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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1397

  • OTAN, Merkel, Brexit : les boulets rouges de Donald ...

    Ne nous y trompons pas : ce sera sa politique. Exit le mondialisme. America first !

     

    Mur-bleu gds.jpgIl n'est pas encore entré en fonction que Donald Trump a déjà fait donner l'artillerie lourde. Et, devant un journaliste anglais et un allemand (aucun français, merci le Système qui nous rend si absents, parce que inconsistants, sur la scène internationale !), on peut dire qu'il a flingué dur, le Donald, et tous azimuts ! Un vrai régal ...

    1. L'OTAN « obsolète » : propos qu'il avait déjà tenu, et que nous avions salué, mais qu'il redit, avec plus de force encore ; elle a été conçue il y a très longtemps, pour une menace qui n'existe plus (la toujours redoutée invasion soviétique de l'Europe de l'Ouest par les chars du Pacte de Varsovie) alors qu'elle est totalement inadaptée au terrorisme islamiste actuel. 

    2. La politique Merkel « absolument catastrophique » : « Je pense qu'elle a commis une erreur absolument catastrophique, à savoir accepter tous ces illégaux... Et personne ne sait même d'où ils viennent. Aussi, je pense qu'elle a fait une erreur catastrophique, une très grave erreur »

    Mais Donald Trump a aussi accusé l'Allemagne - à juste titre - de dominer l'Union européenne : « Vous regardez l'Union européenne... c'est en gros un instrument pour l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle je pense que le Royaume-Uni a eu bien raison d'en sortir... »

    3. Le Brexit : un succès : car les peuples, dit le nouveau président, ont besoin de protection, d'identité, de frontières. Si la Grande-Bretagne n'avait pas été tenue d'accueillir tant d'étrangers, explique-t-il, le rejet de l'immigration massive n'aurait pas fait « passer » le Brexit. Et d'autres pays suivront, annonce-t-il...

    Ces propos, d'une fermeté nouvelle et bienvenue, appelleront seulement deux commentaires de notre part :

    La seule pauvre, très pauvre réponse d'Angela Merkel et de François Hollande - l'un et l'autre terriblement vexés... - a été d'en appeler à « l’union » à l’unité » des Européens ! Mais, justement, ils ne sont d'accord sur quasiment rien, les Européens, ils sont même plus divisés que jamais, et empêtrés dans des institutions paralysantes qui les empêchent de toute façon d’avancer ; et puis, d'avancer vers où ? vers quoi ?... Vers l'adhésion de la Turquie, par exemple ? 

    Mais, surtout, et en ce qui concerne la France, Donald a d'un seul coup fait de nombreux orphelins : que vont devenir nos atlantistes et américanolâtres ? Ils ont bonne mine, maintenant, eux qui aimaient tant se cacher derrière « le parapluie américain » pour oublier le devoir qui est le leur d'assumer et de prolonger l'héritage reçu des siècles ! Aussi douillettement que lâchement - c'est si confortable le renoncement... - ils avaient délégué aux USA leur avenir collectif et, pensaient-ils, sa protection. Plus besoin de vrai budget militaire, on pouvait dépenser l'argent ailleurs !... Dans leurs têtes, ils n'étaient plus Français, ils ne « pensaient plus Français ». Que vont-ils faire, que vont-ils dire, maintenant ? Au moins, cette inconscience-là, elle est morte, et bien morte : qui s'en plaindra ? Certainement pas nous !...

    Atlantistes de tous les pays, américanolâtres de partout, faites provisions de mouchoirs en papier et sortez-les, il ne vous reste que vos yeux pour pleurer... ! 

  • La déglobalisation, un nouveau paradigme

     

    par Ludovic Greiling

     

    506226741.2.jpgPerçu comme une catastrophe par les milieux bancaires, le retour du protectionnisme et du contrôle des capitaux pourrait procurer un sursaut inespéré aux pays développés. Les agents économiques commencent à s’y préparer.

    En l’espace de six mois, la « déglobalisation » est devenue un mot à la mode dans les milieux bancaires. La victoire des partisans d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, puis celle de Donald Trump aux États-Unis, avec un programme censément protectionniste, ont soulevé énormément de questions. Longtemps, les économistes de banques ont rivalisé en prévisions très négatives en cas de vote contraire aux intérêts financiers. Leur crainte ? Celle du précédent.

    « Il faudra trouver et définir une dynamique commune pour éviter que le référendum britannique ne soit pris comme un précédent. Car très rapidement, on doit s’attendre à de multiples demandes de référendums partout en Europe », écrivait ainsi l’économiste en chef de Natixis l’été dernier, résumant le sentiment répandu dans la plupart des grandes banques occidentales. Que craignent les établissements financiers ?

    Qu’une rétractation globale en Europe mette fin aux projets visant à créer une dette fédérale sur le continent : celle-ci (gérée par la Commission européenne qui se financerait directement par émission de dette) pourrait grimper à terme à 15 000 milliards d’euros selon certaines estimations, au plus grand bénéfice des créanciers.

    Au contraire, des mesures protectionnistes peuvent ouvrir la voie à des contrôles de capitaux spéculatifs, à l’image de ce qu’a fait l’Islande pour sortir de sa faillite à partir de 2010. « La question est de savoir si la libre-circulation des marchandises et des capitaux va continuer ou pas. Cela pourrait s’arrêter, si ce n’est pas déjà le cas… », lançait en septembre dernier Abdallah Nauphal, l’un des gérants de fonds de la Bank of New York Mellon.

    La catastrophe n’a pas eu lieu

    La déglobalisation sera-t-elle catastrophique pour l’économie et les populations ? La réponse est loin d’être évidente. Ainsi, alors même que la Grande-Bretagne a vu la sortie massive de capitaux spéculatifs depuis le référendum sur le Brexit, son économie se porte plutôt bien : hausse de la production industrielle sur six mois, baisse légère du chômage. Aux États-Unis, les bourses d’actions ont atteint un nouveau record historique après la victoire de Donald Trump.

    Les messages très anxiogènes lancés par les banquiers avant le référendum italien du 4 décembre ont également été contredits par les faits : la victoire du « non » suivie de la démission du Premier ministre transalpin n’a pas suscité de panique. « Les marchés absorbent de plus en plus rapidement les événements politiques. Il leur a fallu deux semaines pour le Brexit, deux heures pour l’élection de Donald Trump et là, quelques minutes pour le référendum italien », soulignait un stratégiste obligataire de la BNP Paribas devant l’AFP.

