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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1389

  • André Bercoff : « Ma cabane au Panama...»

     

    Par André Bercoff

    HUMEUR - André Bercoff s'amuse de la réaction de François Hollande au scandale Panama Papers. « Est-il normal que le chef de l'Etat découvre le pot aux roses après sa divulgation ? », s'interroge-t-il [Figarovox, 5.04]. Il constate surtout « l'étendue illimitée des inégalités » au coeur d'un Système qui prétend pourtant les avoir abolies ... Il y a 227 ans déjà, une nuit d'août 1789. Bien-sûr, il n'en était rien. On n'abolit pas la nature humaine. On ne peut y substituer que des leurres. LFAR 

     

    photo.jpgQue j'aime le son des boîtes de Pandore ouvertes au bout des clés USB. Ma cabane au Panama est désormais exposée à tous vents. En neuf mois, des centaines de journalistes regroupés dans une association financée notamment par Georges Soros et autres philanthropes, ont accouché d'une montagne de documents et de noms plus ou moins propres : optimisation ou fraude fiscale, telle n'est plus la question. Chefs d'Etats et hommes politiques, artistes et modèles, sportifs et bureaucrates, princes et émirs, dictateurs et démocrates, ils sont des milliers à avoir fui les législations de leurs pays respectifs pour les rivages ensoleillés des océans protecteurs et des îles miraculeuses, afin de garder la plus grosse part de leur magot. La démarche en forme d'évasion était connue depuis fort longtemps, mais en l'absence d'une gouvernance mondiale qui relève encore de l'utopie, force est de reconnaître que la nature humaine ayant horreur du vide, surtout financier, elle a inventé les paradis fiscaux, substituts sonnants et trébuchants quand on n'est pas sûr de sa propre survie dans l'au-delà du Paradis céleste. Ce qui est nouveau, c'est le coup de fouet du numérique et des hautes technologies, qui ont donné une sacrée accélération à la transparence dans tous les domaines. Julian Assange et Edward Snowden, parmi d'autres, ont déjà démontré qu'il suffisait de la bonne manipulation d'un simple employé, pour dévoiler des dizaines de milliers d'informations ultra confidentielles. Puissance et abîmes de l'Internet.

    Mais l'un des bonheurs de cette nouvelle et massive exposition du blanchiment mondial, est, comme d'habitude, la réaction de François Hollande. Le président de la République n'a pas attendu longtemps pour signifier sa satisfaction quant à la publication de ces bonnes nouvelles. Cela va nous permettre, a-t-il dit en substance, de poursuivre et condamner les fraudeurs, et partant, faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat qui, comme chacun sait, en a bien besoin. Et de conclure l'exercice de satisfaction par un hommage appuyé à ceux qui ont soulevé le couvercle de la machine à laver: « Il faut protéger les lanceurs d'alertes ; ils font un travail utile et prennent des risques ».

    L'intervention hollandaise appelle plusieurs remarques. La première, c'est qu'il est pour le moins étonnant qu'un chef d'Etat découvre le pot aux roses après la divulgation. N'a-t-on pas eu, aux cimes de l'Elysée, les moyens de savoir ce qui se passait, quelques jours au moins avant le scoop ? Deuxièmement: faut-il à chaque fois se précipiter pour faire un commentaire, quitte à mélanger une fois de plus les fonctions présidentielles et simplement chroniqueuses ? Enfin, comment l'exécutif se permet-il de donner des ordres au judiciaire, en annonçant que des poursuites sont d'ores et déjà engagées ? Nous qui croyions naïvement à la séparation des pouvoirs, en sommes, comme d'habitude, pour nos frais.

    Porochenko l'Ukrainien et Salman le Saoudien, Cahuzac et Platini, des Syriens et des Russes, le Premier ministre islandais et un cadre du Front National, sans compter les centaines d'identités à venir : cet inventaire à la Prévert ne devrait tout de même pas être la forêt panaméenne qui cache l'arbre européen. A deux pas de chez nous, la Belgique et le Luxembourg demeurent des paradis tout à fait convenables. A l'intérieur de l'Hexagone, les avantages fiscaux prodigués à des corporations diverses et variées montrent encore l'étendue illimitée des inégalités. Avant de rejoindre le chœur des vierges de l'indignation à bons comptes secrets, balayons vigoureusement devant notre porte. 

    André Bercoff           

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.

  • Marseille : conférence du Cercle Algérianiste jeudi 7 avril ... C'est ce soir !

     

    Hubert Ripoll.pngHubert Ripoll est né à Philippeville et est arrivé à Toulon, en 1962, à l’âge de quinze ans. Psychologue et professeur d’université, il étudie la psychologie de personnes exceptionnelles : sportifs, artistes, inventeurs, créateurs… « Puis un jour cela m’a pris, contre toute attente, alors que, depuis toujours, mes recherches m’avaient emporté ailleurs. Il m’a fallu refaire le chemin et pour cela comprendre. Seul, face à moi-même, la route était trop ardue, semée d’embûches. Il m’a fallu passer par d’autres, exilés comme moi. Trois générations : Celle de mon père, la mienne et celle de mes enfants. » Mémoire de là-bas a permis à un grand nombre de lecteurs de retrouver leur trace et de mettre leurs pas dans ceux des anciens. Le livre a été Lauréat du Prix politique de l’année 2012 de la fondation Edgar Faure et Prix Jean Pomier 2015 du cercle algérianiste.

    Hubert RIPOLL présentera Mémoire de là-bas Il nous entrainera au cœur de la mémoire de trois générations de pieds-noirs afin de comprendre comment s’est transmise notre histoire. Une unique occasion d’établir un dialogue, rarement abordé, entre les anciens et leur descendance.

