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  • Sophie Audugé, de SOS EDUCATION, parle de la réforme du Bac et du Lycée...

    Merci à nos amis de SOS EDUCATION de nous avoir fait passer cet entretien avec Sophie Audugé, paru sur Atlantico...

    Atlantico a demandé à SOS Éducation son analyse sur un caillou coincé dans la chaussure du ministre de l’Éducation nationale le plus stable de la 5ème République.

    Vous vous en doutez, je veux parler ici de la réforme du bac et du lycée de Jean Michel Blanquer !

    Cet entretien avec Atlantico a permis de faire un bilan complet de la réforme Blanquer. En voici quelques extraits :

    « Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux. »

    « Elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. »

    « Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation. »

    « En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs. »

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    Réforme du bac et du lycée : Entretien Bilan SOS Éducation / Atlantico

    Atlantico : Alors que le quinquennat s’achève, quel bilan tirer de la réforme du bac de Blanquer ?

    Sophie Audugé : Il faut d’abord reconnaître qu’elle n’a pas totalement pu se mettre en place compte tenu des 2 années de pandémie qui ont fait basculer l’examen national en contrôle continu, dont le niveau correspondait non pas à un seuil académique national, mais à celui de l’établissement du bachelier.

    Sans surprise, le taux de réussite au bac en 2020 et 2021 a atteint des niveaux historiques et stratosphériques. Idem sur le nombre de mentions. Le bac 2020 comme celui de 2021 en a perdu toute sa valeur.

    Quoi qu'il en soit, en dehors de ce contexte conjoncturel dont nous avons tous parfaitement conscience, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer a été rejetée par l’ensemble du corps académique, enseignants comme chefs d’établissement. Même l’inspection générale avait émis des doutes sérieux.

    Il faut aussi se souvenir que la réforme est arrivée dans un contexte déjà très tendu, avec la réforme des retraites, dans laquelle les enseignants étaient parmi les plus malmenés de la fonction publique.

    Mais ce n’est pas l’unique raison. Certes, cela a sans doute mis le feu aux poudres, mais il n’empêche que le rejet a porté tant sur la structure générale de la réforme que sur les contenus et la faisabilité organisationnelle.

    Cette réforme a été conçue par des énarques, des mathématiciens et des grands corps de la fonction publique, et cela s’est vu. Elle est complètement inadaptée au terrain, à tous les niveaux.

    Arrivent le Covid et les confinements, qui mettent un coup d’arrêt par annulations successives des fameuses E3C d’abord (épreuves communes de contrôle continu) : impossible d’organiser des épreuves communes car aucun établissement n’est au même niveau du programme.

    S’en sont suivies les annulations successives d’épreuves au fil du temps, jouant sur les nerfs des candidats, des professeurs et des familles, pour aboutir à un diplôme donné sur la foi des seules notes de contrôle continu. Une attestation d’établissement en somme.

    Les résultats, on les connaît : pour le bac général en 2020, on fait sortir du secondaire 98,40 % des terminales avec le bac, et en 2021 ils sont 97,60 % ! Évidemment personne n’est dupe.

    Les différences de niveau entre les lycées sont déjà bien identifiées par les établissements du supérieur accueillant les futurs bacheliers, et le système algorithmique de parcoursup (très opaque) contribue à boucler la boucle, puisque les admissions sont connues pour les meilleurs élèves avant d’avoir les résultats du bac. Le bac est ramené à une formalité administrative.

    Finalement, la réforme n’a rien apporté si on s’en tient aux objectifs qui avaient été annoncés par le ministre.

    Par contre, elle a massacré l’enseignement des mathématiques dans le secondaire, conduisant aujourd’hui à un retour en arrière d’urgence. Donc le bilan est mauvais.

    C’est une mise à mort du baccalauréat dont on peut, avec le recul, se demander si ce n'était pas finalement la finalité non avouée recherchée. Le recours à des experts, des chercheurs et des énarques pour élaborer les programmes est une pratique qui fait sens dans l’enseignement supérieur, mais qui est inadaptée s’agissant du secondaire.

    L’exigence théorique était très élevée, bien trop ambitieuse eu égard au niveau actuel des jeunes qui entrent au lycée. Alors, lorsqu’il a fallu l'appliquer au terrain, les enseignants les plus rigoureux se sont élevés sur l’incapacité à conduire une classe entière avec des niveaux totalement disparates à un tel niveau académique.

    L’autre problème a été le caractère absolument non fonctionnel de la mise en place d’autant de combinaisons de spécialités dans tous les établissements, créant des disparités importantes d’un lycée à l’autre, d’une ville à l’autre.

    Les dérives ont été nombreuses. Notamment sur certains enseignements, relevant des sciences humaines, où la propagande de la culture woke a pris une place importante. Les programmes ont été conçus dans la précipitation.

    Une telle réforme n’aurait jamais dû être mise en œuvre à une telle distance du terrain et sans prendre le temps nécessaire, avec consultation des professeurs, d’établir des programmes adaptés.

    Outre les lycées d’excellence, le niveau était trop haut. Bien sûr, il est important de retrouver le chemin de l’excellence pour notre système éducatif, et c’est d’ailleurs ce que propose SOS Éducation dans ses 30 mesures pour l’École.

    Mais cela doit démarrer par une réforme structurelle profonde qui commence au CP, avec une priorité sur les fondamentaux et le retour à des méthodes efficaces, dont une réforme complète du collège, et à partir de là, le corpus des apprentissages au lycée pourra prétendre s’atteler à des enseignements de spécialité ambitieux.

    Actuellement cette réforme est inaccessible et produit l’effet inverse à l’objectif, puisqu’elle aggrave les inégalités sociales, laissées en jachère du CP jusqu’à la fin du collège.

    Atlantico : La trop grande diversité des menus et options proposés était-elle irréaliste ? Dans un communiqué de 2019, vous soulignez qu' avec « 12 spécialités, on peut faire plus de 220 combinaisons possibles » et que cette réforme était une usine à gaz ?

    Sophie Audugé : Les menus de toutes les options n’étaient pas disponibles dans tous les lycées. L’organisation du système n’était pas faisable, hormis dans des très grands lycées.

    Les lycées prestigieux, ceux adossés à une classe préparatoire par exemple, se sont adaptés vite et bien. Ils ont choisi les spécialités qui correspondaient aux besoins de leurs élèves et aux champs d’expertise de leur corps professoral.

    D’autres établissements ont fait ce qu’ils ont pu avec les moyens du bord, à savoir le niveau de leurs élèves et la possibilité de leur équipe enseignante de prendre en charge tel ou tel enseignement de spécialité.

    En réalité, dans cette réforme, le manque de stratégie, de moyens et de clairvoyance sur la réalité de terrain a totalement dévoyé les objectifs.

    Les spécialités sont pour beaucoup d’un niveau trop élevé et les professeurs ne sont pas tous en capacité de fournir l’enseignement demandé, ce qui rajoute une part d’arbitraire selon les établissements.

    Un professeur de géographie n’est pas nécessairement capable de donner un cours de sciences politiques. Le choix des spécialités se fait souvent par défaut.

    Au final, la réforme du Bac de Jean-Michel Blanquer s’avère être une orientation par les notes et pas du tout en fonction des souhaits et des appétences des élèves. Les notes, les effectifs et les spécialités disponibles, voilà les trois paramètres de l’équation dans une majorité de cas.

    Les parents qui ont essuyé les premières années de la réforme le savent bien. Certains, mieux informés, ont d’ailleurs pris les devant en investissant massivement dans des cours privés pour garantir les bonnes notes sur les spécialités voulues par leur enfant, en fin de seconde et en fin de première.

    Pour ceux qui le peuvent, le choix de l’établissement fait partie intégrante de l’équation, pour les autres, et bien… Ils ne seront sans doute pas énarques ni grands mathématiciens, mais ils prendront surtout un grand coup au moral avec le sentiment d’avoir été placés en « seconde classe » du train pour la réussite de tous, vanté par le ministre de l’Éducation nationale et par le président de la République.

    Atlantico : La philosophie même de la réforme, avec notamment une spécialisation très précoce des enfants, est-elle problématique ?

    Sophie Audugé : Dès la fin de la troisième, on commence à demander à un élève quelles matières il aime pour lui dire d’investir ses efforts dans ces dernières en vue du choix d’option. C’est une pression supplémentaire pour les élèves. Entre 14 et 15 ans, en seconde, il est encore très difficile pour la majorité des élèves de choisir sa voie, et l’orientation par défaut est souvent de mise.

    Mais ce qui est le plus critiquable, il nous semble, c’est que l’objectif d’un choix plus large de spécialités pour initier les jeunes à des domaines de savoirs nouveaux en vue de mieux cibler leur projet professionnel, et donc l’orientation post bac, est passé complètement à la trappe.

    Rappelons que c’était là l’un des objectifs majeurs de cette réforme, face au constat que 60 % des bacheliers échouent en première année du supérieur, et que parmi eux, une grande partie change d’orientation à l’issue de cette première année.

    Le problème de cette réforme est qu’ils ont voulu proposer des spécialités qui sont moins des matières que des champs d’études supérieures. Ce n’est pas une mauvaise idée au départ, et le pari de permettre une meilleure orientation pour plus de réussite post-bac est intéressant sur le papier.

    Mais derrière cette finalité théorique, il y a une réalité factuelle qui s’inscrit dans un historique de plusieurs décennies de mauvaises décisions pour l’école. En premier lieu, évidemment, le collège unique, la fin du redoublement, les 80 % d’une classe d’âge au bac, et leur corollaire : une grave dégradation du niveau des bacheliers.

    Aujourd’hui on a le sentiment que nos gouvernants n’ont rien appris de ces mésaventures et poursuivent droit dans le mur. Après avoir dégradé le bac, ils veulent orienter presque 100% des bacheliers vers le supérieur. Cela n’est pas faisable.

    Les conséquences, on les connaît : certaines filières du supérieur ne valent déjà plus rien! Des étudiants diplômés d’un bac + 3, 4 voire 5 ne sont pas capables d’avoir une pensée construite structurée ou de produire une note d’analyse de 2 pages sans fautes d’orthographe ou de syntaxe.

    L’effet obtenu est donc l’exact contraire de celui annoncé : une pression immense sur les enfants dès la troisième, et un bachotage ciblé sur les spécialités les plus attendues selon les critères des établissements du supérieur...

    Ces derniers n’ont d’ailleurs absolument rien fait pour s’adapter à la réforme : ils poursuivent comme ils l’ont toujours fait, en cherchant à recruter les meilleurs élèves, en les jugeant sur les matières les plus exigeantes au niveau académique, parmi lesquelles, les maths ! CQFD.

  • Krach bancaire : vers l’effondrement, la Révolution et l’or à 3000 $ l’once !, par Marc Rousset

    Le CAC 40 a dévissé ce mercredi de 3,58 % à 6885,71. Tout cela à cause d’un battement d’ailes de papillon en Californie !

    C’est en fait la banque centrale des États-Unis qui est à l’origine de la faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB), car elle a été obligée de remonter les taux d’intérêt pour combattre l’inflation.

    SVB, la dix-neuvième banque américaine en matière d’actifs, avec 170 milliards de dollars de dépôts, était une banque honnête finançant de nombreuses « start-up » en Californie et de nombreux domaines viticoles. Cette faillite n’a donc rien à voir avec la crise des crédits hypothécaires « subprimes » pourris à hauts risques qui ont conduit en 2008 à la faillite de Lehman Brothers.

