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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1394

  • François Lenglet: « Notre continent n'est pas armé pour les intempéries actuelles »

    Pour le journaliste économique, auteur de La Fin de la mondialisation (éd. Fayard), l'Europe est démunie face à la conjonction des crises économique, migratoire et terroriste [Entretien Figarovox du 16.03]. Où en sommes-nous donc pour qu'une personnalité aussi avisée, médiatisée, professionnellement liée au politiquement correct, tienne de tels propos, se livre aux analyses qu'on va lire ? C'est nous semble-t-il que si « le vent souffle où il veut », comme il a été rappelé hier, joliment, dans nos commentaires, il ne souffle plus désormais sur le monde dans le sens qui était annoncé. Finkielkraut l'a dit : « nous vivons la fin de la fin de l'Histoire », cette utopie vulgarisée par Francis Fukuyama, japonais américanisé, il y a un quart de siècle. L'Histoire est évidemment de retour (n'étant jamais partieet le monde actuel bouillonne de conflits et de tragédies. Sans-doute sommes-nous aussi entrés dans un processus de fin de la mondialisation -  selon la thèse de Lenglet soi-même. Enfin, le mouvement de dislocation de l'UE, ici décrit par François Lenglet, est déjà en marche, ce qui n'est pas nécessairement, peut-être au contraire, une cause supplémentaire d'affaiblissement de l'Europe réelle. Deux réactions seulement au propos lucide de François Lenglet : la première est que nous ne voyons pas en quoi le Brexit changerait grand chose aux rapports utiles pouvant exister déjà entre France et Grande Bretagne : pour elle, dedans ou dehors est à peu près du pareil au même... La seconde tient à l'optimisme - à notre sens imprudent - de François Lenglet quant au renouvellement paisible de l'Allemagne ou Germania, par l'immigration. Nous verrons bien si ce renouvellement sera ou non paisible. De premiers signes apparaissent qui démentent cette hypothèse selon nous hasardeuse et même contraire aux enseignements de l'Histoire. Sinon ... accord assez général avec les présentes analyses de François Lenglet. Là aussi : signe des temps ! Lafautearousseau    

     

    XVM020cc0f8-eb9c-11e5-9545-c2bafd267b1f.jpgPour soutenir la croissance en berne de l'Europe, la Banque centrale européenne (BCE) vient d'abaisser le taux principal à 0%, s'attirant ainsi les foudres de Berlin. L'Europe n'est-elle pas déjà beaucoup endettée ?

    Ces politiques monétaires non conventionnelles sont des palliatifs. Elles ont permis de différer l'explication finale, c'est à dire le défaut de paiement quasi généralisé dans la zone euro et l'explosion de l'union monétaire. Mais elles n'ont rien réglé. Les dettes continuent de s'accumuler, alors que le pouvoir de la BCE s'affaiblit - c'est comme l'héroïne, il faut augmenter les doses à chaque fois. Et il est possible qu'on le fasse jusqu'à l'overdose, c'est-à-dire la crise de confiance à l'égard  de l'euro, non pas venant des marchés financiers, mais des acteurs de l'économie réelle, qui chercheront à s'en débarrasser. Le risque est donc plus élevé que jamais, même si les marchés financiers ne le perçoivent pas. Pour prolonger l'action de la BCE,  des voix éminentes nous enjoignent de « réformer » le marché du travail des pays membres. Mais c'est complètement illusoire de penser que la flexibilité ramène mécaniquement la croissance. Elle ne fait qu'augmenter la réactivité  de l'emploi à la conjoncture, à la hausse comme à la baisse. Si la conjoncture reste hostile, il n'y aura pas de miracle avec les réformes du marché du travail.

    Il y a pourtant des pays qui recréent  de l'emploi massivement, l'Espagne par exemple.

    Oui, l'Espagne a créé plus d'un million d'emplois, mais elle en avait détruit quatre pendant la crise. La France, sur la même période, en a détruit 700 000 seulement, alors que l'économie française est deux fois plus importante que celle de l'Espagne ! Même après une bonne année 2015, l'Espagne reste loin de son niveau d'emploi et de PIB d'avant la crise. Le seul exemple de reprise réussie en zone euro est l'Irlande, qui a fait près de 8 % de croissance en 2015. Mais c'est un pays tourné massivement vers l'export, et il a consenti des sacrifices inouïs, comme la baisse du salaire d'embauche des jeunes de 30 %. Sans compter sa politique fiscale non coopérative, qui siphonne les investissements du continent. De ce point de vue, l'Irlande est un flibustier.

    Le redressement économique de la Grèce est-il sur la bonne voie ?

    Non. La Grèce entame sa neuvième année de récession consécutive. Jamais un pays n'a connu une telle punition, sinon lors de guerres ou d'épidémies. Le pays s'enfonce dans la nuit, sans aucune perspective de redressement. Il va bientôt quémander un nouveau plan d'aide et l'annulation de ses engagements, comme tous les dix-huit mois. Son « sauvetage » aura coûté plusieurs centaines de milliards d'euros, en pure perte. Le pays est exactement dans le même cas de figure que l'Afrique francophone d'il y a vingt ans, plombée par un franc CFA qui était bien trop fort pour elle, et à qui l'on demandait des plans d'ajustement structurels stupides et inopérants. Il faut évidemment que  la Grèce sorte de l'euro, qu'elle dévalue et qu'elle convertisse sa dette en drachme, ce qui permettra de l'amoindrir, tout en restant dans l'Europe. Il faudrait rétablir une sorte  de SME, qui permettrait à la BCE de stabiliser le cours de la nouvelle drachme face à l'euro et d'éviter la panique. Faute de cela, le pays va se vider de ses ressources qualifiées, et devenir un parc d'attractions estival pour les Allemands, soutenu à grands frais. C'est triste.

    La sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne sera-t-elle le coup de grâce porté au continent ?

    Pas forcément. Il y a deux scénarios. Le mauvais, c'est que l'Angleterre nous laisse dans un tête-à-tête  avec l'Allemagne, alors que la France décroche au plan économique par rapport à son voisin. Nous avions fait l'union monétaire pour ceinturer  la puissance allemande, et elle l'a au contraire consacrée... Par ailleurs, nous perdrions beaucoup au départ  de Londres. La France et le Royaume-Uni ont fait leur révolution au même moment, industrielle pour les Anglais, politique pour les Français, deux événements jumeaux, au tournant  du XVIIIe siècle, qui ont forgé les outils  de l'essor de l'Occident. Ils se pensent dans le monde de la même façon, comme deux anciens empires. Enfin, par-delà l'agacement réciproque, Paris et Londres sont des partenaires militaires et stratégiques naturels l'un pour l'autre. Comme l'a dit récemment Manuel Valls, les deux pays ont toujours été côte à côte lors des désastres sanglants du XXe siècle. Ce n'est pas rien.

    Et l'autre scénario ?

    Ce serait le bon : que la sortie du Royaume-Uni conduise les autres membres à s'interroger sur cette Europe en crise : est-ce que cela vaut toujours  le coup ? À quelles conditions ? Et que voulons nous faire désormais ensemble ? L'ère de la bonne volonté européenne automatique est révolue. C'est la France qui va avoir le plus de mal à cette révolution mentale, car si elle n'a plus  la perspective européenne comme futur, elle redevient une puissance moyenne sur le déclin. Alors que l'Allemagne a au moins une stratégie de remplacement, avec la consolidation de son hinterland,  à l'est, en plein essor. Elle peut devenir  le centre d'une « Germania » industrielle, tout à la fois pacifique et puissante, renouvelée progressivement par l'immigration.

    La survie de l'Europe passe-t-elle par un système à deux vitesses, avec un noyau dur (mené par le couple franco-allemand) et des satellites ?

    Le statu quo est en effet difficilement envisageable. Parce que la construction européenne est un navire de beau temps, qui a été conçu et fabriqué pour naviguer dans une période de calme tout à fait inhabituel, la fin du siècle dernier. Il n'est pas armé pour les intempéries actuelles, comme la simultanéité des crises économique, migratoire, terroriste...  La meilleure preuve, c'est que l'on est revenu en quelques semaines seulement sur la libre circulation des personnes, avec le rétablissement des frontières nationales. Tout comme sur celle des capitaux, en Grèce et à Chypre. Alors, y a-t-il une stratégie de substitution à l'Europe actuelle qui soit collective ? C'est ce que vous appelez l'Europe à deux vitesses. Ce serait le retour à l'Europe  des Six, ou celle des Douze. Ce serait souhaitable, mais ce n'est pas le plus probable. La tentation va être forte  d'en revenir aux frontières nationales. 

