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12 Décembre 1914 ... L'Allemand n'était pas si mauvais homme...

fantassin-tenue-de-combat-1914.jpgLe département de l'Oise, dont la sixième partie environ est encore envahie, est un de ceux qu'avait le plus "travaillé" l'espionnage allemand. Les populations n'en voulaient rien croire. L'Allemand n'était pas si mauvais homme. Et puis il apportait de l'industrie, il faisait gagner de l'argent... L'Avant-Guerre de Daudet n'a peut être été nulle part autant honnie que dans les petits journaux de l'Oise. Au mois de septembre, l'ennemi s'est trouvé là-bas comme chez lui. Mon cousin C...*, maire de sa petite ville, me raconte qu'un marchand de chaussures était venu s'établir quelques années plus tôt et avait ouvert un magasin très luxueux pour l'endroit, où le commerce est encore antique et modeste. Quand les Allemands sont entrés dans la ville, ils ont trouvé chez leur compatriote 800 paires de brodequins militaires tout près à être chaussés. C'est là d'ailleurs un détail entre cent. 

Un autre de mes parents est médecin à B... Il a été mobilisé et est encore, au mépris de la convention de Genève, prisonnier en Allemagne. Dans les premiers jours de septembre, les Allemands occupent l'endroit, et une dizaine d'officiers allemands logent dans sa maison. A la vieille domestique, qui était restée, ils commandent un bon souper, exigent du vin (ils savent qu'il y en a à la cave), font ripaille. Il importe de dire que mon cousin est vieux garçon et s'appelle Maurice. Au milieu de l'orgie, un des officiers dit tout à coup à la vieille femme qui les sert : "Et Maurice ? Toujours célibataire ?" La vieille manque d'en laisser tomber ses assiettes et de se trouver mal de frayeur. Elle s'imagine avoir vu le diable. Ce n'est qu'un industriel de la région, revenu, comme tant d'autres, en uniforme d'officier prussien. Peut-être le docteur, sans méfiance, l'a-t-il naguère reçu à sa table, lui a-t-il fait goûter de ses vins. Le souper fini, avec de grands rires, l'hôte fait à ses camarades les honneurs de la maison, leur montre les photographies de famille, explique : voici le père, la mère, la soeur...   

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* Gustave Chopinet et son fils Maurice Chopinet (1880-1959), contemporains de Jacques Bainville.    

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