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CHRONIQUE D'ÉRIC ZEMMOUR sur Figarovox du 5.10 : Le quinquennat Sarkozy vu par Patrick Buisson fait grand bruit. Mais n'y a-t-il pas erreur sur l'ouvrage ? C'est ce que Zemmour expose ici avec toute la force, toute la verve de son talent. Des cyniques, des faibles, des inconstants, il y en eut aussi dans l'ancienne France. Ce qu'ils avaient de capacités pouvait néanmoins servir un Roi, qui, lui, par nature et position, incarnait la nation, en servait les intérêts parce qu'ils étaient aussi les siens. La croix de Buisson, c'est aussi, c'est surtout, d'avoir cru pouvoir tirer un bien d'un Système qui ne le permet pas. Il a échoué avec Sarkozy, il eût échoué - peut-être pour d'autres raisons - avec tous les autres. La République à la française est un Système en soi détestable et irréformable. La France ne pourra renaître qu'en en changeant. Peut-être est-ce cette conviction qui manque encore à Buisson et Zemmour pour être de grands politiques. Lafautearousseau.
Les plus grands livres sont souvent les récits des belles défaites. Le cardinal de Retz gagna l'immortalité littéraire en relatant ses vains exploits face à la rouerie supérieure du cardinal Mazarin ; le duc de Saint-Simon atteignit les sommets en contant, contrit, qu'il ne parvint jamais à remettre son ami le duc d'Orléans dans le droit chemin de la vertu chrétienne. Patrick Buisson, à l'instar de ses inégalables modèles, aime les mots rares et l'imparfait du subjonctif; il a lui aussi la dent dure et l'ironie qui cingle comme une cravache contre le « cynisme d'oligarque décontracté d'Alain Minc » ou « la subtile et distinguée Roselyne Bachelot »; ou encore le récit de ce déjeuner, rencontre revisitée de la belle et la bête, entre NKM et notre auteur, à l'issue duquel la belle demanda à la bête qui en resta coite de la conseiller en vue de la prochaine présidentielle.
On rit souvent en lisant La Cause du peuple. Il faut dire qu'avec Sarkozy, notre auteur tient un tempérament comique d'exception. On le savait déjà pour avoir lu les livres innombrables que ses ministres se sont empressés d'écrire sur son quinquennat; le magnétophone n'est pas l'apanage exclusif de notre auteur. Sarkozy apparaît bien une nouvelle fois en clone de Louis de Funès, par ses tics, mimiques et grimaces dignes de La Folie des grandeurs (« Je veux mourir riche. Blair me dit qu'il se fait payer 240.000 dollars par conférence. Je dois pouvoir faire mieux ») ou ses flèches acérées contre ses ministres tous transformés en Bourvil dans Le Corniaud. De Funès était un tyran qui devenait tout miel aussitôt que sa « biche » apparaissait. Buisson nous décrit ainsi les entrées de Carla Bruni au cours des réunions de cabinet, lui passant la main dans les cheveux ou l'arrachant à ses devoirs en épouse impérieuse : « La République je m'en fous, la politique je m'en fous, l'Élysée, je m'en fous. Ce que je fais, c'est pour toi et pour toi uniquement parce que franchement, on a de l'argent, on a tout ce qu'il faut pour être heureux, pourquoi donc aller se faire déchiqueter par ces hyènes ? ». Celui que Buisson appelle cruellement « l'époux de Mme Bruni » se révèle alors tel qu'en lui-même: « Le chef né pour “ cheffer ” était en réalité un fragile séducteur subjugué par ses conquêtes, un faux dur submergé par un état permanent de dépendance affective, une âme malheureuse qu'habitait non pas le dur désir de durer, mais celui d'être aimé. Ce mâle dominant vivait sous l'empire des femmes ». Ce n'était pas Bonaparte, mais le général Boulanger. Ce n'était pas du voyeurisme, mais de la politique.
« L'échec du quinquennat réside dans la dramatique inadéquation entre son fort tempérament instinctif et son irrépressible besoin de reconnaissance médiatique et affective. L'homme public, malgré l'appel qu'il sentait sourdre en lui, fut toujours contraint par l'homme privé, ses passions, ses désordres, ses coupables faiblesses pour l'air du temps et les fragrances de la modernité ». On rit avant que d'en pleurer. « Le sarkozysme n'était au fond que la continuation du giscardisme et du chiraquisme par d'autres moyens. » Sarkozy a été élu parce qu'il a répondu au besoin identitaire d'un peuple qui se sent dépossédé de sa culture, de son mode de vie, de son territoire, de sa nation même. Mais au-delà des slogans de campagne, il n'y aura rien. Toujours plus d'immigrés, toujours plus d'éloges du métissage, du multiculturalisme. Toujours plus de subventions aux associations antiracistes. Toujours pas de référendums, d'appels au peuple, en dépit des suppliques réitérées de notre auteur. Toujours plus de rodomontades, de compromis, de renoncements. « En fait de grand timonier, on a eu un grand timoré. »
Un mot à droite, un acte à gauche, telle fut la ligne suivie par Sarkozy. « Un ludion : un objet creux et rempli d'air soumis par des pressions successives à un incessant va-et-vient. » Un ludion médiatique. Adoré et honni par les médias. Ses rapports avec ces derniers résument on ne peut mieux l'ambivalence sarkozienne. Un regard acerbe, féroce, et souvent lucide sur la gent journalistique, comme son portrait à la serpe de Jean-Michel Apathie : « C'est un militant de gauche bas de plafond et dépourvu du moindre talent. Il porte la haine sur son visage. Et dire qu'il a osé évoquer l'installation d'une baignoire dans mon nouvel avion ! Pourquoi pas un court de tennis ou un four à pizza ? »
Mais c'est Sarkozy qui se soumet toujours à la doxa médiatique, cette idéologie dominante libérale-libertaire, faite d'individualisme, d'hédonisme et de victimisme compassionnel. Cette idéologie dominante, héritée de Mai 68, Sarkozy ne peut la défier qu'en paroles, mais jamais en actes, car il en est une des incarnations les plus abouties.