    Entretien par Marie-Laetitia Bonavita            

  • Une jeunesse conservatrice ?

    Manifestation à Nantes contre la loi Travail |17.03] Crédits photo : LOIC VENANCE/AFP 

     

    Par Alexandre Devecchio   

    Au-delà des cortèges de l'UNEF, Alexandre Devecchio voit une nouvelle génération conservatrice émerger. Elle ne veut pas changer le monde, mais empêcher qu'il se défasse. Conservatrice, est-ce le mot juste ? On sait qu'il commence mal et que du monde de la postmodernité il n'y a plus grand chose à conserver. Mais au delà des mots, il y a les choses mêmes, les réalités, les aspirations de la jeunesse dont traite ici Alexandre Devecchio. Où elle peut se reconnaître.  LFAR         

     

    Devecchio.jpgLes jeunes sont-ils devenus des « vieux cons » ? Une fois n'est pas coutume, François Fillon et Nicolas Sarkozy sont d'accord sur ce point. Les moins de 20 ans, en particulier ceux qui se mobilisent contre la loi Travail, seraient déjà « conservateurs ». Dans la bouche des anciens président de la République et premier ministre, l'adjectif sonne comme un « gros mot », voire une injure.

    « Tous dans la rue pour que rien ne bouge : voilà le message de ces conservateurs qui n'ont pourtant pas encore 20 ans », raille le député de Paris. « Les lycéens sont au mieux une marge de manœuvre utilisée par des conservateurs qui plongent le pays dans une crise dont il ne se redressera pas », persifle le patron des Républicains. Voir deux des principaux représentants de la droite française fustiger ainsi «le conservatisme » est pour le moins paradoxal. Cependant, sans le vouloir,  les deux hommes mettent le doigt sur une vérité profonde de l'époque. Oui, une partie non négligeable de la jeunesse devient « conservatrice ».

    Tandis que les politiques contemporains de gauche comme de droite, enfants de Mai 68, sont majoritairement acquis à l'idéologie libérale-libertaire, les enfants de Fukuyama rêvent d'un retour du vieux monde. Le monde nouveau dont ils ont hérité n'est pas celui de la fin de l'Histoire et de la globalisation heureuse, mais celui de l'identité malheureuse, de la crise, de l'indifférenciation et du terrorisme. Ils sont en quête de repères, de racines et de limites. Comme l'écrivain George Orwell, quand on leur présente quelque chose comme un progrès, ils se demandent avant tout s'il les rend plus humains ou moins humains. Certes, une certaine jeunesse ultraconnectée et privilégiée, celle qui anime la « Macronmania », s'épanouit dans un univers globalisé. Mais ils ne forment qu'une minorité. Et depuis un vendredi sanglant de novembre 2015, eux aussi savent que l'Histoire est tragique.

    Le lien avec la jeunesse est rompu

    Ce conservatisme nouveau prend différentes formes. Sur le plan économique, au-delà du militantisme professionnel des apparatchiks de l'Unef et des traditionnelles foucades lycéennes aux premiers rayons de soleil, la mobilisation contre la loi El Khomri traduit le réel malaise d'une jeunesse précarisée. Cette génération pigeon, endettée dès la naissance, en a assez  des stages, des CDD et des chambres de bonne. Elle ne veut plus vivre dans la peur du lendemain. « Justement, cette loi travail rendra plus facile d'accès le CDI et relancera l'emploi des jeunes », assurent la bouche en cœur les « élites » politiques dirigeantes. Peut-être, mais le lien avec la jeunesse est rompu.

    Dans la France périphérique, l'angoisse économique se double d'une insécurité culturelle. La nouvelle génération n'a pas connu les usines de ses parents, mais veut préserver ce qui lui reste : son identité. Elle rêve de rétablir les frontières et de rebâtir l'État-nation. Cette jeunesse-là n'emmerde plus le FN, mais le plébiscite à chaque nouvelle élection. Enfin, une troisième jeunesse qui a notamment peuplé les rangs de la Manif pour tous,  se bat pour préserver la vie dans un futur qui s'annonce digne du Meilleur des mondes. À l'heure du transhumanisme et de l'intelligence artificielle, elle considère que le progressisme est devenu fou. Cette jeunesse prône l'écologie intégrale et veut retrouver le sens des limites.

    Au sens où l'entendait Albert Camus, cette génération est bien conservatrice. Elle sait qu'elle ne refera pas le monde, mais sa tâche consiste « à empêcher qu'il se défasse ».   

    Alexandre Devecchio

    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro en charge du FigaroVox. Chaque semaine, il y observe le mouvement des idées. Passionné par le cinéma, la politique et les questions liées aux banlieues et à l'intégration, il a été chroniqueur au Bondy blog. Il est également co-fondateur du Comité Orwell. Retrouvez-le sur son compte twitter @AlexDevecchio

  • En attendant Sarajevo

     

    par Gilles Varange

    Cet article est paru dans le numéro 149 de Politique magazine, inséré dans un dossier consacré aux point chauds de l’actualité nationale et internationale à un an du terme du mandat de François Hollande. Cette réflexion géopolitique nous apparaît d'une grande importance du point de vue des intérêts français.  LFAR

     

    Gilles Varange.jpgDeux systèmes d’alliances s’opposent désormais en Syrie, selon le modèle périlleux des coalitions. Elles portent le risque d’une explosion incontrôlable. Les mois qui viennent seront déterminants.

    Sarajevo ! Un siècle après la grande tuerie de 1914-1918, ce nom continue de nous hanter. Il rappelle comment un événement fortuit peut déclencher un embrasement planétaire qu’aucun gouvernement ne souhaitait et que les milieux financiers de l’époque tenaient pour impossible du fait de l’expansion du commerce international et de l’imbrication des économies. Depuis, les historiens se sont penchés sur l’implacable enchaînement de circonstances qui, en moins de cinq semaines, aboutit à un conflit d’une ampleur apocalyptique. Et tous de s’accorder pour y voir la conséquence tragique de la formation de deux systèmes antagonistes d’alliances – Triplice contre Triple Entente – liés chacun par des garanties de soutien militaire automatique.

    Un quart de siècle plus tard, en 1940, un jeu similaire d’alliances allait pourtant conduire au même résultat fatal et achever de plonger l’Europe dans un déclin dont elle n’est jamais sortie.

    Au moins, depuis la chute de l’empire soviétique, pouvions-nous imaginer être débarrassés pour longtemps du spectre d’une nouvelle guerre mondiale. Après que le mirage de « l’hyperpuissance américaine » se fut évanoui dans les sables irakiens, diplomates et « experts » nous expliquaient que la fluidité des relations internationales, introduite par l’ascension fulgurante de plusieurs puissances émergentes, mettait l’humanité à l’abri de tout nouvel affrontement entre deux grands blocs hostiles. Avec le XXIe siècle, nous étions entrés, assuraient-ils, dans un temps où s’imposeraient des formes de guerre inédites et limitées, telles celles déjà mises en œuvre par l’administration américaine sous le qualificatif d’ « empreinte légère », fondées sur la cyberguerre et l’utilisation massive de drones – 5 000 « exécutions » ciblées à travers le monde depuis 2005. Dans le même esprit, Washington a inventé l’ingénieuse notion de « leadership depuis l’arrière » qui consiste à intervenir uniquement en soutien d’alliés auxquels est confiée la responsabilité des opérations comme ce fut le cas hier pour les Britanniques et les Français en Libye et comme ce l’est aujourd’hui pour nos troupes au Sahel.

