UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : radio ville marie

  • Sur le site de l'URBVM : penser national consommer local, par Julien Rémy.

    Source : https://urbvm.fr/

    L’URBVM informe ses lecteurs qu’à l’initiative de la chambre de commerce et d’industrie  715 boutiques du département se sont inscrites sur la plateforme «Ma ville, mon shopping» celle-ci va dans notre sens « consommer local penser national ». Nous soutenons cette initiative qui permet de soutenir les circuits courts.

    Selon la CCI, quelque 7.300 références sont actuellement disponibles sur cette «market place», mise au point par La Poste. Les boutiques de prêt-à-porter y sont pour l’instant majoritairement représentées mais l’objectif est de proposer une offre exhaustive. Des services pourraient également être proposés. En attendant, la plateforme évolue quotidiennement : un mode de recherche par type de produits vient par exemple d’être ajouté.

    Nous insistons sur le fait que consommer local ceux sont des emplois maintenu et soutien notre tissu social.

  • NON AU CADA DE BELÂBRE !

    cada

     

    J'apporte mon soutien !

     

    Nous avons rappelé ce week-end que la France n'est pas morte, et qu'elle ne souhaite plus souffrir de l'immigration imposée par Paris et Bruxelles.

    Nous sommes allés protester contre la construction d'un CADA dans une ville de moins de mille habitants, à Bélâbre (36). Un CADA à cet endroit, c'est à coup sur la mort d'un village.

    Pour que nous puissions continuer à combattre cette vague migratoire, pour que nous puissions continuer de nous élever contre les politiques
    anti-françaises nous avons besoin de vous.


    La menace de nous bâillonner est bien réelle mais, grâce à vous, nous ne nous tairons pas.

    Merci par avance pour votre soutien !

    • 5€ c'est nous aider à éditer des autocollants,
    • 10€ c'est nous aider à éditer des affiches,
    • à partir de 20€ c'est nous aider à réaliser des actions !
    •  

    JE SOUTIENS CETTE ACTION !

     

    La Restauration nationale
    10, rue Croix-des-Petits-Champs 75001 Paris

    www.actionfrancaise.net

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Un brave type, Marvin, dont le seul tort était de travailler (et tôt...) est mort, assassiné; mais Momo, l'assassin, lui, va très bien !

    Des célébrités pourraient l'appeler "petit ange", au moins sa non-mort nous aura permis d'éviter des émeutes ethniques d'ampleur nationale, à un milliard d'euros environ...

    Retour - avec Le Parisien - sur cette tragédie de Clamart; là où, à 14 ans, un délinquant - devenu assassin - a volé une voiture à 3 heures du matin pour, finalement, tuer un autre automobiliste après une course-poursuite avec la police...
     
    Nouvelle confirmation de ce que l'on sait depuis longtemps, et qu'on a dit ici mille fois : le Système a transformé la France en une gigantesque poubelle, et - où que nous soyons, et à n'importe quel moment - nous sommes tous 66 millions de décapitables/écrasables/assassinables... en sursis...

    1AZZZ.jpg

     

    Utile rappel de Jean Sévillia, après les célébration du "Jour J" :

    «Il est une autre catégorie d’hommes qui ont travaillé à la libération du pays, pour certains jusqu’au sacrifice de leur vie, mais qui,eux, sont des oubliés de la mémoire nationale. C’est qu’ils ne cadrent pas avec les schémas préconçus: fidèles à la personne du Maréchal Pétain, non gaullistes (…), ils étaient néanmoins passionnément hostiles aux Allemands et à la collaboration. L’historien Jean-Pierre Azéma les appelle les "vichysto-résistants"..."

    Image

     

    1AZZZ.jpg

     

    1. L'un des innombrable scandales de notre Système néfaste et malfaisant... On l'a déjà dit, mais il faute le répéter encore et encore. Cette fois, c'est Nicolas Pouvreau-Monti qui répond aux questions de Vincent Roux  :

    "40 à 60% des places d'hébergement d'urgence de l'État sont occupées par des immigrés en situation irrégulière, nous apprend la Cour des comptes..." 

    (extrait vidéo 0'59)

    https://x.com/ObservatoireID/status/1798378019213775059

    @ObservatoireID's video Tweet

     

    2. Une défaite pour "l'éoliénicide" ! Sur France 3 Régions : "C'est la fin d'une bataille judiciaire qui aura duré plus de quinze ans. Les trois éoliennes de Guern dans le Morbihan sont en cours de démantèlement. Elles ont tourné et fonctionné durant seize ans, mais les opposants ont fini par obtenir gain de cause..."

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/morbihan/quand-le-pot-de-terre-gagne-ca-fait-vraiment-plaisir-ils-obtiennent-le-demantelement-de-trois-eoliennes-apres-16-ans-de-procedures-2980955.html

    Image

    Trois éoliennes démontées, pour l'instant : d'autres suivront !

     

    3. La Tribune collective du Figaro Vox : "Nous demandons l'interdiction explicite de l'euthanasie et du suicide assisté pour les personnes porteuses de handicap mental..."

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/nous-demandons-l-interdiction-explicite-de-l-euthanasie-et-du-suicide-assiste-pour-les-personnes-porteuses-de-handicap-mental-20240604?utm_source=app&utm_medium=share&utm_campaign=android_Figaro

     

    4. Pour qui se prend "La Croix", avec son affirmation péremptoire ? Et, accessoirement, pourrait-elle citer ses "sources" ?...

    Image

    5. Dans le JDD : Lyon : le voyage en avion privé du maire écologiste Grégory Doucet scandalise...

    https://www.lejdd.fr/politique/lyon-le-voyage-en-avion-prive-du-maire-ecologiste-gregory-doucet-scandalise-146045?at_medium=Fan+Page&at_campaign=Twitter&at_creation=JDD

     

    6. Le "saccage paris" c'est aussi cet embouteillage permanent de la ville depuis dix ans, que dénonce Pierre Liscia (ici, dans Le Figaro) : Paris est une ville en embouteillage perpétuel...

    "Paris est une ville en embouteillage perpétuel. Ça fait 10 ans que les conditions de circulation s'aggravent à Paris et les Jeux Olympiques n'y sont rigoureusement pour rien."

    https://www.lefigaro.fr/vox/politique/pierre-liscia-paris-est-une-ville-en-embouteillage-perpetuel-20240603

    Embouteillages à Paris, le 13 septembre 2019.

     

    7. Et l'on terminera cette Revue d'aujourd'hui avec cette rétrospective - proposée par France catholique - des processions de la Fête Dieu un peu partout en Europe : l'Europe, un continent chrétien, et qui le restera...

    (vidéo 3'11)

    https://www.france-catholique.fr/la-fete-dieu-dans-le-monde.html

     

     

     

    À DEMAIN !

    1AZZ.jpg

     
  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (204)

     

    1AAAAAAAAAa.jpg

     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : En exil, la gestation de "Paris vécu"...

    ---------------

    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

    1A.jpg

    La Première série, "Rive droite", est dédiée :
    "À la mémoire de Plateau, de mon fils Philippe et de Berger, assassinés, aux Commissaires des Camelots du Roi; je dédie, de l'exil, ces images de notre Paris que nous aimons" Léon Daudet, Décembre 1928).

     