Il y a méprise. Il y a quiproquo. Il y a maldonne. Le dernier livre de Patrick Buisson est présenté partout comme une charge contre Nicolas Sarkozy; un amour déçu pour les uns, une attaque politique pour les autres. Les médias en profitent pour refaire le sempiternel procès en sorcellerie de l'ancien président. Il y a erreur sur la personne. Les médias devraient élever une statue à Sarkozy: il fait semblant de les affronter pour mieux mettre en œuvre leur idéologie bien-pensante.
Il y a erreur sur l'ouvrage. L'homme sur lequel s'acharne Patrick Buisson, celui avec qui il est le plus impitoyable, n'est pas Nicolas Sarkozy, mais Patrick Buisson. C'est Sarkozy qui a perdu la présidentielle de 2012, mais c'est Buisson qui a échoué. Échoué à imposer sa fameuse « ligne Buisson » autrement que par quelques discours de campagne; échoué à transmuer un bon candidat en un monarque présidentiel; échoué à faire de l'Élysée une base de reconquête idéologique et politique pour une droite chère à son cœur, mélange de légitimisme traditionaliste catholique et de bonapartisme. Échoué plus profondément à arracher la France aux miasmes de la postdémocratie occidentale qui écarte et méprise le peuple au profit (dans tous les sens du terme) d'une oligarchie financière et juridique.
Ce fut le drame intime de Patrick Buisson d'avoir été le conseiller politique d'un président « qui n'était pas son genre ». Ce livre est sa confession et sa quête éperdue d'absolution. Ce livre est sa croix. •
Patrick Buisson, Perrin, 438 p., 21,80 €.
Un petit chaperon rouge-sang.
par Olivier Prévôt
Un dialogue excellent - et instructif - repris du blog Les carnets de Betty Poul, hébergé par Causeur. D'actualité ! LFAR
Sorti en salles mercredi 5 octobre, Le ciel attendra raconte la dérive djihadiste de deux adolescentes et le calvaire de leurs parents, confrontés à l’impensable. Au delà des évidentes qualités cinématographiques du film, au-delà de l’excellence du jeu des acteurs (Sandrine Bonnaire est époustouflante), il nous a semblé que cette fiction qui se veut réaliste s’appuie sur des idées, des parti-pris que nous ne partageons pas.
Avec la liberté et la passion de témoigner qu’on lui connaît, la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar a accepté le principe d’un dialogue franc, direct, et réellement contradictoire. En exclusivité pour Causeur.
Vos deux personnages, Mélanie et Sonia, sont radicalisées. L’une est convertie à l’islam, l’autre est issue d’un mariage mixte. Au contraire, les deux personnages qui sont d’origine maghrébine et nés musulmans, qui sont en quelque sorte « pure laine » – le père de Sonia, Samir, et l’amie de Mélanie, Djamila – sont, eux, « modérés ». Avez-vous fait ce choix pour éviter le fameux « amalgame » ?
D’abord, moi, je ne sais pas ce qu’est un musulman modéré. Et je m’étonne que vous employiez ce terme. Parle-t-on de catholique modéré ?
Peut-être parce qu’ils le sont tous ?
Ça, je ne sais pas. Mais j’ai tenu à ce que mon film soit réaliste, qu’il soit représentatif de ce qui se passe effectivement. Sur le terrain. Et que constate-t-on ? Parmi les jeunes filles candidates au djihad, plus de 40 % sont des converties. Que cela plaise ou non, c’est un fait. Quant aux deux personnages que vous qualifiez de modérés, leurs rapports à l’islam sont très différents. Vous ne pouvez pas les assimiler de la sorte. Samir Bouzaria [interprété par l'excellent Zinedine Soualem, ndlr], le père de Sonia est athée. Il ne pratique pas du tout. C’est ce que Sonia lui reproche, très violemment. Djamila au contraire, l’amie de Mélanie, est croyante et pratiquante, mais elle n’est pas prise dans le vertige, dans la surenchère de Mélanie. Djamila représente la majorité des musulmans. Et pour moi, l’islam est associé à des valeurs de fraternité, de compassion, d’entraide.
Une autre chose m’a frappé : la dimension sexuelle de l’engagement djihadiste est comme passée sous silence.
Je ne vois pas bien ce que vous voulez dire. Mélanie est approchée par un rabatteur, sur internet, et celui-ci va l’embrigader. La relation de Mélanie et de son promis est purement virtuelle. Leur dialogue est chaste, pur. Il est l’inverse d’un monde sexualisé. C’est le contraire de « Adopte un mec ». Son correspondant reprend la figure mythique du prince charmant…c’est très étrange d’ailleurs, ce côté « prince charmant barbu ».
Enfin tout de même… Sans même évoquer ce qui se passe réellement en Syrie, il y a toute une érotique de ces dialogues. Par moments, c’est quasiment Cinquante nuances de Grey… « Tu m’obéiras, dis-le que tu m’obéiras toujours… »
Oui, à côté de ces dialogues chastes, il y a des questions extrêmement brutales, comme ce moment où, sans la connaître véritablement, il lui demande si elle est vierge. Comme ça. Presque de but en blanc.
Mélanie n’a pas d’émois.
Ah bon ? Pas d’émois ? Elle ne cesse de rougir. Elle est bouleversée par ces dialogues. Vous auriez voulu voir quoi, vous ?
Je ne sais pas. Moi, je suis un garçon, et je ne suis pas cinéaste. J’imagine qu’une jeune fille qui se promet à un homme peut avoir des rêves soudain. Non ?
