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  • Le Comte de Paris s'exprime....

            La Famille de France continue d'affirmer, de renforcer sa présence dans tous les domaines, et de gagner, ainsi, en visibilité. La naissance du Prince Gaston, la brillante représentation par la Princesse Philomena de notre pays aux obsèques d'Otto de Habsbourg, le voyage du Prince Jean, Dauphin de France, - au même moment ... - en Asie centrale, et, prévue pour janvier, la deuxième naissance dans le couple princier : voilà quelques uns des derniers évènements qui ont marqué ces derniers mois, et conforté les perspectives d’avenir de cette Famille de France....

            Il y a eu, aussi, cet entretien accordé par Monseigneur le Comte de Paris à L'Action française 2000, que nous reproduisons ci-après, et dans lequel le Prince rappelle quelques vérités bien venues.  

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    L’Action Française 2000 : Monseigneur, quel bilan économique et social tirez vous de l’année écoulée ?

    SAR Monseigneur le comte de Paris : Le mal dont souffre la France est mondial. La crise n’est pas seulement financière, elle touche l’économie du monde et par ricochet les classes moyennes et surtout les plus défavorisés. Dans les temps anciens, les premières monnaies étaient frappées à l’effigie des dieux puis à celle des rois dont l’image était inscrite dans l’or, l’argent ou le cuivre. Tels les dieux, ils étaient garants du bien-être des hommes et donc de la monnaie source d’échanges. Apparut alors la République sans visage et anonyme. Le papier remplaça le métal bien qu’il demeurât convertible en or. De nos jours, la monnaie est devenue virtuelle, ce qui vient à dire qu’elle ne repose que sur du vent ou des impulsions électroniques. Depuis les accords de Breton Woods, au lendemain de la dernière grande guerre, le dollar qui garantissait cette illusion devient lui-même illusoire. Ceux qui détiennent actuellement des créances sur les États-Unis d’Amérique peuvent se réveiller, demain, comme tant de Français lors des emprunts Russes en 1917, avec seulement du papier qui ne vaudrait plus rien, des souvenirs égarés.

    Cet engrenage mortifère doit impérativement être repensé, et les dirigeants d’Europe comme ceux du G20 doivent édicter des règles strictes et contraignantes, de sorte que les banques tout comme les traders et les spéculateurs n’outrepassent pas des bornes fixes, afin de ne plus mettre en péril l’économie du monde. Règles assorties de sanctions sévères, comme il en existe pour les citoyens qui ont été incités à se surendetter.

    Une société, à l’image du corps humain, a nécessairement besoin que son sang circule de façon à irriguer la plus lointaine petite cellule. Or actuellement, comparable au sang, l’argent est aspiré à sens unique vers les sphères multinationales de plus en plus inaccessibles et ne retourne pas vers les plus modestes cellules du corps social. Il y a carence, il y a un début de gangrène, il pourrait y avoir embolie. Et ce ne seront ni les perfusions forcées, ni les dialyses imposées qui régleront durablement le problème. Il ne sera que déplacé.

    Le Français, sans plus de points d’appui, se trouve déséquilibré et déboussolé. La confusion saisit cette nouvelle tour de Babel et s’installe à presque tous les niveaux de la société, faisant exploser notre monde en un kaléidoscope de factions trop souvent hostiles les unes aux autres. Une société sans objectif autre que l’argent, sans âme et sans amour, est vouée à la destruction. Notre époque qui a tant besoin de signes pour espérer ne reçoit de ceux qui, par essence, devraient nous réconforter, que des réponses pieuses ou politiquement correctes et trop souvent sans rapport avec la réalité vécue au quotidien et sa nécessité vitale. Or la France n’a pu se bâtir - comme les pyramides d’Égypte - que dans un acte de foi et de solidarité, et dans le respect des principes qui l’avaient fondée.

    AF/2000 : Face à ces défis, comment analysez vous l’action de l’État et celle de la classe politique ?

    Monseigneur : Une "règle d’or" vient d’être proposée par l’Allemagne et la France. Déjà, quelques pays y adhèrent. Il est nécessaire et urgent que l’Europe en son ensemble adopte ce concept de réduction drastique des déficits publics. Encore faut-il s’entendre sur la méthode et les moyens d’y parvenir. Lorsque l’on sait que 54 % du budget voté par le Parlement se perd dans les sables mouvants de l’État, il y a gabegie et une gestion irrationnelle et discordante. Dans ce pourcentage, les budgets de l’Éducation nationale et celui des Armées ne sont pas pris en compte, pourtant essentiels pour une nation. Devrait-on en venir comme dans la nuit du 4 août 1790 à la suppression des nouveaux privilèges ? C’est une hypothèse à ne pas écarter. Avant d’en arriver à cette nécessité, à cette urgence, examinons le présent et préparons l’avenir pour les générations qui nous suivent et celles qui viendront. L’apocalypse, si souvent annoncée pourrait aussi être désignée par le terme de mutation en profondeur de nos systèmes de gouvernance. La réduction du temps de gouvernance du Chef de l’État, quel qu’il soit, me semble une aberration. Gouverner, c’est prévoir, dit le dicton. En un si court laps de temps, cela devient impossible. Alors que, par ailleurs, les partis d’opposition, en France, démontrent plus d’intérêt pour leur propre accession au pouvoir, que d’amour véritable pour reconstruire notre pays.

    Pour ce qui concerne la "règle d’or", je suggère qu’une agence de surveillance impartiale et supranationale européenne soit mise en place pour veiller au bon déroulement de celle-là. Mais également pour exercer une surveillance nécessaire des banques, des assurances et des bourses et traders afin qu’ils ne dérèglent plus le système mis en place. En effet tout le système financier européen a nécessairement besoin de règles et de garde-fous et d’un "gendarme" pour y veiller.

    AF/2000 : Quelle forme d’Europe envisagez-vous ?

    Monseigneur : Telle qu’elle existe aujourd’hui, la constitution européenne m’apparaît non seulement inappropriée mais également totalement désordonnée. La monnaie unique doit pouvoir continuer d’exister car elle nous est indispensable désormais, sans pour autant atteindre des niveaux surélevés qui ne peuvent que nuire à nos exportations ainsi qu’à la vie au quotidien. En revanche, cette constitution arbitraire autant que dérisoire devrait être remise à plat pour un examen plus réaliste de ce qu’il est possible et souhaitable de faire ensemble.

    Il est plus clair que jamais, chacun des vingt-sept pays que l’on tente d’aligner sur un même schéma n’ont ni les mêmes possibilités, ni les mêmes attachements, compte tenu de leur propre culture d’origine à laquelle ils demeurent ancrés. Je proposerais que des thèmes communs, aussi importants que la défense, l’éducation, la fiscalité et certains aspects de la technologie (comme cela existe pour Airbus) ou même des recherches scientifiques (comme pour ITER) fassent l’objet d’alliances au cas par cas et sur un nombre d’années à fixer et, bien entendu, renouvelables si les résultats s’avèrent positifs.

    AF/2000 : Que pensez-vous de la politique étrangère de la France ?

    Monseigneur : La France n’est pas seule, elle participe, au sein de l’Europe, à l’élaboration d’une politique commune extérieure et concourt militairement à la force commune de l’OTAN, c’est un fait indéniable. De surcroît, l’Angleterre et la France possèdent une armée qui fournit sur le plan humain et celui de l’armement une force de frappe très conséquente (sans oublier la force nucléaire de dissuasion), bien supérieure au reste de l’Europe. Cet état de fait a amené le président de la République française à prendre ses responsabilités pour entraîner ses partenaires, non sans difficultés, dans des missions essentielles, comme en Libye, mission approuvée par l’ONU et soutenue par l’OTAN. Rien n’aurait été possible sans cet aval. Il faut aussi prendre en considération les bouleversements qui ont modifié l’échiquier méditerranéen depuis un an, secoué le monde arabe et l’Islam. Nous avons assisté au soulèvement "pacifique" mais parfois sanglant de populations qui aspiraient à la liberté et désireuses de mettre un terme aux dernières séquelles de féodalités obsolètes et souvent dictatoriales. Cela prendra encore du temps et de la douleur pour instaurer une véritable démocratie, mais les premières pierres de cette fondation ont été posées. Dans ce contexte, un grand pays islamique, de tradition moderne et démocratique, est demeuré stable, c’est la Turquie. Dans son isolement actuel, elle ne se prive pas d’agir. Elle frappe les Kurdes dans leurs bases en Iraq et y pénètre militairement, sans que personne n’ose bouger, et demain si la Syrie continue à provoquer des incidents de frontière, elle pourrait être tentée de mettre au pas son voisin du Sud. Par ailleurs elle aide les nouveaux régimes d’Égypte et de Libye à programmer leur reconstruction. Il n’y a qu’un pas pour faire renaître de ses cendres l’empire Ottoman. La France et l’Europe doivent revoir leur copie. La Turquie doit être arrimée à l’Europe par des liens forts et préférentiels. Une sorte de statut à part, sans pour autant s’installer dedans. Il faut trouver la sémantique adéquate pour ne blesser personne. Mais agir vite.

    AF/2000 : Quelle est votre vision de la royauté ?

    Monseigneur : La royauté, précisons-le, n’est pas une institution politique, un système parmi d’autres systèmes, mais un principe par surcroît spirituel. La royauté ne signifie pas : "pouvoir d’un seul". C’est le rappel le plus parfait au principe d’unité qui est le caractère essentiel de la fonction royale et qui a permis à la France d’être une et indivisible. Le roi n’a pas vocation à légiférer, d’ailleurs le vieux dicton du droit français dit : « Le Roi en son conseil. Les peuples de France en leurs États. » Séparation des pouvoirs et décentralisation étaient déjà de règle. En revanche, le roi incarne la tradition dont il est la mémoire historique, vivante et dynamique. Tout le monde sait qu’il existe sept royaumes, un grand duché et deux principautés en Europe. Ils incarnent l’identité de leurs peuples.

    Pour conclure, je suis intimement persuadé que la France a les moyens, les hommes et la richesse de son terroir pour accomplir la magnifique mutation que l’on attend d’elle : entrer dans la modernité du troisième millénaire, mais rien ne s’accomplit de durable, rien ne peut se faire sans justice et sans le respect de la dignité de l’être humain quel qu’il soit. J’ai lu ce jour cette phrase écrite par un philosophe péruvien, Fernand Carvello : « Je n’ai jamais cru les prophètes de malheur. À chaque fois que j’ai senti l’appel du chagrin, je me suis tourné vers la réserve d’espoir que nourrissent l’histoire de France et sa littérature. » Je laisse le dernier mot à Machiavel : « Il n’est rien de plus difficile de prendre en main, de plus périlleux à diriger, de plus aléatoire, que de s’engager dans la mise en place d’un nouvel ordre de choses. » Et pourtant, il le faut, et vite.

    Henri, Comte de Paris, Duc de France - 30 août 2011

     

  • Irlande - Voyage au bout de l’euro

            Comme chaque mois, nous répercutons sur ce Blog l'analyse économique que François Reloujac livre dans Politique magazine.

            Une vraie réflexion d'ensemble se dégage de ces analyses : c'est la raison pour laquelle, comme nous vous le disions samedi, vous trouverez très bientôt réunies, en une seule Page, l'ensemble de ces articles.

            Voici celui de ce mois (décembre 2010, n° 91) consacré à l'Irlande : Irlande - Voyage au bout de l’euro....

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            Au moment où se tenait à Séoul une réunion du G20 censée se pencher sur la nécessaire solidarité entre les États pour sortir de la crise économique mondiale, les partenaires européens ont fait la démonstration de leur égoïste mésentente cordiale.

            Pour freiner la hausse des taux d’intérêt auxquels l’Irlande emprunte, la BCE ne voulait plus intervenir en rachetant aux « investisseurs » les obligations irlandaises qu’ils détiennent et dont ils cherchent à se débarrasser. Il est vrai, qu’au-delà des missions et pouvoirs qui lui ont été conférés par les traités européens, la BCE en avait déjà racheté à la mi-novembre pour 64 milliards d’euros, malgré l’opposition officielle du représentant allemand au sein de son Conseil, Axel Weber. Cet effort de la BCE a mobilisé 25 % de la liquidité à moyen et long terme injectée en Europe, contre 17 % pour les banques grecques et 13 % pour les banques espagnoles. Malgré cet effort considérable, en novembre 2010, la valeur de marché des banques irlandaises était tombée à 2 % de ce qu’elle était en 2007. Il était nécessaire de fluidifier encore le marché secondaire des titres obligataires pour permettre à l’Irlande de lever, en tant que de besoin, des capitaux nouveaux. En agissant ainsi, la BCE n’a pas fait un cadeau à l’Irlande, elle a maintenu en survie les banques irlandaises qui ont pu continuer à honorer les dettes qu’elles ont contractées vis-à-vis notamment des banques allemandes et britanniques et que l’État irlandais n’avait plus les moyens de soutenir seul.

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            Le débat sur la dette des banques irlandaises n’est pas uniquement économique et financier, il est aussi politique : en voulant intervenir sur les marchés financiers pour soutenir l’Irlande, en forçant la main du gouvernement de Dublin pour qu’il accepte une aide qu’il n’avait pas sollicitée, on a directement attenté à sa souveraineté. B. O’Keeffe, le ministre irlandais chargé des entreprises, du commerce et de l’innovation l’avait pourtant rappelé avec force : « La souveraineté de ce pays a été très difficile à gagner et ce gouvernement ne va pas l’abandonner à n’importe qui ». En fait, l’Irlande ne veut pas relever brutalement le niveau de ses impôts et de ses taxes sur les sociétés sous la pression des États étrangers et pour satisfaire des « investisseurs » anonymes. D’autant que les difficultés du gouvernement irlandais proviennent en grande partie de la tentative de sauvetage de leurs banques fragilisées par l’éclatement d’une bulle immobilière. Cette tentative a en effet déjà coûté à l’État l’équivalent de 80 % de la valeur du PIB du pays. Les Irlandais qui ont, depuis la mise en place de l’euro, profité des imperfections du système pour maintenir le taux de leur impôt sur les sociétés à 12,5 %, ce qui leur a permis d’accueillir le siège européen des grandes multinationales apatrides : Microsoft, Intel, Oracle, Google… et de maintenir ainsi un faible niveau de chômage, craignent aujourd’hui de voir leur modèle s’effondrer. 

            Il est vrai que les déclarations du député allemand Markus Ferber a de quoi les inquiéter : « Nous avons obtenu des augmentations d’impôts en Grèce. Cela doit aussi être le cas en Irlande. Il est impossible qu’un pays profite de la solidarité de la communauté et qu’il continue de s’offrir des avantages de compétitivité en faisant du dumping fiscal ».

    Un modèle moribond ?

            Or, le gouvernement irlandais ne veut pas changer le système fiscal qui a permis aux entreprises installées chez elle de traverser la crise sans trop de dommages. Mais comment, dans ces conditions, augmenter les impôts des personnes qui ne peuvent pas rembourser les emprunts qu’elles ont contractés pour acquérir leur maison alors que celle-ci ne vaut plus le montant de la dette et qu’en vertu du droit national, les Irlandais sont redevables de leurs dettes immobilières sur l’ensemble de leur patrimoine ? La crise irlandaise n’est pas essentiellement due à l’activité économique du pays qui continue à fonctionner – notamment ses industries chimique, pharmaceutique et alimentaire – mais à l’effondrement d’un système bancaire hypertrophié qui n’a pas pu supporter l’éclatement de la bulle immobilière. Il est vrai que les banques irlandaises avaient soutenu, hors du raisonnable, non seulement le marché immobilier domestique mais aussi celui du Royaume- Uni et celui des États-Unis. Pour ce faire, les banques étaient elles-mêmes refinancées par les banques allemandes, britanniques et françaises. En acceptant désormais de garantir leurs dettes, la BCE prend au gouvernement irlandais la maîtrise de son système bancaire et la logique économique pourrait la conduire à susciter un rapprochement des dites banques avec leurs créancières. Les banques irlandaises encourent désormais le risque de passer sous contrôle allemand, britannique ou français.