    Introduction aux Aspects et Souvenirs

    "C'était en l'an 19.. qui suivit la grand'guerre, un soir de février doux et blanc.
    Celle qui éclaire et gouverne ma vie et mes travaux depuis de longues années, depuis le jour radieux de notre mariage dans ce petit village de Touraine, me dit qu'il fallait voir et reconnaître l'éveil du printemps sur la Seine.
    Nos enfants dormaient. La maison était silencieuse, le quartier divinement paisible.
    Nous descendîmes notre rue provinciale et déserte jusqu'au pont, que l'on traversa.
    La Seine était à la fois brillante et noire comme un poème de Villon. Le "jardin des Rois" comme disait Marguerite, la servante des Bainville, était devant nous : silhouettes d'arbres dépouillés; vagues formes de statues fantômales sous deux tiers d'une lune couleur citron.
    Environnés de la perfection du silence (beaucoup plus proche de la musique que le bruit), nous étions parfaitement bien, et devant un secret entrevu, lequel concernait la grande ville, où nous sommes nés l'un et l'autre, à de longues années de distance, dans un même quartier : le Marais.
    Assis sur un banc, tels deux purotins (mot d'argot pour "pauvres", ndlr), nous nous demandions en quoi réside le charme unique, extraordinaire de Paris.
    - Est-ce la Seine ?
    - Elle y est pour beaucoup par son frisson, ses moires, ses reflets. Mais elle n'est pas tout et, quand on pense de loin à Paris, ce n'est pas elle qu'on voit immédiatement.
    - Est-ce le centre luxueux et brillant : la rue Royale, la Place de la Concorde, les Champs-Elysées, la rue de la Paix ?
    - Certainement non. La partie luxueuse de Londres, Picadilly, Saint James, Hyde Park, donnent une impression de richesse et de fête supérieure à celle de Paris.
    - Est-ce le mélange de vieux et de neuf, le maintien de pans, somptueux ou haillonneux, d'histoire, Notre-Dame et Saint-Séverin, ce conglomérat de villages, de gros bourgs qu'on appelle les faubourgs de Paris ?
    - Nous approchons de la vérité. Paris est beau comme une eau-forte, où il y a des noirs et des blancs, des noirs du passé, des blancs de l'heure.
    Méryon l'a buriné à merveille, Baudelaire aussi, Alphonse Daudet également, et, après ces trois graveurs de Paris, il y a quelques bonnes lithographies de Victor Hugo dans "Les Misérables".
    Ensuite, au loin, on peut citer honorablement "La Bièvre" d'Huysmans, le quartier de la Goutte d'Or de Zola et le Belleville de Geffroy.
    C'est à peu près tout.
    Ah ! pardon, Drumont, bien qu'assez peu poète, a écrit "Mon vieux Paris" qui, moins didactique, eût été un chef d'oeuvre.
    Quant à l'ouvrage de Maxime du Camp, c'est un compendium, un répertoire et rien de plus.
    Nous convenions ensuite que Paris étai comme l'inclusion d'une foule de romans - l'histoire des familles qui l'habitent - dans un très grand drame, son histoire à lui.
    C'est une ville ardente et menacée.
    Elle garde des amours et des haines qui peuplent ses nuits, des travaux qui peuplent ses jours.
    Elle est menacée par les peuples voisins et sous des formes très différentes, qui vont du bombardement à l'immigration.
    Elle est menacée par la politique et, comme la France, par le régime républicain qu'elle s'est donné.
    Elle est menacée par ses gueux, ses avides, ses révoltés, ses rôdeurs, ses souteneurs et ses filles.
    Elle est menacée par ses vices, issus de ses plaisirs.
    C'est de cette causerie nocturne aux Tuileries qu'est né le projet que je consacre aujourd'hui à ma ville, à notre ville : raconter Paris, où je suis né, à travers mes souvenirs et ceux des miens.
    L'exil, qui fait de la distance et donc une certaine objectivité, m'a paru propice à sa réalisation."

  • Jean Sévillia : « Malgré l'effondrement de notre société, une France tient encore debout »

    Crédits Photo : FABRICE DEMESSENCE

     

    Par Vincent Tremolet de Villers           

    À l'occasion de la sortie d'un recueil de trois essais, Jean Sévillia a accordé au FigaroVox [26.09] un entretien où il revient sur l'historiquement correct et le moralement correct qui pèsent plus que jamais sur notre société. Mais il ne doute pas d'une « renaissance future ».  LFAR

     

    902697296.3.jpgVous publiez en un recueil trois essais historiques et politiques: «Historiquement correct», « Moralement correct » et « Le Terrorisme intellectuel ». Commençons par ce dernier, dont la première parution date de l'an 2000. Seize ans plus tard, le terrorisme intellectuel a- t-il disparu, et sinon quelles sont ses nouvelles formes ?

    Il suffirait d'évoquer quelques manifestations toutes récentes du terrorisme intellectuel, ce que je fais dans la préface de ce volume qui réunit des textes plusieurs fois déjà réédités et actualisés, pour constater que, non seulement le phénomène n'a pas disparu, mais qu'il sévit plus que jamais. Faut-il rappeler les attaques subies au cours des dernières années, pour ne retenir que quelques figures en vue, par les philosophes Alain Finkielkraut ou Michel Onfray, par le journaliste Eric Zemmour, par le comédien Lorànt Deutsch ou par le romancier Michel Houellebecq ? Faut-il rappeler les conditions dans lesquelles s'est déroulé le débat - ou plus exactement l'absence de débat - sur le Mariage pour tous, où il était posé par principe qu'en être partisan était le signe d'un esprit ouvert et moderne et qu'en être l'adversaire était le fait d'une mentalité intolérante et rétrograde ?

    Dans une société démocratique où le débat d'idées est censé être libre, tout se passe comme si certaines idées étaient interdites, certains sujets tabous, et certaines voix moins légitimes que d'autres puisqu'elles contreviennent à la pensée dominante, qui est la pensée des élites politiques, culturelles et médiatiques. Le mécanisme du terrorisme intellectuel n'a pas varié. Il consiste à jeter l'opprobre sur les opposants à cette pensée dominante en leur collant, explicitement ou implicitement, une étiquette qui a pour but de les réduire au silence en jetant le discrédit sur leur personne et leur propos. Ces étiquettes se traduisent par des mots - réactionnaire, raciste, fasciste, homophobe, etc. - qui n'ont plus un sens objectif : ils peuvent s'appliquer à n'importe quoi et n'importe qui afin de les disqualifier selon le principe de l'amalgame et de la reductio ad hitlerum. Ce qui change, en revanche, c'est l'objet du terrorisme intellectuel, puisque celui-ci est indexé sur l'idéologie dominante. Il y a cinquante ans, quand le marxisme triomphait chez les intellectuels, être anticommuniste valait de se faire traiter de « chien » par Jean-Paul Sartre. Aujourd'hui, alors que l'antiracisme et le multiculturalisme sont présentés comme des impératifs catégoriques, affirmer que l'origine et l'ampleur des flux migratoires pose un problème à la France et à l'Europe en général vaut d'être accusé de racisme.

    Dans votre ouvrage Historiquement correct, vous rétablissiez un certain nombre de vérités que l'histoire « grand public » ne diffusait pas. Considérez-vous que les légendes noires de l'Histoire de France se sont estompées ?

    J'aimerais le croire, mais ces légendes qui concernent d'ailleurs toute l'histoire occidentale et pas seulement l'histoire de France ont la vie d'autant plus dure qu'elles sont véhiculées et répercutées par de multiples canaux, depuis les manuels scolaires jusqu'aux jugements lapidaires qui émaillent les discussions de bistrot. Ce que j'ai appelé l'historiquement correct, le politiquement correct appliqué à l'histoire, vient de loin. Il a sa propre histoire que l'on peut reconstituer, puisqu'il mêle procès contre l'Europe catholique venant des Encyclopédistes, vision négative du monde d'avant 1789 et légende dorée de la Révolution française, legs de l'école républicaine des XIXe et XXe siècles, refus de l'histoire événementielle et lecture socio-économique du passé, héritage de l'école marxiste, et enfin histoire analysée au prisme des droits de l'homme, fruit de l'individualisme ambiant. Rétablir la vérité est un travail long, et patient. Il suppose d'opposer des faits aux légendes, et surtout pas des légendes inversées, ce qui serait le contraire de la démarche historienne. Avec le temps, en faisant progresser la recherche, on obtient des résultats. Les guerres de Vendée de 1793-1794, par exemple, sont beaucoup mieux connues qu'elles ne l'étaient il y a un demi-siècle, parce qu'il y a eu d'authentiques travaux d'historiens sur cet épisode dramatique, et bien rares sont ceux qui nient que la population civile vendéenne de l'époque a été victime d'une entreprise d'extermination. Autre exemple, on commence à reconnaître que la traite négrière était un système qui n'impliquait pas que les Européens, puisque certaines tribus africaines vendaient leurs frères de couleur, et qu'il a toujours existé une traite interafricaine, des hommes étant réduits en esclavage et mis en vente à l'est du continent par des trafiquants arabo-musulmans.

    Comment expliquer le décalage entre le sérieux des publications historiques et la légèreté avec laquelle le cinéma et les séries télés abordent cette même histoire ?

    En soi, ce décalage n'est pas nouveau. Les feuilletons écrits du XIXe siècle, quand ils campaient leur intrigue dans le passé, prenaient déjà des libertés avec l'histoire réelle. Même chose pour le théâtre ou le cinéma. Et même chose encore pour la télévision quand elle était un genre naissant. Les grandes séries télévisées historiques des années 1960 et 1970 n'obéissaient déjà pas aux canons universitaires, mais au moins y avait-il un souffle, une ambition. Du Chevalier de Maison-Rouge (1963) à Vidocq (1967) et des Cathares (1966) aux Rois maudits (1972), toute une génération y a gagné le goût de l'histoire, même si la véracité de ces films était discutable. On peut donc faire de la fiction télévisée avec une certaine exigence historique. Encore faut-il avoir le goût de l'exigence et le respect du passé, ce qui n'est guère dans l'air du temps de nos jours.

    La place de l'histoire se réduit dans les programmes scolaires et se diffuse de plus en plus à la radio (Franck Ferrand), la télévision (Stéphane Bern), en librairie, dans les festivals… Comment expliquer ce paradoxe ?