    C’est que, à rebours des anticipations, la déglobalisation pourrait relancer les économies les plus avancées, et soulager par là même les difficultés du système bancaire. « Est-ce qu’on révise nos projections de croissance pour les États-Unis et la Grande-Bretagne ? Oui, car des mesures annoncées dans leurs programmes seront appliquées. On peut s’attendre à une hausse supplémentaire du PIB de 0,2 à 0,4 points », affirme Christian Parisot du cabinet Aurel BGC.

    Relocalisation, inflation, croissance

    Outre-Atlantique, le programme protectionniste de Donald Trump et sa volonté de réorienter les financements vers les grands travaux d’infrastructure devraient tirer la croissance et générer de l’inflation. En Grande-Bretagne, la baisse de 15 % de la livre sterling face aux autres grandes monnaies favorise le dynamisme local.

    En effet, cette baisse du taux de change abaisse le prix des produits britanniques et augmente celui des produits achetés à l’étranger ; elle facilite donc les exportations et incite les entreprises locales à produire davantage chez elles.

    Davantage de croissance, davantage d’inflation : le diptyque magique pourrait fournir un répit bienvenu aux grandes banques. En leur absence, les établissements financiers ne voyaient en effet plus comment rééquilibrer leurs bilans remplis de créances irrécouvrables. La déglobalisation pourrait-elle constituer un modèle gagnant pour tout le monde ? C’est ce que suggère l’économiste Christian Parisot :  » La déglobalisation pourrait inciter les entreprises des pays avancés à relocaliser des usines chez eux « .

    Dans les économies émergentes, comme la Chine, elle pourrait inciter les acteurs locaux à faire reposer davantage l’activité sur la demande intérieure pour être moins dépendant des exportations. Tout ceci commence à être pris en compte par les agents économiques. Mais il existe des incertitudes car pour l’instant rien n’a encore été fait ». 

    Politique magazine - 01.2017

  • Après Juvisy : L'explosion générale de violence redoutée, vue par Thibault de Montbrial

     

    Par Vincent Tremolet de Villers           

    ENTRETIEN - Samedi soir, des jeunes ont semé la terreur dans un quartier calme de Juvisy. Thibault de Montbrial expose [Figarovox du 16.01] comment ces bandes mues par la haine de notre pays atteignent un degré de violence paroxysmique. Et pourraient conduire à une explosion communautariste généralisée. Face à quoi l'incompétences des politiques est manifeste. Il y a là, pour la France, un danger majeur. Une explosion en gestation. Et un système politique inefficace.  LFAR

     

    XVM0daf6508-dc02-11e6-8620-c271acfe3201.jpgUne bande venue d'Athis-Mons a semé la terreur samedi soir dans un quartier calme de Juvisy. Ce type de violence semble s'installer dans le pays. Est-ce le cas ?

    Les violences commises en bande se multiplient sur le territoire national.

    Ces phénomènes sont le plus souvent observés dans les transports. Certains TER de la région PACA en sont ainsi régulièrement la cible, comme d'autres en Rhône-Alpes et en région parisienne.

    Mais les forces de l'ordre sont les premières victimes de ces violences de groupe.

    Tout le monde conserve à l'esprit la dramatique attaque de deux équipages de police survenue à Grigny le 8 octobre 2016, au cours de laquelle deux policiers avaient été grièvement brûlés.

    Depuis le début 2017 et pour ne s'en tenir qu'aux seuls événements dont j'ai pu avoir connaissance, des policiers ont été victimes de violences graves et ont dû battre en retraite avec des blessés lors du tournage d'un clip de rap à Mantes-la-Jolie, après un contrôle à Bobigny, ou encore dans une banlieue de Nancy.

    La tendance est donc nettement à l'accentuation de ce phénomène de « bandes ». Leur violence toujours plus désinhibée n'est guère freinée par des moyens policiers très vite submergés par le nombre. Quant au système judiciaire, il est dépassé, d'une part du fait de la difficulté de rassembler les preuves contre les participants à ces razzias, et d'autre part, en raison de l'entrave que constitue l'ordonnance de 1945 applicable aux nombreux participants mineurs : lorsque ceux-ci sont arrêtés, leur remise en liberté assortie d'une lointaine convocation chez le juge des enfants n'a en effet pas grand-chose de dissuasif.

    Certains des casseurs seraient rentrés dans un appartement privé pour le saccager. N'y a-t-il pas un risque d'un basculement collectif dans l'autodéfense ?

    Non seulement la propriété privée n'est pas un frein à la violence, mais elle constitue manifestement une incitation.

    Comme certains des commentaires recueillis par la presse auprès de riverains de Juvisy concernés le montrent, de tels phénomènes ne peuvent sur la durée qu'inciter les résidents à envisager leur sécurité différemment.

    Plutôt que le terme péjoratif d'autodéfense, je préfère l'expression légale de légitime défense, qui permet à un individu qui est soumis à une agression d'utiliser la violence pour se défendre ou défendre des tiers (famille, voisins…). À cet égard, il est intéressant de rappeler que le Code pénal prévoit une présomption de légitime défense spécifique pour « celui qui accomplit l'acte pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence » (article 122-6-2e).

    Lorsque l'irruption dans un appartement se produit la nuit, cette présomption se combine à celle prévue par le 1er alinéa de ce même article 122-6 du Code pénal, qui présume de la légitime défense de « celui qui accomplit l'acte pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ».

    Il va de soi que si, dans un monde idéal, il appartient à la police et à la gendarmerie de protéger les populations, personne ne pourra sérieusement reprocher à un père de famille de défendre sa famille y compris par la violence si les forces de l'ordre n'ont pu empêcher l'agression subie, qu'elles aient été débordées ou que, trop peu nombreuses, elles soient tout simplement absentes.

    Les politiques proclament leur refus des zones de non-droit mais ont-ils selon vous pris la mesure de cette violence endémique ?

    On sent un embarras politique autour de cette question. Si certains ont la lucidité de reconnaître l'existence de « zones de non-droit » sur notre territoire, d'autres dans un mélange d'angélisme, de déni et d'incantation, prétendent toujours qu'elles n'existent pas.

