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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1401

  • Calais : la capitulation de l'État, la révolte et la haine

             

    Une tribune d'Alexis Théas pour Figarovox [7.02], pointant avec pertinence le déchaînement médiatique qu'a suscité le micro-rassemblement « anti-migrants » de samedi dernier. Ce n'est selon lui - et nous partageons son avis - qu'un écran de fumée destiné à masquer une situation apocalyptique et la démission de l'Etat.
     

    Pendant que le président de la République apparaissait sur France 2 à la mi-temps de France-Italie pour commenter le match de rugby de samedi, le naufrage de Calais se poursuivait. Une manifestation d'une centaine de personnes, présentée comme «   anti-migrants », s'y réunissait. Ce mouvement répondant à un appel du groupe allemand Pegida, « contre l'islamisation de l'Europe », il a été attribué par les médias à l'ultra-droite, voire les néonazis. La manifestation ayant été interdite par le ministre de l'Intérieur, la répression policière a été sévère : 20 interpellations, soit un cinquième des manifestants, 10 placements en garde à vue... Fait marquant : un général de corps d'armée à la retraite, ancien commandant de la Légion étrangère, Christian Piquemal, dont le parcours ne révèle rien d'un factieux ni d'un extrémiste, s'est trouvé parmi les personnes arrêtées. Les commentaires médiatiques se focalisent sur la condamnation virulente du rassemblement qualifié de raciste. Mais que recèle vraiment cette indignation ?

    La situation de Calais a pris une dimension apocalyptique. Plusieurs milliers de migrants en situation irrégulière ont installé un gigantesque bidonville, surnommé la Jungle, devenue une zone de non droit. Des personnes en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique, dont des enfants, y survivent dans des conditions sanitaires épouvantables, indignes de la France contemporaine, sous la férule des passeurs mafieux et des activistes d'extrême gauche. La violence et le chantage y règnent en maîtres. La police y est prise pour cible et de violents affrontements s'y déroulent périodiquement. Toute une région est gravement sinistrée. Les commerces dont le chiffre d'affaires s'est effondré doivent fermer, les habitants du voisinage vivent dans la terreur. Un véritable chaos se répand sur toute une partie de la région dont l'image est dévastée.

    Une tragédie fruit de l'impuissance européenne

    Le drame n'a rien de nouveau, même s'il s'est considérablement aggravé en quatre ans. Il remonte à la fin des années 1990, lié au fonctionnement de l'espace Schengen : la France a ouvert ses frontières européennes et s'est engagée à protéger par tous les moyens celles de la Grande-Bretagne, transformant, le Calaisis en cul-de-sac, réceptacle des migrants qui ont traversé une partie de la planète dans le but de se rendre Outre-Manche. Cette tragédie est le fruit de l'impuissance européenne à contrôler la frontière extérieure commune, d'ailleurs totalement démantelée depuis la grande ouverture de septembre 2015. La manifestation de samedi résulte en outre de la faillite de l'Etat dans sa mission d'autorité et de protecteur des populations. La faiblesse, comme toujours, est le plus court chemin qui conduit à la haine et la violence. La responsabilité de M. François Hollande est engagée. L'article 5 de la Constitution de 1958 fait du chef de l'Etat le « garant de l'intégrité du territoire ». Le président de la République, qui ne s'est jamais rendu sur place, est responsable de l'abandon à des groupes mafieux d'une parcelle du territoire national. Calais fait autant partie de la France que le huitième arrondissement de Paris, faut-il le lui rappeler ?

    La vigueur des réactions politiques et médiatiques à un micro-rassemblement de cent personnes, le déchaînement médiatique autour des incidents, se présentent ainsi comme un écran de fumée destiné à masquer le désastre humanitaire et national dans toute son ampleur. La vigueur de la répression policière contraste avec le laxisme généralisé qui a abouti à la formation d'un bidonville abandonné à la mafia et aux groupuscules d'extrême gauche. Il faut y voir une gesticulation destinée à compenser une capitulation quotidienne, face à l'immigration illégale, face aux passeurs mafieux, à l'image d'un mode de gouvernement fondé sur les leurres et les manipulations. Le psychodrame de samedi renvoie au débat en cours sur la déchéance de la nationalité, et ses coups de menton destinés à recouvrir la désintégration en cours de la société française, sa plongée dans le désordre et la violence, de Calais à Marseille, en passant par Paris. Il est plus facile de réformer la Constitution dans les Palais feutrés de la République en donnant des leçons de morale républicaine, que de venir au secours de compatriotes aux prises avec l'horreur mafieuse. Le pouvoir évite ainsi de braver par des actes réels l'angélisme et le sans-frontiérisme, qui demeurent les piliers idéologiques du parti socialiste.

    Le monde politico-médiatique s'est déchaîné contre le général Piquemal accusé d'extrémisme. Et si le geste solitaire de ce Soldat n'était rien d'autre qu'un mouvement de désespoir et de colère contre la grande dérobade politicienne, la démission de l'autorité face au chaos français et européen, dont la Jungle de Calais est devenue le sinistre symbole ? 

     
    Alexis Theas est universitaire
  • Antoine de Crémiers évoque Louis Martinez

    Louis Martinez (au centre) - Antoine de Crémiers (à gauche) - Le prince Sixte Henri de Bourbon Parme (à droite)

     

    Antoine de Crémiers a donné dans les commentaires de Lafautearousseau cette évocation de Louis Martinez dont nous avons déploré la mort, samedi dernier, 6 février. Nous avons pensé qu'à raison de ce qu'elle nous rappelle et même de ce qu'elle nous apprend de la personnalité si attachante de Louis Martinez, elle devait figurer en page d'accueil de ce site, pour être vue et lue du plus grand nombre possible de nos lecteurs. C'est chose faite. Merci à Antoine de crémiers.  LFAR   

     

    3663252842.jpgLors d'une conférence de Louis sur « le jargon de Babel » j'avais eu le grand plaisir de le présenter à ceux qui n'avaient pas la chance de le connaître.