    L’obsession de Washington : abaisser la Russie

    Il y a bien la nouvelle stratégie d’Obama visant à contenir les velléités d’expansion de la Chine et pompeusement baptisée « Pivot pour l’Asie ». Mais en dépit des initiatives provocatrices de Pékin en mer de Chine, telles la construction d’ilots artificiels à usage militaire ou l’installation de batteries de missiles sol-air perfectionnés sur certaines îles contestées, rares sont ceux qui croient au danger d’une escalade incontrôlable. En dépit de leur apparente audace, les successeurs de Mao sont surtout passés maîtres dans l’art de modifier les rapports de forces de manière subtile, en jouant alternativement de la menace et de la séduction. Les dirigeants de Pékin possèdent une trop parfaite conscience de leurs insuffisances militaires et de leur relatif isolement en Asie orientale pour se lancer tête baissée dans un affrontement armé avec les Etats-Unis et leurs alliés qu’ils seraient sûrs de perdre. Convaincus que le temps ne manquera pas de pencher en leur faveur, ils guettent patiemment les signes d’un déclin accentué des Etats-Unis qu’ils tiennent pour inévitable. S’il est une chose à laquelle ces héritiers de Confucius ne croiront jamais, c’est en la pérennité des sociétés multiraciales et multiculturelles. Aussi sont-ils possédés de la conviction qu’il leur suffit d’attendre pour prendre un jour la place du géant américain.

    Voilà autant de facteurs sur lesquels croyaient pouvoir s’appuyer ceux qui nous prédisaient avec confiance l’avènement d’une configuration internationale d’où les risques d’une guerre générale auraient disparu. C’était compter sans l’aveuglement qui semble s’être emparé de l’actuel chef de la Maison Blanche sous l’influence déterminante de son équipe de conseillers diplomatiques. Des hommes et des femmes qui ont pour maître à penser le vieux Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter. Depuis plus d’un quart de siècle, aucune des évolutions majeures de la scène internationale n’aura réussi à délivrer cet homme de 88 ans, né en Pologne, de son idée fixe : la Russie reste l’adversaire à abattre. Auprès de cet objectif central, la montée en puissance de la Chine et le déferlement islamiste sont à ses yeux des menaces secondaires. Les Etats-Unis ne seront en sûreté qu’après avoir achevé leur travail de démembrement de l’ex-Union soviétique. Aussi est-il urgent de réduire la Fédération de Russie aux dimensions d’une Moscovie, condamnée au rôle de modeste puissance régionale.

    Le grand retour des coalitions

    Habituée à transformer les caprices des hôtes de la Maison Blanche en prévisions étayées, la CIA a déposé en février 2015 dans le bureau ovale un volumineux rapport rédigé par le cabinet Strategic Forecasting dont les conclusions correspondent exactement à ce qu’Obama et les siens désiraient lire : d’ici à 2025, victime d’un effondrement de son économie et de forces centrifuges irrésistibles, la Russie aura cessé d’exister sous sa forme actuelle ! Le contenu de ce rapport n’est pas resté longtemps confidentiel mais il n’aura servi qu’à renforcer le maître du Kremlin dans son sentiment que les Américains étaient engagés dans une énorme entreprise multiforme de déstabilisation et de destruction de son pays. La « révolution de Maïdan » pilotée de bout en bout en Ukraine par la secrétaire d’état adjointe, Victoria Nuland, le déploiement de troupes et de matériels offensifs de l’Otan aux frontières mêmes de la Russie, le quadruplement du budget des forces américaines sur le Vieux Continent, l’organisation incessante de manœuvres militaires à participation américaine dans les pays baltes et scandinaves, constituaient pour Vladimir Poutine autant de défis insupportables.

    Fidèle à une méthode éprouvée, le président russe a réagi de manière fulgurante et là où nul ne l’attendait. En privant Obama et ses alliés turc et saoudien d’une victoire en Syrie qui ne semblait plus pouvoir leur échapper, il s’offre le plaisir de défier tout à la fois le chef de la Maison Blanche, le maître actuel de la Sublime Porte qu’une rivalité ancestrale oppose au Kremlin et cette monarchie wahhabite qui n’a cessé de financer les activités des groupes musulmans subversifs dans le Caucase et en Sibérie méridionale. Mais Poutine n’aurait pu obtenir les succès remportés sur le terrain sans l’appui décisif du Hezbollah et de l’Iran en voie de constituer un seul bloc chiite de Téhéran aux faubourgs de Beyrouth. En face, Ankara resserre fébrilement ses liens avec Riyad qui entreprend de rassembler de son côté l’ensemble des pays sunnites de la planète dans une ébauche d’alliance diplomatique et militaire. Voilà soudain le grand retour des coalitions avec le péril mortel qu’elles ont toujours porté dans leurs flancs. Membre de l’Otan, le moderne sultan Erdogan rêve en secret d’entraîner les Occidentaux dans un conflit ouvert avec la Russie comme parvinrent à le faire jadis ses prédécesseurs ottomans en Crimée. Les yeux fixés sur l’abîme, Obama tergiverse. Mais il pourrait suffire d’une étincelle. Comment prononce-t-on Sarajevo en arabe ? 

  • Mgr Barbarin, cible politique

     

    Sur son blog, Ivan Rioufol* a excellemment traité de cette affaire [16 mars 2016] et en a dit, selon nous, l'essentiel : On pourra lire son billet ci-dessous. Régis de Castelnau, dans Causeur [14.03], a étudié l'affaire très en détail, avec la méthode de sa profession d'avocat**. On pourra s'y reporter utilement. Quant à nous, nous savons bien que, malgré quelques périodes d'exception, d'accalmie ou de toujours éphémère apaisement, la République française, depuis  ses origines (1792) n'a jamais vraiment cessé de combattre le catholicisme, pourtant religion - encore aujourd'hui - de la majorité des Français et largement consubstantielle de notre nation. Ce fait - c'en est un - nous paraît indéniable et pérenne, même si nous jugeons avec sévérité telles ou telles positions de l'Eglise catholique actuelle, notamment en matière d'immigration où elle joue, indéniablement, contre les intérêts vitaux de la France et, sans-doute, aussi de l'Europe. Il n'empêche que nous approuvons pleinement la réflexion d'Ivan Rioufol et, en grande part, celle de Régis de Castelnau. Ou d'autres qui se sont portés en défense du cardinal Barbarin contre la meute uniforme de ceux qui l'attaquent en ce moment, indignement, sans gloire ni nuance.  Lafautearousseau •   

     
    329582380.jpgMgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, paie-t-il aujourd’hui ses prises de position contre le mariage homosexuel et pour une Eglise engagée ? La question s’impose, au vu de la concentration d’attaques qui s’accumulent sur sa personne, à propos d’une affaire ancienne de pédophilie. La prise de position de Manuel Valls, mardi, invitant l’archevêque de Lyon à "prendre ses responsabilités", a politisé encore davantage l’offensive contre le primat des Gaules et l’institution catholique. Je n’entends pas ici entrer dans le détail des faits que des plaignants lui reprochent aujourd’hui d’avoir protégés par son silence ou son inaction. Ces actes sont prescrits et n’ont pas fait l’objet de plaintes à l’époque. Le dernier scandale révélé, et qui remonte à 1990, ne relève pas de la pédophilie mais d’une atteinte sexuelle d’un prêtre contre un adolescent. Elle est tout aussi impardonnable, mais il revient à la justice de trancher. Il appartient plus généralement à l’Eglise de clarifier le débat légitimement ouvert sur la nécessité pour elle d’appliquer un principe de précaution sur les sujets soupçonnables. Ce point relève probablement de la responsabilité du Vatican, mais certainement pas du premier ministre. Et laissant deviner son souhait de voir le trop conservateur Mgr Barbarin démissionner, Valls a contribué à rendre suspectes les soudaines indignations, qui promettent d’autres rebondissements parait-il. La machine à défaire les réputations est en marche. Au nom de la protection des victimes, elle ne craint pas de susciter d’autres injustices en suggérant des coupables présumés. Bref, cet emballement médiatique a des airs de règlement de compte politique. Il intervient alors que l’Eglise relève la tête et appelle les Français à retrouver leur identité, grâce à des responsables religieux de la trempe de Barbarin. L’abbé Pierre-Hervé Grosjean en est un autre. Il écrit notamment, dans son dernier livre (Catholiques, engageons-nous !, Artège) : "C’est en assumant ses racines gréco-latines et judéo-chrétiennes que la France pourra répondre au défi que lui lance l’islam radical qui ne cesse de s’étendre ici même, sur notre sol". Pour l’instant, c’est le catholicisme qui est, une fois de plus, dans le collimateur de ceux qui n’exigent de lui que des excuses permanentes.  
     