    La machine infernale

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            Il est bien certain que, dans le mécanisme de cavalerie généralisée qui s’est mis en place dans le monde financier, les difficultés d’un pays contaminent aussitôt les pays voisins. En laissant se développer librement ces mouvements de capitaux internationaux, qui donnaient l’impression de pouvoir se financer sans recourir à l’impôt, les gouvernements ont perdu une grande partie de leurs pouvoirs et donnés aux voisins le droit de leur demander des comptes. Du coup, l’on risque de dresser les États les plus fragiles les uns contre les autres. D’ailleurs celui qui a le plus insisté auprès de l’Union européenne et du FMI pour que l’Irlande accepte leur aide est le ministre portugais de l’économie. Car, si l’Irlande est mise en défaut, le Portugal risque d’être la prochaine cible des spéculateurs internationaux… en attendat l’Espagne ou l’Italie. Il faut bien voir aussi que les « investisseurs » se débarrassent de leurs titres irlandais parce que Mme Merkel a déclaré quelques temps auparavant qu’en cas de difficultés d’un État, les investisseurs privés devraient en supporter les conséquences. Il est vrai que l’Allemagne a converti une partie de ses excédents commerciaux en créances sur les divers pays européens et qu’elle a peur de les perdre. Il n’est un secret pour personne que tous les États occidentaux sont terriblement endettés et qu’ils ne pourront pas augmenter les impôts pour honorer toutes les échéances à venir. 

            Dès lors le risque de défaut de l’un d’entre eux est avéré… et l’Allemagne se trouve donc exposée à ne pas recouvrer ses propres créances. Si, par sa politique d’exportations, elle a plus ou moins ruiné ses partenaires, elle ne veut pas aujourd’hui en supporter les conséquences. Cependant, l’opinion publique allemande ne peut pas accepter de figurer ainsi au banc des accusés, car elle a l’impression, en soutenant les pays les plus fragilisés, de payer pour les « mauvaises pratiques » et le laxisme des autres.

    La dépression ?

            La crise est en train de révéler l’erreur d’avoir voulu faire une unité monétaire sans unicité des régimes fiscaux et sociaux, sans mobilité de la main d’œuvre, sans unité politique, autrement dit sans la limiter à ce que Mundell appelait une « zone monétaire optimale ». En fait, les hommes politiques européens avaient vu dans cette union monétaire une opportunité pour conduire leurs actions à bon compte. Chacun y est allé de sa propre recette : l’Allemagne a développé son succès sur des « exportations compétitives », l’Espagne sur la construction à tout va, la Grèce sur l’inventivité de la comptabilité publique, l’Irlande sur le dumping fiscal… La solidarité financière n’était que de façade et a permis de masquer pendant un certain temps l’absence de cohésion politique et le manque d’unité des peuples. Les règlements tatillons de la Commission européenne ne pouvaient pas suppléer cette absence de volonté politique réelle mais ont accru le malaise par leur manque de réalisme. Oui, M. Van Rompuy a raison de dire que, soit nous arrivons, vaille que vaille, à mettre en place un mécanisme qui nous permettra de surmonter la crise actuelle, soit celle-ci fragilisera irrémédiablement la construction européenne telle qu’elle est aujourd’hui.

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            La crise, quoique née aux États-Unis, est aujourd’hui particulièrement vive en Europe. Car les Européens n’ont pas les moyens, comme les Américains, d’inonder les marchés d’une monnaie dont la valeur n’est plus que subjective. Et, tout ce qui est désormais consacré au paiement de la dette n’est plus disponible pour l’investissement productif. La dépression redoutée n’est pas loin. Les gouvernements européens n’ont pas seulement abdiqué leurs pouvoirs entre les mains d’une administration européenne d’autant plus tatillonne qu’elle est inadaptée, ils ont aussi donné aux spéculateurs apatrides les moyens de contrecarrer toutes leurs décisions en finançant des dépenses improductives par le recours aux emprunts plutôt que par l’impôt. 

            Aujourd’hui ils sont dans la situation de l’entrepreneur en faillite qui, ayant eu recours à la cavalerie pour masquer l’état réel de ses dettes, découvre que le monde entier connaît désormais l’état réel de sa situation financière. Dans cette situation, vouloir modifier le système monétaire international revient à vouloir changer les règles du jeu. Mais pour y arriver, il ne faut pas que celui qui le propose apparaisse uniquement comme le perdant du moment. ■

  • Alain-Gérard Slama connaît-il Voltaire ? Oui, évidemment, mais …

              Alain-Gérard Slama vient de faire un peu comme la Justice, qui a condamné un coupable unique, Jérôme Kerviel, slama.jpgalors que le moindre quidam, même éloigné des subtilités de l’économie ou de la finance, sait bien qu’à ce stade là il est tout à fait impossible qu’un seul individu soit responsable – et coupable – de ce qui s’est passé….

              Et que, en fait, c’est tout un système qui est responsable et coupable

              Oui, Alain-Gérard Slama vient de faire un peu la même chose, dans son billet du Figaro Magazine du 9 octobre (page 129). Avec un sens (?) stupéfiant du raccourci et de la synthèse (on parlera plutôt de simplification outrancière, virant au simplisme…) il « condamne » Maurras, coupable unique de l’antisémitisme, bouc émissaire tout trouvé, responsable de tout, pour tout et pour tous. Et, même, d’avoir inspiré Pétain dans son antisémitisme !

               Slama écrit :

                 « Pétain n‘a pas fait autre chose que de s’aligner sur les thèses de Maurras ». Et, aussi : « ...La première confirmation est l'influence désastreuse de l'Action française sur l'intelligentsia de droite et sur une partie des élites des grands corps qui se sont retrouvés à Vichy après la défaite. Maurras, le chef de ce mouvement néo-monarchiste, a rompu avec le pragmatisme propre aux droites françaises, fort peu dogmatiques, en cherchant à donner à celles-ci un corps de doctrine, sur le modèle des théories socialistes. C'est ainsi que, en prônant un "antisémitisme d'Etat" qui se voulait dépassionné et exempt de tout délire d'extermination (tout de même, Alain-Gérard Slama est bien obligé de le reconnaître, ndlr. Dont acte...), il a conféré une "respectabilité" de façade à l'idéologie de défausse sur le bouc émissaire juif qui, après l'affaire Dreyfus, est passée de gauche à droite - et non sans violence - aux approches de la Première Guerre mondiale. Pétain n'a pas fait autre chose que de s'aligner sur les thèses pseudo-rationnelles de Maurras en écartant les Juifs, considérés comme des étrangers inassimilables, de toutes les activités en rapport avec la représentation politique, l'éducation, la justice et la fonction publique...."

                Comme si Pétain, qui se définissait lui-même comme un vieux général républicain ; qui n’a pas une seule fois fait la moindre allusion – ni, évidemment, la moindre allégeance… - à la royauté ; comme si Pétain, donc, dans le climat intellectuel qui était celui de la France écrasée de 39/40 avait eu besoin de Maurras pour nourrir son antisémitisme !

                Mais c’est une bonne part, et parfois même et bien souvent majoritaire, de l’Europe entière qui, pendant deux millénaires, a été antisémite ! Et, en France, aucun milieu ne fut étranger à un certain antisémitisme, surtout pas la gauche ! Et on viendrait reprocher l’antisémitisme au seul Maurras ? Dont l’antisémitisme, c’est bien connu, était purement politique, et en aucun cas n’a viré, mais absolument jamais, à ce racisme de peau qui devait culminer dans l’idéologie nazie dont - Slama l’ignore-t-il ?... – les affinités idéologiques avec le totalitarisme révolutionnaire de « ceux de 93 » est évident ?

                Quant au fait que l'antisémitisme serait passé "de gauche à droite", c'est un peu vite dit, et un peu vite affirmé comme une vérité certaine et définitive. Alain-Gérard Slama oublie que les antisémites de gauche ont peuplé les cabinets ministériels de Vichy au moins autant que ceux de droite. Pour ne parler que d'aujourd'hui, sans remonter au déluge, il suffit de voir - lors des tensions communautaires (doux euphémisme !...) - comment un antisémitisme de terrain se propage à toute vitesse dans ces "zones" chères à nos idéologues de gauche et d'extrême gauche, où des "jeunes" imposent quelque chose qui, sauf le respect que l'on doit à Alain-Gérard Slama, ressemble fort à de la haine des Juifs. Et les dits "jeunes" sont appuyés par qui ?.....

                Comme le dit très justement, dans sa livraison du 10 octobre, le site Maurras.net, il serait absurde, et mensonger, de nier « l’anti sémitisme » de Maurras. Il vaut beaucoup mieux le remettre en perspective, et le resituer dans le cadre plus général  de son époque. Où l’on voit, nous l’avons dit, que c’est dans toute l’Europe, dans tout l’Occident qu'il y a eu de l'antisémitisme, dans des proportions perpétuellement variables, mais assez souvent très répandues dans plusieurs zones. Et pas seulement en Europe et dans l'Occident : il y a eu  - et il y a... – de l’antisémitisme en Afrique, en Asie et ailleurs….

                Il vaut beaucoup mieux, aussi, rappeler sans cesse - à temps et à contre-temps, comme nous vvenons de le faire à l'instant... - que cet antisémitisme n’a jamais été un antisémitisme de peau, racial, tel qu’on le verra chez ces nazis dont, redisons-le aussi, la filiation idéologique avec la révolution française est évidente (comme l’est celle de leurs frères ennemis, les marxistes, souvent antisémites, eux aussi !)

                Alain-Gérard Slama voit-il l’Histoire en noir et blanc ? D’un côté tout le monde (tout le monde il est gentil…) de l’autre « le » méchant absolu, « le » parfait coupable, le seul : Maurras ! C’est évidemment une grille de lecture bien facile, mais est-ce bien honnête, est-ce bien intelligent, et, surtout, est-ce bien normal ? Pourquoi s’en prendre à Maurras seul, en ignorant, par exemple l’antisémitisme virulent des Lumières, et d’un certain Voltaire, que la République idéologique a panthéonisé sans vergogne ? On sait (on vient de le voir) qu'Alain-Gérard Slama, par un tour de passe-passe dont on lui laissera la responsabilité, a cru trouver la parade : "l'antisémitisme est passé de gauche à droite". Nous le croirons quand, par exemple,  la République idéologique aura dé-panthéonisé Voltaire !...

                Voltaire qui écrivait :

                "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs  "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent...", rejoignant, dans ses excès, le baron d'Holbach ("...ce peuple de brigands et de tueurs...").

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                La République idéologique  -le Système... - décrète souverainement où est le Bien, où est le Mal; et qui sont les bons, et qui sont les méchants, dans une sorte de Jugement dernier perpetuel. Elle a ainsi, fort logiquement, pris la place de Dieu le Père, elle qui  s'oppose à la religion chrétienne, qu'elle veut remplacer car elle se considère elle-même comme la nouvelle religion...

                Elle a pourtant de drôles de "fréquentations" : à l'antisémite Voltaire, elle a offert le Panthéon, et aux bourreaux génocidaires Amey et Turreau, l'Arc de Triomphe !

                Qui a dit qu'il fallait commencer par balayer devant sa porte ?...

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                Propos auquel s'oppose radicalement celui de Maurras :

                "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

                Mais revenons-en  à Pétain : qu’on arrête de travestir les réalités ! Si Maurras - qui paie en effet, et très cher, ce que d’aucuns considèrent comme ses erreurs tactiques de l’époque - a cru voir en lui une divine surprise ; et s’il a cru devoir le soutenir ; rester à Lyon, malgré les conseils de ceux qui le pressaient de changer d’attitude ; et maintenir la publication du quotidien etc… (toutes choses sans-doute discutables) ; il n’en demeure pas moins que Pétain – enfonçons le clou... - et il le disait lui-même, a toujours été « un général républicain », et s’est toujours voulu et défini comme tel. Il n’a jamais fait profession de royalisme, ni fait allégeance, fût-ce partiellement, aux idées maurrassiennes dans leur critique radicale du Système républicain idéologique, impliquant le changement de régime dont la France avait – et a encore – besoin. Et c’est bien la Chambre du Front populaire qui, dans sa fuite honteuse après la défaite sans précédent dont elle porte, pour une grande part, la responsabilité, a confié les pleins pouvoirs à ce « général républicain ».

                Alain-Gérard Slama préfère donc, à toutes ces évidences, sa grille de lecture bien douillette et bien simpliste. C’est son problème… A ceux que le sujet intéresse, nous conseillons de se reporter aux pages qu’Eric Zemour – Juif, lui-même - lui consacre dans Mélancolie Française. Sa vision de l’antisémitisme de l’Action française y est documentée, perspicace et honnête.

                Désolés : celle d’Alain-Gérard Slama ne l’est pas.

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    "M. le Maudit", pour parler comme Fritz Lang ?....

    Si Maurras est enfermé par la conspiration du silence dans un cercueil fermé à double tour, et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c'est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé elaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens ethymologique et premier du terme, c'est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes. 

    Le Système ne s'y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux.

  • L’école irréformable, par Jean de Viguerie

                Jean de Viguerie a donné un très intéressant article sur l'enseignement, sur le site de l'Institut du Bon Pasteur, le 30 janvier dernier.

                On peut, en effet, comme il le dit fort justement, trouver de nombreuses causes de la situation actuelle dans mai 68.

                On peut aussi remonter encore beaucoup plus loin. Et inscrire cette époque de 1960 elle-même dans la suite logique du plan Langevin-Wallon (lequel reprenait des théories énoncées pour certaines dès avant la Deuxième Guerre mondiale). Et remonter, ainsi, à la nature même de l’Instruction Publique, incorrectement devenue, de nos jours, Éducation Nationale: l’utilisation de l’école comme moyen de gouverner n'était-elle pas, in fine, la raison des caractères laïc et obligatoire de l’école de Jules Ferry ?.....

                 Et si, comme le pense avec raison l'auteur, "L'Ecole actuelle est irréformable"..... c'est parce qu'elle est idéologique, comme le Système qui l'a générée, lui-même étant irréformable, à son tour, pour cette même raison....

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                L’école irréformable est celle de la République. Je vais m’en expliquer.


                Il y a en France depuis de longues années une crise de l’enseignement, une crise qui dure et qui s’aggrave de jour en jour.
    Cette dégradation et ses innombrables effets malheureux sont reconnus et déplorés depuis plus de vingt ans. Dès les années 80 on entendait partout un concert de gémissements, et nous avions les oreilles cassées de ces cris déchirants : l’école n’est plus l’école, nous criait-on, les enfants ne savant pas lire, les disciplines sont massacrées, l’histoire est morte, le français agonise, les mathématiques sont assassinées. Or, cette lamentation n’a pas cessé. On a même entendu récemment des ministres gémir, MM. Allègre et Ferry par exemple, et plus récemment M. Darcos. Certains éléments du système scolaire, comme la lecture globale, le collège unique et la mixité, sont maintenant l’objet de critiques extrêmement dures.

                Mais en vain. Les pleurs et les critiques n’ont aucun effet. Le système est maintenu et semble devoir être maintenu longtemps. De tous côtés des voix s’élèvent et protestent. Comment, demandent-elles, peut-on continuer un tel enseignement malgré toutes les condamnations portées contre lui ?  Peine perdue : ces protestations ne changent rien.

                Pourquoi ? Je vois au moins deux raisons.

    2

                La première est que l’on ne veut pas remonter aux causes. Il y a eu entre 1960 et 1977, conduite par les gouvernements de la cinquième république, une « réforme générale de l’enseignement » (c’était l’expression employée alors par le ministère de l’Education Nationale). En même temps on a ouvert le secondaire à tous les élèves sortis du primaire, sans contrôle et sans examen Tout le désordre vient de cette réforme et de cette ouverture. Si l’on ne veut pas reconnaître ces causes, il est inutile de vouloir quelque amélioration que ce soit.

