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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1382

  • Réactions diverses et mélangées ...

     

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    Mardi 3 janvier, journal de 13 h de France 2 : 67% des SDF demandant un hébergement d'urgence, en cette période de grand froid, ont vu leur demande refusée. Motif ? Pas de place... Pourtant nous avons tous vu, il y a quelques semaines, ces jeunes gaillards pétant de santé, robustes et costauds, habillés correctement, presque tous avec iPhone dernier cri, manifestement pleins de force et de vitalité, se voir attribuer une très belle chambre individuelle, flambant neuve, tout confort, dans un de ces multiples édifices surgis tout d'un coup de nulle part : école ou caserne désaffectées, gymnase inutilisé, lieux divers laissés à l'abandon et restaurés, pour l'occasion, à grands frais. Oui, mais, voilà : c'était pour disséminer, partout en France, des petits groupes d'Erythréens, Somaliens, Tchétchènes, Kosovars, Soudanais et autres Africains ou musulmans. Une seule solution pour les 67% de SDF français qui crèvent de froid dans la rue : dire qu'ils se sont convertis à l'Islam, et qu'ils s'appellent Rachid, Youssouf ou Mohammed. Ils auront une chambre tout confort dans l'heure...

    S'en seront-ils moqués, de Trump, et, entre autres, de son mur destiné à arrêter les migrants venus du Mexique. Et pour en arriver à quoi : à la construction, à Calais, d'un... mur. Eh ! oui, d'un mur, pour protéger les accès au port de Calais des intrusions répétées de « migrants » (!) sur les voies. Rappel sémantique : en bon français, un « migrant » est un envahisseur déguisé...

    Implantée sur la RN16, entre la route de Gravelines et la zone Marcel Doret, cette barrière fait un kilomètre de long, et prolonge les quelque 30 kilomètres de grillage, surmonté de barbelés, installés depuis l'été 2015 pour protéger le port et la rocade portuaire.

    Ainsi donc, ce que les journaleux et autres grandes consciences du politiquement correct nous présentaient comme l'horreur absolue de Trump, et de son programme, ils l'ont fait !

    Mais l'honneur est sauf, nous disent-ils : le mur (22 millions d'Euros tout de même !) a été payé... par les Anglais ! Alors, si ce sont les Anglais qui payent ...

    Même le Pape y était allé - lors de la campagne électorale aux USA - de son petit commentaire, disant naïvement - ou inconsidérément... - qu'il valait mieux lancer des ponts que construire des murs ; et conseillant d'accueillir l'autre, d'aller à sa rencontre, de le comprendre.... Sur le fond, en théorie pure, il n'a pas tort. Mais, la vie est-elle une théorie pure ?

    Qu'il aille donc dire cela aux pays musulmans, là où les chrétiens n'ont le choix qu'entre la conversion, la mort ou l'exil, alors qu'ils vivent sur leur terre depuis deux mille ans, bien avant l'arrivée des musulmans.

    Alphonse Karr disait à quelqu'un qui réclamait l'abolition de la peine de mort : « Abolissons la peine de mort, mais que messieurs les assassins commencent ! » ... 

  • Michel Déon le maurrassien

     
    Par Stéphane Blanchonnet 

    C’est à Spetsai, en Grèce, que Michel Déon a écrit parmi les plus belles pages que j’aie pu lire sur Maurras. Cet article est paru dans Boulevard Voltaire, le 1er janvier 2017.

     

    808380602.jpgC’est à Spetsai, en Grèce, une de ses îles qu’il affectionnait tant, que Michel Déon, un exemplaire d’Anthinéa sur les genoux, a écrit parmi les plus belles pages que j’ai pu lire sur Maurras. Elles se trouvent dans le second chapitre de Mes arches de Noé. Tout y est : une évocation pleine de sensibilité du poète, que Déon tient pour l’un des plus grands, une analyse sérieuse et lucide du politique, un portrait intime, parfois drôle, souvent émouvant, de l’homme, en père spirituel mais aussi en compagnon de chair et d’os.

    Le récit de ces deux années d’Occupation passées à Lyon aux côtés de Maurras, comme secrétaire de rédaction, portent l’empreinte du tragique des temps en même temps qu’une saveur romanesque, comme dans cette fascinante anecdote de l’hommage rendu par Maurras, au péril de sa vie, à des otages abattus place Bellecour par les Allemands.

    Une page, en particulier, est un condensé du regard porté par Déon sur son vieux maître. On me pardonnera de la citer un peu longuement, tant elle est forte et juste. Déon nous raconte comment il va chercher chaque matin l’article écrit par Maurras dans la nuit pour le journal :

    « Il m’est arrivé de rester ainsi un long moment près de lui, n’osant pas le réveiller […] Je revoyais sa vie tout entière placée sous le signe d’une énergie indomptable, l’enfance heureuse frappée soudain par une infirmité terrible, l’adolescence enchantée par la poésie […] les voyages en Grèce et en Italie, la « Revue Grise », le quotidien, les compagnons de route […] la dernière guerre dont il avait pressenti qu’elle signifierait le glas de la France et maintenant cette occupation qui l’étouffait, où il jetait ses dernières forces pour sauver ce qui lui semblait pouvoir être sauvé […] La grosse plume tenue entre les doigts carrés aux ongles courts, d’une main petite et nerveuse, la grosse plume trempée dans une encre noire courait toujours sur le papier, attaquant, expliquant, commentant, bousculant les idées reçues, démontrant avec une sorte de rigueur mathématique les raisons des uns, les torts des autres, au nom d’un amour de la France que rien ne pouvait atteindre […] Je l’aimais ce vieillard de fer et de feu et, quand le soin m’en incombait, je prenais soin de sa personne avec un sentiment plus profond que le respect. »​‌

