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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1385

  • Education • Philippe Nemo : « Former des enseignants »

     

    par Ludovic Greiling

     

    greiling.jpgLe 7 avril a été lancée l’Ecole professorale de Paris, un établissement privé destiné à former les enseignants des collèges et des lycées. Les cibles ? Les préposés au Capes et à l’agrégation, mais aussi tous les professeurs qui souhaiteraient améliorer leur enseignement dans le secondaire. Nous avons demandé à son directeur, Philippe Nemo, de détailler le projet.

     Pourquoi créer maintenant l’École professorale de Paris ? Estimez-vous qu’il existe des défauts dans le système actuel de formation des professeurs ?

    Bien entendu, ce système présente des défauts énormes : sa désorganisation chronique, et le rôle démesuré qu’y jouent les prétendus «pédagogues». Mais réformer ce système dans son ensemble n’est certes pas notre propos (même si nous avons nos idées sur la question). Une initiative privée ne saurait avoir la prétention d’apporter une réponse globale au délabrement actuel de l’Éducation nationale. Cette réponse ne pourra être donnée que par des hommes politiques responsables, s’il en existe. Notre projet est à la fois plus modeste et plus ciblé. Il est de former à nouveau des professeurs hautement qualifiés dans leurs disciplines respectives, comme on savait fort bien le faire jusqu’à une date récente.

    En quoi consiste l’apport original de l’Ecole professorale de Paris ?

    Il consiste en l’option pédagogique susdite. Nous pensons que ce qui assure le rayonnement et l’efficacité pédagogique des professeurs auprès de leurs élèves, c’est essentiellement leur compétence académique, et nous voulons former nos étudiants dans cette logique. Nous pensons, en outre, que le pays a un besoin vital d’avoir des scientifiques et des experts compétents en tous domaines, comme il en a eu dans le passé, faute de quoi il décrochera (il décroche déjà!) par rapport aux autres pays européens, à l’Amérique du Nord et à la nouvelle Asie (Chine, Corée, Japon…). Or il ne peut avoir ces scientifiques et des experts de bon niveau si les enseignements primaire et secondaire continuent à sous-performer en France, comme le montrent pour notre honte les enquêtes PISA.

    Il est vrai qu’il existe encore en France quelques formations secondaires excellentes, dans certains lycées publics officiellement ou officieusement dérogatoires, et aussi, de plus en plus, dans des lycées privés qui, dorénavant, trustent les mentions TB au bac ! Mais ces îlots de réussite sont constamment menacés de submersion par de nouvelles réformes égalitaristes absurdes, guidées par la haine obsessionnelle de la culture et de la transmission qu’ont les forces politiques, syndicales et sectaires qui dominent actuellement l’Éducation nationale. Notre projet ne prend donc tout son sens que si l’on lui adjoint l’hypothèse que, dans l’avenir, des politiques éducatives différentes seront menées, et qu’il y pourra donc y avoir de nouveau, de façon officielle, et non plus seulement clandestine ou marginale, des établissements secondaires sérieux ayant l’ambition de construire un savoir structuré de la 6ème au baccalauréat. Il est certain que si de telles réformes ne sont pas faites, nos diplômés seront en grand danger d’être au chômage. Ils pourront du moins se consoler par le fait d’avoir été, eux, correctement instruits.

    Quand l’école va-t-elle donner ses premiers cours ?

    En septembre 2016.

    Avez-vous déjà eu des demandes d’inscription ?

    Bien entendu, puisque notre site www.epparis.org nous a assuré d’ores et déjà une certaine visibilité. Mais nous en attendons d’autres, en comptant pour cela sur le bouche-à-oreille. Les étudiants ont jusqu’à fin mai pour s’inscrire au concours, et les candidats à nos deux Formations continues (Lettres et Mathématiques) jusqu’à la rentrée. 

    Pour en savoir plus : http://www.epparis.org/

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Livres & Société • Les Saint-Just du samedi soir

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN 

     

    arton8470-7b8cd.jpgIl est en France un philosophe qui s'oppose à la « ferme des mille vaches » et à la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et qui use de sa notoriété médiatique pour dénoncer les conditions indignes de l'élevage productiviste et les absurdités de la course à la bétonnisation aéroportuaire et mondialiste : en somme, certains, à cette rapide description, pourraient croire qu'il était, au regard de ces combats qu'il est l'un des seuls intellectuels français à assumer publiquement en France, le bienvenu sur cette place de la « Nuit debout » contestatrice de tant de scandales environnementaux et sociaux... Et pourtant ! Après quelques dizaines de minutes passées à écouter les intervenants des débats, Alain Finkielkraut en a été chassé comme un malpropre par quelques extrémistes qui, le plus souvent, n'ont même pas pris le temps de le lire, se contentant de quelques slogans et arguments faciles. Quelle déception, quelle colère peut-on éprouver devant une telle situation absurde et, il faut le dire, éminemment révoltante ! 

    Le philosophe Alain Badiou, maoïste pas vraiment repenti, n'a pas, lui, hésité à discuter avec son confrère maudit par les nouveaux Saint-Just du samedi soir, et un livre en est né, qui mérite d'être lu*. D'autres, qui n'ont pas la notoriété de Badiou ou de Finkielkraut, ont été invités dans l'émission que ce dernier anime, depuis des années, sur France-Culture, sans censure aucune, et ont pu faire valoir des idées parfois fort éloignées de celles de leur hôte...  

    Je suis d'une tradition dans laquelle on discute beaucoup, et je n'ai jamais hésité à franchir quelques barrières idéologiques pour chercher à comprendre, mais aussi à convaincre mes adversaires, parfois en vain. Je me souviens, entre autres, d'un débat sur la question universitaire organisé par le groupe anarchiste de l'université de Rennes2 auquel je m'étais rendu, accompagné de quelques monarchistes : la surprise était grande parmi les libertaires qui, refusant d'entamer le dialogue avec nous, avaient préféré annuler leur réunion et quitter les lieux... Cela, en définitive, m'avait plus agacé qu'amusé car j'ai toujours trouvé choquant ce genre d'attitude d'exclusion et de fermeture : que l'on ne parle pas de débat et de liberté d'expression si l'on n'accepte pas celle des autres !  

    Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut entendre, dit le proverbe, et les excités qui ont poursuivi M. Finkielkraut de leur vindicte l'ont aisément et méchamment prouvé en refusant, non même sa parole, mais sa simple présence, sans doute trop bruyante à leur ouïe délicate de maîtres censeurs... « Messieurs les censeurs, bonsoir ! », lâchait Maurice Clavel en quittant le plateau de télévision après le caviardage d'une phrase de son reportage sur la Résistance, phrase qui mettait en cause le président Pompidou... Son cri du cœur est aussi celui de ceux qui, aujourd'hui, veulent pouvoir parler envers et contre tout, même si cela n'a pas l'heur de plaire aux Saint-Just qui, en un héritage qui n'a rien d'illégitime au regard de son histoire, se revendiquent d'une République qui ressemble trop, ainsi, à une place de Grève ou de la Révolution façon 1793... 

    La République, par ces quelques fanatiques (qui ne peuvent être, je le crois, confondus avec les premiers initiateurs de la Nuit debout chantant la Marseillaise en descendant dans le métro, le premier soir...), retrouve ses mauvais démons qui, semble-t-il, ne l'ont jamais quittée... Il est dommage que, du coup, ils assassinent un mouvement qui, malgré ses excès et son folklore, avait quelque légitimité à être et à faire valoir... 

    * L'explication, débat entre MM. Badiou et Finkielkrault, animé par Aude Lancelin, éditions Lignes, 2010.

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Théâtre • Une pièce à ne rater sous aucun prétexte

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

     

    Le théâtre Classique avait ses trois règles, unité de temps, unité de lieu et unité d’action que Boileau, dans son Art Poétique décrivait ainsi :

    « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli,
    Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » 

    De nos jours la qualité et le succès d’un spectacle se doivent de respecter trois substrats : un grand sujet, une écriture majestueuse et un comédien de talent pour défendre la pièce. A l’heure où la transmission du savoir est mise à mal, il est heureux d’assister à une leçon d’histoire, nourrie d’extraits de Dumas, Michelet, Victor Hugo, Saint-Simon et interprétée par Maxime d’Aboville. Ce dernier a été formé par Jean-Laurent Cochet. Il a interprété Bernanos et incarné Bonaparte dans La Conversation de Jean d’Ormesson. En 2010, il a été nominé pour le Molière de la révélation théâtrale pour Journal d’un curé de campagne et en 2011, son second rôle dans Henri IV, le bien aimé a été nominé au Molière. Enfin, il reçoit en 2015 le Molière du comédien pour son interprétation dans la pièce The Servant.

    Pour faire vivre sur scène ces grands moments de l’Histoire, il tient le rôle de l’instituteur d’autrefois, avec sa blouse grise, juché sur son estrade avec pour fond la grande carte de France. Le cours devient un palpitant récit d’aventures qui débute par l‘évocation de la célèbre victoire de François Ier à Marignan, puis survolant deux siècles, s’achève par la mort du Roi Louis XIV.

    Cette prestation rare, ne se jouant que le samedi après-midi, l’affluence du public y est très importante. Nous recommandons à nos lecteurs de réserver très rapidement leurs places, pour les prochaines semaines et mois. Les trésors sont rares sur les scènes, il serait dommage de ne point découvrir cette perle. 

    Une Leçon d’Histoire de France, de 1515 au Roi-Soleil
    D’après Alexandre Dumas, Jules Michelet, Victor Hugo et Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon.
    Interprétation et mise en scène de Maxime d’Aboville.

    Théâtre de Poche Montparnasse
    75, Boulevard du Montparnasse, 6ᵉ arrondissement de Paris
    Réservations : 01 45 44 50 21
    Le samedi à 16h
    Du 2 avril au 2 Juillet – Samedi à 16h, durée 1 heure.
    Relâches exceptionnelles les 7 et 14 mai
    Places : Plein tarif 24€ / Tarif réduit 18€ / Tarif jeunes -26 ans 10€ 

  • Médias • L'Opinion : Marion Maréchal-Le Pen à l’A.F. dans un colloque des royalistes... Mais côté républicain

     

    Lu sur le site de L'Opinion - sans plus de commentaire :

     

    Lopinion_800x600.jpgAprès ceux de la Manif pour tous, les militants de l’Action française seraient-ils en train de succomber au charme de Marion Maréchal-Le Pen ? Sur son site internet, le parti qui fut jadis celui de Charles Maurras annonce un colloque, le 7 mai, sur le thème: « Je suis royaliste. Pourquoi pas vous ? », annonçant poser les questions suivantes: « Quel régime politique pour redresser la France ? », « Le peuple est-il vraiment souverain ? », « Que sont devenues les promesses de 1789 ? » et « La France n’aurait-elle pas besoin d’un roi ? »

    Pour consulter la liste des participants, il faut aller sur un autre site, je suisroyaliste.fr, qui annonce une quinzaine de noms parmi lesquels ceux de Ivan Rioufol, Robert Ménard, Frédéric Rouvillois. Mais aussi, plus inattendu, celui de Marion Maréchal-Le Pen, députée FN du Vaucluse. 

    Dans la présentation du colloque, on peut lire les citations de deux responsables politiques. L’une est d’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, déclarant que  « la démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! »

    4081724633.jpgEt une de Marion Maréchal-Le Pen : « Qui n’a pas vibré au sacre de Reims et à la fête de la Fédération n’est pas vraiment Français », citation déformée de la formule de Marc Bloch: « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération.»

    Dans sa vidéo de présentation du colloque, l’Action française reprend une autre citation de Marion Maréchal-Le Pen: « Il y a des monarchies qui sont plus démocratiques que certaines républiques. Je ne comprends pas cette obsession pour la République. Pour moi, la République ne prime pas sur la France. » De quoi faire hurler Florian Philippot.