    Ce paradoxe n'en est pas un. Il y a même un lien de causalité direct entre l'amenuisement de la place accordée à l'histoire à l'école et le succès des bonnes émissions historiques, des biographies des grands personnages et des spectacles et reconstitutions historiques. En réalité, dans une époque bouleversée, les gens cherchent des repères, y compris dans le passé. Si l'école n'enseigne plus l'histoire de notre pays comme elle l'enseignait autrefois, ils vont chercher eux-mêmes ces repères. Ce mouvement ne fera que s'accélérer : plus on voudra nous couper de nos racines, plus elles seront prisées, par un mouvement naturel de réappropriation d'un héritage volé, occulté ou méprisé. La philosophe Simone Weil affirmait que le passé est un des plus vitaux des besoins de l'âme humaine. Que Madame Najat Vallaud-Belkacem lise Simone Weil…

    Dans votre préface vous revenez sur les notions discutées de « victoire culturelle » et de « bataille des idées ». Considérez-vous que les « réacs » ont gagné ?

    C'est un refrain que reprend, sur un ton dépité, la presse de gauche : la droite - ou les conservateurs, les réactionnaires, etc. - auraient gagné la bataille des idées. Or ce refrain est largement trompeur. Il est vrai, ce qui est nouveau par rapport au paysage des idées d'il y a quinze ans, que quelques figures telles qu'Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour obtiennent de réels succès d'audience quand la télévision ou la radio leur tendent un micro, ce dont je me réjouis. Mais ces individualités demeurent des exceptions sur les ondes, et leurs propos suscitent un violent contre-feu, quand ce ne sont pas des menaces de poursuites judiciaires, parfois mises à exécution. Il est encore vrai que la pensée de gauche mouline dans le vide, mais elle continue néanmoins à mouliner… Il n'est que d'observer la façon dont sont analysés les facteurs qui conduisent des jeunes vivant en France au djihadisme pour constater que les commentateurs tournent toujours autour d'explications sociales - pauvreté, exclusion, déscolarisation, etc. - pour ne pas voir et nommer la réalité, qui est politique, culturelle et religieuse.

    Non seulement le concept de « néoréac », lancé en 2002 par le livre de Daniel Lindenberg, essayiste de gauche, procède d'un amalgame réducteur - non, Pascal Bruckner ne pense pas comme Natacha Polony qui ne pense pas comme Elisabeth Lévy et ainsi de suite - mais le fait que la haute cléricature de gauche ait disparu ou se taise n'empêche pas la basse cléricature d'être en place. Faites un sondage sur ce qu'on pense dans les salles de profs ou dans les rédactions des chaînes publiques de la loi travail ou de la question des migrants, et vous serez édifiés. Or dès lors que tous les Français passent par l'école ou regardent la télévision, ils en subissent l'influence, même si beaucoup savent aussi s'en libérer. Par conséquent, j'en suis bien navré mais, sur le terrain, la « victoire culturelle » n'est pas encore là. En dépit de tout, nous ne sommes pas sortis, culturellement parlant, du paradigme selon lequel il serait bien d'être de gauche et être de droite imposerait de s'excuser. C'est si vrai que la droite, qui ne brille pas par ses idées, fait tout pour faire oublier qu'elle n'est pas de gauche. Je ne suis pas de ceux qui croient que le clivage droite/gauche est caduc. Cette distinction structure notre vie politique depuis deux siècles, et elle n'est pas près de disparaître, même si ses frontières se sont déplacées, et même si les élites dirigeantes de droite comme de gauche communient dans un libéralisme libertaire qui les rapproche et souvent les confond.

    La bataille se déroule-t-elle à l'université, dans les librairies ou dans les émissions de divertissement ?

    Elle se déroule partout, puisque le politiquement correct se niche aussi bien dans les amphithéâtres des universités que dans les librairies et les studios de télévision ou de radio où les clowns d'aujourd'hui jouent les penseurs. A chacun son créneau ou son talent parmi les rebelles au politiquement correct. Personnellement, je ne me sentirais pas à l'aise dans une émission de divertissement, mais je me félicite que des amis s'y risquent. Dans les librairies, le succès des ouvrages qui expriment des idées à contre-courant prouve que les lignes bougent dans la société, à défaut d'un changement dans la sphère politique, culturelle et médiatique. Quant à l'université, elle n'est pas monolithique. Si vous saviez les témoignages que je reçois d'historiens universitaires me remerciant pour ce que j'écris…

    Le « moralement correct » est-il le même que celui que vous décriviez dans votre essai ?

    Oui. Nous sommes toujours sur le coup, et nous le resterons très longtemps, de la profonde révolution intellectuelle et morale des années 1960-1970 qui a érigé en paradigme l'individu et ses droits conçus comme un absolu. Très schématiquement, on considérait naguère que l'individu devait d'abord quelque chose à la société. On considère aujourd'hui, à l'inverse, que la société doit d'abord quelque chose à l'individu. Au sein de la famille, de l'école, de l'université, de l'entreprise, dans les loisirs ou la politique, dans le rapport à la culture ou à la religion, cela a tout changé. C'est l'individu qui fixe ses propres normes du bien et du mal et qui définit ce qu'il veut ou non accepter comme contrainte collective. En d'autres termes, il n'y a plus de normes objectives et indiscutables. Mais cette révolution est paradoxalement contraignante, puisque l'absence de normes est devenue une norme, et donc une obligation. C'est cela, le moralement correct.

    Vous reprenez à votre compte la citation d'Albert Camus lors de son discours de Stockholm: « Empêcher que le monde se défasse ». Le « vieux monde » ne s'est-il pas défait en grande partie ? N'est-ce pas le moment de reconstruire autre chose ?

    Si, mais on ne reconstruira pas sur du vide. Les plus grands créateurs ne sont jamais partis de zéro. Ils étaient d'abord des héritiers, même s'ils bousculaient l'héritage. Demain, il faudra reconstruire en s'appuyant sur les principes qui ont toujours fondé les civilisations. On ne peut faire l'économie de la réception et de la transmission, du lien entre les générations, du partage d'un héritage. En dépit de l'effondrement visible de notre société, ce qui tient encore debout repose sur des individus et des familles qui, elles-mêmes, tiennent bon sous la mitraille de l'époque. Ces forces-là sont plus nombreuses qu'on ne le croit. Elles sont la garantie de notre future renaissance.   

    Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine. Il vient de publier Ecrits historiques de combat, un recueil de trois essais (Historiquement correct ; Moralement correct ; Le terrorisme intellectuel) qui vient de paraître aux éditions Perrin.  

    Vincent Tremolet de Villers    

    A lire aussi sur Lafautearousseau ...  

    Jean Sévillia : « Écrits historiques de combat »     

  • La disparition, par Frédéric Rouvillois.

    Pour Alice Coffin(e). Où l'audience de notre publication prendra la mesure des horribles tribulations que la cause féministe ferait subir à notre nation si la mauvaise fortune voulait qu'elle triomphe jusqu'à cette extrémité où notre langue serait privée de toute parole, expression ou locution masculine.

    4.jpg– « Bonjour ma chérie ! », susurra Dominique en ouvrant les paupières.

    – « On ne dit pas ça quand on est polie, ma chatte, on dit bonne journée ! », rétorqua Danielle en balançant une claque retentissante sur les fesses excessivement rebondies de sa jeune compagne. « C’est au moins la centième fois que je te répète qu’on ne prononce pas de paroles ni de formules masculines en ma présence, ça me donne envie de vomir, tu avais oublié ? »

    – « Oh, non, pas plus que tes fessées matinales ! »

    – « Tu sais que c’est aujourd’hui la grande journée ! Et en plus, elle fait belle ! J’ai une faim de louve, pas toi? Je file prendre ma douche dans la salle d’eau, et puis je nous prépare à la cuisine une fiesta gastronomique dont tu me diras des nouvelles ! »

    Dix minutes plus tard, dans la luxueuse cuisine américaine aménagée à la dernière mode, les deux amies, à peine moins dévêtues, se retrouvèrent devant une chicorée fumante sucrée à la cassonade et une impressionnante montagne de viennoiseries. Danièle avait toujours eu tendance à abuser des bonnes choses, mais elle s’était laissé glisser franchement sur la pente fatale des voluptés alimentaires dès la minute où elle prit conscience que la minceur, de même que la « beauté », l’élégance ou l’épilation, n’étaient que des contraintes culturelles imposées aux femmes par la violence de l’oppression patriarcale fasciste. À l’époque bénie du matriarcat, la femme ne se souciait pas de ces questions futiles, elle assumait glorieusement sa nature, ses formes épanouies, ses mamelles tombantes et sa pilosité vigoureuse.

