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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1393

  • L’Union européenne à la recherche de l’inflation perdue

     

    par Olivier Pichon

     

    Quand Mario Draghi se prend pour Indiana Jones 

    Tous les plus de trente ans se souviennent que l’inflation, jusqu’en 1985, était présentée comme le fléau économique par excellence – « Ce pelé de galeux d’où nous vient tout le mal !» – et toutes les politiques économiques s’employaient à la combattre. On verra par la suite que le phénomène n’avait pas que des inconvénients. Néanmoins, toute la politique monétaire de l’Union européenne fut bâtie sur l’idée qu’il fallait à tout prix éviter les facilités monétaires et, en France par exemple, qu’il ne fut plus possible à la banque de France de racheter des actifs bancaires. En bref, de permettre aux français d’emprunter aux Français.

    Mieux encore les institutions monétaires européennes, la Banque centrale européenne fut construite, à l’origine, sur le modèle de la Buba (Bundesbank) allemande, indépendante des pouvoirs publics. Ce, afin de se soustraire à la tentation des facilités monétaires génératrice d’inflation. Et patatras ! Voilà que cette politique de désinflation compétitive porta à ce point ses fruits que le mauvais génie inflationniste des Etats fut anéanti. Le règne de l’euro pouvait commencer. Sauf que, sous la protection de celui-ci, les États s’endettèrent, son prestige aidant, il devint un pousse-au-crime de l’endettement et du déficit public. La Grèce étant la forme hyperbolique de cette logique, néanmoins suivie par la majorité des États.

    Ainsi, les deux piliers de la théorie dominante, le keynésianisme, se trouvent désormais infirmés, la politique budgétaire crée des déficits qui ne font pas repartir la croissance et la politique monétaire (cheap money) crée des bulles spéculatives sans que la croissance, non plus, soit au rendez- vous, le tout aggravé par la mondialisation.

    Depuis quelque jours, Mario Draghi, formé à l’école de Goldman Sachs, a fait passer le taux directeur de refinancement de la BCE de 0,05 % à 0 %. Dès le 16 mars, le taux de dépôt s’établissant à –0,4% et le taux d’escompte est, quant à lui, encore positif à 0,25%. Quelle signification à cette mécanique des baisses ? Faire à tout prix, c’est le cas de le dire, de la « cheap money », idée keynésienne selon laquelle la monnaie à bon marché permet de retrouver le chemin de la croissance. On aura compris qu’il s’agit de lutter contre la déflation – tardivement reconnue – cette langueur de l’économie qui fait que les prix ne remontent pas et que l’espérance d’un peu d’inflation n’est pas au rendez-vous. Pour l’heure, l’Europe est à 0,1% de dérive des prix, autrement dit : inflation nulle. C’est pourquoi Mario Draghi a sorti la grosse artillerie, de l’arsenal du QE (Quantitative easing).

    Insurmontables contradiction de la politique économique européenne

    Donc l’inflation c’est bon, nous dit-on, mais toutes les institutions monétaires européennes ont été établies pour lutter contre ce mal qu’elles combattaient et qui a disparu. Pire encore, les traités de Maastricht et d’Amsterdam ont été violés pour faire face au nouveau contexte économique. Nous avons donc des institutions créés contre un mal qui a disparu et violées pour lutter contre son contraire. Nous sommes dans la logique du pharmacos grec. Remède et poison, la désinflation fut un remède à l’inflation et l’inflation est un remède à la déflation. Le moins que l’on puisse dire, est que le médecin européen ressemble fortement à ceux de Molière et que ces aller-retours discréditent non seulement la science économique mais compromettent gravement la crédibilité de la BCE et les outils traditionnels de la politique dite monétaire. Cela doit nous conduire à repenser radicalement la discipline et les dogmes qui ont prévalus jusqu’à nos jours. Empêtrée institutionnellement par une Commission non élue, voilà maintenant l’UE en faillite intellectuelle dans ce qui constituait le champ privilégié de ses compétences : la monnaie !

    La découverte de l’Amérique et… de l’inflation

    Qu’est-ce, au fond, que cet objet tant désiré par nos dirigeants ? S’est-t-on suffisamment interrogé sur sa nature ? Ce grand angevin du XVIe siècle qu’était Jean Bodin, fut le premier à émettre ce que l’on appelle la théorie quantitative de la monnaie. Observant les arrivées d’or et d’argent des Amériques au XVIe siècle, il avait rapproché l’évolution du stock d’or – permettant l’augmentation du monnayage – et le prix du setier de blé en forte hausse. Il en avait déduit génialement sa théorie dans une Réponse au paradoxe de M. de Malestroit touchant l’enchérissement de toutes choses, et le moyen d’y remédier. Alors que Malestroit avait publié un rapport sur la hausse des prix en France, en l’attribuant principalement aux mutations qui modifient la valeur des monnaies – généralement voulues par le monarque -, Jean Bodin estime, au contraire, que l’inflation résulte essentiellement de l’afflux d’or et d’argent en provenance du Nouveau Monde.

    Les délices perdus de l’inflation

    On peut dire que les eurocrates sont dans la position du sire de Malestroit et qu’ils ne voient guère plus loin que la technique de manipulation monétaire dont était coutumier le pouvoir. En réalité, l’inflation n’est pas seulement la croissance de la masse monétaire, comme le prouve d’ailleurs la situation d’aujourd’hui où le QE n’en produit pas. L’inflation est un phénomène de course prix/salaires typique des années 60-70. Mais, dès lors que, aujourd’hui, les dirigeants politiques ont accepté la mondialisation, ils ont accepté la concurrence, voire l’hyper concurrence. L’ouverture inconsidérée des frontières a été la vraie cause de la chute des prix et de la stagnation des salaires. La mondialisation est, par nature, hyper concurrentielle, et ce n’est pas un hasard si l’on observe que la courbe des prix s’infléchit en raison inverse du degré d’ouverture des économies à partir de 1985/ 1990. Voilà pourquoi Mario Draghi a peu de chances de voir revenir l’inflation. On ne peut vouloir le beurre de l’inflation et l’argent du beurre de la mondialisation. L’économie européenne s’emploie déjà, depuis deux ans, à faire remonter les prix sans succès, un peu comme si l’on voulait faire avancer une voiture au démarreur, avec des chances certaines de vider la batterie. Ainsi, de nouveaux programmes de refinancement seront proposés aux banques pour une durée de quatre ans au taux de 0%. Si le volume des prêts d’une banque est supérieur à un certain niveau, celui-ci pourra bénéficier de taux négatifs jusqu’à -0,40%. Les banques toucheront ainsi de l’argent de la BCE pour prêter ! Quoiqu’il en soit, l’Europe est gagnée par un réflexe déflationniste typique, à savoir que les prix baissent parce que les agents économiques attendent qu’ils baissent encore et, pendant ce temps, ni d’embauche, ni d’investissement, ni d’achat. L’inflation des Trente Glorieuses, il faut s’en souvenir, permettait de contourner le mécanisme psychologique des salaires nominaux en faisant baisser les salaires en termes réels.

