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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1403

  • Le droit de grâce, ce droit royal...

     

    par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président de la République a la fibre républicaine (ce n’est pas forcément un compliment dans ma bouche), dit-on avec une certaine raison, et la dernière preuve en date (mais non l’ultime) est cette mesure de « remise gracieuse » de la peine de Mme Sauvage, mesure « mi-chèvre mi-chou » qui n’est pas exactement une grâce en tant que telle, et qui, à bien y regarder, dépend encore de la bonne volonté d’une Justice qui en a souvent le nom sans en avoir le sens véritable. 

    Pourquoi cette réticence à user du droit de grâce de la part de M. Hollande ? C’est encore et toujours ce vieux réflexe républicain de dénoncer tout ce qui peut paraître trop royal, ce droit étant un héritage de la Monarchie d’Ancien régime qui faisait que le roi, porteur de la main de justice depuis le sacre de Reims, pouvait ainsi gracier qui lui plaisait de sauver de la pendaison ou de la roue, mais aussi du bannissement ou de la prison. Droit peu démocratique opposé à la décision d’un jury populaire d’assises, considérée, elle, comme éminemment démocratique, avec tous les avantages et travers de la Vox populi : « le peuple a tranché ! », pourrait-on dire au soir du jugement, et l’expérience prouve que celui-ci est souvent moins conciliant que les souverains, en particulier en France, au regard de l’histoire.

    Je ne me prononce pas, ici, sur le bien-fondé ou non de la condamnation de cette femme, et je reste persuadé que le droit de tuer ne peut être attribué aux particuliers, quelles que soient les (bonnes ou mauvaises) raisons de l’acte fatal. Au-delà de la légitime défense (qui n’est pas un droit en tant que tel, mais plutôt un devoir ultime, en des circonstances particulières, heureusement rares), je ne ferai qu’une exception, mais là encore avec beaucoup de précautions, c’est celle d’une résistance à une occupation étrangère ou à une tyrannie avérée (même s’il faut, là aussi, rester prudent sur l’usage de ces notions, trop souvent galvaudées…), et cela tout en insistant sur le fait que tout n’est pas acceptable, même pour les meilleures raisons du monde. Ainsi, je suis plus proche d’un Monsieur de Bonchamps qui, en pleine panique vendéenne, ordonne, contre l’avis de ses hommes affolés devant la violence républicaine, la grâce pour les prisonniers « bleus » que d’un Thiers qui, au moment de la Commune, fait abattre tous les insurgés, souvent eux-mêmes incendiaires de Paris et fusilleurs d’otages, sur la seule présence de quelques poussières sur les mains… Et je n’oublie pas que ce massacre parisien, de par sa violence même, sera le véritable argument des républicains pour assurer ensuite leur République, désormais présentée comme la seule capable de garantir l’ordre, ou plutôt sa sinistre caricature… 

    Oui, le droit de grâce est éminemment royal, ce que l’on traduit par « régalien » en République, comme un hommage du vice à la vertu. Oui, ce n’est pas un acte démocratique mais j’oserai dire qu’il est, pratiqué, un acte profondément salvateur (et pas seulement pour la personne graciée…) pour toute société digne de ce nom car il inscrit la possibilité du pardon (une logique toute catholique, diraient certains) dans l’exercice de l’Etat, contre la seule logique de la légalité, d’une Loi qui, parfois, s’autojustifie en oubliant les particularités des situations humaines. La grâce n’est pas l’oubli en tant que tel, elle est le dépassement du passé et la possibilité de rompre avec une fatalité parfois malheureuse, elle montre la capacité de l’homme-souverain à « en finir avec de vieilles querelles », et le roi Henri IV, qui pourtant avait eu à souffrir des pires insultes et menaces, en usa de la façon la plus royale qui soit envers ses ennemis, rappelant en cela qu’il était bien le roi, celui qui décide, non pour le seul instant présent, mais pour les suivants… 

    Que nos républicains sourcilleux n’aiment guère ce droit de grâce se comprend mieux au regard même des histoires comparées de la Monarchie et de la République, et de leur conception d’un Peuple qui serait « un et indivisible », seule source de la Loi et seul souverain reconnu. Mais que le président n’ose assumer ni la grâce monarchique ni le vote populaire des jurés, dans une sorte de compromis étrange et assez lâche en définitive, montre à l’envi que, décidément, la République n’a plus à sa tête que des marchands de sable et non des hommes d’Etat susceptible de comprendre la nature propre de l’Etat et de sa légitimité indispensable, parfois même au-delà de la seule légalité… 

    Dans cette question de la grâce du Chef de l’Etat (président ou roi, selon les époques), je n’oublie pas les victimes de ceux qui sont (ou peuvent être) graciées, et je sais qu’il est des souffrances qui ne s’apaisent jamais, des questions sans réponse, des doutes affreux… Je ne les néglige pas, et je ne les écarte pas d’un revers de main. Je sais que le droit de grâce du souverain, qui lui aussi est faillible (ne commet-il pas une injustice, si le gracié est coupable ?), peut choquer et que les débats seront encore nombreux sur cette question : mais j’aime aussi à me souvenir de ce qui est rappelé à chaque messe de l’Eglise catholique : « pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »… Si le Chef de l’Etat lui-même ne sait pas pardonner, même la pire des offenses faites à la vie, qui osera le faire ? 

    Dans ses hésitations de dimanche, M. Hollande était bien le symbole d’une République qui rechigne toujours à dépasser ses principes d’une légalité « une et indivisible » et à assumer l’autorité légitime qui n’hésite pas, parfois, à être « au-delà » de la seule démocratie d’opinion : c’est l’éternel conflit entre Créon le légaliste et Antigone, qui se réfère à des lois plus hautes et, somme toute, plus humanistes... Il ne me semble pas inutile de le rappeler. 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Christiane Taubira : rien que des mots, toujours des mots..

     

    L'ancienne ministre de la Justice publie lundi dernier ses Murmures à la jeunesse. Théophane Le Méné y a lu - pour Figarovox - des mots juxtaposés dans un livre creux. Et, nous a-t-il semblé, sa critique fait mouche. Elle est celle d'une société tendant vers le virtuel où « la paille des mots remplace le grain des choses * ». Ce qui est particulièrement le cas du domaine politique.  LFAR 

     

    Mené.pngLorsqu'il faut ajouter de la légende à la légende, on se laisse dire que les œuvres monumentales ont été accouchées dans un sursis que le temps n'a pas même su consigner. Le livre de l'ancienne garde des Sceaux se veut manifestement de cette engeance. Ministre de la Justice puis démissionnaire puis auteur à succès dans la même semaine, il y a quelque chose de christique chez Christine : vouloir reconstruire un sanctuaire en une poignée de jours, en publiant aujourd'hui un texte contre l'extension de la déchéance de nationalité - une mesure pourtant portée par celui qui la fit reine avant qu'elle ne décide de prendre le large.