    La réalité permet de jouer sur les mots : s'il n'existe aucun endroit du territoire qui soit totalement et en permanence inaccessible aux forces de l'ordre et aux services de secours, certaines zones ne font plus l'objet que d'intrusions ponctuelles d'effectifs en nombre, pour les besoins d'une opération précise et pour une durée limitée. Mais en pratique, les forces de l'ordre n'y sont plus présentes au quotidien, état d'urgence ou pas.

    D'une façon générale, les hiérarchies préfectorales et policières n'hésitent plus à décourager, voire à interdire verbalement aux équipages de sécurité publique de se rendre dans tel ou tel quartier, sous le prétexte édifiant de ne pas « provoquer ». La même logique conduit à stationner les unités de CRS ou de gendarmes mobiles à l'extérieur des périmètres les plus chauds. La crainte quotidienne des autorités est qu'un « incident », comme on appelle pudiquement les guets-apens contre les policiers, gendarmes ou pompiers par des bandes agressives et souvent armées, ne conduise les fonctionnaires à ouvrir le feu pour se dégager, ce qui constituerait l'étincelle que chacun redoute avant un enchaînement de grande violence.

    Il faut avoir la lucidité de comprendre deux choses. D'abord, ces bandes sont constituées autour d'une logique ethnico-territoriale, et leur développement est une des nombreuses conséquences néfastes de la communautarisation de la société. Ensuite, corollaire du point précédent, ces bandes sont mues par une haine de notre pays, qui s'exerce contre ses représentants (les forces de l'ordre) et ses habitants, comme dans les transports ou bien à Juvisy samedi.

    Il s'agit donc d'un phénomène d'une gravité extrême, à la fois par ses causes éthiques et par son expression.

    À cet égard, je suis sidéré de constater que la question de ces violences en bandes ethnico-territoriales est quasiment absente des débats politiques actuels, qu'il s'agisse des primaires de droite ou de gauche ou des déclarations publiques des autres candidats. À supposer que l'explosion générale de violence redoutée par la plupart des professionnels ne survienne pas d'ici à la prochaine élection, il est crucial que notre prochain président de la République prenne conscience de ce que les tensions ont désormais atteint sur différents points de notre territoire un degré paroxysmique, et nécessiteront d'autres initiatives que les éternelles condamnations de circonstance pour éviter une réaction en chaîne dont chaque jour nous rapproche. 

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    Spécialiste des questions de terrorisme, Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Son premier livre, Le sursaut ou le chaos, est paru en juin 2015 aux éditions Plon. Il a préfacé le livre La France djihadiste d'Alexandre Mendel, paru en avril 2016 aux éditions Ring.

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    Vincent Tremolet de Villers           

  • La Monarchie est-elle une grande chose morte ? Quand la République s'inspire de la Monarchie... [2]

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    4184008190.jpgLa France vit actuellement en République : cela paraît indéniable si l'on se réfère, non seulement au titre de l’État, à son affirmation d'être une République et de sa répétition rituelle, faite d'habitudes et de commémorations qui rappellent l'histoire du régime républicain ou qui lui sont rattachées, de façon parfois abusive d'ailleurs : le cas de 1789, par exemple, pourrait bien lui être disputé, comme le feront d'ailleurs les « monarchiens » (monarchistes constitutionnels et centristes) de ce temps et les partisans du roi Louis-Philippe ensuite, les uns et les autres se référant à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen rédigée par les monarchistes Mounier et La Fayette (et dénoncée, en 1793, par les républicains Saint-Just et Robespierre...). En revanche, sa gêne (dans le meilleur des cas) à l'égard de certains événements historiques nationaux, comme la commémoration de Bouvines en 2014, est révélatrice d'une volonté de ne pas remettre en cause le mythe de Valmy, plus « républicainement correct »... 

    Tous les candidats à la prochaine présidentielle font aussi profession de foi républicaine, avec quelque ambiguïté parfois, et « les valeurs de la République » sont régulièrement et automatiquement évoquées dès qu'un problème surgit, véritable « mantra » gouvernemental et politicien : il n'est pas sûr que cela soit vraiment rassurant ou suffisant au regard des défis contemporains. 

    En somme, qui n'est pas républicain aujourd'hui ? Mais, en fait, il y a une confusion, voulue et entretenue depuis Jules Ferry, entre République et France, et certains qui parlent République pensent, d'abord, France, mais sans l'avouer explicitement, par peur d'être mis au ban des institutions et de toute espérance ministérielle ou présidentielle. 

    Et pourtant ! La Cinquième République garde (ou renouvelle ?) la marque de la Monarchie, dans ses institutions comme dans ses pratiques, et si l'on voulait pousser plus loin, elle reprend de la Monarchie, sans l'avouer, ce qui peut lui donner quelques racines, quelques évidences, voire quelque légitimité : cela était déjà vrai avec la Troisième République qui, dans ses livres d'histoire pourtant si peu neutres et véritablement « stato-républicains », valorisaient certains aspects de feue la Monarchie d'avant 1789. Ainsi, Saint Louis n'était pas renié, ni le « bon roi » Henri IV et sa « poule au pot », le qualificatif de « bon » étant sans doute le moyen de distinguer de ses prédécesseurs et successeurs (Henri III et Louis XV étant particulièrement dévalués dans les cours de la Troisième), ceux-ci servant de repoussoirs pour montrer les « dangers » de la Royauté. Le statut accordé à Louis XIV était ambigu : si la Troisième République voulait bien en recueillir la gloire et les territoires conquis (en particulier l'Alsace, sous le joug allemand de 1870 à 1918), elle en dénonçait le Pouvoir absolu avec des grimaces de dégoût, au risque de commettre un impair sur la nature même de la Monarchie louisquatorzienne... 

    La Cinquième République a été, souvent, longtemps et encore aujourd'hui si l'on écoute MM. Mélenchon et Devedjian, considérée comme une sorte de « monarchie » présidentielle ou républicaine, et son fondateur comparé au roi-soleil par le célèbre dessinateur Moisan (du Canard enchaîné). La Gauche, dans le même temps du paroissien de Colombey-les-deux-églises, manifestait pour la « défense de la République » avant que, à son tour, elle s'installe dans le trône élyséen sous les traits des deux François, MM. Mitterrand et Hollande, le premier sachant, comme le général de Gaulle, ce qu'il devait à la tradition monarchique, ce qui lui valut d'être surnommé « le dernier des capétiens », comme si, depuis, nous étions rentrés dans une sorte de « régence sans fin »... 