    Présenter Louis Marinez est un exercice difficile, susceptible de se traduire en une litanie d'éloges qui pourrait paraître suspecte, exagérée et surtout gênante pour sa modestie. Passons donc rapidement, non sans souligner, peut-être ne le sait-il pas, que je lui dois beaucoup, comme à quelques uns de mes maîtres, peu nombreux, dont je tiens soigneusement enfermés dans ma réserve personnelle, pensées et propos afin d'y puiser à loisir.

    C'est dans un autre monde, celui de la guerre froide que nous avons fait connaissance, à l'époque des convois « ciblés » pour la Pologne qui nous conduisaient à Cracovie où le nom de Louis Martinez était notre sésame nous ouvrant bien des portes.

    Donc, historien et professeur de russe, traducteur de Pasternak, Soljenitsyne, Platonov et bien d'autres, Louis Martinez, après 40 ans d'enseignement de la langue et de la littérature russe se met à écrire des romans, peut-être, faudrait-il dire son roman, son histoire et celle de sa terre à la tragique destinée : l'Algérie.

    La fresque se déroule de la veille de la guerre de 14 au mois de juillet 1962 (massacres d'Oran) sous forme d'un triptyque : « Denise ou le corps étranger » suivi du « Temps du silure », « celui des gestations longtemps secrètes qui crèvent d'un coup en enfantements catastrophiques » puis de la « Dernière marche ». Le plus frappant à la lecture de ces livres, c'est la langue, précise, aussi bien dans son vocabulaire que dans sa ponctuation, bref, française, mais hélas de ce français que l'on écrit de moins en moins et qui nécessite pour le lecteur, même averti, comme un nouvel apprentissage.

    Pour terminer, j'avoue un petit faible pour « L'intempérie » petit roman aixois où l'on rencontre à chaque page la ville et son histoire et dans lequel se révèle comme signe de décivilisation « le bizarre jargon qui a éclos comme vermine ». Peut-on rêver meilleure introduction au  « jargon de Babel » ? 

     

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    MAGISTROAdossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.         

    A tout un chacun

    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  Inégalités de richesse, inégalités de pouvoir Qui cotise à la sécurité sociale ? Une question de citoyenneté

    Du côté des 'élites' 

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Philippe BILGER  Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole 

    Finkielkraut interpellé à DPDA : le silence gêné face aux idéologues de banlieue

    Il sera impossible de faire pire que Taubira

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Démission de Taubira : l'échec des utopies

    Avec l'Europe

    Charles GAVE  Economiste et financier  Enfin une bonne nouvelle : Contre coup d’État en Pologne ?

    Roland HUREAUX  Essayiste  Le bilan très contestable d'Angela Merkel

    Devant l'histoire

    Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République  Reagan
                                                                                          
    Transmettez, Faites suivre, partagez, ...

  • Ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu à Rennes, le 6 février 2016... Un drôle de 6 février ...

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgC'était un 6 février, j'aurai dû me méfier... En arrivant en ma ville natale de Rennes, au milieu de l'après-midi, je savais pourtant, quelques minutes avant de descendre du train, que le centre-ville était en ébullition : près de moi, un passager apprenait, par téléphone, que les bus ne circulaient plus, « à cause de manifestations désordonnées » (en fait, le terme utilisé était plus simple et moins correct...). Effectivement, en arrivant à bon port, la première chose que j'entendis, c'était le bruit caractéristique et entêtant d'un hélicoptère tournoyant au-dessus de la ville, s'arrêtant de longs moments au-dessus d'un point sans doute précis avant que de sembler glisser vers un autre point non moins précis. L'ancien Champ de Mars (aujourd'hui esplanade Charles de Gaulle), à quelques dizaines de mètres de la gare, était étrangement jonché de vêtements multicolores tandis qu'un chariot métallique se consumait et, avec lui, les restes d'un mannequin ou d'un épouvantail ; quelques flammèches sortaient, un peu plus loin, de restes d'une sorte de boîte de conserves... 

    Un peu plus loin, rue d'Isly, toutes les façades des agences bancaires étaient, de haut en bas, maculées de peinture, voire constellées d'impacts, et les distributeurs de billets disparaissaient sous une épaisse couche de couleurs criardes et de farine (ou d'une matière y ressemblant) ; par terre, des bouteilles brisées, des coquilles d’œufs, et toujours de la peinture, à peine sèche... Une odeur légèrement âcre flottait dans l'air, qui rappelait les gaz lacrymogènes abondamment déversés sur les manifestants, casseurs et passants, nombre de ces derniers n'ayant parfois aucun rapport avec le défilé des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes tout comme, d'ailleurs, les activistes tagueurs qui avaient  inscrit « Zad partout ! » et de multiples slogans dont la plupart n'avaient rien à voir avec l'objet de la manifestation... 

    L'une de mes premières réactions fût de penser que tout cela risquait bien de déconsidérer la légitime contestation d'un projet d'aéroport inutile et que l'humour de certains slogans n'empêchaient pas la bêtise de certains autres... Intérieurement, je pensais que ces dégradations allaient servir de prétexte au Pouvoir pour dénoncer, avec une parfaite hypocrisie, l'opposition à ce projet industriel au cœur du bocage nantais, et j'en voulais (et j'en veux toujours) aux extrémistes de gauche et revendiqués anarchistes de leur absence de clairvoyance, voire pire ! « Les chiens de garde du Capital », diraient certains... En tout cas, des agitateurs qui jouent la carte du pire comme pour être bien sûrs qu'il se réalise ! Sans négliger la part de manipulation... 

    La plupart des témoins et des riverains avec lesquels j'ai discutés alors que je poursuivais mon chemin vers le centre-ville m'ont confirmé cette étrange impression d'abandon du terrain par les forces dites de l'ordre : si l'hôtel de ville était bien protégé, voire surprotégé, par des dizaines de gardes vêtus et casqués de bleu, ce n'était pas le cas des rues que devait prendre le carnaval des manifestants et que des encagoulés ont consciencieusement saccagées, par le bris ou par la peinture, transformant la forme mais surtout le sens de la manifestation... 