(rires) En tout cas, Mélanie est émue, et je pense que cela se voit. Encore une fois : le prince charmant…
J’étais également étonné que vous ne montriez pas plus la dimension haineuse de cet engagement djihadiste. La haine des Juifs, la haine des homosexuels, des chrétiens, de l’Occident… Ces deux jeunes filles partent rejoindre des garçons qui ont peut-être égorgé eux-mêmes ce malheureux Peter Kassig, ou réduit en esclavage des femmes yazidies. Elles le savent !
Non ! Vous vous trompez. Ce sont des jeunes filles aveuglées. Moi, j’ai assisté à des séances de désembrigadement. Et notamment à la confrontation de repenties, qui connaissaient la réalité de ce qui se passe en Syrie et en Irak, avec des jeunes filles qui, au contraire, n’avaient encore que le projet de s’y rendre. Ces dernières ne veulent pas croire ce qu’on leur dit. Elles refusent. En bloc. J’ai vu une jeune fille rire en regardant une vidéo de décapitation. Pour elle, c’était faux. Un trucage… Elle refusait d’y croire.
C’est une défense inconsciente, ça n’élimine pas la pulsion sadique… Au contraire.
Il faut comprendre deux choses. La première est que ces processus d’embrigadement sont rapides. Du premier contact sur Facebook à la tentative de départ en Syrie, il ne se passe souvent que deux ou trois mois. La seconde chose est que cette propagande commence par décrédibiliser l’information en général, à partir d’exemples de mensonges, de manipulations prouvés – et c’est vrai qu’on nous ment – pour aboutir à un sentiment de défiance globale. Là-dessus, vient se greffer un rêve, une idéalisation de ce qu’elles s’apprêtent à rejoindre, le djihad. Et comprenez bien : c’est très difficile de faire le deuil de ce rêve.
Un peu comme dans le film de Jane Campion, Holy smoke, ce personnage incarné par Kate Winslet qui s’accroche à son idéal sectaire et qui, d’un seul coup, s’effondre…
Oui ! Elles font face au même risque d’effondrement. D’où le déni. Le « c’est pas vrai ». Ainsi des filles rentrent de Syrie, racontent ce qu’elles ont vu, enduré. Elles le racontent en détail… tandis que celles qui sont embrigadées, pour protéger leur rêve, ne veulent pas les croire. Comprenez-moi : elles ne peuvent pas.
Un autre point me « chiffonne », c’est le cas de le dire, puisqu’il s’agit du voile. Dans votre film, vous dîtes que le regard de désapprobation sur les femmes voilées renforce la volonté de porter ce voile. Il ne faudrait pas désapprouver, même d’un regard, ces choix ?
D’abord ce n’est pas moi qui dit cela. C’est une des participantes à l’atelier de désembrigadement. Nuance. Et ne parlons pas de voile mais de djilbab. Ce vêtement efface les contours identitaires individuels. Les femmes qui le portent deviennent des « soeurs ». En portant le djilbab, elles appartiennent au groupe.
Le psychanalyste Fethi Benslama évoque cela dans son dernier livre, Ce furieux désir de sacrificie. Il évoque la nécessité intérieure de revêtir « le masque de l’ancêtre »…
L’autre devient moi. C’est très puissant.
Dans ce film, les hommes n’ont pas le beau rôle. C’était déjà le cas dans le précédent, Les héritiers.
Dans Les héritiers, je n’avais rien inventé. Le proviseur ne croyait ni au projet, ni à cette classe, c’est comme ça.
Mais pour Le ciel attendra, je serais plus nuancée que vous. Prenez le personnage du père de Mélanie… Yvan Attal est bouleversé, ravagé de douleur. Et encore une fois : je raconte ce que j’ai vu dans ces ateliers de désembrigadement. C’est un fait : les mères sont plus présentes. Au fond, elles partent rechercher leur petit enfant, celui qui s’est perdu dans la forêt d’un rêve fou, le petit enfant qui a échappé à leur vigilance. Elles partent le retrouver, le ramener. À elles. Et elles n’ont pas de pudeur par rapport à cette recherche, cet effort. Elles se relèvent les manches.
Les pères ont plus de mal à s’exprimer, ça ne veut pas dire qu’ils ne ressentent pas les choses. Prenons l’exemple du père de Sonia, Samir. Bien sûr, il est maladroit. Bien sûr, il est agressif. Mais il est surtout en colère contre lui-même car il a le sentiment d’avoir failli à son devoir de protection. Mais en même temps, souvenez vous ! Quand, à la fin du film, il pose la main sur l’épaule de sa fille, il exprime toute sa tendresse. •
Entretien réalisé au téléphone, le 5 octobre 2016
Pyrénées ou le voyage de l’été 1843 de Victor Hugo, mise en scène et adaptation de Sylvie Blotnikas, avec Julien Rochefort
Victor Hugo a 43 ans lorsqu’il entreprend son traditionnel voyage d’été dans les Pyrénées, qui sera l’occasion de notes, de dessins et de réflexions. L’adaptation de Sylvie Blotnikas du carnet de voyage de l’écrivain en cet été 1843 est de l’ordre d’un grand rendez-vous à ne pas manquer. Victor Hugo ? Un destin et une œuvre, entre les deux, un homme avec ses ombres et ses lumières mais surtout le génie de l’écriture qui pique le détail et sait séduire son lecteur jusqu’à l’émotion. C’est ce que représente Pyrénées « le journal d’une pensée plus encore que d’un voyage », dira Hugo. Une œuvre cependant qui restera inachevée. Entreprenant un voyage en diligence vers les Pyrénées, l’écrivain commence par la découverte de Bordeaux, son pont, sa cathédrale romane dont il décrit minutieusement l’architecture avant de dépeindre les Landes où s’étire la vie des paysans. Son esprit exalté et romantique révèle toute sa force en restituant le mystère du passé lorsqu’il évoque ces recoins restés intacts de l’enfance. C’est au retour de son périple de deux mois qu’en passant par Rochefort, il apprendra, en lisant le Siècle, la noyade à Villequier de sa fille Léopoldine et de son gendre. Un drame qui provoquera une césure. Un autre pan de sa vie et de son œuvre commence. Metteur en scène de la vie, l’écrivain avait le talent de convertir en mots les malheurs de l’homme, de rendre palpable leur condition et de rire parfois de cette vaste comédie qu’est la vie. La mise en scène tout en sobriété écarte le superflu pour mieux faire résonner le texte qu’interprète avec une belle maitrise Julien Rochefort. •
Théâtre Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
Location : 01 42 22 66 87
Le Réveil français, groupe de réflexion stratégique, organise son colloque annuel, ce samedi 8 octobre. Thème 2016 : : « Culture de l’économie, économie de la culture »
Présentation… Olivier Dejouy : « Il faut retrouver le fil d’Ariane entre économie et culture »
Vidéo par bvoltaire
Jeunes et anciens de Marseille, de Provence ou même des régions voisines, seront bienvenus, sont même attendus, à cette réunion de rentrée qu'annonce - et à laquelle invite - la très esthétique affiche ci-dessus.
