« La monarchie permettrait de rétablir les équilibres et de garantir les libertés »
Le prince Jean de France, nouveau comte de Paris, est intervenu à plusieurs reprises dans le cours de la Semaine Sainte sur différents organes de presse – Le Figaro, L’écho républicain – pour dire son souci de la France, après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. C’est ce souci de la France, dégagé de toute visée électoraliste, qui guide la pensée du Prince et qu’il veut bien confier à Politique magazine.
Monseigneur, comment percevez-vous la campagne des européennes et l’alternative que pose Emmanuel Macron, « moi ou le chaos » ?
C’est un peu binaire comme vision des choses ! Il faut toujours faire attention aux formules chocs, qui sont là pour marquer les esprits. Il y a certainement d’autres voies, dont une, le concert des nations, qui est une expression qui me plait. Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, le concert des nations et le modèle de construction européenne qu’il suppose devraient être ce qui oriente la campagne. Il y a de nombreux enjeux, dans ces élections. Nous sommes le seul pays où la majorité en place, à chaque élection européenne, est élue de manière très inconfortable. L’Europe est-elle mal aimée, les Français, déjà inquiets pour eux-mêmes, sont-ils très inquiets vis-à-vis de cette instance supranationale qui paraît peu concrète et viser plus le consensus que le bien commun ? Pour le moment, on ressent surtout le désamour caractéristique des Français pour les élections.
Ils s’expriment autrement, par exemple avec les Gilets jaunes, qui ont montré que certains Français étaient au bord de l’exaspération à force de se sentir ignorés, voire méprisés : comment ressentez-vous l’état du pays ?
Les Gilets jaunes, si l’on met de côté les débordements qu’on connaît, expriment les multiples fractures qui existent en France, entre riches et pauvres, entre gens des villes et gens des champs, entre ceux qui sont “dans le système” et ceux qui sont hors système, entre ceux qui triment et ceux qui bénéficient de la conjoncture, etc. Ce sont ces oppositions telles qu’elles se sont creusées depuis une trentaine d’année qui surgissent, dans un ras-le-bol général où les Français réclament un travail décent, des écoles pour leurs enfants, une retraite qui leur permette de vivre après avoir donné du temps à leur pays, une couverture sociale suffisante, un environnement agréable et sécurisé… La base, quoi, alors que tout ceci est plutôt laissé de côté par une nomenklatura urbaine hors-sol qui ne comprend pas que ceux qui ne votent pas et ne manifestent pas puissent rêver d’autre chose que de leur projet.
N’y a-t-il pas aussi chez eux le refus d’une impuissance de l’État à agir sur la réalité ?
Il y a certainement une impuissance de l’État, puisque l’Union européenne a pris le pas sur le périmètre d’influence de l’État français. D’autre part, l’État ne s’intéresse plus au bien commun, ni au service de la France et des Français. Ce sont deux moteurs qui vont de concert.
Quand on ne maîtrise plus la monnaie ni la loi, ni la sécurité (80 zones de non-droit, outre les incivilités permanentes !), que reste-t-il ?…
Je suis d’accord, nous sommes désormais dans une France liquide dans une Europe sous influence comme dit Philippe de Villiers. Cette Europe autoproclamée a en fait été programmée pour et par les États-Unis.
Outre les Gilets jaunes et leur démonstrations spectaculaires, les enquêtes du Cevipof montrent, depuis dix ans, que les Français ont de moins en moins confiance dans le personnel politique. L’idée d’un gouvernement débarrassé des contraintes de la démocratie participative recueille même un assentiment assez fort. Y a-t-il une impossibilité institutionnelle, en France, à entendre ce genre de discours ?
Je ne sais pas s’il faut parler d’impossibilité institutionnelle, mais il y a une désaffection des Français pour leurs politiques, qui se sont détournés de leur vocation première et ont laissé le système confisquer tous les moyens d’expression, tous les sujets de débat, au point que la liberté en pâtit. Alors que c’est une liberté nécessaire de pouvoir s’exprimer et d’être entendu. Par ailleurs, dans un tel système, la seule déclinaison possible est une manière de despotisme, éclairé ou non, selon ce qu’en disent des Européens convaincus, comme M. Delors. Alors que « le Prince en ses conseils et le peuple en ses états », c’est-à-dire la monarchie, permettrait de rétablir les équilibres et de garantir les libertés, sans glisser vers le despotisme tel qu’il est aujourd’hui exercé dans les pays où les gouvernements sont dans l’idéologie globalisée du moment.