    Ainsi, la Monarchie a-t-elle inspiré la Cinquième République : quel destin pour une « grande chose morte » supposée ! Certes, ce rôle particulier et éminemment symbolique ne suffit pas pour faire de ce qui reste une République une Monarchie pleine et entière, « à la française », c'est-à-dire royale, héréditaire, politique. En paraphrasant Pierre Boutang, l'on pourrait dire que la Cinquième est une « Semble-Monarchie » tout comme l’État républicain n'est, surtout actuellement, qu'un « Semble-État » : n'est-ce pas mieux que rien, ou est-ce encore pire, il peut y avoir débat. 

    C'est d'ailleurs cette apparence de Monarchie qui fournit à l’État actuel une certaine aura et une place particulière dans le concert des nations et de leurs relations : à l'étranger, on sait (et on voit) qui dirige, au sens politique, la France et son État, et lorsque le Chef de l’État n'assume pas son rôle de « monarque », la France paraît absente de la scène mondiale, ou trop dépendante des grandes puissances contemporaines (États-Unis ou Allemagne, entre autres). Si le Président oublie son statut particulier et que son élection n'est rien d'autre, en définitive, qu'une « acclamation » (au sens médiéval du terme) chargée d'une confiance populaire (qui peut être aussi une menace), une sorte de pacte qui rappelle le sens du sacre royal, le « pays réel » lui coupe la tête (électoralement parlant, bien sûr), en se fondant le temps d'une élection dans le « pays légal ». Ce n'est pas d'être « trop monarque » qu'on lui reproche (même si c'est souvent le discours tenu par les politiques), mais de ne pas l'être assez : de ne pas être le garant de la justice (qu'elle soit politique ou sociale, ou simplement « morale ») comme l'était saint Louis sous le chêne de Vincennes ; de ne pas être l'arbitre suprême, ou d'oublier ses devoirs d’État à l'égard du pays comme de ses citoyens... 

    M. Hollande s'est voulu un « président normal », mais c'est quand il exerce (pour de bonnes ou mauvaises raisons, là n’est pas la question) son droit de grâce, d'essence royale et reliquat (selon quelques magistrats agacés) de l'Ancien régime, « survivance monarchique » selon les partisans de la République des juges, qu'il est écouté et compris, à tort ou à raison, des Français : n'est-ce pas la confirmation que la Monarchie, ou au moins son esprit, reste, d'une certaine manière, bien ancrée dans l'inconscient collectif national ?  •  (A suivre).

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    La Monarchie est-elle une grande chose morte ? [1]

  • Donald et « le Bon Dieu » ...

     

    Ne sont pas - encore - prises en compte ici les déclarations révolutionnaires de Donald Trump, le weekend dernier, sur le Brexit, la politique catastrophique d'Angela Merkel en matière de migrants, de surcroît les responsabilités économiques de l'Allemagne dans l'échec prévisible de l'Union Européenne, sur l'OTAN, obsolète et trop coûteux ... Etc.  

     

    Mur-bleu gds.jpgAvez-vous écouté la première Conférence de presse du « président élu » ? Si oui, vous l'avez entendu, si non, on vous le dit ici : au cours de cette longue mais jamais ennuyeuse prestation, celui qui n'est pas encore Président des Etats-Unis a évoqué deux fois Dieu. Et, lors de son installation officielle à la Maison Blanche, le 2O janvier prochain (date de la prise de fonction effective du Président des USA depuis 1937) il lancera son premier - et surement pas dernier - « God bless America » officiel, « Que Dieu bénisse l'Amérique... ». Rituel immuable...

    En 2009, lorsque Barack Obama fut élu, il appela également la bénédiction de Dieu sur lui-même et sur l'Amérique. Il se trouva que, à Moscou, au même moment (le premier février 2009 pour être précis, soit douze jours plus tard), le nouveau Patriarche Kyrill était intronisé. Et, pour l'occasion, Poutine et Medvedev côte à côte, avec leurs épouses et l'ensemble du gouvernement, se signèrent respectueusement, et prièrent eux aussi, à l'unisson de l'assemblée.

    A l'époque, nous n'avions pas manqué de relever ces deux faits, et d'opposer l'orgueilleuse nouvelle religion républicaine de notre Système - avec son laïcisme agressif déguisé en laïcité, qui interdit de parler de Dieu, se prenant lui-même pour Dieu - à ce qui se fait partout, dans le monde. Notre quotidien n'avait que deux ans (il fut fondé en 2007, le 28 février), il en aura dix dans un peu plus d'un mois. On pourra lire la courte note que nous avions consacrée à l'événement : y-a-t-il quelque chose à changer ? A ajouter ?

    Note à lire dans Lafautearousseau ...

    Il y a ceux qui se reconnaissent une autorité supérieure, et il y a l'orgueilleuse « République française » ...

  • Recherche des causes ... Les principales, les plus effectives ...

  • Ivan Rioufol : « Le “ progressisme ” malade de ses dénis »

    Peuple en colère ... 

    Par Ivan Rioufol

    CHRONIQUE - Comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter [Le Figaro du 12.01] sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. De cette droite qui l'a tant suivie. Et parfois dépassée pour diverses raisons - dont celles liées à de puissants intérêts. Ainsi la désintégration de la nation qu'Ivan Rioufol pointe ici avec justesse a souvent été l'œuvre commune de la droite et de la gauche. Et François Fillon n'y a pas été toujours étranger, toujours opposé. C'est pourquoi ici, nous ne lui ferons ni confiance ni procès anticipés. S'il venait à être le futur Chef de l'Etat, nous le jugerions aux actes. Ni plus ni moins. Quant à la critique du prétendu progressisme à laquelle Rioufol se livre ici, y compris s'agissant du centrisme de Macron, elle rencontre naturellement notre accord.  Lafautearousseau.    

     

    picture-269762-59fn6n7.jpgSept fantômes du PS se sont disputés, jeudi soir à la télévision, la place de candidat à la présidentielle. Les Français les verront apparaître deux fois encore avant le premier tour de leur primaire, le 22 janvier: ce court délai devrait suffire pour faire le tour des programmes. Le manichéisme de Vincent Peillon, la démagogie de Benoît Hamon, la suffisance d'Arnaud Montebourg sont les vieux restes qui rappellent ce que fut le progressisme du temps de sa splendeur. Manuel Valls, qui avait ouvert le procès de ce socialisme infatué, ne cesse depuis de se renier pour tenter de rassembler une armée des ombres. L'entendre rejeter le libéralisme après avoir déclaré son « amour» de l'entreprise est une incongruité parmi d'autres. Lundi, un sondage du Figaro donnait l'ancien premier ministre perdant au second tour face à Montebourg, soutenu par les « socialos » morts-vivants. Valls se perd à vouloir séduire des zombies.

