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Lettre au camarade Macron ... Tu es progressiste ? Moi non plus

 

Par Jérôme Leroy 

Sans-doute, l'argumentation ici utilisée ne tient-elle pas intégralement debout. On y sent un certain relent « de gauche (non-bobo) » qui est la marque de Jérôme Leroy. Lequel écrit tout de même dans Causeur. Il y est même rédacteur en chef culture. Si néanmoins, vous aimez le style, bon et libre, l'esprit dégagé des poncifs, la verdeur du ton, la franchise de l'expression, l'humour jusqu'à la drôlerie, alors vous apprécierez cette lettre à Macron - qui fut un tantinet ridicule le week-end dernier. Dans cette lettre à Macron [Causeur 12.12] tout est dit de lui, nous semble-t-il. En tout cas l'essentiel. Ainsi, après Peillon - l'ennemi clair et net - voici donc le deuxième candidat à la présidentielle dont Lafautearousseau aura eu à traiter aujourd'hui. Celui-ci a la particularité d'avoir curieusement déclaré, sitôt après sa prise de fonction de ministre de l'Economie de François Hollande, que ce qu'il manque à la France, c'est un roi ; qu'aucun pouvoir comparable n'existe au sommet de l'Etat ; que la fonction y est inoccupée, etc.  Bref, siège vide à l'Elysée ... Hélas, les vues politiques et sociétales d'Emmanuel Macron, du moins telles qu'il en brosse les contours, n'ont que peu à voir avec l'esprit capétien. Lui non plus ne devrait pas avoir nos voix, notre soutien, etc.   Lafautearousseau 

 

Cher camarade Macron,

Je t’écris une lettre, pas comme Boris Vian l’avait fait au président dans le Déserteur car tu n’es pas encore président, même si tes dents néo-libérales rayent le parquet de tes ambitions. Non, je t’écris une lettre comme au candidat chouchou des médias qui aiment en général deux choses : le neuf et le moderne. Le problème, c’est que tu n’es pas neuf, ni très moderne. Tu n’es pas neuf, car tu as connu aussi bien l’ENA que la grande banque dans laquelle tu as pantouflé dans une tradition éminemment française qui consiste à ce que les contribuables paient tes études avant que tu puisses faire profiter le privé de ce que tu as appris avec nos sous. Tu n’es pas neuf non plus puisque tu as tout de même connu quelques postes assez élevés dans le domaine du pouvoir, sans jamais être élu. Et ce pouvoir qui t’avait fait roi, tu l’as trahi en beauté. La trahison, en politique, là aussi, c’est une tradition très ancienne.

Jeune et fier…

Quant à la modernité, tu recycles de vieilles idées libérales auxquelles tu ajoutes une pincée de « transition numérique » et de « transition écologique », histoire de repeindre aux couleurs du « green washing »  la catastrophe écologique en cours et de remplacer le métier de l’artisan tisserand avant les manufactures qui travaillait à domicile par le poste informatique du concepteur graphiste seul dans son appartement au loyer hyperbolique.

Mais qu’importe, tu es moderne, forcément moderne parce que tu es jeune. On nous le répète à l’envi. Mais tu sais, Marion Maréchal-Le Pen aussi est jeune et si la jeunesse était une garantie de ce progressisme que tu invoques à tout instant comme pour t’en convaincre, ça se saurait. Léon Blum, tu te souviens, ou même François Mitterrand avaient la soixantaine bien sonnée quand ils ont, pour le coup, très concrètement changé la vie de millions de personnes que l’on n’avait pas peur alors d’appeler travailleurs en leur donnant quelques acquis sociaux aussi négligeables que les congés payés, la retraite, la réduction du temps de travail, des droits démocratiques aux sein des entreprises, la démocratie ne se résumant pas, je te le rappelle, à glisser un bulletin dans l’urne une fois tous les deux ou trois ans.