    Mais lorsque la peur des tourments qui poursuivraient jusque dans la tombe se fait prégnante, sûrement faut-il écrire. Alors on déroule des mots pour répondre aux maux. Prenant soin de ne jamais égratigner un président qui dispose tout de même encore du pouvoir de nomination, notamment au Conseil constitutionnel. Déclinant positivement un inventaire sans en avoir l'air. Refusant toute stigmatisation au bénéfice d'amalgames absolument délirants. Dissertant néanmoins sur la question de la déchéance de nationalité avec une exigence remarquable et des arguments intelligibles. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'on a tout dit sur la réelle efficacité de la mesure dès lors que l'on rappelle que les prétendants terroristes entendent se supprimer une fois leurs méfaits commis.

    C'est précisément là où le bât blesse dans ce petit opuscule de moins de cent pages. C'est qu'il aurait pu en faire dix. C'est que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. C'est que tout ce qui est sage a déjà été dit et qu'il suffit simplement de le dire encore une fois. C'est qu'à multiplier les adjectifs, l'emphase, à convoquer tour à tour Hugo, Descartes, Montaigne, La Boétie, Weil, Camus, Glissant, Huysmans, Schœlcher, Lamartine, Arago, Clovis en même temps que le général Kellermann, le capitaine Dreyfus puis la chanteuse Barbara, Hemingway, Eluard, Frantz Fanon et Mohamed Ali, Guy Môquet et Danny le Rouge, et bien sûr Aimé Césaire, on finit par ne plus très bien comprendre où l'on va. C'est que l'on ne déplore pas l'absence de transcendance dans la République en célébrant la vacuité du « street art, du slam, des cultures urbaines » et de l'homo festivus « mort au champ de fête ». C'est que l'on ne se lamente pas d'une organisation terroriste qui « se moque des frontières, des langues, des cultures, des ancrages, des parentés, des destinées » lorsque précisément on se réclame de la « mondialité ». C'est que l'on ne prospecte pas les contradictions, c'est que l'on ne fait pas rendre gorge au vide lorsque l'on se plaît à s'entretenir avec lui. Même si les événements nous donnent le sentiment que « rien n'aura plus la légèreté d'une nuit câline s'attardant sous l'été indien » ; même si « l'air a l'air déplacé » ; même si on veut nuancer et affirmer: « On a beaucoup répété que nous étions sidérés. Je crois que nous sommes abasourdis ».

    Soyons juste, il faut reconnaître à Christiane Taubira une intelligence, une culture et une verve auxquelles peu de ses pairs ne peuvent prétendre. L'épisode de la Princesse de Clèves, l'évocation de « 1793 » et de « Zadig et Voltaire » en témoignent à jamais. Mais user c'est abuser et la garde des Sceaux ne le sait que trop bien lorsqu'elle prévient, en introduction de ses Murmures à la jeunesse : « Nos mots d'adultes sont de bien pauvres mots. Si binaires, si sommaires. Si pauvres et figés ! Ils crachotent, hésitent, ressassent, radotent et, finalement, ne s'adressent qu'à nous-mêmes. » On songe alors à la scène d'Amadeus dans laquelle Mozart dit à Salieri qu'il y a « trop de notes » sur la partition et l'on murmure à notre tour: « il y a trop de mots ».             

     

  • Périco Légasse : « Ce n'est pas l'agriculture qu'on assassine, c'est la France qu'on poignarde »

     

    Périco Légasse a réagi à la crise de l'agriculture française  dans un entretien donné à Figarovox [21.01.2016]. Pour lui, celle-ci est le résultat d'une dérive productiviste qui met en danger notre identité nationale. Ainsi, on commence à se rendre compte que le problème agricole français n'est pas seulement économique ou financier et ne se réduit pas à une affaire de management. Il est avant tout identitaire et civilisationnel.  Périco Légasse apporte au moins ici sa pierre à un débat de fond qui concerne au sens plein notre nation. Sauver l'identité française, ce n'est pas seulement la préserver des migrants, mais aussi des maladies de la postmodernité.  LFAR

     

    La production de canards et d'oies va être gelée pendant plusieurs semaines afin de stopper la prolifération de la grippe aviaire. Des éleveurs du Sud-Ouest se mobilisent sur Facebook pour obtenir l'abrogation de cette mesure. « Nous prévoyons de gros mouvements dans le Sud-Ouest. Nous n'avons plus rien à perdre, nous nous battrons jusqu'au bout ». Comprenez-vous et partagez-vous leur colère ?

    Bien sûr. Car la mesure va certes bousculer les grosses coopératives céréalières du Sud-Ouest, propriétaires de marques de foie gras industriel, mais elle va éradiquer le petit et le moyen élevage qui n'ont ni trésorerie ni perspective de rattrapage pour compenser un arrêt d'activité aussi long. Les accusations des petits producteurs contres les gros sont terribles, car ils affirment que ces derniers ont en stock des centaines de milliers de foie gras invendus, conservés au froid, et que pour pouvoir les écouler, il leur faudrait la quasi exclusivité du marché durant quelques mois. Après quoi tout repartirait sur les rails. Au passage, pris à la gorge, quelques centaines de concurrents auront mis la clé sous la porte. D'une pierre deux coups. Cela me semble énorme : à vérifier.

    Comment en est-on arrivé là ?

    Par le besoin de surproduire pour surconsommer, instauré par l'obligation de gagner des parts de marché. Puisqu'il faut faire du profit financier, qui est un devoir structurel croissant, créons des besoins nouveaux dont nous satisferons l'assouvissement. Deux produits symboles, classés autrefois dans le luxe, le saumon fumé et le foie gras, sont devenus les outils de masse de cette opération financière. Le système consumériste auquel est désormais soumise notre société considère que ce qui était l'exception doit devenir la règle, et que les produits rares et chers ont tous vocation à devenir courants et pas chers. Nous en sommes arrivés à un point sordide de financiarisation de notre alimentation par la trilogie que forme l'agro-industrie productiviste, la publicité pro-malbouffe, et la grande distribution. Ces gens-là ont décrété qu'il fallait désormais manger du foie gras partout, et toute l'année, en étranglant le producteur pour obtenir des tarifs de masse. Résultat, des millions de boites, sacs et paquets emplis d'infâmes morceaux de chairs industrialisées pullulent à perte de vue du 1er janvier au 31 décembre dans les grandes surfaces. Comment veut-on, à cette échelle-là, que les conditions d'élevage et de production ne soient pas ignobles? Et comment veut-on que ces produits ne soient pas nocifs pour la santé, dans la mesure où leur prix réduit et accessible en décuple la possibilité d'ingurgitation? Surproduire pour gagner toujours plus !

    Ça c'est pour le consumérisme, mais pour les maladies ?

