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Arguments pour la Monarchie en France

 

Par Jean-Philippe Chauvin

 

4184008190.2.jpgPourquoi une monarchie en France serait-elle la plus efficace pour affronter les défis du XXIe siècle et dépasser les défauts de l'actuelle République, pourtant « monarchique » dans son esprit mais républicaine dans sa forme ? 

La Monarchie « à la française », tout d'abord, n'est pas la pâle copie de celles qui peuvent avoir cours dans d'autres pays : ni simplement parlementaire, ni autocratique ou théocratique, elle est d'abord propre à la France et à son histoire, à sa tradition politique et à sa structure nationale. 

Le roi, par le mode de désignation héréditaire et dynastique, ne dépend d'aucun milieu particulier, d'aucun parti ni d'aucune idéologie (même royaliste), et il n'a pas de clientèle à se faire pour devenir le souverain : il est indépendant par sa naissance, la seule chose qui ne s'achète pas et dont il n'a pas non plus la maîtrise. Le roi n'est pas choisi par des politiciens ou des hommes de parti, et il n'a pas non plus choisi de naître fils de roi et successeur du roi en place. Cette indépendance lui permet d'incarner l'unité même du pays, d'être une sorte de trait d'union entre toutes les communautés, provinces ou opinions, et, non pas d'être neutre, mais d'être un arbitre impartial, ce qui n'est pas négligeable au moment où notre société tend à présenter des fractures parfois inquiétantes. 

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Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, le prince Joseph est venu agrandir la famille.

Cela lui permet aussi de « dégager » la magistrature suprême de l'Etat de la compétition électorale, aujourd'hui si pesante et si incapacitante pour le faîte de l'Etat et son autorité : ainsi, il peut aussi incarner une continuité qui n'est pas remise en cause à chaque élection quinquennale, et qui est symbolisée par la formule traditionnelle « Le roi est mort, vive le roi », qui fait du passage d'un souverain à un autre une simple formalité, lourde de sens car elle se fait par le drame de la mort d'un roi et par la survie de l'Etat à travers le nouveau roi, et qu'elle rappelle à celui-ci sa condition humaine... 

De plus, comme le signale Régis Debray, l'ancien conseiller du président Mitterrand, la Monarchie est aussi une famille royale, fort utile pour incarner la France à l'étranger comme le fait la famille royale britannique au sein du Commonwealth, et susceptible de « catalyser » sur elle « le besoin de spectaculaire » de l'opinion publique qui, de plus, peut se reconnaître dans une famille qui représente toutes les familles du pays. Sans oublier également que la dynastie s'inscrit dans une histoire longue et qu'elle assume toute l'histoire (même républicaine) de la nation que, d'ailleurs, elle a construite depuis 987 jusqu'à la Révolution française... Comme le roi Juan Carlos en son temps, un monarque restauré ou « ré-instauré » n'a pas de revanche à prendre sur quiconque mais se doit « d'être » la nation, et c'est ce qui lui permet, justement, de pouvoir dépasser les conflits anciens et de réunir les adversaires autour d'une même table quand le besoin s'en fait sentir. 

C'est aussi le monarque qui peut écouter tous les premiers ministres et les accueillir, y compris en cas d'alternance politique, tout en garantissant la permanence de l'Etat : que le gouvernement soit de droite ou de gauche, le roi, de par sa position, peut tout écouter et tout entendre, sans, par ailleurs, dévoiler ce qui peut lui être dit par les uns ou les autres. En Europe, les souverains sont réputés pour leur discrétion et un secret ou un doute confié par un ministre au monarque reste un secret, quand, dans le même temps, le monarque peut conseiller, en toute liberté, le ministre reçu. 

Dans le modèle français de la Monarchie, le roi n'est pas inactif, loin de là, et son rôle d'arbitre peut être appréciable en cas de conflit ou de blocage politique. Un rôle d'autant plus important que, constitutionnellement, le roi est le garant de la Constitution de la nation elle-même, et qu'il est le Chef de l'Etat, autant pour les Français que vis-à-vis des autres nations du monde. 