                La seconde raison est que la conscience du désastre n’est pas assez vive. On ne réalise pas suffisamment l’énormité du changement introduit dans les années soixante. L’école a subi alors une révolution comme elle n’en avait jamais connu depuis le début de son existence. Du jour au lendemain on a rejeté les lois fondamentales de la connaissance intellectuelle et de l’apprentissage du savoir. Si l’on prenait vraiment la mesure d’une telle atteinte, on mettrait tout en œuvre pour y remédier.

    3

                A condition bien sûr qu’il y ait une volonté politique. S’il y avait cette volonté, il suffirait de deux ou trois lois et de quelques instructions et circulaires ministérielles pour revenir à un enseignement digne de ce nom. Je prends un seul exemple. C’est une simple instruction ministérielle (datée du 7 mai 1963), signée René Haby, directeur des services d’enseignement, qui a détérioré l’enseignement de l’histoire dans le secondaire en limitant les programmes du second cycle à la seule histoire contemporaine. Ce qu’une instruction a défait, une autre pourrait le refaire. De même pour toutes les autres disciplines, de même pour la lecture.

                Mais il n’y a pas de volonté politique. Considérons cette dégradation de cinquante années… Combien de politiques l’ont dénoncée ? Un bien petit nombre en vérité. Et toujours pendant les campagnes électorales. Mais l’élection faite, il n’en était plus question. .

                La question se pose alors : pourquoi n’y a-t-il pas de volonté politique ?

                D’abord parce que les hommes au pouvoir aujourd’hui ne diffèrent pas de ceux qui ont détruit l’enseignement dans les années soixante. Ce sont leurs doubles, ce sont leurs semblables. Si une telle destruction était à refaire, ils la referaient. Et je parle de tous les politiques. Je ne fais pas de différence entre la gauche et la droite. D’ailleurs c’est la droite qui a fait la « réforme générale de l’enseignement » des années soixante, c’est elle qui a voté la calamiteuse loi d’orientation des universités en 1968, c’est elle enfin qui a créé le collège unique (réforme Haby de 1977). La gauche voulait ces réformes, mais, le plus souvent, c’est la droite qui les a faites.

    Ce livre délirant dénonce un prétendu complot catholico-gouvernemental contre l'école publique

    Ce livre délirant dénonce un prétendu complot catholico-gouvernemental contre l'école publique

                L’ignorance généralisée, fruit de toutes ces réformes, ne gêne pas les politiques. Non seulement elle ne les gêne pas, mais elle leur profite. On gouverne mieux un agrégat d’ignorants (au surplus abrutis par la télévision) qu’un peuple instruit et formé dès l’enfance au double exercice de la mémoire et de la raison. J’irai même plus loin. Je dirai que cette fausse école mise en place dans le demi-siècle écoulé convient parfaitement aux politiciens. N’est-elle pas un instrument idéal de manipulation des esprits ? On s’empare des enfants dès le plus jeune âge, on les prive de tout repère dans l’espace et dans le temps, on les sépare du passé de leur pays, on les frustre de leur héritage culturel, et pour finir on les persuade que la connaissance et le respect de l’idéologie démocratique passent avant tout autre savoir et tout autre devoir. Cette école enseigne, comme on dit aujourd’hui, les « valeurs de la République ». Elle est vraiment, selon l’expression consacrée, « l’école de la République ». Et c’est bien ainsi, puisque « la République, écrivait il y a quelques années, l’historien  radical-socialiste Claude Nicolet, est ce qui permet aux hommes d’exister pleinement ».

                Nous sommes dans le système de pensée des Lumières, et ce n’est pas un  hasard si les Lumières sont invoquées à tout instant par la classe dirigeante. Ce n’est pas un hasard, et c’est à juste titre. L’éducation nouvelle dont nous subissons aujourd’hui les tristes effets, a été conçue par les philosophes des Lumières. Ces philosophes ont appelé de leurs vœux cette éducation qui s’empare de l’enfant, et au moyen de l’enfant de tout un peuple, et finalement fabrique une nouvelle espèce humaine dont la caste des maîtres et des privilégiés pourra disposer à son gré. A ces êtres fabriqués sur mesure on fera croire qu’ils sont libres, et ils obéiront d’autant mieux… C’est la ruse conseillée par Rousseau au gouverneur d’Emile, et cette ruse dans l’esprit de Rousseau lui-même est applicable au peuple autant qu’à l’enfant : « Qu’il croie toujours être le maître, et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même ». Citons également Voltaire : « Il est bon que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit ; il n’est pas digne de l’être ». Ces leçons philosophiques étaient connues depuis longtemps, mais il était réservé à notre époque de les appliquer. Il était réservé aux politiciens de la cinquième république de savoir en comprendre toute la signification et la force. Il ne faut pas compter sur eux pour une amélioration quelconque. Jamais ils ne réformeront le système.

                L’école actuelle est irréformable. Si l’on veut retrouver une école digne de ce nom, il ne faut pas l’attendre de l’éducation dite nationale. A moins que l’Etat ne change de nature, il n’y aura pas dans l’avenir d’autre véritable école que l’école vraiment libre, c’est-à-dire entièrement soustraite à la double emprise de l’Etat et de l’idéologie républicaine.

    Jean de Viguerie, 30 janvier 2010.

  • Mathieu Bock-Côté : Macron-Le Pen, « la grande explication idéologique autour de la question nationale française » est

     

    Une analyse de Mathieu Bock-Côté           

    Pour Mathieu Bock-Côté, malgré un second tour Macron-Le Pen, « la grande explication idéologique autour de la question nationale française » n'est pas pour tout de suite. Cette tribune [Figarovox, 26.04] pose avec grand réalisme et lucidité, beaucoup de justes questions ; elle constate l'échec de la droite à être une vraie droite, dégagée de son asservissement à la doxa et à l'emprise de la gauche. Elle va au fond des choses qui est civilisationnel et non gestionnaire. Être antisystème bien plus radicalement que ceux qui revendiquent aujourd'hui, électoralement, ce positionnement, est évidemment à quoi aspire Mathieu Bock-Côté. Comme nous-mêmes qui n'avons jamais cru que cette mutation puisse être, ad intra, le fait du Système lui-même ou de l'une de ses composantes.  Il y faudra, selon nous, une révolution des esprits et des volontés beaucoup plus large et beaucoup plus profonde, qui monte d'une large frange de la société française. Ou, si l'on veut, un populisme lassé du Système et aspirant à tout autre chose.  Lafautearousseau 

     

    2760774407.2.jpgFinalement, les sondages ne se seront pas trop trompés. Emmanuel Macron a bien terminé en tête du premier tour de la présidentielle et Marine Le Pen est bien parvenue à se qualifier pour le deuxième. Le deuxième tour plébiscitera très probablement l'héritier de François Hollande, d'autant qu'une pression médiatique et politique immense s'exerce déjà pour pousser au grand rassemblement républicain contre un Front national ne parvenant manifestement pas à se dédiaboliser, à tout le moins chez les élites politiques et médiatiques. La consigne est généralement entendue: pas un vote pour Marine Le Pen.

    Ceux qui s'approchent de cette dernière sont immédiatement irradiés: ils sont frappés du sceau de l'infréquentabilité. On imagine mal le leader du FN susciter des ralliements chez des figures bien établies de la classe politique ou du milieu intellectuel. La démocratie postmoderne voit dans ce qu'elle appelle le populisme le grand autre représentant la part malveillante et refoulée du genre humain contre lequel tout est permis. Elle va même jusqu'à mettre sur le même pied le populisme et l'islamisme, comme si ces deux phénomènes témoignaient d'une même pathologie à combattre ouvertement. La gauche ne semble toujours pas capable de combattre le FN sans faire appel à la rhétorique antifasciste.

    On veut présenter le deuxième tour de cette présidentielle comme un grand référendum opposant la France ouverte contre la France fermée. D'autres parleront de la France de l'avenir contre la France du passé. On départage ainsi aisément les gentils et les méchants, les branchés des salauds. Le Front national accepte lui-même cette alternative bien qu'il la reformule dans d'autres mots, en distinguant le camp mondialiste et le camp souverainiste, qui recouperait la division du pays entre les élites et le peuple. Le deuxième tour est ainsi transformé en référendum depuis longtemps attendu sur l'avenir de la France. On veut y voir une élection civilisationnelle engageant toute une époque.

    Il faut pourtant résister à cette illusoire clarté idéologique. Car si Emmanuel Macron représente bien le camp de la mondialisation heureuse, il ratissera beaucoup plus large au terme d'une campagne qui verra une bonne partie de la droite libérale, conservatrice ou même souverainiste se rallier sans trop d'enthousiasme mais sans hésitation non plus à sa candidature, présentée dans les circonstances actuelles comme un moindre mal devant la possibilité de l'aventure frontiste. La majorité présidentielle qui s'en dégagera ne sera pas idéologique. Au terme du deuxième tour, il n'y aura pas en France un grand parti macronien allant de Daniel Cohn-Bendit à Bruno Retailleau.

    De même, Marine Le Pen ne rassemblera qu'une part réduite et déformée de cette France souverainiste et conservatrice qui cherche à prendre forme depuis un temps. Elle se montre manifestement incapable de la fédérer politiquement. Il faut dire que personne n'y parvient et qu'elle n'est certainement pas dans la meilleure position pour le faire. Si jamais elle atteint quand même 40% au deuxième tour, elle pourra néanmoins crier victoire: cela voudra dire qu'une bonne partie du peuple de droite est devenue indifférente ou même hostile aux critères de la respectabilité médiatique. L'électeur ordinaire aura finalement franchi le cordon sanitaire. De son point de vue, 2017 se transformera en étape vers 2022.

    Chose certaine, l'absence de la droite au second tour est tragique. La défaite de François Fillon n'est pas d'abord celle de ses idées, encore moins celle de la tendance conservatrice qui l'a porté même s'il ne voulait pas lui-même la porter. C'est celle d'un homme qui a entraîné son camp dans une spirale infernale. Qu'adviendra-t-il du renouveau conservateur de la droite ? Le leadership républicain sera-t-il tenté de faire porter la responsabilité de la défaite à cette renaissance conservatrice et identitaire ? Certains le laissent déjà entendre, comme si la droite était condamnée à la déroute dès lors qu'elle n'accepterait plus de n'être qu'une vision modérée de la gauche. Ils sont nombreux à droite à se faire une fierté de dédaigner leurs propres troupes et même à s'essuyer joyeusement les pieds sur ceux qui les soutiennent.

    Revenons-y un instant: depuis quelques années, la droite avait cherché à se délivrer de la tutelle idéologique du progressisme. Elle voulait en quelque sorte se déjuppéiser et cesser d'emprunter à ses adversaires des concepts et un vocabulaire contribuant à l'inhiber puis à l'étouffer, en la réduisant au seul espace du libéralisme comptable. C'était tout le sens de la redécouverte du conservatisme depuis quelques années : permettre à la droite de redevenir elle-même. Pour reprendre le terme du jour, la défaite accidentelle de Fillon annonce-t-elle une régression idéologique de la droite, renouant piteusement avec une philosophie moderniste, gestionnaire et comptable, renonçant à penser les enjeux de civilisation ?

    Plusieurs annoncent une recomposition politique. Il faudrait d'abord parler de décomposition. On disserte depuis des années sur la fin du clivage gauche-droite, qui semble pourtant moins superficiel qu'on ne veut le croire. Il est vrai que d'autres clivages surgissent, mais aucun ne parvient à s'imposer clairement. Souverainistes et mondialistes ? Progressistes et conservateurs ? Identitaires et cosmopolites ? Libéraux et antilibéraux ? Ces alternatives cherchent à saisir une réalité qu'on comprend bien intuitivement mais qu'on peine à conceptualiser adéquatement, comme si une partie du réel débordait toujours des représentations dans lesquelles on veut l'enfermer.

    Cette redéfinition des termes du débat politique s'inscrivait pourtant dans un contexte occidental où les questions culturelles, anthropologiques, identitaires et civilisationnelles prennent ou reprennent une importance vitale. La politique n'est plus cantonnée dans les enjeux gestionnaires ou dans le seul paradigme de la croissance et de la redistribution de ses fruits. On se délivre d'un matérialisme étroit, qui assèche l'âme. Dans toutes les sociétés occidentales, une angoisse existentielle est ressentie : celle de la dissolution du monde commun, celle de la fin d'une civilisation que plusieurs voudraient pourtant faire durer. On ne peut esquiver cette préoccupation sans esquiver au même moment l'essentiel.

    Pour l'instant, la fragmentation extrême de l'électorat est accentuée par un système politique déréglé qui fait exploser la contestation antisystème sans qu'elle ne parvienne à se fédérer autour d'une grande option politique intégratrice. Il y a ceux qui contestent la mondialisation libérale, il y a les autres qui s'en prennent à l'immigration massive, sans oublier ceux qui en veulent aux médias ou à l'Europe. On parle depuis quelques jours des quatre France, qui ne parviendraient pas à s'emboîter dans une dynamique politique créatrice. Le prix à payer pour ces nombreuses postures oppositionnelles, c'est un effrayant sentiment d'impuissance politique. Dès lors resurgit la possibilité d'une crise de régime.

    Le conflit idéologique croise ici une mutation sociologique bien réelle. On a noté l'incapacité de François Fillon de rejoindre les classes populaires tout comme l'incapacité de Marine Le Pen de rejoindre la bourgeoisie nationale et conservatrice. Les deux habitent pourtant l'espace national et témoignent d'un désir d'enracinement dont la censure alimente un profond sentiment d'aliénation politique. Ces deux catégories, en quelque sorte, s'inscrivent dans un espace national qui n'est pas celui de la nouvelle bourgeoisie mondialisée. Cette dernière contrôle encore les codes de la respectabilité médiatique et se maintient ainsi au pouvoir. S'agit-il d'une contre-offensive durable ou seulement d'un sursis ?

    Quoi qu'il en soit, le deuxième tour de la présidentielle n'aura rien de la grande explication idéologique autour de la question nationale française. En fait, ce deuxième tour maquillé en affrontement homérique entre philosophies contradictoires ne sera rien d'autre qu'une réaffirmation de la toute-puissance du système médiatique qui est parvenu en quelques mois à redéfinir une élection en la dégageant des enjeux de fond qui auraient dû la définir. Le débat de l'entre-deux tours sera à bien des égards parodique. Le fond des choses finira bien par remonter à la surface, mais pour un temps, le système médiatique aura remporté la bataille. 

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf [2016].

  • « Qui soutient encore l’euro et pour combien de temps ? » Analyse de Charles Gave* sur le très européiste et très libéra

     
    Une surprenante - et intéressante - critique de l'Euro par un économiste « ultra-libéral ». Une pièce de plus au dossier de la monnaie unique, dont, selon l'auteur, l'agonie a commencé.
     
    Voilà plusieurs semaines que la Banque centrale européenne a annoncé son plan de rachat des dettes souveraines via un plan d'assouplissement monétaire pour soutenir la croissance dans la zone euro. Une décision prise en dehors de ses prérogatives, et qui fait penser à un acharnement thérapeutique déraisonné. 

    Je crois avoir été l’un des premiers à expliquer que l’Euro était un désastre qui allait foutre en l’air l’Europe que j’aimais, c’est-à-dire celle de la diversité, pour la remplacer par celle du lit de Procuste imposée par Bruxelles, où des gens que personne n’a élu et qui ne sont responsables devant personne décident de la taille des concombres ou de la qualification maraichère de la tomate. Fruit ? légume ? Sujet de taille.

    En 2011, pour les raisons que j’ai longuement expliquées dans « L’Etat est mort vive l’état » “(Grand E, petit e). 

    Je pensais que nous arriverions au moment décisif vers 2014 -2015, moment où les marchés de la dette en Europe se révolteraient contre ce système qui assurait la ruine de tout le monde.

    Ce que je n’avais pas, mais pas du tout prévu, était que la BCE allait rompre tous les Traités, changer toutes les règles qui président à la gestion convenable d’une banque centrale, abandonner toute prudence au point de coller des taux d’intérêts négatifs et de financer les budgets des Etats en rachetant directement de la dette étatique. Dans ma naïveté, je pensais que les Allemands en général et la Bundesbank en particulier allaient s’y opposer. Que nenni ! 