    MARC ROUSSET.jpgLa SVB avait investi dans des produits très sûrs, des bons du Trésor américain, mais à un moment où les taux d’intérêts étaient très bas, voire négatifs. Et lorsque les dirigeants de SVB ont voulu vendre 20 milliards de dollars de bons du Trésor américain pour faire face aux retraits précipités des dépôts par les clients (bank run), SVB a alors essuyé une perte de 1,8 milliards de dollars. Les bons du Trésor avaient en effet perdu de leur valeur, suite à la hausse des taux d’intérêt déclenchée par la Fed ! Une levée de fonds en capital pour reconstituer la trésorerie n’a pas pu être réalisée et ce fut la faillite pour SVB.

    Un autre fait marquant de cette faillite, c’est que l’Agence de garantie dépôts (FDIC) a immédiatement pris le contrôle de SVB et « Signature » (autre banque en faillite). Mais la FDIC propose un maximum de garantie de 250 000 dollars par déposant. Et pour certaines sociétés ayant des dépôts de plusieurs millions de dollars, c’était la faillite assurée, avec des répercussions économiques terribles, des faillites en chaîne, des licenciements sans fin (au minimum 100 000), des arrêts d’activité pour des sociétés innovantes de haute technologie (la moitié des « start-up » américaines), de recherche biologique, pleines d’avenir. C’est donc l’État fédéral américain qui remboursera la différence, de façon à ce que tous les déposants puissent récupérer leur argent. Seuls les actionnaires des banques et leurs dirigeants ont tout perdu dans cette faillite retentissante. En fait, c’est la politique du « quoi qu’il en coûte » et la fuite en avant qui continue, depuis 2008, pour maintenir le Système. Joe Biden, pour éviter que la situation ne dégénère, a déclaré qu’il sera fait tout ce qui est nécessaire (« whatever is needed ») !

    Mais, suite à l’effet domino, c’est tout le secteur bancaire dans le monde qui a été dans la tourmente. Les valeurs bancaires en France et en Europe ont chuté de 10 % à 15 % et le Crédit Suisse, prestigieuse banque systémique qui avait déjà dévissé depuis deux ans, a accentué sa descente aux enfers avec une chute de plus de 30 % de son cours de Bourse. Son premier actionnaire, la Saoudi National Bank, avec 9,8 % des actions, a annoncé qu’il n’allait pas soutenir la banque suisse en apportant des capitaux nouveaux. Au nom de SVB s’est donc ajouté celui de Crédit Suisse, d’où une véritable tempête boursière en Europe sur toutes les banques : BNP Paribas, Société Générale, Commerzbank, Deutsche Bank. Le Prix Nobel Joseph Stigliz n’exclut pas d’autres défaillances. C’est en fait la Banque Nationale suisse qui, en s’engageant à apporter 50 milliards de francs suisses pour sauver la deuxième banque systémique du pays et trentième plus grande banque dans le monde, semble cette fois avoir véritablement sauvé les meubles !

    Le problème financier, économique et structurel fondamental, c’est qu’à l’heure actuelle, suite à l’augmentation des taux d’intérêt par la Fed, on peut estimer aux États-Unis qu’il y a dans les portefeuilles d’obligations et de bons du Trésor des établissements financiers, environ 620 milliards de moins-values latentes, comme ce fut le cas pour SVB, en Californie, lorsqu’elle fut obligée de revendre les obligations à l’actif de son bilan, afin de renflouer sa trésorerie mise à mal par les retraits de ses déposants. De plus, suite à la remontée des taux, de nombreuses banques dans le monde doivent désormais rémunérer davantage leurs déposants, ce qui diminue leurs bénéfices.

    Il se trouve que la plupart des Français ne savent pas que de nombreuses banques, les compagnies d’assurance-vie – dont la fameuse AFER, par exemple – n’évaluent pas leurs obligations au prix du marché qui tient compte de la hausse des taux d’intérêt, mais à la valeur nominale de leur remboursement. L’AFER estime que, suite à l’entrée perpétuelle de nouveaux déposants, elle n’aura jamais à faire des cessions sur le marché pour vendre ses obligations en portefeuille au prix du marché ! Mais quid si un grand nombre d’adhérents paniqués de l’AFER veulent récupérer leur argent ? Non seulement l’AFER sera obligée de revendre des titres avec des moins-values, mais étant donné ses faibles effectifs administratifs par souci d’économie, elle ne sera même pas capable de répondre aux demandes trop nombreuses de retraits par ses adhérents. C’est la raison pour laquelle il a été décidé aux États-Unis que toutes les obligations d’État détenues par les déposants seraient remboursées par l’État fédéral à leur valeur nominale et non pas au prix plus bas du marché.

    D’où la ruée actuelle salvatrice sur les bons du Trésor américain car, à ce petit jeu, on est sûr de gagner ! Si les bons du Trésor baissent parce que les taux d’intérêt montent, l’État rembourse, en cas de faillite, à la valeur nominale de remboursement la plus élevée, mais si les taux d’intérêt baissent et que les bons du Trésor augment, le détenteur des ces bons garde le profit pour lui. C’est la fameuse loi du monde financier sans scrupules : les profits pour moi et les pertes pour les citoyens, les contribuables et la collectivité ! Suite à la ruée des achats par les investisseurs, les taux des bons du Trésor diminuent maintenant aux États-Unis et les détenteurs de ces bons ne peuvent que gagner !

    Les États en Europe suivront-ils la même politique en cas de faillite d’une banque ou d’un établissement financier ? C’est fort probable pour éviter l’effondrement du Système, mais que se passera-t-il si cette action doit concerner de très nombreux établissements financiers en faillite ? Faudra-t-il qu’ils en aient encore les moyens ! Un nouveau “quoi qu’il en coûte” qui finira par conduire les États à la banqueroute en Europe, ce qui pend au nez de la France et de l’Italie ! Depuis 2008, les États ne savent que distribuer de l’argent en empruntant sur les marchés et en faisant reprendre par la BCE la plupart de leurs émissions souscrites par les banques, tandis que la BCE fait marcher la planche à billets à plein régime (assouplissement quantitatif de la BCE qui vient juste de s’arrêter).

    Il se trouve que les banques centrales peuvent toujours émettre de la monnaie pour payer en monnaie de singe, mais qu’elles subissent aussi des pertes en détenant des obligations publiques ou privées qui se dévalorisent avec la hausse des taux ! La BCE détient ainsi à son actif la bagatelle de 4 410 milliards d’euros d’obligations rachetées dans le cadre de l’assouplissement quantitatif. La Banque nationale suisse qui intervient souvent sur les marchés, afin d’éviter que le franc suisse ne se valorise trop, vient d’essuyer en 2022, pour la même raison, une perte phénoménale de 132,5 milliards de francs suisses, soit pratiquement le même montant en euros !

    La capacité de la Fed et de la BCE à limiter l’inflation par des hausses de taux d’intérêt est donc maintenant fortement entravée par la faillite de SVB et l’effondrement du Crédit suisse, banque systémique. De plus, un très grand nombre d’établissements sont en faillite virtuelle partout en Europe. La nécessaire réforme des retraites d’une France hyper-endettée suffira encore moins à rassurer les marchés financiers. Voilà les banques centrales prises au piège avec des injonctions, des obligations contradictoires entre l’inflation qui doit être jugulée et le risque des déposants réclamant leur argent dans de longues files d’attente devant les agences bancaires ! Il est probable que la Fed ne majorera pas du tout son prochain taux d’intérêt directeur, 0,50 % étant le maximum envisageable.
    En fait, c’est le début de la fin pour le Système occidental qui se débat comme un beau diable depuis 2008, en pratiquant systématiquement la fuite en avant avec ses banques centrales, et qui a choisi de reculer pour mieux sauter et s’effondrer à terme d’une façon inéluctable ! En 2008, c’était en réalité de nouveau 1929 qui a été évité ! Mais demain, ce sera un krach pire que 1929 ! Et, comme toujours, lorsque les banques dévissent, l’or, valeur refuge, bondit ! Le métal jaune vient d’augmenter, en euros, de 10 % en 3 jours tandis que Crédit Suisse dévissait de 20 % ! On comprend mieux pourquoi les banques centrales en 2022 ont acheté 1136 tonnes d’or dans le monde !

    Il est fort probable que l’or va continuer à terme de s’envoler, étant déjà à 1920 dollars l’once malgré la hausse du dollar par rapport à l’euro ! Comme nous l’indiquions dans notre dernière chronique, l’expert Doug Casey estime que l’once d’or atteindra sans peine les 3 000 $. Et selon Jim Richards, autre expert incontesté, auteur de plusieurs ouvrages sur l’or et les crises, l’once d’or pourrait même s’envoler un jour jusqu’à 10 000 $ l’once !

    Notre intime conviction, c’est que l’effet cumulatif d’un krach à venir pire que 1929 et de la défaite des Occidentaux en Ukraine ainsi que le constat de l’’échec de la politique économique et sociétale en France seront le point de départ d’une révolution conservatrice. Les Européens, après la chute du mur de Berlin, ont aussi commis l’erreur de ne pas se rapprocher de la Russie ! Les élites ont de plus favorisé la délocalisation stupide pour engraisser leurs entreprises multinationales, au lieu de mettre des droits de douane, sans se soucier de l’avenir économique, technologique et industriel des peuples, ni de la paupérisation croissante des populations, au nom des bobards et de l’arnaque du libre-échange mondialiste imbécile, puisque l’échange commercial se résume en fait à des importations et à une perte de savoir-faire sans contrepartie! Le déficit commercial français est aujourd’hui supérieur à 150 milliards d’euros !

    Le prochain krach boursier et économique à venir en 2023 ou en 2024, après la victoire russe et la défaite traumatisante pour les bien-pensants de l’OTAN en Ukraine, sera à la fois le catalyseur et le déclencheur de la révolte des peuples contre l’UE et les élites actuelles progressistes, naïves, insouciantes et incompétentes du style Macron ! Ce sera alors le signal de la révolte populaire et conservatrice pour faire l’inverse de tout ce que l’on fait actuellement sur le plan économique, démographique, familial, sociétal, et politique (vivement le retour à la Real Politik !). Ce krach sera provoqué certainement par l’inflation non maîtrisée puisque le krach récent vient de démontrer l’impossibilité structurelle de remonter les taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe, le surendettement démentiel de l’Europe du sud dont la France, et l’explosion de la zone euro !

    Ce krach mondial sera pire que 1929 et aura pour conséquence, en France, la chute de l’incapable enfant-roi Macron, une révolte populaire, la providentielle réaction tant crainte par la gauche et la nécessaire révolution conservatrice pour redresser le pays, afin de nous sortir de cette lente, abominable et inexorable décadence qui dure depuis plus de 40 ans !

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Quand l'Église ”légale” a fait le jeu de la Révolution et de la Nouvelle Religion rép

    1926 : Premières sanctions vaticanes contre l'Action française, décrétées par Pie XI

     

    • "Premières", car elles seront aggravées le 8 mars suivant : le 29 décembre 1926, c'est "seulement" - si l'on peut dire... - l'ensemble des ouvrages de Maurras ainsi que le quotidien L'Action française qui sont mis à l'Index par décret du Saint-Office; mais le 8 mars 1927, les adhérents de l'Action française seront carrément interdits de sacrements...

