenir compte des structures de base quant à l’organisation de la religion islamique.

    C'est tout cela qui vous est présenté aujourd'hui, ici, par Annie Laurent : je la remercie une fois de plus - en votre nom à tous, j'en suis sûr - pour tout ce qu'elle nous apporte et tout ce que nous lui devons !...

    François Davin, Blogmestre

    Le Conseil National des Imams

    Après avoir défini les fonctions et les objectifs du Conseil national des imams (CNI) dont la création est exigée par le président de la République Emmanuel Macron, nous examinerons sa compatibilité avec les principes généraux sur lesquels repose l’organisation religieuse de l’islam.

    I – MENACES SUR LE CONSEIL NATIONAL DES IMAMS (CNI)

    L’élaboration du statut de cette institution, qui ne concerne que l’islam sunnite, ultra- majoritaire en France, a été confiée par le gouvernement au Conseil français du culte musulman (CFCM), qui rassemble neuf fédérations de mosquées. Leurs présidents seront membres du CNI dont la mission principale est d’élaborer « une procédure d’agrément des imams au niveau national en fonction de leurs connaissances religieuses, compétences pédagogiques et leurs qualités humaines ». L’esquisse présentée à E. Macron prévoit : la prise en charge de la formation et de la labellisation officielle des imams ; la prévention de la radicalisation de ces personnels religieux auxquels l’agrément pourra être retiré en cas de manquement à la « Charte des valeurs républicaines » en cours de rédaction ; l’énoncé de recommandations pour harmoniser les pratiques cultuelles sur l’ensemble du territoire national, favoriser la cohésion sociale et le respect du pluralisme. L’agrément du CNI concernera aussi des femmes chargées de l’enseignement religieux dans les lieux de culte musulmans.

    Imam conduisant la prière (La prière au Caire, Jean-Léon Gérôme, 1865)

     

    Zizanies au sein du CFCM

    D’abord annoncée comme ayant été adoptée à l’unanimité des membres du CFCM, la création du CNI s’est très vite heurtée à des oppositions internes et externes susceptibles de la compromettre. 

    Le 28 décembre 2020, Chems-Eddine Hafiz, avocat franco-algérien, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP) liée à l’Algérie, et vice-président du CFCM, a annoncé le retrait de celle-ci des discussions concernant le CNI et la « Charte des valeurs républicaines » qui doit guider son action. Sa décision, qualifiée par lui d’« irrévocable », est justifiée ainsi : « La composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France, a insidieusement bloqué les négociations en remettant en cause presque systématiquement certains passages importants ». Les mouvances islamistes visées par Hafiz sont : Musulmans de France (proches des Frères musulmans), Foi et Pratique (mouvement Tabligh) et Millî Görüs (liée à la Turquie), d’ailleurs désignées par E. Macron comme n’ayant « pas une vision républicaine » (cf. PFV n° 76).

    Plaque de l’entrée principale de la Grande Mosquée de Paris (CC BY-SA 3.0)

     

    Deux passages du projet seraient refusés par les islamistes. L’un concerne la reconnaissance du droit à la liberté de conscience. La future Charte exigerait de « ne pas qualifier l’apostasie de crime ni stigmatiser celles ou ceux qui renoncent à une religion ». L’autre désigne les courants de « l’islam politique » considérés comme incompatibles avec la République française : « Wahabisme, salafisme, doctrine des Frères musulmans et plus généralement toute mouvance locale, transnationale ou internationale qui vise à utiliser l’islam afin d’asseoir une doctrine politique ».

    Le recteur de la GMP reproche aux islamistes d’avoir cherché à saper médiatiquement la mouture initiale de la Charte, en « faisant croire qu’elle avait pour ambition de toucher à la dignité des fidèles musulmans », ce qui, pour lui, « est un mensonge éhonté ». Or, ajoute-t-il, « en multipliant ces agissements irresponsables, ils sont en train de compromettre l’avenir de notre religion en France, de nos enfants et de l’unité nationale » (La Croix, 29 décembre 2020).

    Mohamed Moussaoui, président du CFCM et fondateur de l’Union des Mosquées de France (UMF), d’obédience marocaine, a aussitôt nié que le texte d’origine aurait été remanié après sa validation par toutes les fédérations, donc par la GMP et les islamistes.

    Contestations extérieures

    Plusieurs imams ont en outre exprimé leur désaccord avec l’institutionnalisation de l’imamat ou bien la légitimité de la tutelle du CFCM sur le CNI, celui-ci ne devant être confié, selon eux, qu’à des imams et non aux fédérations de mosquées.

    Commentant le retrait de la GMP, Azzedine Gaci, imam à Villeurbanne (Rhône), sans nier la nécessité d’un CNI, a déploré que les imams de France n’aient pas été consultés par le CFCM qui, d’après lui, « n’est pas le bon partenaire ». Il regrette lui aussi le rôle attribué à des fédérations qui dépendent de l’étranger. « Ceux qui nous parlent sans cesse de “l’islam de France” sont en fait les ambassadeurs de leurs pays d’origine ! ». Enfin, il vante l’indépendance de la grande majorité des mosquées de son département par rapport aux fédérations. Pour lui, il faut donc partir de l’échelle départementale avant d’organiser une structure nationale (La Croix, 30 décembre 2020).

    Il convient de rappeler qu’une « Charte de l’imam », adoptée en 2017 par le CFCM demandant à tous les imams exerçant leurs fonctions sur le territoire national de l’accepter et de s’y conformer, a été aussitôt rejetée par plusieurs fédérations et personnalités musulmanes qui y ont vu une ingérence dans les affaires des mosquées (cf. PFV n° 49).