    Les taux négatifs, un phénomène jamais vu dans l’histoire

    On a affaire à un phénomène totalement nouveau hors inflation. En effet, en situation d’inflation, le taux de l’emprunt nominal peut être inférieur au taux de l’inflation : c’est le taux d’intérêt réel (= nominal moins inflation). En revanche, en situation de baisse des prix, cela ne s’est jamais observé. Une situation tout à fait inédite qui incite, encore une fois, à se poser la question de la pertinence des dogmes économiques et, partant, de ceux qui prétendent s’y conformer. La BCE a d’ailleurs révisé, à la baisse, ses prévisions d’inflation et de croissance jusqu’en 2017, en prenant acte, par la même occasion, d’un autre phénomène : celui de la baisse du pétrole qui, décidément, ne fait rien pour aider à « reflater »les prix. Dans ce dernier cas, on peut se demander, aussi, si la pénurie n’a pas été artificiellement organisée – pour faire remonter les prix – et que le désordre et l’anarchie concurrentielle n’ont pas, eux aussi, contribué à empêcher la remontée des prix dudit pétrole. Ainsi, par exemple, pour la première fois, l’Arabie Saoudite, dont la contribution quantitative au marché du pétrole est significative, n’a pas fermé le robinet du pétrole, participant peu ou prou au phénomène déflationniste en cours, préférant vendre son pétrole à 40 dollars maintenant qu’à 20 dollars demain. En situation déflationniste le vendeur fait le contraire de l’acheteur, il veut précipiter la vente tandis que l’acheteur préfère attendre une nouvelle baisse.

    Quid du déposant lambda en situation de taux négatifs ?

    En bonne logique, tous les épargnants sont pénalisés par l’inflation qui ronge les rentes, c’est la fameuse euthanasie des rentiers (Keynes). Avec l’ampleur des dettes publiques, l’inflation aurait le grand avantage de les faire fondre. C’est la véritable raison de l’appétence de l’oligarchie européenne pour la hausse des prix. Mais les taux négatifs sont une punition pour les épargnants. On peut parler de taux punitifs, même s’ils sont une récompense pour l’emprunteur. Les premiers, en Allemagne (Bayerische Sparkassen Verbank, union des caisses d’épargne bavaroises) par exemple, lassés des taux négatifs, ont fait pression sur les banques pour qu’elles stockent du cash, donc moins de dépôts à la banque centrale et moins de taux négatifs. C’est une des raisons pour laquelle l’UE essaye de lutter contre le cash, sous couvert de lutter contre l’argent des mafias. Mais, en l’occurrence, la morale à bon dos. Beaucoup de crimes contre la liberté de disposer de ses biens sont commis en son nom. L’épargne est très malmenée dans ce contexte européen. La banque commerciale, où vous avez votre compte, devra-t-elle vous rendre moins que le dépôt initial avec le taux négatif ? Le volume de l’épargne, en France, est d’environ 2 500 milliards d’euros. Une somme totalement dépendante des taux directeurs fixés par la BCE. On peut s’amuser à faire le calcul d’une nouvelle spoliation !

    Bref, voilà qui laisse mal augurer de l’UE, elle qui a déjà démontré largement qu’elle était une chimère institutionnelle et économique. Maintenant qu’elle touche au portefeuille, cela peut constituer un argument décisif, une claire raison d’en finir avec l’oligarchie eurocratique. 

  • Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

     

    par Stéphane Blanchonnet   

     

    3411685988.jpgLe « nationalisme intégral » n'a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu'elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l'expression d'un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.

    Le grand mérite de Maurras est d'avoir réussi, à l'aube du XXème siècle, à opérer la synthèse de la contre-révolution et du nationalisme. Le « nationalisme intégral » est à la fois le symbole et le résultat de cette synthèse. Le propre de l'Action française est ainsi de rappeler la formule traditionnelle, royale, d'un ordre spécifiquement français dans le contexte et avec le vocabulaire de la politique moderne.

    À la lumière de ce qui précède, l'erreur d'interprétation évoquée plus haut se révèle être un contresens radical. En effet, le « nationalisme intégral » est un nationalisme modéré, tempéré par la tradition, un nationalisme en quelque sorte vacciné contre les dérives du césarisme, du fascisme ou du totalitarisme. Ces formes de « nationalitarismes » (terme forgée par les maurrassiens pour s'en distinguer) répondent à des logiques (légitimité charismatique, divinisation du peuple et de la volonté générale) fondamentalement étrangères au modèle de la monarchie traditionnelle et décentralisée que nous défendons. 

    Repris de A rebours

  • Grenoble, c'est ce soir, 21 mars : une conférence du Centre Lesdiguières à ne pas rater

     

    Publiés en 1796, au lendemain de la révolution en France, les Considérations sur la France se révèlent comme une des sources les plus profondes de la pensée contrerévolutionnaire. Les maux dont souffre la France aujourd’hui ne trouvent-ils pas leur source dans ce que critiquait le penseur savoyard ?


    A partir des commentaires d’Alain Peyrefitte, Hubert d'Abtivie ou Lars Klawonn, l’intervenant montrera comment la pensée maistrienne, qui inspire le courant  traditionaliste anti-moderne (Charles Baudelaire, Barbey d'Aurevilly , Léon Bloy, Ernest Hello, Bernanos, Emile Cioran…) éclaire toujours notre situation actuelle.

    CONTACT

    Centre Lesdiguières -  Le Buissert  38340 Pommiers-la-Placette

    centrelesdiguieres@laposte.net

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Famille de France • Le duc et la duchesse de Vendôme reçoivent la Fondation des Monuments nationaux

    Photo : Echo Républicain

     

    Le Prince Jean et la Princesse Philoména, Duc et Duchesse de Vendôme, ont reçu récemment au Domaine Royal de Dreux le bureau de la Fondation des Monuments Nationaux. Ce groupe d’américains passionnés  par la sauvegarde du patrimoine sont venus spécialement de Londres en jet privé pour visiter le château de Versailles et la chapelle de Dreux. 

    Par amitié pour le Prince Jean, le groupe a préféré débuter leur périple par la visite de la nécropole des Princes de la Maison d’Orléans située à Dreux, de par la volonté de la mère du roi Louis-Philippe, avant le château de Versailles. Le Duc de Vendôme a conduit également le groupe au Beffroi et à l’église Saint-Pierre de Dreux pour une visite commentée des monuments historiques de l’ancien comté de Dreux.

    Source : Noblesse et Royautés

  • Famille de France • La duchesse de Vendôme mise à l’honneur par l’Echo Républicain ... Nos félicitations !

     

    A l’occasion de la journée de la Femme, le journal l’Echo Républicain a mise à l’honneur des femmes du département de l’Eure-et-Loir. Parmi celles-ci on retrouve la Princesse Philoména qui réside avec son époux le Duc de Vendôme au Domaine Royal de Dreux depuis 5 ans. La Princesse, particulièrement sympathique, est appréciée par la population locale très heureuse de voir le Domaine Royal revivre depuis l’installation définitive du Prince Jean et de sa famille.

