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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (204)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : En exil, la gestation de "Paris vécu"...

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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La Première série, "Rive droite", est dédiée :
"À la mémoire de Plateau, de mon fils Philippe et de Berger, assassinés, aux Commissaires des Camelots du Roi; je dédie, de l'exil, ces images de notre Paris que nous aimons" Léon Daudet, Décembre 1928).

 

Introduction aux Aspects et Souvenirs

"C'était en l'an 19.. qui suivit la grand'guerre, un soir de février doux et blanc.
Celle qui éclaire et gouverne ma vie et mes travaux depuis de longues années, depuis le jour radieux de notre mariage dans ce petit village de Touraine, me dit qu'il fallait voir et reconnaître l'éveil du printemps sur la Seine.
Nos enfants dormaient. La maison était silencieuse, le quartier divinement paisible.
Nous descendîmes notre rue provinciale et déserte jusqu'au pont, que l'on traversa.
La Seine était à la fois brillante et noire comme un poème de Villon. Le "jardin des Rois" comme disait Marguerite, la servante des Bainville, était devant nous : silhouettes d'arbres dépouillés; vagues formes de statues fantômales sous deux tiers d'une lune couleur citron.
Environnés de la perfection du silence (beaucoup plus proche de la musique que le bruit), nous étions parfaitement bien, et devant un secret entrevu, lequel concernait la grande ville, où nous sommes nés l'un et l'autre, à de longues années de distance, dans un même quartier : le Marais.
Assis sur un banc, tels deux purotins (mot d'argot pour "pauvres", ndlr), nous nous demandions en quoi réside le charme unique, extraordinaire de Paris.
- Est-ce la Seine ?
- Elle y est pour beaucoup par son frisson, ses moires, ses reflets. Mais elle n'est pas tout et, quand on pense de loin à Paris, ce n'est pas elle qu'on voit immédiatement.
- Est-ce le centre luxueux et brillant : la rue Royale, la Place de la Concorde, les Champs-Elysées, la rue de la Paix ?
- Certainement non. La partie luxueuse de Londres, Picadilly, Saint James, Hyde Park, donnent une impression de richesse et de fête supérieure à celle de Paris.
- Est-ce le mélange de vieux et de neuf, le maintien de pans, somptueux ou haillonneux, d'histoire, Notre-Dame et Saint-Séverin, ce conglomérat de villages, de gros bourgs qu'on appelle les faubourgs de Paris ?
- Nous approchons de la vérité. Paris est beau comme une eau-forte, où il y a des noirs et des blancs, des noirs du passé, des blancs de l'heure.
Méryon l'a buriné à merveille, Baudelaire aussi, Alphonse Daudet également, et, après ces trois graveurs de Paris, il y a quelques bonnes lithographies de Victor Hugo dans "Les Misérables".
Ensuite, au loin, on peut citer honorablement "La Bièvre" d'Huysmans, le quartier de la Goutte d'Or de Zola et le Belleville de Geffroy.
C'est à peu près tout.
Ah ! pardon, Drumont, bien qu'assez peu poète, a écrit "Mon vieux Paris" qui, moins didactique, eût été un chef d'oeuvre.
Quant à l'ouvrage de Maxime du Camp, c'est un compendium, un répertoire et rien de plus.
Nous convenions ensuite que Paris étai comme l'inclusion d'une foule de romans - l'histoire des familles qui l'habitent - dans un très grand drame, son histoire à lui.
C'est une ville ardente et menacée.
Elle garde des amours et des haines qui peuplent ses nuits, des travaux qui peuplent ses jours.
Elle est menacée par les peuples voisins et sous des formes très différentes, qui vont du bombardement à l'immigration.
Elle est menacée par la politique et, comme la France, par le régime républicain qu'elle s'est donné.
Elle est menacée par ses gueux, ses avides, ses révoltés, ses rôdeurs, ses souteneurs et ses filles.
Elle est menacée par ses vices, issus de ses plaisirs.
C'est de cette causerie nocturne aux Tuileries qu'est né le projet que je consacre aujourd'hui à ma ville, à notre ville : raconter Paris, où je suis né, à travers mes souvenirs et ceux des miens.
L'exil, qui fait de la distance et donc une certaine objectivité, m'a paru propice à sa réalisation."

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