    Comme le disait le Maréchal de Mac Mahon : “Hier, nous étions au bord du gouffre, aujourd’hui nous avons fait un grand pas en avant “. Sous la direction de Draghi, le faussaire des comptes Italiens à la fin des années 90, la BCE se livre en fait à une opération d’acharnement thérapeutique sans exemple dans l’histoire depuis la mort de Franco pour essayer de prolonger le plus longtemps possible un mort vivant.

    Ce qui m’a amené à me poser la question suivante : Pour qu’un système aussi débile que l’Euro s’installe et dure,e il faut que ce système ait des supporters puissants.  Et donc dans ce petit papier, je vais essayer de les débusquer.

    Les premiers soutiens se trouvent dans ceux qui en ont eu l’idée, c’est-à-dire cette classe technocratique Française si bien représentée par Trichet, Lamy ou Delors, qui après avoir ruiné la France, ont décidé de créer un ETAT Européen dont ils assureraient l’Administration, la France étant devenue trop petite pour leur immense talent. Et donc une structure  de pouvoir a été montée, la BCE, remplie de gens non élus mais cooptés et le but principal de cette structure est de continuer à financer cette expérience non démocratique puisque les marchés ne veulent plus le faire.

    Cette structure de pouvoir assure les fins de mois de l’autre structure de pouvoir en Europe de gens non élus, la Commission, peuplée de zombies du style Barroso ou Juncker, qui elle émet des "directives" qui ont prééminence juridique sur les Lois passées par les Parlements Nationaux, qui sont donc dessaisis " de jure et de facto" de la Souveraineté  Nationale, ce qui est insensé.

    Ces directives de la commission européenne, qui sont préparées dans le plus grand secret, prennent en effet le pas même sur la Loi Fondamentale de chaque pays, c’est-à-dire la Constitution.

    Et ceux qui sont au pouvoir à Paris - qui ont nommé en douce ceux qui sont à Bruxelles ou à Francfort (voir le cas typique d’un incompétent notoire comme monsieur Moscovici) - adorent l’Euro puisque la BCE finance leur politique débile en achetant toutes les obligations émises.

    La BCE affranchit donc les politiques de toute sanction en provenance des marchés, c’est-à-dire de la réalité. Nous avons donc un système, organisé par et pour ceux que j’appelle "les hommes de Davos", qui ont comme caractéristique principale de mépriser le Peuple, et de détester les Nations pour communier dans une espèce d’internationalisme mou, gras et verbeux, et bien-sûr ce système n’a rien de démocratique. On peut donc dire sans crainte d’être démenti qu’aujourd’hui la plupart des pays Européens ne vivent plus  sous un régime démocratique puisqu’ils ne peuvent plus virer les gens qui  rédigent les lois qu’ils vont devoir suivre. Et qu’on ne me parle pas du Parlement Européen puisque son ordre du jour est complètement sous le contrôle …de la Commission. Nos fiers élus Européens ne peuvent voter que sur les sujets où la Commission les a autorisés à voter et sur des textes préparés par cette  même commission. Bien entendu, cette soumission de tous les instants est grassement rémunérée pour éviter les révoltes intempestives.

    Comme je l’ai souvent écrit, les Institutions Européennes, à la fin des années 90, ont été l’objet d’un coup d’état, qui a enlevé tout pouvoir de décision aux élus des Nations pour le transférer à un théâtre d’ombres à Bruxelles.

    Premiers supporters de l’Euro donc, la classe politique au pouvoir actuellement puisque la BCE les libère de la fameuse tyrannie des marchés

    Deuxième élément de soutien qui assure la survie de l’Euro, la classe de «ceux qui sont payés par nos impôt», en salaires ou en subventions diverses et variées. Si la France venait à sortir de l’Euro, le  bénéficiaire français de cette manne étatique verrait son pouvoir d’achat amputé de la baisse du Franc Français contre le DM.  A la place d’être payé 4000 euros par mois, notre fonctionnaire toucherait 4000 nouveaux, nouveaux francs qui assez rapidement vaudraient  3000 DM. Et donc tous  ces braves gens se battent pour que la France reste dans l’Euro, puisque cela leur assure un pouvoir d’achat qu’ils n’ont en rien mérité. Un exemple entre mille : d’après le journal "Marianne", le "Président qui déteste les riches" aura plus de 40000 euro par mois de droits à la retraite à faire valoir quand il cessera ses activités, payés par nos impôts, ce qui m’amène à faire deux remarques.

    La première : dans mon article monsieur Ayrault et son chauffeur, j’imaginais que l’ancien Premier Ministre allait toucher des qu’il serait à la retraite environ  200.000 E par an, ce qui correspondait d’après mes calculs à  la rentabilité d’un capital  d’au moins 30 millions d’Euro. J’étais très, très loin du compte.

    La deuxième c’est que vous ne voudriez pas que cette belle retraite, si durement gagnée, ne soit payée en francs ? La protection du pouvoir d’achat de nos élites est un devoir national.

    Et classe politique et hauts fonctionnaires trouvent bien-sûr un soutien actif chez les média, qui ne survivent que grâce aux transfusions financières opérées généreusement par l’Etat Français vers le compte d’exploitation de nos défenseurs acharnés de la Liberté d’expression. 

    La Liberté d’expression garantie par des subventions étatiques, voila une idée que même l’URSS n’avait pas eue. La France est en effet, à ma connaissance, le seul pays démocratique au monde où la presse est subventionnée au vu et au su de tout  un chacun… par le gouvernement.

    Et le rôle de cette presse est très simple : il faut qu’elle explique sans arrêt au petit peuple, ignorant par définition mais dont ON veut le bien,  que les "experts" (Attali, Minc, Duhamel  BHL rejoints par tous les Oints du Seigneur..) sont absolument certains que si l’Euro venait à disparaitre, ce serait une catastrophe inimaginable, nous retournerions immédiatement à l’âge de pierre et la guerre entre la France et l’Allemagne reprendrait immédiatement.

    Donc, le rôle des media n’est en rien de présenter un dossier argumenté sur les avantages, les inconvénients ou les modalités d’une éventuelle sortie de l’Euro mais tout simplement de faire peur.  Et je dois dire qu’ils accomplissent cette mission avec brio et succès.Mais comme Attali, Minc, BHL, Duhamel et tous les seconds couteaux qui sévissent à leurs cotés se trompent sur tout et depuis toujours, le peuple commence à avoir des doutes.

    J’engage le lecteur à écouter par exemple sur ce site ce que disait Attali de l’Euro à la fin des années 90….On ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. Heureusement, ce grand homme a décidé de devenir Sri Attali, le grand sage Indou qui veut nous apprendre à trouver la paix intérieure malgré la dureté de la vie. Devant un tel culot, on ne peut que s’incliner, avec respect, en espérant que pour une fois c’est lui qui a écrit l’ouvrage et que ce sera son dernier.

    Mais la partie la plus facile à effrayer dans la population est bien sur constituée par les rentiers qui ont pensé s’assurer une retraite en souscrivant à une assurance vie qu’ils ont investie massivement en obligations de l’Etat Français. Eux, ils sont terrifiés par l’éventualité d’une disparition de l’Euro, et ils ont raison.

    Mais hélas, la BCE, comme je l’ai indiqué plus haut a comme objectif premier non pas leur bien être (quelle idée !),  mais la survie des structures de pouvoir mises en place dans les 15 dernières années en Europe au profit de gens non élus tels monsieur Juncker ou Draghi. Pour cela, elle a introduit récemment des taux d’intérêts négatifs, selon la vieille idée Keynésienne que pour avoir une économie saine, il faut d’abord procéder à l’euthanasie du rentier. Comme je l’ai indiqué dans un article récent, le but parfaitement officiel de la BCE est donc de ruiner les rentiers Européens en général et le rentier Français en particulier.  Or il se trouve que les détenteurs d’assurance vie constituent en France les gros bataillons  des partisans de la survie de l’Euro et la BCE  vient de leur déclarer la guerre, pour protéger nos élites contre leur propre incompétence.

    Le choix devant lequel se trouve le rentier Français est donc assez simple.

    Soit il préfère un  infarctus, la sortie de l’Euro, et cela  n’est pas toujours fatal, soit il préfère un cancer généralisé. Dans le second cas, on  met certes plus longtemps à trépasser, mais la fin de vie n’est pas très agréable.

    Et donc nos assurés vont se retrouver ruinés quoiqu’il se passe.

    Leur soutien à l’Euro va faiblir au fur et à mesure qu’ils vont prendre conscience de cette dure réalité, ce qui va ouvrir un boulevard à ceux qui veulent le supprimer (suivez mon regard…)

    J’en tire deux conclusions :

    La première est que les lecteurs qui ont une assurance vie doivent de toute urgence en changer la composition et vendre  toutes les obligations Françaises qu’ils pourraient avoir pour les remplacer par des obligations Américaines ou des actions « Schumpéteriennes » cotées à  Paris. (NDLR sont appelées “actions schumpéteriennes des actions de sociétés sans lien avec l’Etat, qui vendent un produit tangible, pour simplifier/ ex: Air Liquide)

    La deuxième est que l’agonie de l’Euro a commencé, mais que nous avons en face de nous des forces immenses qui gèrent nos institutions en fonction du vieux principe socialiste « Périsse le Peuple plutôt que nos idées »  et donc que cette agonie va être plus longue et douloureuse pour tout le monde que je ne le pensais en 2011.

    Je suis désolé d’avoir  été trop optimiste à l’époque, et je m’en excuse.

    Et c’est en effet au pied du mur que l’on voit le mieux le mur. 

     

    Charles Gave est président de l'Institut des Libertés, un think tank libéral. Il est économiste et financier. Son dernier ouvrage L’Etat est mort, vive l’état aux Editions François Bourin 2009 prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal Research et Gavekal Securities et membre du conseil d’administration de SCOR.

  • Michel Onfray leur dit leur fait : « Les médias de masse ont intérêt à cultiver l'imbécillité »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Michel Onfray dresse ici un réquisitoire sans concession contre des médias devenus symboles de la défaite de la pensée [Figarovox - 19.09]. Il lance sa propre Web TV* en lien avec l'Université populaire de Caen. Il l'ignore sans-doute : sa critique de l'asservissement des journalistes et des auteurs à l'Argent rejoint celle - ancienne et pertinente - de Charles Maurras. Et ses coups de griffe au Système, voire à la modernité, nous sont sympathiques. Faute d'une pensée politique réellement construite, il fait oeuvre utile pour démystifier la pensée dominante et le Système qu'elle sous-tend.  LFAR 

     

    Michel-Onfray-en-2011_exact1024x768_p.jpgVous venez de lancer votre web TV. Pourquoi avoir créé ce nouveau média ? À qui s'adresse-t-il ?

    Pour disposer de temps afin de développer des argumentations et des démonstrations, ce qui est impossible dans un média dans lequel le temps c'est de l'argent. Et souvent : beaucoup d'argent… Dès lors, dans un média classique, ce qui est visé est moins l'information, vraie ou fausse d'ailleurs, que le spectacle susceptible de créer le buzz. Autrement dit, il faut obtenir le maximum de consommateurs devant leur écran à l'heure où le clystère publicitaire se trouve infligé. Or on n'obtient pas un public massif avec de l'argumentation ou de la démonstration, mais avec de la grossièreté ou du dérapage, de l'insulte ou de la haine, du mépris ou de la boxe. Quand jadis Paul Amar apportait sur un plateau une paire de gants de boxe, il montrait ce qu'étaient vraiment les choses. On l'a d'ailleurs congédié pour avoir dénudé le roi. Il faut désormais cogner, en dessous de la ceinture si l'on veut, pour obtenir le vacillement ou le k.-o. de l'adversaire. Ce média que j'initie avec mes amis s'adresse à tous ceux qui veulent prendre le temps d'entendre des arguments sur les questions d'actualité afin de se faire un avis par eux-mêmes, mais aussi sur mille autres sujets qui constituent les séminaires de l'UP.

    Quels seront les principaux programmes ? L'esprit de cette télé sera-t-il proche de celui de l'université populaire de Caen ?

    C'est d'abord le média de l'université populaire. J'ai souhaité reporter le lancement de ce média de juin à septembre parce que les interventions de mes amis de l'UP n'étaient pas prêtes à être mises en ligne. J'ai préféré commencer plus tard, avec ma trentaine d'amis, plutôt que très vite, avec moi seul. Je souhaite par la suite créer des rubriques autonomes pour mes amis qui souhaiteraient s'exprimer aussi. Nous commençons de façon expérimentale. Il n'existe aucune WebTV de ce type à cette heure me dit-on.

    Ce projet s'inscrit-il en réaction au système médiatique actuel ? Celui-ci est-il trop uniforme ?

    Oui, bien sûr. Le système médiatique est aujourd'hui digne des systèmes les plus idéologiquement intolérants. Tout le monde peut-être invité (encore que : Patrick Cohen a franchement parlé un jour d'une liste noire de gens à ne pas inviter sur le service public…), mais il y aura au moins deux traitements : le premier qui est celui du tapis rouge réservé aux tenants de l'idéologie dominante (en un mot, les partisans du libéralisme d'État et de l'Europe transnationale) le second est celui du punching-ball réservé à ceux qui ne communient pas dans cette religion étatique et dont le temps de parole sera entièrement consacré à se justifier de ne pas faire le jeu du FN, de ne pas rouler pour Marine Le Pen, de ne pas penser comme Éric Zemmour ou Robert Ménard, de ne pas être antisémite ou islamophobe… Ainsi, on a annoncé sur France Culture que « Michel Onfray lançait son web média… comme Soral et Dieudonné ». Ce qui renseigne sur le degré de perfidie … du service public !

    Vous avez déclaré souhaiter « reprendre en main de façon libertaire et non libérale l'information ». Qu'entendez-vous par là ? Les médias véhiculent-ils une idéologie dominante ?

    Oui, bien sûr. Du moins les médias de masse et la totalité du service public qui est franchement à la botte du pouvoir d'État. Depuis que Mitterrand a abandonné le socialisme au profit du libéralisme en 1983 puis le pacifisme au profit du bellicisme en 1991, l'idéologie dominante ne sépare plus la droite de la gauche, mais les libéraux d'État de droite et de gauche (Sarkozy, Juppé, Le Maire, NKM et Hollande, Valls, Macron) et les antilibéraux de droite et de gauche (Le Pen, Guaino, Dupont-Aignan et Mélenchon, Besancenot, Arthaud). Les médias dominants roulent pour le libéralisme d'État de droite et de gauche, et je risque peu à prophétiser que le prochain chef de l'État sera issu de ce bloc-là. On changera de figure, mais pas de politique.

    Aucun espace médiatique ne trouve grâce à vos yeux ?

    Si, tel ou tel support, le vôtre par exemple, dans lequel je sais que, si l'on n'est pas d'accord avec moi, on ne me salira pas personnellement et qu'on n'utilisera pas d'attaques ad hominem, de sous-entendus tordus…

    Vous voulez échapper « au culte de la petite phrase, du sniper prêt à tout pour créer le buzz ». Lorsque vous participez à une émission comme « On n'est pas couché » ou plus récemment « C l'hebdo » avec Aymeric Caron, n'avez-vous pas tendance à y céder parfois vous aussi ?

    La production m'avait assuré que l'émission serait courtoise. J'ai eu la faiblesse de le croire quand j'ai accepté de m'y rendre. Quant aux petites phrases, si elles existent, elles ne sont pas de mon fait : je ne suis pas comme ces politiques ou ces journalistes incapables d'improviser et qui ne travaillent qu'avec des communicants qui leur écrivent les phrases qui feront les fameuses petites phrases. Nombre de journalistes lisent leurs textes et les blagues de tel ou tel sont écrites et défilent sur les prompteurs. La petite phrase est la production idéologique destinée à créer le buzz qui induit les parts de marché qui décident de la reconduction des émissions, de la place dans les grilles de diffusion et, bien sûr, des émoluments des animateurs. On comprend qu'avec pareils enjeux, les médias de masse aient intérêt à cultiver le superficiel, l'anecdotique, le bref, le ricanant, sinon l'imbécile.