    Aujourd’hui, d’autres personnalités musulmanes attirent l’attention sur l’entorse à la laïcité que représente l’intervention directe de l’Etat français dans la règlementation du statut des imams (cf. Fouad Bahri, fondateur du site Miziane.info, 23 novembre 2020 ; Asif Arif, avocat au Barreau de Paris, auteur d’une tribune publiée dans La Croix du 20 novembre 2020).

    II – LES OBSTACLES STRUCTURELS

    Pour comprendre les difficultés que rencontre la mise en place d’institutions nationales officielles adaptées au contexte français, il faut tenir compte des particularités propres à la gestion et à la compréhension de la religion musulmane.

    Absence de hiérarchie et de Magistère

    « Il manque à l’islam une hiérarchie ayant mission de veiller officiellement sur le dépôt de la révélation coranique » (Henri Lammens, L’Islam, croyances et institutions, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1943, p. 132).

    De son vivant, Mahomet n’a institué aucune autorité investie du pouvoir d’interpréter à sa suite les textes sacrés et de délivrer des enseignements de nature magistérielle revêtus du sceau de l’authenticité, que ce soit en matière de dogme, de droit ou de discipline. L’islam, dans sa version sunnite, très largement majoritaire dans l’ensemble de l’Oumma (la Communauté mondiale des musulmans), méconnaît ainsi le principe d’une telle structure reconnue par les musulmans. Même El-Azhar, au Caire, souvent présentée comme l’organe religieux suprême du sunnisme, ne bénéficie pas d’une semblable autorité.

    « Si l’islam voit dans le Coran, lu sous la lumière des traditions du Prophète, la source du dogme, il ne reconnaît à aucun de ses adeptes un pouvoir spécial pour l’interpréter » (Jacques Jomier, Pour connaître l’islam, Cerf, 2001, p. 59).

    Les quatre premiers califes (littéralement : vicaire de l’envoyé d’Allah) de l’histoire musulmane (632-661) demeurent certes des références en ce domaine, d’où le titre de « bien guidés » qui leur est attribué, mais les suivants eurent à affronter des rivalités ou des concurrences, et même des oppositions violentes, dans certains de leurs choix doctrinaux.

    La fonction califale, adjointe à celle du sultanat à partir de 1516 par l’empereur ottoman Selim 1er qui entendait réunir sous son pouvoir tous les peuples musulmans, n’a rien changé à la situation. En fait, « le calife était le chef politique de la communauté musulmane ; il n’avait aucun pouvoir religieux spécial » (Jomier, ibid.). Le Maroc échappe cependant à cette règle, son roi ayant hérité du titre de « commandeur des croyants ».

    Depuis l’abolition du califat par Atatürk, en 1924, les tentatives de restauration, menées surtout par des Arabes, sont demeurées sans suite jusqu’à l’institution du Califat de « l’Etat islamique » (Daech) proclamé en 2014 par l’imam salafiste Aboubakr El-Baghdadi. Son existence a été éphémère : en 2017, il a perdu ses deux centres (Raqqa en Syrie, Mossoul en Irak) et en 2019 son chef a été assassiné. Même s’il conserve des adeptes, il ne peut pas prétendre à une réelle représentativité.

    Oulémas et muftis

    Face aux nombreuses contradictions ou difficultés de compréhension que comportent le Coran et la Sunna, des savants en science religieuse (oulémas) se sont très tôt imposés sur la base d’un propos attribué à Mahomet : « Les oulémas sont les héritiers des prophètes. A eux revient la mission de nouer et de dénouer » (cité par Lammens, op. cit., p. 125).

    Dès le VIIème siècle, ils ont été agréés par divers régimes comme des consultants officiels sous le titre de mufti. Aujourd’hui, fonctionnaires nommés et rétribués par l’État, les muftis (parfois organisés en collège présidé par un grand-mufti) ont pour mission de délivrer des avis ou décrets juridico-religieux (fatwas) sur des problèmes pratiques auxquels le droit et la tradition n’apportent pas de solution précise ; ils peuvent aussi se prononcer sur des questions relatives à l’organisation politique. En 1976, Hussein Kouatly, adjoint du mufti de la République libanaise, alors que son pays s’enfonçait dans la guerre, rappelait ce principe. « La solution fondamentale c’est l’appel à l’instauration d’un pouvoir islamique au Liban. La laïcité [proposée par des partis chrétiens, NDLR] représente une façon de coincer les musulmans parce qu’elle signifie la séparation de la religion et de l’Etat alors que l’islam est un régime total, c’est-à-dire religion et Etat » (El-Safir, 18 septembre 1976). Les fatouas n’ont cependant pas de force exécutoire.

    Le grand mufti ottoman (Seyh-ül-Islâm, aquarelle grecque de 1809)

     

    Consensus

    L’islam connaît la règle du consensus (ijmâ) comme moyen de parvenir à des accords doctrinaux ou juridiques. Mais son efficacité se heurte à plusieurs obstacles.

    Il existe quatre écoles juridiques autonomes fondées aux VIIIème et IXème siècles sur des philosophies de droit différentes, voire divergentes, qui se répartissent l’aire sunnite et sont toutes admises comme légitimes, mais leurs principes n’ont jamais été unifiés. Cf. sur ce sujet, A. Laurent, L’Islam, pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), Artège, 2017, p. 115-116.

    « Chez les sunnites, l’ijmâ n’est pas, comme dans le christianisme, le résultat de réunions synodales et de décisions conciliairesNe pouvant s’appuyer que sur la doctrine d’une de ces écoles, les décisions prises en commun demeureraient sans valeur obligatoire pour les adhérents des autres écoles. Dans un même pays, les oulémas appartenant à une même école n’ont pas