    • "Sanctions" et non "Condamnation", car ni l'Action française, ni Maurras, ni le Royalisme n'ont jamais été "condamnés" par l'Église catholique.
    Lorsque l'Église catholique "condamne" un mouvement, une doctrine, une théorie, une personne... il s'agit d'un acte définitif et irrévocable, absolument irréversible, sur lequel aucun Pape ne pourra jamais revenir, jusqu'à la fin des Temps.
    Ainsi, le pape Pie XI a "condamné" le nazisme le 14 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Mit brenender sorge", et le communisme (mot usuellement employé pour définir le "marxisme-léninisme"), le 19 mars 1937, par la Lettre Encyclique "Divini redemptoris". Aucun Pape n'est revenu sur ces "condamnations", et aucun Pape n'y reviendra jamais : jusqu'à la fin des temps, il est impossible à quiconque se dit chrétien d'adhérer aux théories nazies et marxistes, ou alors il s'exclut par là-même, et de lui-même, de l'Église catholique.
    Rien de tel ne s'est passé pour l'Action française en 1926 : aucune Lettre Encyclique n'est venue "condamner" le Royalisme, ni Maurras, ni l'Action française, et l
    es choses sont donc radicalement différentes (émanant toutes trois d'un même Pape, Pie XI) : nazisme et marxisme-léninisme furent condamnés en tant que tels, irrévocablement, alors qu'l y a "seulement" eu des "sanctions" pontificales, le 29 décembre 1926, les ouvrages de Charles Maurras ainsi que le quotidien "L'Action française" ont "simplement" été "mis à l'Index", c'est-à-dire interdits de lecture pour les catholiques. Et, un peu plus de deux mois plus tard, le 8 mars 1927, ces "sanctions" furent aggravées : les catholiques qui restaient fidèles au mouvement royaliste se voyaient privés de tout sacrement, y compris au moment de leur mort...  

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet

    Le toujours excellent site Maurras.net a consacré à ce sujet un dossier complet, remarquable de rigueur, et qui peut être considéré comme faisant autorité :

    http://maurras.net/textes/159.html

      

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletDans ses magnifiques "Manants du Roi", Jean de La Varende a bien conté la souffrance qui résulta de ces sanctions iniques : il y consacre trois nouvelles (la septième, "La Fugue", la huitième, "L'enterrement civil" et la neuvième, "La Procession") et dédicaça la huitième de ces nouvelles ("L'enterrement civil") "À la grande mémoire de Jacques Bainville", qui fut lui-même, en 1936, privé d'obsèques religieuses, car ce ne fut que 13 ans plus tard, en 1939, que le nouveau pape Pie XII - dont ce fut l'un des tous premiers actes - leva ces sanctions, sans aucune contrepartie ni rétractation d'aucune sorte de la part de l'Action française, ce qui prouve bien qu'elles étaient injustes et infondées...

    Fait très rare dans l'histoire de l'Église : les injustes sanctions vaticanes entraînèrent la démission d'un cardinal, Louis Billot, théologien et prêtre jésuite, créé cardinal par le pape Pie X en 1911, qui démissionna en 1927 en raison de son désaccord avec ces sanctions contre l'Action française prises par Pie XI.

    On attribue au cardinal Billot une grande partie de la rédaction de l'encyclique Pascendi, qui condamne le modernisme; ce qui est certain, c'est que le cardinal critiqua sévèrement la conduite du pape, si bien que celui-ci le convoqua au29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Vatican. C'est le 13 septembre 1927 que Pie XI le reçut en audience : celle-ci fut étrangement brève et silencieuse. Quand Louis Billot sortit de chez le pape, il n'était plus cardinal : il s'était sans cérémonie dépouillé de ses insignes et de son titre cardinalice. Tous les insignes de l'ex-cardinal Louis Billot restèrent dans le bureau du pape, qui accepta officiellement sa démission le 21 octobre. Son geste sera expliqué publiquement, mais après sa mort, par la publication d'une de ses lettres datée du 2 mars 1928 à la revue des Jésuites, Études :

    "...J'ai toujours répondu, soit de vive voix, soit par écrit, à tous ceux qui me consultaient sur la ligne de conduite à tenir, qu'il leur fallait non seulement éviter avec soin tout ce qui aurait un semblant d'insoumission ou de révolte mais encore faire le sacrifice de leurs idées particulières pour se conformer aux ordres du Souverain Pontife. Pour ma part personnelle, je me suis, tout le premier, tenu à cette règle..." 

    Comment expliquer ces sanctions vaticanes, venant après les deux règnes très bienveillants vis-à-vis du royalisme français de saint Pie X et de Benoît XV ? Deux règnes qui durèrent tout de même 22 ans, Pie X étant élu le 4 août 1903 (décédé le 20 août 1914) et Benoît XV élu le 3 septembre 1914 (décédé le 22 janvier 1922).

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletOn sait que Maurras a écrit, entre autres, un ouvrage au titre éloquent, Le bienheureux Pie X sauveur de la France; et on sait aussi que la mère de Maurras, croyante fervente, et inquiète pour son fils Charles qui s'était éloigné de la religion, était allé à Rome, voir le pape, qui lui avait déclaré, en substance : je bénis son oeuvre, elle aboutira, entrevue racontée par Maurras lui-même, dans son livre Le bienheureux Pie X sauveur de la France, (Plon, 1953, pages 52/53) :

    "Ne parlez pas à votre fils de ce que je vais vous dire... Ne lui en dites jamais rien... Mais je bénis son oeuvre...". Il se tut, pour ajouter : "Elle aboutira". Tel fut le trésor que ma mère emporta de Rome. Elle ne m'en fit jamais part. Pendant les onze années qui lui restaient à vivre, elle n'y fit aucune allusion... J'eus la clef du mystère huit jours après sa mort, survenue le 5 novembre 1922. Deux amies à qui elle s'était confiée, me donnèrent le secret des paroles pontificales : mon oeuvre a été bénie de Pie X. Elle aboutira. J'avais la prophétie et la bénédiction de ce Bienheureux...

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet Quant à Benoît XV, critiqué voire haï par les deux camps durant la Guerre (chacun lui reprochant d'être l'ami de l'autre), il fut toujours très bien traité par l'Action française, et il envoya sa bénédiction personnelle à Léon Daudet, le directeur politique du journal :

    "...Or, trois semaines après, je recevais du Vatican une grande et belle photographie de Sa Sainteté Benoît XV, accompagnée de Sa bénédiction autographe et de Sa signature. Ma famille et moi étions gratifiés d'une indulgence plénière in articulo mortis..."

    Pourquoi, donc, un tel changement de la part du nouveau pontife, Pie XI, qui sera désavoué par son successeur Pie XII, à peine élu ?

    On peut envisager trois types d'explication, toutes très différentes :

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavalet1. Pie XI voyait d'un mauvais oeil les masses catholiques, et les masses tout court, suivre L'Action française de préférence au mouvement de L'Action catholique, qu'il espérait voir reconquérir les esprits, en France, après les fortes persécutions du début du siècle (séparation de l'Église et de l'État, expulsion des Congrégations etc...). Cet aspect sordide des choses peut surprendre, mais la jalousie n'épargne pas les ecclésiastiques... Il faut se souvenir que L'Action française venait de réunir plus de 60.000 personnes à son Rassemblement royaliste du Mont des Alouettes, en Vendée, que Léon Daudet réunissait régulièrement 20.000 parisiens, et plus, à Luna Park, et que, dans toute la France, le mouvement royaliste progressait, auréolé, entre autres, de son attitude patriotique durant la Guerre.

    Enfin, en 1925, une revue religieuse belge, Les Cahiers de la Jeunesse catholique, publiée à Louvain, ouvrit une Enquête chez ses abonnés : "Parmi les écrivains des vingt-cinq dernières années, quels sont ceux que vous considérez comme vos maîtres."

    Le 5 mai 1925, les résultats étaient publiés. Charles Maurras arrivait en tête avec 174 voix sur 460 suffrages. Le cardinal Mercier, Primat de Belgique, n’arrivait que sixième ! Maurras, non croyant, classé premier et maître de la jeunesse catholique par les jeunes catholiques eux-mêmes, avant le cardinal Mercier, relégué au sixième rang !

    Sans aucun doute, cette sorte de gifle aura, absurdement, pesé dans la balance...

    2. Ensuite, Maurras défendait l'autonomie du politique par rapport au religieux. Il ne les séparait pas, ne les opposait pas, mais il les distinguait, chacun étant autonome et indépendant dans son ordre. Pie XI n'avait pas la même conception. En admettant officiellement cette distinction et cette autonomie, en 1965, le Concile Vatican II  a donné raison à Maurras, et tort à Pie XI. Mais le mal était fait, depuis bien longtemps, et ses conséquences cataclysmiques étaient irréparables...

    3. Enfin, il faut replacer ces sanctions vaticanes dans le contexte beaucoup plus large des rapports entre l'Église et la Révolution, et la République idéologique qui en est issue.

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletPendant un siècle, l'Église a fermement condamné la Révolution : dès l'assassinat de Louis XVI, Pie VI (ci contre) a condamné l'acte, ses auteurs et leur idéologie (il mourra d'ailleurs prisonnier, en France) et Pie VII fut obligé par un Bonaparte alors triomphant d'assister à la parodie de  sacre de Notre-Dame.

    L'Église et les masses catholiques restèrent donc très largement hostiles à la Révolution et à la République idéologique, même si une part d'entre elles s'accommodaient de leurs idées.

    Mais, après l'échec de la restauration monarchique en 1875, le pape Léon XIII imagina une autre politique vis-à-vis de cette République qui, finalement, semblait s'installer pour durer. Il prôna le Ralliement à la République, pensant naïvement que, les catholiques étant majoritaires en France, ils fin29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletiraient par investir le pouvoir, en gagnant les élections.

    Léon XIII (ci contre) prépara les esprits au Ralliement en demandant au cardinal Lavigerie - pourtant traditionaliste - de prononcer son fameux toast d'Alger et, le 16 février 1892, publia son encyclique Inter innumeras sollicitudines, demandant aux catholiques français de renoncer à une opposition systématique au régime en place, d'accepter la Constitution pour combattre "par tous les moyens honnêtes et légaux" les lois anti-chrétiennes, et de peser de tout leur poids sur les nouvelles institutions.

    L'encyclique fut peu suivie, le rallié le plus célèbre étant le comte Albert de Mun (ci contre), qui se repentit 29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletvite - mais trop tard... - de son erreur, et à qui l'Action française n'en tint d'ailleurs pas rigueur, comme le raconte Bainville dans son Journal (note du 7 octobre 1914). Mais, comme le note Michel Mourre", "se heurtant à la majorité des catholiques et du clergé français... c'est cependant dans la ligne du ralliement que put commencer à se développer, au début du XXème siècle, le mouvement de démocratie chrétienne."

    Là est certainement le point le plus important - à cause de ses conséquences néfastes - des sanctions vaticanes de 1926/1927 : malgré le Ralliement, les masses rurales et catholiques restaient très largement réceptives aux idées royalistes, et les Séminaires formaient, très majoritairement, des prêtres, sinon royalistes dans le domaine politique, du moins eux aussi très largement sensibles aux idées royalistes. C'est cela qui va radicalement changer avec les sanctions : désormais, sauf évidemment quelques exceptions, les Séminaires vont, à l'inverse de ce qu'ils avaient fait jusqu'à présent, former quasi exclusivement des abbés démocrates..

    29 décembre,jean goujon,phidias,cariatides du louvre,cour carrée,fontaine des innocents,carnavaletIl n'est pas exagéré de dire que c'est dans cette période que l'on trouve l'origine principale de l'immense crise que connaîtra l'Église à partir de la deuxième moitié du XXème siècle, avant, pendant et après le Concile Vatican II. En rendant les armes face à un Système qui, en fait, est une nouvelle religion, vouant une haine mortelle au christianisme et constitué dans le but premier de le faire disparaître; en renonçant à combattre ce Système; et, pire, en collaborant avec lui, dans le vain espoir qu'on arrivera à le diriger, l'Église n'a fait que conforter son pire ennemi, en affaiblissant ceux qui le combattaient et le contestaient radicalement, c'est-à-dire remettaient en causes ses fondements mêmes, avant tout anti chrétiens et contraires à toutes les traditions millénaires constitutives de la Nation française ("Du passé faisons table rase !...).

    C'est de l'Église, de sa force et de sa place dans la Société que le Système a réussi à faire table rase, obtenant dans ce combat à mort l'appui inespéré de ceux-là même qu'il s'était juré d'abattre ! 