    *    Ivan Rioufol
     
  • L’impuissance économique de l’État

     

    par François Schwerer

     

    headshot.jpgLa semaine dernière fut très représentative – jusqu’à la caricature même – de l’impuissance totale d’un gouvernement qui ne fait plus que de la figuration dans un pays qui a totalement perdu sa souveraineté. Mais cette perte n’est pas la conséquence désastreuse du sort contraire des armes, elle résulte d’une série d’abandons décidés en connaissance de cause par ceux qui prétendent exercer le pouvoir (ou en jouir !) et sans le dire au peuple qui se croit encore maître de son avenir. Deux événements différents permettent d’illustrer cette triste réalité. Le premier est la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de baisser encore ses taux directeurs ; le second est « la loi el Khomri ».

    Des taux d’intérêt négatifs

    Avant d’aller plus loin sur cette question, il faut constater que parler de « taux d’intérêt négatifs » est un non-sens dans la mesure où, en français, ce mot désigne plutôt un dédommagement, en l’occurrence un dédommagement pour la privation de l’usage de son argent. Quand l’intérêt devient négatif, ce n’est plus un dédommagement mais une « double peine » puisque d’une part on est temporairement privé de l’usage de cet argent et d’autre part on doit payer une taxe pour cette privation. On comprend pourquoi une telle mesure est prise : on veut officiellement inciter les banques à ne pas garder pour elles des excès de liquidités mais les pousser à « distribuer » davantage de crédits. Une telle décision, qui s’impose à tous les pays de la zone euro, sans distinction, présente plusieurs risques d’effets pervers.

    Tout d’abord, il faut constater que cette mesure va à l’encontre des dispositions prises dans le cadre du Comité de Bâle sur le respect de règles, dites prudentielles, imposées aux banques et qui, elles, limitent drastiquement les possibilités de prêts… sauf aux États et aux établissements publics. Ensuite, des taux négatifs poussent les banques à prêter sans s’intéresser le moins du monde aux motifs pour lesquels cet argent est demandé. Autrement dit cela facilite toutes les dépenses inutiles ou démagogiques sans pour autant soutenir l’esprit d’entreprise. Bien plus, cela encourage les institutions financières à utiliser les crédits obtenus pour la spéculation financière mondiale, au risque de faire enfler de nouvelles bulles dont l’éclatement tôt ou tard provoquera de nouveaux dégâts que le jargon pédant qualifiera de dommages collatéraux.

    Quant à l’argument avancé selon lequel une « baisse des taux d’intérêt stimule la demande de crédit », il est du même tonneau que celui selon lequel un verre de vin stimule l’activité ; tout dépend de ce que l’on a bu auparavant ! Indépendamment de la question de savoir l’utilité réelle du nouveau crédit, la meilleure façon de pousser les agents économiques à emprunter ce qui leur est nécessaire, est de leur donner confiance dans l’avenir, ce qui suppose de leur donner un horizon politique clair, conforme à leurs attentes, et donc ce qui impose un exercice sans faille de la souveraineté nationale.

    Dans cette affaire des taux d’intérêt négatifs, il n’y a qu’un seul gagnant : la BCE qui prend, sans que personne ne dise quoi que ce soit, l’argent déposé sur les comptes en banque, c’est-à-dire l’argent des clients. Qu’en période d’inflation galopante, une banque centrale se livre à cette fantaisie pour empêcher la croissance de la masse monétaire d’alimenter la dérive de la valeur de la monnaie, on le conçoit. Mais quand on est en période d’explosion de cette dite masse monétaire sans inflation, non seulement on encourage la spéculation financière mondiale mais encore on fragilise l’épargne des populations autochtones.

    Le démantèlement du droit du travail

    La loi el Khomri, ou plus exactement ce projet de loi, dont les populations ne veulent pas est aussi très symptomatique de l’impuissance réelle du gouvernement que celui-ci masque derrière une débauche de mots.

    Tout le monde donne à ce projet le nom d’un ministre qui n’a en rien trempé dans sa rédaction et dont on n’est pas sûr qu’il en approuve le contenu. Mais cette personnalisation de la loi à trois mérites : d’abord elle montre qu’une loi « importante » peut être portée par une femme, qui plus est issue de la diversité ; ensuite, elle permet de s’assurer de la loyauté de ce ministre vis-à-vis du chef du gouvernement et de l’empêcher de promouvoir ses propres ambitions personnelles ; enfin, elle masque le fait que cette loi n’est pas prise dans l’intérêt de l’économie française.

    Car ce projet de loi est directement issu des Grandes orientations des politiques économiques (GOPE) de l’Union européenne. La « réforme » du droit du travail français est imposée par Bruxelles, non pas dans le but de relancer l’économie française, mais dans celui de favoriser le développement économique des entreprises multinationales exerçant une partie de leur activité sur le territoire national. Et si Monsieur Hollande explique que si ce projet peut être amendé – à la marge – il ne sera pas retiré malgré la colère qu’il suscite, c’est parce que les politiques économiques relèvent de « la compétence exclusive de l’Union européenne ». Pour que ce projet de loi puisse être retiré, il faudrait que la Commission européenne donne son accord et donc qu’elle revoie ses Grandes orientations des politiques économiques.

    Gageons que l’on dira au peuple français, s’il s’obstine à contester cette loi, que le pays ne peut décidément pas être réformé. En réalité le peuple français n’est pas rétif à toute réforme quand celle-ci est menée dans son intérêt, mais c’est un peuple de résistants : en l’occurrence il résiste aux diktats venus de Bruxelles et dont les résultats visibles actuels suffisent à entretenir et développer cet esprit de résistance. 

  • Malika Sorel : « Pourquoi la loi El Khomri est communautariste »

     

    Malika Sorel révèle un aspect peu connu de la réforme du Code du travail ; celle-ci affirme « la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses ». Pour Malika Sorel, [Figarovox du 10.03] les entreprises seront désormais soumises aux pressions communautaristes. D'autres considérations de fond nous rapprochent de cette analyse de Malika Sorel, notamment s'agissant de son rejet de l'idéologie européiste et s'agissant de son attachement aux frontières et à la nation.  LFAR

     

    L'intention était louable. Il s'agissait de faire subir une cure d'amaigrissement à un code du travail devenu obèse au fil du temps. De le rendre plus simple, plus accessible et compréhensible. Mais on se retrouve au final avec un outil de déstabilisation massive.

    Le respect des commandements religieux posés comme principe supérieur à tous les autres

    Dans ce projet de loi travail, chose étrange, un point fort préoccupant est passé sous silence. Nul - ou presque -, ne dénonce en effet la réaffirmation de ce qui n'est autre qu'une insécurité juridique, aussi bien pour les entreprises que pour les salariés. Dans son préambule, le projet de loi travail dit El Khomri pose comme principe essentiel le respect des commandements religieux. La liberté de pratique est totale et c'est à l'entreprise qu'il revient de motiver toute limitation ou restriction en la matière. C'est ainsi que l'article 6 stipule que « la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l'exercice d'autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché. »

    Comment les entreprises peuvent-elles accepter de se laisser ainsi passer la bride, alors même qu'elles sont aux premières loges pour constater et déplorer la montée en puissance, ces dernières années, des demandes liées à la pratique religieuse?  Ces dernières ont même conduit au doublement du nombre de conflits, au sein des entreprises, en seulement un an, comme en atteste l'étude publiée en avril 2015 par l'Observatoire du fait religieux en entreprise et l'Institut Randstad. Si les patrons le déplorent, c'est qu'ils savent à quel point ces conflits entravent la cohésion des équipes et peuvent engendrer un climat délétère au sein de l'entreprise, sans compter le risque de glissement de certaines équipes vers un fonctionnement communautaire, comme cela a pu être constaté entre autres à la RATP. Quant aux Français, selon une enquête IFOP de décembre 2015, ils sont 76 % à se déclarer favorables à l'interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les entreprises privées.

    À défaut d'instaurer la neutralité religieuse en entreprise, tant attendue aussi bien par les patrons que par les salariés, il eût fallu, faute de mieux, que ce projet de loi Travail ne mentionne rien à ce sujet pour ménager aux entreprises la possibilité de se doter d'un règlement intérieur qui leur permette de se protéger, comme ont su le faire aussi bien l'entreprise Paprec que la crèche Baby Loup.