    Pour autant, comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. Deux et deux n'ont jamais fait quatre dans ce monde qui marche sur la tête. « Faire plier les réalités » a toujours été l'orgueilleux objectif d'une idéologie rétive à la réflexion et aux résultats. Rien d'étonnant à ce que les candidats de la ronflante Belle Alliance Populaire reprennent l'héritage de la gauche marxiste, dépensière et immigrationniste. L'assistanat, la culture de l'excuse, le clientélisme restent les piliers des projets. Hamon est, avec Peillon, l'un des plus décomplexés dans le cynisme électoral. Pour plaire aux cités, il minimise le sexisme culturel qui s'y observe et soutient la cause palestinienne dans sa lutte contre l'existence d'Israël. « Il s'agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat de banlieue et des quartiers », s'était-il justifié en 2014.

    Redonner des responsabilités à ces laborantins de l'Homme nouveau reviendrait à asséner le coup de grâce à la nation sur les genoux. D'autant qu'aucun des grands sujets qui sont au cœur des inquiétudes des gens - l'immigration de peuplement, la cohabitation avec l'islam conquérant, le séparatisme territorial - n'a été pour l'instant abordé par la plupart des prétendants. Le débat ne peut se réduire au travail, à l'emploi et à la redistribution des richesses, alors même que la France est en guerre, depuis les attentats islamistes des 7 et 9 janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Or c'est bien le déni qui fédère les survivants du socialisme. Valls fait figure d'intrus quand il tient tête à l'islam radical. Jeudi dernier, sur France 2, il n'a pas cédé au discours victimaire d'une femme voilée censée représenter les Françaises musulmanes. La gauche soumise déteste cette raideur.

    En fait, le courant humanitariste et universaliste s'asphyxie sous la vague conservatrice. Aux États-Unis, la gauche en perdition s'est retranchée derrière ses bastions des médias et de Hollywood pour faire feu sur Donald Trump. Lors de la soirée des Golden Globes, l'actrice Meryl Streep a porté l'indignation du camp du Bien devant un monde de paillettes, de strass et de dollars. Mercredi, CNN et le site BuzzFeed ont rendu publique une série d'infamies non sourcées et invérifiables. Barack Obama se réserve une sortie piteuse le 20 janvier, pour avoir mesquinement multiplié les chausse-trappes à l'intention de son successeur. Un sort similaire est promis à la gauche française, incapable de s'avouer dépassée par l'histoire. Certes, la forte audience que rencontre Emmanuel Macron dans ses meetings peut laisser croire en un renouveau du progressisme dont il se réclame avec talent. Mais cet Obama blanc, non plus, ne dit rien des réalités qui dérangent.

    L'insécurité culturelle occultée

    Macron, comme Trump, symbolise le rejet d'une démocratie confisquée. Un besoin d'air frais les porte. Mais l'analogie s'arrête là. Si l'Américain sanguin a pris le parti des « ploucs » contre les « élites », le Français sophistiqué ensorcelle davantage les people que le peuple. Les fondamentaux de son programme sont ceux d'un centrisme angélique qui voit en Angela Merkel le modèle à suivre, dans les migrants le prétexte à l'ostentation des bons sentiments, dans l'Union européenne la protection des peuples. Macron a l'art de faire du neuf avec du vieux. Des juppéistes, des membres de l'UDI et du Modem, dont François Bayrou lui-même, sont appelés à rejoindre cet entre-deux qui leur ressemble. En marche ! pourrait aussi ringardiser définitivement le PS momifié. Cependant, nulle part n'apparaît, derrière cette belle figure, le chef de guerre attendu. Il est peu probable que ce rôle soit un jour endossé par celui qui préfère légaliser le cannabis. Trop de retenues empêchent Macron d'aborder l'insécurité culturelle qui taraude les peuples. Cette semaine, un sondage montre que 77 % des Belges ne se sentent plus chez eux.

    François Fillon, que les enquêtes d'opinion disent en perte de vitesse, a pour lui de vouloir s'émanciper du conformisme de la fausse droite et des humanitaristes professionnels. Si, sur la réforme de la sécurité sociale, il a donné le sentiment de reculer dès la première critique, sa résistance aux pressions de ses alliés corrige la faiblesse de caractère qu'il a laissé voir. Ceux qui veulent mettre leur grain de sel dans son projet ont jusqu'à présent été tous éconduits, sèchement concernant Laurent Wauquiez et sa proposition de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires . « Les grilles de lecture du microcosme ne sont plus celles de cette France silencieuse et fiévreuse que j'ai parcourue de long en large », a-t-il expliqué mardi. Les combats contre l'islam politique et l'immigration remplaciste sont des thèmes qui, occultés par le PS et Macron, s'annoncent prometteurs si les réponses se montrent à la hauteur. « L'immigration doit être fermement contrôlée et réduite », a annoncé Fillon, mercredi à Nice. La concurrence du FN lui interdit tout recul.

    Cécité de l'Église

    Même le pape François, si décevant dans son refus de faire obstacle à la déculturation de l'Europe*, admet que l'immigration pose des problèmes. Lundi, devant le corps diplomatique, il a recommandé une nouvelle fois aux « autorités publiques » de suivre une « démarche prudente » pour l'accueil des migrants. L'Église sortirait-elle enfin de sa cécité ? 

    * Laurent Dandrieu, « Église et immigration. Le grand malaise », Presses de la Renaissance.