    Inutile de tourner autour du pot. L'apparition de maladies dans les élevages est la conséquence directe du confinement d'animaux en surnombre. En aquaculture, on prévient le drame en saturant les poissons d'antibiotiques. Idem dans les élevages de poulet intensifs. Le palmipède engraissé échappait à la règle, mais la consommation de foie-gras ayant explosé, il a fallu concentrer davantage pour produire davantage, à moindres coûts. Résultat, le terrain devient favorable aux épidémies. Que la France abandonne au plus vite le productivisme mercantile, financiarisé par un système grandement distribué, et nous verrons que bien des problèmes, majeurs et nationaux, se règleront.

    Cette crise n'est-elle qu'un symptôme d'une crise plus profonde de l'agriculture française ?

    C'est une des manifestations de la logique économique que l'on impose aux agriculteurs pour satisfaire, dans des proportions incompatibles avec les grands équilibres planétaires et la biodiversité, les objectifs financiers que se sont fixés les géants de la part de marché finale absolue. Pourtant, cela fait tellement longtemps que des voix autorisées et concordantes, sur ce site en particulier, annoncent la catastrophe. De n'avoir jamais ni entendu, ni écouté, a conduit la France là où elle en est aujourd'hui: une puissance agricole sinistrée. Quel immense gâchis ! Quand on voit les ressources, les potentiels, les énergies, les volontés, les initiatives et les fabuleuses capacités de ce pays en terme de géo et biodiversité, comment a-t-on pu en arriver là ? Comment a-t-on pu, avec une classe politique si lucide, des dirigeants si motivés, des institutions si efficaces, cumuler autant de bévues, de lâchetés et de renoncements, pour que l'agriculture française, qui devrait être le fleuron de notre enrichissement national, en soit rendue à cet état de ruine…? Ce n'est pas seulement l'agriculture qu'on assassine, c'est la France qu'on poignarde dans le dos.

    Si la rumeur des trois suicides d'agriculteurs en Bretagne ce week-end était fausse, il n'en reste pas moins que le taux de suicide dans cette profession est très important (un tous les deux jours environ). Comment l'expliquez-vous ?

    Les agriculteurs qui se suicident sont ceux qui ont suivi et appliqué à la lettre les consignes de la politique agricole européenne, encouragés en ce sens par les directives de Bruxelles, les chambres d'agriculture et les instances syndicales liées aux lobbies, qui leur ont dit : modernisez-vous en empruntant beaucoup pour surproduire toujours davantage, afin d'obtenir le prix de revient le plus bas possible, et vous resterez les plus concurrentiels sur le marché. Et si une offensive vient vous menacer, elle viendra de si loin que l'Union Européenne constituera un rempart. Ce que l'on n'avait pas prévu, c'est que l'offensive viendrait de l'intérieur de l'Europe, avec des outils européens. C'est notre alliée, et partenaire, l'Allemagne qui, après nous avoir bien « aidés » dans le démantèlement de nos fleurons industriels, a créé des usines porcines dont certaines concentrent 40.000 bestiaux (que l'on ne nous parle plus d'agriculture), avec de la main d'œuvre bulgare ou roumaine payée 3€ de l'heure, pour vendre de la viande de porc 30% moins chère que le moins cher de la production bretonne, à la grande distribution française toujours prête à trahir l'économie nationale pour augmenter ses marges… Bien entendu, les dirigeants de Berlin n'imaginaient rien, ne se doutaient en rien des conséquences. Et à Paris, on se moquait autant des usines à cochons allemandes que l'état-major français de 1940 des panzer divizions, puisqu'il et bien connu que les Ardennes sont infranchissables… Aujourd'hui, le porc allemand est en vente dans les grandes surfaces de Bretagne. Je ne savais pas que nos choix économiques étaient encore fixés par le général Gamelin. Quand on fait de la merde, il y a toujours une possibilité que quelqu'un en fasse une encore moins chère. C'est ça la concurrence libre et non faussée de l'Union Européenne ?

    Les agriculteurs français meurent en silence… Avec-eux est-ce tout un patrimoine qui disparaît ?

    L'agriculture française crève, sous nos yeux, depuis longtemps, d'une forme de libre échange qui n'a finalement qu'un seul but, la financiariser pour augmenter les profits des banquiers du lait, du blé et de la viande. Ça fait un peu gauchiste comme explication, mais il n'est pas besoin de beaucoup gratter pour comprendre que c'est bien ce qui se passe. Du Goldmann Sachs agricole, mais avec du porc et du lait à la place des titres pourris. Plus tu en produis, plus ton exploitation ne vaut rien. Cela dure depuis vingt ans et personne n'a cherché à arrêter le processus puisqu'il est la doxa du moment.

    Souvenons nous, il y a seulement 20 ans, chaque fois qu'une exploitation agricole déposait son bilan, c'était le signe que l'Europe se mettait en place et que l'agriculteur nouveau allait enfin remplacer l'ancien, rivé sur ses archaïsmes, incapable de s'adapter. Une sorte de nettoyage agro-économique annonçant un avenir radieux pour les campagnes françaises. Edgar Pisani, ministre de l'Agriculture du Général et auteur de la loi de modernisation agricole de 1964, a reconnu que l'État a mené cette réforme en toute bonne foi, mais que l'on a jeté l'eau du bain des archaïsmes avec le bébé du patrimoine territorial et environnemental que représentait la paysannerie traditionnelle.

    Aujourd'hui que la courbe des faillites et des suicides agricoles dépasse celle du chômage, on sent comme un malaise au sommet de l'Etat, chez les politiques, à la MSA, au Crédit Agricole et à la Fnsea. Comme pour les cadres de France Télécom, on tremble qu'à Bercy ou à Matignon un haut responsable déclare agacé: « il faut mettre un point d'arrêt à cette mode des suicides ».

    Est-il encore possible de rompre avec les choix productivistes amorcés dans les années 1960 ?

    Heureusement que oui. Et on y viendra inéluctablement, mais ils attendront de passer à 500 suicides par an, et à 45 départements bloqués par les tracteurs. On ne sait jamais, comme on navigue au radar, si la tendance venait à s'inverser, comme celle du chômage, on pourrait continuer comme ça sans rien faire: « Sœur Anne, sœur Anne, ne vois tu rien venir ? ». Si, des corbillards…

    La vision rationnelle des choses, c'est de prendre la réalité en face. D'évaluer les enjeux, les moyens, les besoins et les forces prêtes à entrer en jeu pour arrêter le déclin. Le philosophe Pierre Rabbi, qui n'est ni un gourou, ni un tribun, mais un paysan de bon sens, a écrit quelque chose de fondamental, où se trouve la clé de la solution: « L'agriculture n'est pas faite pour produire, elle est faite pour nourrir ». Phrase immense. Tout est dit, sans violence, sans rejet, sans doctrine. Un véritable programme politique. Comment interpréter, ou plutôt appliquer, le message de Pierre Rabbi ? Il suffit de partir d'un constat, de faire un bilan et de se fixer un objectif. Peut-on enfin décider, sans se coucher devant Bruxelles, d'une politique agricole qui fournisse à la demande française ce que l'offre est à même de produire ? Peut-on se fixer comme objectif que la France nourrisse la France ?