    Un autre passage mérite d’être cité pour répondre à madame Azoulay, qui a osé écrire que « MALGRÉ sa proximité avec les thèses de Charles Maurras, [Déon] gardait en littérature une totale liberté dans ses choix ». Le voici (Déon nous y parle du journal de l’Action française) :

    « La page littéraire, que Pierre Varillon dirigeait de sa retraite stéphanoise, avait les indulgences de Maurras. Brasillach avait pu avant la guerre y tresser des couronnes à Claudel, Rebatet massacrer un compositeur abonné du journal, François Daudet ridiculiser Gimond, le sculpteur ami du Chemin de Paradis, Thierry Maulnier adorer Nietzsche, Kléber Haedens introduire le sport dans la littérature. »​‌

    Il faut croire que la liberté de choix en matière littéraire n’était pas plus hier qu’aujourd’hui une valeur de gauche !  

    Professeur agrégé de lettres modernes
  • Retour aux sources pour Barroso

     

    par

    Un « outrage moral » susceptible de provoquer des « conflits d’intérêts ». C’est ainsi que le spécialiste du Lobbying Corporate Europe Observatory a qualifié l’accord du comité d’éthique de la Commission européenne à l’embauche de José Manuel Barroso par la banque Goldman Sachs.

    Celui qui a piloté la législation européenne entre 2004 et 2014 va ainsi devenir président non exécutif des activités internationales de ce géant bancaire très proche de Washington. étonnant ? Pas vraiment. L’événement marque un retour aux sources pour celui qui fut très tôt mêlé aux intérêts de l’empire américain. C’est au milieu des années 70 que José Manuel Barroso est approché pour la première fois.

    Alors que le Portugal est susceptible d’entamer un virage plus favorable à l’Union soviétique, les états-Unis dépêchent à leur ambassade de Lisbonne un agent de la CIA, Frank Carlucci. Pour contrer l’influence du parti communiste portugais, le nouvel ambassadeur finance un mouvement d’opposants maoïstes, le MRPP, dont José Manuel Barroso est l’un des principaux animateurs. Le MRPP sapera l’influence soviétique et appuiera l’entrée du Portugal dans l’Union européenne en 1977.

    Dans la décennie suivante, Barroso rejoindra le parti social-démocrate. Il intégrera très jeune le ministère de l’Intérieur et dirigera ensuite les Affaires étrangères. En 1995, il part aux États-Unis pour suivre plusieurs formations (sur lesquelles l’homme est toujours resté discret), puis revient au Portugal où il prend la présidence du parti social-démocrate.

    Premier ministre de 2002 à 2004, Barroso s’engage sans réserve aux côtés de Washington dans l’invasion de l’Irak et il privatise la société nationale de pétrole portugaise au profit du fonds Carlyle, développé par… Franck Carlucci. En 2004, sur insistance du Premier ministre britannique Tony Blair, il est désigné président de la Commission européenne.

    Politique magazine, 3.01

  • Barak Obama : un mauvais perdant qui mène un mauvais combat contre la Russie...

     

    1903076588.10.jpgLe très bientôt ex-président des Etats-Unis et son épouse ont participé - comme on l'a vu avec étonnement... - d'une façon surprenante à la campagne d'Hillary Clinton, la remplaçant carrément dans ses réunions publiques, organisant même une sorte de concert géant devant 45.000 spectateurs. Ils croyaient rendre service à la candidate de leur coeur, mais ce fut l’échec que l'on connaît. Le couple Obama n'aura ainsi réussi qu'à sortir diminué de son mandat, puisque, vu leur engagement, l'échec d'Hillary fut aussi le leur.

    Mais, dira-t-on avec justesse, au fond cela ne nous concerne pas. Et c'est vrai.

    Pourtant, il y a un point qui nous concerne, nous les Français et nous les Européens : dans leur hargne frénétique pour faire élire « leur » candidate, les époux Obama sont allés trop loin. Ils ont fini par faire de ce qui n'était qu'une affaire personnelle (leur préférence - après tout normale.. - pour la candidate de leur parti et leur engagement à ses côtés) une affaire qui tourne au vinaigre : avec la Russie.

    Là encore, que les USA se fâchent avec Moscou, après tout, cela nous est bien égal et ne nous concerne pas non plus. Sauf si, et c'est le cas, Barak Obama, mauvais joueur et mauvais perdant cherche à faire pression sur ses « alliés » (en clair : l'Europe et nous, la France, puisque la présidence française a commis l'erreur d'accepter le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN) pour l'appuyer dans ses sanctions contre la Russie.

    C'est là qu'Obama perd tout sens des réalités. Poutine a eu une réaction intelligente à l'expulsion de 35 diplomates russes, et a traité ce coup d'épée dans l'eau par l'ironie, mettant même les rieurs de son côté - ce qui est toujours « bien joué », comme dirait... Donald ! - en s'offrant le luxe d'inviter au Kremlin les enfants des diplomates états-uniens pour fêter Noël et le Nouvel AN ! Alors qu'Obama n'a fait qu'offrir l'affligeant spectacle d'un président désemparé, lui qui aura été sans doute le plus mauvais président des Etats-Unis, et qui, à la fin de ses deux mandats, entame une guerre qu'il ne pourra ni gagner ni même mener, et dans laquelle il veut nous embarquer, contre une puissance dont nous avons besoin et que la simple observation des réalités nous désigne comme une alliée naturelle : la Russie.