    Ivan Rioufol           

  • Grand corps malade

    Illustration de couverture du Figaro Magazine du 13.01.2017 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Il y a un an, dans un entretien accordé au Corriere della Sera à propos de son livre Penser l’islam, M. Onfray constatait avec lucidité et non sans dépit  : « La France a renoncé à l'intelligence et à la raison, à la lucidité et à l'esprit critique. Houellebecq a raison : nous vivons déjà sous le régime de la soumission. » Soumission au terrorisme intellectuel pro-islamique. Aujourd’hui, invité à parler de son dernier ouvrage, Décadence, M. Onfray le présente volontiers, par exemple sur BFM/RMC le 11 janvier dernier, comme une sorte de pendant, disons « philosophique », au roman Soumission. Donnons-lui acte qu’il affirme bien que l’islam est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », c’est-à-dire porte en quelque sorte le coup de grâce à un Occident réputé chrétien, mais précisons qu’en ramenant l’action dudit islam à celle de ses « minorités agissantes », il élude la dimension culturelle voire civilisationnelle que pose hic et nunc la religion de Mahomet. Reconnaissons aussi que, à travers leurs propos et leurs écrits, MM. Onfray et Houellebecq semblent bien partager le même constat sur l’état de déliquescence morale de nos sociétés : à l’attitude veule du personnage central de Soumission fait écho la perte des valeurs dénoncée par l’auteur de Décadence (d’où sa question triviale à ses interlocuteurs journalistes : « vous connaissez quelqu’un prêt à mourir pour un smartphone ? »).

     

    En revanche, les deux ouvrages paraissent diverger quant à leur finalité et, de fait, ne produisent pas le même effet. Le roman de M. Houellebecq sonne plutôt comme un avertissement, une mise en garde ultime avant l’éventuelle catastrophe, qui surviendra(it) en l’absence de tout sursaut : rien n’interdit de penser que la fiction puisse avoir un effet cathartique et salvateur. A contrario, l’essai de M. Onfray se donne toutes les apparences d’une vérité définitive, assénée comme un diagnostic quasi médical : il suffit pour s’en convaincre de citer les différentes explicitations du titre, tantôt « vie et mort du judéo-christianisme », tantôt « De Jésus à Ben Laden - Vie et mort de l’Occident ». Mort clinique, donc, sous nos yeux, de l’Occident chrétien. A prophétiser la fin d’une civilisation on ne prend pas de risque - mais le verdict sans appel de M. Onfray est contestable du seul fait qu’il est improuvable : on peut bien penser comme lui que « les civilisations meurent à un moment donné », il n’empêche que la nôtre pourrait bien se survivre encore quelques décennies, voire quelques siècles.

     

    Néanmoins, M. Onfray a un grand mérite : intellectuel très médiatisé, il joue désormais le rôle bienvenu de lanceur d’alerte. En effet, même vivante, notre civilisation, et plus précisément nos sociétés « occidentales », mieux vaudrait dire européennes, sont bien malades. Deux siècles de matérialisme et de rationalisme effrénés conjugués à deux guerres « civiles » les ont fortement émoussées. Mais, peut-être, ce cycle touche-t-il à sa fin comme pourrait le laisser penser le renouveau intellectuel de ceux (contre-révolutionnaires ? réactionnaires ? anti-modernes ?) qui ne croient ni aux vertus de la post-modernité ni à celles de l’idéologie mondialiste. C’est l’avis de M. Buisson, lequel nous invite dans ses entretiens (Boulevard Voltaire, France Inter, TV Libertés) à intégrer la notion de temps long, si contraire au court-termisme contemporain : il va falloir être patient, laisser les idées pénétrer les esprits mais, explique-t-il, on voit déjà les prémices d’un nouveau cycle radicalement différent du cycle idéologique, forcément long, qui a commencé avec les Lumières et qui, lui, touche à sa fin. M. Buisson n’est ni romancier ni essayiste, son analyse a le mérite de reposer sur une grande culture historique et une pensée politique solide. 

  • Grand corps malade

    Illustration de couverture du Figaro Magazine du 13.01.2017 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Il y a un an, dans un entretien accordé au Corriere della Sera à propos de son livre Penser l’islam, M. Onfray constatait avec lucidité et non sans dépit  : « La France a renoncé à l'intelligence et à la raison, à la lucidité et à l'esprit critique. Houellebecq a raison : nous vivons déjà sous le régime de la soumission. » Soumission au terrorisme intellectuel pro-islamique. Aujourd’hui, invité à parler de son dernier ouvrage, Décadence, M. Onfray le présente volontiers, par exemple sur BFM/RMC le 11 janvier dernier, comme une sorte de pendant, disons « philosophique », au roman Soumission. Donnons-lui acte qu’il affirme bien que l’islam est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », c’est-à-dire porte en quelque sorte le coup de grâce à un Occident réputé chrétien, mais précisons qu’en ramenant l’action dudit islam à celle de ses « minorités agissantes », il élude la dimension culturelle voire civilisationnelle que pose hic et nunc la religion de Mahomet. Reconnaissons aussi que, à travers leurs propos et leurs écrits, MM. Onfray et Houellebecq semblent bien partager le même constat sur l’état de déliquescence morale de nos sociétés : à l’attitude veule du personnage central de Soumission fait écho la perte des valeurs dénoncée par l’auteur de Décadence (d’où sa question triviale à ses interlocuteurs journalistes : « vous connaissez quelqu’un prêt à mourir pour un smartphone ? »).

     

    En revanche, les deux ouvrages paraissent diverger quant à leur finalité et, de fait, ne produisent pas le même effet. Le roman de M. Houellebecq sonne plutôt comme un avertissement, une mise en garde ultime avant l’éventuelle catastrophe, qui surviendra(it) en l’absence de tout sursaut : rien n’interdit de penser que la fiction puisse avoir un effet cathartique et salvateur. A contrario, l’essai de M. Onfray se donne toutes les apparences d’une vérité définitive, assénée comme un diagnostic quasi médical : il suffit pour s’en convaincre de citer les différentes explicitations du titre, tantôt « vie et mort du judéo-christianisme », tantôt « De Jésus à Ben Laden - Vie et mort de l’Occident ». Mort clinique, donc, sous nos yeux, de l’Occident chrétien. A prophétiser la fin d’une civilisation on ne prend pas de risque - mais le verdict sans appel de M. Onfray est contestable du seul fait qu’il est improuvable : on peut bien penser comme lui que « les civilisations meurent à un moment donné », il n’empêche que la nôtre pourrait bien se survivre encore quelques décennies, voire quelques siècles.