    Mais la jeune députée (qui ne nous a ni confirmé ni infirmé sa participation au colloque) ne deviendra pas royaliste pour autant. L’Action française, publiant un bonnet phrygien à côté d’une fleur de lys, précise bien que le colloque mettra en vis-à-vis des royalistes et des républicains. Ouf.

    L’Action française a indiqué sur Twitter qu’ Emmanuel Macron, également invité, n’avait toujours pas répondu... 

    [Merci à Bertrand Raffailhac Desfosse]

  • JEUNESSE : LA FAILLITE MORALE DE LA GAUCHE

    par François Marcilhac 

    500021990.jpgJusqu’où la gauche descendra-t-elle ? Je ne parle ni des sondages ni des élections partielles, mais de sa faillite morale. Il ne s’agit pas des nombreuses affaires dans lesquelles elle est engluée. Le candidat Hollande, en 2012, avait fait de la jeunesse sa priorité.  

    Quatre ans plus tard, le gouvernement socialiste, incapable d’offrir un emploi aux jeunes Français, cherche à les appâter en libéralisant l’usage de la drogue. Fumez, vous ne penserez plus que votre avenir est bouché ! Qui dira après cela que Hollande, à douze mois de la prochaine présidentielle, ne fait pas à nouveau de la jeunesse sa priorité ? D’autant qu’un drogué est rarement inscrit au chômage et cherche plus rarement encore du travail. Il n’apparaît dans aucune statistique de Pôle Emploi : c’est gagnant-gagnant ! Alors que le Premier ministre annonçait en parallèle, le 11 avril dernier, une série de mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes pour un coût de 400 à 500 millions d’euros par an, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a souhaité sur BFM TV que « le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition » du cannabis. Certes, ce médecin de profession reconnaît que le cannabis « est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes », mais, compte tenu de sa large consommation, « il faut peut-être aller vers des mécanismes de légalisation contrôlée ».

    Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites ! Comme si la solution était de baisser les bras en encadrant le mal ! Comme si l’augmentation de la consommation de drogue n’était pas l’effet d’une situation anxiogène dû avant tout à la crise et au délitement social ? Est-ce d’ailleurs un effet du hasard si, dans le même temps et alors que l’ouverture, voulue elle aussi par le pouvoir socialiste, d’une salle de shoot dans le Xe arrondissement de Paris, adossée à l’hôpital Lariboisière, fait toujours débat, la Fédération française d’addictologie recommande dans un rapport rendu public lundi 18 avril 2016 que la consommation de drogue soit également permise dans les centres d’accueil pour toxicomanes ? Ce qui aboutirait à une dépénalisation de fait non plus seulement de la consommation des drogues prétendument douces, telles que le cannabis, mais aussi des stupéfiants les plus dévastateurs.

    Que la gauche en soit arrivée là en dit long sur sa déliquescence morale. Quelle déchéance que de ne proposer comme horizon à la jeunesse de son pays que la libéralisation du cannabis, l’ouverture de salles de shoot et l’assistance avec la création, dès 18 ans, d’un revenu minimum d’existence, en remplacement, au nom d’un égalitarisme simpliste, du maquis actuel des minima sociaux. Oui, la gauche paniquée par la perspective en 2017 d’un nouveau 21-Avril, ne gouverne plus : elle fait campagne, tous azimuts, cherchant à raccrocher, par tous les moyens, même nauséabonds, des électorats qu’elle croyait captifs et qu’elle voit lui échapper. La dégradation préméditée de l’instruction, à laquelle préside Najat Vallaud-Belkacem, certes entamée par ses prédécesseurs de droite et de gauche, mais accélérée de manière méthodique par l’actuel gouvernement, est une composante de cette politique en direction à la fois de la jeunesse et de certaines « communautés ». Un peuple mal instruit est plus malléable, notamment à ces discours de haine qui, sous couvert de vivre-ensemble, sont ceux du communautarisme militant.

    Même si cela n’a pas profité au candidat socialiste aux régionales en Île-de-France, il est toutefois patent que la gauche cherche à communautariser, voire à racialiser de plus en plus sa propagande, opposant la France « périphérique », constituée des Français de souche et des immigrés assimilés, à la « diversité », soutenue par ces dhimmis masochistes qui ont les moyens de s’enfermer dans leurs beaux quartiers et espèrent que leur argent leur assurera durablement la tranquillité au sein du grand remplacement civilisationnel qu’ils ont d’ores-et-déjà acté. Il en est des spots « Tous unis contre la haine » prétendant dénoncer le racisme comme des 2 000 affiches visant à condamner les discriminations à l’embauche : en insultant, tout en l’inventant comme catégorie économique et sociale, le « Français blanc » comme profiteur et raciste, ces deux campagnes gouvernementales en cours cherchent, par un racialisme grossier, à créer cet apartheid mental que Valls a infusé dans le discours politique en janvier 2015, dans le seul but d’opposer de manière irrémédiable deux électorats : d’un côté les Français périphériques jugés irrécupérables car désormais tournés vers le FN, de l’autre, la « diversité », électorat de remplacement en cours de constitution.

    Cette politique racialiste et communautariste de la gauche est d’autant plus violente qu’il lui faut réparer deux bévues qui lui ont aliéné un électorat qui lui avait été acquis en 2012 : sa politique étrangère de lutte contre le terrorisme islamiste entamée dès janvier 2013 au Mali, comme la politique sociétale — mariage pour tous, théorie du genre enseignée à l’école. Comme quoi, contrairement à ce que pensent des esprits courts au FN, qui risque de s’en mordre les doigts en 2017, la gauche sait, elle, qu’il n’y a pas de sujets « bonsaïs » en politique. Comment ne pas voir également que les propos de mars 2015 de Vallaud-Belkacem sur le porc comme « aliment confessionnel » étaient un message communautariste envoyé à certains jeunes ?