    Alain Finkielkraut explique qu'il lui semble nécessaire d'aller dans la gueule du loup dire son fait à la bien-pensance et au « politiquement ricanant ». Partagez-vous son point de vue ?

    Il a absolument raison. Sauf qu'il y a des lieux où on ne peut pas faire passer son message, il s'agit de savoir lesquels. Comme ça n'est pas une science exacte, on peut se tromper. On ne le sait qu'après… Il arrive qu'on perde son temps dans une émission littéraire où les écrivains n'écrivent pas leurs livres alors qu'on le gagnera en allant sur un plateau a priori moins intellectuel mais sur lequel on aura pu dire deux ou trois choses.

    Est-il possible de réagir à l'actualité chaude en conservant le recul de la philosophie ?

    Oui, absolument. Pourquoi le philosophe n'aurait-il pas les qualités de l'urgentiste, du chirurgien de guerre, du secouriste sur les lieux d'un accident ? Et puis il est drôle qu'on se demande si un philosophe peut penser à chaud quand le moindre quidam commente la moindre actualité en ne s'autorisant que de lui ! Ou qu'on permet au journaliste de réagir à chaud. Si le philosophe a derrière lui un travail de réflexion sur les sujets sur lesquels il s'exprime, il est habilité à parler.

    La rentrée télé est dominée par le face-à-face entre Yann Barthès et Cyril Hanouna. Que cela vous inspire-t-il ?

    Les médias parlent des médias, c'est leur affaire. Il y a plus important à penser, me semble-t-il.

    Dans les colonnes du Figaro, vous déclariez : « Vouloir ressembler à Serge Reggiani ou à Yves Montand, c'est tout de même moins déshonorant que vouloir ressembler à Cyril Hanouna ! Il est donc logique que de nos jours, la kalachnikov devienne le rêve ultime …»

    Cette phrase se trouvait dans un contexte qui me faisait dire une chose, puis donner un exemple pour l'illustrer. On a préféré s'exciter sur l'exemple plutôt que de disserter sur la thèse qui était : dans un pays où l'idéal est perdu, il n'est pas étonnant que des jeunes optent pour une idéologie clé en main - l'islam intégriste en l'occurrence. Vous connaissez ce proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ». Sur les réseaux sociaux, on regarde beaucoup le doigt… Et les journalistes qui pensent désormais dans les formats épidermiques imposés par les réseaux sociaux emboîtent le pas. Ils disposent ainsi du buzz, premier bénéfice, puis, second bénéfice, le plus important, ils évitent le débat sur la thèse. De sorte qu'il était plus facile de faire de moi une personne qui salissait Hanouna que de s'interroger sur Hanouna comme symptôme. C'est la maladie qui est le problème, pas le symptôme. Hanouna a saisi l'occasion pour montrer du doigt le doigt qui montrait tout en ignorant même s'il y avait aussi la lune. Je lui ai fait un texto explicatif, il ne m'a pas répondu, tout à l'admiration de son doigt.

    Vous avez déclaré « le Burkini est une petite chose » et fustigé une nouvelle fois notre politique étrangère. On peut dénoncer fortement l'ingérence occidentale au Moyen-Orient tout en s'inquiétant de la désintégration culturelle d'une partie de la population française…

    Oui, en effet, mais là encore, regarder le burkini, c'est regarder le doigt… Pendant ce temps-là, on ne s'interroge pas sur les seules questions qui importent : la généalogie. D'où cela vient-il ? Que des hommes puissent croire qu'en écrasant des enfants et leurs parents avec un camion, qu'en égorgeant un prêtre qui dit la messe, qu'en massacrant des gens qui boivent un verre à une terrasse de café ou que des femmes puissent imaginer que Dieu a le souci de leur maillot de bain sur la plage ou de ce qui se trouve dans le verre qu'elles sirotent, cela renseigne sur l'état de la raison et des Lumières, de l'intelligence et de la réflexion en France. Car cette génération de personnes chez qui la défaite de la pensée est à ce point majeure est le produit de politiques « éducatives » françaises menées depuis pas mal d'années.

    Pour les gens qui vivent dans ou à proximité de quartiers salafisés, le « Burkini » mais aussi la Burqa, le voile ou la pression des barbus, ne sont pas de « petites choses », mais l'affirmation d'une identité, voire d'une idéologie conquérante… Comprenez-vous qu'une partie de la population s'inquiète sincèrement de la progression et de la banalisation des codes islamistes dans certains territoires ?

    Bien sûr que je le comprends. Mais si l'intelligence a disparu là où l'on se prosterne désormais devant des articles de foi, il faut ajouter que la disparition du débat sur ce sujet à cause de médias qui se battent à coup d'imprécations sur le principe du « pour ou contre le burkini » a laissé désormais la place au viscéral, à l'instinctif, au tripal. Les médias s'honoreraient à faire sur ces sujets de véritables émissions dans lesquelles on ne visera pas le sensationnel mais l'éducation populaire. Que certains quartiers soient perdus pour la république est une chose qui se dit depuis longtemps: qu'ont fait la droite et la gauche qui se remplacent au pouvoir depuis un demi-siècle ? Rien.

    Revenons à la désintégration culturelle. L'été 2016 a été celui du massacre islamiste de la promenade des Anglais et des « grands adultes en trottinette » chassant les Pokémon….

    Là aussi, là encore, la trottinette est le doigt… J'ai donné cet exemple pour une thèse qu'on a soigneusement évité de discuter : notre société ne se féminise pas, contrairement à ce que dit Éric Zemmour, elle s'infantilise. J'ai pris l'exemple de la trottinette, du tatouage, du baladeur, j'aurais pu ajouter, pour les adultes, car c'est d'eux dont je parlais, le vapotage qui est le suçotage des grands, le bermuda qui est la culotte courte des adultes, les baskets qui sont les chaussures des adolescents, le Pokémon bien sûr qui est le cache-cache des quadras, mais ça n'est pas le sujet, la question ou le problème. La vraie question est : quand on refuse tant de devenir ou d'être un adulte, pourquoi penserait-on autrement que comme un enfant ? Mais je subodore que le buzz va se faire plus sur « Onfray dézingue le vapotage » que sur cette thèse que nous vivons dans une société infantile où tout est fait pour infantiliser. C'est tellement plus facile de séduire l'électeur quand il est un enfant !   

    * Web TV 

    Alexandre Devecchio           

  • La globalisation, combien de morts ?, par François-Marie Boudet.

    Source : https://lebiencommun.net/kiosque/le-bien-commun-n18/

    Entretien avec Hervé Juvin

    Essayiste et député français au parlement européen du groupe Identité et Démocratie.

    « La pandémie est la conséquence de la mobilité forcenée et de l’abandon de tout dispositif de séparation entre les populations. »

    Hervé Juvin, le monde traverse en ce moment une crise liée à la pandémie de Covid-19. La crise de la globalisation est-elle une défaite des idéologies mondialistes ?

    Il s’agit d’une crise dans la globalisation. La carte de la pandémie correspond à celle des grands mouvements intercontinentaux d’aéroports à aéroports, des relations d’affaires internationales. La globalisation des affaires, la consommation touristique du monde ont facilité la propagation du virus. La pandémie est la conséquence de la mobilité forcenée et de l’abandon de tout dispositif de séparation entre les populations. La seule frontière qui protège à présent les individus reste leur propre épiderme. C’est une réalité brutale. L’abolition de toutes les séparations entre des êtres qui vivaient dans des milieux extrêmement différents, et développaient ainsi des systèmes immunitaires propres, est une réalité à certains égards effrayante. Il faut porter un masque, il ne faut plus s’approcher à moins d’un mètre de nos congénères… Nous recréons ainsi des frontières, mais entre les individus. La propagation des masques m’avait déjà choqué lors de mes voyages en Asie. J’avais alors réalisé qu’une grande partie de la population portait des masques dans la rue. Nous perdons l’altérité, l’échange avec l’autre. Le masque, comme peut le faire le voile islamique, supprime donc l’altérité. Sous prétexte de vivre-ensemble, d’abolition de barrières, une nouvelle succession de séparations sanitaires est rendue obligatoire entre les individus, du port du préservatif depuis l’épidémie du SIDA, au port du masque, en passant par la fin des poignées de mains et des embrassades. Nous assistons bien à une régression de la civilisation en modifiant la façon dont nous échangeons entre êtres humains. La situation va bien plus loin dans ses conséquences que les répercussions sur l’économie, le nombre de voyages internationaux… C’est la nature-même des relations humaines qui est en train d’évoluer : des familles se trouvent interdites de sorties à quatre ou cinq individus, il est illégal de pratiquer des activités physiques en groupe. L’idéologie du tous ensemble qui triomphe dans l’abolition des frontières aboutit ainsi à une séparation bien plus violente des individus qui sont beaucoup plus affectés qu’ils n’auraient pu l’être par les délimitations des Etats. La peau redevient la dernière frontière, elle a bien la même fonction : elle procède à des échanges, à travers la sueur, la respiration, elle est ce qui permet à tout être vivant d’accepter ce qui lui est favorable et de rejeter le défavorable.

    Une grande partie de la société semble se plier aux règles imposées, notamment le confinement, et est prête à sacrifier beaucoup pour la santé, est-ce quelque chose de nouveau ?

    Aux débuts de la révolution industrielle, un pacte a été conclu entre la démocratie et la croissance. Ce pacte consiste à dire que la liberté politique de la société de se donner ses propres lois va de pair avec la promesse d’abondance et d’enrichissement illimité pour chacun. C’est le pacte fondateur de la modernité, le pacte fondateur entre libéralisme politique et libéralisme économique. Ce pacte est maintenant en train de se rompre : il reposait principalement sur la colonisation et sur l’extraction de ressources de la nature qui n’est pas invitée au pacte. La conclusion de ce pacte sous-entendait aussi la négation du sacré, ce qui fait que les hommes peuvent tuer ou mourir pour quelque chose qui dépasse leur intérêt individuel. Le sacré c’est l’idée qu’il y a des choses qui dépassent la loi, qui dépassent l’intérêt et pour lesquelles un homme est capable de mettre sa vie en jeu. À l’heure du confinement, nous sommes invités à nous poser ces questions : est-ce qu’il reste du sacré dans nos sociétés ? Je suis frappé par l’absence de réaction alors que des milliers de Français seront morts absolument seuls dans les EHPAD ou dans les hôpitaux, d’autres causes que le co-ronavirus sans que leurs proches aient le droit de les assister. Les religieux en général n’ont pas le droit d’assister les mourants. Les édifices religieux sont fermés et les manifestations de communion de foi sont interdites. La population s’est soumise. Les lois humaines ne sont pas au-dessus de tout, elles passent après les intérêts des grands groupes pharmaceutiques et après les considérations géopolitiques sur qui sortira gagnant ou perdant de la crise. Puisqu’il y aura des gagnants et des perdants. Tous ces conflits nous font passer à côté des devoirs sacrés de l’homme qu’il a d’être présent auprès de ses proches lors de leurs derniers instants, celui d’assister religieusement les mourants. Et cela ne pose aucun problème à la majorité de la population, la priorité sanitaire absolue marque aussi une sortie de la religion et du sacré. Ce sacrifice des devoirs, des libertés à l’ordre sanitaire est par ailleurs inquiétant pour la démocratie.

    Vous parlez de crise dans la globalisation et non pas de crise de la globalisation ?

    Au lieu d’assister à un rétablissement des frontières et à une nouvelle régionalisation du monde, la globalisation peut ressortir grandie. Sachez que la fondation Microsoft de Bill Gates avait financé des recherches sur ce à quoi ressemblerait une pandémie mondiale. Par ailleurs, un certain nombre de milliardaires qui financent des organisations globa-listes profitent de la pandémie pour essayer d’instaurer une vaccination mondiale obligatoire et un système de contrôle sanitaire global. On peut craindre, après une remise en cause de la globalisation, une nouvelle marche en avant de la mondialisation au nom du vieux principe « si ça ne marche pas c’est qu’on n’en fait pas assez ». Les Big Pharma préparent l’offensive : la solution ce n’est pas la frontière, c’est la vaccination.

    L’Union européenne semble d’ailleurs avoir profité du confinemént pour entamer des négociations pour discuter de l’entrée de la Macédoine.

    Oui, il s’agit d’un sale coup, de la même manière que peut l’être de donner des financements à la Turquie et à plusieurs pays tiers. Je le redis en observant tous ces mouvements : soyons très prudents sur les conséquences de la crise que nous vivons. Les endettements seront monstrueux et échapperont aux États, au profit des grands fonds d’investissement. Les menaces sur les libertés publiques (se déplacer librement,…) se multiplient. Au lieu d’un retour des frontières, à la régionalisation, au localisme, à une nouvelle proximité avec la nature, je suis convaincu que les conséquences pourraient être l’inverse, avec l’établissement d’une autorité sanitaire globale soumettant le monde aux mêmes procédures, aux mêmes vaccins ; ou le renforcement de la sphère financière qui, grâce à l’endettement croissant des États continuera à exercer sa mainmise sur les politiques publiques et les progrès de vie, et une recherche de mainmise accrue sur le vivant.

    Que pensez-vous de la « déclaration de guerre » d’Emmanuel Macron au virus ?

    Nous ne faisons pas une guerre aux bactéries ou à un virus. Le virus fait partie de la vie. Le risque d’aller vers plus de contrôle de la vie est à prendre en compte. Ici, c’est le commerce d’animaux sauvages et la promiscuité de sociétés humaines aux systèmes immunitaires différents. La globalisation risque de donner la réponse suivante : plus de contrôle de la vie et artificialiser encore plus le monde. Le pacte que j’évoquais n’a été possible que par la colonisation et l’économie extractive. Aujourd’hui, la fuite en avant serait l’éradication. Ma conviction est que le combat contre la nature, contre la vie, ne peut être gagné. Les deux possibilités sont donc : on change de direction, ou on va encore plus loin dans la direction actuelle. En poursuivant, nous serions à la première étape d’un processus d’effondrement.

    « Tous ces conflits nous font passer à côté des devoirs sacrés de l’homme
    qu’il a d’être présent auprès de ses proches lors de leurs derniers instants, celui d’assister religieusement les mourants. »

    Il s’agit du début des conséquences de l’Hybris humaine de la guerre menée contre la nature : refus de la mort, transhumanisme, le rêve de l’autodétermination — choisir son sexe, son âge, changer d’identité à plusieurs reprises. Il s’agit d’une illusion aux conséquences sociales et psychologiques terribles dont nous commençons seulement à payer le prix.

    Ce tribut ne cessera pas de monter. Je rappelle que la véritable écologie politique, ce n’est pas le réchauffement climatique, la survie des espèces…

    La planète continuera très bien sans l’homme. L’homme est très fragile et très agressif dans le même temps. Ce paradoxe est dangereux pour l’humain et se vérifie notamment dans les zones où l’homme s’est attaqué violemment à la nature, je pense à l’Angola où les animaux ont été massacrés pour faire de la viande de brousse pendant la guerre civile, aujourd’hui des régions entières de ce pays sont vidées des hommes, la nature reprend ses droits, animaux et végétaux croissent. Nous observons la même chose en Ukraine dans la zone où le drame de Tchernobyl a eu lieu. Ne nous faisons pas d’illusion : la véritable raison de l’écologie, c’est la préservation de l’espèce humaine.

    La pandémie, aux effets statistiques relativement faibles au final par rapport aux cancers, aux maladies cardiovasculaires, a un effet de panique, de grande peur moderne. Derrière cette grande peur, on remarque que la pandémie tue en majorité des personnes diabétiques, qui souffrent de problèmes cardiaques, d’insuffisances respiratoires. Cela pose une question sur le modèle d’activité sédentaire, de nourriture industrielle très éloignée des produits directs de la nature, ce qui a pour conséquence une dégénérescence de l’espèce humaine qui la rend fragile aux pandémies de toutes sortes. Aujourd’hui les populations doivent être conscientes que nous faisons face à une dégénérescence de l’espèce : baisse de l’espérance de vie aux États-Unis, augmentation de l’obésité partout dans le monde…

    Peut-on parler de manière générale d’une médicalisation, d’une industrialisation de la vie ?