    Par quelle équation ?

    Une équation de base : 66 millions d'habitants en France se nourrissent, en moyenne, trois fois par jour. Cela fait, en gros, 198 millions d'actes alimentaires quotidiens. C'est à dire, on se pose : 5 940 000 000 d'actes alimentaires par mois, soit: 71 280 000 000 (soixante et onze milliards deux cent quatre vingt millions) de repas par an. Je me refuse à croire qu'une telle demande dans la deuxième puissance agricole mondiale ne génère pas le plein emploi à pleine richesse pour l'agriculture et l'agro-industrie françaises. Donc, quand j'apprends qu'un paysan qui travaille 18 heures par jour s'est pendu, je me dis, de deux choses l'une : ou ceux qui dirigent l'agriculture française depuis 40 ans nous mentent, ou ils sont très nuls. Et je ne vise pas Stéphane Le Foll, même si je peux avoir des divergences avec lui, car son programme pour l'agroécologie est la première mesure politique lucide et courageuse que la République Française ait jamais mise en place pour sauver son agriculture. Il faut voir notre agriculture comme un trésor inexploité et non comme une plaie infectée. Les agriculteurs qui s'échappent ou se sont émancipés du système productiviste réussissent, gagnent leur vie et vivent heureux. On devrait peut-être en tirer des conclusions

    Quel genre d'initiative faudrait-il prendre ?

    Par exemple, lancer une campagne nationale pour la consommation de lait et de produits laitiers français de France. Dans les familles, à l'école, dans les entreprises, dans la restauration. Expliquons à ceux qui ne connaissent que le liquide blanchâtre vendu en brique UHT que ce produit souvent importé n'est pas du lait, mais la mort de nos éleveurs. Sauvons le lait de la France ! Jean-Pierre Raffarin s'insurgeait, l'autre jour sur Europe1, du fait que la France importe du lait. « Oui, la France importe du lait » martelait-il à son micro. Ah bon? Etonnante colère. Quand il était Premier ministre, entre 2002 et 2005, la France importait près 4 millions de tonnes de produits laitiers chaque année. Je ne me souviens pas qu'il ait dénoncé le phénomène, ni même regretté, et encore moins tenté de l'inverser. Ou si faiblement. Il est vrai que les choses ne se sont pas arrangées. Les importations de lait sont en hausse de près de 70% entre novembre 2014 et novembre 2015. La première puissance laitière importe 20% de son lait alors que 25 000 exploitations laitières sont au bord du dépôt de bilan. Ubu n'est plus roi, il est empereur de France… Un événement majeur vient de se produire : la lettre envoyée à François Hollande par Bruno Lemaire, qui était ministre de l'Agriculture il y a quarante huit mois, cosignée par 93 parlementaires. Un appel qui commence par « Notre agriculture meurt ». En conclusion, le député de l'Eure demande au président de la république de réunir les chefs d'États européens pour instaurer, entre autres mesures de sauvetage : « La défense de la préférence communautaire pour les produits agricoles européens, contre le dogme de la concurrence libre et absolue qui ruine nos producteurs ». J'imagine l'effet que cette déclaration aurait eu quand il était aux affaires… C'est déjà bien qu'il ose la formuler quand il est dans l'opposition. Comme quoi tous les espoirs sont permis. 

    Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l'hebdomadaire Marianne.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Algérie : film ou coup d'Etat ?

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    Vétéran des grands-reporters du « Monde », Péroncel-Hugoz a travaillé dans plusieurs pays arabes avec une longue halte en Algérie où il eut sérieusement maille à partir plusieurs fois avec les autorités. Il entame une série de chroniques consacrées à ses « années algériennes ». Elles nous diront aussi quelque chose de l'Algérie d'aujourd'hui, En voici la première.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgJe n'ai rien contre l'armée, au contraire, mais, en temps de paix je préfère quand même l'excursion champêtre à l’entraînement militaire et la fréquentation d'une bonne bibliothèque à la formation de jeunes recrues… 

    En 1965, trois ans après l’indépendance algérienne, je fus donc l’un des premiers (ce qui me valut à la caserne de Toulon le sobriquet pas franchement amical de « Ben-Bella »…) à candidater pour accomplir mes « 18-mois », dus à l'époque au drapeau tricolore, en Algérie, à titre civil. Frais émoulu de Sciences-po Paris, je fus donc bombardé par le gouvernement du vrai Ben Bella, administrateur au ministère de l'Agriculture et de la Réforme agraire, alors dirigé par un certain Ali Mahsas, connu pour son côté « ours » … 

    Je n'eus guère le temps de vérifier cette réputation car, à peine étais-je au travail, que les rues algéroises, un beau matin se couvrirent de chars, camions et soldats. La fille de l'ambassadeur de Turquie, lequel passait pour bien informé, me rassura : « Papa dit que c'est le cinéaste Pontecorvo qui tourne un film en ville sur la Bataille d'Alger » – un long métrage relatant la reprise de la Casbah d'Alger, en 1956, par les parachutistes français, était effectivement prévu. 

    On sut très vite, avant midi, que les chars étaient ceux du redouté colonel Boumédienne, lancés contre le président Ben-Bella. Celui-ci fut mis au secret dans une villa pied-noir et son pouvoir brouillon mais populaire remplacé par un opaque « Conseil de la Révolution ». Alger entra en hibernation. Mon ministre disparut. Je fus muté au Bureau national des statistiques, moi qui n'ai jamais vraiment su la table de multiplication … Le climat n'était pas à la protestation, surtout de la part d'un « gaouri », fils de l'ex-puissance coloniale … 

    Allah merci, on me confia une dizaine de jeunes stagiaires administratifs pour dresser avec eux la carte de l'Algérie indépendante industrielle. Une Algérie immense s'ouvrait à nous, du Sahel au Hoggar, de l'Atlas au Sahara pétrolier. Je me lançai avec enthousiasme dans ce travail itinérant, à travers un territoire à la nature magnifique, qui plus est rempli de traces historiques, y compris celles de mon propre peuple, resté 132 ans en Algérie. Je nouai des relations fructueuses avec mes subordonnés, enchantés, eux de découvrir leur propre pays. Et en avant ! (A suivre la semaine prochaine).   

    Prochain épisode : une police politique omniprésente

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.01.2016

  • « Violences de l'Action française contre le PS à Aix-en-Provence » ? Ou lamentations d'une fédération déchue ?