    Plus de cinquante ans après notre exode, « Mémoire de là-bas » donne enfin les clés qui permettent de comprendre l’exil d’un pays qui n’existe plus et la transmission de la mémoire entre les générations.

    Hubert Ripoll dédicacera son livre à la suite de la conférence. 

    Information : La journée festive du Cercle algérianiste de Marseille se déroulera le Jeudi 19 Mai à BERRE l’ETANG dans une grande propriété privée avec MECHOUI au repas. Prix : 22€/personne – Rendez-vous sur place avec possibilité de co-voiturage.

  • Syrie : Un voyage spirituel hautement symbolique conduit par Mgr Rey ... Le prince Jean dans les pas de Saint-Louis

    « Divine liturgie » à Damas © Charlotte d'Ornellas

    par Annie Laurent  

    Pour Lafautearousseau, Annie Laurent a bien voulu rédiger ses impressions de voyage. Un voyage, on va le voir, « en tous points exceptionnel », selon l'expression de notre confrère Péroncel-Hugoz. Et d'une indéniable portée symbolique s'agissant de l'amitié franco-syrienne, soulignée par la participation du prince Jean de France. Un grand merci à Annie Laurent !  LFAR 

     

    2444184188.jpgLe 28 mars dernier, lundi de Pâques, le prince Jean s’est envolé pour la Syrie en compagnie d’un groupe conduit par Mgr Dominique Rey, l’évêque de Fréjus-Toulon, qui avait d’ailleurs célébré son mariage en 2009. Ce court voyage, auquel Jean-Baptiste d’Albaret, rédacteur en chef de Politique Magazine, a également participé, et que j’ai eu le privilège d’accompagner, s’est achevé dans la nuit du 2 au 3 avril. L’organisation logistique avait été confiée à la jeune association SOS Chrétiens d’Orient, fondée en 2013 et très active sur le terrain. Grâce à elle, nous avons obtenu des autorités toutes les facilités pour circuler sans problèmes, étant entendu que nous sommes restés dans des régions dont l’armée a repris le contrôle, ce qui n’est pas le cas, par exemple, de certaines banlieues de Damas.

    Ce voyage avait un but précis : il s’inscrivait dans le cadre du jumelage conclu entre le diocèse varois et l’éparchie grecque-catholique de Homs, dont le titulaire est Mgr Abdo Arbach. Il s’agissait donc d’un pèlerinage et c’est pourquoi il ne comportait aucune rencontre avec des dirigeants politiques syriens. Notre groupe, composé de 45 personnes, parmi lesquelles un bon nombre de jeunes professionnels et étudiants, s’est rendu sur les pas de saint Paul à Damas ainsi qu’en divers sanctuaires de Homs et de sa région. Le séjour fut aussi, bien entendu, ponctué de rencontres avec plusieurs ecclésiastiques et des fidèles chrétiens appartenant à diverses Eglises orientales mais également à l’Eglise latine.

    A Damas, après une visite très recueillie à la maison d’Ananie, l’évêque qui eut l’honneur de baptiser Saul, le futur « apôtre des nations », la délégation a été accueillie par Sa Béatitude Grégoire III Laham, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient des grecs-melkites-catholiques, de Jérusalem et d’Alexandrie, dont le siège se trouve dans la capitale syrienne. Invité à s’exprimer, le prince Jean s’est présenté en évoquant son lointain ancêtre Saint Louis ainsi que l’attention particulière que ce dernier portait aux chrétiens d’Orient et en se situant lui-même dans cette noble tradition de protection dont la France actuelle se doit d’être la digne héritière. Dans la soirée, après une messe célébrée en rite byzantin dans l’église patriarcale, Grégoire III a invité toute la délégation à un dîner officiel auquel il avait aussi convié le nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, et des évêques de divers rites, tous déjà présents lors de la « divine liturgie ». L’ambiance, très festive, ponctuée de chants français entonnés joyeusement par les prélats, suffisait à montrer la reconnaissance de nos hôtes syriens, touchés par notre visite alors que Paris a rompu toutes relations avec ce malheureux pays. Durant tout notre séjour, nous n’avons d’ailleurs croisé aucun autre Français.

    Dans la capitale toujours, sous la conduite de l’archevêque maronite, Mgr Samir Nassar, qui nous a fait visiter sa modeste cathédrale, nous avons aussi pu prier devant la tombe des trois bienheureux frères Massabki, martyrisés avec un groupe de franciscains lors des massacres de masse commis en 1860 contre les chrétiens du Mont-Liban et de Damas, ce qui avait préludé à l’expédition de troupes françaises à l’initiative de l’empereur Napoléon III.

    1459494701-887ba8a80b67b1aaeefec541655445ad.jpgLa deuxième partie du séjour s’est déroulée à Homs, ville terriblement sinistrée, où nous avons pu déambuler à pieds sur plusieurs centaines de mètres, sous la protection bienveillante des soldats syriens, très souriants comme tous ceux que nous rencontrions. Les deux cathédrales que nous avons visitées, la grecque-catholique et la syriaque-catholique, sont dans un état pitoyable : coupoles et toitures perforés par les obus, iconostase et autels brûlés, icônes aux yeux perforés par les balles des djihadistes. SOS Chrétiens d’Orient participe à la reconstruction de la première. Partout alentour, ce n’est qu’amoncellement d’immeubles détruits. Nous avons aussi prié sur la tombe du Père Frans van der Lugt, jésuite hollandais, qui avait tenu à demeurer sur place malgré les dangers, pour secourir les chrétiens qui n’avaient pas pu quitter la ville. Assassiné le 7 avril 2014, il est enterré dans le jardin de son couvent. Comme Homs, les deux autres villes de la région que nous avons visitées, Qussaïr et Yabroud, ont été pendant des mois le théâtre d’affrontements entre les djihadistes de diverses obédiences, y compris Daech, et l’armée nationale qui a finalement pu reprendre possession des lieux (en mai 2014 pour Homs), avec parfois l’appui du Hezbollah libanais. De notre autocar, nous pouvions alors contempler les sommets enneigés du pays du Cèdre.