    Oui, nous sommes les alliés de la Russie, et réciproquement, dans la lutte planétaire contre le terrorisme islamique.

    Oui, nous devrions être les alliés de la Russie, et réciproquement, pour faire contrepoids aux super puissances que sont la Chine, dès aujourd'hui, et l'Inde, dès demain;

    Oui, nous sommes les alliés de la Russie, et réciproquement, pour l'immense appui que l'orthodoxie russe - en plein renouveau, même si elle est encore très marquée par la persécution bolchevique - peut apporter à un Occident bien affaibli spirituellement : le réarmement de la France et de  l'Europe doit être matériel, certes, en ce qui concerne les crédits militaires (nous demandons assez souvent, dans ce quotidien, l'augmentation du budget de la Défense...) mais il doit être surtout et avant tout moral et spirituel, intellectuel et mental. Et, là, la Russie de Poutine peut nous aider considérablement...

    On sait qu'Obama mène un combat d'arrière-garde, puisque Donald Trump a déjà choisi Moscou. On sait aussi que le prochain Chef de l'Etat français - François Fillon ou Marine Le Pen - mènera une politique de rapprochement et de réconciliation avec Moscou, qui permettra - entre autres - de tourner la fâcheuse page des Mistral, d'en finir avec ces stupides sanctions soi-disant économiques contre la Russie, qui ne pénalisent que notre économie à nous, et d'avoir de  nouveau des relations stables, saines et positives avec les Russes.

    Et notamment dans le domaine devenu essentiel du terrorisme islamiste.

    Ouf...  

  • Mathieu Bock-Côté : « L’année 2016 a commencé à Cologne et s'est terminée à Istanbul »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Dans un long entretien avec Alexandre Devecchio, Mathieu Bock-Côté retrace [pour FigaroVox - 30.12] l'année 2016. Pour lui, le Brexit, l'élection de Trump et « le renouveau conservateur de la pensée politique française » ont marqué « une brèche dans le système idéologique dominant ». Nous ne sommes pas sûrs à vrai dire que conservateur soit le terme le plus indiqué pour nommer ce renouveau et marquer son dynamisme ni pour répondre aux urgences et à la gravité de la situation des nations européennes. En tout cas, les analyses et réflexions que Mathieu Bock-Côté développe ici nous paraissent, comme il est habituel, justes et profondes. De nature à élargir la brèche ...  LFAR 

     

    Quels évènements vous ont marqué en 2016 ? Que retenez-vous sur le plan politique ?

    Le Brexit et l'élection de Donald Trump, sans aucun doute. Les deux événements ont bouleversé les élites médiatiques et politiques, qui cherchent encore à comprendre ce qui s'est passé. C'est qu'ils étaient intraduisibles dans la logique du progressisme, sauf à les présenter comme une forme de « retour en arrière », ce qui justifie les mises en garde contre la tentation réactionnaire. La tâche d'en finir avec le vieux monde ne serait jamais vraiment terminée et il faudrait être vigilant contre ses héritiers décomplexés. Au secours, la nation est de retour !

    Par ailleurs, le Brexit comme la victoire de Trump ont été de formidables révélateurs du préjugé antidémocratique d'une certaine gauche, qui ne se gênent plus pour remettre en question ouvertement le suffrage universel. Parce qu'il ne votait pas comme on lui demandait de voter, on s'est demandé si on devait le consulter sur les grandes décisions de notre temps. Il était fascinant d'écouter les commentateurs décrire le peuple comme une collection de bouseux en haillons, incapables de comprendre quoi que ce soit aux enjeux du monde, commandée par des passions grossières et minables et excitée par des démagogues cyniques et pervers. Salauds de pauvres ! La formule semblait au bord des lèvres de bien des analystes dégoûtés et fiers d'afficher leur dédain pour les gens de peu. Faudrait-il établir des permis de voter, pour que le résultat des élections ne soit plus troublé par la colère du commun des mortels ?

    Permettez-moi d'approfondir un peu cette idée : on avait demandé au peuple son avis parce qu'on était persuadé qu'il s'exprimerait dans le sens souhaité par les élites européistes. Une fois qu'il a mal voté, on s'est questionné ouvertement sur la valeur du suffrage universel. On en a profité aussi encore une fois pour faire le procès du référendum, qu'on accable de tous les maux et de tous les travers. Le peuple prend en main l'avenir du pays ? Gardez-nous d'une telle horreur ! D'ailleurs, certains vont au bout de leur raisonnement : le peuple, selon eux, est une fiction homogénéisante à démystifier. Il n'existe pas. Il n'a même jamais existé. Je note toutefois l'incroyable résistance d'une bonne part des élites britanniques au Brexit, qui se demande de toutes les manières possibles comment renverser ou neutraliser l'expression de la souveraineté populaire.

    Qu'est-ce qu'un mois sans attentat ? Une anomalie. Au fond d'eux-mêmes, bien des Occidentaux ont accepté la normalité des attentats les plus sordides. À la liste des grands événements politiques de 2016, on me permettra d'ajouter la multiplication et la banalisation des attentats islamistes - on pourrait parler aussi plus largement de l'agression contre la civilisation européenne. L'année 2016 a commencé à Cologne et s'est terminée à Istanbul. Les agressions sexuelles massives de Cologne nous ont rappelé qu'il existe une telle chose qu'un choc des cultures et l'asservissement des femmes représente une forme archaïque de prise de possession d'un territoire par une bande qui se sent animée par un esprit conquérant. Il y a eu autour de ces agressions un effrayant déni : on a tout fait pour en nier la signification politique. Certaines féministes, souvent occupées à traquer l'intention la plus malveillante qui soit dans un compliment masculin un peu insistant ou maladroit, ont décidé de détourner le regard. De peur de stigmatiser les réfugiés ou les musulmans, elles ont fait semblant de ne rien voir. Elles se sont déshonorées.