    Un serveur de café, non loin de la place de la République, m'a expliqué son incompréhension devant les désordres et devant la réaction lacrymogéneuse des forces de l'ordre qui, au lieu de calmer les émeutiers, les excitait et leur permettait, au milieu de la panique des passants du samedi, de commettre leurs méfaits. Quelques uns provoquaient et harcelaient les policiers et gendarmes, mais tout le monde subissait les lacrymogènes, sans autre profit que celui des casseurs, bien sûr équipés pour en éviter les effets. Le café de La Paix dut fermer ses portes quelques minutes devant la situation devenue dangereuse pour ses clients et pour éviter l'intrusion de manifestants cagoulés mêlés aux familles qui se promenaient paisiblement et se retrouvaient pris dans les effluves de lacrymogènes...  

    Qui est responsable de ce gâchis ? Bien sûr, il y a les casseurs qui se parent d'une cause pour masquer leur nihilisme et, souvent, leur bêtise, même si, il faut le dire aussi pour être complet et honnête, certains ont peinturluré les façades des agences immobilières et bancaires avec l'idée que cela était l'acte contestataire d'un ordre injuste à leurs yeux : après tout, je me souviens que le philosophe maurrassien Pierre Boutang fulminait aussi contre « cette société qui n'a que des banques comme cathédrales » et qui déclarait, avec une exagération toute bernanosienne, qu'il « n'y avait rien à en conserver »... En disant cela, je ne trouve, en revanche, aucune excuse à ceux qui s'en sont pris aux murs des Halles, à ceux de la Poste et des particuliers, dans un geste purement destructeur et d'une grande laideur, pas seulement sur le plan esthétique ! Aucune excuse non plus pour ceux qui menaçaient des manifestants pacifiques ou des commerçants inquiets en brandissant des manches qui avaient servi, les minutes précédentes, à porter des banderoles ! 

    En approchant de la Mairie, puis en redescendant les rues qui menaient de celle-ci aux quais ou au boulevard de la Liberté, j'ai recueilli moult témoignages, et discuté avec nombre de personnes, y compris quelques jeunes déguisés et qui se désolaient de la tournure que les choses avaient prises, s'accrochant désespérément à la seule revendication pour laquelle ils étaient venus, celle de  l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et qui est aussi la mienne... Je les ai suivis dans leur dérisoire et touchante pérégrination, pour le coup totalement inoffensive, interrompue, rue d'Orléans, par l'intervention coléreuse de quelques policiers en civil, matraque télescopique en main, sans que celle-ci n'aille, d'ailleurs, au-delà de mots et de quelques gestes menaçants. Autour de moi, la foule était interloquée : certains murmuraient que la police se trompait de coupables, d'autres se demandaient, à voix basse au plus fort de la tension, pourquoi l'intervention policière n'avait pas eu lieu plus tôt et, surtout, à l'encontre des casseurs ; d'autres encore, moins compréhensifs à l'égard des jeunes chevelus, haussaient les épaules en dénonçant, là encore sans grand éclat, les manifestants assimilés à de simples voyous sans foi ni loi... 

    J'ai parlé des responsabilités des casseurs, mais il y a celles, aussi, des « autorités » qui portent, parfois, si mal leur nom... Les questions que, dans les discussions, se posaient de nombreux témoins et passants, mais aussi des commerçants qui avaient senti venir, pour certains, les incidents, portaient sur l'étrange passivité des forces de police au moment où il aurait fallu intervenir et interpeller, non quelques isolés, mais les casseurs que des riverains et des commerçants (en particulier rue Jules Simon, près des Halles de Rennes) ont pu voir se livrer à leurs déprédations en toute impunité. La maladresse des propos du préfet, quelques heures après, qui mettaient tous les manifestants dans le même sac, a fait tiquer quelques témoins et, évidemment, les manifestants pacifiques parmi lesquels je compte aussi des amis dont je connais à la fois l'engagement et la probité : « Les carnavaliers ont montré leur vrai visage, celui de casseurs »... Non pas « des », mais « les » ! Ce genre d'amalgame est révélateur : il s'agit ainsi de culpabiliser et de criminaliser la contestation d'un projet qui aurait mérité, dès ses origines, un véritable débat, autant économique qu'environnemental, et non une « imposition » administrative, politique et étatique. Il s'agit de décrédibiliser et, plus encore, de faire taire toute velléité de protestation, toute manifestation d'un « avis contraire » à ce qui a été décidé, en des lieux qui ne sont pas forcément seulement politiques... Quelle étrange conception de la liberté d'opinion et d'expression ! 

    Sans doute peut-on deviner les raisons de cette attitude du préfet (quel rôle, aussi, du maire de la ville, Mme Appéré ?), au moment où M. Valls affirme vouloir passer en force et commencer les travaux après l'expulsion, que l'on dit imminente, des derniers paysans présents sur la zone ainsi que de leurs alliés « zadistes », parfois considérés comme bien encombrants, à tort ou à raison (ou les deux à la fois). Il s'agit de montrer la fermeté de la République quand elle ne peut plus, en fait, répondre aux défis du temps et qu'elle se laisse déborder sur tant de fronts... Cet ordre-là n'est pas l'ordre au sens fort et noble du terme, il n'en est que la caricature sinistre et inquiétante pour qui aime notre pays et ses libertés, notre civilisation et ses particularités, notre patrimoine et ses richesses, autant environnementales que littéraires, gastronomiques, historiques... « L'ordre n'est plus dans l'ordre », pourrait-on dire comme les non-conformistes des années 1930, ceux-là mêmes qui ne se contentaient pas, qui ne voulaient plus de ce qu'ils nommaient aussi le « désordre établi », qui est celui, encore et toujours, de notre triste époque... 