Cette crise de confiance, qui amène dans certains pays des réponses institutionnelles particulières, ne vient-elle pas aussi du fait que l’Union européenne doit faire face à deux gros problèmes, une immigration qui fracture les populations nationales et les divise en communautés hétérogènes, sans culture commune, et l’apparition d’un islam public très revendicatif réclamant que les cultures nationales s’adaptent à ses impératifs ?
L’islam s’accommode très bien de l’idéologie du moment qui entraîne une partition de la population française, en fonction de la religion, des communautés, des intérêts divergents. Cette partition lui permet d’avancer. On ne peut considérer sans inquiétude, voire une certaine angoisse, les pays musulmans aujourd’hui, et le sort réservé à ceux qui n’ont pas cette religion. “L’islam modéré” ne sera qu’une étape, et comme il y a plusieurs islams, on peut qu’être perplexe quant à ce que cela va donner. Il faut évidemment retrouver un socle commun, culturel, historique, religieux.
L’incendie de Notre Dame et les réactions qu’il a suscité prouvent-ils que ce socle commun existe et n’est que recouvert par la poussière des discours médiatiques ? La France se sent-elle toujours chrétienne dans ses racines sinon dans ses mœurs, avec son histoire et sa culture ?
J’aimerais penser qu’il s’agit en effet de quelque chose de profond, et que l’idéologie relative du moment ne fait que recouvrir ce socle. On voit que le fonds chrétien ressort, une foi culturelle dans laquelle ont baigné nos hommes politiques.
Comment le roi peut-il créer et maintenir la concorde nationale dans un pays où une part significative de la population est musulmane ?
L’inspiration lui viendra quand le moment sera venu ! Ensuite, si le roi est aussi le protecteur des chrétiens, la vertu exige que la foi musulmane puisse s’exprimer sans remettre en cause l’état de droit : ce sera là le point d’équilibre.
Monseigneur, comment ce roi protecteur des chrétiens peut-il travailler avec une église catholique en crise, d’une part, mais d’autre part très acquise aux valeurs de la république et à une interprétation de plus en plus humaniste du message de l’Évangile ?
L’Église doit régler clairement et fermement ses problèmes internes, c’est une chose. Sur le second point, depuis Léon XIII, pour ainsi dire, l’Église a changé sa politique générale, qui était de s’appuyer sur les chrétiens pour avancer dans l’espace public. Le nouveau système finit par la dissoudre : dans la lettre des évêques de France, « Retrouver le sens du politique », publiée avant les dernières élections présidentielles. Il n’y a quasiment aucune références théologiques et philosophiques… Il n’y a pas de chapitre sur le travail, alors que c’est une valeur de base pour les chrétiens. L’Église a été évincée, s’est évincée, de toutes les sphères où elle aurait pu et dû marquer sa différence. Son influence est devenue plus limitée.
Le roi, étant donné le tableau qu’on vient de dresser, devrait-il se borner aux fonctions régaliennes classiques (police, justice, armée, monnaie) ou, au moins pendant un temps de transition, tenir compte de l’importance considérable pris par l’État en France et de l’ampleur non moins considérable des problèmes que l’État n’a pas réglés, comme le désastre environnemental ?
Bien sûr, c’est nécessaire. Et les rois ont toujours été des têtes de pont en matière environnementale. Il faut s’inscrire sur le long terme. L’environnement, et les questions sociales, et j’ai sur ce sujet la même sensibilité que mon grand-père : le Prince doit s’intéresser à ces questions-là. C’est un élément fort de pouvoir travailler sur ces sujets. Et il n’y a que les Princes qui peuvent agir : seul le roi est capable de poursuivre le bien commun tout en respectant les populations. Mieux vaut être petit, cela dit, comme le dit le prince du Liechtenstein.
Aujourd’hui, la France n’est pas petite et le gouvernement d’une nation est enserré dans un tissu serré de relations internationales. Comment théoriser un pouvoir national aujourd’hui ?