     

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    Dans son édition du 8 mars, l’Echo Républicain décrit la Princesse en ces termes « Elle est une Drouaise parmi les autres, buvant parfois un chocolat chaud dans un des jolis cafés du centre ville avec Gaston et Antoinette, les deux plus grands. Cette maman enjouée de trois enfants, bientôt quatre, et attentive n’est autre que Philoména, épouse du Prince Jean de France, héritier du trône. Le couple princier a décidé de s’installer à Dreux, sur les terres des Orléans, une manière d’enraciner leur famille dans ce lieu voulu par Louis-Philippe, tout en vivant comme de simples Drouais. » 

    Sources :

    www.lechorepublicain.fr

    Noblesse & Royautés

  • Livres • Pierre Boutang, entre Dieu et le Roi

     

    Rémi Soulié a donné au Figaro Magazine - qui vient de paraître - l'intéressante recension qui suit du gros volume que Stéphane Giocanti publie sur Pierre Boutang, chez Flammarion. Rappelons que Boutang fut et demeure l'un de nos maîtres dont l'œuvre est pour nous des plus essentielles. Rappelons aussi qu'il eut parmi ses étudiants le prince Jean de France, héritier, après son père, de la tradition monarchique française. LFAR 

     

    Philosophe, métaphysicien, poète et traducteur, mais aussi journaliste, essayiste et militant politique, le catholique et royaliste Pierre Boutang fut un penseur hors normes. La biographie que lui consacre Stéphane Giocanti fait revivre ce personnage méconnu.


    A lire la très belle biographie que Stéphane Giocanti consacre au philosophe Pierre Boutang (1916-1998), la tentation est grande de suivre parallèlement la trame de cette vie si riche et féconde à travers le roman autobiographique que Boûtang publia en 1976, Le Purgatoire, qui s'organise en plusieurs « chants » consacrés à des péchés capitaux dont la « superbe », la luxure et la colère. Orgueilleux, sulfureux, colérique, certes, mais aussi prodigieux et génial Boutang que la célébration du centenaire de sa naissance, il faut l'espérer, contribuera à faire découvrir à une nouvelle génération de jeunes gens.

    Issus du lieu-dit Las Botanias (le lieu des barriques), dans l'arrondissement de Brive, les Boutang sont enracinés de longue date en Limousin, mais c'est à Saint-Etienne, dans un milieu modeste, que naît, le 20 septembre 1916, Pierre Boutang de... Pierre Boutang et Marion Ruo-Berchera. Il n'est pas exagéré de dire que la relation passionnée qu'il entretint avec son père, « chouan forézien au tempérament entier », note Giocanti, détermina à jamais l'essentiel de sa pensée : cette « paternité édifiante et complète donnera à Boutang l'impression d'avoir perçu l'idée du père, et de lui-même comme fils, bien avant de concevoir l'idée d'homme. » Et le père, monarchiste, lui apprend à lire dans L'Action française. Dieu et le roi, théologie et politique : tel est le socle à partir duquel s'élèvera une réflexion exigeante et érudite, jusqu'à l'hermétisme parfois, au point que la poésie et la prière en seront les exutoires naturel et surnaturel.

    Elève de Vladimir Jankélévitch et de Jean Wahl, le brillant khâgneux intègre l'ENS de la rue d'Ulm d'où il sortira agrégé de philosophie.

    En 1934, il rencontre pour la première fois celui dont il sera le disciple et, dans une certaine mesure, le réformateur : Charles Maurras. Deux ans plus tard, il épouse Marie-Claire Cangue, normalienne et agrégée de lettres classiques, qui lui donnera six enfants. Malgré les nombreuses passions amoureuses qui traverseront sa vie, dont celle qu'il connut avec la romancière Béatrix Beck — qui relatera leur relation dans un roman au titre éloquent, Don Juan des forêts — leur union restera indissoluble.

    Maréchaliste, un temps membre du cabinet Giraud, antinazi radical, Boutang est pourtant chassé de l'Université à la Libération. Journaliste, il dirige Paroles françaises, écrit dans Aspects de la France et devient l'un des piliers de la droite littéraire parisienne, de cette « droite buissonnière » si subtilement décrite par le critique Pol Vandromme. Ses amis s'appellent Roger Nimier, Antoine Blondin, Michel Déon, Kléber Haedens, Philippe Ariès, Raoul Girardet, François Sentein., Marcel Jouhandeau...

    En 1955, il fonde l'hebdomadaire La Nation française, dont le tirage s'élèvera en moyenne à 20 000 exemplaires et où s'esquisse son rapprochement avec le général de Gaulle, qui sera effectif mais « conditionné » après la guerre d'Algérie.

    En 1967, sa réintégration universitaire est acquise — il succédera à Lévinas comme titulaire de la chaire de métaphysique à la Sorbonne. En « vil pamphlétaire », Boutang s'insurge contre le règne de l'argent, traduit Platon et Chesterton, lit comme nul autre avant lui Maurice Scève, La Fontaine, William Blake et Karin Pozzi, développe une théorie du pouvoir légitime et une Ontologie du secret saluée par George Steiner comme l'un des « maîtres-textes métaphysiques » du siècle. Ses nombreux élèves, étudiants et disciples sont tous fascinés par cet «ogre », par ce « géant » dont la mort en 1998, ne mit un terme, à leurs yeux, ni au rayonnement ni à la séduction. « Boutang est un homme de la Renaissance, écrit Giocanti, tant par sa vitalité, son érudition, la virulence de son Eros et l'ardeur de ses combats que par son inquiétude métaphysique, sa mélancolie, et les consolations qu'il demande en permanence à la poésie. »

    Suivez le condottiere ! 

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    Pierre Boutang,

    de Stéphane Giocanti, Flammarion, 460 p., 28 C. 

     

    BOUTANG EN CINQ DATES

    1916 Naissance à Saint-Etienne.

    1973 Ontologie du secret

    1979 Apocalypse du désir.

    1984 Maurras. La destinée et l'oeuve.

    1990 Mort à Saint-Germain-en-Laye

  • Histoire & Actualité • La date maudite du 19 mars 1962

     

    par Jean Monneret

     

    Le 18 mars 1962, les négociateurs d’Evian signaient un accord de cessez-le-feu entre l’armée française et le FLN qui dirigeait la rébellion indépendantiste. Le texte était accompagné de « déclarations gouvernementales » censées garantir la sécurité des Européens présents en Algérie, comme de ceux, de toutes origines, qui s’étaient opposés au FLN. Les harkis (1), supplétifs de l’armée française n’étaient pas mentionnés. La promesse, toute verbale, du FLN qu’il n’y aurait pas de représailles contre eux, fut jugée suffisante par L. Joxe. (2)

    Le texte d’Evian fut publié le 19 mars 1962. Depuis, certaines organisations « anticolonialistes » considèrent cette date comme celle de la fin de la guerre d’Algérie. Or, loin que le conflit s’apaisât, le 19 mars ouvrit une période de violences sans précédent.Il en fut ainsi non seulement jusqu’au 3 juillet, lorsque Paris reconnut l’indépendance de l’Algérie, mais jusqu’à l’automne 1962 et au-delà.