    Jean-David Ciot à la cour d'appel d'Aix-en-Provence © Photo Jean-François Giorgetti

     

    En perturbant, le 2 décembre dernier, une « conférence » organisée par la section du PS d'Aix-en-Provence à l'Institut d'Etudes Politiques (?), puis en s'invitant à la cérémonie de présentation de ses vœux, au Théâtre d'Aix, le lundi 25 janvier, les jeunes d'Action française qui ont organisé ces chahuts ont paradoxalement surtout abouti à sortir de l'ombre, et à donner quelque publicité et motifs de se manifester, à Jean-David Ciot, assez obscur député de la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône. Sans-doute s'en serait-il passé. Mais y avait-il là de quoi fouetter un chat ?

    L'affaire a pourtant remué les médias en ligne, petits et grands - jusqu'au Huffington Post - la presse écrite, nationale et locale, et, naturellement, le quotidien local La Provence qui s'est surpassé dans la mise en œuvre des grands moyens et l'emploi des mots stigmatisants qui sont censés tuer. [Voir illustrations].

     

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    Que faut-il en penser ? Nous dirons notre avis, Lafautearousseau ayant été mentionné voire mis en cause par le politologue mobilisé pour l'occasion, ainsi, d'ailleurs, que les sections provençales de l'Action française pour leurs activités pendant ou après la guerre, et les rassemblements royalistes des Baux de Provence dont on sait qu'ils ont été organisés pendant plus de 30 ans par l'équipe qui, aujourd'hui, publie Lafautearousseau. 

    Quels étaient les motifs des jeunes d'Action française qui ont organisé ces chahuts ? Leurs reproches ? Disons, tout simplement, à notre connaissance, l'indignation, les soupçons de corruption - parfois la certitude de cette corruption - sentiments que partage la quasi totalité de la population des Bouches-du-Rhône, y compris dans l'électorat anciennement ou encore socialiste, à l'égard des élus PS, dont certains, Jean-Noël Guerrini en tête, mais aussi Jean-David Ciot, ont fait - ou font encore - l'objet d'informations judiciaires pour détournement de fonds publics.  Que des relaxes soient intervenues faute de preuves caractérisées n'a d'ailleurs rien changé au soupçon de la population. Qui sait en faire les frais et ne s'y résigne plus.

    Il est de notoriété publique, en effet, - même France Inter en a donné un tableau cataclysmique - que la Fédération du Parti Socialiste des Bouches-du-Rhône, historiquement l'une des deux plus puissantes de France avec celle du Nord, a perdu une grande partie de ses adhérents, que les militants sont partis, que les cotisations ne rentrent plus, et que les permanences sont vides ou abandonnées. C'est ainsi qu'aux dernières régionales le PS n'a pu se trouver comme tête de liste qu'un élu de Forcalquier largement inconnu en région PACA, que ses leaders en ont été absents, et que son score l'a éliminé du second tour. A cette dégringolade, il doit bien y avoir, n'est-ce pas ?, une explication... Les jeunes d'Action française en réclamant, ce qui est leur droit, la démission du Jean-David Ciot en question, fût-ce avec la véhémence de leur âge, n'ont fait que reprendre le vœu majoritaire de leurs concitoyens. Sur leurs violences, qui ont été surtout des chahuts, nous ne croyons pas utile d'épiloguer, alors que nous vivons malheureusement dans un pays dont les Pouvoirs publics tolèrent à longueur d'année toutes sortes de violences, gravissimes celles-là, que ce soient celles des quartiers, des dealers, des Roms, des migrants, des sans-papiers, des illégaux, des délinquants, des multirécidivistes, des associations expressément constituées pour leur apporter soutien, aide et assistance, etc. 

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    Reste à nous exprimer sur les explications que donne dans La Provence, à la demande de ce quotidien, le politologue Jean-Yves Camus. Spécialiste, nous dit-on, de l'extrême-droite, où nous ne nous situons pas. (Outre le fait que nous réprouvons l'emploi de ce  terme simplement destiné à stigmatiser). Il s'agit, pour lui, d'expliquer et caractériser la permanence d'une tradition assez ancienne de l'Action française à Aix et Marseille. Il en donne quelques raisons banales (Maurras était de Martigues, il a légué sa très belle bibliothèque à sa ville de naissance, c'est un lieu de pèlerinage pour les militants royalistes, etc.). Il y ajoute quelques notes positives pour nous, sans-doute pas pour lui (l'Action française a toujours su entretenir la flamme ... ne  serait-ce qu'en organisant des rassemblements réguliers aux Baux de Provence). Il signale l'activité sur internet de groupes comme Lafautearousseau  - dont il semble pourtant ignorer (?)  que le lectorat est largement plus national que régional. Il va jusqu'à concéder qu'il y a d'ailleurs une certaine qualité intellectuelle dans certains de ces noyaux où l'on trouve des racines universitaires. Il semble aussi ignorer que Lafautearousseau existe depuis huit ans et ne coïncide donc pas avec l'émergence, notamment à Marseille, depuis deux ou trois ans, d'une nouvelle génération plus activiste et plus tapageuse qu'avant. [Elle est simplement plus jeune et fait ses armes]. Nous relèverons pour finir cette affirmation sans preuve que Jean-Yves Camus croit utile de livrer et qui fait un peu partie, d'ailleurs, des inévitables - quoique anachroniques - accusations qu'il est convenu de porter, quel que soit le sujet - à l'encontre de l'Action française. Ici, cela prend la forme suivante : « La section de Marseille est particulière. Son leader pendant la Seconde guerre mondiale était un collaborateur, coupable d'exactions, ce qui n'était pas vraiment le parti pris de l'Action française. Ces nationalistes n'aimaient pas voir une armée d'occupation.» Pour qui a passé plusieurs décennies à militer à l'Action française à Marseille, ce sont ces deux dernières propositions qui sont vraies. Sur la première [le leader de la section de Marseille pendant la Seconde guerre mondiale était un collaborateur, coupable d'exactions] le spécialiste qu'est Jean-Yves Camus ne dit rien. Pas de nom, pas de preuve, pas de détail. Nous n'ignorons pas, on s'en doute, qu'au cours de l'Occupation, il y a eu, à l'Action française, ou dans sa mouvance, des militants ou sympathisants qui se sont engagés dans la Collaboration. Ils contrevenaient alors à la ligne politique de l'Action française. Nous n'ignorons pas non plus, qu'il y en eut beaucoup plus à gauche, venus du mouvement pacifiste, du Parti communiste et, en fait, de toute la gauche. Le leader de l'Action française à Marseille que nous avons connu et qui l'a dirigée des années 1950 à 1980, n'avait rien d'un collaborateur. Nous ne contesterons pas le professionnalisme de Jean-Yves Camus mais, à coup sûr, son impartialité. Il collabore à Charlie Hebdo, il exerce des responsabilités au think tank Jean Jaurès, il se classe nettement dans la mouvance du Parti socialiste. Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne peut pas être, dans cette affaire comme dans une autre, un élément de pluralité de l'information, pour la Provence. Même coloration garantie ! 