La seule chose qui fonctionne, c’est le principe de subsidiarité, qui s’appuie sur la confiance : les hommes sont faits pour vivre ensemble et s’ils s’entendent ils vivent mieux. C’est ça, le bien commun. Aujourd’hui, on pousse l’homme, par l’individualisme, à assumer ses désirs jusqu’à ce qu’on lui supprime ses libertés. Ce qui gouverne nos sociétés, c’est la défiance, l’idée que l’homme est un loup pour l’homme. Il faut changer de philosophie politique. Et on en revient au concert des nations : le concert n’exclue pas les fausses notes mais il y a une partition, une liberté d’interprétation et une volonté de jouer ensemble, chacun avec son talent.
Monseigneur, comment voyez-vous votre rôle ici, en France, en 2019 ?
Déjà comme chef de famille, dans une relation apaisée. Et je veux m’impliquer plus dans la vie de mon pays, par la parole et par les actes, avec des relations plus fortes avec l’État et des structures intermédiaires, avec les populations. Je parlerai plus fréquemment, et j’espère que mes actes seront à la hauteur. C’est important que le chef de la Maison de France soit présent. ■
Commentaires
Enfin !! on dirait que , cette fois , le prince Jean est rentré dans la fonction de "prétendant" , et de prétendant prêt à descendre dans l'arène .
Oui Dagobert.
Descendre n'est sans-doute pas le bon mot. Il ne faut jamais descendre. Monter est mieux.
Merci à Politique Magazine d'avoir organisé cet entretien.
Le chapitre sur l'Eglise de France dévoile aux nouveaux venus que le prince Jean reste sur son quant-à-soi à l'endroit des positions "conciliaires" de la Conférence épiscopale, ce qui confirme ses choix antérieurs.
Le reste est plus précis que d'ordinaire.
Il entre dans le costume, c'est bien.
Vous parlez du Prince comme les journalistes de BFM TV parlent de Macron ! Il est né dans ce que vous appelez "le costume".
Ma foi non, ce serait trop long et pas ici !
Texte à méditer...Je ne suis pas sûr que le Prince ait raison sur tout ce qu'il dit (ma compétence en choix politiques est très limitée) mais, et cela me semble important, significatif: celui qui, je le souhaite, sera peut-être notre futur Roi de France fait ici preuve d'une autorité morale sereine et calme au-dessus des visées politiciennes....(c'est évidemment plus facile quand on n'est pas au pouvoir)
"Une autorité morale sereine et calme au-dessus des visées politiciennes.". Je crois que NOEL Hugues caractérise bien la personnalité du Prince. C'est une chance pour la France que sa personnalité soit ainsi. Les impatients, les agités, les râleurs ne servent à rien. Le Prince avance à sa manière. Celle d'un Prince.
Le Prince a le droit d'exprimer sa foi catholique mais sa fonction est avant tout d'ordre politique, celle d'incarner de façon symbolique l'unité et la continuité historique de la nation dans toutes ses composantes quelles qu'elles soient : à partir des réalités donc le pluralisme politique et religieux.
Que vous êtes bon, Cording, de reconnaître au Prince le "droit" d'exprimer sa foi catholique !
Exprimer sa foi, oui dans le cadre du corps physique. Mais dans le cadre du corps sacré (public dirions nous aujourd'hui), c'est plus que problématique car alors comment jouer un rôle d'arbitre si le Prétendant/roi sort de sa neutralité? Je crois que le Prétendant devrait prendre en considération cet aspect, sauf à se délégitimer de son rôle futur (?) d'arbitre.
La France est consubstantiellement catholique. Vos conseils sont bel et bons mais n'engagent que vous. En quoi le fait d'affirmer sa foi catholique empêcherait le Prince d'être le roi de tous les Français, sauf à considérer que ceux qui ne sont pas catholiques sont bornés et d'esprit totalitaire ? Toute la France était rassemblée dans la même émotion pour Notre-Dame. Je crois votre opinion assez isolée.
j'en viens à croire que les royalistes n'ont pas beaucoup de bon sens: personne n'admettrait que l'arbitre dans un match de foot ne soit pas indépendant! Les royalistes ne seraient-ils pas aveuglés par leurs principes et nostalgie? Heureusement je pense qu'ils ne sont pas la majorité et de toute façon cette perspective d'arbitrage au plus haut niveau s'adresse à tous les français dont la grande majorité n'est pas contaminée par cette nostalgie qui tuerait toute perspective de restauration.