    – « Je te disais que c’est la grande journée, ma chatte ! Toute à l’heure, je rencontre la Ministresse pour notre affaire de prolongation ! Et si les choses se passent comme prévu, nous ferons notre entrée en fanfare dans la grande histoire de la libération de la femme ! »

    – « Tu veux que je fasse des courses pour fêter ça demain ? »

    – « Excellente initiative ! Va donc chez la bouchère à l’intersection de l’Avenue Halimi et achète deux douzaines de côtelettes de truie, tu veux, coupées à la feuille, comme j’aime ! Et si elle avait une bonne grosse hampe de génisse pour la fin de la semaine, prends-là aussi ! »

    – « Toi au moins, t’es pas végane ! »

    – « Je les emmerde, ces véganes, elles sont manipulées par les grandes organisations masculines pour faire croire qu’on doit donner la priorité à la dénonciation de la souffrance animale, et non à la lutte contre l’aliénation féminine ! »

    – « Alors, vive la viande ! », s’exclama Dominique, ébouriffant d’une caresse la chevelure rousse et crêpelée de sa compagne.

    Vêtue de flanelle anthracite, une paire de lunettes à grosses montures d’écaille posées sur la hure, sa mallette à la main, Danièle ressemblait à ce qu’elle était devenue, la chairwoman de la très influente Confédération générale des associations de promotion de la Femme. C’est à ses propres qualités, à son énergie et à ses convictions, qu’elle devait d’avoir grimpé si vite jusqu’à la cime de cette organisation puissamment ramifiée où elle avait débuté quelques années plus tôt en exerçant les modestes fonctions de militante de base. C’est là qu’elle avait fait la connaissance de Dominique, une ancienne femen qui en avait conservé l’habitude singulière de se promener toujours toutes poitrines dehors.

    Danièle dut se tortiller pendant trente secondes pour s’installer aux commandes de sa Mini, boucla sa ceinture avec encore plus de difficultés en pestant contre les compagnies automobiles qui ne songeaient qu’à la clientèle des maigrelettes, puis mit en marche la radio. Après deux minutes rituelles sur France Info pour savoir si de nouvelles catastrophes ne s’était pas abattues sur l’Europe, elle changea pour Radio-Sapho, sa favorite. C’était la seule à respecter pleinement la législation sur la discrimination positive, et surtout, à ne diffuser de musiques qu’écrites et interprétées par des femmes : la station en profitait pour rappeler à l’occasion que la musique céleste qu’on écoutait sous la dénomination de Bach avait été écrite par Anna-Magdalena, de même que l’on devait rendre à Clara Schuman, à Cosima Wagner, à Nafissatou Orff et à Rosy Beethoven les œuvres inconsidérément attribuées à leurs moitiés. Elle seule n’hésitait pas à répéter que l’histoire culturelle n’était que celle d’une immense spoliation, doublée d’une usurpation que la tyrannie masculine était parvenue à dissimuler d’époque en époque par la violence et la tromperie. Depuis l’origine, les femmes avaient tout fait, tandis les personnes masculines, sous la menace et par la force, avaient récolté les palmes, les couronnes et la gloire. Sale race ! Heureusement que Radio-Sapho rétablissait la vérité !

    Et voilà que ça bouchonnait dans les rues ! Décidément, même si c’était plus simple en apparence, elle n’aurait pas dû passer par la place Vendôme. Depuis qu’on avait renversé la monstrueuse Colonne, répugnante allégorie de la domination phallique, et qu’on avait décidé de laisser les ruines sur place au nom de l’obligation de mémoire, toute la zone était bloquée. On aurait mieux fait de l’évacuer dans une décharge quelconque, comme on avait fait naguère pour toutes ces statues machistes déboulonnées les unes après les autres, et remplacées par les effigies lumineuses des bienfaitrices de l’humanité. Heureusement qu’elle n’avait plus que quelques centaines de mètres à faire avant d’arriver.

    Saluée respectueusement par les policières de garde, Dominique gara sa Mini dans la cour pavée. Elle était devenue une familière, la conseillère la plus écoutée de la ministresse.

    Elle s’extirpa en ahanant de la voiture, puis monta jusqu’à la porte principale. Là, une personne masculine l’attendait, une énorme chaîne dorée brinquebalant de la nuque jusqu’à l’aine. Dominique lui fit une petite moue moqueuse, s’en approcha et lui demanda : « Alors ma poule, toujours pas bénéficiaire de la loi ablation des testicules, alors que l’opération est intégralement remboursée par la sécu et qu’elle donne droit à toute une série de primes ? » Puis elle traversa l’antichambre à grandes enjambées et, sans toquer à la porte, s’engouffra dans la pièce somptueuse où s’était installée la ministresse.

    – « Bonjour ma chérie ! Je t’attendais pas si tôt ! »

    – « Bonjour Madame la ministresse ! Tu as l’air en forme ! Mes collègues ne devraient arriver que dans une demi-heure, mais je voulais te voir en avance. La question, tu le sais, c’est la prolongation de la durée d’IVG jusqu’à 18 semaines. Tu te souviens de la foire que ça avait fait en 2020 lorsqu’on l’a allongé jusqu’à 14 semaines, puis jusqu’à 16 semaines en 2022, après la réélection ? L’idée, c’était que les limites initiales réduisaient la liberté fondamentale d’IVG et créaient une situation inégalitaire puisque seules les riches pouvaient recourir à des cliniques étrangères ou clandestines à l’issue des douze semaines légales… Malheureusement, je crains que cette sorte d’argumentation ne suffise plus. »

    – « Tu as raison, ma chérie ! »

    – « C’est pourquoi je me suis permis de venir te soumettre ma nouvelle idée… »

    – « Vas-y, je suis toutes ouïes ! »

    – « Voilà : 18 semaines, c’est la date à laquelle a lieu en général la seconde échographie… »

    – « Mais encore ?… »

    – « Or, c’est à l’issue de cette seconde échographie que l’on annonce à la parturiente l’identité sexuelle de son éventuelle progéniture… »

    – « Et alors ? »

    – « Eh bien, j’estime qu’il est scandaleux d’imposer à une femme, éventuellement mariée, pacsée ou en concubinage avec une autre femme, d’accoucher d’une personne mâle et d’avoir ensuite à se la coltiner jusqu’à la fin de sa vie, uniquement parce qu’elle n’a pas eu la possibilité de la faire passer faute d’en connaître l’identité sexuelle. Et comme on ne peut connaître cette identité avant 18 semaines… on est bien obligé de reculer jusqu’à cette date la possibilité de recourir à l’IVG ! CQFD ! »

    – « J’y avais pas pensé, mais je dois reconnaître que c’est convaincant ! »

    – « Surtout si tu songes que la situation actuelle est contraire à la fois à la liberté, à l’égalité et à la sororité, les trois bases de notre république ! À la liberté de ne pas accoucher d’une existence non-désirée, de la même manière que l’on permet aux femme enceintes de progénitures lourdement handicapées de s’en débarrasser jusqu’aux dernières semaines de la grossesse ! À l’égalité, entre celles qui accouchent de filles et les autres, puisque que la chance ou la malchance ne sauraient remettre en cause l’égalité fondamentale entre toutes les femmes et plonger certaines d’entre elles dans une détresse définitive ! À la sororité, enfin, puisque la jeune personne mâle ne pourra en aucune façon s’intégrer dans une famille où elle apparaîtra toujours comme une intruse et une anomalie… »

    Bouche bée, la Ministresse se dit que sa conseillère était décidément une sacrée maline, et qu’elle préférait l’avoir avec elle que comme concurrente. Avec une telle argumentation, la proposition de loi passerait à l’assemblée comme une lettre à la poste.

    Cette nuit-là, Danièle rentra tard, Dominique était déjà couchée et à-demie endormie. Sentant sa compagne entrer avec précautions dans le lit tiède, elle eut tout de même la force de lui demander d’une voix ensommeillée des nouvelles de sa journée.

    – « Oh, toutes les choses vont comme sur des roulettes. Tu sais, ma chatte, plus j’y songe, et plus je me dis que nous serions bienheureuses, et que la vie serait belle, si nous n’étions pas victimes en permanence de l’insupportable oppression patriarcale !… »

    6.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Molière réécrit: le mépris et l’abêtissement, par Anne-Sophie Chazaud.

    Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. libre de droits

    Anne-Sophie Chazaud fustige l’instrumentalisation de la part de certains journalistes et sociologues, de la proposition du centre international de théâtre francophone concernant l’apprentissage de la langue française aux étrangers. Pour la chercheuse, cette caste médiatique souhaite procéder à la simplification des textes de Molière par démagogie égalitariste.

    3.jpgSi le français se trouve être désigné dans la Constitution comme étant la «langue de la République», ce qui souligne avec force le lien consubstantiel entre une identité nationale et un système linguistique chargé au fil des siècles d’histoire, d’usages et de culture, l’on emploie également souvent l’expression «langue de Molière» pour la qualifier.