    Le manque de sérieux marque toute cette agitation. Et la vraie violence - la violence de fond - n'est pas là où ces Messieurs l'ont dit.   Lafautearousseau 

     

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    Rassemblement royaliste aux Baux de Provence

     

  • De la peur à la soumission

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Dimanche 24 sur Canal+, M. Sihamedi, président de « BarakaCity, association humanitaire islamique », tient, comme à son habitude, des propos tantôt ambigus tantôt radicaux, mais toujours inquiétants. D’autant qu’il se présente comme un « musulman normal ». Egalement sur le plateau ce jour-là, Mme Belkacem refuse d’abord de s’exprimer puis se contente de préciser qu’elle n’est pas d’accord avec le sieur Sihamedi. Sachant pourtant très bien qu’il serait là, à deux pas d’elle, elle devait bien se douter de la tournure que prendrait l’émission. Simplement, elle ne partage pas son « opinion ». A quoi faut-il attribuer ce silence ? Médusée, fascinée, soumise même, Madame le Ministre. Pourquoi ? On pourrait évidemment penser que son surmoi de femme marocaine et musulmane aura été le plus fort face à cet homme déterminé. 

    Quarante-huit heures après l’incident, justification de Mme Belkacem : on ne parle pas avec des gens qui sont en dehors du « champ républicain ». Quand des soldats français se battent à l’extérieur contre un ennemi islamiste qui recrute à l’intérieur dans le terreau islamique, continuer à brandir comme un étendard les valeurs prétendument « humanistes » de la République est consternant. Les valeurs, chacun les siennes : M. Sihamedi l’a encore prouvé devant Mme Belkacem. Les vraies valeurs de la France, c’est elle-même, son territoire et son histoire, sa langue et sa culture, que rejettent et qui rejettent M. Sihamedi et ses émules musulmans. Ce qui compte, c’est la détermination du pays et de l’Etat à lutter jusqu’au bout pour la victoire contre l’ennemi. Parce qu’il est l’ennemi, tout simplement. Cela, Mme Belkacem pouvait difficilement le dire… 

    C’est bien la même peur de nommer les réalités que manifestent MM. Hollande et Fabius, particulièrement rétifs à l’emploi des mots « islam » et « musulman », à propos de ceux que traquent nos troupes au Mali et que frappent nos avions au Proche-Orient, mais aussi de ceux qui assassinent et terrorisent en France. D’où la promotion de l’appellation « Daesh », tartufferie qui a fait long feu, plus personne n’étant dupe. Si l’islam ne se réduit pas à l’islamisme, l’islamisme lui-même est bel et bien une façon de « pratiquer » l’islam. C’est ce que montre le film documentaire « Salafistes », sorti mercredi 26, mais de façon confidentielle, et dont la projection reste autorisée, mais assortie d’une interdiction aux mineurs par décision du Ministre de la Culture. 

    Approuvant Mme Pellerin, M. Jamet écrit (Boulevard Voltaire) que « ce n’est pas en censurant la réalité qu’on la change » et qu’ « il est bon de connaître l’ennemi que l’on combat » - et il a raison. Cependant, on peut surtout craindre qu’en traitant ce film comme un vulgaire film pornographique, la mesure n’équivaille à une sorte d’arrêt de mort pour son exploitation commerciale : alors qu’il aurait fallu en assurer la promotion, France 3 (service public…), partie prenante de l’opération, s’en est d’ailleurs retirée ! On aurait réussi ainsi, sous couvert de liberté, à occulter en grande partie un document gênant qui montre de manière crue la réalité de la vie quotidienne dans des zones de droit musulman stricto sensu. 

    On ne peut surmonter la peur dans le déni et l’ignorance. Montrer ce qu’est l’ennemi n’est pas faire son apologie. Les tueries de janvier et novembre constitueraient sinon, en elles-mêmes, une forme d’apologie. La France doit regarder la vérité en face : malgré qu’en aient Mmes les Ministres, l’islam, c’est la charia, sans doute bonne pour les bédouins pour lesquels elle fut imaginée mais dont un vieux pays imprégné de droit romain n’a que faire. 

     

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO : Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.         

    A tout un chacun

    Michel MAFFESOLI  Professeur de sociologie à la Sorbonne  Du fanatisme athée au fanatisme dévot

    Du côté des 'élites' 

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Vincent DESPORTES Officier général (2S), ancien commandant de l'Ecole de guerre  Spécificité militaire et droit d’expression : un lien consubstantiel

    Malika SOREL-SUTTER  Ancien membre du collège du Haut Conseil à l'Intégration  "Il faut refonder l'Observatoire de la laïcité"

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Pourquoi les idéologues sont des fardeaux

    En France

    Vincent DESPORTES  Officier général (2S), ancien commandant de l'Ecole de guerre  "Les intérêts politiciens désorganisent l'armée française"

    Gérard-François DUMONT  Géographe, Professeur d'université à la Sorbonne  La puissance de la France corrélée avec son histoire démographique

    Françoise THIBAUT  Essayiste, historienne, professeur des universités  Espace social et droit de l'Etat - "Qu'est-ce qui ferait du bien aux Français ?" 

    Avec l'Europe

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  En Europe,   les nations   ne ve  ulent pas mourir 

    De par le monde

    Mezri HADDAD  Philosophe, ancien ambassadeur  "Le printemps tunisien a détruit plus qu’il n’a construit"

    Devant l'histoire

    Paul RIGNAC  Essayiste, écrivain  Made in Algéria

    Transmettez, faites suivre, partagez ...

      

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Histoire • Jeanne et ses juges

     

    Jean Sévillia a donné [Figaro magazine du 30.01.2016] le rappel historique qui suit des circonstances du procès de Jeanne d'Arc. Et c'est, en même temps, une excellente présentation de l'ouvrage que vient de publier Jacques Trémolet de Villers. Que les amis de Lafautearousseau ne manqueront pas de lire...  LFAR  

    une_proces_jeanne_darc.jpgLe 23 mai 1430, Jeanne d'Arc est capturée par les Bourguignons devant Compiègne. Six mois plus tard, elle est livrée aux Anglais, puis incarcérée à Rouen où le chapitre de la cathédrale accorde une concession de territoire à l'évêque de Beauvais, Cauchon, afin qu'il ouvre un procès pour les crimes que la Pucelle, faite prisonnière dans son diocèse, aurait commis : avoir « vécu dans le dérèglement et dans la honte, au mépris de l'état qui convient au sexe féminin », et avoir « semé et répandu plusieurs opinions contraires à la foi catholique ». Le 9 janvier 1431, la procédure s'engage. Quinze interrogatoires ont lieu entre le 21 février et le 17 mars. Les 27 et 28 mars, l'acte d'accusation est lu à la jeune fille. Au cours des semaines suivantes, diverses exhortations lui sont données. Jamais elle ne cède devant ses accusateurs.