     

  • GRANDS TEXTES (4) : Le suprême risque et la suprême chance, de Gustave THIBON

    Voici le texte intégral du discours prononcé par Gustave Thibon lors du Rassemblement royaliste des Baux de Provence de 1986.

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    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et pour la plupart - et même pour la totalité d'entre vous, mes chers amis - car nous sommes dans un climat tout à fait familial ici, je ne déplore qu'une seule chose : le temps ; ce qui me remémore les vers d'un poète argotique, qui fut célèbre à mon époque, qui s'appelait Jehan Rictus et qui, un jour de mauvais temps, un jour pluvieux comme le nôtre, écrivait : "Tout est tellement malpropre, obscur et délétère. C'est à croire que les éléments sont en régime parlementaire".

    Nous n'en sommes pas tellement loin. Nous assistons à une sorte de ressac, à un retour de l'idéologie démocratique, associé aux nuages.

    On nous a parlé, très éloquemment, de façon très vivante, de l'impasse de la politique actuelle. La critique est d'ailleurs extrêmement facile, étant donné la nature des événements et leur succession. La démocratie a fait ses preuves négatives, et bien au-delà de ce qu'en pouvaient rêver ses pires adversaires, non pas tellement par la faute des hommes de ce nouveau gouvernement qui ne fait pas mieux que le précédent - il y a pourtant quelques personnalités qui me paressent valables - mais la faute principale retombe sur l'institution, sur le système. Sur le système reposant sur la loi du nombre et sur les fluctuations d'une opinion outrageusement manipulée. C'est 'extrêmement amusant. d'ailleurs, quand nous voyons la cohabitation dont on nous a parlé plusieurs fois aujourd'hui : vous savez que Maurras appelait la République "la femme sans tête". Hé bien, maintenant, c'est beaucoup mieux, c'est la femme à deux têtes.

     

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    20 mars : Jacques Chirac, premier ministre d'une majorité UDF-RPR, début de la "cohabitation".

          

     

    Donc, nous avions un monstre acéphale autrefois, maintenant nous avons un monstre bicéphale. L'un ne vaut pas mieux que l'autre et le second est sûrement pire que le premier attendu que les deux têtes ne sont pas d'accord. Deux têtes qui se font des croc-en-jambe, cela ne va absolument pas.

    D'autant plus qu'à supposer qu'on prenne d'heureuses réformes, et l'on a prouvé qu'on en fait fort peu, à supposer donc qu'on en fasse, étant donné le système et les fluctuations de l'opinion, que fait-on aujourd'hui? On défait ce qui a été fait hier et on défera demain ce qui a été fait aujourd'hui. Cela ne peut durer indéfiniment;

    Un changement de politique est nécessaire, grâce à un retour à la monarchie. Pierre Pujo nous l'a bien redit : unité de direction, arbitrage indépendant, continuité et adaptation souveraine aux changements. Il suffit de relire Charles Maurras pour être persuadé de cela. Mais Pierre Chauvet m'a prié de parler d'autre chose.

     

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    Né comme Gustave Thibon à Saint Marcel d'Ardèche, François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis (1715 - 1794) fut homme de lettres, homme d'Église, diplomate, ambassadeur à Venise, ministre d'État, secrétaire d'État des Affaires étrangères.

     

    Je voudrais insister, aujour­d'hui, sur un point essentiel : la Grande Politique embrasse la totalité de l'homme et l'histoire n'a jamais cessé de prouver que la grande politique ne va pas sans un fondement religieux, sans une référence au sacré. Mon compatriote le Cardinal de Bernis, - il est né dans le même village que moi - écrit quelque part dans un ouvrage "De la religion vengée", qui n'est pas un ouvrage de première valeur, un vers qui reste très actuel : "Où Dieu n'a plus d'autels, les rois n'ont plus de trônes". Jeanne d'Arc représente, entre autres, l'exemple suprême de l'engagement politique qui se situe aux confluents de l'humanité et du divin, de la cité des hommes et de la cité de Dieu : Le sacré dans la politique. Péguy faisait dire à Jeanne d'Arc, quand elle veut restaurer la France, lui rendre son unité, lui rendre la vie, parlant de la Maison de France :

    "La maison souveraine, ainsi
    qu'aux temps jadis,
    De Monsieur Charlemagne et de
    Monsieur Saint-Louis
    Quand le Comte Roland mourait
    face à l'Espagne
    Et face aux Sarrasins qui l'avaient
    ébloui
    Quand le Comte Roland mourait
    pour Charlemagne".

         

    Voyez cette familiarité, cette convivialité entre le Prince et ses sujets : "Quand le Comte Roland mourait pour Charlemagne !"

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    La bataille de ronceveaux et la mort de Roland, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XVème siècle.

         

     

    Qui a envie de mourir pour Monsieur Mitterrand ou pour Monsieur Chirac ? Qu'est devenu ce caractère sacré dans le monde moderne ? Je crois que le retour à la Monarchie ne doit pas être conçu comme un talisman, comme une recette magique qui supprimerait tous les problèmes, mais comme un sceau, comme l'incarnation d'un retour à l'ordre éternel : Pas de salut hors de l'esprit.

    Je vous citais le Cardinal de Bernis mais je peux vous citer aussi un incroyant, un autre de mes compatriotes, Rivarol, qui a été dégrisé de certaines idées rationalistes par le spectacle de la révolution française. Rivarol, voltairien, impie, est obligé d'avouer que "les nations sont des navires mystérieux qui ont leurs ancres dans le ciel".

    C'est cela le problème qui se pose dans la carence actuelle de la religion, dans l'effacement graduel de Dieu sur tous les horizons de la vie terrestre car nous vivons une mutation, jusqu'ici inconnue dans l'histoire, qui est celle qui a procédé de la révolution scientifique et technique laquelle a changé la face du monde. En quelques décennies, dans ce siècle, cela est allé s'accélérant prodigieusement : il s'agit d'un accroissement démesuré des pouvoirs de l'homme sur la nature et sur lui-même.

     

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    Rivarol : "les nations sont des navires mystérieux qui ont leurs ancres dans le ciel..."

         

     

    Quand je pense à mon enfance. à ce que pouvait être un village provençal avant la guerre de 1914 où nous vivions dans une communauté, presque comme des paysans grecs d'il y a 2000 ans ! Nous allions chercher l'eau dans un puits qui était à trente mètres, il n'y avait pas de sanitaire, pas de chauffage central. On vivait presque en autarcie. On donnait du blé au boulanger et le boulanger nous donnait du pain en échange et ainsi de suite. Les moyens de communication étaient le cheval et la charrette, on n'allait pas très loin. Les moyens d'information se réduisaient à l'achat du journal, le dimanche, et encore on n'en était pas sûr.

    Voyez les modifications de maintenant, tout a été bouleversé, changé. Je ne dis pas que tout a changé négativement, mais je dis que cela appelle des réformes profondes à l'intérieur de l'homme. Le mal du siècle, c'est le déséquilibre entre le progrès matériel qui est immense et le progrès moral qui est nul, ce qui pose le problème religieux : c'est la crise religieuse. Car, enfin, si nous regardons autour de nous et en nous-mêmes, au fond, nous avons de moins en moins besoin de Dieu, besoin de prier dans l'ordre matériel. Nos aïeux étaient cernés par les difficultés de la vie, par les rigueurs d'une nature dont on ignorait en grande partie les mécanismes, les hommes s'adressaient aux dieux, s'ils étaient païens ou à Dieu, s'ils étaient chrétiens, dans toutes les circonstances de la vie : famines, maladies, sécheresse... Je me rappelle dans mon enfance avoir entendu des prières pour qu'il pleuve.

    L'homme de plus en plus attend tout de l'homme et attend de moins en moins de Dieu. Et la crainte de Dieu qui, paraît-il, était le commencement de la sagesse, est en train de s'évaporer car nous vivons dans une société de plus en plus sécurisée devant tout sauf devant la mort. La mort qu'on escamote de plus en plus car c'est un des signes de notre siècle que cette disparition de l'idée de la mort dont on ne parle pas. Il m'arrive très souvent d'évoquer ma fin prochaine - ce qui à l'âge que j'ai, me paraît très normal. Même si je vis encore quelques années, elle n'est pas lointaine. Mais quand je parle de cela, on se demande si je ne suis pas un peu neurasthénique, si ce ne sont pas des idées noires !

    Ce sont des idées très claires au contraire, c'est même la seule chose claire dont on soit certain. Mais cela paraît presque impudique ou tout au moins un signe de dépression marquée. Quelquefois, cependant, la crainte revient dans les pires circonstances : je connais un personnage qui m'a dit : "Quand j'ai la trouille, je redeviens catholique". J'avoue que cela me paraît un genre de conversion peu souhaitable ! Bossuet le disait déjà en parlant de certains incroyants qui, attachés au monde, se rattachent à Dieu quand le monde leur manque : "ô pénitences impénitentes ! ô pénitences toutes criminelles et toutes infestées de l'amour du monde !" Quand Dieu reste le dernier recours, on y va. Cela ne va pas très loin mais me fait penser au mot de Talleyrand, Talleyrand, évêque apostat. Comme il était près de la mort, sa nièce essaya de lui parler humblement de Dieu, car on ne savait pas trop ce qu'il pensait. Il lui répondit : "Soyez tranquille, ma nièce, j'ai toujours été du côté du plus fort".

    Si on prend Dieu uniquement comme puissant, cette adoration me paraît extrêmement impure.

     

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    "On se passe de plus en plus de Dieu..."

             

     

    Et cela me fait souvenir de la prophétie de Mistral, puisque nous sommes aux Baux. Parlant de l'humanité future, il y a 120 ans, il écrivait :

              "Canton l'umanita futuro / Que mestresejo la naturo, / E davans l'ome soubeiran / Dieu a siau pas se retiran...

    Je traduis deux vers avant :

              "Ils chantent les peuples sevrés / Que l'on entend hurler au loin, / Ils chantent l'humanité future / Qui maîtrise à son gré le monde naturel /  Et, devant l'homme souverain, /  Dieu pas à pas se retirant."

     

    Il se passe - je le dis sans faire d'hérésie mais psychologiquement c'est ainsi - comme si Dieu avait délégué une partie de son pouvoir aux hommes, une partie de sa toute puissance. Seulement, ce qu'il n'a pas délégué, c'est sa pureté, sa perfection, son amour. En apparence, nous sommes puissants mais dans l'ordre de la perfection, dans l'ordre de la pureté, dans l'ordre de l'amour, nous sommes aussi impotents que nos aïeux car l'époque des guerres apocalyptiques, des camps de concentration, des révolutions qui aggravent les maux qu'elles prétendent guérir, tout cela montre qu'en fait de misère et d'horreurs, nous sommes très près des pires périodes de l'histoire. Et dans l'ordre moral précisément et spirituel, le recours à Dieu est plus nécessaire que jamais, ne serait-ce que pour ne pas être les victimes de nos propres conquêtes. On en revient au mot célèbre de Rabelais qui prend une extraordinaire actualité : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.'' La science s'est développée niais non pas la conscience, d'où le déséquilibre. Et l'on arrive à ceci : un retour à l'esprit ou la mort. "Changez d'âme, dit l'Évangéliste, changez d'esprit ou vous mourrez". Il s'agit d'élargir la conscience à la mesure des pouvoirs de l'homme.        

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    Je dois conclure. Je n'ai jamais caché mon angoisse devant la crise du monde actuel, devant tout ce qui nous menace. Mais angoisse ne veut pas dire désespoir. C'est dans le suprême risque que naît, que s'affermit la suprême espérance.
     