    Les dernières étapes nous ont conduits dans la « Vallée des chrétiens », également très proche du Liban, avec notamment une visite captivante du célèbre Krak des Chevaliers édifié au XIIIème siècle sur un sommet stratégique. Une brigade de Daech a aussi séjourné dans ses murs avant d’en être délogée. Les dégâts ne sont heureusement pas irrémédiables et la restauration de l’imposant édifice est sur le point de commencer. Puis, nous sommes allés à Maaloula, l’un des trois villages syriens où les habitants parlent l’araméen, la langue du Christ. Cet endroit a beaucoup souffert. En 2013, lors de l’attaque des djihadistes, trois jeunes gens ont été abattus devant chez eux après avoir refusé de se faire musulmans et six autres ont été enlevés. On est sans nouvelles d’eux. La localité compte deux monastères, l’un dédié à sainte Thècle, cette disciple de saint Paul, venue d’Asie mineure, qui échoua ici sous une protection divine qui la fit échapper à la persécution. Les moniales qui y vivaient et qui ont pu quitter les lieux ne peuvent pour l’heure envisager d’y revenir car le bâtiment a été entièrement détruit par les rebelles. L’autre monastère, dédié aux saints Serge et Bacchus, est quant à lui beaucoup moins endommagé, mais il est encore vide de toute présence de religieux. Depuis la libération de Maaloula, la sécurité est en partie assurée par une brigade locale, affiliée à une « garde nationale » qui reçoit ses armes et ses munitions du gouvernement, ses membres conjuguant la surveillance avec leurs activités professionnelles.

    Enfin, nous sommes allés au sanctuaire grec-orthodoxe de Sednaya, situé à une heure de route au nord de Damas. 36 moniales résident en ce lieu qui abrite une célèbre icône représentant la Vierge Marie, dont la réalisation est attribuée à saint Luc. L’icône ne sort jamais de sa niche toujours fermée où elle est soigneusement gardée. Lors de notre passage, il y avait une foule de pèlerins, l’église était pleine de fidèles en prière.

    Partout, nos interlocuteurs ont montré une force d’âme, un courage et une vitalité vraiment étonnants et sans doute inattendus pour beaucoup d’entre nous. Comment oublier, par exemple, cette classe de l’école patriarcale grecque-catholique de Damas où les jeunes élèves, tous en uniforme, ont interprété pour nous des chants en français ayant pour thème le désir de paix ? Après ce voyage, on se dit que la France a vraiment trahi son histoire et ses responsabilités et que l’un des moyens de racheter cette faute majeure est de se rendre dans ce beau pays de Syrie, berceau du christianisme comme ont tenu à nous le rappeler tous nos interlocuteurs. 

     

  • Toujours plus de pauvres en France !

     Affiche Action française Provence 

    par Anthony Alberti

    Le site L'Or et l'Argent a publié l'étude suivante, intéressante à lire. « Tout ça pour ça ? » avons-nous souvent répété depuis la création de ce site. La situation ici décrite n'est en effet à l'honneur ni de la République, ni de ses supposées valeurs, ni du capitalisme moderne. « Liberté, égalité, fraternité » avez-vous dit ? Ce n'étaient que des mots, des slogans et, aujourd'hui, de la moraline. D'où le désenchantement du politique, le mépris dans lequel les Français tiennent très majoritairement le Système. Et Changer de paradigme deviendra au bout du compte un besoin impératif.  En attendant, la nouvelle génération d'Action française nous paraît avoir raison de penser aux pauvres de France [illustration en titre]. « Aidons la nation, pas l'immigration » : ainsi se reforment - au moins - les solidarités naturelles. C'est à dire historiques. LFAR

     

    Header1.jpgEn dépit de l’optimisme (discret) des pouvoirs publics relayés par l’Insee, et après des décennies de baisse régulière, le nombre de pauvres en France ne cesse de progresser depuis une dizaine d’années. Ainsi, la France compte désormais 8,6 millions de pauvres, principalement sous l’effet de la progression du chômage, dont 2 millions vivent avec moins de 667 euros par mois. Cependant, les demandeurs d’emploi ne sont pas les seuls concernés, loin de là, et de plus en plus de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en étant pourtant salariés, retraités… voire chefs d’entreprise !

    Comment mesure-t-on la pauvreté ?

    D’après l’Insee, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsque ses revenus sont inférieur au seuil de pauvreté. Dans l’Union Européenne, on estime que ce seuil correspond à 60% du salaire médian (salaire théorique tel que 50% de la population gagne moins et 50% gagne plus). En France, il est donc d’environ 1000 euros par mois et par personne.

    En 2005, les Français dont les revenus se situaient en-dessous du seuil de pauvreté représentaient 12% de la population. Depuis, ce pourcentage n’a cessé d’augmenter pour atteindre 14.3% en 2014. Et aujourd’hui, la pauvreté touche un grand nombre de catégories sociales, avec ou sans emploi.