    Le 24 mai, toutefois, face au bûcher où Cauchon commence à lui lire la sentence de mort, Jeanne faiblit : s'en remettant à l'Eglise pour la foi à accorder à ses voix, elle renonce à porter des vêtements d'homme en échange de la promesse d'être gardée par des femmes, dans une prison d'Eglise. La sentence étant commuée en prison à perpétuité, la Pucelle est reconduite dans son cachot anglais, au mépris de la parole qui lui a été donnée. Là, elle subit uni tentative de viol. Quatre jours plus tard, elle remet par conséquent ses habits d'homme. Dès lors considérée comme relapse, elle est brûlée vive, le 30 mai, sur la place du Vieux-Marché...

    De ce procès d'inquisition, le minutes ont été conservées. Il révèle, face à des juges qui mentent et qui trichent, l'intelligence de Jeanne d'Arc, sa vivacité d'esprit, son courage, sa simplicité, parfois ses fragilités. Avocat et essayiste, Jacques Trémolet de Villers publie les pièces intégrales de la procédure tout en les analysant - la typographie distinguant clairement le texte et le commentaire Ce faisant, l'auteur ressuscite la formidable dramaturgie de ce procès truqué, qui sera annulé vingt-cinq and plus tard, mais auquel on se surprend à rêver à une autre fin. Précieux document historique ce beau livre est aussi une leçon politiqua et spirituelle, et un émouvant exercice d'admiration pour Jeanne d'Arc, le plu: pur des symboles français. 


    22510100300630L.jpgJeanne d'Arc. Le procès de Rouen (21 février-30 mai 1431), lu et commenté par Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 316 p., 24,90 €.

  • Culture & Loisirs • In memoriam : L’année commence mal

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

     

    D’abord on n’ira plus Chez Laurette, et on ne dansera plus langoureusement sur la musique de Wight Is Wight, Michel Delpech, nous a quitté le 2 janvier 2016. Après la gueule de bois au lendemain de l’enterrement de cette funeste année 2015, le départ du trouvère qui nous rappelait les jours heureux, n’était pas pour nous remettre en forme. Ses chansons les plus populaires ont marqué les adolescents d’hier et d’aujourd’hui, car on a tous rêvé d’un grand amour Pour un Flirt, regretté que la République à sa naissance ne soit pas aussi Jolie que Marianne, et parcouru les belles routes départementales du Loir-et-Cher.

    Après s’être égaré souvent dans des zones ésotériques imprégnées de paradis artificiels, il avait sur son chemin de Damas, celui de saint Paul, rencontré le Christ. Il nous a légué en 2013, un très beau livre, J’ai osé Dieu, édité aux Presses de la Renaissance,‎

    Deux jours plus tard… Attention on ne rit plus !

    Le tonitruant, caractériel, facétieux Adjudant de la Gendarmerie, Jérôme Gerber, ci devant Michel Galabru, vient d’éteindre son dernier cigare.

    La liste de ses rôles tenus au théâtre, au cinéma et à la télévision nécessiterait plusieurs pages de grand format. Seulement, rappelons que sa carrière théâtrale débuta à la Comédie Française en 1950, suite à un Premier prix qu’il obtint après trois ans d’étude au Conservatoire National dans la classe de Denis d’Inès. Il y restera sept ans en interprétant différents auteurs classiques et modernes. S’ensuivirent de nombreux rôles au Boulevard et surtout au cinéma. On lui a parfois reproché d’avoir tourné des films alimentaires, mais ainsi qu’il le disait avec humour : « si j’étais capable d’autres choses pourquoi les metteurs en scène de renom, ne sont ils pas venus me chercher ? » A partir de 1964, la saga du Gendarme de Saint-Tropez le révéla au grand public et cette association avec le grand Louis de Funès de Galarza, lui permit une grande carrière de comique. C’était sans compter que son talent était multiple et que ce personnage rabelaisien et aussi pagnolesque avait plusieurs cordes à son arc, dont une pouvait vibrer sous le coup d’un archet tragique.

    Grâce à la perspicacité de Bertrand Tavernier, il interpréta, en 1976, le rôle terrible du sergent Joseph Bouvier dans Le Juge et l’Assassin, rôle pour lequel il reçut le César du meilleur acteur en 1977. C’est oublier que cette facette dramatique avait été déjà décelée en 1970 lors de son interprétation au théâtre dans Les Poissons Rouges de Jean Anouilh, au Théâtre de l’Œuvre. Dans le même registre on ne peut oublier le film, réalisé par Jean Becker en 1983, Un été meurtrier, où sa prestation dans le rôle du père d’Eliane, interprétée par Isabelle Adjani, nous révèle une nouvelle fois son sens inné de la tragédie et de la douleur. Le summum de son art de l’interprétation, incontestablement, fut son rôle de Monglat, le roi du marché noir, dans Uranus de Claude Berri, sorti en 1990. La puissance et la violence que pouvait exprimer l’acteur étaient liées à la plus profonde morbidité du personnage, tour de force exceptionnel !

    On ne passera pas sous silence l’aide qu’il porta aux jeunes artistes sans jamais en faire cas avec grande pudeur. Il reprit la salle du conservatoire Maubel, pour créer un théâtre, puis le Théâtre de 10 heures pour en faire un tremplin pour les jeunes auteurs et comédiens, et enfin fut à l’origine des Estivales de Malaucène, dans le Vaucluse.


    A 85 ans, enfin ! Le Molière du meilleur comédien lui est décerné en 2008.

    Le 4 janvier 2016, à 93 ans, le Boulanger, fils adoptif de Raimu, est mort de tristesse après le départ de sa femme et de son frère bien aimé.
    Michel Galabru était un de nos plus grands acteurs français.

    Un jour plus tard…

    Pierre Boulez rejoint son maître, Olivier Messiaen, au firmament étoilé des notes musicales.

    Tour à tour et concomitamment, il fut compositeur, chef d’orchestre, grand théoricien de la musique contemporaine, et en corollaire pédagogue.

    A la recherche d’outils technologiques et informatiques, nouveaux instruments de ses compositions et de celles des créateurs contemporains, il fonda en 1969, l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique), Université et laboratoire du son, mais surtout école d’art. Son œuvre et sa personnalité furent souvent vilipendées, mais de par son obstination et sa puissance créative, il parvint à s’imposer et devenir la référence du monde musical contemporain.

    Pierre Boulez, durant un demi-siècle, malgré une œuvre prolifique a été plus un penseur et théoricien de l’art, qu’un véritable prophète. Il est vrai que son enseignement de la construction et la déconstruction de la phrase musicale, pourrait s’apparenter au Clavier bien tempéré de Johann Sébastian Bach, avec ses préludes et fugues utilisant les 12 demi-tons de la gamme chromatique. Bach terminait par cette dédicace que n’aurait pu renier Pierre Boulez : « Pour la pratique et le profit des jeunes musiciens désireux de s’instruire et pour la jouissance de ceux qui sont déjà rompus à cet art. »

    Mais Johann Sébastian Bach célébrait l’âme alors que Pierre Boulez ne s’intéressait qu’à l’alchimie cérébrale au détriment du chant.