     

    Néanmoins, M. Onfray a un grand mérite : intellectuel très médiatisé, il joue désormais le rôle bienvenu de lanceur d’alerte. En effet, même vivante, notre civilisation, et plus précisément nos sociétés « occidentales », mieux vaudrait dire européennes, sont bien malades. Deux siècles de matérialisme et de rationalisme effrénés conjugués à deux guerres « civiles » les ont fortement émoussées. Mais, peut-être, ce cycle touche-t-il à sa fin comme pourrait le laisser penser le renouveau intellectuel de ceux (contre-révolutionnaires ? réactionnaires ? anti-modernes ?) qui ne croient ni aux vertus de la post-modernité ni à celles de l’idéologie mondialiste. C’est l’avis de M. Buisson, lequel nous invite dans ses entretiens (Boulevard Voltaire, France Inter, TV Libertés) à intégrer la notion de temps long, si contraire au court-termisme contemporain : il va falloir être patient, laisser les idées pénétrer les esprits mais, explique-t-il, on voit déjà les prémices d’un nouveau cycle radicalement différent du cycle idéologique, forcément long, qui a commencé avec les Lumières et qui, lui, touche à sa fin. M. Buisson n’est ni romancier ni essayiste, son analyse a le mérite de reposer sur une grande culture historique et une pensée politique solide. 

     

  • Éducation : désertion en rase campagne

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgUn rapport sénatorial fait état d’un fait que le ministre Najat Valaud-Belkacem s’est bien gardée de diffuser : la démission massive des candidats au poste d’instituteur et de professeur. Mais que sont devenus les avantages de la fonction publique, si protecteurs en cette période de chômage de masse ? 

    Les impétrants semblent préférer l’inconnu plutôt que l’enfer pédagogique. Inutile de préciser que les démissionnaires sont très éloignés des hussards noirs et même de l’apostolat pédagogico-antiraciste des années 90/2000.

    Une désertion en rase campagne donc, de ceux-là même que le président normal voulut massivement recruter au début de son mandat : « nous partîmes 60 000 (en fait le chiffre ne fut jamais atteint) et nous fûmes beaucoup moins en arrivant en ZEP » pour plagier Corneille…

    Un objectif soviétoïde

    En réalité le phénomène s’explique parfaitement. Les 60 000 postes étaient un objectif planifié quantitatif ( et non qualitatif) ; comme dans un plan soviétique, on recruta massivement sans sélection véritable le tout-venant, sans vocation ni compétence alors même qu’un apprentissage exigeant, avant un tel « lâcher sur zone », se révèle absolument indispensable.

    Résultat, la carences cognitive des uns le disputait au découragement des autres face à l’ampleur de la tâche, attestant en creux la noblesse du métier. L’objectif était électoraliste. Il s’agissait de perpétuer l’image d’une gauche « intellectuelle, – alors que la fonction enseignante est frappée par la désintellectualisation du métier – mais aussi d’une gauche sociale (qui crée des emplois budgétaires) dont la clientèle est traditionnellement celle des fonctionnaires.

    Las ! Les études montrent que la fonction publique bascule de plus en plus à droite ! Echec sur toute la ligne. Face à un tel spectacle, on cherche vainement l’excellence dans ce grand corps malade.

    L’excellence méconnue

    Il est nécessaire de dire que cette dernière se maintient tant bien que mal dans le secteur des classes préparatoires, secteur que les ministres de droite et de gauche n’ont pourtant cessé de vouloir faire disparaître.

    Une anecdote que je voudrais vous conter témoigne de l’effroyable impéritie de ce ministère qui, à vrai dire, n’est plus gouverné et ne connait même pas ce qui se passe en son sein. Un jeune professeur de classe préparatoire fait une demande d’inspection, afin d’avancer dans sa carrière, comme c’est l’usage.

    Après un assez long délai, se présente l’inspecteur, professeur en faculté reconnu et respecté pour ses travaux, plutôt de droite. L’inspection se présente sous le meilleures hauspices. Seulement, l’universitaire, totalement déconnecté du monde des classes préparatoires, se voit obligé d’avouer à l’enseignant sa méconnaissance absolue du système qu’il découvre… Embarrassé pour le noter, il finit par se ranger à l’avis de l’inspecté pour convenir des résultats de l’évaluation…

    Ce petit fait met en évidence que le navire n’a plus de capitaine et que le commandement ignore ce que contiennent ses cales ; sans gouvernail, il navigue au fil de l’eau à grands frais budgétaires. L’échouage ou les récifs sont pour bientôt, inévitables, et même, nécessaires, mais ils feront des victimes. Au premier rangs desquels les enfants et l’avenir de notre pays…   

     
    Politique magazine - 01.2017
  • Grenoble : ce lundi 16 janvier, une conférence du Centre Lesdiguières à ne pas rater

     

    Les présidentielles, et avant elles les primaires, sont l'occasion pour les politiciens de droite et de gauche d'avancer des programmes prometteurs, de ruptures parfois, de paraître s'opposer entre eux sur le terrain des valeurs et des symboles.

    Mais que restera-t-il de tout cela l'élection passée ? Pas grand chose nous enseigne l'expérience. En politique, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Le temps est venu de remettre en cause le régime lui-même. 

    CONTACT

    centreslesdiguieres@laposte.net

  • Culture • Loisirs • Traditions ...

  • Culture • Michel Déon, encore une fois. L’hommage de Christopher Gérard

     

    Par Christopher Gérard

    Des souvenirs, des réflexions, encore une fois, [Causeur, 14.01] sur Michel Déon qui fut éminemment des nôtres .  LFAR

     

    2491693172.jpgDans Bagages pour Vancouver, où il livrait quelques souvenirs, Michel Déon évoquait, pour définir sa vision de la littérature, « une certaine dignité devant la mort ». Quand je lui adressai l’étude que j’avais commise sur son œuvre, « Michel Déon, écrivain tragique », il me répondit – Déon répondait toujours aux lettres de ses lecteurs – que je voyais juste : celui qu’une critique facile définissait comme « l’écrivain du bonheur » était avant tout un esprit tragique que blessait profondément notre décadence.

    Comment saluer cet aîné qui eut la gentillesse et l’élégance de m’encourager dès mes premiers écrits, du temps de la revue Antaios, et plus tard pour chacun de mes livres, lus et commentés avec une indulgence, une attention qui me mettent encore le rouge aux joues ? Entonner l’antienne des Hussards, et caetera ?