    Mais je le disais, les attentats se sont multipliés et banalisés cette année. Nice, Bruxelles, Saint-Étienne-du-Rouvray, Orlando, Berlin. Chaque fois, c'est un carnage, mais c'est un carnage auquel nous nous habituons. Qu'est-ce qu'un mois sans attentat ? Une anomalie. Au fond d'eux-mêmes, bien des Occidentaux ont accepté la normalité des attentats les plus sordides. Nous avons intériorisé la présence dans nos vies de la violence islamiste, même si nous ne savons toujours pas quelles conséquences en tirer. Nous ne savons pas non plus ce que voudrait dire gagner cette guerre contre l'islam radical. Alors nous la menons dans la confusion : on parle avec raison d'une nouvelle époque, mais les repères nous manquent pour nous y orienter. Cela prend du temps, prendre pied dans un nouveau monde.

    Et sur le plan intellectuel et culturel ?

    Un événement intellectuel, me demandez-vous ? Je vous parlerais alors franchement, et avec admiration, du renouveau conservateur de la pensée politique française. Je suis impressionné par la qualité des ouvrages qui d'une manière ou d'une autre, la construisent, la déploient ou la rendent possible : ils ne se réclament pas tous de la même vision des choses mais ils témoignent pour la plupart d'une commune sensibilité par rapport à l'époque. Et ces ouvrages viennent à la fois d'intellectuels bien installés dans la vie publique et de nouvelles figures qui impressionnent par leur vigueur et leur intelligence. J'en nomme quelques-uns, tous parus en 2016: Un quinquennat pour rien, d'Éric Zemmour, L'âme française, de Denis Tillinac, La cause du peuple, de Patrick Buisson, Les cloches sonneront-elles encore demain ?, de Philippe de Villiers, Écrits historiques de combat, de Jean Sévillia, Malaise dans la démocratie, de Jean-Pierre Le Goff, La haine du monde, de Chantal Delsol, Le retour du peuple, de Vincent Coussedière, La compagnie des ombres, de Michel de Jaeghere, Chrétien et moderne, de Philippe d'Iribarne, Vous avez dit conservateur, de Laetitia Strauch-Bonart, Éloge de la pensée de droite, de Marc Crapez, La guerre à droite aura bien lieu, de Guillaume Bernard, Bienvenue dans le pire des mondes, de Natacha Polony et du Comité Orwell, Adieu mademoiselle, d'Eugénie Bastié, sans oublier votre excellent ouvrage Les nouveaux enfants du siècle, cher Alexandre Devecchio ! Et j'attends avec impatience le livre à venir de Guillaume Perrault sur le conservatisme français ! Il ne s'agit pas de mettre tous ces ouvrages dans le même sac, loin de là, mais chacun à sa manière décrypte l'idéologie dominante et contribue à la réhabilitation d'une anthropologie de la finitude et d'une philosophie politique plus classique. J'étudie depuis plusieurs année le conservatisme dans ses différents visages en Occident, et ce renouveau conservateur français me semble d'une formidable fécondité philosophique. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tôt que tard.

    Le Brexit puis l'élection de Donald Trump marquent-ils un changement d'ère politique ? Est-ce le grand retour des nations que vous appelez de vos vœux ? Peut-on parler de « moment souverainiste » ?

    Oui et non. Manifestement, il y a une brèche dans le système idéologique dominant. Quel intellectuel sérieux écrirait encore aujourd'hui un éloge de la mondialisation heureuse ? Les révoltes dans la mondialisation se multiplient. Rares sont ceux qui s'enthousiasment pour le grand fantasme de l'interchangeabilité des peuples. Les nations ne se laissent pas déconstruire facilement : elles sont ancrées dans l'histoire, elles traduisent aussi culturellement et politiquement certains invariants anthropologiques, comme le désir d'appartenance.

    L'homme a besoin de racines et de frontières, non pas pour s'enfermer dans un bocal, mais pour avoir un ancrage dans le monde. Dans Hérétiques, Chesterton a une très belle formule : « le véritable Ulysse ne désire pas du tout errer, il désire regagner sa demeure ». Sauf pour quelques individus avec une vocation bien singulière, le nomadisme n'est pas la vocation naturelle de l'homme, qui souhaite surtout être bien chez lui et maître chez lui. Retour des nations ? Mais ont-elles déjà vraiment disparu ? De la philosophie politique dominante, certainement qui ne parvient plus à les apercevoir - on pourrait dire la même chose des sciences sociales. Mais dans la réalité, elles résistaient de bien des manières à leur dissolution. On ne peut pas toujours écraser le réel : il finit par resurgir. Certains besoins humains fondamentaux doivent être investis dans la cité. On pense les arracher du cœur de l'homme, ils repoussent, car il existe une telle chose qu'une nature humaine, appelée à s'accomplir au moins partiellement dans une cité à laquelle on se sent appartenir. Toutefois, il semble que cette résistance soit passée de la jacquerie à la contre-offensive. S'il y a un moment souverainiste, il est là : on ne parvient pas à s'arracher aux nations sans les voir resurgir. On ajoutera que le retour de la nation, c'est le retour d'un principe de légitimité disqualifié par les élites mondialisées des années 1990, et dont on redécouvre aujourd'hui le caractère indispensable à la vie démocratique. Comment peut-il y avoir une délibération sur le bien commun s'il n'y a pas de monde commun ? Et un monde commun, c'est une histoire partagée et une culture qui s'inscrit dans la continuité historique.