    Toutefois, on ne pourra nier sa profonde compréhension des œuvres musicales de tout temps et pour exemple, on écoutera avec attention, son interprétation du morceau archi- connu du Boléro de Ravel. Le chef d’orchestre va au plus profond de l’inspiration avec un grand sens de l’épure, sorte de démarche janséniste sur un sujet profane.

    Pierre Boulez est mort le 5 janvier 2016 à Baden-Baden. Nous sommes en deuil d’un des plus grands artistes de nos dernières décennies, qui restera le pilier du rayonnement de la musique contemporaine française.

    L’œil de Satan est entré dans la tombe

    Bowie-600x398.jpgSouvent la ydriase révèle une souffrance cérébrale importante. Elle peut être aussi la cause d’émotions et se traduire par des phénomènes physiologiques. Elle est aussi un signe d’attirance.

    À 15 ans, lors d’une bagarre dans la cour de l’école, David Robert Jones, né le 8 janvier 1947, reçoit un coup de poing de poing d’un camarade de classe. Son œil gauche est gravement atteint et lui laisse à vie la pupille dilatée. (Phénomène de la mydriase, agrandissement du diamètre de la pupille).

    La planète le connaîtra sous le nom de David Bowie. Sophistiqué à l’extrême, il sera d’une incurable curiosité en visitant tous les types de musiques et en créant son propre style. En avant-garde de façon permanente, il a devancé tous les compositeurs de sa génération et dans tous les styles, rock, soul, funk, disco, techno avec l’aide de toute une instrumentalisation électronique dans des spectacles qui se voulaient apocalyptiques.

    A partir de 2004, David Bowie apparaît rarement mais se paye le luxe de vendre 140 millions d’albums dans le monde. Adepte du satanisme et arborant sa bisexualité avec outrance, le personnage se voulait sulfureux et parfois violent.

    Mais les clefs de cet être emblématique, icône du dandysme, adulé par les bobos qui n’ont rien compris à ce Janus, sont données dans le film Furyo, réalisé en 1983 par Nagisa Oshima. Duel infernal entre deux seigneurs, le capitaine Yonoi qui dirige, en 1942, avec cruauté un camp de prisonniers anglais, et un détenu, le major Cellier, interprété par David Bowie, lui-même. Entre eux se joue une lutte pour l’honneur, troublée par une attirance réciproque et ambigüe. Fascination et opposition de deux civilisations. On se souviendra longtemps de l’image de l’officier enterré vivant, dont seul le visage émerge de la terre, avec son expression souveraine.

    Mais David a deux yeux différents, l’un jette un regard provoquant à l’adresse d’un public complaisant, l’autre est en état d’introspection, en recherche de la paix bouddhique, la sérénité familiale et peut être aussi la grande quête de la spiritualité. Lors du concert en l’honneur de Freddy Mercury, donné au Stade Wembley en 1992 devant des dizaines de milliers de personnes, David Bowie, a achevé son spectacle en s’agenouillant avant de réciter le Notre-Père…

    Satan était un ange déchu, mais croyait en la miséricorde, il est mort le 10 janvier 2016 à New York. 

  • Livres • Il n'y a plus de mystère Louis XVII

     

    Une intéressante recension de Philippe Maxence*, notamment destinée aux passionnés du sujet. Mais peut-être pas seulement... Pour nous qui voyons la monarchie non comme une fantasmagorie mais comme un recours politique pour la France, l'affaire est classée.   LFAR

     

    220px-Philippe_Delorme.jpgDepuis de longues années, Philippe Delorme s'intéresse à la destinée tragique de Louis XVII, le dauphin emporté dans la tourmente révolutionnaire. Il publie ici une véritable somme sur le sujet, rassemblant en un seul volume ses travaux antérieurs tout en les mettant à jour afin de donner une réponse précise à rune des plus célèbres énigmes de l'histoire de France : Louis XVII est-il mort au Temple ou a-t-il survécu sous le nom de Naundorff ? Pour l'auteur, le jeune roi est bien mort de la tuberculose, le 8 juin 1795, après avoir vécu un véritable enfer en prison.

    Pour clore le débat, Delorme rapporte les conclusions des analyses ADN effectuées sur le coeur de l'enfant du Temple, non sans en avoir retracé l'étonnant parcours. L'historien montre notamment que ce coeur ne peut être confondu avec celui de son frère aîné, décédé en 1789, qui avait été embaumé.

    Dans Sang royal, Jean-Louis Bachelet (Ring, 316 p., 18 €) conclut dans le même sens : ce coeur est bien celui de l'enfant martyr.

    LOUIS XVII,  LA BIOGRAPHIE, de Philippe Delorme, Via Romana, 448 p., 24 €.

    * Figaro magazine [30.01.2016]

  • Un 31 janvier à Nancy ... A ne pas rater ... C'est aujourd'hui

     

    DIMANCHE 31 JANVIER 2016 A NANCY

    Messe pour le repos de l’âme du Roi Louis XVI

    à 10 h 30 Eglise Marie-Immaculée 32 avenue du général Leclerc à Nancy

    et à partir de 12 h 30 

    Fête des Rois de l’U.S.R.L.

    et de La LORRAINE ROYALISTE

    Repas suivi de la galette traditionnelle

    Auberge de « Maître Marcel »

    Angle Routes de Martinvaux et Maron – Chaligny

    Allocutions de

    Jean-Marie CUNY - Jean-François GICQUEL 

    Paul LUPORSI - Philippe SCHNEIDER 

    Prix comprenant un apéritif, le plat principal, la galette et une boisson :

    22 € par personne avec Choucroute royale comme plat principal (option 1)

    ou pavé de sanglier sauce poivrade et spaetzles fraiches (option 2)

    10 € pour les enfants (nuggets de poulet, frites, galette, une boisson)

    S'inscrire au plus tôt auprès de La Lorraine Royaliste, 284 avenue de la Libération, 54000 Nancy ou par courriel à lalorraineroyaliste@yahoo.fr ou téléphone au 06 65 64 72 17.

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • L'anniversaire de la princesse Antoinette

     

    La Princesse Antoinette, fille aînée du Duc et de la Duchesse de Vendôme, est née à Vienne en Autriche le 28 janvier 2012, patrie de sa grand-mère maternelle qui appartient à la noblesse autrichienne et de son arrière-grand-mère la Duchesse de Wurtemberg, née archiduchesse Rosa d’Autriche.

    La princesse Antoinette, ici sur les genoux du Duc de Vendôme, est la sœur du Prince Gaston âgé de 6 ans et de la princesse Louise-Marguerite qui va célébrer son 2ème anniversaire  le 30 juillet prochain.

    Une 4ème naissance est attendue pour le mois de juin prochain au foyer du Prince Jean et de la Princesse Philomena.

    De grand cœur, tous les vœux de Lafautearousseau

    Photo La Couronne

    Repris de Noblesse et Royautés