    Dans le rapport « De la neutralité religieuse en entreprise » que le Haut Conseil à l'Intégration avait remis au Premier ministre en septembre 2011, nous faisions déjà état de la gravité d'une situation à laquelle il convenait de remédier, pour peu que l'on soit attaché à ce que les entreprises ne se transforment pas en champs de bataille. La vraie question est là, et elle pose celle de l'utilité du politique lorsqu'il en vient à installer les conditions du conflit.

    Le salarié « mouchoir jetable »

    Cette loi Travail prétend rendre plus facile d'accès le CDI, en lieu et place du CDD. Or, lorsque l'on y regarde de plus près, ce qui est proposé est ni plus ni moins que la transformation du CDI en contrat précaire. Il suffira en effet que le carnet de commandes s'allège suite à une évolution de conjoncture ou même simplement à des erreurs de positionnement marketing de la part du management, pour que le CDI puisse prendre fin. il s'agit donc tout bonnement d'un CDIP, ou CDI Précaire. Nous connaissions déjà les salariés variables d'ajustement qui trinquent - souvent seuls - pour les erreurs de leur patron lorsque ce dernier n'a pas su anticiper les transformations de son environnement, ou s'il a commis des erreurs de gestion. Voici l'ère nouvelle du salarié « mouchoir jetable », qui ne constitue en rien un progrès. Ce projet de loi Travail est bien trop déséquilibré et injuste pour être adopté.

    Dans une entreprise, tout comme dans une famille ou une nation, le lien de confiance est primordial. Il est le principal moteur de tout engagement à faire, et surtout à bien faire. Un salarié qui travaille avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ne peut donner le meilleur de lui-même. Entreprises comme salariés se trouvent perdants en fin de compte. Eu égard à la situation anxiogène dans laquelle de nombreux Français sont plongés, il n'est pas possible, aujourd'hui, d'exiger d'eux davantage. Il faut au préalable restaurer un climat de sécurité et retisser les liens de confiance.

    Chat échaudé craint l'eau froide

    Les élites politiques dirigeantes nous assurent que cette loi Travail ouvrirait la voie à la relance de l'emploi. Nul n'en apporte la preuve formelle mais il nous faudrait, une fois encore, les croire sur parole, comme nous les avons crues pour le projet d'élargissement de l'Union européenne, qui devait nous ouvrir la voie de la prospérité et de la paix. Force est de constater qu'en guise de prospérité, de plus en plus d'Européens vivent dans l'angoisse du lendemain et que les classes moyennes vivent dans la hantise du déclassement. Quant à la paix, elle n'a jamais été aussi précaire. Nos élites nous demandent désormais de nous habituer à vivre durablement avec la menace d'attentats comme ceux du 13 novembre, et même de plus grande ampleur. Le Président de la République n'a-t-il pas lui-même déclaré que la France était en guerre ? C'est l'un des rares domaines, peut-être même le seul, où il ne se soit pas trompé.

    Si l'Europe vacille et que tant de repères s'écroulent autour de nous, c'est parce que nous n'aurions pas poussé assez loin l'intégration européenne, de même que pour résoudre le problème du chômage, nous n'aurions pas poussé assez loin la « flexisécurité ». Pour l'emploi, la réponse serait la loi El Khomri, et pour l'Europe, l'enterrement des nations qu'appellent de leurs vœux tant de dirigeants européens qui, dans un remake des Bourgeois de Calais, abandonnent les clés de nos frontières à la Turquie tout en déposant à ses pieds, en guise d'offrande, quelques milliards d'euros et la suppression des visas pour ses 75 millions de ressortissants.

    Est-ce en augmentant les doses du traitement que l'on peut espérer en faire disparaître les effets secondaires indésirables ? Si un tel conseil vous était prodigué par votre médecin, persisteriez-vous à placer votre santé et votre bien-être entre ses mains ? Comme le disait si bien Octave Mirbeau: «Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais au moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit. » Et vous, êtes-vous plus moutonnier que les moutons ? 

    Malika Sorel-Sutter    

  • Communication • Le Roi pourquoi pas ? La question demeure, l'image change ...

     


    2257976817.2.pngLes plus anciens attachés à la cause royale, parmi nos lecteurs, s'ils ont milité à l'Action française, ou se sont simplement intéressés à elle, vers la fin des années 1950, se souviendront du slogan ci-contre (image de droite) qui fit l'objet d'une affiche collée en grande quantité, dans toute la France, et spécialement dans le Midi, aux environs de ces années là. Il y en eut tant et tant sur les murs et les platanes de nos villes et régions que nul ne pouvait les ignorer. La recherche graphique était minimale, l'esthétique primitive. Mais tout le monde connaissait l'affiche avec son slogan à la forme interrogative; « le Roi, pourquoi pas ? » c'était une question qui revenait dans les conversations; et il fallut du temps pour que son souvenir s'efface. Remplacé, plus tard, dans des proportions au moins comparables par les affiches éponymes des rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux de Provence, frappées de l'insigne des Camelots du Roi. Ainsi devenu célèbre hors de nos cercles ...

    Les temps ont passé et d'autres actions, d'autres slogans se sont imposés au fil des circonstances politiques, tandis que s'installait le règne impératif d'Internet, puis des réseaux sociaux qui ouvraient à la communication politique ce caractère immédiat, rapide, indéfiniment renouvelable, massif et quasi gratuit dont nous usons et peut-être abusons aujourd'hui. Tel est aujourd'hui pour une bonne part le service de nos idées, tandis que - il faut le constater - murs et platanes où l'on puisse coller des affiches en quantité sont devenus rares.

    Voici donc que les visuels tendent à supplanter les affiches d'antan, pour envahir les réseaux sur le net, et que de nombreux militants de toutes tendances - notamment dans la jeune génération d'Action française - s'emploient à en composer en tout aussi grand nombre, souvent avec talent, technicité, spécialisation.

    En revanche, le fond demeure. [La fuente permanece - la source demeure - dit un très beau chant espagnol]. A preuve, le visuel en tête de cette note - réalisé par un militant d'Action française Provence - lequel reprend - et actualise graphiquement - le vieux slogan (presque) oublié ... Demanderait-t-il à revivre ?

    Qu'en diront les plus anciens ? Qu'en pensent les plus jeunes ? On nous excusera de ces questions et considérations militantes que d'aucuns trouveront peut-être frivoles, mais qui nous paraissent pourtant avoir leur importance.  LFAR 

  • Gérard de Gubernatis : les obsèques d'un gentilhomme et d'un patriote hier à Nice

     Gérard de Gubernatis aux Baux de Provence, aux côtés de Gustave Thibon 

     

    0023051.jpegLes obsèques de Gérard de Gubernatis ont été célébrées hier lundi à Nice. Elles ont été celles d'un patriarche : le patriarche d'une grande, belle et nombreuse famille; celles d'un seigneur du barreau, en l'occurrence le barreau de Nice dont il fut bâtonnier; celles d'un patriote qui, à travers ses engagements politiques, ne cessa de s'affirmer royaliste, maurrassien, d'Action française. 

    Ainsi, dans la cathédrale Sainte Réparate comble, se sont rassemblés hier, autour de lui, l'ensemble de ses enfants, petits et arrière-petits enfants, ses confrères du barreau venus en grand nombre, enfin ses amis politiques, où conviction et fidélité royaliste dominaient et donnaient le ton. La Royale a été chantée, sur la parvis de la cathédrale, à la sortie de la messe ...  

    Hommage lui a été rendu, à la fin de la longue et belle liturgie traditionnelle, par la bâtonnier du barreau de Nice, sa famille, ses amis politiques. Au premier rang de l'assistance, S.A.R. le prince Sixte Henri de Bourbon Parme et, parmi celle-ci, les représentants de la Fédération Royaliste Provençale, de la Restauration Nationale, du Centre Royaliste d'Action française. 

    Ces obsèques ont été celles d'un gentilhomme. S.A.R. le prince Jean de France avait adressé à sa famille le message suivant :

    De Gubernatis G (003).jpg

    Domaine Royal de Dreux, le 12 mars 2016

    Chers Amis,

    Je ne connaissais pas le Bâtonnier Gérard de Gubernatis aussi bien que beaucoup d’entre vous.