    Les victimes musulmanes du FLN furent probablement plus nombreuses durant ces six mois qu’elles ne l’avaient été durant les huit années précédentes. Le nombre des Pieds-Noirs enlevés quintupla (3), contraignant l’immense majorité d’entre eux à un exil définitif résultant d’une épuration ethnique pure et simple. Ajoutons que durant ce semestre abominable, nombre de militaires français furent tués ou enlevés ; 177 d’entre eux demeurent portés disparus à ce jour (chiffre provisoire sans doute inférieur à la réalité). 

    Donner la date du 19 mars à des places, à des rues, à des ponts (prochainement à Toulouse), fêter cette journée, prétendre y voir la fin du conflit algérien, est donc une insulte à toutes les victimes de cette époque, un outrage à l’Armée française, un défi au sens national le plus élémentaire et une injustice criante.

    En effet, contrairement à ce qui s’affirme parfois avec légèreté, le FLN représenté par Krim Belkacem , à l’époque homme fort de ce mouvement, a bien signé et paraphé les accords d’Evian. Cette organisation a donc délibérément violé le texte auquel elle avait souscrit (et qu’elle négocia durement). Elle a donc totalement engagé sa responsabilité morale et matérielle dans ce qui suivit. La participation ouverte de ses commandos, de son armée et de ses militants aux enlèvements massifs et aux exécutions durant les neuf mois postérieurs au 19 mars devrait inspirer une condamnation unanime. Ce n’est pas le cas, ce qui illustre le relativisme troublant de l’idéologie des droits de l’homme, devenue le fondement de l’univers occidental actuel. L’opprobre ne devrait d’ailleurs pas épargner certains responsables politiques français de l’époque.

    Dès le 17 avril 1962, l’encre d’Evian étant à peine sèche, le FLN inaugura le terrorisme silencieux, les enlèvements massifs d’Européens à Alger, à Oran, dans la campagne oranaise et en Mitidja. Ces rapts prenaient pour prétexte : la lutte contre l’Organisation Armée Secrète (OAS). (5) Après l’échec du putsch des généraux en avril 1961, les partisans de l’Algérie française avaient en effet rejoint cette organisation clandestine qui refusait ledit cessez-le-feu.

    Les « anticolonialistes » qui donnent le ton aujourd’hui dans les médias et les milieux officiels font de l’OAS la responsable de l’échec d’Evian et de l’exil des Pieds-Noirs. C’est un procédé commode mais peu honnête. L’organisation secrète, en fin de course, en juin 1962 n’avait plus ni stratégie, ni tactique. Il en résulta des dérives diverses et une confusion chaotique terminées par une (pseudo) négociation avec le FLN. (6) A ce stade, l’OAS menaça de pratiquer la « terre brûlée ». Des historiens de pacotille lui imputent cette politique depuis sa naissance, alors qu’elle ne dura qu’une semaine.

    L’histoire de l’OAS s’étend sur seize mois, de mars 1961 à juin 1962. Quelles que furent ses errances finales, indéniables , en faire le bouc-émissaire de tous les échecs ultimes des autorités françaises n’est qu’une manière peu subtile d’exonérer le pouvoir d’alors et de blanchir le FLN de ses crimes vis-à-vis de l’Algérie, des harkis et des Pieds-Noirs.

    Car après le ratissage de Bab-el-Oued, ces derniers subirent aussi la fusillade du 26 mars 1962 rue d’Isly (7), puis la longue succession des crimes des nouveaux maîtres du pays. Un exemple en donnera une idée : en mai 1962 ,272 Européens furent enlevés en Alger contre 44 en avril. A la fin du mois de juin, on évaluait à près de 1000 les victimes européennes de rapts dans la seule capitale.A partir du 17 juin, à la suite d’un accord FLN-OAS, les enlèvements ralentirent. Ils reprirent de plus belle après le 3 juillet, date de la proclamation de l’indépendance. Deux jours après, le 5 juillet à Oran, une manifestation venue des quartiers musulmans submergea le centre-ville européen. Quelque 700 Pieds-Noirs et une centaine de Musulmans (sans doute pro-français) furent massacrés.(8) Ceci accentua l’exode et le rendit irréversible.

    Les victimes les plus nombreuses se situent toutefois parmi les Musulmans. Dès la signature des accords du 19 mars, des harkis furent attaqués à Saint-Denis.A Saïda, des membres du commando Georges furent enlevés et tués par l’organisation indépendantiste alors même que plusieurs d’entre eux étaient des officiers français. Après le 3 juillet, les représailles contre les Musulmans ayant combattu le FLN s’intensifièrent. Des dizaines de milliers furent assassinés, emprisonnés ou persécutés de diverses manières. (9) Quelque 90000 harkis, familles comprises, furent transférés en France grâce à l’action clandestine de quelques officiers. Les autorités militaires, tout en signalant les épreuves subies par nos compatriotes musulmans, n’en relayèrent pas moins des recommandations insistantes et répétées de ne pas les faire venir en France. Ces faits largement établis historiquement n’en sont pas moins dissimulés voire niés aujourd’hui par quelques chercheurs « engagés ».Ceux qui ont vécu les événements de ce vilain temps en sont marqués à jamais. La date du 19 mars 1962 demeurera celle d’une ineffaçable duperie. 

    1. Harkis : supplétifs mobiles de l’armée française. Par extension, tout Musulman ayant combattu le FLN.
    2. Ministre d’Etat chargé des affaires algériennes, dirigeait la délégation française à Evian.
    3. JJ Jordi, Un silence d’état. Soteca, 2011, p. 155, chiffre à 300 les Européens disparus avant le 19 mars et à 1253 après. S’y ajoutent 123 personnes dont les corps furent retrouvés et 170 cas incertains.
    4. A ce jour, le gouvernement français a refusé d’ouvrir ces archives concernant ces militaires disparus. Seuls les civils ont été étudiés.
    5. M. Faivre, Les archives inédites de la politique algérienne, ed. L’Harmattan 2001. Vers la Paix en Algérie, collectif, ed. Bruylant, Bruxelles 2003. Les pages signées y sont reproduites.
    6. L’OAS fut créée à Madrid le 10 février 1961 et devint active en mars et surtout à l’automne suivant. Le FLN et ses séides prétendent aujourd’hui que les enlèvements ciblaient des militants de l’OAS. Dans La Phase Finale de la Guerre d’Algérie (ed. L’Harmattan, 2011) nous avons montré que les rapts pouvaient toucher aveuglément n’importe quel Européen.
    7. Voir notre ouvrage : Une Ténébreuse Affaire : La Fusillade du 26 mars 1962 (ed. L’Harmattan, 2009).
    8. Jordi, op.cité, p.155.
    9. M.Faivre, Les combattants musulmans de l’Armée française, ed. L’Harmattan, 1995.

     
     
  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Militantisme • Pour un « parti des politiques » ? C'est ce dont la France a besoin !