    C’est une artificialisation de la vie. On le voit avec la congélation des ovules, des laboratoires travaillent sur la reproduction industrielle du corps humain, en dehors du corps. Je reviens sur le masque, qui est un exemple de l’artificialisation de la vie humaine, un autre exemple est tout simplement l’air climatisé. Alors que le génie humain faisait que des populations pouvaient, pour certaines, vivre à 40 degrés en dessous de zéro et d’autres à 40 au-dessus. Actuellement, sous prétexte d’amélioration des conditions de vie, on prétend que tout le monde doit vivre avec une température de 19 ou 20 degrés en permanence. C’est dévastateur en termes de ressources naturelles, en termes de savoir-faire locaux, d’anciennes habitations d’Afrique ou d’Inde avaient d’excellents moyens pour laisser circuler l’air et protéger de la chaleur. L’industrie et la consommation d’énergie ruinent les savoir-faire locaux, les dernières personnes capables de construire un igloo disparaissent, comme les dernières personnes capables de construire des maisons rafraîchissant l’air. Ces adaptations culturelles disparaissent au nom de l’industrialisation et de l’uniformisation. Certains voient là un progrès, j’y vois une régression et une mise en danger de la survie de l’humanité.

    « Le libéralisme et la gestion comptable de nos dépenses publiques, en
    matière de santé et en général, fait que nous sommes dans un processus de sous-développement. »

    L’épidémie part de Chine, la Chine vend ensuite des masques aux Européens, ces masques sont achetés au dernier moment par les États-Unis qui y mettent le prix fort. Assiste-t-on à une humiliation des pays européens ?

    Bien plus que cela. En 2000, le système de santé français avait été apprécié comme étant l’un des  meilleurs du monde. On est entré dans un processus de sous-développement de nos équipements destinés au public. En 2008, la crise était une première étape, quand les experts occidentaux n’ont pu prédire l’ampleur de la crise économique. Dans le reste du monde, notamment en Chine, en Inde ou en Russie, les États ont pris conscience que les occidentaux ne sont pas meilleurs. La pandémie actuelle va selon moi renforcer cette idée. Il faut être très prudent dans nos affirmations mais parmi les pays qui semblent s’en tirer le mieux, nous voyons Taïwan, le Vietnam, la Corée du Sud où la discipline collective, le sentiment national sont extrêmement forts, alors que des nations occidentales subissent très fortement la crise. Je pense à l’Italie ou la France où le système de santé a été manifestement sous-développé et la réponse sanitaire insuffisante. La solution du confinement que nous avons adoptée est la solution du pauvre. Nous l’avons adoptée par défaut, faute de masques et de tests. C’est pire aux États-Unis, qui sont dans une détresse sanitaire alors qu’une partie de la population n’a pas les moyens de payer le moindre soin. Les gens ne se font ni tester ni soigner aux premiers signes, conditions très favorables à la propagation de la maladie. Le sentiment mondial : nous ne sommes vraiment pas aussi bons que ce qu’on disait. Le libéralisme et la gestion comptable de nos dépenses publiques, en matière de santé et en général, fait que nous sommes dans un processus de sous-développement. Nos sociétés font le sacrifice de leurs équipements pour acheter la paix sociale.

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  • « La monarchie permettrait de rétablir les équilibres et de garantir les libertés »

     

    Le prince Jean de France, nouveau comte de Paris, est intervenu à plusieurs reprises dans le cours de la Semaine Sainte sur différents organes de presse – Le Figaro, L’écho républicain – pour dire son souci de la France, après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. C’est ce souci de la France, dégagé de toute visée électoraliste, qui guide la pensée du Prince et qu’il veut bien confier à Politique magazine.

    Monseigneur, comment percevez-vous la campagne des européennes et l’alternative que pose Emmanuel Macron, « moi ou le chaos » ?

    C’est un peu binaire comme vision des choses ! Il faut toujours faire attention aux formules chocs, qui sont là pour marquer les esprits. Il y a certainement d’autres voies, dont une, le concert des nations, qui est une expression qui me plait. Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, le concert des nations et le modèle de construction européenne qu’il suppose devraient être ce qui oriente la campagne. Il y a de nombreux enjeux, dans ces élections. Nous sommes le seul pays où la majorité en place, à chaque élection européenne, est élue de manière très inconfortable. L’Europe est-elle mal aimée, les Français, déjà inquiets pour eux-mêmes, sont-ils très inquiets vis-à-vis de cette instance supranationale qui paraît peu concrète et viser plus le consensus que le bien commun ? Pour le moment, on ressent surtout le désamour caractéristique des Français pour les élections.

    Ils s’expriment autrement, par exemple avec les Gilets jaunes, qui ont montré que certains Français étaient au bord de l’exaspération à force de se sentir ignorés, voire méprisés : comment ressentez-vous l’état du pays ?

    Les Gilets jaunes, si l’on met de côté les débordements qu’on connaît, expriment les multiples fractures qui existent en France, entre riches et pauvres, entre gens des villes et gens des champs, entre ceux qui sont “dans le système” et ceux qui sont hors système, entre ceux qui triment et ceux qui bénéficient de la conjoncture, etc. Ce sont ces oppositions telles qu’elles se sont creusées depuis une trentaine d’année qui surgissent, dans un ras-le-bol général où les Français réclament un travail décent, des écoles pour leurs enfants, une retraite qui leur permette de vivre après avoir donné du temps à leur pays, une couverture sociale suffisante, un environnement agréable et sécurisé… La base, quoi, alors que tout ceci est plutôt laissé de côté par une nomenklatura urbaine hors-sol qui ne comprend pas que ceux qui ne votent pas et ne manifestent pas puissent rêver d’autre chose que de leur projet.

    N’y a-t-il pas aussi chez eux le refus d’une impuissance de l’État à agir sur la réalité ?

    Il y a certainement une impuissance de l’État, puisque l’Union européenne a pris le pas sur le périmètre d’influence de l’État français. D’autre part, l’État ne s’intéresse plus au bien commun, ni au service de la France et des Français. Ce sont deux moteurs qui vont de concert.

    Quand on ne maîtrise plus la monnaie ni la loi, ni la sécurité (80 zones de non-droit, outre les incivilités permanentes !), que reste-t-il ?…

    Je suis d’accord, nous sommes désormais dans une France liquide dans une Europe sous influence comme dit Philippe de Villiers. Cette Europe autoproclamée a en fait été programmée pour et par les États-Unis.

    Outre les Gilets jaunes et leur démonstrations spectaculaires, les enquêtes du Cevipof montrent, depuis dix ans, que les Français ont de moins en moins confiance dans le personnel politique. L’idée d’un gouvernement débarrassé des contraintes de la démocratie participative recueille même un assentiment assez fort. Y a-t-il une impossibilité institutionnelle, en France, à entendre ce genre de discours ?

    Je ne sais pas s’il faut parler d’impossibilité institutionnelle, mais il y a une désaffection des Français pour leurs politiques, qui se sont détournés de leur vocation première et ont laissé le système confisquer tous les moyens d’expression, tous les sujets de débat, au point que la liberté en pâtit. Alors que c’est une liberté nécessaire de pouvoir s’exprimer et d’être entendu. Par ailleurs, dans un tel système, la seule déclinaison possible est une manière de despotisme, éclairé ou non, selon ce qu’en disent des Européens convaincus, comme M. Delors. Alors que « le Prince en ses conseils et le peuple en ses états », c’est-à-dire la monarchie, permettrait de rétablir les équilibres et de garantir les libertés, sans glisser vers le despotisme tel qu’il est aujourd’hui exercé dans les pays où les gouvernements sont dans l’idéologie globalisée du moment.

    Cette crise de confiance, qui amène dans certains pays des réponses institutionnelles particulières, ne vient-elle pas aussi du fait que l’Union européenne doit faire face à deux gros problèmes, une immigration qui fracture les populations nationales et les divise en communautés hétérogènes, sans culture commune, et l’apparition d’un islam public très revendicatif réclamant que les cultures nationales s’adaptent à ses impératifs ?

    L’islam s’accommode très bien de l’idéologie du moment qui entraîne une partition de la population française, en fonction de la religion, des communautés, des intérêts divergents. Cette partition lui permet d’avancer. On ne peut considérer sans inquiétude, voire une certaine angoisse, les pays musulmans aujourd’hui, et le sort réservé à ceux qui n’ont pas cette religion. “L’islam modéré” ne sera qu’une étape, et comme il y a plusieurs islams, on peut qu’être perplexe quant à ce que cela va donner. Il faut évidemment retrouver un socle commun, culturel, historique, religieux.

    L’incendie de Notre Dame et les réactions qu’il a suscité prouvent-ils que ce socle commun existe et n’est que recouvert par la poussière des discours médiatiques ? La France se sent-elle toujours chrétienne dans ses racines sinon dans ses mœurs, avec son histoire et sa culture ?

    J’aimerais penser qu’il s’agit en effet de quelque chose de profond, et que l’idéologie relative du moment ne fait que recouvrir ce socle. On voit que le fonds chrétien ressort, une foi culturelle dans laquelle ont baigné nos hommes politiques.

    Comment le roi peut-il créer et maintenir la concorde nationale dans un pays où une part significative de la population est musulmane ?

    L’inspiration lui viendra quand le moment sera venu ! Ensuite, si le roi est aussi le protecteur des chrétiens, la vertu exige que la foi musulmane puisse s’exprimer sans remettre en cause l’état de droit : ce sera là le point d’équilibre.

    Monseigneur, comment ce roi protecteur des chrétiens peut-il travailler avec une église catholique en crise, d’une part, mais d’autre part très acquise aux valeurs de la république et à une interprétation de plus en plus humaniste du message de l’Évangile ?

    L’Église doit régler clairement et fermement ses problèmes internes, c’est une chose. Sur le second point, depuis Léon XIII, pour ainsi dire, l’Église a changé sa politique générale, qui était de s’appuyer sur les chrétiens pour avancer dans l’espace public. Le nouveau système finit par la dissoudre : dans la lettre des évêques de France, « Retrouver le sens du politique », publiée avant les dernières élections présidentielles. Il n’y a quasiment aucune références théologiques et philosophiques… Il n’y a pas de chapitre sur le travail, alors que c’est une valeur de base pour les chrétiens. L’Église a été évincée, s’est évincée, de toutes les sphères où elle aurait pu et dû marquer sa différence. Son influence est devenue plus limitée.

    Le roi, étant donné le tableau qu’on vient de dresser, devrait-il se borner aux fonctions régaliennes classiques (police, justice, armée, monnaie) ou, au moins pendant un temps de transition, tenir compte de l’importance considérable pris par l’État en France et de l’ampleur non moins considérable des problèmes que l’État n’a pas réglés, comme le désastre environnemental ?

    Bien sûr, c’est nécessaire. Et les rois ont toujours été des têtes de pont en matière environnementale. Il faut s’inscrire sur le long terme. L’environnement, et les questions sociales, et j’ai sur ce sujet la même sensibilité que mon grand-père : le Prince doit s’intéresser à ces questions-là. C’est un élément fort de pouvoir travailler sur ces sujets. Et il n’y a que les Princes qui peuvent agir : seul le roi est capable de poursuivre le bien commun tout en respectant les populations. Mieux vaut être petit, cela dit, comme le dit le prince du Liechtenstein.

    Aujourd’hui, la France n’est pas petite et le gouvernement d’une nation est enserré dans un tissu serré de relations internationales. Comment théoriser un pouvoir national aujourd’hui ?

    La seule chose qui fonctionne, c’est le principe de subsidiarité, qui s’appuie sur la confiance : les hommes sont faits pour vivre ensemble et s’ils s’entendent ils vivent mieux. C’est ça, le bien commun. Aujourd’hui, on pousse l’homme, par l’individualisme, à assumer ses désirs jusqu’à ce qu’on lui supprime ses libertés. Ce qui gouverne nos sociétés, c’est la défiance, l’idée que l’homme est un loup pour l’homme. Il faut changer de philosophie politique. Et on en revient au concert des nations : le concert n’exclue pas les fausses notes mais il y a une partition, une liberté d’interprétation et une volonté de jouer ensemble, chacun avec son talent.

    Monseigneur, comment voyez-vous votre rôle ici, en France, en 2019 ?

    Déjà comme chef de famille, dans une relation apaisée. Et je veux m’impliquer plus dans la vie de mon pays, par la parole et par les actes, avec des relations plus fortes avec l’État et des structures intermédiaires, avec les populations. Je parlerai plus fréquemment, et j’espère que mes actes seront à la hauteur. C’est important que le chef de la Maison de France soit présent.   

    Propos recueillis par Jean Viansson-Ponté et Philippe Mesnard

    Voir dans lafautearousseau ...
    Monseigneur le Comte de Paris, Famille de France
  • Guerre idéologique, par Philippe Germain.

    Table des matières

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (15/16)

    Elites et Géneration Maurras

    Pourquoi normal «  a minima  »  ? Simplement parce que l’Action française va jusqu’à voir dans la conquête technocratique de 2017 un fait «  justifié  », car contrairement au pays réel, le pays légal possède des élites.

    philippe germain.jpgL’importance attribuée au concept d’élite par l’Action française date de la Génération Maurras. Cette génération «  champignon  » de jeunes monarchistes – ignorante de l’analyse sociale de Pierre Debray sur les «  dynasties républicaines  » – se lança dans l’identification des élites du pays légal. En 1991, le premier numéro de la revue Réaction, dirigée par Jean-Pierre Deschodt et François Huguenin proposa un dossier novateur sur «  L’élite  ». Il prolongeait le numéro 2 des Cahiers d’Action française sur «  Pays légal/pays réel – la rupture  », réalisé sous la direction de Xavier Lepage en 1990. Le comité de rédaction de Réaction fit appel à plusieurs professeurs de Paris II et Paris IV. Il y a trente ans déjà, ils identifièrent les quatre élites du modèle oligarchique sous les noms de «  contre élite politicienne/élite de défense républicaine  », «  oligarchie financière/élite de l’argent  » puis les intermédiaires «  contre-élite médiatique/amuseurs et savoir  » et enfin «  technocratie  ». Les universitaires présentèrent les élites démocratiques comme des «  contre-élites  » dont l’obsession principale «  est de se protéger par tous les moyens contre ceux qui pourraient dénoncer, en utilisant leurs propres canaux, le caractère indu des privilèges qu’elles s’attribuent, et l’immoralité de leur domination.1  » Ils retrouvaient là les travaux maurrassiens d’un universitaire grenoblois réalisés vingt ans auparavant  : «  Le système ne garde une certaine pérennité qu’à la condition d’asservir ces factions “naturelles” au profit des couches sociales qui tirent directement leur subsistance et leur pouvoir de cette forme de régime, ces couches sociales constituent le pays légal. C’est une des clés de la démonstration maurrassienne ; la république, ne se perpétue qu’en désorganisant le pays réel.2  »

    En revanche Philippe Mesnard3 — représentatif de la Génération Maurras —explorait le concept d’élite à travers Pareto en mettant en évidence sa loi d’élimination des élites devenues faibles au profit d’une minorité qui, à son tour, perdra le pouvoir. Une loi vérifiée empiriquement en 2017 par l’élimination de l’élite politique au profit de la Technocratie avec l’aide de l’élite médiatique. Car voilà la première raison pour laquelle l’Action française considère comme justifiée la conquête technocratique du pouvoir politique. Le pays légal dispose encore de deux élites efficaces  : la médiatique et la technocratique. Ce n’est plus le cas du pays réel. La classe moyenne «  basse  » des Gilets Jaunes est loin de constituer une élite, ni d’ailleurs l’archipel catholico-conservateur qui entre en réaction contre le libéralisme sociétal mais vote pour le libéralisme politique  ; on écarte bien que ce qu’on peut remplacer. Le Pays réel ne pourra pas reprendre le pouvoir, suivant la belle formule de Pierre Boutang4, sans disposer d’une élite.