Enfin Eric exprimer sa foi ou lui être fidèle n'a tien à voir avec une nostalgie passéiste, c'est au contraire nous faire vivre dans le présent, mais surtout nous tourner vers l'avenir. Un prétendant ou plutôt un Roi qui le rappelle ne se départit en rien de son rôle d'arbitre , ni de son service royal vis à vis de toutes les couches de la société , de toutes ces personnes, en le rappelant. Au contraire il leur donne des raisons de lui faire confiance pour assumer son rôle qui est de service, et pour chacun de se sentir accueilli , reconnu.
A titre personnel ma seule nostalgie est tournée vers l'avenir qui me reste à vivre, sur cette terre; cela ne m’empêche pas de puiser dans le passé des forces, de faire vivre mes racines. En un mot ne reprochez à personne d'être incarné, vous comme moi!
Je ne reproche à personne sa foi, tant qu'il l'a vit personnellement en privé. Et c'est bien là l'intérêt de la dissociation "corps physique (privé)/corps sacré (public)". Ce que je reproche aux monothéismes, c'est la violence sous jacente de ces religions qui imposent ou veulent convertir sous prétexte qu'il n'y qu'un seul Dieu! Quasiment toutes les guerres ont pour origine cette violence du monothéisme qui ne conçoit pas d'autre alternative (un seul dieu). Ce sont des centaines de millions d'humains qui ont disparu à cause de cela (bravo le monothéisme!). La religion doit rester dans la sphère privée et le Prétendant, s'il peut avoir sa foi personnelle, ne doit en aucun cas en faire état publiquement (corps sacré-public). Il y va de la légitimité du mouvement royaliste!
Nul ne reprochera au prince accédant d'aller entendre la messe dominicale s'il n'en fait pas la pierre de touche de sa fonction en y transportant des caméras. Le roi Siméon II de Bulgarie, premier ministre, allait à la messe du dimanche matin, à pied depuis chez lui, avec juste un officier de sécurité. Cela n'a jamais été relevé.
La déchristianisation du pays, commencée en fait à la Renaissance, est achevée. Les Chrétiens sont à l'étiage et ne diminueront plus, mais ils ne sont pas nombreux et leur message est brouillé par la dureté des temps. Ce n'est plus un vecteur vers le pouvoir.
Je vous accorde que le monothéisme a tué beaucoup plus de monde que le polythéisme ou l'athéisme, et ça n'est pas fini.
Les commentaires d’Éric 38 me paraissent effrayants d'ignorance de ce qu'est substantiellement une cité, une nation, une civilisation. Il croit et se trompe comme les modernes que la religion est affaire privée. Toute l'Histoire et toute l'actualité disent le contraire. Si ce qu'il dit était vrai l'on n'aurait construit ni les Pyramides, ni le Parthénon, ni le temple de Delphes, ni Notre-Dame de Paris, ni Saint-Pierre de Rome, etc. etc. La France n'aurait pas son blanc manteau de cathédrales construites par toute la piété de tout un peuple. Ceci est pour le passé. Pour le reste, qu'on observe les Etats-Unis première puissance mondiale, société religieuse ; les neuf-cents millions d'Indiens qui viennent de porter au pouvoir un parti ultrareligieux, ultranationaliste, la renaissance de l'Orthodoxie à l'Est de l'Europe. Etc. Etc.
Nulle part, la religion n’est ni ne peut être affaire privée. Elle est au moins familiale et, en un sens plus ou moins large, communautaire. Si j’ose dire, elle ne nous tombe pas du ciel.
Deux idées maitresses, sur lesquelles s’accordent à peu près tous les penseurs d’hier et d’aujourd’hui :
Il n’y a pas de cité, de nation ou de civilisation qui aient existé sans leurs dieux ou sans un Dieu, sans une transcendance.
Une religion ne peut être dite morte que lorsqu’elle est remplacée.
Ainsi, Kardaillac s’avance beaucoup quand il dit que la déchristianisation de la France est achevée. Paroles en l’air. A vrai dire, il n’en sait rien. J’aurais envie de dire – mais ce serait encore s’avancer – qu’elle le serait si la France avait regardé brûler Notre-Dame, non pas même en rigolant, mais dans l’indifférence générale. Guitton disait que nous ne pouvons pas savoir si, à l’échelle des siècles, nous sommes les derniers ou les premiers Chrétiens. Ni Kardaillac ni moi ne le savons.