    Rien ne dit évidemment que cette tactique abjecte réussira. Les « quartiers » sont d’autant moins revenus dans le giron de la gauche qu’elle en a perdu de nombreux et que la droite molle et le centre tiennent désormais le même discours et pratiquent la même politique. Hollande, qui dévisse dans les sondages, a peur : plus généralement la jeunesse, quelles que soient ses origines, lui échappe. Celle qui vote destine ses voix en majorité à la droite parlementaire ou au Front national. La gestion des manifestations, notamment de lycéens, contre la loi El-Khomri, comme celle de Nuit Debout sur la place de la République à Paris, pâle reflet des Indignados espagnols du début des années 2010, est délicate. Il s’agit d’éviter avant tout la constitution d’un Podemos français.

    Les violences policières, encouragées par le pouvoir et occultées par les médias aux ordres lorsqu’elles étaient dirigées contre les pacifiques Manif pour tous ou autres Veilleurs, pourraient, cette fois largement médiatisées, faire à gauche le jeu des dissidents. C’est pourquoi le pays légal ferme les yeux, partout en France, sur les nombreux actes de vandalisme des antifâ et autres gauchistes qui, largement infiltrés, lui ont toujours servi de police supplétive. Laisser libre cours au vandalisme — les commerçants de Nantes, Rennes ou Paris en font régulièrement les frais —, dans l’espoir d’en rendre responsable et de réprimer l’adversaire qu’on jugera utile de désigner, les patriotes, évidemment, qu’on prétend en toute bonne conscience « citoyenne » interdire d’expression : cette politique d’une gauche aux abois est vieille comme la République. A Marseille, les locaux de l’Action française ont été ces jours derniers plusieurs fois vandalisés et nos militants menacés de mort par les idiots utiles du système, sans que cela inquiète autrement la police, voire avec une certaine complaisance des médias de l’oligarchie. L’évocation récurrente par le gouvernement d’un risque de guerre civile n’a rien d’innocent. Pour la gauche, sera « républicain » tout ce qui permettra son maintien au pouvoir. 

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    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Hijab Day : quand Sciences-Po hisse les voiles du politiquement correct

     

    Des étudiants de Sciences-Po Paris ont lancé l'opération «Hijab Day», invitant leurs camarades à « se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée », ce mercredi. Une initiative idéologique et déconnectée des réalités, estime Laurent Cantamessi. [Figarovox 20.04] Dans une tribune faite d'humour, d'imagination et de bon sens ...  LFAR

     

    A Sciences-Po chaque jour est une fête. Grâce à un bureau des étudiants hyperactif, l'année est plus rythmée qu'une semaine au Club Med. On connaissait bien sûr la Queer Week, «espace d'action et de réflexion autour des genres et des sexualités», organisée depuis 2010, dont la marraine était cette année la «lesbienne invisible» Océane RoseMarie. Cette année, durant une semaine en mars 2016, les étudiant-e-s et leurs professeur-e-s ravi-e-s ont pu admirer les stands de la Brigade du Stupre, ou celui du collectif GARCES dont l'animatrice confie « arpenter les manifs pour crier des misandries intersectionnelles et emmerder les mascu ». Après Océane Rosemarie, il se dit que le Concombre Masqué parrainera l'édition 2017, placée sous le signe de l'intersectionnalité heureuse et du mascu vaincu.

    Si le mois de mars était celui de la guerre des genres, du dévoilement transgressif et de la chasse au mascu, en avril en revanche on ne se découvrira pas d'un fil à Sciences-Po puisqu'un autre collectif « d'étudiant-e-s » a décidé d'organiser cette fois un « hijab day » dans les murs de la vénérable institution qui doit quelquefois se fatiguer elle-même d'être de tous les combats. Après la récente polémique de la mode islamique, les étudiants de Sciences-Po ont dû penser qu'il était temps d'inverser la vapeur et de hisser les voiles pour voler au secours des minorités opprimées tout en restant trop tendance. Non mais c'est vrai quoi : H&M se lance dans le burkini et le petit hijab fashion et Sciences-Po devrait rester les bras croisés sans réagir ? Pas question, quand on étudie à deux pas des plus jolies enseignes parisiennes, de laisser passer la sortie d'une nouvelle collection printemps-été ! Et puis afficher sa solidarité avec les femmes voilées c'est bien, Esther Benbassa l'avait dit et Europe-Ecologie-Les Verts avait organisé une ‘journée hijab' contre la voilophobie il y a près de trois ans, en août 2013, dans le sillage de la styliste américaine Nazma Khan qui a lancé l'initiative reprise aujourd'hui dans 140 pays… sauf la France, se désolaient il y a quelques mois les initiateurs du World Hijab Day Lyon, « un événement destiné à déconstruire les préjugés », malheureusement interdit en janvier dernier par le méchant préfet Delpuech et la préfecture de Lyon, sous couvert d'état d'urgence. Heureusement que Sciences-Po Paris est là pour rattraper le coup ! Quand on pense que 116 pays ont pu tranquillement organiser une journée du hijab, que la ville d'Ottawa a même accepté que s'organise une journée d'ateliers d'essayage pour inviter les non-musulmanes à « porter le foulard islamique pour mieux comprendre la réalité des hijabis, leurs sœurs voilées », on comprend qu'un collectif d'étudiants de Sciences-Po ait décidé qu'il était temps que la patrie d'Yves Saint-Laurent, Dior et Chanel soit moins voilophobe et textilorétrograde. Et puis même Geneviève de Fontenay est d'accord : « Moi je les soutiens ces femmes musulmanes ! Quand on voit la mode française avec ses jeans troués et rapiécés, tout cet exhibitionnisme, soyons au moins tolérants ! » Avec une caution pareille, comment ne pas se sentir légitime ? Pour remercier Geneviève, les étudiants de Sciences-Po auraient dû imposer en sus du hijab celui du chapeau à large bord pour toutes les étudiantes. Que les réfractaires se rassurent cependant, Fatima Elo, présidente-fondatrice de l'association Politiqu'Elles, association féministe soutenant l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, expliquait ce mercredi matin à l'antenne de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, que « personne ne sera forcé à porter le voile, c'est du volontariat ». Par contre, on ne s'assiéra plus à côté des grincheux voilophobes à la cantine.