La voix, ça se travaille

Je reconnais sans peine que tu as remporté un beau succès ce dimanche à la porte de Versailles et la sincérité des tes militants n’est pas en cause. Après tout, si tu soulèves un tel enthousiasme, c’est qu’un bon nombre de nos concitoyens ont le sentiment de vivre dans une société bloquée. Et puis, au moins contrairement à Fillon, tu as les avantages de ton défaut. Tu es libéral, et tu l’es jusqu’au bout. Tu ne viendras pas faire de l’interventionnisme dans le domaine économique mais tu ne viendras pas non plus en faire dans la manière dont on souhaite vivre sa famille, ses amours, sa religion ou son absence de religion, son désir de fumer de l’herbe qui fait rire ou de mourir dans la dignité. Mais pour le reste, vraiment, tu crois que le blairisme à la sauce Anthony Giddens,  qui  fait maintenant disparaître en Europe la social-démocratie muée en social-libéralisme, va changer quelque chose aux inégalités qui se creusent et aux crispations identitaires qui en résultent ?

Une dernière chose, à la fin de ton meeting, tu t’es mis à hurler. Vraiment hurler. Ça ne se fait pas. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais je voudrais que tu saches que la voix, ça se travaille. N’importe quel prof te le dira, n’importe quel manifestant avec un mégaphone, n’importe quel conseiller départemental en campagne, n’importe quel ouvrier syndicaliste prenant la parole sur le piquet de grève devant une usine délocalisable Quand vas-tu aller faire un tour chez eux, tiens, ils existent même s’ils ne sont ni jeunes, ni modernes ?

 

 

Quand tu as hurlé, donc, ce que tu croyais être de la puissance s’est mué en hystérie masculine (la pire). Tu as dû sentir l’adrénaline monter mais l’adrénaline, ça se contrôle, comme l’ivresse ou alors, ce qui est probable,  c’est tu n’es pas encore fait pour le job. La forme est performative en politique, surtout dans la Vème république, elle dit ce que tu es, ce que tu fais, encore plus que le fond. Et ce que tu es, ta voix donc tes nerfs l’ont trahi : tu es un banquier d’affaire ou un haut fonx de Bercy, plus habitué aux conjurations feutrées et antisociales des faiseurs d’argent qu’au rôle de tribun de ta plèbe d’auto-entrepreneurs aliénés/connectés.

Je confie cette lettre à la Poste. Elle était en grève cette semaine, parce que ce n’est pas très drôle d’être un service public soumis à des critères de rentabilité comme n’importe quelle entreprise, alors qu’elle est précisément l’exemple, la Poste,  comme la Santé, que tout ne peut pas être soumis aux lois du marché parce qu’il arrive, à l’occasion, que des hommes rendent à leurs semblables des services qui ne sont pas forcément rentables.

Tu parles beaucoup du libre choix, alors c’est très librement que je te dis que je ne te choisirai pas.

Avec toute ma sympathie progressiste.   

Jérôme Leroy
Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

Commentaires

  • MAJ 14/12 10 h 45 Mesdames et messieurs les royalistes d’ici ou là, voici le bonjour de Macron :

    Macron veut que les musulmans « vivent l’intensité de leur religion » : la décapitation d’un prêtre, ça c’est intense

    extrait de
    De la dissidence spirituelle et politique à l’espérance en la résurrection du Royaume de France … [ MAJ 14/12 ]

    http://cril17.org/

  • Les pyramides ont vu durant des siécles parader à leur pied cent et cent hommes illustres aux yeux des hommes.
    Et les pyramides m'ont dit : ils n'ont fait que soulever du sable...
    Là, c'est vrai, je paraphrase un peu Malraux. Mais n'est-ce pas notre lassant quotudien ?

  • Peillon, Macron et autres, ne nous focalisons pas sur ces vendeurs de tragi-comédies ! Revenons à Maurras, à Boutang ! Revisitons, comme on dit aujourd'hui, leurs grands textes ! Et bravo à nous de notre fidéliré !

  • Et à part déblatérer; vous faites quoi dans la vie ?
    Je n'ai pas trouvé de bulletin royaliste aux Elections ! Quel dynamisme de salon ! (pendant que le Peuple trime dur).

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