Enfin, qui a le plus tué des monothéismes ou des polythéismes ? C’est un pont-aux-ânes d’en accuser le monothéisme. Frédéric II qui fut un grand prince germanique et francophile, écrivit à Voltaire, comme une mise en garde : « Nous avons connu le fanatisme de la foi, mon cher Voltaire, mais peut-être aurons-nous à connaître le fanatisme de la raison et ce sera bien pire ». Sa prévision s’est réalisée – sans compter la Révolution et sa déesse Raison - au XXe siècle où, sans conteste, deux grandes religions séculières et rationalistes, ont tué plus d’hommes qu’on en avait jamais tués en aucun autre temps et peut-être dans tous les temps cumulés.
Renaud,
Puisque vous me citez, je précise que si à mon avis la déchristianisation est achevée, c'est parce que le pourcentage de pratiquants catholiques ne diminue plus depuis quarante ans en France ; et l'anticléricalisme classique d'avant-guerre a cessé faute de cibles. Les poches résiduelles d'anticléricalisme sont des curiosités inintéressantes.
Par contre l'érosion continue chez les protestants et les orthodoxes français. Ces "paroles en l'air" comme vous le dites, ne sont que des chiffres. Pour être presque complet, l'Islam subit aussi cette érosion de la foi mais elle est compensée numériquement par les nouveaux entrants, pour le moment.
Le désastre de Notre Dame de Paris n'est pas affaire de foi mais de racines et de culture esthétique, les non-Français ont été touchés autant que les Français. Tous mes amis étrangers ont subi une sidération réelle au spectacle de l'incendie !
Pour la clarté du raisonnement, n'appelez pas religion des idéologies matérialistes. Quant à Guitton imaginez-vous qu'il est mort athée ? Après la visite de Mitterrand qui venait chez lui rallumer la lampe qui le guiderait aux enfers, il a avoué qu'il n'était plus du tout pressé d'aller constater la réalité de ses prémonitions et refusait le titre de "philosophe chrétien".
Ne jugeons pas la religiosité du prince d'Orléans mais il est sûr que "techniquement" ce n'est pas un atout décisif pour son projet... s'il en a un vraiment.
*J'aurais dû dire pour Guitton "agnostique" au lieu de athée.*
Personne ne reproche au Prince d'aller entendre la messe dominicale, surtout pas moi si ça reste du ressort du "corps privé". La religion doit rester affaire privée sinon il y aura encore des morts pour soi-disant défendre le dieu unique. Je préfèrerais moins de cathédrales (ou pas du tout) et plus de vies humaines sauvées! Je ne comprends pas qu'un catholique puisse donner la préférence à des pierres plutôt qu'à des vies! Et j'assume cet "effroi d'ignorance" si tant est qu'il y a ignorance!
Excusez moi mais il y a une grande ignorance, me semble-t-il- de la foi vécue, ( non fanatique ) qui nous incarne dans beaucoup de commentaires- pas tous- et du respect qu'elle inspire. N'oublions pas que l'agnostique Camus a travaillé d'abord sur Saint Augustin et dix ans peut être sur "les Possédés ou les démons" roman qui pointe dans l'absence de foi la route qui fraye la voie au pire des nihilismes dont nous avons hérité , et nihiliste Camus en l'était pas
Comme le dit si bien Marie-Noëlle Tranchant, critique de cinéma à propos du film d'un agnostique sur la vertu possible de la Prière pour tirer un jeune de l'enfer de la drogue:
« Peut-être plus qu‘un film sur la foi, le film « la Prière » est un film sur la vérité intime. Seule la Vérité est salutaire, parce que selon le mot de l’écriture, seule elle rend libre. Libre de reconnaitre à qui donner sa foi »
Accordons aussi sans réticences cette liberté, qui garantit la notre au Prince...et qui est un argument à mon humble avis imparable en sa faveur. .
Merci, Henri.
Je suis en désaccord avec Kardaillac mais au moins, il réfléchit, il apporte quelques réponses, à mon avis, plus que partielles, mais il innove. Eric 38 répète inlassablement les mêmes choses et il récuse toute la civilisation occidentale, probablement les autres aussi. C'est son droit mais ça ne va pas loin. Il ignore que l'Histoire est tragique.
Je ne veux pas ici faire de Guitton un sujet. Mais je ne vois pas, ayant lu de nombreux livres de cet auteur, notamment tous les derniers, où Kardaillac prend qu'il est mort agnostique. C'est une fantaisie de sa part. Fake news, de toute évidence.