    Parce que celle-ci incarne une sorte de moment de perfection, d’âge d’or reflétant l’esprit français, par son classicisme certes, celui du Grand Siècle, mais aussi par sa puissante charge ironique, son esprit frondeur, sa vivacité, son rapport à la fois au pouvoir et à la dissidence, bref, à l’intérieur même de ce qui est devenu son classicisme, par son aspect éternellement vivant, intempestif et toujours actuel.

    Accéder à la connaissance fine d’une langue, c’est donc accepter avec modestie, humilité, ambition et travail, de se plonger dans une Histoire dont on est, dans le maniement des mots, les récipiendaires, les héritiers, et que nous avons la charge de faire vivre, non dans une forme figée ou sacralisée de manière paralysante, mais dans une forme mouvante qui reprend le passé à son compte en le métamorphosant avec lenteur, avec la sage lenteur de la vie elle-même, avec authenticité et non par parti pris idéologique ou par paresse intellectuelle, comme le rappelle avec force Victor Hugo dans la si célèbre préface de Cromwell: «Les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent.»

     

    On passe d’une initiative visant l’enseignement du Français aux étrangers, à une remise en question du répertoire et de la langue de Molière. 

     

    Une initiative du centre international de théâtre francophone en Pologne conduite en partenariat avec la Comédie-Française, intitulée «10 sur 10», menée depuis plusieurs années, a ainsi pour objectif de donner à 10 jeunes auteurs francophones pendant 10 jours la possibilité de réécrire de nouvelles pièces «destinées essentiellement à l’enseignement du français en langue étrangère (FLE)».

    Cette ludique bricolette d’ateliers d’écriture, comme il en fleurit partout, ne pose en soi aucun problème et semble par ailleurs animée des meilleures intentions du monde puisqu’il s’agit d’amener vers la langue française un public qui, a priori, ne la maîtrise pas. On ne peut donc que s’en féliciter. Il s’agissait ici en l’occurrence de revisiter le répertoire de Molière. Pourquoi pas.

    La réaction fut vive, en revanche, en particulier sur les réseaux sociaux, face à la manière dont cette information a été traitée par la radio dite culturelle du service public audiovisuel, toujours prompte à tirer la couverture idéologique à elle et dans le sens qui lui convient, avec un tweet qui eut tôt fait de circuler en ne manquant pas de produire l’effet de réaction escompté par l’habituel conformisme anticonformiste en vigueur, énonçant notamment, quitte à dévoyer le projet francophone initial: «La langue de Molière est-elle devenue trop ardue pour les écoliers d’aujourd’hui?».

    L’on passe donc, doucement mais sûrement, avec la belle opiniâtreté déconstructiviste en vogue, d’une initiative visant l’enseignement du Français Langue étrangère, destinée donc, comme son nom l’indique, à des étrangers, à une remise en question du répertoire et de la langue de Molière visant le public (jeune) français. Le tour était joué en un tournemain.

    Afin de venir appuyer cette hypothèse, un professeur de Lausanne fut appelé à la rescousse, venant comme de bien entendu nous estourbir d’un méta-discours pédagogiste de la meilleure facture: «[il s’agit] d’inventer avec lui [Molière] des pratiques pédagogiques et des nouvelles formes d’écriture dramatique pour les dramaturges d’aujourd’hui.» (on a ici clairement quitté les rivages du Français Langue étrangère).

    Puis de poursuivre, tout à son enthousiasme, en donnant l’exemple des Femmes savantes dans lequel un «beau nœud» désigne un bon mariage (et non quelque objet phallique de circonstance) pour finir en apothéose par énoncer ce que France Culture ne manquera pas de choisir comme punchline: «Le comique de Molière fonctionne sur des sketches. Ce qu’il y a de plus proche de l’humour de Molière aujourd’hui, ce serait peut-être l’humour des Youtubeurs». Il faut bien avouer que c’est à ce niveau de défaite de la pensée que l’humour de Molière nous est d’un précieux secours.

     

    Ramener l’humour de Molière au niveau des Youtubeuses de la post-modernité, c’est admettre cet aplatissement de la culture. 

     

    Outre l’aspect ridicule (et non précieux) de ce galimatias démagogique post-gauchiste de la plus belle facture, ces affirmations et l’écho si bienveillant qu’elles rencontrent évidemment auprès de la radio de service «culturel» public pose de nombreuses questions de fond.

    Tout d’abord, cet aveu d’une langue si riche, si foisonnante, si chargée d’histoire, désormais inaccessible (prétendument) aux jeunes lecteurs signe l’aveu d’un échec de la démocratisation culturelle qui, dans la lignée de Malraux puis du Théâtre National Populaire de Jean Vilar (pour ce qui concerne le théâtre) se fixait au contraire pour but d’amener les citoyens, jeunes ou pas, vers la culture, de les y élever (mais il est vrai qu’on ne dit plus un «élève» mais un «apprenant», puisque l’idée même d’élévation semble proscrite).

    En l’occurrence, de leur permettre de se plonger dans toute la richesse truculente de la langue française, comme le fit à sa manière le si regretté Alain Rey avec sa magistrale entreprise de Dictionnaire historique de la langue française, lui que l’on peut difficilement suspecter pourtant d’avoir été un dangereux réactionnaire et qui affirmait «la langue française ne s’appauvrit pas», en réponse aux déclinistes de tout poil.

    Ramener l’humour et la saveur de Molière au niveau des Youtubeuses incultes de la post-modernité agonisante, c’est admettre cet aplatissement de la culture sur l’abêtissement des médias de masse et du formatage idéologique qui l’accompagne. C’est priver les jeunes et les citoyens de liberté.

    C’est aussi, en réalité et sous couvert d’un égalitarisme démagogique que l’on croyait noyé dans les limbes des MJC des années 1970-80, promouvoir un système culturel à deux vitesses: celui des sachants, de ceux qui maîtriseront la langue de Molière et son épaisseur historique, ceux-là même qui pourront ensuite gloser tout à loisir sur les chaînes de radio ou dans d’obscurs projets pédagogiques indéchiffrables pour le commun des mortels afin de déconstruire encore et toujours les codes qu’ils ont en horreur tout en les maîtrisant parfaitement, et de l’autre côté une sorte de lumpen-prolétariat culturel que l’on flattera dans le sens du poil, en le gavant de sous-culture Youtubeuse, en lui faisant perversement croire que ceci vaut cela, que tout se vaut dans un relativisme qui n’a pour seul réel objectif que de permettre au mandarinat déconstructiviste post-soixante-huitard aux manettes de conserver jalousement son pouvoir.

    Ce discours est en réalité chargé d’un profond inégalitarisme: gardons la fine connaissance de la langue de Molière pour nous ; donnons-leur des inepties Youtube, ce sera la version moderne du pain et des jeux. Les «jeunes» apprécieront l’image que l’on se fait d’eux.

     

    Il s’agit d’un abêtissement démagogique au motif que ce français si riche serait trop compliqué pour ces « jeunes » qui ne sont rien. 

     

    Notons au passage que cette démarche constitue l’exact inverse de la si belle expérience mis en scène dans le remarquable film L’Esquive d’Abdellatif Kechiche dans lequel des adolescents d’une cité HLM découvrent et plongent peu à peu dans le texte de Marivaux, le travaillent, le malaxent, se laissent travailler par lui à mesure que leurs propres émois se font jour dans Le Jeu de l’amour et du hasard, jeu tendre et cruel qui devient le leur à proportion qu’ils en font l’expérience personnelle: c’est ici tout le vrai sens, exigent, respectueux, de l’appropriation par enrichissement culturel qui est proposé, et non l’abêtissement démagogique des foules au motif que ce français si riche serait bien trop compliqué pour ces gens de rien, ces gens qui ne sont rien.

    Enfin, quitte à revisiter Molière dans son intemporelle et toujours vivace actualité: chiche! Et plutôt que d’opter pour les si faciles Précieuses ridicules, qui ne font pas courir grand risque, pourquoi ne pas montrer la terrible actualité d’un Tartuffe revisité qui imposerait la burqa ou le voile aux femmes en leur intimant l’ordre de «cacher ce sein [pire: ce visage!] que je ne saurais voir»?: en voilà une réactualisation qui serait audacieuse, courageuse, qui parlerait à notre époque… Trop courageuse, trop impertinente sans doute, de la vraie impertinence et non de la démagogie à la petite semaine.