    Guerre  : culturelle ou idéologique

    La seconde raison, pour laquelle l’Action française considère justifiée la conquête technocratique du pouvoir politique, tient à l’analogie qu’elle fait avec l’idée5 d’Alain de Benoist sur un gramscisme de droite. Effectivement l’Action française constate que le pays légal est parvenu, tout en dégageant son élite politicienne disqualifiée, à établir une concordance entre la majorité politique (LREM-progressiste), la majorité sociologique (cadres, retraités, fonctionnaires) et la majorité idéologique (pôle des valeurs républicaines). A suivre le «  Pape  » de la Nouvelle Droite, la victoire-sauvetage du Pays légal serait justifiée, car l’alignement majoritaire réalisé en 2017 constitue la recette gagnante dans le Système. Du moins dans le Système de démocratie représentative dans lequel se place Benoist. L’élite médiatique à emporté la guerre culturelle, justifiant la victoire technocratique de 2017.

    C’est la fameuse guerre culturelle, sur laquelle la Génération Maurras s’est penchée depuis 1988 en rapprochant ses deux théoriciens  : Maurras et Gramsci6. Elle a donc étendu la méthode de physique sociale de la préoccupation de ce qu’elle a préféré nommer «  la guerre idéologique  »7. En réalité, elle retrouvait tout à la fois le souci maurrassien de L’Avenir de l’Intelligence (1903, celui de Jacques Bainville créant l’Institut d’Action Française en 1905), le manifeste d’Henri Massis «  Pour un parti de l’Intelligence  » (1919), la Revue Universelle (1920) et la réflexion stratégique de Michel Michel sur «  Les intellectuels8  » (1979).

    A vrai dire, la primauté du «  culturel d’abord  », permettant à la Nouvelle-Droite de se poser en s’opposant au «  politique d’abord  » maurrassien, est dans la pratique ramenée à la vieille lutte idéologique. On retrouve la vieille tension entre le catholicisme et une religion du «  Progrès  » substituant «  Demain  » au Ciel comme projection idéale polarisant l’espérance. Pendant longtemps, explique Michel Michel, «  la France a vécu dans une diarchie idéologique de type Don Camillo/Peppone  : les conflits avaient été rudes (surtout vers le début du XXe siècle  : séparation de l’Église et de l’État, expulsion des moines, inventaires des églises, affaire des fiches, etc.)  ; mais, après la guerre de 14-18, ces deux idéologies s’étaient assoupies, à peine réveillées par la “guerre scolaire” au début du septennat de François Mitterrand. Il fallut l’irruption d’une grosse immigration musulmane pour venir bouleverser cette guerre de tranchées presque figée dans son rituel.9  »

    Les trois référentiels idéologiques

    Pour l’Action française, la guerre idéologique va donc devoir être réinventée. En 2015 son responsable de la stratégie a effectivement produit une réflexion suite aux grandes manifestations contre la loi pour le mariage homosexuel. Dans son «  Chaos des référentiels  », Michel Michel estime : «  Aujourd’hui et dans les années qui vont suivre, trois pôles sont susceptibles de proposer un système cohérent de valeurs et un projet de société susceptible de structurer notre société  : le pôle “catholique et Français toujours”,, le pôle des “valeurs républicaines” et le pôle “islamiste”10.  »

    Et il précise  : «  Naturellement, on pourra trouver de nombreux cas échappant à cette typologie  : serviteurs de l’État souverainistes, catholiques bretons militants socialistes, maghrébins christianisés ou convaincus par le laïcisme  ; aussi faut-il comprendre ces trois pôles comme des “idéaux-types” qui, à la façon de Max Weber, sélectionnent les traits les plus pertinents pour permettre un raisonnement qui dépasse une vision atomisée et “nominaliste” de la société française.11  » Même si les enjeux des affrontements idéologiques sont surtout symboliques — voile dans les lieux publics, mariage gay, déchéance nationale, crèches de Noël dans les collectivités publiques, destruction de statues —, chaque pôle pourra se prévaloir d’une légitimité entrant en concurrence avec les deux autres  :

    • celle de l’identité et des traditions coutumières françaises  ;
    • celle des institutions légales  ;
    • celle de la conviction religieuse, de la jeunesse et d’un accroissement exponentiel.

    Pour l’Action française, il y a donc, à présent, non plus deux, mais trois projets de société, provoquant dans chaque «  camp  » durcissement et radicalisation réactionnelle. Pour elle, c’est le seconde évolution du temps présent, à prendre en compte après le déséquilibre au sein du pays légal crée par le dégagisme de l’élite politique et la prise de pouvoir technocratique.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 Claude Rousseau, «  Elites démocratiques, ou «  quand les égaux veulent se donner des rois  », Réaction n°1, 1991, p.28.
    2 Miche Michel, «  Pays légal – pays réel  », Amitiés Françaises Universitaires n° 165, mai 1971
    3 Philippe Mesnard, «  La pendule de Pareto «   l’histoire est un cimetière d’aristocraties  », », Réaction n°1, 1991, p.46-51.
    4 Pierre Boutang, Reprendre le pouvoir, Sagittaire, 1978.
    5 Alain de Benoist, «  Les causes culturelles du changement politique  », Pour un «  Gramscisme de droite  » -Actes du XVI° colloque du G.R.E.C.E., Le labyrinthe, 1982, p.11.
    6 Nicolas Portier , «  Deux théoriciens du pouvoir culturel  : Maurras et Gramsci  », Le Feu-Follet n°2 nouvelle série, octobre 1988.
    7 Nicolas Portier , «  La guerre idéologique  », Le Feu-Follet n°2 nouvelle série, octobre 1988
    8 Michel Michel, «  Les intellectuels  », Revue Royaliste n°3, janvier 1979.
    9 Michel Michel «  Les gilets jaunes  : qu’elle idéologie  », Nouvelle Revue Universelle n°57, 2019, p.48.
    10 Au sein de chaque Pôle, on pourra distinguer des «  écoles de pensées  » plus sophistiquées qui visent à rendre le Pôle plus cohérent et plus réactif  ; on donnera en exemple le trotskisme pour le Pôle idéologique républicain, ou l’Action Française pour le Pôle «  Catholique et Français toujours  ». Le risque de la sophistication de l’école de pensée est de ne plus avoir prise sur leur Pôle beaucoup plus fruste (par exemple effrayer les «  conservateurs  ») ; leur chance est de pouvoir se mobiliser et modifier les rapports de force globaux (cf. l’entrisme de l’OCI trotskyste dans le système républicain).
    11 Michel Michel «  Les gilets jaunes  : qu’elle idéologie  », Nouvelle Revue Universelle n°57, 2019, p.51.

  • Pourquoi le régime Algérien déteste t’il la France, par Charles Saint Prot.

    Direc­teur géné­ral de l’Observatoire d’études géopolitiques

    Doyen de l’Institut afri­cain de géo­po­li­tique (IAGEO)

    La déci­sion du régime algé­rien de rap­pe­ler son ambas­sa­deur en France, le 2 octobre 2021, est — comme la rup­ture des rela­tions avec le Maroc — celle d’un sys­tème à bout de souffle. Un sys­tème qui, à force de trom­per le monde depuis l’indépendance en 1962, tourne en rond et ne satis­fait que les inté­rêts par­ti­cu­liers des pro­fi­teurs cor­rom­pus du régime.

    2.jpgMais qu’a dit le pré­sident Macron pour conduire Alger à ce rap­pel sur­pre­nant de son ambas­sa­deur ? Tout sim­ple­ment que lors de dis­cus­sion avec des jeunes rela­tée par le quo­ti­dien Le Monde, Emma­nuel Macron a esti­mé, le jeu­di 30 sep­tembre, qu’après son indé­pen­dance en 1962, l’Algérie s’est construite sur « une rente mémo­rielle entre­te­nue par le sys­tème poli­ti­co-mili­taire ». Il y évoque aus­si « une his­toire offi­cielle réécrite », qui « ne s’appuie pas sur des véri­tés » mais sur « un dis­cours qui repose sur une haine de la France ». Dou­tant que l’Algérie ait consti­tué une nation avant la pré­sence fran­çaise, Emma­nuel Macron a éga­le­ment noté que les ter­ri­toires d’Alger, de Constan­tine et d’Oran étaient occu­pés par les Turcs otto­mans ; les­quels avaient été arrê­tés par les Rois du Maroc à la fron­tières marocaine.

    Dans un com­mu­ni­qué le régime algé­rien pré­tend que les pro­pos de M. Macron por­te­raient atteinte à la mémoire des 5,63 mil­lions de mar­tyrs qui auraient été vic­time de la pré­sence fran­çaise ! Encore un effort et les Algé­riens arri­ve­ront aux 6 mil­lions, alors que tout le monde sait qu’en 1830, il y avait à peine 2,5 mil­lions de per­sonnes sur le ter­ri­toire (dont une tren­taine de mil­liers dans la ville d’Alger) que la France appel­le­ra l’Algérie, et qu’il y en avait une dou­zaine de mil­lions (sans comp­ter 1 mil­lion d’Européens) lorsque la France est par­tie en 1962. Par­ler de géno­cide est donc une aber­ra­tion ou un slo­gan de pro­pa­gande d’un régime qui ne croit pas à ses propres men­songes — comme j’ai moi-même pu le consta­ter au début des années 1980 chez le pré­sident Chad­li Bendjedid.

    Une dic­ta­ture militaro-communiste

    Quand M. Macron affirme que le régime algé­rien — celui d’une dic­ta­ture mili­ta­ro-com­mu­niste ins­tal­lée depuis 1962 et 1965- déteste la France, il dit vrai car ce sys­tème s’est construit dans le mythe du résis­tan­cia­lisme et l’anti-France. Il déteste tout autant la France que le Royaume du Maroc et sans doute faut-il y voir le com­plexe d’un Etat nou­veau mis en place dans les années 1960, c’est-à-dire il y a moins de 60 ans. Cela fait une rude dif­fé­rence avec deux vieilles nations comme la France et le Maroc qui ont plus de mille ans d’existence !

     La récente déci­sion de Paris visant à l’indemnisations des Har­kis — les Algé­riens qui prirent le par­ti de la France — a sans doute aggra­vé les choses les causes de res­sen­ti­ment anti-fran­çais d’un régime qui en a fait son fonds de commerce.

    Une atti­tude ambi­guë contre le terrorisme

    Cela a, bien enten­du, des réper­cus­sions impor­tantes sur le plan géo­po­li­tique. C’est Alger, par le biais de la sor­dide « Sécu­ri­té mili­taire » for­mée par le KGB[1],  qui a été la matrice des mou­ve­ments (GIA)[2], Mou­ra­bi­toun de Ben­mok­thar ral­lié à AQMI (dont le diri­geant un membre du Poli­sa­rio vient d’être tué par l’armée fran­çaise), MUJAO et autres, pré­ten­du­ment isla­mistes mais réel­le­ment ter­ro­ristes qui pul­lulent dans la zone saha­ro-sahé­lienne. Et pour­tant Alger conti­nue à nier l’évidence :  la conni­vence indé­niable entre les groupes ter­ro­ristes algé­riens et AQMI ; c’est Alger qui ins­pire l’agit-prop contre son peuple, la France et l’unité maro­caine avec les réseaux com­mu­nistes et gau­chistes rému­né­rés par la Sécu­ri­té mili­taire ; c’est Alger qui se réjouit de la mau­vaise coopé­ra­tion d’un régime malien cor­rom­pu avec la France : c’est Alger qui applau­dit lorsque le pre­mier ministre malien insulte devant l’Assemblée géné­rale de l’ONU l’armée fran­çaise – qui est la seule à faire le tra­vail dans son pays.

    Il est clair que l’Algérie n’est pas un par­te­naire fiable en matière d’antiterrorisme, à la dif­fé­rence du Royaume du Maroc dont la loyau­té et la coopé­ra­tion exem­plaire sont louées aus­si bien à Paris que dans les capi­tales des pays euro­péens ou aux États-Unis. Com­ment ce régime qui n’a pas réus­si à éra­di­quer le ter­ro­risme sur son propre sol durant les deux der­nières décen­nies pour­rait-elle y par­ve­nir dans la région ?

    Un régime algé­rien aux abois

    Sur­tout, ce régime aux abois est celui de toutes les ambigüi­tés. L’avocat Hocine Zahouane, mili­tant des droits de l’homme, membre fon­da­teur et ancien pré­sident de la Ligue algé­rienne pour la défense des droits de l’homme (2005 – 2007), a pu noter que « La vio­lence [en Algé­rie] est entre­te­nue par des forces qui n’ont pas inté­rêt que la socié­té s’organise pour défendre ses droits, c’est une façon d’exercer l’hégémonie par le désordre ». On a vu récem­ment avec les mani­fes­ta­tions du Hirak, la crise avec le Maroc, les attaques anti-fran­çaises, la paro­die d’élections qui ont por­té à la pré­si­dence un homme qui a réuni 99% des suf­frages mais moins de 12 % d’électeurs, que le régime ne recule devant rien pour se main­te­nir au pou­voir. Cela l’entraînera-t-il dans une guerre insen­sée contre le Maroc ?  En tout cas, cela explique la logor­rhée anti­fran­çaise de ce sys­tème dont le peuple algé­rien reste la pre­mière victime.

    [1] Actuel­le­ment Dépar­te­ment de ren­sei­gne­ment et de sécu­ri­té (DRS), mais pour les Algé­riens ter­ro­ri­sés c’est tou­jours la SM. Sur le rôle de la Sécu­ri­té mili­taire, voir S.-E. Sid­houm : « La Sécu­ri­té mili­taire au cœur du pou­voir. Qua­rante ans de répres­sion impu­nie en Algé­rie, 1962 – 2001 », in Alge­ria-watch, sep­tembre 2001. [2] Selon Moha­med Sam­raoui, ancien colo­nel de la DRS, lors d’une inter­view à la chaîne arabe El Dja­zi­ra, le 5 août 2001 : « Les GIA [Groupes isla­mistes armés], c’est la créa­tion du pou­voir : ils ont tué des offi­ciers, des méde­cins, des jour­na­listes et beau­coup d’autres. […] L’intérêt des géné­raux est d’appliquer la poli­tique de la ter­reur pour cas­ser les reven­di­ca­tions légi­times du peuple ». Cité par Fran­çois Gèze, « Fran­çal­gé­rie : sang, intox et cor­rup­tion ».

     

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Éphéméride du 21 avril

    Martigues, de nos jours

     

     

    1581 : Martigues devient une commune 

     

    À la demande expresse du roi Henri III, les représentants des trois communes indépendantes et rivales, de Jonquières, l’Isle et Ferrières signent leur Acte d’union.

    Deux mois plus tard, le 4 juillet 1581, Henri III érigera Martigues en Principauté.

    Le roi souhaite pacifier définitivement cette région en proie aux soubresauts des Guerres de religion, mais il veut aussi renforcer la flotte française en Méditerranée, face aux barbaresques et aux espagnols. De ce point de vue, Martigues joue un rôle stratégique de premier plan sur la côte provençale grâce à son avant-port fortifié de Bouc  (ci-dessous), qui commande et verrouille l’accès à l’Étang de Berre.

    Mais rien n’était possible tant que duraient les continuelles divisions entre les trois communes rivales. D’où l’insistance du roi... 

    Fort-de-Port-de-Bouc-BoucheXL.jpg
    À l'entrée du canal de Caronte, reliant la mer Méditerranée et l'étang de Berre, le phare du Fort de Bouc (ci dessus et ci dessous) est aménagé sur la tour d'un ancien fort, situé sur l'îlot de Bouc : 

    1671 : Naissance de John Law de Lauriston

     

    On peut prononcer Lass - comme au XVIIIème siècle - ou bien, tout simplement, Lo, comme le recommande Bainville dans sa Petite Histoire de France...  