La réunion se tiendra donc au local d'Action Française Provence, 14 rue Navarin à Marseille, ce samedi 8 octobre à partir de 16 heures.
Dès à présent, nous conseillons à nos lecteurs et amis désireux de participer, de réserver leur après-midi du samedi 8 octobre ...
Les jeunes seront présents en nombre et les anciens auront à cœur de venir soutenir leur action, courageuse, déterminée et militante, dans la tradition des camelots du roi. • LFAR
Renseignements : 06 08 31 54 97
Lundi 4 octobre : Petit tractage matinal devant les lycées Perrier, et Saint Joseph Les Maristes pour préparer cette réunion de rentrée du 8 octobre ! Venez nombreux !
Par Alexis Feertchak 4.10
Le pape François a estimé que la théorie du genre était une « colonisation idéologique ». Gérard Leclerc expose comment la gauche s'est trompée en croyant que l'évêque de Rome obéissait aux canons du progressisme. [Figarovox - 4.10]
Le pape François a vivement critiqué les manuels scolaires qu'il juge imprégnés par la théorie du genre. Il a employé des termes forts, notamment celui de « colonisation idéologique ». Cela vous étonne-t-il ?
Ce n'est pas la première fois qu'il emploie le terme de colonisation. J'ai le sentiment que, comme Argentin, le pape a une sensibilité à vif sur ces phénomènes d'intoxication idéologique à grande échelle que le continent sud-américain a historiquement bien connus. On importe sur certains continents des idéologies venues d'ailleurs.
Par ailleurs, on sait que le Vatican est un lieu de réception tout à fait exceptionnel de l'information à l'échelle planétaire car Rome est au centre de réseaux divers, diplomatiques mais pas seulement, qui couvrent le monde entier. Je ne pense pas que ce soit sans biscuit que le pape s'est embarqué ainsi. Il y a un tas d'informations qui lui remontent du monde entier sur cette idéologie du genre qui fait partout des ravages.
À gauche, Najat Vallaud-Belkacem a rapidement réagi, expliquant que le pape avait été victime d'une campagne de désinformation. Cela vous paraît-il crédible ?
Non, pas du tout. Il y a deux choses néanmoins. Il y a le fait que le pape se réfère à un témoignage personnel venu de France : un papa qui a été très étonné de la réaction de son fils quand celui-ci lui a dit qu'il voulait devenir une fille. D'après le père en question, cela venait de l'école. Mais au-delà de ce témoignage personnel, n'oublions pas que c'est en 2011 sous le ministère Chatel que les manuels scolaires de Sciences & Vie de la Terre ont introduit en classes de Première quelques éléments de la théorie du genre. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'enseignement direct. Souvent, les professeurs eux-mêmes transmettent ces idées-là à leurs élèves. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant car ce sont des idées qui courent le monde.
Le ministre de l'Éducation nationale a ajouté que la théorie du genre n'existait pas. Ces idées qui courent le monde et que vous venez d'évoquer sont-elles assumées ouvertement ?
Certains journaux de gauche sont quand même gonflés ! Ils nous ont vanté depuis le début de notre jeune siècle les mérites de Judith Butler, intellectuel génial et qui aurait renouvelé le champ de la philosophie et des sciences humaines. Ils nous l'ont vendue comme une révélation bouleversante qui dynamitait la culture ancienne. Pensons aux débats au moment du Mariage pour tous: Christiane Taubira parlait alors d'un véritable changement de civilisation. Alors, il faudrait savoir ! S'est-il vraiment produit une révolution dans le champ culturel et anthropologique ? Avec le Mariage pour tous, a-t-on vraiment assisté à une rupture de civilisation ? Il faudrait qu'ils se mettent d'accord avec eux-mêmes car aujourd'hui les mêmes journaux et les mêmes réseaux nous serinent qu'il n'y a pas de théorie du genre, mais qu'il n'y a en fait que des « études de genre » (gender studies) qui ne seraient structurées par aucune philosophie, mais qui reposeraient uniquement sur des méthodes d'observation. On serait dans le domaine de la pure scientificité. Évidemment, c'est se moquer du monde car il est bien certain que tout ce secteur des sciences humaines qui s'est développé d'une façon absolument démesurée est structuré par des courants philosophiques, ne serait-ce que par la fameuse French Theory qui eut des conséquences considérables dans le monde universitaire américain en important la pensée de philosophes français comme Louis Althusser, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault et bien d'autres.
Que pensez-vous des personnes qui, à gauche, s'étonnent des propos du pape François ? Ces derniers expliquent en substance que les mots du pape sur la théorie du genre sont en inadéquation avec ses propos progressistes sur les questions économiques, sociales, écologiques et migratoires. Qu'en est-il ?