"Fake news" est au seuil de l'injure. Méfiez-vous... :)
Pour savoir l'agnosticisme de Jean Guitton il ne faut pas lire ses livres mais écouter ce qu'il pense à 93 ans, après la visite de François Mitterrand par exemple. Alors j'ai fait un peu de recherche. Voici des extraits de 1994 :
« Il était venu me voir dans ma chaumière et je l'avais enfermé à double tour dans ma chapelle pour lui faire un cours de religion éclairée.
Il m'a dit : La religion, c'est un ensemble d'absurdités.
Je lui ai dit : Non, un ensemble de mystères.
Je lui ai expliqué que l'absurdité, c'était le néant, avec une seule solution : se tirer une balle dans la tempe ; tandis que le mystère, c'est une échelle dont on grimpe les barreaux. Il m'a demandé : Quel est le dernier barreau?
Monsieur le Président, c'est très simple : c'est la mort...
Mais après la mort ? m'interrogea-t-il.
Après la mort, c'est ce qu'on appelle l'au-delà.
Mais qu'est-ce que l'au-delà ?
Alors je lui ai répondu: Mais je n'en sais rien puisque ça s'appelle l'au-delà ! »
Donc si monsieur Renaud sait lire, arrivé à 93 ans, Guitton ne définit plus l'au-delà. C'est ce que j'avais entendu lors d'un entretien sur une chaîne de télévision à l'époque quand il refusait toute hâte à vérifier personnellement le bien-fondé de sa thèse.. Il ne nie pas Dieu bien sûr, il avoue ne pas comprendre ou autrement dit, il pourrait déclarer que ça le dépasse. C'est la définition de l'agnostique.
Je sais de quoi je parle, j'en suis !
Dernier extrait de Jean Guitton :
« Contrairement à ce que certains pensent, je ne suis pas un catholique bigot. Un catholique sait d'avance en quoi il croit. Dire que je suis un philosophe chrétien, c'est une absurdité. Je suis un philosophe philosophe ! »
Au seuil seulement. Et même pas du tout, car la fausse information en question, vous la donnez involontairement. Ce n'est pas un crime de ne pas connaître Guitton.
Vous commencez par dire que pour le connaître il ne faut pas lire ses livres. Curieuse allégation. Curieuse méthode. Puis vous reprenez un entretien qui est le décalque de ce qui est dans ses derniers livres sous des formes quasi analogues. Un siècle une vie et Testament philosophique. Et comme il ne faut pas les lire, vous ne comprenez pas le ou les sens des phrases que vous citez. Ce sont des procédés superficiels, Ce n'est pas ainsi que l'on travaille !
Guitton dit qu'il ne peut pas définir l'au-delà. Et alors ? Mais personne ne peut définir l'au-delà. Le Credo ne l'évoque pas. Dieu le père, Lui-même, pour les Chrétiens, est "L'inconnaissable".. Les Chrétiens ne connaissent Dieu que par le Christ. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils s'appellent chrétiens
Vous dites être agnostique. Il m'arrive de l'être. Mais il me semble qu'il faut essayer de ne pas l'être superficiellement. Il ne faut pas s'aventurer, pour s'amuser, à dire n'importe quoi.
Guitton était philosophe et chrétien. Philosophe chrétien ne voulant rien dire, en effet. Il n'y a rien d'autre à en déduire, je vous assure.
Et si on pensait au Prince ? Il doit sourire s'il nous lit. Et se dire : "moi, je ne suis pas fait pour être un intellectuel. Ma vocation, ce ne sont pas les idées. Normal : il est le Prince.
Vous réécrivez le commentaire pour essayer de le démonter, c'est un biais que j'ai déjà rencontré ailleurs, avec la condescendance habituelle dans ce genre d'exercice. Quant à nous suggérer la pensée intime du prince Jean, laissez-moi douter et sourire.
Au fait, le sujet était sur la monarchie arbitrale.
Je n'ai pas cherché à démonter votre commentaire. Simplement, j'ai essayé de dire la vérité.
Mais vous dites comme moi : le sujet c'est la monarchie (tout court). C'est le Prince Jean.
(Les paroles que je lui prête, je l'ai entendu les dire ..., ce n'est pas du toc)..