    Les exclus du monde du travail

    Avec plus de 14 mois d’indemnisation en moyenne (418 jours) selon les derniers chiffres Insee publiés au début de l’année, les chômeurs de longue durée formeront bientôt la majorité des demandeurs d’emploi (ils sont aujourd’hui près de 45%). Or on le sait, au-delà d’une certaine durée de chômage, l’employabilité des individus diminue et, bien souvent, les demandeurs d’emploi qui ne trouvent pas de travail au bout de quelques mois multiplie leurs risques d’épuiser tous leurs droits à indemnisation avant de sortir du système classique. Pour la plupart d’entre eux, ils deviennent alors éligibles au revenu de solidarité active (RSA) qui correspond à un peu moins de 500 euros par mois pour une personne seule. Aujourd’hui, la France compte 2 millions de bénéficiaires du RSA.

    Davantage de retraités pauvres

    En 2015, le nombre de retraités pauvres a franchi le seuil du million de personnes, en progression de près de 4% par rapport à l’année précédente. Elle semble loin l’époque où les seniors étaient la génération dorée, cible de tous les marketeurs, car aujourd’hui de plus en plus de retraités perçoivent les minimas sociaux. Quant aux autres, le système de retraite par répartition ayant atteint ses limites, les pensions ont de plus en plus souvent tendance à être gelées tout en se voyant désormais ponctionnées de prélèvements sociaux qui les épargnaient jusqu’alors.

    Un nombre croissant de travailleurs pauvres

    L’Observatoire des inégalités est formel : avoir un emploi ne protège plus de la pauvreté et les travailleurs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté sont plus nombreux chaque année. En 2015, près de 2 millions de personnes exerçant un emploi disposaient ainsi d’un revenu net inférieur au seuil de pauvreté.

    Même les entrepreneurs peuvent être pauvres

    Dans l’inconscient collectif, un chef d’entreprise ne peut pas être pauvre. Et pourtant, sur les 3 millions de TPE et de microentreprises comptabilisées par l’Insee, une majorité est constituée d’entreprises dont l’effectif se limite au seul responsable et un grand nombre d’entre eux ne parviennent pas à vivre de leur activité. Ainsi, sur 1 million d’auto-entrepreneurs, plus de 80% gagnent entre 0 et 1000 euros par mois. Certes, beaucoup exercent à titre secondaire tout en ayant un emploi principal par ailleurs, mais pour tous ceux qui travaillent à temps plein dans leur micro-entreprise, les fins de mois sont particulièrement difficiles. Quant aux autres TPE (EURL, SASU, professions libérales…) plus de la moitié n’ont pas la possibilité de financer l’équivalent d’un salaire à temps plein à leur responsable, même au SMIC, et 20% des travailleurs indépendants sont désormais sous le seuil de pauvreté. Voire n’ont pas de revenu du tout.

    Au début du mois de mars 2016, l’Insee annonçait que la pauvreté avait légèrement reculé en France, passant de 14.3 à 14% de la population. Néanmoins, il reste toujours 3,8 millions de mal-logés et 3,9 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire...

    Anthony Alberti

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTROAdossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    A tout un chacun

    Chantal DELSOL  Membre de l'Institut La victoire de l’ordinateur AlphaGo

    Du côté des élites

    Hubert de GEVIGNEY  Officier amiral (2S) Encore un petit effort ! (Syrie)

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  Le grand remplacement, fantasme ou réalité ?
    Voir aussi sur le même sujet : Malika SOREL-SUTTER  Essayiste, ancien membre du collège du Haut Conseil à l'Intégration et de sa mission Laïcité  Pourquoi la loi El Khomri est communautariste

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Pédophilie : Mgr Barbarin, cible politique

    Mezri HADDAD  Philosophe, ancien ambassadeur  Laurent Fabius a tout le temps de devenir un sage

    En France

    Michel ROUSSEAU  Président de la Fondation Concorde  2017 : dernière chance de sauver notre industrie

    Avec l'Europe

    Malika SOREL-SUTTER  Essayiste, ancien membre du Collège du Haut Conseil à l'Intégration  Sortir de l'égoïsme des bons sentiments - "sur l’autel de la bien-pensance"

    De par le monde

    Alain CORVEZ  Conseiller en stratégie internationale  Retour d’Iran

    Devant l'histoire

    Hélène de CHAMPCHESNEL  Maître de conférences à Sciences-Po Paris  L’invention de la Syrie   

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  • Donald Trump ou l’Amérique en crise

     

    par Gilles Varange

    Menacés par la montée du milliardaire iconoclaste, les appareils de deux partis se sont ligués pour lui barrer la route coûte que coûte.

     

    Gilles Varange.jpgLe discrédit des classes dirigeantes est devenu tel qu’il n’est plus un seul pays où le jeu habituel de l’alternance suffit à contenir la colère explosive des populations. Partout, même là où le bipartisme est ancré dans les traditions nationales, la domination des formations politiques classiques est remise en cause, parfois même de l’intérieur. Signe des temps : les états-Unis eux-mêmes n’échappent plus à cette tornade comme en témoigne la tournure prise par le processus des « primaires » organisées par les deux grands partis pour départager en leur sein les candidats à l’élection présidentielle de novembre prochain.

    Dans ce contexte, l’ascension du milliardaire « populiste » Donald Trump chez les Républicains concentre l’attention et la vindicte de la quasi-totalité des médias occidentaux, conscients de la menace que constituerait son succès pour le maintien de leur emprise sur le public. Mais ce serait une erreur de mésestimer le phénomène représenté, certes dans une moindre mesure, par la montée parallèle du « socialiste » Bernie Sanders chez les Démocrates face à une Hillary Clinton, adoubée par les financiers de Wall Street et les idéologues néo-conservateurs du complexe militaro-industriel. Les deux hommes se disputent de façon paradoxale les mêmes catégories sociales en révolte : jeunes à la recherche désespérée d’un premier emploi, anciens ouvriers qualifiés condamnés à l’enfer des bas salaires et du travail à temps partiel, chômeurs et leurs familles vivant dans la crainte de l’expulsion.