Ces personnes ont fabriqué une image stéréotypée du pape François sur un modèle préfabriqué de type progressiste qui ne correspond pas du tout à la réalité. Ils ont retenu un certain nombre de choses : son discours écologique, ses sorties contre l'argent, sa défense des migrants, mais ça ne veut pas dire pour autant que le pape est un parfait progressiste selon leurs canons à eux. Ils choisissent dans les propos du pape ce qui les arrange. Car s'ils étaient un peu sérieux, ils s'apercevraient que ce pape aurait de quoi leur faire peur ! Par exemple, c'est le premier pape que je vois citer avec autant de force un auteur comme le terrible Léon Bloy. Dans sa première homélie de pape, François a cité l'écrivain en disant : « qui n'adore pas le Christ adore le diable ». D'ailleurs, parmi les papes modernes, François est sans doute celui qui ose le plus parler du satanique et du diabolique. C'est un jésuite formé aux disciplines de la spiritualité de saint Ignace. C'est quelqu'un d'extrêmement rigoureux, qu'on ne prendra pas en défaut sur la doctrine catholique. On objectera tout ce qui a eu lieu et ce qu'il a dit à propos de la famille, notamment de l'ouverture de l'eucharistie aux personnes divorcées. Mais, à mon sens, on a surévalué cet aspect-là car le pape, même quand il veut opérer une ouverture sur ce côté, se montre très prudent avec des conditions qui font que l'exercice de cette ouverture eucharistique est quand même soumise à des canons en définitive très limités. À mon sens, il y a un mythe qui s'est constitué autour d'un François progressiste. On est très loin du personnage réel. •
Gérard Leclerc est un journaliste, philosophe et essayiste. Il est éditorialiste à France catholique et à Radio Notre-Dame.
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Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages...
C'est assurément un beau spectacle que de voir notre groupe aéronaval en action, nos Rafales qui décollent pour détruire l'ennemi, et tous ces militaires parfaitement préparés à remplir leur mission : pour la France, toujours et partout ! C'est rassurant, et cela procure une fierté légitime : malgré ce Système misérable qui nous déclasse inexorablement, la France - qui est décidément « une bonne affaire », comme disait Bainville - est bien la puissance qu'il est bon de voir s'affirmer avec une telle maîtrise, pour cette occasion en l'occurrence.
Mais le pouvoir politique de ce Système mortifère ne donne pas assez de moyens à ces hommes et femmes admirables, qui vouent leur vie à la défense de la Patrie. Pire : les dépenses militaires n'ont cessé de baisser, ces dernières décennies... Pourtant, on trouve toujours des millions, et des milliards, pour tout et n'importe quoi : loger à l'année de clandestins à l'hôtel; construire une inepties comme cette Canopée inutile aux Halles de Paris, qui bouche le ciel et la vue, et qui prend l'eau; construire des portiques pour une écotaxe qu'on supprime dans l'année... Mais pour l'armée : des miettes !
En 1960, la France, devenant vraiment une grande puissance militaire - notamment nucléaire - dépensa 5,44% de son PIB pour la Défense : on dépasse à peine les 2% aujourd'hui !
En 1966 le budget des Armées représentait 4,6 du PIB; en 81 (Mitterand...) : 2,97; en 2002 (Chirac) : 1,6; et en 2012 (Sarkozy) : 1,56 !... « On touche à l'os - écrit Zemmour, exprimant l'opinion de toute personne connaissant le sujet, toutes opinions politiques confondues - Une baisse supplémentaire rendrait notre armée ridicule... Notre souveraineté n'existera plus quand on n'aura plus d'armée pour la défendre. »
C'est donc à bon droit que l'on peut plaider pour un budget militaire à 4%, ce qui donnerait 1% à chaque Arme (Air, Terre, Mer) et 1% à la Force nucléaire.
Et cet effort devrait être maintenu, pour remettre notre Armée en état, au moins pendant une décennie, pour commencer. Après, on avisera...
Les dépenses militaires de nombreux pays - comme la Chine ou l'Inde, ont augmenté dans des proportions faramineuses; et la puissance militaire - in fine - est, fondamentalement, ce qui créé la puissance tout court, même si, évidemment, elle n'est pas le seul critère à prendre en compte, et que, bien entendu, elle ne peut qu'aller de pair avec la puissance économique... Mais la vraie question est : le Système veut-il sortir la France de l'Histoire ? En la privant des moyens nécessaires à son Indépendance et à sa Défense ? •
Par Gabriel Robin
Un excellent billet - comme souvent ceux de Gabriel Robin [Boulevard Voltaire du 4.10]. Nous sommes d'accord !
Vous ne connaissez probablement pas Alain Dumort. Cet homme est le chef de la « représentation régionale de la Commission européenne à Marseille ». Le 30 septembre, la Villa Méditerranée recevait une table ronde intitulée « Migrations et citoyenneté dans l’espace euro-méditerranéen » au cours de laquelle il a affirmé :
« Pour les migrations en Europe, il nous faut être visionnaires. Dans vingt ans, à cause de notre démographie, nous en aurons besoin. »
Traduction : vous ne faites pas assez d’enfants, donc nous ferons venir des dizaines de millions de « migrants » pour vous remplacer. Ce que dit crûment monsieur Dumort correspond très précisément à ce que pensent les élites européennes, tant dans les institutions supranationales que dans la majorité des gouvernements nationaux, l’Allemagne en tête. La volonté d’effacer l’Europe d’un trait répond aussi aux injonctions de l’Organisation des Nations unies, qui multiplie les rapports demandant à l’Europe d’organiser, et je cite textuellemnt, « des migrations de remplacement ».*
L’immigration est un fléau. Que les Français ne s’y trompent d’ailleurs pas, le phénomène des « migrants » n’est que la face émergée de l’iceberg migratoire, les filières de l’immigration légale étant présentement plus que saturées. En outre, l’argument de la faible démographie de l’Europe ne tient pas. D’abord, une baisse de la démographie est toujours réversible alors que des changements ethnoculturels profonds ne le sont pas. C’est, d’ailleurs, pour cette raison qu’un pays comme le Japon a très rapidement fait le choix de l’immigration zéro accompagnée de la mise en place d’une politique nataliste couplée au soutien à la « robolution ». Ensuite, la démographie européenne est faible mais elle ne met pas en danger la planète, contrairement à la démographie subsaharienne absolument délirante.