    Pour ce qui est de la langue, on pourrait bien sûr céder à la facilité d’une porte-parole du gouvernement qui annoncerait dans les Femmes savantes «wesh meuf, le petit chat est dead!», ou remplacer «la peste soit du fou fieffé» du Médecin malgré lui par un «on les aura ces connards!» adressé à quelque Ministre des Diafoirus. Car la langue est aussi un objet éminemment politique…

    «Ma patrie, c’est la langue française» disait Albert Camus. On comprend donc bien qu’il soit urgent pour certains de l’abaisser au plus vite, de l’abraser, de l’aseptiser, de l’abêtir, comme on cherchera à gommer toute l’épaisseur historique d’un pays en déboulonnant des statues, renommant des rues, contestant des héritages, tripatouillant la langue elle-même pour, sous prétexte de la rendre inclusive, la rendre en réalité illisible et inepte, réservée toujours aux mêmes sachants experts en salmigondis. La guerre à mener est bel et bien culturelle, et la langue en est le cœur vivant.

     

    Anne-Sophie Chazaud est chercheuse et auteur. Elle a notamment publié Liberté d’inexpression, des formes contemporaines de la censure, aux éditions de l’Artilleur.

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • Éphéméride du 19 avril

    Ces remparts "trop bien construits" (César) qui arrêtèrent le grand Caius Julius, aujourd'hui visibles dans le Jardin des Vestiges à Marseille...

     

     

    49 avant J-C : Jules César entreprend le siège de Massalia 

     

    Depuis sa fondation, et bien qu'elle ait dû affronter plusieurs périls mortels, la ville de Rome n'a cessé de grandir et d'étendre son pouvoir et sa domination : d'abord à toute la péninsule italique, puis au-delà. Mais les institutions qui avaient présidé à sa naissance et à ses premiers agrandissements ne convenaient plus à une Cité - l'URBS - dont la vocation devenait méditerranéenne.

    Gouvernée d'abord par des rois, Rome devint très vite une République, mais celle-ci, malgré ses grandeurs,  se révéla rapidement incapable d'assurer l'autorité nécessaire pour maintenir la cohésion du nouveau grand ensemble qui, irrésistiblement, voyait le jour. Il fallait un pouvoir fort à une ville qui tendait à l'imperium universel.

    La guerre civile, pour le pouvoir, se déclencha donc, presque naturellement. Au milieu du premier siècle avant J-C, un triumvirat se forma entre trois généraux : César, Pompée et Crassus. Le troisième, de loin le moins compétent, disparut rapidement en Asie, face aux Parthes : Dion Cassius prétend que le roi Suréna lui aurait fait couler dans la bouche de l'or fondu, pour le punir de sa cupidité !

    Restaient les deux très grands généraux qu'étaient César et Pompée, tous deux hommes de grande valeur. Ne parvenant pas à s'entendre, la guerre totale était inévitable... Et il fallait que, dans toutes les régions où Rome dominait, l'on se déclarât pour l'un ou pour l'autre.

    Or, Massalia était l'amie et l'alliée de Rome, et ne souhaitait pas prendre parti pour des Romains contre d'autres Romains. 

    Le 6 avril 49 avant J-C, César se rend à Marseille; le 16, alors qu'il est en route, il écrit à Cicéron pour l’inciter à prendre parti pour lui; le 19, il arrive à Marseille, qui lui ferme ses portes. Après quelques pourparlers infructueux, César met en place le blocus de Marseille, et installe son camp sur l'actuelle place de la Joliette (Julii statio). Mais la ville est trop bien défendue, et lui résiste victorieusement. Elle ne se rendra que le 25 octobre, vaincue par la famine, non par les armes : César reste sur place et essaye vainement de conquérir la ville pendant deux mois, mais, ne pouvant perdre plus de temps - car il doit aller en Espagne affronter Pompée... - il quitte Massalia le 5 juin, laissant à son lieutenant Trebonius le soin de faire tomber la ville.

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curie

    Maquette de la Massalia antique (Musée d'Histoire de la Ville) : "...Car la mer enveloppe Marseille de trois côtés; on n'y accède par terre que du seul quatrième..." dit César (ci-après)

    César lui-même donne des renseignements très précis sur le siège...

    De Jules César, La Guerre civile (De Bello Gallico), La Pléiade, Historiens romains, Tome II, page 312 : 

    "César fait venir les quinze anciens de Marseille (Massalia était gouvernée par une hiérarchie de Conseils, au sommet desquels étaient les quinze Timouques, ndlr). Il les engage à ne pas être les premiers à ouvrir les hostilités. Leur devoir est de suivre l'exemple de l'Italie plutôt que de se soumettre aux caprices d'un seul homme. Il fait valoir devant eux tous les arguments susceptibles d'éclairer leur entendement. Les quinze rapportent à leurs concitoyens les propos de César et reviennent porteurs de cette réponse :

    "Les Marseillais voient que le peuple romain est divisé en deux parties. Ils n'ont ni qualité ni pouvoir pour décider quel est celui qui a raison. Mais comme les chefs de ces partis s'appellent Pompée et César, l'un et l'autre patrons de leur cité, l'un leur ayant donné les terres des Volques Arécomiques et des Helviens, l'autre leur ayant permis, par la conquête de la Gaule, d'augmenter leurs revenus, leur devoir est d'accorder à des bienfaits égaux une reconnaissance égale. Ils ne peuvent ni aider l'un contre l'autre, ni recevoir dans leur ville ou dans leurs ports aucun d'eux..."

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curie

     

    (pages 343/344) : "...Tandis que cela se passe en Espagne, le légat C. Trébonius, laissé au siège de Marseille, établit devant la ville un terrassement, des mantelets et des tours en deux endroits : l'un à proximité du port et des chantiers maritimes, l'autre sur le rivage qui touche à l'embouchure du Rhône du côté par lequel on arrive à la mer, venant de Gaule et d'Espagne. Car la mer enveloppe Marseille de trois côtés; on n'y accède par terre que du seul quatrième. Mais là aussi, le terrain attenant à la citadelle est défendu par sa nature même et par une dépression profonde qui rend son attaque longue et difficile.

    Pour exécuter ce travail C. Trébonius fit venir de toute la province une multitude d'hommes et de bêtes de somme. Quand il fut en possession de tous les matériaux nécessaires il éleva un terrassement haut de quatre-vingt pieds.

    II

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curieMais la place disposait d'une telle quantité de munitions et de machines de guerre de toute sorte qu'aucune baraque roulante, faite d'osier entrelacé, ne pouvait résister à leur puissance. D'énormes balistes lançaient des poutres de douze pieds et munies de pointes de fer, qui, après avoir percé quatre rangs de claies, allaient s'enfoncer dans la terre. Il fallut donc construire des galeries couvertes avec des pièces de bois d'un pied d'épaisseur, jointes entre elles, et qui permettaient de passer de main en main les matériaux de construction. (illustration : buste de César trouvé dans le Rhône, à la hauteur d'Arles)

    Une tortue de soixante pieds venait en avant. On s'en servait pour aplanir le terrain. Elle était formée, de même, de grosses poutres, et son toit était protégé contre les projectiles enflammés et contre les pierres. Mais l'importance des travaux, la hauteur des tours et des remparts, le grand nombre de machines de guerre chez l'ennemi, retardaient la marche du siège. De plus, les Albiques faisaient de fréquentes sorties, et les assiégés s'efforçaient de mettre le feu à la terrasse et aux mantelets. Nos soldats repoussaient facilement les assaillants et les rejetaient à l'intérieur de la place, tout en leur infligeant de lourdes pertes...

    VI

    ...Dans le combat qui s'était engagé, les Marseillais firent preuve d'une bravoure irréprochable... D'ailleurs, si l'on en venait à des corps à corps, les Marseillais, mêlés aux Albiques, tenaient bon, et leur courage n'était pas inférieur au nôtre. Des bateaux de moindre dimension lançaient de loin une grande quantité de projectiles qui faisaient parmi les nôtres, pris au dépourvu ou demeurés sans méfiance, de nombreux blessés..."

    On s'était mis d'accord pour attendre l'arrivée de César, encore retenu en Espagne, pour régler définitivement le sort de la ville. Le siège semble avoir duré en tout plus de six mois, de mars à septembre 49. "La prise de la cité grecque avait coûté plus de temps que la conquête de toute l'Espagne" (Camille Jullian).

    C'est à Tarragone, sur le chemin du retour, après avoir vaincu les Pompéiens, que César apprit la décision prise par les Marseillais : se rendre, vaincus par la famine, non par les armes.

    Il traita la ville durement, ne lui laissant de ses riches domaines que Nice et les îles d'Hyères, et faisant démolir les remparts qui avaient osé lui résister et qu'il n'avait pu prendre de force.

    De plus, à partir de cette date, c'est Arles qui fut favorisée, au détriment de Marseille, qui perdit ainsi, réellement, la prééminence... 

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curie

     

     Sur la première victoire navale remportée par la flotte de César sur celle de Massalia, voir notre Éphéméride du 27 juin; sur la seconde, notre Éphéméride du 31 juillet; et, plus généralement, notre Évocation :

    Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France...)