    Autant de représentants d’une classe moyenne en voie de prolétarisation rapide, très majoritairement blanche, victime des délocalisations et de la concurrence de l’immigration de masse. Ainsi s’est constitué un immense réservoir d’électeurs potentiels méprisés par l’établissement démocrate de Washington n’ayant d’yeux que pour les « minorités » visibles et invisibles mais ignorés aussi par la majorité républicaine du Congrès dont la doctrine peut se résumer en une formule : moins d’état, moins d’impôts et plus de mondialisation.

    Une stratégie de rupture

    Devenu l’un des principaux contributeurs de Mitt Romney, lors de la campagne présidentielle de 2012, Donald Trump s’était déjà efforcé à l’époque de convaincre celui-ci que son unique chance de victoire face à Obama résidait dans sa capacité à ramener aux urnes cet énorme bloc d’abstentionnistes en lui tenant le langage de la brutale vérité et en modifiant sensiblement les thèmes ressassés de la doctrine conservatrice et ultra-libérale du Grand Old Party. Pour avoir refusé de l’écouter, le candidat républicain avait subi une humiliante défaite, tout comme son prédécesseur John McCain quatre ans plus tôt. Aussi, cette stratégie de rupture, Trump la met-il à présent en œuvre pour son propre compte, quitte à accepter le rôle de grand transgresseur de la doxa républicaine. Il ne faut donc pas s’étonner si ses propositions ont pour effet de dresser contre lui une large majorité des élus et des cadres du parti ainsi que l’ensemble des organisations, clubs de pensée et médias qui lui sont liés.

    En plus des mesures-choc préconisées pour stopper et renverser les flux migratoires, le redoutable iconoclaste ne promet-il pas de lancer une politique de remise en état des infrastructures en déshérence, de supprimer les niches fiscales dont profitent les fonds d’investissement, de s’attaquer aux plus-values financières, d’instaurer des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine, de s’opposer aux traités de libre échange transpacifique et transatlantique ? Et ces multiples entorses au dogme du libre-échange ne suffisant pas, notre trublion n’hésite pas non plus à prôner le retour à un prudent isolationnisme en politique étrangère symbolisé par la restauration de relations confiantes avec Vladimir Poutine et un désengagement diplomatique et militaire en Europe et au Moyen-Orient.

    L’opposition des membres de l’appareil du parti républicain s’avère d’autant plus haineuse et violente que les discours enflammés et souvent provocateurs de Trump, les manifestations organisées par ses opposants pour perturber ou empêcher la tenue de ses réunions, les campagnes négatives et souvent diffamatoires diffusées par les médias (y compris par la grande chaîne conservatrice Fox News) n’ont contribué pour le moment qu’à renforcer sa popularité et à lui offrir des auditoires de plus en plus nombreux et enthousiastes. C’est par dizaines de milliers que les Américains se pressent à chacun de ses meetings pour l’entendre dénoncer la pusillanimité des cuckservatives (contraction de cocus et de conservateurs). Il est un autre signe qui inquiète fort les détracteurs du milliardaire : alors que la participation est restée la même qu’il y a quatre ans aux élections primaires démocrates, celles du parti républicain sont marquées par une affluence record. Un exemple : dans le Missouri, là où 250 000 sympathisants s’étaient déplacés pour voter en 2012, ils ont été cette fois 780 000 à le faire ! Ce sont-là des chiffres qui contribuent à terrifier les élus républicains. Si la vague continue à enfler, ne risque-t-elle pas de les balayer au profit de candidats nouveaux et tout dévoués à Donald Trump lors des élections pour le renouvellement du Congrès en novembre ?

    Un symptôme plus qu’un remède

    Même s’il finit par obtenir l’investiture du parti, il faut donc tenir pour certain que le milliardaire verra se multiplier, dans ses propres rangs, les trahisons et les coups bas destinés à lui barrer coûte que coûte l’accès à la Maison Blanche. Sa défaite est la seule garantie de survie d’un appareil républicain qui, comme la plupart des directions des partis dits « de droite » dans les autres démocraties occidentales, s’est depuis longtemps rallié à la vision de la société imposée par ses adversaires pour se polariser sur la seule défense du libéralisme économique. Et quand bien même il parviendrait à surmonter ces obstacles, il ne fait aucun doute qu’un Donald Trump élu par miracle à la présidence se heurterait très vite à un mur infranchissable de connivences. Quelle que soit la sincérité – douteuse – de ses convictions, l’homme n’aurait pas d’autre choix que de finir par renoncer à toutes les mesures de son programme menaçant les intérêts vitaux des cercles au sein desquels se concentre la réalité du pouvoir.

    On n’a jamais vu le suffrage universel vaincre le pouvoir de l’argent. Aussi, le « phénomène Trump » doit-il être interprété surtout comme un nouveau symptôme révélateur de la maladie sénile qui n’épargne plus aucune des démocraties libérales. Partout, les peuples, durement atteints dans leur niveau de vie et menacés jusque dans leur identité par une immigration programmée, découvrent dans la douleur que la réussite apparente des régimes démocratiques durant un court demi-siècle n’aura été que le fruit d’un faisceau de conditions favorables mais fortuites qui ont toutes disparu. Chacun prend conscience que le « modèle » est épuisé mais que son agonie et son remplacement inévitable n’iront pas sans d’éprouvantes convulsions. 