Les gens qui veulent que l’Europe soit submergée le font au nom d’idées déjà dépassées, de mensonges, sans prendre en compte la volonté des peuples concernés. Quand le commissaire européen Avramópoulos explique qu’il faudrait faire venir 50 millions d’immigrés légaux sur le continent d’ici à 2060, sans compter les innombrables clandestins et les immigrés déjà présents, il demande à l’Europe de mourir.
Que pouvons-nous faire contre ces politiques, soutenues par tous les gouvernements français depuis quarante ans ? Peut-être commencer par ne plus les élire, ce serait un bon début. Nous manifester serait aussi une option. On voit que les Français peuvent faire reculer l’implantation de camps de « migrants », sur le modèle de Calais, dans leurs villages quand ils sont suffisamment décidés. Les Corses sont exemptés de « migrants » parce qu’ils savent montrer les muscles.
Comprenez bien que les migrations de remplacement font peser un grave danger sur nos enfants, notre patrie, notre mode de vie, notre démocratie et même notre économie, qui pourrait ne pas s’en remettre. Heureusement, quelques frondeurs existent, à l’image du courageux Viktor Orbán, qui s’oppose à la destruction de la Hongrie par l’immigration et les problèmes qu’elle entraîne. Bien sûr, l’Union prévoit des sanctions…
À Allex, dans la Drôme, un maire bien inspiré a voulu organiser un référendum local pour demander aux habitants de sa commune s’ils étaient d’accord avec l’installation d’un centre d’accueil pour cinquante migrants. L’État l’a jugé illégal, contraignant Gérard Crozier à renoncer à ce vote populaire… Souriez, vous êtes remplacés. Si vous émettez la moindre réserve, vous serez instamment sanctionnés. •
François Hollande est président de la République ; il est le chef de l’État. Mais il est en même temps candidat à sa propre succession, donc vraisemblablement à la primaire de la gauche. Du moins est-ce l’apparence du moment. Sauf s’il était contraint par les événements à renoncer. Il n’empêche qu’il est entré en campagne électorale et résolument. Toute son activité intérieure est axée sur cette ligne ; de même le budget 2017 tout en trompe-l’œil et en faussetés ; les comptes de la Sécurité sociale pareillement, comme le chômage encore en forte augmentation qui est prétendu en tendance baissière !
Tous ses discours à l’extérieur, jusqu’ y compris à l’ONU, toute sa politique étrangère et européenne, portent la marque de son unique préoccupation. Il n’a dans la tête que le concurrent auquel il sera opposé : Sarkozy, Juppé, Marine Le Pen. Sans même les citer, c’est toujours eux qu’il vise. Il court partout : visites d’écoles, d’entreprises, de centres sociaux, et ce ne sont que promesses électorales, annonces de projets mirifiques, tentatives de gagner ou de récupérer, fragment par fragment, des électorats perdus. Il se fait gauchard avec la gauche, libéral avec le centre, martial avec la droite.
Ainsi le dimanche 25 septembre, dans la cour des Invalides, il reconnaît publiquement au nom de la République la responsabilité des gouvernements français dans « l’abandon des harkis », dans « leur massacre » ou dans « les conditions inhumaines de leur accueil », ce qui ne l’a pas empêché de célébrer six mois auparavant le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu en Algérie qui donna le signal du carnage et du honteux abandon. Lundi 26 septembre, le lendemain, il était à Calais, une semaine après Sarkozy.
Il ne visitait pas « la jungle », mais il déclarait solennellement qu’elle « serait démantelée définitivement, entièrement, rapidement », c’est-à-dire que les occupants des lieux seraient dispersés dans des centres d’accueil et d’orientation (!) répartis sur le territoire national. On sait ce que cela signifie. Sourire à Calais, dissémination et dissimulation du problème de fond. Cynisme absolu.
Alors ? La France ne compte plus. La seule question porte sur le point de savoir s’il sera assez fort pour résister sur sa gauche à la progression de Macron qui s’installe au centre, à la pression de Montebourg qui lui reproche ses renoncements, à la fureur de Mélenchon qui l’invective et fera tout pour l’éliminer. Mais ceux-là, que veulent-ils ? La place, c’est tout. Comment être chef de l’État dans des conditions pareilles ? La France n’est plus qu’une proie à conquérir. Par tous les moyens.
Ce n’est pas mieux à droite. Sarkozy ne pense qu’à dominer Juppé, mais le « tout sauf Sarkozy » devient une sorte de règle absolue de toutes les campagnes, à droite comme à gauche. Les affaires judiciaires se multiplient autour de lui ; les livres paraissent ; celui de Patrick Buisson auquel il fallait s’attendre, livre en pâture au public sa personnalité d’agité qui n’a rien d’édifiant. Mais les autres valent-ils mieux ? Juppé n’est-il pas un ancien condamné ? Il dit tout et son contraire avec la même absence de conviction que François Hollande.
L’important, pour lui, c’est de gagner. Fillon avec ses six cents pages de programme, Le Maire avec ses mille pages, n’ont toujours pas compris que l’avenir n’est pas dans des chiffres si nombreux soient-ils, mais dans un esprit, l’esprit de la France, de son histoire, de son identité, puisque ce mot est maintenant au cœur du débat. Jean-Frédéric Poisson est le seul dans cette primaire à droite à en avoir le sens. Quand à Marine Le Pen, elle se trouve confrontée à ce même problème de stratégie électorale qui empêche toute vision véritable.