Alors que nous sommes, en République quinquennale, toujours en campagne électorale, la Monarchie « libère » la Première place du joug de ceux qui « font » les élections, puissances d'argent ou partis politiques : ce n'est pas anodin et c'est plutôt rassurant car cela force tous les acteurs de l'Etat et du gouvernement à « servir et non se servir »... Dans le même temps, la Monarchie permet de faire des économies importantes et, même, lors des fêtes familiales (mariage royal, naissances, etc.), de rapporter à l'Etat quelques revenus supplémentaires tandis que l'image du pays est valorisée par la couverture médiatique de l'événement ! La Monarchie, à bien y regarder, est moins coûteuse et plus profitable que la République aux campagnes présidentielles onéreuses (tous les cinq ans) et au train de vie souvent fastueux, parfois scandaleux... 

Le blog de Jean-Philippe Chauvin

Commentaires

  • J'applaudis Jean-Philippe CHAUVIN pour cette très lucide démonstration avec laquelle je puis me sentir en accord complet; j'en suis jaloux, car j'aurais aimé écrire un texte semblable.
    Une réserve cependant: "cela force tous les acteurs de l'Etat et du gouvernement à "servir et non se servir". J'aimerais que cela soit vrai avec un Roi chef d'Etat, mais j'en doute fort! Je crains que cela ne soit vrai que pour le Roi et ce serait déjà quelque chose....un exemple de droiture, d'honnêteté, de service comme en Espagne avec Felipe VI. Service politiquement humble mais à cette place, c'est la vraie grandeur royale dont on a un urgent besoin en France.

  • La monarchie n'abolit pas la cupidité des hommes, ni leurs autres vices. Elle en préserve le point ultime et supérieur à la tête de l'Etat. Elle le sanctuarise. Et c'est un immense service. Par cette sanctuarisation, elle relativise et, en un sens, elle modère tout le corps social.

  • Mais pourquoi Dieu n'a t-il fait que je sois né en Vendée vers 1760 ? Me permettre ainsi de me battre pour ce qui est mes idées.
    Je vis sous la république. Et je m'emmerde... Je m'emmerde d'assister depuis toute ma vie à une sorte de tragi-comèdie où je vois mon pays, la France, agoniser peu à peu...
    Verrais-je le renouveau ?..

  • Jean Philippe CHAUVIN décrit et analyse l'esprit et la constitution d'une monarchie à la française, tout à fait compatible aux nécessités du XXI ème siècle, solidement enracinée dans la durée de mille ans d'histoire capétienne pour lesquels la république au sens du bien commun et de l'Etat de droit a préexisté aux régimes républicains venus ponctuer cette histoire millénaire et dans laquelle s'inscrit la Vème République qui mériterait d'être " royalisée".

  • Je me sens tout à fait en phase avec l'analyse de Jean-Philippe Chauvin et les commentaires qui lui font suite. Il devrait exister un moyen de réunir beaucoup de français sur ces idées de bon sens, -mais oui-, saines et en ligne avec les racines de la France. Il devrait être possible aux français de sortir de l'état de tétanisation de pensée exclusivement républicaine imposée d'abord par la terreur révolutionnaire, il y a plus de deux siècles, et poursuivie depuis de façon quasi mécanique comme une fatalité soit disant progressiste que l'on n'ose pas remettre en cause et dont on voudrait faire croire qu'il est même inconvenant de parler.

  • un peuple qui ne se souvient pas de son passé est menacé de ne pas avoir d'avenir.
    la monarchie est le ciment d'un peuple.
    ( voyez les abeilles , pas de reine, plus de ruche, plus de miel).

  • Le soucis c'est que beaucoup de médias et d'hommes politiques font barrage pour un retour à la monarchie normal ils ne pourrais plus ce servir dans les caisses. ....
    Vive le roi

  • Pas une ligne à changer dans l'analyse de Jean Philippe Chauvin trois mois après....sauf que la nécessité de la présence royale est plus urgente que jamais pendant la compétition présidentielle! Le peuple, fatigué, n'a plus la force de l'exiger, il est devenu fataliste...

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