     

    Le Centre Royaliste d'Action Française a publié en date d'hier un communiqué dont les termes et l'esprit ne peuvent qu'être approuvés et suivis. Il trace à notre famille de pensée active une ligne politique juste et adaptée aux besoins présents et futurs du pays. Selon nous, cette position, que tous les royalistes peuvent faire leur, doit aussi donner forme aux activités de nos organisations sur le terrain, de même qu'il définit quelle sorte d'image doit être la nôtre dans les circonstances présentes. Le tout pour être utile au développement de l'Action Française et au pays lui-même.

    S'agissant de ce que fut, en son temps, le parti des politiques, nous publions plus loin un extrait significatif de la Satire Ménipée, qui a été l'un des textes fondateurs du parti des politiques, lequel fut, en définitive, victorieux. Lafautearousseau   

     

    La France est confrontée à une crise majeure de son histoire, non seulement sur les plans économique et financier, mais également social et culturel. 

    Outre les conséquences propres de l’invasion migratoire, nos élites mondialisées veulent dissoudre le peuple français dans une « République de la diversité », où il s’agirait de « faire société commune dans une société diverse », selon le titre d’un rapport fameux commandé en 2013 par le gouvernement. Parler de « peuple français » est devenu pire qu’une incongruité : c’est une « Marianne » marquée au fer rouge sur le front des malpensants. Alors que l’unité nationale — nous ne disons pas ethnique — du peuple français, reposant sur sa civilisation millénaire, est évidemment la condition sine qua non de son existence comme peuple, les Français sont au contraire poussés vers leur effacement en tant que pays réel. La question ne se situe plus tant au plan des divisions politiques, comme on a pu les connaître par le passé, qu’au plan existentiel.

    C’est pourquoi, par-delà l’incantation quasi-magique aux « valeurs républicaines » et à un « vivre ensemble » comme expression d’un communautarisme exacerbé, qu’invoquent nos élites dénationalisées pour mieux opérer ce dépassement du peuple français en une société « inventive » et « pluraliste », autant dire éclatée, il convient aujourd’hui d’engager, aux côtés de tous les patriotes de bonne volonté, une lutte décisive pour l’avenir du pays. Décisive, car cette lutte du pays réel pour sa survie doit conduire les Français à reprendre le pouvoir à une élite qui l’a confisqué au profit d’une oligarchie mondialisée.

    C’est à cette fin que L’Action Française ouvre aujourd’hui une grande enquête sur les conditions du redressement national, préalable nécessaire à l’action politique, auprès d’intellectuels et d’hommes politiques qui refusent ce que Boutang appelait en 1958 dans La Nation Française — ces mots sont toujours d’actualités car les maux dénoncés sont plus pressants que jamais — « le désordre et la maladie d’une société singulière, celle de la France présente ». Car oui, il s’agit bien d’obtenir « un large assentiment analogue à celui qui permit, à l’heure d’Henri IV, la victoire théorique et pratique du “parti des politiques” sur les rancunes » — les vieilles oppositions devenues obsolètes — « et le fanatisme », aujourd’hui celui des tenants d’un système aux ordres de cet empire absolu, et absolument étranger à la France, qu’est le faux-village planétaire. 

    vendredi 18 mars 2016 , par Action Française

     

  • Histoire & Actualité • « Nous aurons un Roi qui donnera ordre à tout » ...

     

    Nous aurons un Roi qui donnera ordre à tout, et retiendra tous ces tyranneaux en crainte et en devoir, qui châtiera les violents, punira les réfractaires, exterminera les voleurs et pillards, retranchera les ailes aux ambitieux, fera rendre gorge à ces éponges et larrons des deniers publics, fera contenir un chacun aux limites de sa charge, et conservera tout le monde en repos et tranquillité.

    Enfin, nous voulons un Roi pour avoir la paix, mais nous ne voulons pas faire comme les grenouilles, qui, s'ennuyant de leur Roi paisible élurent la cigogne qui les dévora toutes. Nous demandons un Roi et chef naturel, non artificiel; un Roi déjà fait, et non à faire; et n'en voulons point prendre le conseil des Espagnols, nos ennemis invétérés, qui veulent être nos tuteurs par force, et nous apprendre à croire en Dieu et en la foi chrétienne, en laquelle ils ne sont baptisés, et ne la connaissent que depuis trois jours. Nous ne voulons pour conseillers et médecins ceux de Lorraine, qui de longtemps béent après notre mort. Le Roi que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lis de France, jeton droit et verdoyant du tige de Saint Louis. Ceux qui parlent d'en faire un autre se trompent, et ne sauraient en venir à bout. On peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des Rois pour les porter; on peut faire une maison, mais non pas un arbre ou un rameau vert: il faut que la nature le produise, par espace de temps, du suc et de la moelle de la terre, qui entretient le tige en sa sève et vigueur. On peut faire une jambe de bois, un bras de fer et un nez d'argent, mais non pas une tête. Aussi pouvons-nous faire des Maréchaux à la douzaine, des Pairs, des Amiraux, et des Secrétaires et Conseillers d'État, mais de Roi point ; il faut que celui seul naisse de lui-même, pour avoir vie et valeur. Le borgne Boucher, pédant des plus méchants et scélérés, vous confessera que son œil, émaillé d'or d'Espagne, ne voit rien. Aussi un Roi électif et artificiel ne nous saurait jamais voir, et serait non seulement aveugle en nos affaires, mais sourd, insensible et immobile en nos plaintes...

    En un mot, nous voulons que Monsieur le Lieutenant sache que nous reconnaissons pour notre vrai Roi légitime, naturel, et souverain seigneur, Henri de Bourbon, ci-devant Roi de Navarre. C'est lui seul, par mille bonnes raisons, que nous reconnaissons être capable de soutenir l'Etat de France et la grandeur de la réputation des Français, lui seul qui peut nous relever de notre chute qui peut remettre la Couronne en sa première splendeur et nous donner la paix.  

    Relation burlesque des États Généraux de 1593 manipulés par la Ligue et les Espagnols. Le titre évoque le philosophe cynique grec Ménippe (IIIème siècle av. J.-C.). Cette œuvre collective est surtout rédigée par le juriste Pierre Pithou. Elle défend la paix, l'indépendance nationale et l'hérédité dynastique française.

    Ce fut l'une des expressions littéraires les plus remarquables du parti des politiques. En France, après trois décennies de guerre civile, cet ouvrage connut un grand succès auprès du gouvernement et des élites. Principal auteur, P. Pithou (1594)

  • Religion & Médias • Torrent de boue contre le Primat des Gaules

     

    Par Jean-Louis Faure

    [Reçu dans les commentaires, le 18.03]

    Nous aurions tort de ne regarder le torrent de boue contre le Primat des Gaules comme uniquement une attaque anticléricale qui arriverait à un moment opportun (lequel ?). Je regarde cette ignominie comme la signature de notre société très malade, dans laquelle nous avons eu le grand tort de considérer des dérives portant atteinte à la biologie et aux lois sacrées de la Vie comme des crises d’acnés passagères. Je suis absolument convaincu que l’attaque vient des réseaux homosexuels dont on sous-estime absolument le pouvoir de nuisance et les ramifications au plus haut niveau de l’État (ou ce qu’il en reste …).