    Les nations ont une trajectoire propre, elles ne se laissent pas réduire au rôle que le système de la mondialisation leur avait réservé : le cas de la Russie est ici fascinant. Ce n'est pas faire preuve de poutinolâtrie que de constater qu'elle n'avait pas vocation à devenir la province la plus orientale de l'empire occidental et qu'elle serait de nouveau un jour tentée par une politique de puissance. Il y a dans le monde une diversité profonde des civilisations, des religions, des peuples et des nations et on ne parviendra pas à l'abolir dans le fantasme d'une communauté politique mondialisée. Il y aura conséquemment une diversité de régimes et chaque peuple est appelé à se développer en accord avec ce qu'on pourrait appeler son caractère profond. La souveraineté, pour un peuple, est une exigence vitale, et il ne saurait s'en déposséder volontairement sans se condamner à l'insignifiance historique et à l'inexistence politique.

    Avec le Brexit, les Britanniques ont cherché à restaurer leur souveraineté nationale. Il faut dire que les Britanniques entretiennent depuis toujours un rapport particulier avec l’Europe : ils en sont sans en être. Ils y sont liés tout en se projetant surtout dans le monde atlantique ou plus largement, dans la civilisation anglo-saxonne. Une chose est certaine : ils ont voulu restaurer leur souveraineté nationale, reprendre en main leurs destinées. Maintenant, les autres nations d'Europe se demandent aussi comment restaurer leur souveraineté sans jeter tout simplement aux poubelles un cadre politique commun à la civilisation européenne. Reste à voir qui pourra porter cela politiquement. Cela ne va pas de soi, et les candidats ne sont pas si nombreux.

    Dans le cas de Trump, nous avons surtout assisté à un grand référendum antisystème. Le désespoir de grandes catégories de l'électorat depuis un bon moment aliénées de la vie politique s'est converti en une colère féroce. Trump était grossier, malappris, violent, brutal. Il l'est encore. Il représentait, en quelque sorte, une caricature de l'anti-politiquement correct. Ce n'était pas seulement un candidat transgressif, mais un candidat balourd. Mais paradoxalement, cela a servi Trump : le discrédit à l'endroit des élites est tel aux États-Unis que plus on rejetait Trump, plus il canalisait vers lui la sympathie de ceux qui se sentent méprisés par le système et que Clinton, dans un mélange de candeur et de mesquinerie, a surnommé « les déplorables ».

    Mais le vote pour Trump était aussi un vote politique : sa candidature se serait épuisée si elle n'avait aucune dimension programmatique. Même s'il ne l'a pas dit ainsi, il s'est emparé de grands pans du vieux programme paléoconservateur de Pat Buchanan. Il tenait en deux points : nationalisme culturel et nationalisme économique. Autrement dit, critique de l'immigration et protectionnisme économique. L'enjeu de l'immigration qui lui a permis de décoller dans les sondages. Le protectionnisme économique lui a permis de mobiliser un vote ouvrier et populaire que l'on considérait généralement acquis aux démocrates. Sur le fond des choses, l'Amérique est un empire qui doute et qui se redécouvre sous les traits d'une nation historique. Avec Trump, l'Amérique renonce pour un temps au messianisme démocratique. Elle veut moins s'étendre que se défendre. Du moins, c'est la vieille Amérique qui est traversée par de telles angoisses.

    Selon l'époque dans laquelle on vit, le politique change de vocation. Marguerite Yourcenar, dans les Mémoires d'Hadrien, fait dire à l’empereur : « Et je remerciais les dieux, puisqu'ils m'avaient accordé de vivre à une époque où la tâche qui m'était échue consistait à réorganiser prudemment un monde, et non à extraire du chaos une matière encore informe, ou à se coucher sur un cadavre pour essayer de le ressusciter ». Convenons que nos dirigeants n'ont pas la chance d'Hadrien. Il faut aujourd'hui revitaliser la souveraineté et redonner du pouvoir au pouvoir, qui s'est laissé depuis trop longtemps corseter par les juges, l'administration, les conventions internationales et le politiquement correct. Il faut redonner de la substance à la nation, à la communauté politique. Il s'agit aussi de restaurer les cadres politiques et anthropologiques permettant aux mœurs de reprendre leurs droits, à la culture nationale de redevenir la norme assimilatrice qu'elle doit être, au patrimoine de civilisation qui est le nôtre d'être transmis.

    On devine qu'on n'y parviendra pas avec des hommes politiques ordinaires, se construisant un programme en multipliant les sondages et les conseils de communicants. On comprend dès lors le succès de ceux qui, devant le sentiment d'impuissance générale, parviennent à incarner le volontarisme, la détermination ou la résolution. L'histoire ne s'écrit pas avec en arrière-fond une musique d'ascenseur et avec des hommes au caractère tiède. Il fallait probablement un caractère aussi ubuesque et démesuré que Trump pour être capable de faire face à l'agressivité extrême dont peut faire preuve le système lorsqu'il se sent menacé. Il fallait un homme aussi fantasque que Nigel Farage pour porter pendant des années, sous les moqueries générales, le projet d'un référendum britannique sur l'Europe. Un homme qui désire demeurer respectable auprès de ceux qu'il conteste est condamné à ne plus les contester ou à se contenter d'une contestation de façade. Il participera à la comédie des faux-débats qu'on nous présente souvent comme l'expression sophistiquée de la démocratie.

    La question de l'immigration a été centrale dans le débat autour du Brexit. Aux Etats-Unis, la défaite d'Hillary Clinton sonne comme celle de l'échec de la politique des minorités. Est-ce également la fin du « multiculturalisme comme religion politique » ?