    C'était un samedi 6 février, et, étrangement, il flottait dans l'air un drôle de souffle, un rien de souffre... Sur la table du café de La Paix, il y a encore un exemplaire de Marianne qui titre sur un autre 6 février, celui de 1934... Oui, vraiment, drôle de 6 février, à Rennes... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Éric Zemmour : « La guerre de Syrie est bel et bien notre guerre d’Espagne »

     1936 - 1939 La guerre d'Espagne

     

    Dans sa dernière chronique sur RTL [9.02], Éric Zemmour établit  une comparaison en effet parlante - un parallèle de fait saisissant - entre la guerre de Syrie et la guerre d’Espagne dont on commémorera le 18 juillet 2016 le 80ème anniversaire. Le « soulèvement national » qui marqua son déclenchement est du 18 juillet 1936, la victoire franquiste du 1er septembre 1939 et le début de la 2ème guerre mondiale du 1er septembre de la même année.

    frontiere_syro_turque2.jpgCertes, les rapprochements n'ont pas valeur absolue car rien ne se répète à l'identique en Histoire. Ils ne sont pas non plus à ignorer car rien n'y est radicalement nouveau. A l'esprit d'analyse et de finesse, au devoir de réalisme et d'observation de faire leur travail ... Le moins que l'on puisse dire c'est que la diplomatie française a singulièrement manqué de ces qualités élémentaires ces dernières années. •  LFAR 

     

     

    Le résumé de RTL 

    L'offensive de l’armée syrienne appuyée par l’aviation russe porte ses fruits. Pour le journaliste, c'est un tournant dans la guerre.

    "C’est une nouvelle et terrible leçon pour les donneurs de leçons. Une claque sur la joue déjà rougie des droits-de-l'hommistes, pacifistes, utopistes. Un camouflet de plus pour les rois nus des conférences internationales, des hôtes à vie du Lac Léman, des seigneurs vains du quai d’Orsay et de l’ONU", déclame Éric Zemmour, qui cible "les anti-Poutine, les anti-Assad, tous les BHL sur papier glacé et grand écran, qui ont rêvé de transformer la Syrie en une seconde Libye".

    "Des bombardements, des destructions, des massacres, des enfants qui meurent, des civils qui fuient : partout, cela s’appelle la guerre", poursuit-il. "La guerre civile qui devient guerre régionale, et la guerre régionale qui devient guerre internationale, selon le schéma de la guerre d’Espagne pendant les années 30", décrypte-t-il. "Car cette guerre de Syrie est bel et bien notre guerre d’Espagne", analyse Éric Zemmour. "C'est toute la région qui est à redessiner", assure-t-il. "Cela mériterait sans aucun doute une belle conférence internationale. A Genève, bien sûr. Le lac Léman est beau en toutes saisons", conclut Zemmour. 

  • Le Comte de Paris : « Honneur et Fidélité est notre devise »

     

    Le chef de la Maison de France, Monseigneur le comte de Paris, vient de condamner publiquement via son compte twitter, l’arrestation par la police française du général Piquemal à Calais.

    Le compte Twitter du Comte de Paris

  • Le réel a lieu

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret 

     

    Entre ce qu’il est convenu d’appeler les « élites » et la population, il n’y a plus seulement un fossé. Il y a désormais un gouffre. Un abîme. Selon un sondage publié le mois dernier, seul un Français sur dix a confiance dans les partis politiques. Un Français sur quatre dans les médias. Ce décalage déjà ancien entre le « pays légal » et le « pays réel » va en s’accentuant et s’observe dorénavant un peu partout en Europe.

    Exemple. Désignée personnalité de l’année par Time Magazine pour sa décision d’accueillir 800 000 migrants, Angela Merkel a finalement reconnu que « le multiculturalisme conduit à des sociétés parallèles et qu’il demeure, par conséquent, une grande illusion »… Constat en forme d’aveu qui sous-estime cependant l’échec de la politique migratoire imposée conjointement par la chancelière allemande et la Commission européenne, avec l’approbation zélée de François Hollande. Car, dans la nuit du 31 décembre, à Cologne, le réel a bien eu lieu pour paraphraser le titre d’un livre de Michel Onfray. Des milliers d’hommes, demandeurs d’asile pour la plupart, ont violenté ou violé des centaines de femmes, parfois sous les yeux de forces de l’ordre débordées ou étrangement atones. Les autorités allemandes – police, médias, élus – ont d’abord cru avisé de dissimuler l’ampleur de ces agressions. Mal leur en a pris. Les réseaux sociaux se sont emparés de l’information : on apprenait alors que des faits similaires avaient été constatés, et pareillement censurés, dans plusieurs autres villes d’Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Finlande. En Suède, le Premier ministre a même accusé sa police de « déni de démocratie » pour avoir caché l’explosion du nombre de viols dans son pays. Mais à Stockholm comme à Cologne, la police a fait ce qu’on lui demandait : elle a fermé les yeux, elle n’a pas voulu voir.

    Cette irruption du réel ébranle en effet toutes les certitudes établies. Elle bat en brèche les lieux communs de cet antiracisme « en train de devenir fou », pour parler comme Alain Finkielkraut, qui consiste à culpabiliser le « Même » pour faire de « l’Autre » une victime. Et elle donne à voir froidement le résultat concret d’une politique multiculturaliste – essentiellement motivée par des questions économiques et démographiques – imposée au forceps. D’où cette incroyable rétention d’information. D’où, également, ces invraisemblables précautions sémantiques. Une fois l’affaire rendue publique, le maire de Cologne a recommandé à ses administrées de garder « une distance plus longue que le bras tendu » avec les nouveaux arrivants. Le tout, bien sûr, pour ne « stigmatiser » personne. Comme si nous, pauvres citoyens, étions incapables de saisir les nuances et d’établir les distinctions nécessaires.

    Ainsi vont, en Allemagne comme en France, les élites politiques, médiatiques, intellectuelles. Pour les citoyens, le danger principal est le terrorisme islamiste. Pour elles, c’est le fascisme, l’extrême droite. Les uns sont d’abord préoccupés par leur sécurité. Les autres le sont avant tout par les droits de l’homme. Les peuples expriment de plus en plus un désir de patriotisme. Les élites ne jurent que par l’Europe et la mondialisation. Un sondage CEVIPOF de février 2015 soulignait que pour 87% des Français les politiques ne tiennent pas compte de leurs préoccupations… Il n’y a pas à chercher plus loin l’explication à la forme explosive des mouvements populistes en Europe.