    Je reviens sur quelques exemples par ordre chronologique :

    - un certain Sarkozy fut toujours fasciné par cette communauté, au point d’en nommer à de très hauts postes de la République, tel Chef d’État Major des Armées dont tous les copains de promo à Saint Cyr n’ignoraient rien de sa tendance. Ce monsieur est aujourd’hui le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur ! De passage à Paris, un général américain connu pour sa grande gueule (Stanley McKrystal) l’avait traité de « queer » (tarlouze) quasiment en public, provoquant gêne et hilarité.

    - l’attaque contre le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui eut l’impardonnable initiative de publier en octobre 2012 une dissertation de 25 pages impeccablement documentée qui fait référence (Benoit XVI la mentionna) « Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : ce que l’on oublie souvent de dire.». Dans les semaines qui ont suivi, les mêmes relais médiatiques qu’aujourd’hui, sortirent du chapeau une vague accusation de plagiat dans une de ses précédentes études, tintamarre suffisamment orchestré et assourdissant pour le pousser à la démission. Quel fut le rôle de sa propre communauté ?

    Notre corps social est profondément atteint comme des vers sont dans un fruit. Je suis pour cette raison violemment révolté quand j’entends dans les diners en ville, des intellos bobos qui jouent les grands tolérants devant une série d’ignominies. Quant à notre monde politique, il patauge dans la lâcheté au point de ne plus réagir sur aucune mise en cause de la dignité de l’humanité. Ne parlons pas d’être chrétien … 

  • Médias & Société • Quand Stéphane Guillon et consorts (se) font les Guignols La bien-pensance ne rigole pas

    (Photo : SIPA.00609727_000031)

     
    par Franck Crudo
     
    Journaliste. Il a notamment participé au lancement de 20 Minutes. Il nous donne à passer, ici, un excellent moment.
     
    franckcrudo.jpgUn sketch des Guignols sur le FN aura suffi à faire se boucher le nez, dans un même élan, Stéphane Guillon, Daniel Cohn-Bendit, Philippe Sollers, Alain Soral... Mais de quoi peut-on encore rire aujourd'hui ?
     
    « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », disait Pierre Desproges… au siècle dernier. Une époque où l’humour en France ne restait pas, pour des questions de principe, confiné dans la prison étroite du politiquement correct. Peu importe la manière dont on faisait rire, l’important était de le faire. Pas d’enclos idéologique ou de police de la pensée. La liberté de rire, sans être jugé. Un autre temps.

    Aujourd’hui, le siècle n’est plus le même et le pays de la liberté d’expression non plus. Le sketch des Guignols sur Marine et Jean-Marie Le Pen, lundi dernier au Grand journal de Canal+, a fait grincer quelques dents et suscité une petite polémique.

     

     

    A la limite, le plus rigolo dans l’histoire, c’est moins le sketch que la réaction de la plupart des invités sur le plateau. Il faut dire que diffuser ce genre de parodie dans une émission qui rivalise avec celle de Ruquier (le samedi soir sur France 2) pour le titre honorifique d’« émission la plus bobo de gauche du PAF », c’est un peu comme proposer un concert d’André Rieu dans certains quartiers nord de Marseille : le succès n’est pas garanti.

    Maïtena Biraben est mal à l’aise. Daniel Cohn-Bendit confie en riant que « ça ne le fait pas rire » et trouve ça « con ». Histoire d’élever le débat, Philippe Sollers confirme en riant que « c’est con » et l’écrivain Cécile Ladjali regrette que ces marionnettes rendent « très sympathiques » les Le Pen. C’est vrai quoi, affubler Jean-Marie de la gueule d’une gargouille avec de faux airs du garde de Jabba le Hutt dans Star Wars, lui faire brandir une matraque puis ânonner une série de clichés racistes, ça attire illico la sympathie.

    Deux jours plus tard, Stéphane Guillon, qui regarde visiblement Le Grand journal en replay, dégaine un tweet outragé (à l’instar d’Alain Soral peu après) :

    Guillon - Soral.jpg

    L’humoriste de gauche — pléonasme car c’est le seul vrai humour qui fait rire sainement — regrette les anciens auteurs des Guignols. La grande époque, version Bruno Gaccio et consorts, celle où l’on avait le cœur bien placé. Celle surtout où l’on savait sur quels sujets et sur quels individus où pouvait rire ou ne pas rire. Des Guignols emblématiques de cette gauche que Philippe Val juge atteinte de « rouge-brunisme » et qu’il décrit comme « anticapitaliste, antisioniste et qui voit dans l’islam la religion des opprimés ». Ah, c’était le bon temps ! Presque deux décennies pendant lesquels Stéphane Guillon a pu se bidonner grâce aux gags récurrents sur l’église catholique et la pédophilie…

     


    Beaucoup moins souvent sur l’islam, car c’est tout de suite moins drôle et ça risquerait de faire le jeu de qui on sait. C’est un peu plus périlleux également… Guillon a pu tout de même se poiler à maintes reprises grâce à la marionnette de Ben Laden, systématiquement représenté en bédouin débonnaire, espiègle et jovial, limite sympa, qui met tous les rieurs de son côté.



    Evidemment, cela ne choque alors nullement Stéphane car il a le sens de l’humour et le fameux esprit Canal. En plus, Twitter n’existe pas à l’époque. Il n’y a qu’un réac pisse-froid pour s’étonner de la complaisante représentation du terroriste. Ou d’un tel décalage dans le traitement « humoristique » des deux religions.

    Et puis Stéphane s’est sans doute aussi tapé des barres sur les inusables sketchs antiaméricains et anticapitalistes avec la marionnette de Stallone en symbole de la World Company.

     


    Avec les anciens auteurs, non seulement on se marrait, mais on ciblait et hiérarchisait les vrais dangers. On avait (beaucoup) moins souvent l’occasion de se bidonner sur le communisme et l’extrême gauche en général, lesquels il est vrai présentaient un bilan globalement positif et une alternative crédible à Monsieur Sylvestre et ses sbires. Mais sur le capitalisme et les Etats-Unis en revanche, qu’est-ce qu’on se boyautait ! D’ailleurs, lors de la chute du mur de Berlin, les Allemands de l’Est se sont précipités à l’Ouest pour pouvoir rigoler à nos côtés.

    Non, décidément, les anciens Guignols, c’était d’un autre niveau. C’était moins beauf, plus subtil. On riait moins gras. Ah la belle époque où l’on se tordait en matant la marionnette de Bernadette Chirac en train de se masturber avec son sac à main ! Où l’on se gondolait devant Amélie Mauresmo, dépeinte en bodybuilder avec une voix de mâle dominant.

     


    Et puis, surtout, les auteurs des Guignols avaient trouvé la parade pour ne pas faire le jeu du Front national. Ne surtout pas en parler. Ne pas caricaturer Le Pen. Se foutre de la gueule de tous les gouvernements et d’une grande partie du personnel politique, sauf de Le Pen. Stratégie imparable. On persifle quotidiennement sur la gauche et la droite, on traite quasiment toutes les semaines nos présidents de Super Menteur ou de Super Voleur et on épargne la bête. Pour ne pas lui faire de la pub. On divertit le bobo, mais aussi le poujado, le gars du bistrot qui braille « tous pourris ». En vingt-cinq ans, le Front national passe de 10 à 30%. Mais au moins, on s’est marré tous les soirs sur Canal.