     

    Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l'influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos Éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l'Antiquité : voici le rappel des plus importantes d'entre elles, étant bien entendu qu'un grand nombre d'autres Éphémérides traitent d'autres personnalités, évènements, monuments etc... de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s'appelle : la France...

    En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que "le divin Jules" avait été appelé à l'aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s'opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes - en 58 avant J.C - pour s'établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (voir l'Éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d'Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (voir l'Éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l'avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome... Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l'actuelle Orléans), en 52 (voir l'Éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (voir l'Éphéméride du 28 novembre); mais, moins d'un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l'échec de l'armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (voir l'Éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (voir l'Éphéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (voir l'Éphéméride du 26 septembre)...

     

    Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n'eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s'opposa également à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (voir nos trois Éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet)...

     

      Enfin, pour être tout à fait complet avec le rappel de ce que l'on peut trouver dans nos Éphémérides sur ces pages de notre Antiquité, mentionnons également nos trois Éphémérides traitant de :

    la victoire sur les Cimbres et les Teutons, remportée par Caius Marius, oncle par alliance de Jules César en 86 (il avait épousé sa tante, Julie, et mourut en 86 : voir l'Éphéméride du 17 janvier);

    l'assassinat de Jules César en 44 Avant J-C (voir l'Éphéméride du 15 mars);

    notre évocation de Massalia, sa puissance et son rôle à l'époque (voir l'Éphéméride du 11 avril)...

     

     

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curie

     

     

    1054 : Mort du Pape Saint Léon IX

              

    Bruno d'Eguisheim-Dagsbourg fut couronné pape le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX. Avec la "réforme Grégorienne", c'est bien lui qui a commencé le redressement de l'Église à cette époque, même si c'est Grégoire VII qui a, finalement, laissé son nom à cette réforme qui devait mettre près de trois siècles à s'imposer...

    Elle s'articulait autour de trois points majeurs :

    1. Affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations, notamment les Empereurs germaniques, avec qui s'ouvre ainsi la Querelle des Investitures;

    2. Réforme du clergé : celui-ci sera dorénavant mieux formé et mieux instruit, et l'Église impose le célibat des prêtres;

    3. Affirmation du rôle du Pape : en 1059, le pape Nicolas II crée le Collège des cardinaux, qui élit le nouveau pape, et la Curie pontificale (le "gouvernement" de l'Eglise) prend son essor...

     

    19 avril,louis xvii,philippe delorme,traction avant,pierre curie

    Léon IX est le seul pape alsacien de l'histoire, et reste comme l'initiateur de la "réforme Grégorienne" : nominis.cef.fr/contenus/saint/1004/Saint-Leon-IX.html

  • (Communiqué) : A propos de ”Cristeros”...

    (attention : ce mercredi 14 mai, à 20h40, KTO proposera un documentaire sur les Cristeros, qui s'annonce passionnant, intitulé Les pélerins de l'Epiphanie, ndlr...)

     

    cristeros affiche.jpgChers amis des Cristeros,

    Vos efforts ont porté leurs fruits et depuis mercredi, ce sont 16 nouvelles salles qui nous ouvrent leurs portes le 14 mai prochain !

    Ceux parmi vous qui habitent dans les agglomérations suivantes pourront donc aussi voir le film dès la semaine prochaine :
    Nantes, Rouen, Brest, Chartres, Arras, Thonon-les-Bains, Le Puy en Velay, Albi, Marseille, Beauvais, Dunkerque, Lorient, Quimper, Saint-Brieuc, Bressuire et le nord des Hauts-de Seine. Peut-être que lundi, nous aurons encore des surprises de dernières minutes.

    Si les 37 salles (en tout) programmées le 14 mai font de bons scores durant la semaine, non seulement certaines choisiront sans doute de garder le film à l’affiche une semaine de plus, mais surtout les dernières réticences que peuvent avoir certains exploitants dans les villes où le film n’est pas encore programmé seront levées. Beaucoup de choses vont donc se jouer la semaine prochaine au vu des résultats. Si le film passe près de chez vous, n’attendez pas pour aller le voir ; programmez votre sortie dès maintenant pour la semaine prochaine. C’est la seule manière d’être certain de le voir et de donner à d’autres villes la chance de le voir un jour.

    Un grand merci pour votre enthousiasme et votre mobilisation !

    PS : Nous vous signalons également une émission spéciale consacrée au film Cristeros sur KTO ce dimanche soir à 20h40. Cette émission de 52’ propose de découvrir l’histoire méconnue des Cristeros à l’aide d’extraits du film et de débattre sur la notion de guerre juste en compagnie de Jean-Yves Riou, directeur de la revue « Histoire du Christianisme », Frère Alain Richard, franciscain et fondateur des Cercles de silence et l’Abbé Christian Venard, aumônier militaire.
    Rediffusions : dim. 11/05 à 0h40, lun. 12/05 à 18h10, mar. 13/05 à 11h05, mer. 14/05 à 14h20, jeu. 15/05 à 7h50, ven. 16/05 à 9h30, sam. 17/05 à 16h, dim. 18/05 à 13h25.


    L’Equipe de Distribution de SAJE

  • 7 août 1914 ... Nous qui aurons prévu, annoncé tout ce qui arrive, que serons-nous pour le monde nouveau qui sortira d

    juleslemaitre.jpgJules Lemaître est mort avant-hier dans sa petite maison. La fidèle Pauline, la femme et la fille de son ami Moureau ont été seuls à suivre le convoi. Nul de nous n'a pu assister à l'enterrement... Nous n'entendrons plus la belle voix, les fines pensées du cher "parrain". Première tristesse de cette guerre... Où sont les charmants dîners intimes de la rue d'Artois ? 1914 fera-t-il coupure entre deux époques comme 1870 ? Nous qui aurons prévu, annoncé tout ce qui arrive, que serons-nous pour la nouvelle génération, pour le monde nouveau qui sortira de la guerre européenne ? 

    Quelle qu'en soit l'issue, les idées, les sentiments, tout ce qui fait l'esprit public ne peut manquer d'être renouvelé. La grande surprise que nous ménage sans doute l'avenir, c'est la métamorphose des radicaux français et des radicaux anglais contraints de faire la guerre et qui finiront par s'adapter, peut-être, à leurs nouvelles fonctions, s'ils ont gardé quelque chose de la vigueur d'âme des conventionnels.

    J'ai des nouvelles de mon cousin C..., radical à la plus vieille mode qui, à la Chambre, avait voté contre les trois ans. La guerre lui a porté un coup terrible. En effet, c'est pour lui dans sa petite ville, comme ç'aurait été pour Jaurès en face de toute la France si Jaurès n'avait été assassiné, la preuve brutalement administrée qu'il s'était trompé, qu'il avait compris tout de travers l'évolution du monde en fondant la politique sur l'idée que la guerre était impossible au XXème siècle...   

    J'aime mieux ce candidat radical-socialiste aux dernières élections législatives dont le concurrent faisait une campagne patriotique sur la question du service de trois ans. Cela se passait aux bords de la Garonne. Lorsque les électeurs, troublés par les arguments du modéré, objectaient au radical : "Tout de même, s'il y avait la guerre ?" l'autre, nullement embarrassé, répondait : "S'il y avait la guerre, les Prussiens ne viendraient jamais jusqu'ici. Alors, pourquoi vous tourmenter ?"    

    Mais cet argument ne pouvait valoir que pour le Sud-Ouest. Et la petite ville de mon cousin est sur la route des invasions.

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

     

     

     

  • Humeur : Elle se met en place, elle se met en place.....

            ... cette nouvelle société (!), cette "nouvelle France", cette nouvelle population avec ses nouvelles moeurs....

            Le fait divers que rapporte La Provence, ce mercredi 13 juillet, commence par un titre qui rappelle une Fable : "La femme voilée, le chauffeur de la Ligne 19 et la bande de jeunes".

            Avant tout autre commentaire, on appréciera l'emploi correct du mot "jeune", devenu très utile en ces temps de police de la pensée et d'auto-censure de plus en plus répandue, si l'on veut éviter des ennuis... : on sait tout de suite, dès qu'on a dit "jeunes", ce que l'on veut dire, de qui l'on parle et à qui - et à quoi - l'on a affaire...

           Ce fait divers navrant, pour revenir à lui, n'est certes pas, dans le fond, limité à la seule ville de Marseille; et il se passe, même si les formes sont différentes, dans toutes les villes et toutes les campagnes de France, et probablement tous les jours.

            Quelle(s) leçon(s) en tirer ?