    Non. Le multiculturalisme, quoi qu'on en pense, demeure une philosophie politique à la fois dominante dans les médias, dans l'université dans l'école et dans plusieurs institutions publiques déterminantes : autrement dit, le multiculturalisme contrôle encore le récit public, même si sa puissance d'intimidation auprès du commun des mortels est bien moins grande qu'il y a vingt ans. J'ajoute que les multiculturalistes, devant la contestation de leur modèle de société, ont tendance, comme on dit, à se « radicaliser ». Ils diabolisent comme jamais leurs adversaires. Il faut s'y faire : je ne sais pas si le multiculturalisme est en train de tomber, mais je sais qu'à peu près aucun régime ne tombe en se laissant faire et sans se défendre.

    Cela dit, ce n'est pas la fin de la politique des minorités, tout simplement parce que la mutation démographique des sociétés occidentales est déjà tellement avancée qu'elle ne saurait rester sans conséquences politiques. L'immigration massive des dernières décennies transformera et transforme déjà en profondeur nos sociétés, et il faut une bonne part de naïveté ou d'aveuglement idéologique pour croire que c'est pour le mieux. Les métropoles, dans certains cas, se désaffilient mentalement de la nation. On assiste aussi à la multiplication des communautarismes qui justifient leurs revendications au nom des droits de l'homme. L'assimilationnisme, ou si on préfère, une intégration substantielle à la nation demeure nécessaire : cela exigera toutefois une forme de déprise du multiculturalisme car en ce moment, au nom d'une conception dénaturée de la « lutte contre les discriminations », on brise les mécanismes qui permettaient traditionnellement d'intégrer à la nation.

    Par ailleurs, la conjugaison des revendications minoritaires dans une perspective de déconstruction des nations occidentales demeure le cœur du programme idéologique de la gauche multiculturaliste, et on l'imagine mal en changer. Il faut défendre les droits de toutes les minorités, quelles qu'elles soient, contre le règne fantasmé du mâle blanc hétérosexuel. Dans les années à venir, la gauche diversitaire continuera à déconstruire les normes historiques et anthropologiques qu'on croyait constitutives de notre civilisation. Et contrairement à ce que croient d'étranges optimistes, qui s'imaginent que nous avons touché le fond, il reste encore beaucoup à déconstruire. Elle est engagée dans une logique d’éradication : le vieux monde doit mourir pour que le monde rêvé naisse. Sa guerre contre les « phobies », qui mélange fanatisme et nihilisme, envoie un signal clair : ce que nous pourrions vouloir conserver du « monde d’hier » est empoisonné par la haine, les stéréotypes et les préjugés. Il faut donc repartir à zéro. Le progressisme demeure accroché au fantasme de la table rase.

    J'ajoute que le multiculturalisme demeure l'idéologie officielle de la droite financière comme de la gauche mondaine. Cette dernière est fragilisée : elle dispose encore, et pour longtemps, d'une vraie capacité d'intimidation idéologique. Quiconque doit passer devant le tribunal médiatique de temps à autre sait quel genre de questions on lui posera : le discours médiatique dominant, qui délimite plus souvent qu'autrement les contours du possible et du pensable, demeure formaté par le politiquement correct. Nous ne sommes pas à la veille de voir des journalistes et des présentateurs « ordinaires » poser des questions implicitement conservatrices masquées derrière le souci de l'objectivité critique. Le traitement systématique de la question des migrants à travers le prisme humanitariste nous permet de comprendre à quel point nous sommes loin, quoi qu'on en dise, d'un renversement d'hégémonie idéologico-médiatique.

    La France a été une nouvelle fois endeuillée par des attentats des terroristes. Que cela vous inspire-t-il ? L'amoureux de la France que vous êtes, continue-t-il de voir notre pays comme un modèle ?

    Une première chose doit être dite : devant l'agression islamiste, ils sont nombreux à refuser de nommer les choses telles qu'elles sont. Le système médiatique déréalise les attentats, il les vide souvent de leur signification politique : à chaque fois ou presque, il cherche à imposer la thématique du loup solitaire, de l'assassin déréglé, ou maintenant, de camion fou. Certains médias envisagent même ouvertement de ne plus donner le nom des terroristes, ou de ne plus dévoiler leur origine, de peur d'encourager les amalgames et la stigmatisation. On parle de radicalisation sans viser l'islamisme en particulier. À ce que j'en sais, au moment de commettre un attentat, les terroristes disent bien Allahu Akbar et non pas « Sainte-Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs » ! On dénonce toutes les religions comme si elles se confondaient dans une même pathologie globale. Le discours médiatique déforme le réel et nous empêche de le penser. On classe parmi les faits divers des agressions qui, si elles étaient correctement interprétées, donneraient un portrait autrement plus cruel de l'insécurité qui frappe les sociétés européennes. Le commun des mortels ne croit plus les médias.

    C'est un fait, la France est aujourd'hui le champ de bataille principale de la conquête de l'Europe par l'islamisme et il semble bien qu'elle le demeurera. Vue la multiplication des Molenbeek dans le pays, vu la multiplication des territoires perdus de la nation, vue l'agressivité de l'islam radical qui cherche partout à se rendre visible et à définir à ses propres conditions son inscription dans la cité, on peut croire que la France demeurera au cœur de la grande bataille de notre temps. Il faut dire qu'avec l'Amérique, c'est la nation occidentale qui a par excellence une vocation universaliste. On cherche à la culpabiliser en expliquant la chose par son passé colonial. Toujours, le monde occidental doit être coupable, même du mal qu'on lui fait. Et pourtant, le commun des mortels, dans nos pays, ressent, je crois, une solidarité intime avec la France. Tous prennent personnellement les agressions qu'elle subit.