    Fatima Elo expliquait également ce matin chez Bourdin que derrière l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, « l'idée était d'aborder la question du voile avec humour ». Apporter son joli foulard pour aborder avec humour le traitement des femmes voilées et même dans certains coins de banlieue de France où le port du voile n'est pas vraiment présenté comme du volontariat, c'est vrai que la blague était à faire, et les nombreuses intéressées qui subissent menaces, insultes et violences quand elles refusent de porter le voile ont dû bien rire à cette bonne blague et être soulagées que les étudiants de Sciences-Po s'intéressent enfin à leur sort. Comme les y invitait ce matin une twitto : « Aux nanas de @sciencespo qui font le #HijabDay n'oubliez pas de servir les garçons à table à midi et de mettre des gants pour serrer la main. »

    Mais la blagounette a l'air d'être mal passée, à en juger par l'avalanche de réactions négatives qu'elle a provoqué dans la presse. On pourrait presque croire que le sujet est devenu ces derniers temps un peu sensible… Et comme on n'est jamais aussi bien trahi que par les siens, voilà que l'antenne FN de Sciences-Po Paris produit un communiqué assassin : « Ce geste relève de l'imposture politique d'une bourgeoisie parisienne déconnectée des réalités sociales, qui exacerbe par ce jeu naïf les tensions communautaires ». Maudit Richard Descoings ! En instituant ses antennes ZEP et ses bourses à destination des étudiants plus défavorisés, l'ex-vénéré directeur de Sciences-Po a fait rentrer dans les murs une cohorte de jeunes loups qui ont grossi les rangs du parti lepéniste et lui ont permis de faire une entrée fracassante dans le pré carré du progressisme éclairé où il vient désormais s'autoriser à gâcher la fête en toutes occasions.

    Et puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, voilà qu'un collectif d'empêcheurs de voiler en rond s'est rassemblé contre le Hijab Day pour proposer de contrecarrer l'initiative de l'association Politiqu'Elles, en organisant une odieuse agitprop' vestimentaire : « En réaction au « Hijab Day », qui propose aux étudiants de Sciences Po de venir voilés, nous proposons une journée pour s'habiller comme on veut : du crop top à la jupe longue, tout est permis ! (Sauf les collants chairs, évidemment depuis la jurisprudence Cristina Cordula). Pour les plus audacieux, un bikini peut même se tenter ! », proclame la page Facebook du « Bikini/Jupe/Robe/Whatever Day à Sciences-Po », organisé aujourd'hui à partir de 8h.

    Au XVIIe siècle, Miguel de Cervantès s'était moqué de la querelle des Anciens et des Modernes, opposant les partisans de l'imitation des modèles antiques à ceux qui voulaient s'en détacher:

    «Dans ce grand tumulte tous ensemble se jettoient leurs Livres à la teste, & se faisoient des armes de leurs Ouvrages. Vous jugez bien que les auteurs de petite taille, comme vous pourriez dire les In-Douze, n'eurent pas l'avantage dans ce démêlé ; certains géants qu'on appelle les Infolio les battirent à plate couture, et c'étoit une pitié de voir comme on en accabloit d'autres, qui n'avoient que des feuilles volantes pour leur défense.»

    La civilisation de l'écrit étant sur le déclin, nous voici parvenus à l'ère du bout de tissu politisé et médiatisé. A l'image des auteurs de Cervantès, verra-t-on à Sciences-Po, en ce jour de confrontation entre Hijab Day et N'importe quoi Day, les porteuses de voiles et leurs adversaires se battre à coups de foulards et de minijupes, le petit top skinny se confrontant au burkini, les hijabs volant dans les plumes des robes à frou-frou et la bretelle apparente lutter pied à pied contre la tunique musulmane de chez Mark&Spencers? L'affrontement promet d'être tendu comme une ficelle de string.

    Pour leur prochain coup d'éclat, les assos étudiantes de Sciences-Po devront en tout cas faire encore plus assaut d'originalité pour être à l'avant-garde de la subversion. Après la Queer Week et le Hijab Day, il va falloir sérieusement se creuser les méninges pour trouver quelque chose de nouveau et d'innovant. A l'approche de la clôture des primaires américaines, on pourra leur proposer d'organiser en juin un «Donald Trump Day». Chaque étudiant sera invité à venir coiffé d'un postiche blond pour rendre hommage au tribun new-yorkais d'avoir déconstruit de manière foucaldienne l'establishment politique de nos voisins d'outre-atlantique et fichu un fameux boxon au parti Républicain. Après la Queer Week, le Hijab Day et les Class Actions de tout acabit, ce serait la classe américaine, tout simplement. 

    Laurent Cantamessi    

    Laurent Cantamessi est co-animateur du site Idiocratie.        

  • « M. le Maudit » ? Non, Maurras contemporain capital

     


    2242691526.jpgAu jour anniversaire de sa naissance - 20 avril 1868 - Maurras est cité, honoré dans Le Réveil du Vivarais, le journal d’Annonay et du Nord-Ardèche.

    La citation reprise par ce média régional est d'une singulière actualité. Maurras est bien, selon l'expression d'Olivier Dard, un contemporain capital.

    Maudit seulement en apparence...  Présent en réalité. 

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO - Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. 