  • Julliard : « Le vivre-ensemble est une blague, une blague sanglante »

     

    Jacques Julliard médite ici brillamment sur la violence des sociétés multiculturelles [Le Figaro 4.04, extrait]. Le diagnostic qu'il pose, avec force, lucidité et réalisme n'est guère contestable. Ce n'est pas que « la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes » doit toujours être redoutée, toujours être créatrice de violences, c'est que l'on se trouve en un tel cas lorsque les communautés en présence se rattachent à des civilisations, des mondes trop différents, trop radicalement antagonistes même, pour ne pas créer une explosion en forme de tragédies plutôt qu'une harmonie. Et tel est en effet le résultat d'un multiculturalisme où le présence de l'Islam est massive et a, parmi nous, ses défenseurs conscients ou non. Accord donc, avec Julliard, sur ce premier point. Sa conclusion, en revanche, est déroutante. Est-ce vraiment d'universalisme - fût-il chrétien - dont la France d'aujourd'hui a besoin ? A fortiori s'il s'agit de l'universalisme des Lumières ou de la Révolution française qui a ensanglanté le monde. D'universalisme - il est vrai de basse inspiration - la France nous paraît gorgée, saturée, profondément anémiée. Claude Lévy Strauss nous conseillerait plutôt de cultiver notre identité et Jean-François Mattei, avec Platon, de retrouver le chemin qui conduit chez nous. Telle nous paraît être l'urgence.  Lafautearousseau 

      

    Le communautarisme est une immense faillite

    Les attentats de Bruxelles ont-ils sonné le glas du communautarisme? Ce serait trop beau. Certes, la preuve par Molenbeek et Schaerbeek a été apportée qu'à laisser se constituer des ghettos ethniques au cœur des cités, on joue notre liberté et notre sécurité à la roulette russe, ou plutôt islamiste. Mais la culture de l'excuse a encore de beaux jours devant elle. Quand on ne trouve à l'action des terroristes que des mobiles légitimes, tels que la frustration, le refus de la discrimination et des fractures sociales, le désir de «socialisation» (sic), sans parler du « contexte international », on n'est pas très loin de leur donner raison (ainsi Corinne Torrekens, directrice de DiverCity, un groupe de conseil en sciences sociales et politiques lié à l'Université libre de Bruxelles, Libération, 24-03-2016). Il faudra encore beaucoup de crimes et de souffrances pour que l'on admette que le « vivre ensemble », cette expression inepte, indécente, derrière laquelle on camoufle l'apartheid des cultures, n'est qu'une blague, une blague sanglante.Nos sociétés sont multiculturelles et sont vouées à le devenir un peu plus chaque jour. La rapidité, le bon marché des transports, les énormes écarts de prospérité entre les nations font que les pays riches d'Europe et d'Amérique sont en train de devenir des mosaïques ethniques, tandis que les pays pauvres conservent pour l'essentiel leur identité. Pour les pays d'accueil, le communautarisme est une solution de facilité et une marque de candeur extrême. Pour permettre au migrant de « conserver ses racines », on somme le pays d'accueil de renoncer aux siennes, ce que les populations locales n'acceptent pas ; elles ont l'impression d'être déracinées sur leur propre sol.
     
    Ajoutez à cela un phénomène nouveau, qui est la marque propre de l'islamisme, et qui contraste avec l'immigration du passé : la détestation du pays hôte. Le résultat, c'est ce cocktail détonant qui est en train de gagner toute l'Europe et que l'on appelle sommairement le populisme. Le communautarisme, c'est-à-dire la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes par l'origine géographique, la langue, la religion, l'histoire, la culture, la philosophie, est une immense faillite. L'Europe, si le phénomène devait persister, ne lui survivrait pas. L'Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves l'ont reconnu depuis peu. La Belgique, le Royaume-Uni ne tarderont pas à le faire. Nos nations multiculturelles sont donc devant une alternative brutale, sans échappatoire: intégration ou guerre civile. Seule la version universelle de l'humanisme, héritée de la chrétienté, des Lumières et de la Révolution française, nous permettra d'échapper à ce désastre. 
     
     
    [LE CARNET DE JACQUES JULLIARD]           
  • Paris, ce soir • Conférence de Jean-Marie Le Méné : « Le grand marché de l’eugénisme »

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence mardi 5 avril 2016

    Le grand marché de l’eugénisme

    par Jean-Marie Le Méné
    président de la Fondation Jérôme-Lejeune, auteur de Les premières victimes du transhumanisme (Pierre-Guillaume de Roux)

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22

  • Aix-en-Provence, ce mardi 5 avril, un café actualités à ne pas manquer !

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    Agrégée de lettres classiques, Danièle Masson écrit son premier livre "Sisyphe ou l'illusion d'optique" en 1.974. Elle y dénonce la déroute de l'intelligence et une crise du langage "Comme dans le roman d'Orwell, les artisans du mensonge siègent au ministère de la vérité".

    Par la suite, elle consacre en 1.980 un ouvrage aux nouveaux philosophes intitulé "Les saturnales de l'esprit". Puis en 1.989, elle rédige une biographie intellectuelle de Jean Madiran. En 1.993, elle rédige et présente les mémoires de Gustave Thibon et en 1.998 elle écrit un nouveau livre "Dieu est-il mort en occident ?". En 2.003, elle dirige une enquête sur "les nouveaux réactionnaires" avec la participation de Bernard Dumont, Marcel Gauchet, Alain Soral, Alain de Benoist, Maurice G. Dantec et quelques autres.