La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : les institutions de la République sont-elles à la hauteur des enjeux ? L’esprit de parti n’a-t-il pas tout pulvérisé dans la représentation comme dans la direction de la France ? Le quinquennat qui n’est plus qu’une machinerie partisane n’a-t-il pas anéanti la notion même de chef de l’État ? Le résultat est là, tangible. La France perd ses frontières, sa substance, son être, son patrimoine, même ses enfants, et peu à peu toute sa vie économique, politique et culturelle. Ce numéro de Politique magazine en fait son dossier. Le sursaut est possible. Encore faut-il accepter de comprendre la cause de tant d’échecs. •
La Une de Libération, le 22.12.2014... Déjà !
Par Alexis Feertchak
Après que le pape François a dénoncé la présence de la théorie du genre dans les manuels scolaires, provoquant la « colère » de Najat Vallaud-Belkacem, Bérénice Levet, philosophe, confirme que cette idéologie est bien présente à l'école. Nous n'allongerons pas cet entretien déjà long par lui-même - et très important [Figarovox - 04.10] : Disons seulement que Bérénice Levet va bien au delà de cette constatation et pose des principes ontologiques, anthropologiques et sociétaux en opposition frontale avec la pensée et la société modernes ou post-modernes, y compris lorsque, in fine, elle se permet une forte et juste critique des positions du Saint-Père en matière d'immigration et de mondialisation, jugées de nature déconstructionniste au même titre que la théorie du Genre ... Une liberté de ton et d'esprit, une lucidité de fond qui intéressera les contre-révolutionnaires que nous sommes. Lafautearousseau
Dimanche 2 octobre, le pape s'en est pris « au sournois endoctrinement de la théorie du genre » que propageraient les manuels scolaires. La théorie du genre existe-t-elle en tant qu'idéologie ?
La théorie du genre ? Ça n'existe pas, nous tympanise-t-on, à commencer par Najat Vallaud-Belkacem. La seule expression légitime serait « études de genre » qui aurait pour avantage de respecter la pluralité des travaux. Mais pour qu'il y ait des études de genre, encore faut-il que ce petit vocable de genre ait été conceptualisé, théorisé. Or, lorsque nous parlons de théorie du genre, nous n'affirmons rien d'autre. Judith Butler se définit elle-même comme théoricienne du genre. Il a été forgé afin d'affranchir l'identité sexuelle du sexe biologique. Au commencement est la neutralité, en quelque sorte, et seule la machine sociale vous « assigne » à une identité - ce que l'on retrouve dans les manuels.
Il faut bien comprendre que le vocable de « genre » ne sert pas simplement à distinguer le donné naturel et les constructions culturelles, mais à les dissocier. Simone de Beauvoir est restée, aux yeux des promoteurs du genre, comme en retrait par rapport à sa propre intuition. Lorsqu'elle dit « On ne naît pas femme, on le devient », le Genre lui réplique, puisqu'on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on ? En l'absence de tout étayage dans la nature, on doit se jouer de toutes les identités sexuées et sexuelles. « Le travesti est notre vérité à tous », dit Judith Butler. Ce petit vocable de genre soutient en outre - et c'est là qu'il est instrument de lutte - que les différences sexuelles sont construites mais construites par des mâles blancs hétérosexuels donc selon un ordre exclusivement inégalitaire.
Voilà le message qui est délivré à la jeunesse. « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin »,apprennent les lycéens dans le manuel Hachette. Pour aiguiser leur rage, les convertir à la cause de la déconstruction, il convient de les convaincre que ces représentations sont inégalitaires.
On raille le Pape, parce qu'il ne suffirait pas d'apprendre ces axiomes pour ipso facto aspirer à changer de sexe. Sans doute et la différence des sexes ayant un fondement dans la nature, contrairement à ce que soutient le Genre, tout comme l'hétérosexualité, quand bien même on cherche à les chasser, elles reviennent au galop, mais l'enfant ou l'adolescent est un être fragile; si on le persuade que tout est construit, alors la tentation est grande de s'essayer à toutes les identités et toutes les sexualités. La question dans les cours de lycées est désormais : « Alors, tu es bi, hétéro, homo ? ». Je rapporte dans mon livre des paroles d'adolescents qui nourrissent un véritable sentiment d'infériorité de se sentir « désespérément » hétérosexuels.
Le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement, car le Genre avance toujours masqué : c'est au nom de l'égalité, du respect des différences, que s'opère la déconstruction du masculin et du féminin. C'est au chapitre « l'égalité homme-femme », ou plutôt selon l'injonction de Najat Vallaud-Belkacem, « l'égalité femme-homme » , que l'élève apprend que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu'il lui appartient de s'en délier. Le Genre se veut notre nouvel Évangile, il vient nous annoncer la bonne nouvelle que les identités sexuées et sexuelles n'étant que des constructions, elles peuvent être déconstruites. L'enseigner dans les établissements scolaires, c'est fabriquer une armée de soldats de la déconstruction.
Les propos du pape François sont forts. Il parle notamment de « guerre mondiale pour détruire le mariage » et de « colonisation idéologique » destinée à « changer les mentalités ». Comprenez-vous ces mots historiquement lourds de sens ?
Ils ont une vérité. Le projet de « changer les mentalités » définit le programme des progressistes depuis la décennie soixante-dix.
Le Genre travaille à disqualifier les représentations du masculin et du féminin qui sont des significations partagées, héritées, et qui cimentent une société. Le Genre est le dernier avatar de cette grande offensive menée contre la civilisation occidentale depuis les années soixante par le structuraliste Michel Foucault ou Jacques Derrida. La filiation est d'ailleurs revendiquée par les adeptes du Genre.
Les formulations du Pape sont sans doute excessives mais là encore il y a une certaine vérité. Le genre est un militantisme, et la gauche y est acquise ainsi qu'une bonne partie de la droite. En étendant le mariage à des couples de même sexe, la loi Taubira en destituait le sens, qui n'est pas de consacrer l'amour mais la procréation et la filiation. Et dessinait le cadre pour une reconnaissance de la « filiation » aux homosexuels.