    A tout un chacun

     Chantal DELSOL   Membre de l'Institut, professeur de philosophie politique L'antispécisme ou le début d'une barbarie nouvelle

    Du côté des élites

     Sophie de MENTHON  Présidente d'ETHIC , Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE)     En marche… sur place !  (E. Macron)  

     Madeleine de JESSEY Co-fondatrice et porte-parole de Sens Commun (depuis 2013)  Quand les Veilleurs faisaient des Nuits Debout

     Ivan RIOUFOL  Journaliste politique, écrivain   Le "vivre ensemble", mensonge d'Etat

     Philippe BILGER  Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  "L'action de Hollande est si pauvre qu'elle se réduit à sa parole" - Méthode Coué

     Charles GAVE  Economiste et financier  Les Oints du Seigneur

    En France

     Anne COFFINIER  Directrice de la Fondation pour l'école   Pousser les écoles musulmanes à passer sous contrat ? Inutile et même dangereux

    Avec l'Europe

     François JOURDIER    Officier    amiral  Les bataves se rebiffent  [Cf. projet de traité d’association entre l’UE et l’Ukraine]

     Christophe GEFFROY  Directeur fondateur de La Nef  Un accord absurde !

    Au-delà

     Henri HUDE Philosophe - Directeur du Pôle d’éthique au Centre de recherches des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan  Quelques pensées sur "La joie de l'amour" (1)
                                                                                               
    ... Faites suivre s'il vous plaît à vos amis, dans votre famille et partagez, ... MAGISTRO vous invite aussi à vous rendre sur son site et y (re)lire tous les écrits depuis son origine (2008). MERCI.                                                               

  • Toulon : une exposition qui a toute notre sympathie ... A voir !

     

    Renseignements - Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • « La France va mieux » ... Ah bon ?

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu. 

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière... 

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle. 

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes... 

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ». 

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Hubert Védrine [4] : « L'Occident désemparé »

     

    Dans son dernier essai, Le monde au défi, Hubert Védrine fait le constat de l'impuissance voire de l'inexistence de la communauté internationale. Il dresse un vaste et éclairant panorama de l'état du monde et des illusions perdues du marché, de la mondialisation heureuse et de l'Union européenne. Secrétaire général de l'Élysée sous François Mitterrand et ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, Hubert Védrine se distingue par sa finesse d'analyse et sa connaissance précise des dossiers. Loin des incantations et de la dialectique binaire qui tend à remplacer la géopolitique, il défend, à la manière d'un Bainville, une vision réaliste et pragmatique de la politique étrangère. Il plaide pour « un  retour au monde réel, et inévitablement à la realpolitik, moins néfaste que l'irreal politikLafautearousseau en publie au fil des jours des extraits choisis par Vincent Trémolet de Villers pour Le Figaro [8.04].  LFAR 

     

    1162846081.jpgL'Occident désemparé  

    La construction européenne, nouvel objet politique aux justifications successives, s'était d'ailleurs voulue depuis l'origine sans racines, sans origines, post-historique et post-tragique, fondée, par génération spontanée, sur le dépassement, voire la négation des nations et des identités des peuples comme sur celui de la puissance. Plus tard, réunis en 2003-2004 au sein de la Convention sur l'avenir de l'Europe, la majorité des représentants des États membres refuserait d'assumer une évidence: les racines chrétiennes de l'Europe. Il s'agissait pourtant de racines, pas de programme! Autre exemple, ses pères fondateurs européens la proclamaient «mère de la paix» («l'Europe, c'est la paix!»), alors qu'elle était plutôt la fille inventive de la paix imposée sur le continent par l'URSS et les États-Unis, les premiers pères fondateurs ayant été Staline par la menace, Truman par la réponse. L'Europe avait été conçue depuis l'origine, selon Monnet et Schuman, sous parapluie américain, sans aucun projet de puissance. Ce manque de racines et de sens assumé (imagerie européenne vide et symboles creux que ne compense pas un drapeau marial détourné) la rattrape aujourd'hui, au point de saper ses fondements.

    À l'opposé, Samuel Huntington avait, dès 1993, alerté sur un risque de «choc des civilisations», notamment entre l'Occident et l'Islam. Que n'avait-il dit! Cela le fit vivement condamner par les chiens de garde de la bien-pensance universaliste, alors dominante en Occident, comme s'il avait préconisé le clash et non pas alerté sur le risque. Quand le président Jacques Chirac me dit un jour de l'année 2002: «Je condamne cette théorie», je lui répondis: «Je combats ce risque, car il y a, de part et d'autre, des minorités qui jouent le clash.» Il reprit: «Mais ce n'est pas un choc de civilisations, ni même de cultures, mais d'incultures!» Et moi: «Vous avez raison, et c'est pourquoi c'est si dangereux.» Les incultures occidentale et musulmane portent en elles le risque d'un affrontement sans fin… Durant la décennie 1990, et encore après, en Europe, le parti du «Bien», qu'aucun doute n'effleure jamais, a continué de postuler comme une évidence que notre universalisme… est universel, même si c'est un universalisme qui s'est sapé lui-même, de l'intérieur, en acceptant les communautarismes et, a l'extérieur, en intervenant militairement plusieurs fois à tort.

    En réalité, personne en Occident n'accepte de se remettre sérieusement en cause en raison de ce que pensent, ressentent et revendiquent les peuples anciennement colonisés ou le monde russe. Non qu'il faille nécessairement leur donner raison, mais au moins les écouter et réfléchir. Pour beaucoup, c'est tout simplement impensable. Américaine ou européenne, la vision occidentale prédominante dans ces années n'a tenu aucun compte de ce que ressentait the rest, c'est-à-dire tous les autres. Ou alors s'est imposé dans certains milieux, et tout spécialement en France, l'excès inverse: culpabilité, repentance et, sous prétexte du rejet de la haine de l'autre, haine de soi.  

    Hubert Védrine      

    A lire aussi dans Lafautearousseau :

    Hubert Védrine [1] : « La communauté internationale n'existe pas »

    Hubert Védrine [2] : « L'hubris américaine »     

    Hubert Védrine [3] : « Le marché impuissant »

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    Le monde au défi, Fayard, 180 p.