    Vous me demandez si la France demeure un modèle. Tout dépend de ce qu'on appelle modèle : je ne prétends pas que la France soit la réponse à chacun de nos problèmes, évidemment ! Mais la France est une nation qui a le sens du politique et qui n'accepte manifestement pas de se laisser dissoudre dans la logique du multiculturalisme. Dans le monde occidental, elle incarne une force de résistance. La querelle du burkini, qu'on a vite oubliée, n'avait rien d'anecdotique, et en quelque sorte, elle ne pouvait avoir lieu qu'en France … et au Québec ! Il s'agissait de critiquer l'empiètement de l'islam dans l'espace public, à travers une stratégie de visibilité maximale que j'assimile quant à moi à de l'exhibitionnisme identitaire. Mais pour mener cette critique, il ne faut pas se contenter d'une vision procédurale et juridique du monde commun. Il faut habiter le monde comme un peuple et réclamer son droit à la continuité historique, pour reprendre la formule de Bérénice Levet. La question du burkini a aussi permis de poser la question de la part des mœurs dans l'identité d'une nation, qui ne saurait se définir exclusivement dans les paramètres juridiques du contractualisme. La France n'oppose pas seulement des grands principes à l'islamisme ou au postmodernisme le plus agressif : elle oppose une civilisation, un art de vivre, une manière d'habiter le monde. C'est ce qui fait sa grandeur, et elle nous donne ici un bel exemple. Ce ne sont pas seulement des principes abstraits qu'on oppose au totalitarisme, mais une patrie, une civilisation, un pays.

    Le renoncement de François Hollande marque-t-il un changement d'époque en France également ?

    En fait, celui qui est un peu devenu président par accident a mis fin de lui-même à ce quinquennat un peu médiocre. Comme s'il comprenait, au dernier moment, que la mauvaise farce avait assez duré. François Hollande, l'homme des petites combines politiciennes, n'était pas taillé pour les institutions de la cinquième république, et encore moins pour des temps tragiques. Personnellement, je n'ai pas vu une grande noblesse dans son discours de départ : il faisait un peu pitié, en vérité. L'homme avait une conception gestionnaire du pouvoir : il ne semblait tout simplement pas prendre les cultures au sérieux. Pourquoi voulait-il devenir président ? On ne l'a jamais su ni compris exactement. Paradoxalement, François Hollande avait des yeux pour voir, et il voyait, comme on l'a constaté avec les entretiens rapportés par Davet et Lhomme, la France se fractionner, se briser, se partitionner, se décomposer. Mais il n'en tirait aucune conséquence politique, comme s'il s'agissait d'une fatalité sur laquelle le pouvoir n'avait aucune emprise. « Je suis président donc je ne peux pas » : c'est avec cette triste formule que je résumerais une présidence en décalage complet avec les exigences de notre temps.

    Comme analysez-vous le déroulement et le résultat de la primaire à droite ? La victoire de François Fillon traduit-elle une percée conservatrice ou un grand soir libéral ?

    Dans le texte qu'il consacre à la mort de Caton dans Le treizième César, Montherlant écrit une phrase terrible : « Il regarde à droite, il regarde à gauche, il regarde en haut, il regarde en bas, et il ne trouve que l'horrible. C'est quelquefois la tragédie d'un peuple, à un moment donné : il n'y a personne ». J'ai l'impression que le peuple de droite a d'abord abordé ainsi la primaire et cela à un moment où il espérait secrètement l'homme providentiel ! Juppé et Sarkozy représentaient les deux visages d'une classe politique déconsidérée. D'un côté, avec Alain Juppé, on avait la « droite de gauche », toujours occupée à donner des gages au progressisme médiatique et mondain. Alain Juppé n'était pas un homme sans valeur, il avait une rigueur intellectuelle admirable, mais ce n'était manifestement pas le candidat d'un peuple de droite décomplexé et résolu à affirmer ses valeurs politiques - d'un peuple de droite qui ne tolère plus que ses leaders aient honte de lui, en quelque sorte. Nicolas Sarkozy, quant à lui, était un homme absolument énergique, mais il n'était tout simplement plus cru. C'était, vous me pardonnerez la formule, la figure par excellence de la politique histrionique. Il aura trop déçu pour incarner une véritable espérance. Certains se diront probablement, avec un grand regret en pensant à ce qu'il aurait pu être : quel gaspillage !

    François Fillon s'est alors imposé comme le candidat d'une droite décomplexée mais tranquille. C'était l'antipopuliste, si on veut, même si la gauche a hystérisé le débat en le talibanisant. Si son programme libéral n'a pas été désavoué, ce n'est pas lui qui l'a propulsé au premier rang : on peut voir dans son élection une révolte de la décence commune. L'homme de droite ordinaire en avait assez de voir la fonction présidentielle complètement désacralisée. La France demeure quand même à sa manière un vieux pays monarchique ! On a parlé d'un vote catholique. La formule me semble exagérée : il ne s'agit pas d'un vote confessionnel, mais plutôt, d'un vote culturellement conservateur. C'est aussi un vote pour une certaine permanence française, pour un pays qui habite son histoire et qui veut aussi la poursuivre et persévérer dans son être historique.