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    John Law, par Casimir Balthazar, Huile sur toile, 1843, musée de la Compagnie des Indes, Lorient

          

    De Michel Mourre :

    "...Recherché par les grands seigneurs à cause de sa réputation de joueur, il fut bientôt l'un des intimes du duc d'Orléans. Celui-ci, devenu régent, autorisa Law à fonder une banque privée (2 mai 1716), dont les billets furent admis comme espèces dans toutes les caisses publiques. Pour établir la confiance, Law prit l'engagement de toujours rembourser les billets de banque au cours originel, ce qui rendait la monnaie de papier préférable à la monnaie métallique, dont le titre légal variait constamment. Devant le succès, Law fonda la Compagnie d'Occident, qui eut le monopole d'exploitation de la Louisiane, le privilège du commerce avec le Mississippi, la Chine et les Indes, le monopole du tabac, et qui se vit confier la refonte et la fabrication des monnaies, le recouvrement des impôts directs, etc...(1717/1718).

    Pendant quelques années, la banque de Law, devenue en 1718 banque d'Etat, suscita une fièvre inouïe de spéculation : le public, entraîné par une habile propagande, se disputait avec fureur les actions de la rue Quincampoix, principal centre de l'agiotage. Le prix des actions monta jusqu'à quarante fois leur valeur primitive, tandis que Law, honnête mais trop confiant dans son système, se laissait aller à émettre une quantité énorme de billets, qui n'étaient nullement en proportion avec les valeurs réelles que la banque possédait (on estime que Law créa près de 7 à 8 milliards de valeurs en papier, alors que toute la réserve métallique du pays ne s'élevait guère à plus de 1.200 millions). Le système se trouvait ainsi à la merci d'une panique : celle-ci se déclencha en février 1720 lorsque les ennemis de Law réalisèrent brusquement leurs billets.... L'ampleur du désastre le contraignit à se réfugier à Bruxelles. Après avoir erré en divers pays, , il alla mourir en Italie, dans un état voisin de l'indigence..."

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    Le 24 Mars 1720 eut lieu la fermeture des établissements bancaires de la rue Quincampoix : cette banqueroute provoqua des émeutes dans la célèbre rue parisienne...

    http://sceco.univ-poitiers.fr/hfranc/systLaw.htm 

    Il est, souvent, de bon ton de critiquer durement Law, son "Système" et, finalement, son échec; au mieux, de le moquer, lui et son "papier-monnaie". C'est, cependant, un jugement partiel et injuste, car c'est oublier qu'il a rendu un immense service à la Royauté et au pays tout entier...

    Lorsque Louis XIV mourut, la Dette publique était colossale : on l'estime généralement à dix années pleines des rentrées fiscales pour l'ensemble du Royaume ! C'est qu'il avait coûté fort cher de réunir le Roussillon (avec Perpignan), la Franche-Comté (avec Besançon), l'Alsace (avec Strasbourg et Mulhouse), la Flandre gallicante (avec Dunkerque et Lille, réunion qui, de plus, mettait définitivement à l'abri, à l'intérieur du Royaume, la province d'Artois, alors trop en pointe et perpétuellement exposée aux invasions...).

    Et justement, grâce à Law et à son Système, qui remporta le succès considérable que l'on sait à ses débuts, cette Dette énorme et calamiteuse fut remboursée et soldée en fort peu de temps.

    Il faut donc savoir gré de cela à Law et au Régent, si l'on ne veut pas avoir une vue partielle et, finalement, injuste, de l'homme et de son Système de papier-monnaie, peut-être trop en avance sur son temps, et sur les mentalités...

     

     

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    1699 : Mort de Racine

     

    S'il a le privilège de respecter les règles, comme si elles avaient été faites pour lui, il n'en demeure pas moins que, comme Molière et comme Boileau, Racine met au-dessus de tout, et donc des règles elles-mêmes, le fait de "plaire" et de "toucher".

    Dans sa préface de Bérénice, il écrit :

     "...Je les conjure (les spectateurs, ndlr) d'avoir assez bonne opinion d'eux-mêmes pour ne pas croire qu'une pièce qui les touche et qui leur donne du plaisir puisse être absolument contre les règles. La principale règle est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première".

    racine.jpg

    http://salon-litteraire.com/fr/jean-racine/content/1810891-racine-biographie

     

     

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    1745 : Première opération de la cataracte
     
              
    C'est le "médecin de peste" normand Jacques Daviel qui réalise avec succès, à Marseille, cette première opération moderne de la cataracte.
     
    "En est-il tellement dont on puisse faire précéder leur nom des prépositions avant et après pour désigner deux périodes du savoir des hommes ?" (Professeur Pouliquen).
     
    JACQUES DAVIEL.JPG

     

    Chirurgien et oculiste, Jacques Daviel naquit en 1693 à La Barre, en Ouche, au sud de Bernay, en Normandie.

    À 15 ans, il est apprenti chirurgien dans la capitale. Il étudie à Paris puis, en 1719 se rend à Marseille à l'occasion de la Grande peste. Là, il donne pendant vingt ans des cours d'anatomie et de chirurgie. Dès 1728 il s'occupe spécialement des maladies des yeux et ne tarde pas à acquérir une grande célébrité.

    En 1736, il est nommé chirurgien des galères puis, en 1738, démonstrateur d'anatomie et de chirurgie. Il est reçu dans plusieurs cours d'Europe, et devient membre de l'Académie royale de chirurgie. Sa carrière connaît son apogée le 21 Avril 1745 grâce à cette intervention réussie de l'extraction du cristallin.

    En 1746 il part se fixer à Paris, où il est autorisé à opérer aux Invalides, puis en 1749 il est nommé chirurgien-oculiste du roi Louis XV. Il présente sa nouvelle technique en 1752 : "Sur une nouvelle méthode de guérir la cataracte par l'extraction du cristallin".

    Sur 306 de ses opérations, 282 ont été un succès.

    Daviel doit être considéré comme l'inventeur du procédé d'extraction de la cataracte, dont il a le premier formulé exactement les règles. Il est décédé à Genève le 30 septembre 1762.

    Ci dessous, son buste dans les jardins de l'Hôtel-Dieu de Marseille.

    Daviel.jpg
     
     
     
     
     21 avril,racine,thierry maulnier,boileau,daviel,louis xv,marseille,martigues,fort de bouc,vauban,law
     
     
     
     
    1770 : Marie-Antoinette quitte Vienne, pour aller épouser le futur Louis XVI... 
     
     
    De Raphaël Dargent, Marie-Antoinette, le Procès de la Reine (page 42) :
     
    21 avril,racine,thierry maulnier,boileau,daviel,louis xv,marseille,martigues,fort de bouc,vauban,law"...Lorsque, le 21 avril, le cortège de cinquante-sept voitures et de trois cent soixante-seize chevaux s'élance de Schönbrunn, la petite Antonia, la tête penchée à la portière de sa voiture a les yeux baignés de larmes. Elle regarde une dernière fois l'immense façade ocre du palais des Habsbourgs (ci contre), en songeant à toutes ces années de bonheur enfantin qui ne reviendront plus. Quel arrachement ! Autour de l'archiduchesse, une trentaine de personnes l'accompagne, des dames d'honneur, des femmes de chambre, des coiffeurs, des secrétaires, des couturières, des chirurgiens, des pharmaciens, des pages, des laquais, des cuisiniers et une escorte de gardes nobles, tout ce monde placé sous les ordres du comte de Starhemberg, chargé de la "remise". Le périple de Vienne à Strasbourg est fort long et fort éprouvant; de relais en relais, il ne faudra pas moins de vingt mille chevaux ! Les étapes se succèdent : Molck le 21 avril où elle couche au couvent des Bénédictines, puis Enns le 22 où le prince d'Auesperg la reçoit en son château; Lambach le 23, Altheim le 24, Alt-Oettingen le 25, le château de Nymphenbourg non loin de Munich les 26 et 27, Augsbourg le 28, Gunsbourg du 29 au 31. Le 1er mai on est à Riedlingen, le 2 à Stockbach, le 3 à Donau-Eschingen et le 4 mai on atteint Fribourg. Chaque jour, on passe six à neuf heures sur la route. Après deux jours de repos, on franchit la Forêt-Noire le 6 mai pour une dernière escale à l'abbaye de Schüttern.
  • Après ”le mur des cons”, voici que Cambadélis propose ”le mur des citoyens”...

    cambadelis 1.jpg.... sans se rendre compte, qu'à ce petit jeu de la stupidité et de l'indigence de la réflexion politique, c'est la gauche toute entière qui va... dans le mur ! :

    http://www.liberation.fr/politiques/2013/10/03/cambadelis-ps-appelle-a-proclamer-que-le-fn-est-d-extreme-droite_936684

    Sur ce sujet, on lira avec intérêt l'excellent billet d'Annette Delranck, Bataille sémantique, dans le n° 1041 de Royaliste : Scan.jpg

    En réalité, comme dirait l'autre, de quoi s'agit-il ?

    Il s'agit que... la Gauche a peur, elle s'affole et, du coup, elle perd ses nerfs. Le piège, aussi "hénaurme" que simpliste tendu par Mitterand dans les années 80 ne marche plus. "La droite la plus bête du monde" avait déjà eu tort d'y tomber, et de tomber dans le délire de la dénonciation ahurissante d'un nazisme ou d'un fascisme imaginaires et fantasmatiques; puis elle a eu le tort de s'y complaire et d'y rester pendant plusieurs décennies, d'une façon morbide et masochiste à la fois, ce qui a permis à la gauche, minoritaire en voix dans le pays, de conquérir un à un tous les leviers de commande, et de gagner la majorité des Conseils Généraux, des Communes, des Conseils Régionaux, de l'Assemblée, du Sénat et de la Présidence : on doit bien se taper sur le ventre, dans cette gauche, depuis 40 ans, en se disant, mort de rire "mais, qu'est-ce qu'ils sont c... ! Non, mais, qu'est-ce qu'il sont c..."...

    Oui, mais voilà : le piège grossier semble prêt de sa fin. Et, du coup, "adieu, veaux, vaches, cochons, couvées !...", adieu le pouvoir et tout ce qui va avec. Et, du coup, c'est panique à bord ! Avec tous les délires, les absurdités, les niaiseries que la bêtise, alliée à la mauvaise foi, peut faire dire...

    Et c'est par là que, la réflexion étant achevée et la boucle bouclée, Cambadélis, avec son mur citoyen, se place lui-même et ceux qui le suivraient dans ce "mur des cons", de triste mémoire, mais toujours élevé par la frange sectaire et haineuse de la pire partie de la gauche, sa fraction idéologique...

    Pour nous, nous regardons ce triste spectacle, offert par ce pauvre Pays légal qui en est arrivé au niveau zéro de la politique, avec, il faut bien le dire, un mélange de consternation et d'amusement.

    D'abord, parce que, comme le dit très bien Léon Daudet, directeur de L'Action française, nous ne sommes pas, et ne serons jamais, de ceux "qui croient en l'amélioration électorale de la peste républicaine".

    Ensuite, parce que, pour rester avec Léon Daudet (dans "Vers le Roi", page 46), nous savons qu'il n'y a qu'une seule action qui vaille d'être menée, une seule action française "étant réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du régime..."

  • Une bonne nouvelle, mais il faut ”transformer l'essai”...

              Le nombre de francophones  dans le monde a atteint pour la première fois le chiffre de 200 millions (175 millions en 1975), selon le rapport de l'OIF publié à Paris le 6 mars 2007; en outre, le nombre de personnes étudiant en Français est de 118 millions (90 millions en 2002); rappelons que le Français est Langue Officielle dans 29 états de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), qui regroupe 55 États ou Gouvernements, et 13 observateurs... Cette évolution favorable est, certes, très intéressante, mais elle pose le problème de l'action de la France dans ce domaine fondamental qu'est la défense, la promotion et l'illustration de la Langue Française; concrètement: que faisons nous? faisons nous assez? que pourrions nous faire?

     Il n'y a pas si longtemps, Mitterand a voulu une "Très Grande Bibliothèque": mais en fait celle ci n'est qu'une bibliothèque de plus, certes plus grande que les autres, mais absolument pas novatrice dans son concept, ni dynamique dans son fonctionnement et son rôle: on y vient pour lire, comme d'habitude, comme partout, comme toujours; en soi, ce n'est déjà pas si mal, mais la France a un urgent besoin d'autre chose,d'un projet véritablement novateur cette fois: un projet qui coûtera, certes, un peu d'argent mais qui nous en rapportera cent fois plus dans ce domaine vital qu'est l'indépendance nationale, dont le rayonnement culturel -par la Langue notamment- est l'un des fondements les plus sûrs et les plus authentiques.

    Pourquoi ne pas imaginer la création d'une banque de données, immédiatement consultable partout dans le monde et à tout moment, et par tous les publics (particuliers, chercheurs, organismes, gouvernements etc...) ; qui, le plus tôt possible ( dans la semaine, la quinzaine ou le mois tout au plus, selon la difficulté du sujet) offrirait la traduction en Français de la totalité de ce qui se publie de fondamental dans le monde (médecine, science, technologie, culture, droit, politique etc...); traduit et disponible dans une langue de référence, élégante et claire, ce service universel, tourné vers le monde extérieur, serait également le meilleur moyen d'enrichir notre langue, de la faire évoluer conformément à son génie propre, de créer le vocabulaire nouveau qui s'impose; nos amis francophones du Canada, d'Afrique, d'Asie et du monde entier seraient évidemment associés à cette grande tâche....; Louis XIV a crée l'Académie Française: n'aurions nous pas, dans cette grande Oeuvre, l'occasion de retrouver l'intuition, le souffle originel de cette grande vision, et de permettre ainsi à la France de continuer à remplir le rôle irremplaçable qui est le sien?

  • Vrais et faux martyrs. Ou : il ne suffit pas de prononcer le mot pour ”être” la chose...

              On ne sait s'il est vivant ou mort, mais une vidéo circule en ce moment, dans laquelle Ben Laden tient des propos navrants et révoltants sur ce qu'il appelle les "martyrs". Tout est répugnant  dans cette cassette où il démontre sa méconnaissance crasse du sens des mots et de tout ce qui va avec (car c'est par les mots qu'on désigne les idées, et c'est sur les idées qu'on s'entend...); ainsi que son éloignement abyssal du plus élémentaire bon sens et de la plus élémentaire humanité, de ce qui fait qu"on est -ou qu'on n'est plus...- un Homme! De quoi s'agit-il? de l'éloge constant qu'il fait de ceux qui sont -croit il et dit il- des "martyrs", alors qu'il ne s'agit en fait que d'une bande de monstrueux assassins, dont il est, lui, l'un des chefs tout aussi monstrueux!

              Car, soyons sérieux, qu'est-ce c'est qu'un martyr en réalité? Venant du grec "marturos", qui signifie "témoin", ce mot s'emploie pour celles et ceux qui ont souffert la mort pour leur foi religieuse, pour une cause à laquelle ils et elles se sont sacrifiées (historiquement par exemple, les Chrétiens mis à mort ou torturés en témoignage de leur foi, qu'on appelle aussi des "Confesseurs"). Il s'agit donc de quelqu'un à qui on enlève sa vie, mais qui, lui, n'enlève pas celle des autres; de quelqu'un que l'on tue, pas de quelqu'un qui tue (celui là est un assassin, ce qu'est ce pauvre fou de Ben Laden et les non moins fous qui l'entourent...); n'est pas martyr celui qui "fait" violence, est martyr celui à qui "on fait" violence, même s'il l'accepte "joyeusement", d'une joie non pas humaine -bien sûr- mais "spirituelle", comme le Père Maximilien Kolbe, qui s'offre "joyeusement" pour mourir à la place d'un père de famille, qui conservera ainsi sa vie; mais le martyr n'aime pas cette violence, elle lui répugne, et s'il l'accepte c'est par devoir et par esprit de sacrifice; l'autre malade s'en réjouit, c'est comme un nouveau jeu vidéo qu'il vient d'inventer dans son cerveau délabré, et il est tout content de sa trouvaille!

              En parlant comme il le fait, Ben Laden et les siens déforment, défigurent et travestissent le sens des mots, jusqu'à leur faire dire exactement le contraire de ce qu'ils veulent dire en réalité: où trouver l'origine, la "force" qui pousse à cette monstrueuse inversion des idées, des mots et des comportements ?