    En France, Nicolas Sarkozy vient d’annoncer qu’il ne reviendrait pas sur la Loi Taubira après avoir promis qu’il l’abrogerait s’il était élu. On s’en doutait. Mais on en reste pas moins effaré par cette capacité de nos dirigeants à trahir toutes leurs promesses. Et à creuser toujours un peu plus la tombe du politique. •

    Rédacteur en chef de Politique magazine

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    Février 2016

  • Rencontre pape-patriarche à Cuba : le mur de Dioclétien va tomber

     

    C'est un événement, d'un point de vue historique et géopolitique, d'une importance majeure qu'évoque ici Jean-Baptiste Noé. Et l'analyse qu'il en donne nous semble d'un grand intérêt. D'un point de vue religieux, tout autant. Mais ce n'est pas celui où nous nous plaçons ici. Vendredi prochain, le pape François et le patriarche orthodoxe Kirill se rencontreront à La Havane et les implications géopolitiques de leur rencontre, telles qu'on peut les envisager, sont analysées ici remarquablement, nous semble-t-il, par Jean-Baptiste Noé [Figaro du 05.02.2016]. Nous en conseillons une lecture attentive.  LFAR  

     

    À Cuba, le mur de Dioclétien va tomber

    Les rues de Rome étaient parcourues par la rumeur depuis quelques jours : on espérait une rencontre entre François et Kirill lors du voyage du pape au Mexique. Moscou avait démenti, mais personne ne croyait vraiment cette dénégation. Quand la salle de presse du Saint-Siège convoqua pour 12h les journalistes pour communiquer une nouvelle importante, on comprit que Moscou pouvait passer par Rome. La rencontre qui se tiendra le 12 février prochain à La Havane est un entrechoque de l'histoire et de la géopolitique ; un événement historique majeur.

    Catholiques et orthodoxes : les Latins et les Grecs

    La fracture qui sépare les catholiques et les orthodoxes est d'abord culturelle et politique. La foi y a été conviée pour donner une justification théologique qui désormais n'a plus lieu d'être. La question du filioque est réglée, et les fidèles catholiques peuvent communier lors des messes orthodoxes, sous certaines conditions. La rupture entre Rome et Constantinople est d'abord d'ordre géopolitique. C'est la fracture entre la partie grecque et la partie latine du même Empire romain. C'est la fracture entre deux capitales, Rome et Byzance, qui ont lutté pendant des siècles pour affirmer leur primauté. C'est l'empereur Dioclétien qui, en créant la Tétrarchie, a officialisé la rupture politique et administrative de l'Empire entre l'Occident et l'Orient. Quand le christianisme se développe, il hérite d'une situation complexe où les Grecs méprisent les Latins, qui souffrent d'un complexe d'infériorité par rapport à leurs frères aînés dans la culture. Tous les conciles œcuméniques du premier millénaire se tiennent en Orient. La théologie chrétienne s'approfondit à Nicée, Antioche, Alexandrie, Constantinople. Saint Jérôme vient à Jérusalem pour traduire la Bible en latin, et saint Augustin regrette de ne pas parler le grec.

    En Occident, l'Empire disparaît et les structures se dissolvent. En Orient, l'Empire romain demeure. L'empereur qui siège à Constantinople est l'héritier des César. Charlemagne et les empereurs allemands jalousent celui qui porte la véritable pourpre.

    Au tournant de l'an mil la rupture est consommée, mais celle-ci était vivace depuis plusieurs siècles. Avec la chute de Constantinople en 1453 c'est Moscou qui reprend l'héritage de l'orthodoxie ; c'est elle la troisième Rome.

    Prémisses d'une réconciliation

    Il faut lire Taras Boulba de Gogol pour prendre la mesure du degré de haine qui a pu exister entre catholiques et orthodoxes, surtout en terres orientales où la foi recouvre les disparités ethniques. Polonais et Russes, Croates et Serbes ont longtemps été en conflit, revivant la fracture des Latins et des Grecs, actualisant le traumatisme du sac de Constantinople par les Vénitiens en 1204.

    C'est Léon XIII (1878-1903) qui comprend l'intérêt du rapprochement de Rome et de Moscou. Il opère une modernisation de la vision géopolitique du Saint-Siège. Le premier, il comprend que dans ce siècle de positivisme et de haine de la foi ,la fracture n'est plus entre Grecs et Latins, mais entre ceux qui se rattachent à Dieu et ceux qui dénient son existence. Nous sommes là au cœur des enjeux de la modernité actuelle. Entre Rome et Saint-Pétersbourg, les relations se réchauffent, le tsar invite même le pape à participer à des conférences internationales, ce que refuse l'Italie. La révolution bolchévique empêche le rapprochement, et l'espoir renaît en 1991.

    Benoît XVI a beaucoup fait pour la réunification des deux poumons de l'Église. Il a rencontré plusieurs fois Kirill avant que celui-ci ne devienne patriarche de Moscou si bien que, lors de la messe d'installation de François comme Pape, son bras droit était présent à Rome. C'était déjà une première. Le mur virtuel de Dioclétien séparant l'Empire entre Orient et Occident est en train de s'effriter.

    Cuba, épicentre de la géopolitique du Saint-Siège

    Que cette rencontre ait lieu à Cuba ne manque pas de surprendre. Il fallait un lieu neutre, le pape s'y arrêtera en allant au Mexique, et Kirill y sera présent pour une visite dans l'île. On peut supposer que la concordance des voyages n'est pas le fruit du hasard.