    Simone Veil, que j'ai eu l'honneur d'abriter et de connaître pendant la guerre, a un mot magnifique à ce sujet "Que pourrais-je souhaiter de meilleur que de vivre à une époque où l'on a tout perdu !" Certainement, on n'a pas tout perdu dans notre époque mais nous sommes vraiment menacés de tout perdre. Et, c'est dans une pareille époque que l'on peut tout retrouver, à condition de dominer son siècle de toute la hauteur de l'éternité, de toute la hauteur de l'esprit ; ce qui me rappelle un proverbe hindou "Le parfum des fleurs va avec le vent, le parfum de la vertu va contre le vent". Maintenant, nous sommes bien obligés d'aller contre le vent ; et jamais, je crois, dans l'histoire, le
  • Éphéméride du 20 avril

    1868 : Naissance de Charles Maurras (ici, sa maison à Martigues, la Bastide du Chemin de Paradis)

     

     

     

    1120 Mort de Géraud de Salles 

     

    Fils de grande famille, Géraud de Salles embrassa la vie religieuse et fonda plusieurs abbayes, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

    On ne se souviendrait probablement que très peu de lui si l'une de ses fondations - l'Abbaye du Dalon (ci dessous), quasiment totalement ruinée à la Révolution - n'était le lieu de sépulture des deux plus grands troubadours : Bernard de Ventadour et Bertrand de Born. 

    20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligence

    Aux origines de la littérature française, qu'elle soit du Nord ou du Midi, ceux qui avaient l'art et le don de "trouver" quelque chose à dire, réciter ou chanter  étaient appelés trouvères dans les pays du Nord de la France (de langue d'oïl) et troubadours dans les pays du Sud (de langue d'oc), deux mots équivalents, venant tous deux du bas latin "trobar", qui signifie "trouver" :

     

    https://www.herodote.net/troubadour_trouvere-mot-211.php 

     

    Bernard de Ventadour et Bertrand de Born furent les deux plus célèbres de ces poètes, qui ont diffusé partout aussi bien l'amour courtois que les Chansons de Geste, et qui sont, collectivement, aux origines de la poésie en Occident :

    https://www.limousin-medieval.com/bernard-de-ventadour
    http://broceliande.brecilien.org/Bertran-de-Born

     

    20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligenceTrouvères et troubadours, Chanson de Roland, Légendes Arthuriennes, Tristan et Yseult : quatre de nos éphémérides reviennent sur la naissance de notre littérature nationale et sur ses thèmes fondateurs :

    • l'Éphéméride du 20 avril (sur les Troubadours Bernard de Ventadour et Bertrand de Born);

    • du 27 avril (sur Xavier Langlais et les romans du Roi Arthur);

    • du 15 août (sur la Chanson de Roland) ;

    • du 29 août (sur Joseph Bédier et Tristan et Yseult). 

     

     20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligence

     

    1251 : Dédicace de la cathédrale Saint Maurice de Vienne 

     

    C'est en 1130 que débuta la construction de l'édifice, dans le style roman; Guillaume de l'Oeuvre en serait l'architecte.

    Aujourd'hui, les parties les plus anciennes de la cathédrale restent romanes, alors que, à partir du XIIIème siècle, le chœur, le début et les parties hautes de la nef sont construits au goût du jour, c'est-à-dire en style "ogival".

    Mais la construction se poursuivra jusqu'au XVIème siècle - avec, notamment, la façade - la dernière pierre étant posée en 1529.  

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    lieuxsacres.canalblog.com/archives/vienn_cathedrale_primatiale_saint_maurice__38_isere.html       

     

     

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    1868 : Naissance de Charles Maurras

     

    "Maurras est un continent", selon le mot si juste d'Albert Thibaudet, remis au jour avec bonheur par Stéphane Giocanti, mais ce continent est enfermé par la conspiration du silence du Système dans un cercueil fermé à double tour; et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé élaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens étymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes.

    Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux (voir notre Pdf M. le Maudit)

     

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    Maurras rencontrera Jacques Bainville alors que celui-ci n'avait que vingt ans; puis Léon Daudet lorsque celui-ci en avait trente-six (en 1904): que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

    Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Éphéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Éphéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Éphéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Éphéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

    Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

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    Acte de naissance de Charles, Marie, Photius Maurras 

    Voir notre Feuilleton ou notre Album : Une visite chez Charles Maurras 

     

     

    20 avril,charles maurras,jean paulhan,marx,camus,philosophes,xviii° siècle,siècle des lumières,communisme,nazisme,avenir de l'intelligenceDe Charles Maurras, Jean Paulhan (ci contre), esprit libre s’il en fut, disait, en 1921 : "Maurras ne nous laisse pas le droit en politique d’être médiocres ou simplement moyens". Et, en 1932, qu'un jeune homme désireux de s'engager politiquement n'avait de véritable choix qu'entre Karl Marx et Charles Maurras.

    Enfin, en 1945, alors que l'on venait de condamner Maurras pour "intelligences avec l'ennemi", il lui écrivit, lui le résistant de la première heure : 

    "Je n’aurais jamais cru que vous nous fussiez si nécessaire..."

    Mais comment évoquer, donc, celui qui - nous l'avons vu - pour reprendre l’heureuse formule, est à lui tout seul "un continent" ? Pierre Boutang (Maurras, la destinée et l’œuvre), Jacques Paugham (L’âge d’or du maurrassisme), Stéphane Giocanti lui-même (Maurras, le chaos et l’ordre), d’autres encore, ont eu besoin de gros bouquins, de plusieurs centaines de pages chacun, pour en parler, et l’on essaierait, dans de simples éphémérides, de faire le tour de la question ? Ce serait prétentieux.

    Pourtant, on peut, et on doit, parler de Charles Maurras car - nous évoquions Paugham - il y a une jeunesse de Maurras – intellectuellement s’entend - un âge d’or, un printemps de Maurras qui ne passent  pas, et qui nous le rendent étonnamment proche, et curieusement fort contemporain de ce qui est pour nous quelque chose d’immédiat et de malheureusement bien réel : l’Âge de fer dans lequel nous vivons, et dont il a expliqué l'avènement...

    Là est la source de la présence de Maurras parmi nous, de son actualité, de la permanence de ses intuitions, de sa jeunesse. Pour parler comme on le fait aujourd’hui, oui, Maurras a quelque chose à nous dire, et ce quelque chose est majeur, fondamental et, toujours pour parler comme aujourd’hui, incontournable.

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    De quoi s’agit-il ? De ceci, qui est énorme et qui fonde à soi seul, l’actualité de Maurras :

    • il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir analysé dans son ensemble le processus qui, à partir du XVIIIème siècle et des Lumières, nous a amenés là où nous en sommes aujourd’hui;

    il est le premier, et jusqu’à présent le seul, à avoir décortiqué pour ainsi dire, minutieusement et presque cliniquement, ce processus qui a abouti à la prise du pouvoir généralisé par les forces de l’Argent qui, depuis la grande Révolution de 89, et à partir d’elle, et grâce à elle, sont parties à la conquête du monde entier dans tous ses rouages, plus aucun pouvoir basé sur la Culture, la Religion, l’Histoire, les Sentiments ne s’opposant à elles.

    La prétention insensée des écrivains, penseurs et philosophes du XVIIIème siècle à sortir de leur rôle, et à s’ériger en organisateurs du monde réel, n’aura finalement eu comme conséquence finale que celle-là : asservir le monde, et eux-mêmes également, à ces forces matérielles qui nous oppriment maintenant, et nous font vivre dans un véritable Âge de fer. Cette magistrale démonstration, dont on ne peut évidemment faire l’économie si l’on prétend comprendre les faits les plus actuels, et, plus encore, si l’on veut en sortir, Maurras l’a faite en 1901, dans un immense petit livre : L’Avenir de l’Intelligence.

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    Cent ans qu’il a été écrit, et il nous parle d’aujourd’hui, de notre réalité quotidienne, nous expliquant d’où viennent nos maux et quelle en est la source. Maurras y est moderne parce qu’intemporel, un peu comme dans  le XXIVème chapitre de Kiel et Tanger, dont Pompidou recommandait la lecture à ses étudiants, affirmant que, président de la République française en exercice, ce livre de Maurras ne quittait pas sa table de chevet.

    Nous "raconterons" donc, ici, rapidement, cet immense petit ouvrage, sans prétention autre que d’aiguiller le lecteur et l’inciter non seulement à ne pas se détourner, à ne pas "désespérer" de Maurras, mais, bien au contraire, à se tourner vers ce qui est l’essentiel de lui, après l’inévitable élagage opéré par le temps, pour Maurras comme pour tout écrivain, tout penseur et, plus prosaïquement, tout homme.

    Par quelle curieuse exception Maurras échapperait-il à la loi commune régissant toute personne ? Il n’est que trop clair qu’un Maurras a disparu, pour toujours. Mais les tragédies de Voltaire n’ont-elles pas disparu ? Et qui lit encore Sully Prudhomme, premier Prix Nobel de littérature ? Oui, il y a, bien évidemment, un Maurras qui a sombré corps et bien, car c’est tout simplement la loi de la nature.

    Mais justement, lorsque le temps a fait son œuvre, on ne voit subsister et surnager du grand naufrage commun que l’essentiel, et ce qui ne meurt pas. Nous évoquions Kiel et Tanger et L’Avenir de l’Intelligence (cette liste n’est pas limitative !...). C’est vers ce Maurras-là, toujours vivant, toujours jeune, toujours fécond; vers ce printemps qu’il continue de représenter que nous invitons  à se tourner; comme vers une boussole indispensable qui indique, imperturbablement, et quelles que soient les apparences présentes, la bonne direction… 

     

  • Bis repetita placent : pour la deuxième fois, ”la grande Muette” sort ses griffes, et ”se sort” des griffes hostiles...

    helicoptere_tigre_01.jpgCahuzac s'en souvient encore, et s'en souviendra toujours : on sait comment il a payé sa tentative de rogner ses ailes à l'Armée...

    Aujourd'hui, bien aidée par un Jean-Yves Le Drian qui, sur ce coup, ne mérite que des éloges, l'Armée vient, une fois de plus, de détourner le mauvais coup...

    Saluons donc un ministre qui sort de la grisaille actuelle, dans laquelle dominent très largement amateurisme et incompétrence. Ce que Le Drian a fait, il l'a bien fait, et c'était ce qu'il fallait faire, dans l'immédiat et dans l'urgence.

    (photo : hélicoptère français Tigre)

    Cependant, il ne faut pas se leurrer : on a sauvé in-extremis le malade, que des médecins-fous allaient "débrancher" (si on nous permet cette comparaison...) mais l'idéal reste que le malade retrouve la plaine santé, et une vie normale. Et non pas voie se prolonger, indéfinement, une survie thérapeutique sous perfusion.

    En clair, pour que nos Armées soient à la hauteur de leur(s) tâche(s), et à la hauteur de ce que doit redevenir la politique de la France, et la France tout court, il faut non seulement les maintenir en survie, comme vient de le faire heureusement Jean-Yves Le Drian, mais leur donner vraiment les moyens dont elles ont besoin, c'est-à-dire un budget à 4% du PIB, comme nous l'avons dit plusieurs fois ici-même : 1% pour chacune des trois Armes (Air, Terre, Mer) et 1% pour l'arme nucléaire.

    Il faut en outre que les 26 autres pays de l'Union européenne cessent de démisssioner de fait, question militaire, comme ils le font actuellement, en se reposant sur les seules France et Grande-Bretagne, et en les laissant, seules, assumer les dépenses... Voilà un aspect de la refondation/réformation de l'Europe, qui n'a été que trop peu évoqué lors de ces dernières élections "européennes".