    L’écrivain français de mes rêves

    Je n’en ai ni l’envie ni surtout le cœur. Juste quelques mots : Déon incarnait pour moi la figure de l’écrivain français tel que je le rêvais, philhellène et polyglotte, nomade et sédentaire, monarchiste (et donc relié à la France des mousquetaires et des paladins), amoureux de la vie et de ses plaisirs, ouvert au sacré et tout empli d’un respect quasi païen pour le rapide destin. Et quelle élégance patricienne, discrètement anglomane : ces tweeds, ces chemises tattersall à carreaux, et ces cravates en tricot.

    J’aimais qu’il fût, bien davantage qu’un improbable « hussard » (Déon avait servi dans l’infanterie), l’un des ces Morandiens (Stendhal + la vitesse + la liquéfaction de l’Occident) dont je me sens si proche. J’admirais aussi chez Déon cette capacité de travail, cette opiniâtreté qui lui permirent de passer du Dieu pâle à Un Déjeuner de soleil, de La Corrida aux Poneys sauvages ou à Je vous écris d’Italie. Déon n’aura jamais cessé de travailler et de progresser, posture qui m’inspire un immense respect.

    J’aurai correspondu avec Déon pendant près d’un quart de siècle, depuis 1992, jusqu’à ces vœux que je lui ai adressés peu avant le solstice d’hiver MMXVI – et qui, pour une fois, resteront sans réponse. De ces trente ou quarante lettres et cartes (ces jolis bristols envoyés de The Old Rectory, Tynagh, Co. Galway), un vrai trésor, je pourrais tirer bien des lignes lucides et désespérées sur notre époque, et aussi quelques compliments que je conserve comme de précieux talismans.

    Peu de rencontres en revanche : trois ou quatre, dont une ratée en Irlande, quand vers 1995, je m’approchai de son presbytère, juste assez pour admirer une jeune femme caracolant sous ses fenêtres. N’étant pas annoncé, il me parut incongru de le déranger – ce que Déon me reprocha : « vous auriez dû sonner ». En revanche, j’eus le plaisir, en juin MMXII, d’être invité à déjeuner rue du Bac. Un exquis risotto en l’écoutant évoquer ses amis Maulnier et Marceau, notre cher Pol Vandromme (que nous fêtâmes avec quelques amis à Charleroi), Laudenbach, l’Irlande, Jacques Laurent (dont la fin fut pénible – ses silences à l’Académie). A 93 ans, cravaté de vert, Déon lorgnait avec gourmandise les jambes (ravissantes) de notre voisine. Moi aussi, d’ailleurs. Sa vivacité, sa mémoire, sa courtoisie (c’est lui qui me parlait de mes livres !) m’épataient et me réjouissaient à la fois. Je buvais du petit lait en l’écoutant évoquer Nimier, dont il trouvait les essais et les critiques « absolument superbes » (qu’il préférait en effet à ses romans), ou Maurras, dont il venait de léguer à l’Académie le carnet de poésie latine rédigé de mémoire en prison – des centaines de vers latins retranscrits par un vieillard dans sa cellule, avec très peu de blancs.

     

    Je ne lirai jamais le roman inachevé qu’il gardait dans ses tiroirs, quatre cents pages autour de la Révolution. Je ne recevrai plus jamais de bristol oblitéré en Eire ni de lettre courtoise du Quai Conti.

    « Une certaine dignité devant l’œuvre de la mort ».

    Que la terre vous soit légère !   

    Christopher Gérard
    écrivain

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    Michel Déon, le jeune homme vert, s'en est allé

    Michel Déon le maurrassien

  • Sciences & Société • French tech et politique

     

    Par Ph. Delelis

    Une chronique qui, surtout, pose les bonnes questions. LFAR 

    Le Consumer Electronics Show (CES) – le plus grand salon mondial consacré à l’électronique grand public – s’est achevé dimanche à Las Vegas.

    Sans avoir de penchant geek particulièrement affirmé, on ne peut manquer d’être fasciné par les fonctionnalités des nouveaux objets connectés présentés lors de cette manifestation.

    On est également frappé par l’écart qui va croissant entre, d’une part, l’évolution des technologies – qui semblent continuer à vérifier l’idée de progrès – et, d’autre part, la stagnation, la régression, la dispersion (selon les points de vue) du débat politique. Le clivage gauche / droite, le système bipartite, les alliances traditionnelles, une laïcité consensuelle… tout cela a disparu ou est en voie de redéfinition drastique. Résultat, les sondeurs perdent le Nord, leurs boussoles s’affolent, les matrices dévissent…

    On n’en finirait pas de rechercher les raisons de cette dernière situation mais, à supposer qu’on les trouve (ce qui n’est pas si compliqué d’ailleurs), il n’est pas certain que cela changerait quelque chose. Dès lors, pourquoi ne pas aider la politique à retrouver sa rationalité perdue en lui insufflant un peu de technologie ? D’autant que, au CES, les entreprises françaises ont brillé en nombre et en qualité : il ne faut pas chercher très loin les idées géniales qui pourraient redonner du lustre à la politique hexagonale.

    Il en va ainsi, par exemple, de cette montre pour diabétique qui donne instantanément le taux de sucre dans le sang : utile pour tout candidat se promenant dans les comices agricoles mais plus encore dans les inaugurations de caves et autres fêtes de la Saint-Vincent. En effet, comment expliquer certaines déclarations à l’emporte pièce sinon par quelques abus bachiques ?

    Autre innovation : une magnifique station de sauvegarde automatique des données; plus de trous de mémoire, plus d’oublis de déclarations précédentes, la cohérence retrouvée ! Comment s’en passer dans ce monde où tout va si vite ? Mais ce n’est pas tout : voilà un feu arrière connecté qui se fixe derrière le casque du motard ! Chacun sait maintenant que ce moyen de locomotion est particulièrement adapté aux responsables politiques à l’agenda complexe.

    Cet accessoire essentiel garantira leur sécurité (et leur géolocalisation mais l’option est désactivable). Autre objet indispensable : ce petit robot de 40 centimètres qui se déplace en silence et qui sait jouer à cache-cache avec les enfants. Mais pourquoi pas les électeurs ?

    Après tout, ce sont de grands farceurs également. Et enfin, un stick que l’on peut faire sonner à distance avec son téléphone portable pour retrouver ses objets perdus ! L’entreprise ne dit pas si ça peut servir pour les idées égarées, les programmes communs, les doctrines oubliées mais why not ?   

    Politique magazine - 01.2017