    Enfin, en 2.008, avec Emile Poulat, l'un des grands sociologues du fait religieux, elle publie "France chrétienne, France laîque". 

  • François le mal-aimé

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Dans un an, en principe, nouvelle élection présidentielle. On ne sait s’il faut se réjouir ou se lamenter au vu des piteux résultats obtenus par M. Hollande à ce jour et au peu de crédit que l’on peut raisonnablement accorder à ses concurrents. La responsabilité de M. Hollande reste entière d’avoir tout donc trop promis : on se rappelle la fameuse anaphore (« c’est maintenant ») de son discours du Bourget le 22 janvier 2012. En promettant le paradis socialiste hic et nunc, il s’inscrivait comme il se doit dans la pure tradition de la démocratie élective par nature démagogique. Rien d’étonnant donc si son quinquennat est, pour l’essentiel, une succession d’échecs - d’une diplomatie guidée par une imbécile hostilité à M. Poutine à une incapacité évidente à inverser la courbe du chômage. Même sa tentative de récupération politicienne des attentats de 2015 a vite fait long feu et, la semaine dernière encore, on a eu droit à sa renonciation à la déchéance de nationalité tandis que la rue manifestait son hostilité au projet de loi de Mme El Khomri.  

    Reconnaissons deux exceptions, mais de taille et d’une certaine façon exemplaires - pour des raisons opposées. La première concerne l’intervention française au Mali : M. Hollande, transfiguré par son aura de chef des Armées, fit un temps illusion et consensus; mais, s’il put adopter une telle attitude, cela tient à des institutions qui lui confèrent un pouvoir quasi monarchique en matière de Défense nationale. La seconde concerne la loi sur le « mariage pour tous » : elle restera son « grand oeuvre », imprégnée qu’elle est de toutes les dérives idéologiques et sociétales de l’intelligentsia gaucharde. 

    En 2012, M. Hollande a donné à tous une leçon d’opportunisme : le petit Premier secrétaire du P.S. est venu à bout du président sortant en sachant profiter au mieux d’un certain rejet vis-à-vis de M. Sarkozy. Mais, remporter une élection est une chose, être chef de l’Etat en est une autre. Dans cette fonction, M. Hollande aura déçu jusqu’à ses plus chauds partisans : le dernier sondage Odoxa fait ainsi état d’une cote de popularité au plus bas en France (moins de 20%). Son problème est au fond d’être ce qu’il est : un chef de parti d’abord soucieux de l’échéance de 2017 et, pis sans doute, un chef d’Etat sans charisme, manifestement incapable d’être au niveau de sa fonction.  

    Il est vrai qu’avant lui M. Sarkozy n’a pas davantage réussi. Mais, au fond, le pouvaient-ils, politiquement parlant, l’un et l’autre ? La Ve République, taillée sur mesure pour un De Gaulle, est affaiblie de fait par le quinquennat et en proie à la résurgence de velléités parlementaristes (certains rêvent même d’une VIe République qu’ils parent de toutes les vertus « démocratiques »). Dans le même temps, l’Etat voit ses fonctions régaliennes plus ou moins remises en cause par les concessions faites à l’européisme (dont la conséquence ultime sera de le réduire à un état croupion). Si rien n’interdit, bien sûr, d’espérer en l’homme (la femme) providentiel(le), il est évident que la solution politique, c’est-à-dire s’inscrivant dans la durée, reste d’ordre institutionnel. 

     

  • Pourquoi l'Algérie s'oppose à la marocanité du Sahara

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    par Peroncel-Hugoz 

    Jean Pierre Péroncel-Hugoz a recueilli les propos de l'ambassadeur Alain Pierret sur l'époque où une partie du Sahara était département français. Il en profite pour donner un coup de dent à la mauvaise mémoire algérienne. Des prières dans les mosquées à Tindouf étaient dites pour le Sultan du Maroc.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAlain Pierret est un ancien élève de l'Ecole de la France d'outremer. Il a été sous-préfet au Sahara puis diplomate, notamment ambassadeur à Niamey, à Tel-Aviv, à Bruxelles et au Vatican. Nous l'avons rencontré récemment en Provence où il mène une très active retraite, publiant articles et livres*. Nous savions qu'en 1934, quand l'armée française atteignit l'oasis de Tindouf, plus d'un siècle après son débarquement en Algérie, elle constata que la prière musulmane y était dite pour le sultan du Maroc, ce qui n'empêcha pas ladite armée d'annexer purement et simplement cette région saharienne d'obédience marocaine; en revanche nous ignorions, et Alain Pierret nous l'apprend, qu'en 1961, à près de 1000 km à l'est de Tindouf, au Sahara central, la prière était dite pour Sa Majesté chérifienne… 

    Voici quelques-unes des réflexions de M. Pierret :  

     UN FAIT COLONIAL FRANCAIS ... 

    « Reconnaître et soutenir résolument la " république sahraouie", comme le fait Alger depuis 40 ans c'est avaliser l'annexion par le colonisateur français** de territoires sahariens historiquement marocains. Situation paradoxale... » 

    Rappelons que le gouvernement provisoire algérien, durant la guerre d'indépendance (1954-1962) et alors qu'il recevait une aide consistante de Rabat, avait promis au Maroc de revoir ces annexions françaises une fois l'indépendance algérienne acquise. Cette promesse fut allègrement « oubliée » par Alger après 1962...  

    UN GUERRIER ESPAGNOL AU SERVICE DU MAROC ... 