     

    Stéphane Guillon ne supporte pas les gags pas drôles et les dérapages honteux. Il a bien raison, il sait de quoi il parle. En mars 2015, il sort une vanne sur Twitter qui provoque l’hilarité générale. Ou presque.

    Tweet 2.jpg

    Pendant des années, avant de se faire virer, ses chroniques matinales sur France Inter sont des exemples de drôlerie et de bon goût. Comme ces vannes sur le physique d’Eric Besson, « une taupe du FN aux yeux de fouine », ou de Martine Aubry, « un petit pot à tabac ». Irrésistible. Dommage que le président de Radio France, Jean-Luc Hees, nous la joue alors bégueule en rappelant à l’humoriste que « l’attaque personnelle, fondée sur le physique de la personne, fait partie de ces valeurs infranchissables ».

    Il y aussi cette chronique hilarante au lendemain de l’accident d’avion du président polonais Lech Kaczynski, où il rêve d’une tragédie du même type pour Nicolas Sarkozy, puis balance une énième vanne sur la taille du président et la tête de fouine d’Eric Besson. Les plaisanteries sur le physique et les accidents d’avion, c’est visiblement l’un des principaux ressorts comiques de l’artiste. Le seul ? Certes, c’est un peu facile, mais en attendant, qu’est-ce qu’on se marre ! Comme le dit Woody Allen : « Il n’y a que deux sortes d’humour : le comique de répétition et le comique de répétition. » Dommage pour Guillon que son patron n’ait, lui, aucun humour. Lassé par ses dérapages répétés et plus ou moins contrôlés, Hees licencie le comique (de répétition) quelques mois plus tard, déclarant notamment : « Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi (…). Je considère que cette tranche d’humour est un échec. »

    « L’homme ordinaire est exigeant avec les autres. L’homme exceptionnel est exigeant avec lui-même », disait Marc-Aurèle. Stéphane Guillon n’est ni exceptionnel, ni stoïcien. Il est ordinaire et de gauche. De cette gauche surreprésentée dans la sphère médiatique, coupée de la majorité de la population française aujourd’hui, et qui encadre non seulement la façon de penser, mais aussi la façon de rire. Aujourd’hui, on ne peut pas rire avec n’importe qui, mais on ne peut aussi plus rire de tout. Ou plutôt, tout dépend qui fait rire. Car avec le politiquement correct érigé en gardien du temple, l’égalitarisme et l’antiracisme en horizon indépassable, le rubicon peut être franchi à tout moment. Le rire ne peut plus se contenter d’être drôle, il doit aussi être acceptable. Et tant pis si on étouffe dans ce carcan. Le rieur, surtout s’il est blanc et pas forcément de gauche, devient instantanément un suspect potentiel. Sous sa bouche, toute plaisanterie mal calibrée comme dirait l’autre devient très vite sexiste, antisémite, raciste, homophobe.

    Il n’existe que deux parades : être de gauche ou faire partie d’une minorité. La suspicion s’éloigne d’emblée. Se gausser de tous les clichés racistes en les reprenant à son compte, c’est souvent très drôle dans la bouche des jeunes talents du Jamel Comédie Show, de Thomas Ngijol ou de Fabrice Eboué. On peut même se moquer des Roms de façon très politiquement incorrecte comme le fait avec brio le Comte de Bouderbala :



    Imaginez maintenant le même sketch joué par un humoriste blanc, populaire et franchouillard, disons au hasard Jean-Marie Bigard, et certains sourires se crispent aussitôt. Un avocat du Mrap attend peut-être déjà dans sa loge…

    Quand en 1995, Patrick Sébastien se grime en Le Pen, fredonnant « Casser du noir » sur l’air d’une chanson de Patrick Bruel, il fait scandale :



    Sans doute un tournant. C’est l’une des premières fois où la bien-pensance médiatique se déchaîne. Le célèbre imitateur cumule les handicaps : il est blanc, pas de gauche et parfois grossier. Bref, un beauf potentiel. Le coupable idéal.

    Quand Guy Bedos traite à plusieurs reprises une femme politique de droite de « connasse », c’est décapant, c’est corrosif, c’est tout simplement de l’humour. Imaginons maintenant un comique populaire et franchouillard, disons au hasard Laurent Gerra, qui balance la même insulte, pardons la même vanne sur une femme politique de gauche, disons au hasard Christine Taubira… et le lendemain Libé sort trois pleines pages sur le scandale.

    Remontons le temps un instant et imaginons, pour la déconne, ce que donnerait en 2016 une interview de Coluche sur le racisme, un sketch de Pierre Péchin (le match de tennis), un autre de Fernand Reynaud (le douanier), et de Michel Leeb (l’épicerie africaine), ou encore une satire des Inconnus (Les Envahisseurs). En fait non, on n’ose pas imaginer…

    Plus inquiétant encore, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) se fait aujourd’hui le relais de la bien-pensance en matière d’humour et se montre de plus en plus interventionniste en la matière. A l’instar de ce sketch de Jarry, le 13 octobre dernier sur France 2 dans une émission animée par Stéphane Bern. Pour être honnête, c’est plutôt lourdingue. Mais pas bien méchant non plus. L’autorité audiovisuelle n’a toutefois pas hésité à adresser une mise en garde à la chaîne publique, estimant notamment « que les gestes de l’humoriste envers la chroniqueuse étaient très vulgaires, voire dégradants » et rappelant que « le service public se doit d’être exemplaire en matière de promotion de l’image et de la place de la femme dans les programmes ».

    Le CSA n’existait heureusement pas du temps de Desproges, qui n’a du coup pas été mis en garde lorsqu’il a balancé : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne ». Encore heureux également que le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne supervise pas la littérature. Il censurerait allègrement Alphonse Allais (« Tout ce qui est public devrait être gratuit : l’école, les transports et les filles »), Sacha Guitry (« Son sommeil était de beaucoup ce qu’elle avait de plus profond. »), Noctuel (« Si tant de femmes ne quittent pas leur mari alors qu’elles ont déjà fait leur valise, c’est qu’elles n’arrivent pas à les fermer ») ou Raymond Queneau (« Elle était aussi bien de fesses que de face »).

    Avec le CSA, Stéphane Guillon et ses amis, le sens de l’humour est en train de prendre une bien mauvaise direction. 

    Franck Crudo

    [Causeur, 18.03]

  • La République, l'Europe, le monde

    Sommet européen de Bruxelles. Attitude ridicule, langage amphigourique, Hollande tel qu'en lui-même.

     

    ANALYSE. Le monde politicien, président en tête, a les yeux fixés sur 2017, alors que le ciel de 2016 s'alourdit déjà de mille menaces plus inquiétantes les unes que les autres.

    Par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa Ve République n'est plus qu'une IVe finissante. À moins qu'elle ne connaisse un effondrement tragique et soudain comme la IIIe sous quelques coups de boutoir, financier, économique, social, politique, terroriste, tout à la fois peut-être, avec des risques trop certains d'affrontements multiples et d'éclatement national.