    Cuba, le lieu de l'affrontement terrible ente Kennedy et Khrouchtchev où le monde a failli basculer dans la guerre nucléaire. Cuba où a eu lieu une des révolutions communistes les plus sanglantes. Cuba, où la diplomatie pontificale s'est actionnée durant tout le siècle : Jean XXIII pour réconcilier États-Unis et URSS, Jean-Paul II pour une première visite historique, Benoît XVI pour asseoir la réconciliation, et François pour faire lever l'embargo. À La Havane en 2016, l'événement sera aussi important qu'à Berlin en 1989. Raul Castro, père et acteur d'une des révolutions communistes les plus sanglantes du XXe siècle, est aujourd'hui l'acteur de la plus grande révolution œcuménique de l'histoire. Voilà ce dictateur sanguinaire repenti qui scelle la rencontre de l'Orient et de l'Occident séparés depuis 1 000 ans. Quel retournement de l'histoire ! La terre du communisme athée, l'espérance des générations de mai 68 qui ont vu dans le Che et dans Castro leur salut, qui retourne à la foi et qui accueille les vicaires du Christ. Au moment de la crise des missiles, quel fou aurait pu espérer cela?

    L'Orient en sort changé

    La rencontre des Tropiques va changer le visage de l'Orient. Alors que l'Europe occidentale se coupe de la Russie et refuse de voir en Poutine un allié, la réconciliation de Moscou et de Rome va contraindre les chancelleries à revoir leur stratégie diplomatique, si elles ont une vision réaliste des relations internationales. Fin juin se tiendra en Crète un concile de toutes les églises orthodoxes. C'est la première fois que ce type de concile aura lieu. Seront notamment présents les patriarches de Moscou et de Constantinople. La question romaine sera un des sujets centraux de cette rencontre. La chute du mur du schisme à Cuba va faire circuler les grands vents de l'Orient. 

    Jean-Baptiste Noé

    Jean-Baptiste Noé est historien, auteur de Géopolitique du Vatican, PUF, 2015.

  • Ce soir 9 février à Grenoble : Pierre de Meuse invité de l'Alliance royale du Dauphiné

    Symbole de la royauté française par excellence, le collier de l’Ordre du Saint-Esprit 


    4172691570.jpgCe mardi 9 février, 

    Pierre de Meuse,

    collaborateur de la Nouvelle Revue d'Histoire

    sera l'invité du Cercle Dauphinois de Documentation et de Communication Culturelle,  Alliance Royale du Dauphiné, pour une conférence sur 

    « LA LEGITIMITE DYNASTIQUE EN FRANCE »

    A 20h15, Salle paroissiale de l’église Arménienne St Augustin, 1 rue Dupleix, Grenoble.

  • Ce soir, à Paris • Conférence de Jacques Trémolet de Villers : le procès de Jeanne d’Arc

     

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence le 9 février 2016

    Jeanne d’Arc révélée par son procès

    par Jacques Trémolet de Villers,
    avocat à la cour, auteur de Jeanne d’Arc, le procès de Rouen

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements :  Politique magazine, 1, rue de Courcelles, 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22

     

    Jeanne d’Arc, Le procès de Rouen … par Les Belles Lettres

     

  • Huit mille deux cent cinquante

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Ils seraient donc 8250, d’après Le Figaro, lequel fait état d’un « bilan officiel » : 8250 « radicalisés ». Soit une hausse de 100% en moins d’un an. On appréciera, sachant que « radicalisé » signifie musulman fortement suspecté et de repli identitaire (donc d’un retour à l'essence même de l’islam) et d’hostilité profonde à la France (par principe et sous toutes ses formes) et, comme conséquence logique, d’apologie du terrorisme (donc d’actions meurtrières pour combattre « les mécréants »). Evidemment, les bonnes consciences, en l’occurrence celles du Monde, ont immédiatement cherché à minimiser l’information en recourant à des sophismes peu convaincants : il ne faudrait pas confondre « signalements » avec « radicalisations » et la hausse de 2015 serait simplement tributaire du contexte des attentats. En fait, ce nombre reste certainement inférieur à la réalité : ainsi, à titre d’exemple, le jeune agresseur turc de Marseille n’avait fait l’objet d’aucun signalement préalable.  

    Existe donc sur notre territoire un nombre considérable d’ « individus » dangereux - susceptibles de commettre une agression à la machette, de se faire exploser sur un marché ou d’ouvrir le feu sur n’importe quelle foule. Pis : existe aussi une nébuleuse de recruteurs islamistes qui a des ramifications dans les prisons, dans les écoles, dans les clubs et salles de sport, dans les mosquées, etc., puisque, dans 95% des cas, la « radicalisation » résulte d’un contact humain, direct, avec un propagandiste. La préméditation et l’organisation sont donc avérées et le « loup solitaire », concept tellement commode pour tous ceux qui crient volontiers à l’amalgame et à l’islamophobie reste une exception. 

    Cette nouvelle armée secrète séduit par ailleurs des gens qui ne sont pas forcément des paumés en rupture de ban. Un récent dossier de L’Obs sur le sujet, commenté dans le « 7-9 » de France Inter, souligne - enfin - les limites de l’explication simpliste par le fanatisme ou le nihilisme : la plupart des aspirants-jihadistes ont, au sens propre, la foi; la foi de ceux pour qui la mort n’est pas un échec mais, dans certaines conditions, une victoire qui leur ouvre les portes du paradis. Cette foi transmise ou fantasmée (celle des convertis, notamment) correspond à un besoin de transcendance que ne sauraient assouvir les misérables « valeurs », purement matérialistes et individualistes, de la société contemporaine. Ce qui signifie en clair que la responsabilité de notre société existe mais pas forcément là où on la cherche. 

    Dès lors, qu’importent les pourcentages (les statistiques chiffrent les mineurs à 20% et les femmes à 30%; les convertis seraient 25%) ? Chaque radicalisé(e) est un soldat ennemi potentiel. Or, on semble plutôt se satisfaire d’avoir créé cette nouvelle catégorie (« citoyenne » ?), les « radicalisés », que lon considère comme des victimes, voire des malades à soigner, alors qu’il faudrait, sans les mépriser pour autant, les empêcher de nuire, eux et leurs recruteurs, en ne s’interdisant aucun moyen (…). Sinon, proclamer que nous sommes en guerre et déployer la troupe au coin des rues n’est plus qu’une opération de communication. 