Quant à la colonisation idéologique, les promoteurs du Genre entendent bien investir les esprits à travers le monde, semer le trouble dans le Genre, c'est-à-dire dans les identités sexuées, et défaire le Genre - pour reprendre les titres programmatiques de deux ouvrages de Judith Butler - et bon nombre de pays d'Amérique du Sud se laissent séduire.
Le souverain Pontife a également déclaré : « La théorie du genre continue à être enseignée, alors que c'est contre les choses naturelles ». Cette évocation d'une nature humaine est-elle devenue un tabou aujourd'hui ?
En effet. La rébellion contre le donné naturel et le consentement comme fondement de la légitimité définissent le projet moderne. L'homme doit « se rendre comme maître et possesseur de la nature » et les seuls liens légitimes sont ceux que le sujet contracte volontairement. Or, l'identité sexuelle n'est pas choisie par le sujet, elle est donc perçue comme oppressive. Naître, c'est recevoir, recevoir un corps, une histoire, un passé hypertrophie de la volonté. Nous sommes endettés par nature, dit magnifiquement l'anthropologue Marcel Hénaff.
Cette récusation de toute forme de donné naturel nous voue à une abstraction dont Merleau-Ponty nous invitait à méditer les conséquences pour la condition humaine : « Une ontologie qui passe sous silence la Nature s'enferme dans l'incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l'homme, de l'esprit et de l'histoire ».
La nature ne décide pas de tout cependant. « On naît femme et on le devient ».
Najat Vallaud-Belkacem a réagi au micro de France Inter. Elle s'est dite « peinée » et « très en colère » par ces paroles « légères et infondées ». Elle a précisé qu'il n'y avait pas de « théorie du genre - qui d'ailleurs n'existe pas - dans ces livres ». Que pensez-vous de la réaction du ministre de l'Éducation nationale ?
Comme toujours avec Najat Vallaud-Belkacem, justifiant par là même le surnom de Pimprenelle que lui a donné François Hollande, elle croit endormir les consciences en pratiquant la dénégation systématique.
Elle sait parfaitement que les postulats du Genre sont enseignés dans les établissements scolaires. Elle aurait même pu se défausser en incriminant un de ses prédécesseurs, Luc Chatel. C'est en effet sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011, que l'enseignement du Genre a été introduit dans les manuels de « Sciences de la Vie et de la Terre » des classes de Terminales.
Les spécialistes du déni nous objectent que le Genre n'est pas enseigné à l'école primaire, au collège puisque le mot ne figure nulle part. Peut-être, mais là n'est pas la question. Ce qui est bel et bien diffusé, ce sont les postulats du Genre, et pas seulement dans et par les manuels. Les livres lus dès le Primaire, dont les élèves doivent rédiger une fiche de lecture, en sont les émissaires. C'est d'ailleurs, ce qui m'avait conduite à me pencher sur cette question du Genre, lorsqu'en 2012, mon neveu qui était alors en classe de CM1, est rentré de l'école avec pour devoir la rédaction d'une fiche de lecture consacrée à un ouvrage de David Wallians, Le Jour où je me suis déguisé en fille. Cet ouvrage d'une indigence littéraire qui aurait dû suffire à l'écarter d'une institution censée transmettre la langue et l'art d'écrire - mais les lectures scolaires n'ont plus d'autres finalités que de former des indignés et surtout pas des héritiers -, véhiculait un des axiomes majeurs du Genre : l'identité sexuée, le masculin et le féminin ne sont que des conventions, des normes imposées, travaillant précisément à « normaliser » les individus. Le Genre et la gauche s'emploient ainsi à déconstruire, à défaire les représentations, les significations qui cimentent une société. Sans doute le masculin et le féminin sont-ils, en partie, dans la continuité du donné naturel cependant, construits - chaque civilisation compose sa propre partition sur cet invariant - mais ces représentations constituent un lieu commun au sens littéral, les membres d'une même société s'y retrouvent, elles tissent un lien. Observons que cette même gauche n'a qu'un mot à la bouche « créer du lien social ».
Najat Vallaud-Belkacem invite le Pape à consulter les manuels scolaires. Non seulement il vérifiera que l'idéologie du Genre imprègne bien les chapitres consacrés à l'égalité des sexes, mais surtout, lorsqu'il parle de manuels, il entend assurément les programmes scolaires dans leur entier. Bon nombre de professeurs n'ont guère besoin de directives ministérielles pour inscrire à leur programme des ouvrages qui sont les vecteurs de cette idéologie. Les spectacles destinés aux écoles sont également édifiants.
Najat Vallaud-Belkacem a rappelé qu'elle avait déjà rencontré le pape et qu'elle était pleine de « respect » à son endroit. Comment comprenez-vous cette ambivalence de la gauche qui admire le pape François sur les sujets sociaux, économiques, migratoires et écologiques, mais le condamne sur les questions sociétales ?
Ambivalence du Pape non moins, si vous me le permettez. Le Genre et l'idéologie sans-frontiériste, à laquelle le Pape demande aux nations européennes de se convertir en matière d'immigration, relèvent de la même logique : le combat contre le principe de limite, de frontière - frontière entre les nations comme entre les sexes, refus des limites que nous fixe la nature.
Toutefois, les déclarations du Pape contre le Grand Capital séduisent assurément la gauche mais l'accord se fait sur l'écume, non sur les fondements. L'anthropologie chrétienne est une anthropologie de la finitude. L'homme est créature de Dieu; pour le chrétien, il n'est pas, comme le sujet moderne, au fondement de lui-même. L'individu comme absolu est étranger à la philosophie vaticane. •
Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, publié chez Grasset en novembre 2014, vient de sortir dans une version « Poche » chez Hachette avec une préface inédite de Michel Onfray.
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