  • Action française • Paris 7 & 8 mai, week-end de Jeanne d'Arc : colloque et cortège traditionnel

     

    SAMEDI 7 MAI

    COLLOQUE D’ACTION FRANCAISE : « JE SUIS ROYALISTE, POURQUOI PAS VOUS ? » 

    colloque_jeanne-2.jpg

    Rendez-vous le 7 MAI 2016 à 14h au forum de Grenelle, 5 rue de la Croix-Nivert - 75015 Paris. M° Cambronne

    Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? Telle est la question que nous discuterons avec nos invités, des « républicains intelligents » qui ont accepté de confronter leur point de vue avec le nôtre. Dans un premier temps, nous établirons les constats et l’analyse des causes de la crise du système actuel. L’Homme révolté de 1789 a-t-il accouché d’un Homme libre ? La crise anthropologique est-elle irrémédiable ? Peut-on vivre la « fraternité » dans une société qui a tué le(s) père(s) ? Puis nous tenterons de définir les fameuses « valeurs républicaines » si souvent invoquées mais jamais expliquées. La République a-t-elle trahi les espoirs la Révolution française ? Devons-nous sauver la République ou la France ? Que reste-t-il des « droits de l’Homme » et de la devise républicaine ? Enfin, nous imaginerons comment restaurer la France. Le changement de régime est-il possible ? Est-il souhaitable ? Le réenchantement de la politique peut-il passer par le retour du Roi ? Un Roi pour quelle monarchie ? Finalement, la monarchie n’est-elle pas la meilleure des républiques ?

    Retrouvez toutes les informations sur le colloque du 7 mai sur le site internet de l’événement !

    Présentation, programme, plan d’accès, accès en streaming aux interventions, réservation de vos places...Vous n’avez aucune excuse !

    Pensez à acheter votre place pour le colloque ! 

    Liste non-exhaustive des intervenants

    Pierre de Meuse  Jean-Philippe Chauvin  Robert Ménard  Pierre-Yves Muller  Benoît Dakin  Yvan Rioufol  Guillaume de Premare  Frédéric Rouvillois  Charles de Meyer  Guillaume Bernard  Paul-François Paoli  Marion Maréchal - Le Pen  Yves-Marie Adeline   Antoine de Crémiers  Gérard Leclerc  François Marcilhac
     
    Accès au site internet de l’événement !
    Cliquez sur l'image ci-dessous

     
    Bande-annonce colloque
     

     

    DIMANCHE 8 MAI

    DEFILE DE JEANNE D'ARC

    jeanne_2016.jpg

    Chaque année, depuis près d’un siècle, l’Action Française rend hommage à celle qui, a sauvé la France alors que tout semblait perdu.

    Rendez-vous le 8 MAI 2016 à 10h Place de l’Opéra - 75009 Paris.

    Famille, amis, connaissances, camarades de classe, d’amphi, collègues, soyons présents pour ce grand moment patriote ! 

    Bande-annonce Cortège traditionnel de Jeanne d'Arc
     

    Repris du site Action française

  • Le mammouth est un cancre… et un cancre jaloux !

     

    par Olivier Pichon

     

    On savait l’Éducation nationale une machine aux piètres performances scolaires, mais voilà qu’au pays de l’égalité proclamée, les inégalités scolaires progressent à grands pas. Et, pendant ce temps, le commissaire Vallaud-Belkacem entend bien mettre au pas l’enseignement hors contrat. « Nous avons échoué, continuons, mais surtout empêchons ceux qui pourraient réussir d’exister ! » Une logique typiquement soviétoïde.

    Le niveau : de Pisa en Pisa

    Tous les trois ans, le programme PISA évalue les élèves de 15 ans (un échantillon de plus de 500 000 élèves a été testé) dans le monde. Sur 65 pays comparables, la France a encore reculé : elle figure au 25e rang de la dernière enquête (2013). Dans ce classement, l’Asie domine en sciences. Pour la compréhension écrite, Shangaï, Hong-Kong et Singapour se disputent les premières places. Parmi les pays en tête, les Pays-Bas, la Suisse, mais aussi la Pologne, le Mexique et Israël sont aussi assez bien placés. Dans les critères de performance, on aura noté que la taille des classes importe peu (cf. la revendication des syndicats sur le nombre des élèves), les systèmes éducatifs les plus performants mettent l’accent sur la sélection et la formation des enseignants. Ce qui compte aussi, dit le rapport, c’est l’empathie qui se crée entre professeurs et élèves.

    Cela passe par l’autorité, car il ne peut y avoir de bon rapport avant l’exercice de la discipline mais après (note de l’auteur). Le rapport établit aussi que, en France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans les pays de l’OCDE. Bref, si l’on appartient à un milieu défavorisé… on connaît la suite. Le pays de l’égalité, valeur affichée tel un oxymore au fronton de nos monuments, est aussi le pays de l’hypocrisie, où politiciens et pédagomanes continuent d’appliquer des méthodes pour lutter contre cette inégalité, méthodes qui se sont révélées justement préjudiciables aux plus défavorisés. Lecture globale, autodictée, pédagogie de la non-contrainte et tout le cortège des élucubrations des pédagomanes des années 70 dont P. Bourdieu fut le gourou.

    Quand l’UNICEF enfonce le clou

    Et voila que ce mois d’avril 2016 vient nous apporter un nouveau dossier à charge contre l’EN. L’Unicef nous apprend que la France est un cancre en matière d’égalité scolaire : 35e sur 37 pays à haut revenu, de quoi faire rougir de honte nos ministres. Que nenni ! Sans doute, se consolent-ils en se disant que nous devançons… la Belgique (36e) et que ceci n’a rien à voir avec Molenbeek, quoique… Plus intéressant encore, le rapport montre que les écarts scolaires ne sont pas proportionnés aux écarts de revenus. En effet, dans les catégories les plus défavorisées, l’écart de revenu entre les enfants les plus pauvres et les enfants moyens est faible, l’impact des politiques de transfert sociaux jouant largement. Autrement dit, la vieille lune marxiste de la pauvreté ne saurait être invoquée en l’occurrence, mais bien encore une fois l’abandon forcé de l’élitisme républicain par la massification éducative.