    « Peut-on parler d'"annexion" du Sahara occidental pour le Maroc au jour du retrait, en 1975, de l'administration coloniale espagnole ? La réponse est simple : pendant plus de trois siècles ce Sahara fut incontestablement marocain. Le confirment les expéditions de Djouder-Pacha *** jusqu'au Niger en 1591, pour le compte du sultan saâdien Ahmed El Mansour, et l'itinéraire de l'explorateur français René Caillé, durant la décennie 1820, de Tombouctou à la côte atlantique via le Tafilalelt » 

    LA PRIÈRE POUR LE SULTAN...  

    In-Salah, est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement (daïra)  du département de Tamanrasset, au Sahara algérien, un arrondissement peuplé d'environ 35 000 âmes. En 1961, avant-dernière année de l'Algérie française, In-Salah était une préfecture du département des Oasis. Voici ce que nous en dit Alain Pierret:  

    « Au lendemain du putsch d'Alger, en avril 1961, je fus nommé par Paris sous-préfet d'In-Salah. Le district comportait à Aoulef, escale aérienne pour la traversée du désert, un important quartier des Chorfas, où le vendredi, à la mosquée, les fidèles priaient pour le roi du Maroc. Il est permis de douter que cette pratique ait pu se maintenir après l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962... Rappelons que cette oasis est  950 km à l'est de Tindouf ! » 

    LA STUPEUR DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU 

    « Le Péruvien Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU de 1982 à 1991, et hispanophone de langue maternelle, rencontra en 1985 à Addis-Abeba le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz. Il s'adressa naturellement à lui en espagnol, langue dispensée dans les écoles de la Saguia-el-Hamra et du Rio-de-Oro durant la colonisation de ces territoires par Madrid, et il constata que M. Abdelaziz ne comprenait pas cette langue... » 

    M.Perez de Cuellar ignorait que Mohamed Abdelaziz est né le 17 août 1947 à Marrakech, sous le règne de Mohamed-V et sous le protectorat français et a été étudiant à l'Université Mohamed-V. Le secrétaire général de l'ONU ne savait pas non plus que presque toute la famille de Mohamed Abdelaziz vivait (et vit toujours en 2016) au Maroc non-saharien, à Kasba-Tadla, Casablanca, Agadir, etc.  

    Retraité des Forces armées royales, le père du chimérique président du Polisario a d'ailleurs, à notre époque, été décoré par le roi Mohammed VI... 

     

    * Notamment "De la case africaine à la villa romaine", L'Harmattan, Paris, 2010  

    ** Une France coloniale par ailleurs inlassablement vilipendée par l'Algérie officielle, un demi-siècle après l'indépendance... 

    *** Génial aventurier espagnol devenu général des armées marocaines qu'il conduisit jusqu'au fleuve Niger. Il mourut en 1606.  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 1.04.2016

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Histoire & Actualité • Hommage républicain à la Résistance royaliste : Inauguration de la place Mireille-et-Jacques-Renouvin

     

    par Daoud Boughezala
    rédacteur en chef de Causeur

    S'il est plusieurs façons possibles d'être et agir en royaliste - pourvu de ne pas nuire à l'objectif poursuivi - cet article en est un exemple. Intéressant, honnête et bien écrit, comme d'ordinaire les articles de Daoud Boughezala. LFAR

     

    boughezala.jpgIls étaient venus, ils étaient tous là à Saint-Germain-des-Prés ce samedi 26 mars pour honorer un couple de grands résistants en inaugurant la place Mireille-et-Jacques-Renouvin : le maire de Paris Anne Hidalgo, le député frondeur Pascal Cherki, l’adjointe communiste Catherine Vieu-Charier et le maire LR du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq. Quelque 250 quidams, parmi lesquels des militants d’Action française, des membres de la Nouvelle Action royaliste fondée par Bertrand Renouvin, mais aussi Gabriel Matzneff et Lorànt Deutsch côté people, vibraient au son du Chant des partisans.

    Jean-Pierre Lecoq a longuement rendu hommage au camelot du roi et compagnon de la Libération Jacques Renouvin qui avait participé « à tous les chahuts et bagarres décidés par Léon Daudet et Charles Maurras » dans sa jeunesse avant de se retourner contre ses anciens maîtres, à la signature des accords de Munich en novembre 1938. Le futur héros de guerre gifla publiquement le président du Conseil, Pierre-Antoine Flandin, après que celui-ci avait envoyé un télégramme de félicitations à Hitler.

    Non sans courage, Anne Hidalgo a reconnu la filiation « patriote » et « monarchiste » d’une branche de la Résistance qui s’était élevée contre « la démission de Charles Maurras face à la menace allemande ». Engagé volontaire la guerre venue, prisonnier des Allemands puis résistant FFI après l’armistice, Jacques Renouvin rencontra une dénommée Mireille Tronchon lors d’un sabotage antipétainiste. Particulièrement inspiré, le maire de Paris est longuement revenu sur cet amour né au cœur de la Résistance, entre une jeune démocrate-chrétienne et un « fervent catholique » monarchiste qui multiplièrent les opérations punitives anticollabos. Arrêtés en Corrèze par la Gestapo un jour de janvier 1943, ils se marièrent en prison avant de se séparer, Jacques mourant d’épuisement dans le camp de Mauthausen tandis que Mireille allait donner naissance à leur fils Bertrand, figure du royalisme de gauche.

     

    On connaît le mot de Clemenceau, « la Révolution française est un bloc » ; on peut en dire autant de la Résistance. Si on avait épuré sa mémoire des admirateurs de Staline, des royalistes germanophobes et autres nationalistes tenant d’une France éternelle, l’armée des ombres serait réduite à peau de chagrin. C’est pourquoi le Front républicain, le vrai, devrait s’étendre jusqu’aux royalistes !   

    Daoud Boughezala