    Je l’avais croisé à plusieurs occasions et il m’avait reçu en famille, chez lui dans l’arrière pays, lors d’un de mes déplacements à Nice. Je garde de cette rencontre plus intime un beau souvenir.

    Mes pensées vont d’abord à l’ensemble de sa famille, dont je connais certains à qui j’ai pu exprimer de vive voix mes condoléances et qui se feront mes interprètes auprès de vous, à ses proches et amis et aux défenseurs de la cause royale, incarnée par la Maison de France, à laquelle il était si attaché.

    J’aurais souhaité être présent, mais ce n’était pas possible, je le regrette.

    Soyez assurés de mes pensées et de mes prières en ces moments particulièrement douloureux.

    Avec mes sentiments attristés.

    De Gubernatis G (003) v.jpg

    Par crainte d'oublis, nous avons renoncé à citer les nombreuses personnalités présentes, tant parmi les membres de la famille de Gérard de Gubernatis, que parmi les représentants du barreau ou des organisations politiques présentes, notamment d'Action française, et toutes les personnalités qui lui ont rendu hommage tout au long de cette très belle cérémonie qui restera gravée dans les mémoires.  Lafautearousseau  •

  • « LES PANTINS DE L’EUROPE »

     

    par François Marcilhac 

     

    500021990.jpgEn 1964, De Gaulle avait effectué une vaste tournée de trois semaines en Amérique latine avec l’objectif très net de contester la division bipolaire du monde et d’encourager les Etats sud-américains à affirmer leur indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. 

    ENTRE ÉLECTORALISME ET TOURISME...

    Bien moins ambitieuse, car dépourvue de toute visée internationale et franchement électoraliste, fut la petite semaine qu’Hollande a passée à la fois en Amérique latine et dans la France du Pacifique. Pour cette dernière, il s’agissait de tenir une de ses promesses électorales ...à quatorze mois de la prochaine échéance : visiter tous les Français durant son mandat. Quant aux trois jours partagés entre le Pérou et l’Argentine, rythmés par deux nuits de fiesta, ils constituèrent un simple séjour touristique, culturel et gastronomique aux frais du contribuable. Il est vrai, quel message international aurait pu lancer l’autre côté de l’Atlantique celui qui, se mettant dans les pas de son prédécesseur, a fini d’aligner la diplomatie française sur celle des Etats-Unis ? Le seul fait notable de ce séjour fut un but marqué par le président lui-même dans les cages, sans gardien, du célèbre stade de la Bombonera de Buenos Aires, piteuse image donnée de notre pays par un chef d’Etat se conduisant à l’étranger comme un conseiller départemental inaugurant un terrain municipal. Quel symbole, également, que ce but évidemment réussi : signifie-t-il qu’Hollande ne saurait plus gagner que sans adversaire, voire qu’il envisage une présidentielle dépourvue d’opposants, du moins d’opposants qui le menaceraient sérieusement ?

    Toutes les options sont ouvertes, tant la situation politique est devenue incertaine, voire explosive. Son inauguration du salon de l’agriculture écourtée par l’accueil hostile des paysans, premières victimes de son refus des ruptures nécessaires, si radicales soient-elles, dans l’intérêt du pays, a montré bien mieux que des sondages, combien le président est devenu impopulaire, combien aussi, non seulement ses échecs, mais surtout sa politique d’esquive, ses petits compromis d’ancien premier secrétaire du PS, son absence de courage politique ou son habileté à la petite semaine compromettent la dignité de la fonction qu’il est censé incarner — ainsi ce lundi 29 février, le report, avant son abandon ?, de la présentation en conseil des ministres de l’avant-projet de loi sur le travail. Comment dès lors reprocher aux agriculteurs d’avoir, par leurs huées, manqué de respect à une fonction présidentielle que le chef de l’exécutif dévalue lui-même par la caricature qu’il en donne tous les jours ?

    LES PANTINS DE L’EUROPE 

    On le dit lucide, habile, voire génial tacticien : c’est possible, quand il s’agit des minables combats politiciens qui forment toute sa culture politique. Il n’est pas certain, en revanche, qu’il soit à la hauteur de cette tâche historique qu’est la direction d’un pays vieux de quinze siècles. Se rend-il compte seulement du mépris dans lequel le tiennent les Français, et avec lui toute une classe politique dont les mensonges ne font plus illusion, même si on arrive encore à se scandaliser de son abyssal cynisme ? Ainsi, alors que le gouvernement socialiste n’a pas remis en cause la réforme de la politique agricole commune voulue et signée par Sarkozy, responsable des difficultés actuelles des producteurs de lait, Valls, accompagné au Salon par Le Foll, son intermittent à l’agriculture — il a séché en 2015 40% des conseils européens —, a osé plaider, ce même lundi 29 février, avec un ton aussi lénifiant envers les paysans que servile envers Bruxelles : « Nous agissons au niveau européen pour que la Commission européenne entende pleinement la détresse d’une partie du monde agricole français. » « Vous êtes les pantins de l’Europe », lui a rétorqué un éleveur, avant d’ajouter : « Ils sont là pour se pavaner mais ils n’ont aucun pouvoir et nous on crève. »

    La remarque est d’autant plus juste que ce pouvoir, nos prétendus dirigeants politiques l’ont abandonné avec préméditation, en se soumettant, majorités après majorités, aux impératifs européens de libre-concurrence via des traités toujours plus asservissants — le prochain sera signé au nom de l’Europe avec les Etats-Unis. On est atterré du manque de réaction du gouvernement français aux dernières provocations de la Commission visant les accords, passés en 2015 et du reste déjà obsolètes, de certains grands distributeurs visant à acheter plus cher le porc français, accords passibles d’une amende pour entrave à la concurrence étrangère ! Le gouvernement s’est-il insurgé ? A-t-il exigé que la Commission, dans cette affaire aux ordres de Berlin, rende enfin ses conclusions sur les accusations de distorsion de concurrence en matière agricole portées à l’encontre de l’Allemagne, depuis plusieurs années, en raison de sa politique de main-d’œuvre, assimilable à du néo-esclavagisme ? Menace-t-il Bruxelles d’une crise ? Non, il se soumet, et avec lui toute la classe politique qui continue de chérir une des causes principales du mal français, qu’est notre soumission au Moloch européen alors que notre salut impose la remise en cause de traités qui, au seul plan économique, signent l’arrêt de mort de l’agriculture française après avoir concouru à notre désindustrialisation.

    TOUT FAIRE POUR GAGNER 

    Sauf le FN, dira-t-on ? Si la prolongation de la loi d’urgence et son inscription probable dans la Constitution ne peuvent que nous inspirer la méfiance la plus grande quant au respect par le pays légal de nos libertés fondamentales ou à la sincérité des prochaines échéances électorales — oui, nous le répétons, toutes les options sont ouvertes, même un coup de force du pays légal contre l’État de droit lui-même au nom des valeurs de la république —, toutefois, il n’est pas certain que l’oligarchie ait besoin d’en arriver là pour terrasser la Bête immonde. Nous évoquions à l’instant l’Europe et la nécessité de lutter contre une Union qui a toujours été pensée contre les nations, d’où le chantage actuel de Cameron sur un éventuel Brexit — qu’il rejette évidemment. Il n’est pas certain, en revanche, qu’en délivrant un message anxiogène sur une éventuelle sortie de l’euro, voire un éventuel Franxit en cas d’arrivée au pouvoir, le FN ne soit pas le meilleur allié des candidats socialiste et « républicain » à la présidentielle de 2017, quels qu’ils soient par ailleurs. Il faut savoir s’accorder à l’état de l’opinion publique, qui, depuis plusieurs décennies, s’agissant de l’Europe, a subi un vrai matraquage idéologique. On ne saurait compromettre l’avenir du pays par des slogans ressentis comme provocateurs.

    Hollande rêve, dit-on, d’un nouveau « 21-Avril », mais cette fois à son profit. Quant aux Républicains, chacun sait que Juppé, positionné à l’extrême centre, serait le meilleur, car le plus politiquement correct, pour rassembler au second tour en cas de duel avec Marine Le Pen. Encore faudrait-il que celle-ci y arrivât. Le FN croit-il encore possible une victoire en 2017 alors que les dernières régionales ont confirmé la persistance d’un plafond de verre ? Et qu’il n’est même pas certain qu’il réalise l’ambition, pourtant encore accessible, d’atteindre le second tour ? En l’état actuel des choses, l’oligarchie serait de toute façon gagnante dans les deux cas. La seule différence serait que, si Marine Le Pen est évincée, le nom de l’impétrant ne sera connu qu’au soir du second tour, et non du premier.