    Réduire la concurrence faute de pouvoir s’améliorer

    Les progrès du hors-contrat étaient importants depuis quelques années à juste mesure, d’une part, de l’effondrement de l’école publique et, d’autre part, des tentations d’alignement idéologique (ses performances n’étant pas en cause) de l’enseignement sous contrat. Le pouvoir s’inquiète de ce progrès du hors-contrat. Pour lutter, il mise sur ses moyens : le contrôle matériel et le contrôle idéologique. Il ne pouvait pas, dans l’état de faiblesse budgétaire où des décennies de déficit l’ont mis, supprimer l’avantage fiscal aux associations qui président aux fondations d’écoles. Il a donc décidé de se porter sur l’autorisation d’ouverture, ayant déjà, par le biais normatif, (la norme outil de répression ?) tenté d’enrayer le phénomène. Mais là où l’hypocrisie du commissaire en jupon est totale, c’est qu’elle s’inquiète de la montée des écoles… salafistes « contraires aux valeurs de la République ». Le concept de valeur de la dite-ministre n’étant pas défini, on peut y mettre à peu près ce qu’on veut. Et l’on peut s’étonner que le gouvernement montre un si grand empressement à combattre « l’extrémisme musulman » qu’il a laissé s’installer partout sur le territoire de la République en question. 36 établissements privés musulmans, dont quatre sous contrat.

    L’ouverture d’un établissement privé hors-contrat relève du régime déclaratif, demandes déposées auprès du maire, du procureur du préfet et du recteur, il peut y être fait opposition « dans l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène » Parce que, bien entendu, la dite-hygiène et les bonnes mœurs sont reines dans l’Éducation nationale ! Insupportable prétention de l’Etat, disait Taine, à se faire l’éducateur de la nation, une imposture ! Voila maintenant que quatre inspecteurs généraux sont diligentés pour travailler sur le hors-contrat : « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect de valeurs de la République ». Mais qu’on nous dise, enfin, ce que sont ces valeurs qui, en l’espèce, deviennent des instruments de contrôle de type totalitaire, ce que l’on savait un peu déjà.

    Dans les chiffres les établissements hors-contrats catholique (ou israélites) sont d’un nombre à peu près comparable aux établissements musulmans, et s’il ne faut pas sous estimer le risque, on ne saurait accepter, de l’État, la restriction des libertés… Surtout lorsqu’il doit balayer devant sa porte concernant ses propres performances dans le système monopolistique démontrant qu’il faut en finir avec ce cancre-là !   

  • Hubert Védrine [3] : « Le marché impuissant »

     

    Dans son dernier essai, Le monde au défi, Hubert Védrine fait le constat de l'impuissance voire de l'inexistence de la communauté internationale. Il dresse un vaste et éclairant panorama de l'état du monde et des illusions perdues du marché, de la mondialisation heureuse et de l'Union européenne. Secrétaire général de l'Élysée sous François Mitterrand et ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, Hubert Védrine se distingue par sa finesse d'analyse et sa connaissance précise des dossiers. Loin des incantations et de la dialectique binaire qui tend à remplacer la géopolitique, il défend, à la manière d'un Bainville, une vision réaliste et pragmatique de la politique étrangère. Il plaide pour « un  retour au monde réel, et inévitablement à la realpolitik, moins néfaste que l'irreal politikLafautearousseau en publie au fil des jours des extraits choisis par Vincent Trémolet de Villers pour Le Figaro [8.04].  LFAR

     

    3791358239.jpgLe marché impuissant 

    Avatar économique de la communauté de valeurs : la conviction que le marché - l'économie globale de marché (en l'espèce dérégulée et financiarisée), la « démocratie de marché » - avait vocation à unifier le monde et à dissoudre les identités récalcitrantes comme de vulgaires calculs rénaux. Si la liberté du commerce est un dogme (celui-là même au nom duquel, au milieu du XIXe siècle, l'Empire britannique avait fait la guerre à la Chine pour l'obliger à acheter son opium qu'elle produisait en Inde), le protectionnisme n'est pas une erreur, mais une hérésie. Et tous les particularismes antagonistes de l'Histoire ont vocation à se fondre dans le marché mondial. À l'évidence, ce n'est pas ce qui s'est produit, d'où, entre autres, le piétinement des négociations générales dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce pour ouvrir les marchés et harmoniser les normes. La mondialisation récente a créé des milliardaires à foison et sorti des centaines de millions de paysans (en général asiatiques) de l'extrême pauvreté, mais au prix d'un accroissement faramineux des inégalités de plus en plus insupportable.

    Partie pour être un triomphe de l'Occident, à la fois géopolitique, économique, idéologique, culturel et conceptuel, l'histoire du dernier quart du XXe siècle démontre en fait que les perceptions des peuples ne sont pas devenues homogènes par le miracle de la mondialisation, de la généralisation des portables et d'Internet, de l'action de l'ONU, de la multiplication des sommets, que nos valeurs occidentales universelles ne sont pas partout considérées comme universelles, que les mémoires des peuples ne coïncident toujours pas entre elles, pas plus que leurs espoirs ou leurs craintes. L'histoire reste dans beaucoup de pays un réservoir ou l'on cherche des munitions pour les controverses du moment et les batailles de demain. En France, la névrose est plus forte qu'ailleurs et un roman masochiste antinational prétend y supplanter le simpliste roman national façon IIIe République. On y est passé de l'autoglorification sans nuances à l'autoaccusation expiatoire sans s'être stabilisé de façon consensuelle à l'étape intermédiaire de la lucidité historique. 

    Hubert Védrine      

    A lire aussi dans Lafautearousseau :

    Hubert Védrine [1] : « La communauté internationale n'existe pas »

    Hubert Védrine [2] : « L'hubris américaine »     

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    Le monde au défi, Fayard, 180 p.