    Ceci étant, entendons-nous bien : Pierre Builly a posté un commentaire très intéressant ce samedi (à lire ici : Sur la simple question de la dissuasion nucléaire.pdf). On peut proposer trois objections à ce commentaire :

    1. Il ne s'agit évidemment pas de préparer les guerres d'hier : nous ne demandons pas que nos Armées disposent de 1.000 chars Leclerc ou de 1.000 avions Rafale. Il est clair que c'est dans les technologies d'un futur tout proche, et déjà d'aujourd'hui, qu'il faut investir : les drones et autres moyens de renseignements, terrestres ou embarqués, sans oublier les satellites (le renseignement - d'accord avec Pierre Builly - est un domaine où la France est notoirement, et depuis longtemps, en retard...); les nouveaux matériaux; les engins furtifs (avions, bateaux, véhicules terrestres). Mais, précisément, tout ceci coûtera aussi cher, et même plus cher, beaucoup plus cher, que les "anciens" matériels...

    2. Qui va nous attaquer ? Justement, on n'en sait rien, mais ce que l'Histoire enseigne, c'est que, très souvent, ce que l'on croit certain et acquis ne se produit pas, alors que survient ce que personne n'avait prévu. Un pays qui veut être indépendant se doit d'avoir une armée dite conventionnelle, même si - d 'accord avec Pierre Builly - ce n'est pas de matériels d'hier mais de demain qu'il faut la doter : on aura toujours besoin d'hommes au sol, et ces hommes auront toujours besoin d'armes et de combinaisons de pointe, de véhicules mobiles et performants (chars, transports, blindés en tous genre) parce que bourrés de technologie; et ces hommes au sol auront toujours besoin d'être en permanence renseignés et appuyés par des moyens maritimes et aériens, eux aussi bourrés de technologie. C'est l'assurance, qui ne paraît chère qu'avant l'accident...

    3. Enfin, sur le terrorisme et les opérations extérieures (dont Pierre Builly parle dans un premier commentaire : Dépenses militaires.pdf) : bien sûr, être supplétifs des étatsuniens en Afghanistan n'est pas notre rôle, et jouer les humanitaires au Kosovo ne relève pas du militaire; mais ce n'est pas parce que, dans ces deux cas, nos hommes politiques - droite et gauche confondues - ont pris des décisions aberrantes, que le principe de disposer d'une armée moderne et bien équipée doit être remis en question... Quant au terrorisme et aux mille poudrières dont le Système a parsemé le territoire national - sous les doux euphémisme de Cités, banlieues, "territoires" (!) ou autres... - il serait là aussi étrange que le désir, légitime, de les voir disparaître en tant que danger pour toute la communauté nationale entre en conflit avec la nécessité de disposer d'une Armée digne de ce nom. On aurait même envie de dire : "au contraire !" et, "justement !"...

  • Villes et Villages, au coeur de la décentralisation : à la ”Une” du n° de mars de Politique magazine

    MARS 2014.jpg

    Au Sommaire de ce numéro de mars (127) : Sommaire.pdf 

    Voici l'Editorial de Jean-Baptiste d'Albaret, Rédacteur en chef : Rassemblement français...

    Rassemblement français

     

    On sait que la gauche a délaissé les questions sociales et économiques pour investir le champ dit « sociétal » que l’actuel gouvernement laboure avec une frénésie certaine depuis dix-huit mois. Mariage pour tous, IVG anonyme pour les mineures, loi Taubira remettant en cause la filiation biologique, autorisation de la recherche sur les embryons, intention de modifier la loi Leonetti sur la fin de vie, pourtant adoptée à l’unanimité en 2005…

     

    Mais, tout à sa volonté de rééducation des masses, le pouvoir socialiste avance sur ce terrain-là comme un éléphant dans un jeu de quilles. Au risque de perdre des parties importantes d’électorats qu’il cible pourtant comme une priorité. Ainsi, alors que les musulmans s’étaient peu manifestés au moment des débats sur le « mariage pour tous », nombre d’entre eux se sont inquiétés à propos de la « théorie du genre » et de la possibilité d’amendements de la part du groupe socialiste à l’Assemblée nationale sur la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA). Au-delà de la nouvelle démonstration de force de la Manif pour tous, certains y ont vu une des explications au soudain retrait de la loi sur « la Famille », ou plutôt sur « les familles », selon l’expression de madame Bertinotti, reportée sine die. La gauche craindrait de perdre le vote des musulmans qui lui est habituellement acquis. En mai 2012, près de 90% d’entre eux, selon les différents instituts de sondage, se sont tournés vers le candidat socialiste. Un véritable vote confessionnel, consacrant la stratégie prônée par Terra nova, le think tank le plus influent au sein de la gauche française : recentrer l’offre électorale du PS, des ouvriers vers les minorités. Et, notamment, vers les populations immigrées.

     

    C’est cette stratégie qui est aujourd’hui remise en cause. Les banlieues bougent. De nombreux musulmans ont participé à la manifestation « Jour de colère ». Et la gauche découvre, effarée, que les populations d’origine immigrée n’entendent plus rester sagement dans la case qui leur a été assignée. Voilà le PS réduit à ses bobos !

     

    La Manif pour tous a largement favorisé cette prise de conscience. Des personnalités ont émergé, tels Camel Bechikh, de Fils de France ou Dalila Safouane, membre du collectif des Mères Veilleuses, agressée par un homme armé d’un couteau à Lille. Telle aussi Farida Belghoul. Cette ancienne figure de proue de la marche des beurs de 1984 n’a pas de mots assez durs pour critiquer l’idéologie « antiraciste » qui a enfermé toute une partie de la population musulmane dans une position de victime. Elle a lancé la campagne baptisée « journée de retrait de l’école » (JRE) qui a déjà perturbé une centaine d’établissements. Une fois par mois, les parents sont invités à retirer leurs enfants de l’école pour protester contre l’enseignement de la « théorie du genre », notamment au travers des « ABCD de l’égalité » qui seront expérimentés dans 10 académies, à la rentrée 2014. Et ce, malgré les dénégations mensongères du ministre de l’éducation nationale et de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

     

    Qui l’eut cru ? Se dessine ainsi une alliance inédite entre des Français de confession musulmane et « la France des familles », à l’inspiration majoritairement chrétienne, si massivement mobilisée contre la loi Taubira.

     

    Le 19 février dernier, le mouvement de Farida Belghoul tenait une conférence de presse réunissant autour de la table, entre autres, Christine Boutin, Béatrice Bourges (du Printemps français), Alain Escada (président de Civitas), Jean-Pierre Dickès (président de l’Association catholique des infirmières et des médecins), Albert Ali (du Rassemblement des musulmans souverainistes), Ahmed Miktar (président du Conseil des imams de France). Ont été dénoncés les mensonges du pouvoir socialiste. Cela ne résoudra pas le problème d’un islamisme conquérant et destructeur dans nos banlieues dont seul l’état incapable et, d’une certaine manière, complice, est responsable, mais cette entente nationale et morale pourrait contribuer à instaurer un véritable dialogue entre communautés qui s’épanouirait sur des valeurs sociales communes. Une piste à explorer pour l’avenir. Il conviendrait alors de sortir, une fois pour toutes, d’un système qui ne favorise que la division et la haine.

  • Le forum de Davos ”et nous, et nous, et nous”, les révolutionnaires...

    argent roi.jpgLa dernière "édition" du rituel Forum de Davos demanderait de longs développements, et nous y reviendrons un peu plus longuement la semaine prochaine. Disons seulement quelques mots là-dessus dès maintenant...

    Dire sottement "Mon ennemi, c'est la finance !..." ? Crier, encore plus sottement "A bas l'Argent !" ? Voilà qui ferait peut-être "plaisir" à certains, qui croiraient faire oeuvre utile en éructant de telles sornettes, alors que la seule chose à faire, le seul service à rendre, n'est pas de critiquer l'Argent, qui, comme tout - et on le sait depuis la langue d'Esope... - peut être la meilleure ou la pire des choses; mais d'expliquer à l'opinion comment et pourquoi nous en sommes arrivés à l'Âge de fer que nous vivons aujourd'hui, c'est-à-dire à la toute puissance des forces de l'Argent. Et à proposer la révolution qui consisterait à remettre l'Argent à sa place, en rendant le pouvoir à ce que Maurras appelait les forces du Sang : voilà la seule révolution qui vaille, et d'ailleurs la seule révolution qui soit, et c'est nous, les royalistes, et nous seuls, qui en sommes les tenants. 

    Aujourd'hui, il n'y a qu'une alternative : être conservateur du Système, et de son des-ordre installé, lui qui a établi l'Argent comme maître unique et absolu de tout; ou bien être révolutionnaire de ce des-ordre, donc royalistes, c'est-à-dire instaurer un pouvoir politique où l'autorité suprême serait totalement affranchie des puissances de l'Argent, et qui le contraindrait à rester dans sa sphère - légitime cette fois... - où il pourrait enfin (re)devenir utile et profitable au Bien commun...

    Deux courts passages, en attendant une réflexion plus approfondie sur ce sujet :

    1. D'Anatole France (tiré de son Histoire contemporaine, Tome II, Le mannequin d'osier, Calmann-Lévy, 1925, page 105) : "...On goûte un plaisir philosophique à considérer que la Révolution a été faite en définitive pour les acquéreurs de biens nationaux et que la Déclaration des droits de l'homme est devenue la charte des propriétaires. Ce Pauquet, qui faisait venir ici les plus jolies filles de l'Opéra, n'était pas chevalier de Saint-Louis (1). Il serait aujourd'hui commandeur de la Légion d'honneur et les ministres des finances viendraient prendre ses ordres. Il avait les jouissances de l'argent; il en aurait maintenant les honneurs. Car l'argent est devenu honorable. C'est notre unique noblesse. Et nous n'avons détruit les autres que pour mettre à la place cette noblesse, la plus oppressive, la plus insolente et la plus puissante de toutes..."

    1925 ? Ou aujourd'hui ?...

    (1) : Dans le livre, "Monsieur Bergeret", le personnage central, loge dans l'hôtel Pauquet de Sainte-Croix, ancienne demeure - délabrée quand il s'y trouve - d'un ancien financier du Roi...

    l'express argent.jpg2. De Charles Maurras, dans L'Action française du 1er Août 1921 : "L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut. Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie...

    ...On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie (sous la Royauté, ndlr); il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent...

  • Drôle de drame, par Louis-Joseph Delanglade

    Personne ne peut nier que M. Buisson ait eu un comportement pour le moins indélicat. Cela dit, les allées du pouvoir ont toujours été – et peut-être davantage sous la Cinquième République – un lieu d’affrontements féroces où tous les coups semblent permis. Le problème est donc plutôt d’ordre éthique que d’ordre moral. D’ailleurs, on peut aussi comprendre M. Buisson : après tout, d’autres collaborateurs (par exemple M. Pascal, l’une des « plumes » du président) prenaient des notes afin de pouvoir écrire un ouvrage ; lui, il enregistrait… Mais, au fond – et c’est la seule chose qui compte vraiment – qu’a-t-on « appris » jusqu’à présent, si ce n’est rien que tout le monde ne sût déjà (par exemple, que l’hypothèse Borloo était grotesque et Mme Bachelot particulièrement nulle) ?

     

    Il est donc prématuré de parler de « scandale d’Etat », comme le fait M. Désir. De plus, si la divulgation des enregistrements ne profite certainement pas à M. Buisson, elle pourrait profiter, en revanche, à M. Hollande ou …à M. Sarkozy. C’est selon. Pour le savoir il faudrait pouvoir répondre à la question sur la fameuse « ligne Buisson » de 2012. En clair, M. Buisson a-t-il fait perdre M. Sarkozy – qui, dès lors aurait toutes les raisons de se débarrasser de lui – ou l’a-t-il « boosté » entre les deux tours – auquel cas, c’est M. Hollande qui pourrait se féliciter de son éviction, dans la perspective de 2017 ? Il est évident que personne n’a, ni n’aura jamais, la réponse.