    Le FN se contente toujours de capitaliser sur le vote protestataire, qui croît en même temps que l’insatisfaction des Français. Pour vaincre, il lui faudra changer de culture, en termes de programme comme d’alliances. Il serait encore temps, même pour 2017. Mais le veut-il vraiment ? Nous y reviendrons. 

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

  • Moscou-Maroc : un axe gagnant

    Le roi Mohammed VI et le président russe Vladimir Poutine lors de la dernière visite du souverain à Moscou, en 2002.

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    A la veille du deuxième voyage royal en Russie, notre confrère Péroncel-Hugoz jette un regard géopolitique sur les relations maroco-russes.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgTout récemment, je me suis trouvé, dans un vol Royal Air Maroc, à côté d’un quadra marocain en train de lire l’excellente (et peu « correcte politiquement » …)  nouvelle revue française « Conflits ». Nous avons engagé la conversation à partir de cette publication, et de là nous avons évoqué le prochain sommet Poutine-Mohamed VI, prévu en Russie. Quelle a été alors ma déception de constater que ce cadre libéral à l’esprit curieux ignorait l’ancienneté des relations entre l’Empire des Romanoff et celui des Alaouites, puisqu’elles remontent à 1777 lorsque le sultan Mohamed III Ben Abdallah et la tsarine Catherine II la Grande se mirent d’accord, par diplomates interposés, pour s’ouvrir mutuellement leurs ports respectifs. Une chose rare à l’époque. 

    Dans cet esprit, la Russie impériale inaugura un consulat à Tanger en 1897 et, après la Révolution bolchévique de 1917, nombre de Russes blancs, fidèles au tsar, vinrent offrir leurs services à Moulay Youssef et au maréchal Lyautey. Des églises orthodoxes furent édifiées à Rabat et Casablanca. Dans la nécropole chrétienne de Ben-M’sik, à Casa, on peut voir aujourd’hui un carré russe où sont ensevelis plusieurs hauts personnages de la ci-devant Russie tsariste, militaires ou civils. 

    Mais revenons à mon voisin d’avion : s’il ignorait l’accord russo-chérifien de 1777, il en savait long en revanche sur la complémentarité maroco-russe actuelle : l’immense Russie, peu riche en agrumes, tomates et légumes verts* a d’autant plus besoin de ceux du Maroc que l’Union européenne, appliquant les ordres de Washington,  a cessé ses exportations agricoles vers la Russie, coupable, figurez-vous, d’avoir récupéré sa Crimée, comme dans le passé la France récupéra l’Alsace-Lorraine et le Maroc le Sahara atlantique … 

    La Russie de son côté peut être un réservoir inépuisable de touristes pour plages, palmeraies et djebels de Chérifie. Et les voyageurs russes sont réputés pour leur côté fêtard et dépensier, ce qui n’est pas le cas, loin de là, de tous les hivernants ou estivants venus d’Europe occidentale … 

    « Last not least », comme dirait Shakespeare, la troisième rencontre Mohamed VI- Poutine (Moscou 2016, après Casablanca 2006 et Kuala-Lumpur 2003) vient à point nommé pour montrer à l’hégémonique Washington (et à son suiveur Paris) la volonté d’indépendance de la diplomatie marocaine. N’oublions pas que le président Vladimir Poutine, suspect aux yeux de l’Euro-Amérique pour avoir renoué avec une conduite souveraine dans les relations internationales, a été en quelque sorte mis en quarantaine par la Maison-Blanche, l’Elysée et le 10 Downing Street ; le chef du Kremlin a été ainsi traîné dans la boue par nombre de médias occidentaux dont certains sont allés parfois jusqu’à le comparer à un « nouvel Hitler » ( sic) … 

    Sur ce fond géopolitique, alourdi par les arrière-pensées et une bonne part de mauvaise foi des Occidentaux, la clarté du nouvel axe Maroc-Moscou qui se dessine, apporte un peu d’espoir de renouveau et de fraîcheur sur une partie du théâtre international.    •

    * Lors de sa réception par le roi, en 2006, au palais de Casablanca, le convive Poutine redemanda deux fois d’un tajine aux artichauts … 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 11.03.2016

  • Guerre totale

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Lundi 7 mars, attaque surprise des combattants de l’Etat islamique contre la petite ville tunisienne de Ben Guerdane, toute proche de la frontière libyenne. Pendant quelques heures, les islamistes prennent le contrôle de la circulation et de la population avant d’être tués ou mis en fuite par les forces de l’ordre. Les assaillants, c’est prouvé, savaient où ils mettaient les pieds : une majorité de Tunisiens, dont certains originaires de Ben Guerdane même et disposant de relais et de complicités sur place. L’attaque, parfaitement organisée, s’inscrivait dans un plan d’ensemble, leur objectif, selon M. Essid, Premier ministre de Tunisie, étant d’« instaurer une wilaya ». Les optimistes diront qu’après tout ils ont échoué, les réalistes que, prospérant sur un terreau démographique inépuisable, cela recommencera : « il y aura d’autres attaques de ce genre […]. Les militaires s’attendent au pire » prévient ainsi Mme Chettaoui, députée tunisienne.

    On peut tirer à chaud deux leçons de l’événement. La première relève de la géopolitique. Si, au vu de nos moyens et de nos intérêts, notre engagement militaire en Irak et en Afghanistan n’était pas souhaitable, si notre politique syrienne est un échec évident, si notre intervention en Libye aura eu les conséquences catastrophiques que l’on sait, il est vital de soutenir la Tunisie. En effet, derrière la Tunisie il y a une Algérie à l’avenir douteux et un Maroc dont le point fort reste l’institution monarchique : imagine-t-on les conséquences dramatiques d’une vague islamiste qui se répandrait au Maghreb pour le plonger dans le chaos ? Des centaines de milliers, voire des millions, de nouveaux candidats à l’immigration; une poussée énorme de la fièvre islamiste sur notre propre territoire. 

    Car, justement, la seconde leçon concerne la France elle-même. Ce qui s’est passé à Ben Guerdane pourrait bien s’y produire directement. Des gens connaissant les lieux, des armes de guerre, des individus « radicalisés », des complicités jusque dans l’armée et la police (où, si l’on en croit certaines notes pourtant étiquetées « confidentielles », le fondamentalisme progresse) : il n’est peut-être pas si lointain le jour où le drapeau noir flottera, même pour quelques heures, sur une « cité » ou un « quartier ». Ce jour-là on regrettera peut-être le traitement socio-psychologique que les bonnes âmes « humanistes » appliquent à l’engagement islamiste. Déradicaliser, même en jouant sur les mots, n’est pas éradiquer : il faudra bien finir par admettre que tout(e) « Français(e) » (quels que soient son âge et son « origine ») qui, de près ou de loin, collabore ou cherche à collaborer avec l’ennemi est un ennemi et le traiter en conséquence, c’est-à-dire d’abord l’empêcher de nuire (…). 

    Essid affirme que la Tunisie est en « guerre totale contre le terrorisme ». La France doit et conforter son propre engagement à ses côtés et se donner à elle-même des moyens plus importants et plus adaptés. Ne comptons pas pour cela sur l’Union européenne. Schengen est un fiasco et Mme Merkel, son accord avec le « Grand Turc » le prouve, ne cherche qu’à sous-traiter au prix fort un mode de fonctionnement plus « convenable » dans la gestion de la migration-invasion qui accable et islamise l’Europe.  

    Encore et toujours, le salut sera d’abord national. 

     

  • Institutions & Démocratie • Drame de l’impuissance !