            Qu'une société, ou qu'un Système ne peut pas tenir longtemps lorsqu'il est à ce point en contradiction avec lui-même. Ici, on a une loi (interdiction de se promener voilée) ouvertement contredite par une Régie des Transports; et un citoyen ayant autorité - le chauffeur de Bus - faisant appliquer la loi, ouvertement désavoué par son responsable local, lui aussi ayant autorité. Avant d'être - le chauffeur du bus - lourdement frappé par une bande de voyous (pardon, de "jeunes" !...) à qui l'on n'a évidemment rien dit et à qui l'on ne dira jamais rien, et qui font de plus en plus "la" loi, "leur" loi, un peu partout en France... On appréciera, in fine, l'a-plat-ventrisme du responsable RTM parlant de "réaction inaproppriée" : voilà un candidat tout trouvé au Nobel de l'encouragement à la délinquance...

            Tout cela ne pourra pas durer éternellement, ni même, sans parler d'eternité, bien longtemps; et ça finira mal....

            LA PROVENCE BUS ETE 2011.jpg

  • Alain Juppé et la quadrature du cercle..... Ou : La Loi au service de l'anti-loi ?

              Alain Juppé, que l'on a connu mieux inspiré, vient de signer un partenariat entre la ville de Bordeaux -qu'il dirige- et la Halde. Il s'agit de lutter contre les discriminations.

              Nous pensions, bêtement, que l'une des urgences les plus prioritaires du moment était, entre autre, de lutter contre ces terrifiantes mises au chômage massives d'un nombre de plus en plus élevé de travailleurs français.

              Nous nous trompions. La priorité la plus prioritaire, l'urgence des urgences -du moins à Bordeaux...- semble être de lutter contre les discriminations !

    juppe halde schweitzer.jpg

               Anne Brézillon, adjointe au maire en charge de la vie associative et de la diversité (!) va donc travailler avec Jean-Claude Nicod, responsable local de la Halde, ancien président du Syndicat de la magistrature.

               Accessoirement, il est aussi un très fervent adepte des pétitions de soutien aux clandestins/hors la loi, notamment celles de RESF, cette Association qui se met régulièrement hors la loi pour défendre des hors la loi, ce qui justifie à nos yeux sa dissolution, à laquelle nous appelons... Sans tomber dans le procès d'intention on ne peut qu'avoir de grandes craintes sur la façon dont ce monsieur va utiliser les (grands) pouvoirs qui vont lui être confiés.... 

               Alain Juppé va-t-il donc réussir là où tant d'autres ont échoué avant lui ? Va-t-il résoudre la quadrature du cercle ? En tout cas, dans sa bonne ville de Bordeaux, il va faire un grand pas en avant dans la résolution de ce sens, puisqu'il va mettre la loi -et la force de la Loi (injuste, comme disait Mitterrand ?...) entre les mains et au service de ceux qui, par ailleurs, appellent à violer la loi et à ne pas lui obéir.

              N'est-ce pas exactement cela , la subversion: quand le Bien sert au mal ? la Loi, à ceux que l'on pourrait appeler les anti-lois

  • ”Le dernier sanctuaire de l'identité, c'est l'histoire”...

                Elle est belle cette phrase de Lorant Deutsch; et profonde, aussi, et elle va loin: elle est intelligente et politique, au bon sens du terme....

                Son ouvrage Métronome a déjà atteint les 250.000 exemplaires, et continue à se vendre au rythme de 13.000 exemplaires par semaine (1). Il y raconte, justement, l'Histoire (la grande, la vraie, la seule...) d'une façon tout à fait inattendue, jamais ennuyeuse, en multipliant anecdotes et souvenirs liés aux stations de Métro, qu'il parcourt au gré d'un vagabondage permanent, aux résultats forcément et joyeusement... inattendus.

                Un Métronome illustré paraîtra, annonce-t-on, à l'automne. Et Lorant Deutsch ira parler de l'histoire de sa chère ville de Paris -donc de la France...- dans les Écoles primaires et les Collèges, à la demande du Rectorat de Paris. Si les Rectorats ne prenaient que des décisions comme celle-ci !.....

                Deux autres (bonnes) nouvelles, dans le même article, et qui font saliver: une version "Routes, fleuves et grandes villes de province" est prévue pour 2011: comme quoi, on peut rendre service à son pays -car c'est bien ce que fait Lorant Deutsch...- de mille et une façons.

                Et, surtout, l'annonce que Lorant Deutsch va faire "son propre film sur les Chouans". Là, vraiment, ça promet !....

    LORANT DEUTSCH METRONOME.jpg
    Editions Michel Lafon, 380 pages, 17 euros

    (1) : "C'est moins que Marc Lévy, mais plus que Jacques Chirac", nous assure Anne-Charlotte de Langhe, dans Le Figaro Culture des 30/31 janvier) 

  • Patrice de Plunkett a raison : « Les macronistes ne font pas de cadeaux »

    « C'est un cador, il va le fumer ! »  Scène de genre à Lille

     

    Un billet de Patrice de Plunkett

    Il y a un certain temps que nous ne sommes plus toujours - ni même souvent - d'accord avec Patrice de Plunkett. Mais cela arrive, notamment ici, où il est démontré que les mœurs du macroncosme ne sont, de loin, pas plus angéliques que celles des concurrents. Où le télé-évangéliste se change en tueur. Mœurs électorales ? Sans-doute. Comme en d'autres domaines de l'activité humaine ? Peut-être un peu plus. Et assez vilainement.  LFAR   

     

    887135739.3.jpgFrançois Lamy, ex-ministre de la Ville (2012-2014), a fait le mauvais choix en janvier : il a soutenu Benoît Hamon. Il se présente sous étiquette PS aux législatives de juin à Lille. Il a fait loyalement campagne pour Emmanuel Macron la semaine dernière, afin de « faire barrage au FN »... Mais voilà que dimanche matin, alors qu'il allait distribuer des tracts Macron sur un marché lillois, il ouvre le JDD et lit qu'En marche va présenter un candidat contre lui avec des intentions féroces 

    4129908017.jpgOn sait que « fumer » veut dire tuer par balles... Assez dépité, Lamy tweete son désarroi (sous hashtag #ça donne envie) :

    « Se lever un dimanche pour distribuer un tract appelant à voter Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen et lire ça dans le JDD ! » Mais comment un hamoniste pourrait-il résister à la nouvelle famiglia macroniste qui s'empare des grandes villes ?

    Selon La Voix du Nord (13/02), l'ex-socialiste Christophe Itier - qui a rejoint Macron dès mai 2016 -  est « l'homme qui veut faire de la métropole lilloise une Macronie ». Comme le clamait M. Macron hier à La Villette, En marche est une rupture radicale. Une rupture avec quoi ? S'il s'agit de fumer les concurrents, ça s'est toujours fait. 

    4191243052.jpg

    Patrice de Plunkett : le blog

  • 12 Décembre 1914 ... L'Allemand n'était pas si mauvais homme...

    fantassin-tenue-de-combat-1914.jpgLe département de l'Oise, dont la sixième partie environ est encore envahie, est un de ceux qu'avait le plus "travaillé" l'espionnage allemand. Les populations n'en voulaient rien croire. L'Allemand n'était pas si mauvais homme. Et puis il apportait de l'industrie, il faisait gagner de l'argent... L'Avant-Guerre de Daudet n'a peut être été nulle part autant honnie que dans les petits journaux de l'Oise. Au mois de septembre, l'ennemi s'est trouvé là-bas comme chez lui. Mon cousin C...*, maire de sa petite ville, me raconte qu'un marchand de chaussures était venu s'établir quelques années plus tôt et avait ouvert un magasin très luxueux pour l'endroit, où le commerce est encore antique et modeste. Quand les Allemands sont entrés dans la ville, ils ont trouvé chez leur compatriote 800 paires de brodequins militaires tout près à être chaussés. C'est là d'ailleurs un détail entre cent. 

    Un autre de mes parents est médecin à B... Il a été mobilisé et est encore, au mépris de la convention de Genève, prisonnier en Allemagne. Dans les premiers jours de septembre, les Allemands occupent l'endroit, et une dizaine d'officiers allemands logent dans sa maison. A la vieille domestique, qui était restée, ils commandent un bon souper, exigent du vin (ils savent qu'il y en a à la cave), font ripaille. Il importe de dire que mon cousin est vieux garçon et s'appelle Maurice. Au milieu de l'orgie, un des officiers dit tout à coup à la vieille femme qui les sert : "Et Maurice ? Toujours célibataire ?" La vieille manque d'en laisser tomber ses assiettes et de se trouver mal de frayeur. Elle s'imagine avoir vu le diable. Ce n'est qu'un industriel de la région, revenu, comme tant d'autres, en uniforme d'officier prussien. Peut-être le docteur, sans méfiance, l'a-t-il naguère reçu à sa table, lui a-t-il fait goûter de ses vins. Le souper fini, avec de grands rires, l'hôte fait à ses camarades les honneurs de la maison, leur montre les photographies de famille, explique : voici le père, la mère, la soeur...   

    1334073755_2.jpg

    * Gustave Chopinet et son fils Maurice Chopinet (1880-1959), contemporains de Jacques Bainville.