     

    Plus intéressante est l’approche franchement politique de la question. Il est révélateur d’entendre Mme Kosciusko-Morizet affirmer que M. Buisson voulait « faire gagner les idées de Charles Maurras ». Elle-même et tous ceux qui, à sa suite, dans la presse et le microcosme politicien, vilipendent « ce pelé, ce galeux » de Buisson n’ont sans doute pas lu Maurras, mais cela importe peu ici. Tous ont flairé le danger : « la bête immonde » bougerait-elle encore ? Cependant, même si on ne peut qu’être d’accord avec nombre des analyses de M. Buisson, lui-même reste un bon exemple de ce syncrétisme pervers qui ravale Maurras au rang de penseur d’extrême droite.  

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    On sait que le mot « droite », dans son acception politique, trouve son origine dans l’Assemblée constituante de 1791. Se réclamer de la droite (ou de l’extrême droite), c’est donc s’inscrire dans un système partisan et se séparer d’une pensée maurrassienne plutôt anti–parlementaire (dans le sens actuel du mot) puisque prônant une monarchie royale absolument soustraite aux partis. Or, M. Buisson est bien sur cette ligne, selon laquelle il serait possible d’obtenir certaines « avancées » de l’une des factions portée au pouvoir, c’est-à-dire de composer avec le régime actuel, conçu comme une sorte d’alternance monarchique.

     

    Si cette « affaire » pouvait servir à rappeler ces quelques évidences, elle aurait au moins été utile à quelque chose.

     

  • Facebook/Tweeter : quelques uns des liens ”partagés” et des commentaires...

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    ... sur notre Page Facebook Lafautearousseau royaliste et sur notre Compte Twitter A.F.Royaliste






    1. Par Philippe Delorme :
     
     
     
     
     
     
     

    2. Par Hélène Richard-Favre :

     

    Chasser Vladimir Poutine du pouvoir, tel est le programme politique des punks russes désormais libérées suite à l'amnistie votée par la chambre basse du parlement russe, le 18 décembre 2013... : Bombes 
     
     
    3. Par Christian Vanneste :
     
    Dissoudre le Peuple ? Mais, c'est possible ! Plus un mot envahit le bavardage politique, plus la surabondance du mot cache l'affaiblissement de la chose. Ainsi en est-il du mot citoyen. Son sens est clair : il désigne le membre de la Cité, qu... :


    4. Par Denis Blanc : 

     
     


    Toujours intéressant Michea. Il faudrait qu'il aille au bout de sa démarche : si la "logique marchande" triomphe, c'est que les contre-pouvoirs de la logique religieuse et de la logique souveraine (politique) ont été broyées par la révolution.(M-Y Michel). 
    Récemment associé à la galaxie lepéniste par un dossier du "Point", le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d'"Impasse Adam Smith", répond à ses détracteurs et se défend face à la tentative d'annexion de sa pensée antilibérale par l'extrême droite.

     

    * Et, pour finir, deux réactions à notre note Les voeux présidentiels... :

     

     

    Le problème majeur de M. Hollande, comme de ses comparses, est qu'il est totalement déconnecté de la réalité. Celle-ci le gêne comme une mouche ou un bourdon qui virevolte incessamment autour de son visage. Il la chasse, mais elle revient avec une ténacité exaspérante. L'ENA, hélas !, n'est plus que l'ombre d'elle- même. Elle est devenue une pépinière d'arrivistes, de fats et d'êtres immatures. Elle n'a plus rien à voir avec l'ENA du grand serviteur de l'Etat qu'était M. Michel Debré. A l'époque, il y avait des idéaux à mettre en oeuvre. Aujourd'hui, il n'y a plus que des ambitions personnelles dérisoires au vu du naufrage de l'Etat. La priorité, en ce domaine, est bien une réforme en profondeur de cette école qui ne devrait plus être accessible qu'à des candidats ayant au moins dix ans d'expériences dans le public, le privé et à l'international. En quelque sorte, un système proche de celui de la défunte école de guerre. Il y a plusieurs raisons à cela : en premier lieu le bon sens à l'aune du vieux proverbe anglais suivant lequel :" Avant d'être amiral, il faut avoir été matelot".

    Écrit par : de Wargny | mercredi, 01 janvier 2014

    Avis partagé avec @De Wargny. Debré n’a rien inventé mais s’est inspiré de l’École des Cadres d’Uriage. Il est évidemment interdit de la rappeler …

    Écrit par : Jean Louis FAURE | jeudi, 02 janvier 2014

  • Dieudonné et l'antisémitisme ? Valls, PS et Gouvernement piégés par l'effet boomerang de la stratégie florentine du prop

    valls enerve.JPGValls donne beaucoup de coups de menton ces jours-ci; il adopte volontiers l'air du "dur", du "méchant" qui va "casser la baraque". C'est fou comme, dans ces moments-là, il ressemble à Mussolini : peut-être un vieux tic congénital des Partis socialistes européens ?...

    Mais peut-il vraiment se permettre de jouer les durs, Manuel Valls ? Et le Gouvernement avec lui ?

    Nous renverrons le lecteur à notre note du 21 novembre dernier : Révélation sensationnnelle du CRAN ; François Hollande est un président "ethnique"... !

    Là est exposé cruement le dilemme fondamental auquel se trouve confronté le PS depuis qu'il a cru malin, voire même finaud, de suivre la "stratégie" (!) de son Think Tank, Terra Nova : à savoir, remplacer feu la classe ouvrière - qui, de toutes façons, est majoritairement partie, avec armes et bagages, au Front National... - par de nouveaux arrivants, les immigrés.

    Oui, mais voilà : ce beau calcul, machiavélique et florentin, c'était "avant". Avant que, consterné, le PS ne découvre, mais trop tard, que les dits nouveaux arrivants, venus à 80 voire 90% d'Afrique du Nord et sub-saharienne venaient peut-être le ventre vide, mais certainement pas la tête vide. Concrètement, si entre 80 et 93% des Banlieues et Cités ont voté Royal en 20007 et Hollande en 2012, ces Banlieues et Cités, dans des proportions en gros comparables, adhèrent volens nolens, même si c'est parfois par simple suivisme, à un antisémitisme hérité de leur sympathie naturelle - pourrait-on dire - pour la cause palestinienne. Les travailleurs du fondamentalisme musulman trouvent dans ces masses un terreau idéal, une sorte de "classe" pré-préparée à entendre leur message et, surtout chez les plus jeunes, les tout jeunes, à le suivre.

    Et, cette chose toute simple, toute bête, manifestement, les brillants esprits de Terra Nova n'y avaient pas pensé...

    Se faire élire par "les Noirs et les Arabes" (c'est Louis-Georges Tin, président du CRAN qui le dit, comme on le voit dans la note ci-dessus) c'était peut-être rusé à très court terme, lorsqu'on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Mais c'était surtout s'enfermer dans une nouvelle clientèle, et se livrer à elle pieds et poings liés, puisqu'on lui devrait son élection, donc le pouvoir : comment ont-ils pu ne pas y penser, les brillants esprits de Terra Nova ? 

    Peinte à "la bombe", l'inscription "MORT AUX JUIFS" salit de nombreux murs de nombreuses cités; et il n'est pas rare qu'on l'entende, même, criée en plein jour lorsqu'on est tenu, pour telle ou telle raison, de traverser l'une de ces cités.

    Ainsi donc, dans leur soi-disant lutte contre Dieudonné et l'antisémitisme, et malgré leur grosse voix, leurs rodomontades et les mines sévères qu'ils affichent, Manuel Valls, le PS et le Gouvernement sont-ils, pire qu'en porte-à-faux, désarmés : le roi est nu ! Il ne reste donc, pour tenter de masquer cette réalité effroyable pour eux, qu'à brasser du vent, gesticuler, occuper les plateaux radio/télés, faire un maximum de bruit et d'enfumage pour distraire le public de la vérité...

    Mais c'est dérisoire : ils ont semé le vent, que croient-ils qu'ils vont récolter ?...

    Enfin, pour élargir le débat au moment de conclure - provisoirement... - ces quelques réflexions, redisons ce qui a été dit cent fois ici même - et qui le sera encore beaucoup plus : l'hypocrisie de ce Système est à son comble, alors qu'il prétend lutter contre l'antisémitisme. Ne laisse-t-il pas Napoléon aux Invalides, dans un splendide monument d'orgueil - indécent pour quelqu'un qui a fait tant de mal à la France - et qui disait, parlant des Juifs "Ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France" ? Et ne laisse-t-il pas Voltaire au Panthéon, lui qui écrivait : "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique). Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    Fermez le ban ! Comme disait Bainville, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle !...

  • La ”première Dame de France” ? Mais c'est ”Viens, pou-poule ! viens pou-poule ! Viens !...” à l'Elysée..

    felix faure.jpgIl était une fois... un président de la République qui mourut à l'Elysée, en galante compagnie...

    C'était l'époque heureuse où il n'y avait pas de politquement/historiquement/moralement-et-autres-corrects !...

    La "mondaine" s'appelait Marguerite Steinheil, et les journaux titrèrent - en parlant d'elle - "La pompe funèbre" et - en parlant de lui - "Il voulait être César, il ne fut que Pompée !..." : vous imaginez le tollé, aujourd'hui, dans notre monde écrasé sous la chape de plomb qui nous est imposée ?...

    Ce court préambule pour rappeler les moeurs combien plus libres de l'époque, comparée à la nôtre : celle des chansonniers qui s'en donnaient à coeur joie...

    Un autre homme politique d'importance avait trois femmes dans sa vie : son épouse, sa première et sa seconde maîtresse (1). Lors d'une soirée de cabaret, un chansonnier entonna un air guilleret demandant Quelle est donc la moitié de Monsieur Tiers ?, provoquant l'hilarité générale...

    "Ah ! Que nos pères étaient heureux !..." dit la chanson : ils pouvaient brocarder, épingler, se moquer, rire et faire rire de tout et de tous sans risquer, comme nous aujourd'hui, de tomber sous le joug des lois scélérates interdisant tout ce qui n'est pas obligatoire, et réciproquement...

    Risquons nous, cependant à poser la même question, nous aussi, à propos de notre président "Normal premier" et de celle que l'on appelle, tout à fait abusivement et complètement à tort la première Dame de France : marié avec aucune, et "pris" entre Ségolène Royal (avec qui, en "union libre", il eut quatre enfants), Anne Hidalgo (avec qui il en eut un) et, maintenant Valérie Trierweiler, laquelle des trois doit-elle - et peut-elle... - être appelée "la première Dame de France", et, là aussi, quelle est donc la moitié de Monsieur Tiers ?

    Oui, bien sûr, on nous rétorquera que certains rois ont eu des maitresses, et que l'inconduite de quelques uns n'était pas très brillante non plus. Le problème, c'est qu'aujourd'hui inconduite privée et délabrement public vont de pair. Le spectacle privé minable donné par nombre de nos plus hauts dirigeants dans leur vie de tous les jours accompagne le spectacle lamentable d'uen France qui ne cesse de décliner, de déchoir, de s'affaiblir, de s'effacer... Hier, si François premier et Henri II avaient des maitresses, ils nous laissaient une France considérablement agrandie, et entreprenant sa marche vers sa frontière naturelle du Rhin. Pareil pour Henri IV (qui mit fin aux Guerres de religion), pour Louis XIV et Louis XV, sous lesquels la France - considérablement agrandie aussi - était la première puissance du monde.

    "Nous ne sommes pas des gens moraux" disait Henri Vaugeois, descendant d'un Conventionnel régicide et l'un des fondateurs de l'Action française : nous faisons de la politique, et pas de la morale, comme les tenants de la nouvelle religion républicaine, qui, eux, se croient, "régénérés", comme le pensait ce pauvre fou sanguinaire de Saint Just : si nous pointons du doigt le lamentable spectacle privé qu'offrent tant de nos dirigeants, c'est qu'il n'est que le reflet d'une autre décadence, bien pire, et, celle-là, impardonnable : la décadence dans laquelle leur Système, celui qu'ils dirigent, a plongé notre pays.