    Le dernier remaniement gouvernemental ne manifeste aucunement un souci d'intelligence nationale. Les noms des entrants en sont à eux seuls une preuve. Qu'est-ce donc qu'Ayrault ? Et Cosse ? Et Placé ? Même les socialistes les plus guindés se sont esclaffés devant ces choix d'un ridicule achevé. Tout le monde a compris qu'il ne s'agit pour Hollande que de préparer 2017 : 38 ministres et secrétaires d'État ! Uniquement pour tenter de se recomposer une base électorale ! Quand on sait ce que coûte réellement un ministre avec tous les frais afférents... et quelle escroquerie recouvrent les organigrammes de tous ces ministères plus ou moins « bidon » où se niche la clientèle et où prospère le copinage !

    LA TARTUFFERIE POLITICIENNE

    Ajoutez-y les régions nouvellement recomposées et qui ne l'ont nullement été en vue de répondre à des réalités historiques, économiques et sociales, mais parce qu'elles sont devenues - et plus encore qu'avant comme l'ont montré les dernières élections - des échelons de pouvoir dans des configurations uniquement partisanes avec tous les tripatouillages et toutes les manigances qui s'imposent en pareil cas. Le clientélisme y règne évidemment comme à tous les innombrables étages de l'organisation territoriale. Nombre de maires, en ce moment, sont vent debout, eux qui cherchent à sauver leurs terroirs et qui luttent contre les stipendiés de la politicaillerie et de la finance crapuleuses, liguées pour faire main basse sur tout ce qui vit encore. Personne ne les écoute.

    Quelle administration équitable et efficace peut résister aux miasmes d'un si mauvais esprit ? Les résultats sont là ; la France se meurt; la France réelle : le monde paysan dont les politiciens - le ministre de l'Agriculture en premier - « se foutent » littéralement, sauf en périodes électorales, le monde du commerce et de l'artisanat qui n'intéresse en rien les prébendés de la République, le monde industriel sacrifié sur l'autel de la pseudo-concurrence et bradé toujours aux moindres coûts, sauf les pôles d'excellence qui, par nature, échappent heureusement à l'incompétence des carriéristes de la médiocrité républicaine.

    Autant François Hollande a tenu bon face aux familles françaises quand il s'est agi de détruire la famille avec son mariage pour tous et tout ce qui s'ensuit dans l'ordre de la filiation, autant, après avoir fait semblant, comme son maître Mitterrand, de déclarer.la guerre à l'argent, il s'essaye depuis 2014 à se rabibocher avec tout ce qui peut compter financièrement et économiquement en vue des élections présidentielles. En politicien avisé, il a toujours été en symbiose avec un certain monde du « fric », celui qui n'a ni foi ni loi, celui qui tient les médias, celui qui anime une certaine finance qui se moque de tout. Le « Hollande socialiste » est une sorte d'oxymore aussi comique que naguère le « Mitterrand socialiste » et ami des communistes. Ces bourgeois, très bourgeois, qui jouent les « partageux » n'ont jamais rien partagé de leurs propres biens, ni coupé leurs manteaux, au grand jamais ! En revanche, ils ont fort bien disposé du bien d'autrui, mis en coupe réglée le pays, pillé les poches des contribuables pour payer leurs largesses ! Qui ne se souvient de ces étranges financiers qui ont soutenu Hollande en 2012 et qui avaient acheté une bonne partie de la presse d'opinion à cet effet ? Ils sont toujours là et ils veillent.

    OPPORTUNISME RÉPUBLICAIN

    Le prétendu retournement de 2014 s'explique fort bien, quand on connaît le personnage et son entourage. C'est une politique voulue : le montage, d'ailleurs stupide, du CICE, l'arrivée de Valls, la venue de Macron, la loi Macron dite de libéralisation économique, les engagements contre le terrorisme, la loi sur le renseignement pour se donner l'allure martiale, l'état d'urgence et sa possible constitutionnalisation, enfin, comme un bouquet final, la loi El Khomri de réforme du Code du travail qui sera présentée au Conseil des ministres début mars et qui, déjà, fâche les socialistes... vraiment socialistes ! En fait, Hollande se « recentre », tout en continuant à assurer qu'il est de gauche. Ô sublime habileté ! Il prendrait exemple sur Schröder en Allemagne. En réalité, plus simplement, comme ses prédécesseurs des IIIe et IVe Républiques, après avoir usé jusqu'à la corde les antiques oripeaux du socialisme et la tunique archaïque du radicalisme, selon la bonne vieille loi d'évolution de tout politicien de service en France, il revêt maintenant l'habit plus seyant du libéralo-conservatisme et de l'opportunisme républicain, à la manière, jadis, des Ferry, des Millerand, des Briand, des Clemenceau, des Sarraut, des Doumergue, des Blum même, des Auriol, des Mendès, des Mollet. Valls est sur la même partition, en plus vigoureux, au cas où Hollande ferait soudain défaut. Alors, primaire à gauche ? Cambadélis en est réduit à l'offrir à Hollande à son choix, alors que la France atterrée se rend compte à l'évidence que le bonhomme, toujours grotesque dans son attitude et embarrassé dans sa rhétorique, n'a jamais eu l'étoffe ni le langage d'un chef d'État !

    Dans ces circonstances, alors que la situation empire, les candidats de droite se durciraient-ils ? Ils envisagent des réformes au pas de course comme en rêvaient déjà dans les années 3o, avec le succès que l'on sait, les Tardieu, les Doumer, les Daladier et les Reynaud, juste avant guerre, juste avant le désastre mille fois prévisible ?

    Nos caciques d'aujourd'hui sont tels que leurs prédécesseurs ; ils veulent réformer l'irréformable à coups d'ordonnances, de 49-3, comme, autrefois, on le faisait à coup de décrets-lois. Quelle illusion aujourd'hui comme hier ! Rien ne résistera aux évènements. Leur catéchisme républicain est déjà pulvérisé. En habitudinaires, ils n'appréhendent pas ce qui se passe autour d'eux. Les jeunes générations les quittent, physiquement, politiquement, moralement. Les Français les méprisent. L'Europe les lâche, l'Angleterre d'abord, les pays de l'Est ensuite, bientôt, parions-le, l'Allemagne et les pays du Nord pendant que le Sud fera faillite. L'islamisme leur sautera de nouveau au visage alors qu'ils en nient encore l'existence ; les flux migratoires, les villes survoltées, les banlieues incontrôlées les submergeront ; l'Union européenne, sur qui ils ont tout misé, va leur exploser à la figure et, peut-être, en même temps, la finance mondiale, la leur, d'ailleurs, en premier lieu, tandis que le monde instable et fou qu'ils ont contribué à créer, les laissera tout simplement tomber et, sans doute, les accablera dans leur désastre. Le sage Montaigne disait déjà de ceux qui de son temps prétendaient tout sauver par la hardiesse de leurs discours, qu'il convenait d'abord de réfléchir aux conditions nécessaires du redressement : « La décharge du mal présent n'est pas guérison, s'il n'y a en général amendement de condition ».