     

    Avons-nous encore un Etat ? Hormis quelques circonstances de haute tension qui permettent de décider d'autorité de proclamer l'état d'urgence, avons-nous encore un gouvernement ? Contesté, méprisé, sans base populaire, le Système politico-médiatique a-t-il encore prise sur le cours des choses ? Sur France inter, Bernard Guetta pleure presque chaque jour que Dieu fait sur l'effondrement de ses rêves les plus chers : L'Union Européenne, les printemps arabes, la démocratie partout, la paix universelle ... La géopolitique réelle trahit la géopolitique légale et elle en meurt de tristesse. Il s'agit là de l'extérieur. A l'intérieur, c'est Thomas Legrand qui est, sur la même radio, le grand prêtre du Dogme et du Système. Il fallait bien cette symétrie. Et voici que, malgré son obstination et sa logique à œillères, Thomas Legrand ne peut plus ignorer le déclin, inexorable, semble-t-il, du Système. Il en résulte des chroniques matinales de profonde déploration, à la tonalité dépressive, qui constatent l'atmosphère de fin de règne, en matière politique et institutionnelle. Telle celle du 10.03 que nous reproduisons ici parce qu'elle est typique du climat régnant et qu'il est somme toute assez délectable d'entendre cette litanie de causes perdues, pour ceux que l'effondrement du Système ne ferait pas pleurer... LFAR   

     

     

    Le texte de Thomas Legrand

    Oui, il parait maintenant évident que la loi El Khomri sera au mieux (pour ses promoteurs) diluée dans un compromis de type édredon à réformes. Mais l’impuissance du Président se manifeste aussi avec l’affaire de la déchéance de nationalité. Vous vous souvenez que les députés avaient largement adopté un texte de compromis (pas édredon celui-là) qui prévoyait la déchéance de nationalité sans référence à la bi-nationalité, contre les terroristes condamnés, quitte à créer quelques apatrides. Le caractère indivisible de la citoyenneté était préservé, au moins, dans la Constitution. C’était, dès lors, au tour du Sénat de se prononcer. Il faut que les sénateurs votent exactement le même texte que les députés afin que le Président puisse convoquer le Congrès à Versailles pour modifier la Constitution. Le vote au Sénat va avoir lieu dans les prochains jours mais déjà la commission des lois du palais du Luxembourg a largement modifié le projet. Elle réintroduit par exemple la notion de bi-nationalité. Du coup, tout laisse penser que la déchéance sera enterrée. 

    Donc, là, c’est la droite qui bloque le texte…

    La droite sénatoriale, oui. Et derrière ce blocage, il faut voir l’influence de la primaire, et plus particulièrement de la guerre Fillon/Sarkozy. Nicolas Sarkozy ne veut  pas que son camp fasse obstacle à la déchéance, mesure réclamée de longue date par l’UMP puis LR. François Fillon, lui, veut faire échec à la réforme et à Nicolas Sarkozy. Il veut briser ce compagnonnage de circonstance et d’intérêt entre l’ancien et l’actuel président. Les amis de Fillon, très représentés au Sénat, ont donc suivi son conseil et désobéi à Sarkozy en proposant une mouture inacceptable par l’Assemblée. Si la stratégie des sénateurs fillonnistes, décidée en commission, se confirme en séance – et ce sera vraisemblablement le cas- la réforme de la déchéance, annoncée solennellement à Versailles par le président le 16 novembre, sera définitivement enterrée ! Manuel Valls aura raison de dire que c’est à cause de la droite. Mais, au passage, ce qui est paradoxale c’est que les sénateurs (donc la droite) bloquent le texte en proposant aux députés (donc aux socialistes) une mouture très proche de ce que proposait le président au départ ! Le plus absurde dans cette histoire, c’est que c’est en partie à cause de cette affaire de déchéance (qui a choqué les forces vives de la gauche) que le lien entre François Hollande et le cœur électoral de sa majorité a été rompu. Alors qu’au bout du compte l’extension de la déchéance ne se fera même pas ! Mais cette histoire a largement nourri le contexte très défavorable et de défiance, dans lequel la Loi-travail risque de s’échouer. On en arrive à ce que le Président et le premier ministre usent à ce point leur crédit, même pas en raison de ce qu’ils font mais simplement de ce qu’ils annoncent et n’arrivent pas à faire. C’est le comble de l’impuissance qui ne fait que conforter cette idée, selon laquelle, après 12 ans du Roi fainéant Chirac, 5 ans de vaine agitation sarkozienne et 4 ans de Hollande inopérant, notre façon de faire de la politique, sans doute nos institutions, sont exténuées… au bout du rouleau.

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Société • Grossièreté des politiques : SOS Education écrit à « la » ministre ... Bravo !



    logo_sos copie.jpg« Madame la ministre,


    Mes élèves à moi apprennent à dire "wesh", "nique", "encule", "salope" dès le primaire.

    Mes élèves à moi grandissent très souvent dans des familles où les parents ne parlent pas français, et où le summum de la réussite consiste à passer manager chez KFC.

    Mes élèves à moi n'écoutent pas Boris Vian et Desproges, ignorent l'existence de Bach et Mahler. Mes élèves à moi n'ont droit qu'à Booba, La Fouine, Orelsan et Gradur.

    Mes élèves à moi doivent passer dix minutes sur chaque vers de Du Bellay pour espérer comprendre quelque chose. Parce que leur référentiel principal, c'est Nabila et Touche pas à mon poste.

    Mes élèves à moi poussent dans un environnement où les filles doivent dès la 6eme s'habiller et se comporter en bonhommes, ou se voiler, si elles veulent avoir la paix.

    Mes élèves à moi découvrent le porno bien avant d'avoir la chance de rencontrer Balzac.

    Nos élèves, madame la ministre, comprennent que s'ils veulent s'en sortir, accéder aux postes que leurs talents et un travail acharné leur feraient mériter, ils doivent d'abord se défaire de leur codes vestimentaires et langagiers, découvrir les pronoms relatifs, atteindre le pluriel et le passé simple, se reposer sur le subjonctif. Ils savent, croyez-moi, madame, que si je m'escrime à leur faire répéter dix fois une phrase avec la bonne syntaxe et le ton juste, c'est parce que je refuse que nos lâchetés et nos faiblesses fassent d'eux ce que la société imagine et entretient : des racailles, des jeunes privés d'avenir car privés d'exigences, de langue, de style, de beauté, de sens, enfin.

    Nous luttons quotidiennement au milieu de nos gosses de REP et REP+ contre les « salope ! », « sale chien ! », « tu m'fous les seum !». Nous luttons pour leur donner une noble vision d'eux-mêmes quand tout pousse au contraire à faire d'eux des êtres hagards, décérébrés, violents. Nous tentons de leur transmettre le Verbe, dans un monde qui ne leur offre qu'Hanouna et Ribéry. Nous ne passons pas nos journées à jouer les thuriféraires de la pensée unique, rue de Grenelle, nous. Nous ne nous faisons pas de courbettes entre deux numéros de cirque à l'Assemblée Nationale. Nous avons les pieds dans la boue, une boue qui nous donne quelquefois la nausée, tant nous sommes seuls, et isolés, et décriés, tant notre tâche paraît ridicule et vaine.

    Quand donc, à la radio, madame la ministre, vous lâchez votre « bruit de chiottes », en bonne petite bourge qui ne voudrait pas avoir trop l'air d'être loin du petit peuple, qui ne voudrait surtout pas faire le jeu de cet abominable élitisme dont tout le monde sait que notre société crève, n'est-ce pas, quand donc vous vous soulagez verbalement, ce n'est pas tant votre fonction que vous abîmez : c'est notre travail auprès des élèves, nos mois d'épuisement et leur espoir, nos années de travail et leurs efforts, nos séances passées à essayer de leur dire que ce n'est pas parce que ce monde-ci est laid qu'il faut lui ressembler.

    Vous avez réussi, en quelques mois, à démontrer avec éclat votre conformisme, votre arrogance, votre paresse intellectuelle. Nous n'ignorions rien de tout cela. Désormais, nous savons que vous êtes aussi vulgaire. On ne vous mettra pas de 0/20, puisque vous avez aussi décidé que l'évaluation, c'était mal, péché, Sheitan, vilainpasbeau. Vous aurez simplement gagné le mépris absolu de milliers d'enseignants qui bien souvent, eux aussi, quand ils sont un peu à bout, aimeraient en lâcher une bonne grosse bien vulgaire, en classe, mais se retiennent, par souci d'exemplarité. »

    Je crois que l'on ne saurait mieux dire... n'hésitez pas à faire suivre ce message à vos amis ! 


    Claire Polin
    Présidente de SOS Éducation 

    [Merci à Jean-Louis Faure]