     

  • Aix-en-Provence : Louis Martinez, un grand universitaire et un ami, nous a quittés

     

    Le professeur Louis Martinez est mort, à Aix-en-Provence, samedi matin 6 février et nous serons nombreux, non seulement à Aix, à Marseille et dans le Midi mais aussi, sans-doute, dans la communauté universitaire dont il était un membre éminent, et dans celle des Français d'Algérie à laquelle, né à Oran, il appartenait, à porter son deuil.

    Le Café actualités d'Aix-en-Provence où il intervenait, auquel il participait régulièrement, nous a transmis quelques lignes d'hommage de Catherine Rouvier qui méritent d'être citées : « ... Louis Martinez est mort ce matin. C'est un homme à la fois immensément érudit et très bon qui nous quitte. Il a de plus toujours combattu : pour libérer la Pologne des 1984 et sans relâche depuis, contre les idéologies matérialistes athées. [...] Que ceux qui peuvent se libérer viennent lui manifester leur gratitude pour cette courageuse défense de la liberté de penser et de croire dans un monde ou être politiquement incorrect est pire qu'être un assassin. Traducteur de Soljenitsyne, il savait ce qu'est une chape de plomb idéologique et lutta  contre, partout où il pouvait. Mais sa grande bienveillance naturelle et son immense érudition lui évitèrent toujours tout sectarisme et tout jugement hâtif ou injuste. Il nous manque déjà

    Quant à nous, nous le revoyons dans les repas-conférences du 21 janvier, à Marseille, auxquels il venait, au Café actualités d'Aix-en-Provence, et, plus récemment, à Marseille, pour une réunion-débat sur la crise ukrainienne où il avait brillamment débattu avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, défendant un point de vue qui n'était pas en tous points le nôtre, mais nous apprenant, du même coup, de nombreuses et précieuses choses sur la Russie et le monde slave. Il était, par surcroit, un merveilleux et chaleureux pédagogue. On ne se lassait pas de l'interroger. Inutile d'ajouter qu'il était un ami de l'Action française, de la Fédération Royaliste Provençale en particulier. Et c'est à l'honneur de l'Action française que d'avoir toujours suscité des amitiés d'une telle qualité.

    Nous exprimons à Madame Jacqueline Martinez, toujours très présente elle aussi, toutes nos condoléances, notre soutien dans cette douloureuse épreuve, et notre attachement fidèle au souvenir de Louis Martinez. Lafautearousseau 

     

    * Les obsèques de Louis Martinez auront lieu vendredi 12 février à midi en l'église Saint-Jean-de-Malte à Aix.

    ** Nous mettrons en ligne dans quelques jours la vidéo où Louis Martinez débat assez longuement avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme et ses amis pourront ainsi le retrouver plein de vie, d'intelligence et de cette sorte de charme qu'il avait éminemment dans tout échange. Ce sera notre façon de lui rendre hommage, selon nos moyens.

  • Les lundis de Louis-Joseph Delanglade

     

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    Les Lundis de Louis-Joseph Delanglade ce sont des réflexions - hebdomadaires (hors vacances) - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.

    C'est pourquoi ces chroniques sont regroupées depuis leur origine (20.11.2012) et toutes consultables dans une annexe de Lafautearousseau :  

    Les lundis de Louis-Joseph Delanglade

    Elles forment aujourd'hui une somme de plus de 120 articles traitant de différentes sortes de sujets, d'importance nationale ou internationale.   

    Vous pouvez donc consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite)

  • Algérie : une police politique omniprésente…

    Constantine en Algérie 

    Par Péroncel-Hugoz 

    Sur la lancée algérienne de sa précédente chronique, Peroncel-Hugoz passe cette semaine de la culture à la politique, et donne son coup de dent à ce qui est, selon lui, depuis ses débuts, l’un des travers majeurs du régime d’Alger : l’espionnite … Vétéran des grands-reporters du « Monde », Péroncel-Hugoz a travaillé dans plusieurs pays arabes avec une longue halte en Algérie où il eut sérieusement maille à partir plusieurs fois avec les autorités. Il poursuit une série de chroniques consacrées à ses « années algériennes ». Elles nous diront aussi quelque chose de l'Algérie d'aujourd'hui.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgParmi mes manies figure l’ordre, y compris quand je ne suis que de passage dans une chambre d’hôtel. « L’air de rien, l’ordre et la méthode ont fait la force de la Vieille Europe », devait me dire un jour le président-poète sénégalais Léopold Senghor, sans doute pour me décomplexer.

    En tout cas à mon niveau, ce trait m’a toujours simplifié la vie, notamment dans mon métier de journaliste. 

    Tout ça afin de vous dire qu’au fil de ma tournée pour le premier recensement industriel de l’Algérie indépendante avec une dizaine de jeunes enquêteurs algériens, en 1965-1966, je me rendis compte à plusieurs reprises d’un désordre inexpliqué parmi mes affaires, notamment dans un hôtel de Constantine ou, deux jours de suite, après une absence de plusieurs heures, je trouvai mes affaires déplacées voire mélangées, notamment mes livres et papiers. Je me rassurai un moment en pensant que ça devait être dû au tout jeune garçon d’étage assez rustaud, affecté au service. 

    Le bruit circulait alors en Algérie que les autorités surveillaient de près des allogènes venus dans l’intention de convertir des indigènes au christianisme, mais il s’agissait de missionnaires évangéliques états-uniens et je n’ai rien, vraiment rien de commun avec ces gens-là… En outre, à l’époque, on m’aurait plutôt soupçonné d’être passé à l’islam car pour tester la résistance du corps humain au jeûne de Ramadan, durant lequel on se trouvait, je m’étais mis à jeûner … J’ai déjà raconté cette expérience personnelle sur ce blog le 11 juillet 2014. 