    "...Qui donc a pillé le domaine ?..." : la réponse est sous nos yeux...

    (1) : Guitry disait qu'une femme avait besoin de trois hommes dans sa vie : un de soixante ans, pour le chèque; un de quarante, pour le chic; et un de vingt, pour "le choc" !... Ne cherchant pas le scabreux pour le scabreux, on se gardera bien, ici, de se demander pourquoi François "Normal premier" a eu besoin de trois femmes dans sa vie !...   

    hollande trieweiller.jpg 

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    pape_francois_vatican.jpg= Pendant que Champsaur nous prépare un "papier" sur "Le terrible 20 ème siècle et les génocides. Tous les génocides sont-ils égaux ou certains sont-ils plus égaux que d’autres ?..." on commencera la semaine en achevant de lire les réflexions d'Hilaire de Crémiers dans son Journal d'été, dont on a entamé la lecture mercredi dernier : après avoir pointé les très réels motifs de grande inquiétude dans sa première partie, Hilaire de Crémiers va souligner également, à l'inverse, les signes porteurs de grandes espérances...  

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    harlem-desir-imposture.JPG= Harlem Désir a peur, et cela le rend agressif. Il devient - ou plutôt, il continue d'être... - "stigmatisant et "discriminant" (mais oui !...) envers une partie des Français, sous prétexte qu'ils votent Front national. Qu'il aille au bout de sa logique : voudrait-il leur faire porter une étoile jaune ?...

    On a bien entendu, un jour, à la Télé, le sonore "Taisez-vous, Elkabbach" de Georges Marchais. En voilà un qui mériterait bien qu'on lui encoie le même "Taisez-vous, H. Désir !"... 

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    Ridicule-1995-1-2.jpg= Sa dernière outrance verbale est un "tweet" : Mélenchon n'a-t-il vraiment rien de plus "criminel " à dénoncer ? : "Il est criminel que le journal @lemondefr fasse sa 'une' sur le Front National alors que commence la fête de l'Humanité." " déclare Mélenchon, ulcéré, sur un tweet.

    En réalité, Mélenchon est un conservateur de fait, s'il est un révolutionnaire en parole, ou, plus généralement, en éructations. Il va à la "Fête de l'Humanité", sans un mot pour flétrir la plus grande horrreur que le monde ait connu depuis les origines de... l'humanité, mais il continue à donner des leçons de morale, lui, le profiteur et privilégié d'un Système dont il vit bien et même très bien. La révolution, c'est du côté de chez nous qu'il faudra venir la chercher...

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    Vincent-Peillon.jpg= En cette période de rentrée scolaire, comment ne pas évoquer l'action de celui de nos ministres qui se rapproche le plus des sinistres Saint Just et Robespierre ? Et qui a écrit, dans un ouvrage récent, qu'il continuait la guerre d'extermination livrée à l'Eglise catholique ?  

     

    On évoquera donc rapidement la "réforme Peillon" en général (le mot '"réformette conviendrait mieux... ), et la réforme des programmes d'Histoire en particulier : "On va déboussoler les élèves encore un peu plus", dit Franck Ferrand, sur la vidéo d'Europe1 que l'on visonnera pour la circonstance...

     

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     VIOLENCES 21.jpg                                                              = L'actualité (Syrie, Marseille, Nice...) nous a contraint de la reporter plusieurs fois, cette note qui  reviendra une fois encore - une fois de plus !... - sur ces Cités, zones de non-droit (!) et de délinquance/trafics en tous genre, organisés et prospérant en plein jour, au vu et au su de tous, que le gouvernement entend "rénover", à coups de milliards gaspillés en pure perte, et qui manquent cruellement ailleurs : à nos Armées, dans nos Hôpitaux, pour la Recherche, créatrice d'emploi et qui prépare l'avenir...

    Ces Cités ont été mal conçues, mal construites, puis abandonnées aux Mafias : on ne peut rien pour elle, sauf les détruire pour reconstruire, à leur place, un habitat de qualité et décent, digne d'êtres humains, qui remplacera enfin cette honte que sont aujourd'hui ces barres et ces tours : un habitat criminogène...

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    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir...

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  • Pour un budget militaire à 4% : d'accord avec Philippe Schneider, dans son éditorial de La Lorraine royaliste...

    4256901757.jpgLe numéro 301 de La Lorraine royaliste vient de paraître; outre un très bon article de Jean-Marie Cuny, dont nous reparlerons, sur La Lorraine et le nationalisme français, il contient l'éditorial de Philippe Schneider, que vous lirez ci-après, dans lequel il affirme, avec raison : "Il est évident qu'un pays comme le nôtre, pour être crédible et efficace, doit avoir une défense représentant un minimum de 4% du PIB..." :   

    La Lorraine royaliste edito.jpg

    blason Lorraine.JPG

    N'importe quelle personne sensée, tous clivages politiques abolis, ne peut en effet qu'admettre que le monde reste aussi dangereux qu'il l'a toujours été; que les dépenses militaires de certains pays - comme la Chine, Champsaur le rappelait récemment... - ont augmenté dans des proportions faramineuses; et que la puissance militaire - in fine - est, fondamentalement, ce qui créé la puissance tout court, même si, évidemment, elle n'est pas le seul critère à prendre en compte, et que, bien entendu, elle ne peut qu'aller de pair avec la "puissance économique"...

     On se reportera à ce sujet, et à titre d'exemple, à la note XXXVI de notre Catégorie Lire Jacques Bainville, intitulée "De la puissance des Etats-Unis : être libre c'est être fort...", dans laquelle Bainville montre bien que si le Président Coolidge hier, le président Obama aujourd'hui, peuvent parler (et être entendus) aussi fort, c'est avant tout grâce à leur très impressionnante puissance militaire; quelles que puissent être, par ailleurs, les problèmes et les faiblesses, parfois très graves, que connaissent les Etats-Unis...

    Or, à quoi assistons-nous, dans la France d'aujourd'hui, et avec les mesures qu'annonce le gouvernement ?  Tout simplement à ceci : notre effort de défense se ramènerait - se ramènera... - en dessous de celui de la Pologne !...

    "La France veut-elle sortir de l'Histoire ?", se demandait François d'Orcival (Le Figaro magazine, 22 mars 2003). La question serait plutôt, nous semble-t-il : le Système veut-il sortir la France de l'Histoire ?

    "Il y a danger de déclassement - explique François d'Orcival, dans son article - avertissent tous les groupes du Sénat , à l'exception des Verts, dans un appel lancé  par le président socialiste de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Jean-Louis Carrère, sénateur depuis vingt ans. "Il est de l'intérêt supérieur de la nation de amintenir son effort de Défense". Seuil minimal : 1,5 du PIB, contre 1,56 l'an dernier et deux fois plus il y a trente ans..."

    De 32 milliards pour les Armées,  lorsque Chirac a imposé la fin de la conscription, on est passé à 30 milliards, et on se dirige vers 22, soit 1,1 du PIB : un niveau "à peine supérieur à celui de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne", et "très inférieur à celui de la Pologne", note encore François d'Orcival : la constatation se passe de commentaires...

    Rappelons simplement qu'en 1966 le budget des Armées représentait 4,6 du PIB; en 81 (Mitterand...) : 2,97; en 2002 (Chirac) : 1,6; et en 2012 (Sarkozy) : 1,56 !... "On touche à l'os - écrit Zemmour - Une baisse supplémentaire rendrait notre armée ridicule... Notre souveraineté n'existera plus quand on n'aura plus d'armée pour la défendre." : on retrouve le fond du texte de Bainville sur le président Coolidge cité plus haut.

    C'est donc à bon droit que l'on peut plaider pour un budget militaire à 4%, ce qui donnerait 1% à chaque Arme (Air, Terre, Mer) et 1% à la Force nucléaire.

    Et cet effort devrait être maintenu, pour remettre notre Armée en état, au moins pendant une décennie, pour commencer. Après, on avisera...

  • Bonne nouvelle : ”Des Royalistes dans la Résistance”, de François-Marin Fleutot bientôt réédité...

    On peut probablement trouver cette info dans plusieurs endroits : en ce qui nous concerne, nous l'avons trouvée dans la dernière livraison de la Nouvelle Revue Universelle (n° 32), sous la plume de Louis Gonnet, dans l'excellent article qu'il a consacré à "Quelques évènements oubliés de la libération de Paris". Il est même précisé - c'est important - que cette réédition sera "largement complétée".... 

    RESISTANCE ROYALISTES 1.jpg

    Louis Gonnet est un excellent connaisseur de l'histoire de la Résistance. Dans la lignée du livre de François-Marin Fleutot, il contribue activement aux recherches en cours sur cet aspect de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale.

    La remise en cause des idéaux d'origine de la Résistance à partir du retournement des communistes - suite à la rupture par Hitler de son pacte avec Staline - a été évoquée par André Pertuzio, dans le numéro précédent de la Revue (n° 31).

    Elle a eu des répercussions importantes sur la préparation et le déroulement de la libération de Paris. Les communistes comptaient minimiser le rôle des Alliés et prendre le pouvoir à la faveur d'une insurrection populaire.

    L'intervention surprise d'une division française, la 2ème DB, allait déjouer ce plan (dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes.... , voir les deux photos "La 2ème DB : de Douala à Berchtesgaden... (I/II)" et "...en passant par la Normandie (II/II) !").

    Mais ce qu'on sait moins, et que montre Louis Gonnet dans son article, c'est qu'au sein même de cette Résistance, les FFI de la Seine étaient en conflit ouvert - à la limite de la guerre civile - avec les FTP communistes. Ces FFI étaient des militaires, et parmi eux les royalistes n'étaient pas rares (1)... 

    Voici, juste les deux paragraphes de conclusion de l'excellent article de Louis Gonnet : 

    resistance louis gonnet nru.jpg

    (1) : on pourra consulter (avec les références, évidemment...) plusieurs documents importants sur ce sujet, à la fois dans notre Catégorie Lire Jacques Bainville et dans nos deux Albums Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. et Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet.

    On y verra bien, par exemple, que, dès le 26 juin 1930, Jacques Bainville dénonçait Hitler comme "le monstre", "le minotaure", un "agitateur", qui "joue sur tous les tableaux de la démagogie violente"; un "energumène" au "programme qui ne tient pas debout"...

    Neuf ans, donc, avant que "L'Humanité" ne soit interdite - le 25 août 1939 - pour son approbation du Pacte germano-soviétique, passé entre Staline et Hitler !

    Et la comparaison de trois "Une" de 1939 (de "L'Action franaçaise", de "L'Ouevre - socialiste - et de L'Humanité" ser évèle très instructive !... 

    "Inutile Cassandre" - pour reprendre le mot de Chateaubriand - Bainville en particulier, toute L'Action française en général, ont donc bien passé les vingt ans séparant 1918 de 1939 à avertir, prévoir, conseiller... un Pays légal, certains militaires et une certaine partie de l'opinion publique qui n'ont voulu ni voir ni rien entendre, pendant ces vingt années où - du moins au début - tout était possible à la France.

    La politique que proposait l'Action française, c'était le démembrement de l'Allemagne, dès la victoire acquise - mais à quel prix : notre jeunesse sacrifiée... - : un tel démembrement aurait, évidemment, empêché l'évolution ultérieure que l'on a connue. Dans sa politique que l'on peut bien qualifier, dans les faits, d' "intelligence avec l'ennemi", le Système ne l'a ni su, ni pu, ni voulu...  

    Pardon ? Vous avez demandé qui étaient les premiers résistants, et qui étaient les premiers collabos ?.....