    Nouveau en Algérie, connaissant encore mal les pratiques policières du pouvoir local, je me rendis naturellement et chez le consul de France dans le chef-lieu de l’Est algérien et chez Mgr Pinier, alors évêque de Constantine et d’Hippone pour les informer et leur demander conseil. Tout deux, séparément, bondirent sur leur fauteuil : « Mais que vous êtes naïf, M. Péroncel-Hugoz, tout étranger est suspect aux yeux de ce régime soupçonneux et pratiquement tout visiteur se voit mis au moins un temps sous surveillance et ses bagages ont droit à une ou plusieurs fouilles quant il s’absente de sa chambre … Chacun sait cela ici ». Je me  le tins pour dit. 

    Comme je n’avais aucunement l’intention de renverser le gouvernement algérien et que j’estimais n’avoir rien à me reprocher vis-à-vis du pays, je continuai mes activités sans plus me soucier de fouilles ou filatures, abandonnant ces messieurs à leurs soupçonnite et espionnite maladives … J’avais mon enquête nationale à conduire de Tizi-Ouzou à Tamanrasset, de La Calle à Zouj-Beghal. J’avais aussi à terminer un mémoire pour l’Université de Genève sur « la politique du Royaume arabe de Napoléon III en Algérie », mémoire pour lequel j’avais bénéficié d’une bourse de la Confédération suisse. 

    Les bonnes manières de Si Mahmoud Bouayed, directeur de la Bibliothèque nationale d’Alger, me firent vite oublier les tripotages de la terrible « SM » dans mon innocente valise. Cela dit, j’avais compris la vraie nature de la « République algérienne démocratique et populaire », résumée en ces deux initiales, « SM », qui ne furent bientôt plus prononcées qu’à voix basse par l’Algérien moyen ; SM = Sécurité militaire, alors principal instrument de surveillance de la population, allogènes compris, par le régime opaque vers lequel avait bifurqué la jeune Algérie, à son corps défendant, par la faute de quelques « flics » algériens formés à la soviétique en Allemagne de l’Est ou en Tchécoslovaquie et qui, par leurs manœuvres sans scrupules, avaient vite mis la main sur le noyau décideur du gouvernement d’Alger. Et cela, autant que je sache, dure encore en 2016.

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 05.02.2016

  • Nicolas Sarkozy, Christiane Taubira, Alain Juppé, Jean-François Copé : j'écris, donc je suis...

     

    De nombreux ouvrages signés d'hommes politiques paraissent dans les librairies ces derniers mois. Pour André Bercoff, les dirigeants cherchent ainsi à échapper aux flux incessants de l'info en continu et des réseaux sociaux. D'où, dans Figarovox, une salutaire et revigorante humeur, dans le style que l'on sait ... D'autant qu'il n'est ni inutile ni désagréable de voir ainsi relativisés, ou mieux dévalorisés, ces Messieurs de la politique et de la presse qui ne méritent pas meilleur traitement.  LFAR

     

    photo.jpgJ'écris, donc je suis. Jamais autant qu'aujourd'hui, les politiques n'avaient si minutieusement détourné le postulat cartésien. Certes, le pacte séculaire qui lie les Français à l'imprimé, faisait depuis longtemps en sorte que tout représentant du peuple qui se respecte, publiât, un jour ou l'autre, un essai polémique, une vibrante profession de foi, un programme pour Pâques ou la Trinité, et enfin - exercice incontournable - ses Mémoires à l'automne de sa vie. La plupart des ouvrages précités se vendaient peu ou point, mais qu'importait le tirage, pourvu qu'on ait son quart d'heure de célébrité : l'ivresse des micros et des caméras pour commenter, s'étendre et se répandre sur l'immortel produit de ses précieux neurones. A chaque parution, le récipiendaire expliquait pourquoi il faisait don de son cerveau à la France : il était en effet indispensable, pour sauver ce cher et doux pays, que les citoyens connaissent les fulgurantes analyses, les étonnantes prédictions ou les non moins sulfureuses révélations qu'un politique digne de ce nom se doit de mettre à la connaissance de tous. Les grenouilles ont toujours voulu se faire aussi grosses qu'un bœuf : le passage en librairie donnait l'illusion, le temps d'une saison, de passer pour un homme d'État. Rien de nouveau sous le soleil de l'édition.

    Aujourd'hui, cependant, force est de reconnaître, dans ce domaine comme dans tant d'autres, l'accélération de l'Histoire, fille des nouvelles technologies et des récentes crises économiques et identitaires. Et surtout, de celle du pouvoir. Depuis la rentrée de septembre dernier, il n'est de semaine sans qu'un élu ne fasse paraître l'état présent de son encéphale sous forme de quelques dizaines, voire quelques centaines de pages. De Villiers à Fillon, de Copé à Taubira, de Juppé à Sarkozy, de Le Maire à Valls, tous sont passés, passent ou passeront par la case écriture. Qu'ils fassent appel à des « nègres» , ou pondent eux-mêmes leur œuf, nul, désormais, ne peut échapper aux fourches caudines de ce vice impuni. Levez-vous, ô lecteur désiré… Et peu importe si certaines publications ne se vendent qu'à quelques centaines d'exemplaires : la petite pierre blanche sera toujours là, sur Amazon ou dans les lignes de Wikipédia.

    Paradoxe ? Non : instinct de survie. À l'heure où le public se méfie de plus en plus des médias comme de leurs représentants, des politiques comme de leurs promesses, les réseaux sociaux passent leur temps à contredire, à démentir ou à contester une parole qui, jadis, au bon vieux temps, passait par le tamis d'une presse omniprésente et encore puissante, et qui a perdu peu à peu sa légitimité et sa force. Quand gauche et droite ne savent plus où elles habitent, quand la plus récente joute télévisée efface immanquablement la précédente, où peut encore se nicher le dur désir de durer ? Dans le livre. Celui dont on rêve qu'il restera, quand on aura tout oublié. 

    André Bercoff

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.