    Reste à voir quelles espérances sont investies en Fillon. Pour certains, la déliquescence de la présidence depuis 2007 est telle qu'un peu de décence suffira pour donner l'impression de la grandeur et de la noblesse retrouvée de la fonction. On se doute bien que Fillon ne se lancera pas dans de nouvelles innovations sociétales à la Taubira, mais suffit-il de ralentir la catastrophe ou de prendre une pause dans la marche vers le paradis postmoderne pour devenir le héraut des conservateurs ? Une bonne partie de la droite a finalement des espérances assez limitées : elle veut accueillir les innovations sociétales à son rythme, sans qu'on la brusque, mais ne s'imagine pas renverser le sens de l'histoire. Est-ce qu'il y a chez François Fillon quelque chose comme un programme de reconquête culturelle ? Dans quelle mesure croit-il pouvoir regagner du terrain sur la gauche, sur les grandes questions sociétales ou identitaires ? Quel avenir pour la droite conservatrice avec Fillon ? Sera-t-il celui qui traduira politiquement ses idées ou sera-t-il plutôt celui qui emploiera la rhétorique conservatrice sans jamais aller au-delà des mots ?

    Que vous inspire le « phénomène » Macron. Est-ce le Trudeau français ?

    Macron est le candidat des élites mondialisées qui se sont affranchies du vieux monde et n'ont même pas l'idée d'entretenir une certaine tendresse pour son souvenir : il croit, ou du moins, il veut croire à la mondialisation heureuse. C'est le contraire de la France périphérique, ce qui ne veut pas dire qu'il n'a pas le souci des déclassés et des désœuvrés, mais pour l'essentiel, il porte un diagnostic libéral et libertaire : la France serait bloquée parce qu'elle serait crispée. C'est en la délivrant d'une culture pensée à la manière d'une entrave historique qu'elle pourra de nouveau donner sa chance à des millions de Français. Il lui manque toutefois une chose : l'homme a beau être cultivé, et faire ce qu'il faut pour entretenir cette image, il semble plutôt imperméable à ce qu'on pourrait appeler la part existentielle du politique. Les enjeux identitaires le laissent plutôt froid : du moins, ils ne semblent pas éveiller ses passions. Est-ce tenable à notre époque ?

    Mais on évitera les comparaisons trop faciles avec le golden boy de la politique mondialisée qu'est Justin Trudeau. Ce dernier, d'abord et avant tout, disposait d'un privilège dynastique. Sans son nom de famille, jamais il ne serait devenu premier ministre du Canada : il n'avait ni la compétence, ni le bagage pour briguer une aussi haute fonction. Trudeau était aussi à la tête du Parti libéral du Canada, qui est, comme on dit chez nous, le parti naturel de gouvernement à Ottawa. Enfin, au Canada, le multiculturalisme est une doctrine d'État, inscrite dans la constitution, et qui est défendue dans sa forme la plus extrême par les élites politiques et médiatiques.

    Cela dit, il se peut, et c'est même probable, que les deux hommes soient d'une même famille de pensée, d'une même famille d’esprit : ce sont des modernes fiers de l'être, heureux de l'être.

    L'année 2017 sera une année d'élection présidentielle en France. Quels en seront les enjeux ?

    La question identitaire sera présente, on n'y échappera pas, car c'est à travers elle que l'époque pose celle des nations. Elle se décline autour de nombreux thèmes : immigration, frontières, Europe, laïcité, place de l'islam, assimilation. Comment y échapper ? On s'entête, dans certains milieux qui semblent incapables de sortir d'un matérialisme à courte vue, à ne pas prendre au sérieux la question identitaire, qui serait secondaire par rapport aux enjeux économiques. Pourtant, à travers elle, l'individu redevient un animal politique. Il ne s'agit plus, aujourd'hui, de gérer raisonnablement une société qui ne va pas trop mal, mais de défendre l'existence même de la nation française et de la civilisation française. Par temps calmes, la politique gère des intérêts potentiellement réconciliables et consensuels : dans les temps tragiques, elle canalise aussi les passions et des visions du monde.

    La question de la réforme libérale du modèle social français se posera aussi, quoi qu'on en pense. Car François Fillon a beau ne pas avoir été élu à cause de son programme libéral, il ne l'a pas empêché de gagner la primaire non plus. Peut-être est-ce qu'une partie de la France croit aux vertus d'une thérapie de choc libérale ? Chose certaine, ce morceau de programme pourrait contribuer à reconstituer, au moins partiellement, le temps de l'élection, le clivage gauche-droite dans sa forme la plus classique : la gauche présentera Fillon comme le candidat de l'argent et des privilégiés, et se présentera comme la seule capable de défendre les droits sociaux. Ce sera du théâtre, mais rien ne dit que cette pièce ne s'imposera pas aux Français. Mais la gauche est tellement éclatée qu'on ne sait trop qui, finalement, parviendra à porter ce programme. À l'heure où on se parle, on ne sait pas trop qui portera on étendard, au-delà de la seule question des primaires de la gauche.

    Cela nous conduit à la question du FN, qui voudrait bien occuper le créneau du national-républicanisme, contre le libéral-conservatisme présumé de Fillon. En gros, le FN aimerait représenter la gauche national-chevènementiste contre la droite balladurienne. Le programme du FN mariniste ressemble de temps en temps à celui du défunt CERES auquel on ajouterait la lutte contre l'immigration. Le FN fait un souhait : que l'avenir de la gauche nationale soit la droite populiste. On verra d'ici quelques mois si ce pari était tenable. On sait qu'il n'est pas sans créer des tensions dans ses rangs.

    Après le Brexit et l'élection de Donald Trump, la France doit-elle s'attendre à un séisme politique comparable ?

    Il faut marquer une différence profonde entre la présidentielle américaine et la présidentielle française : Trump, un candidat antisystème, s'est emparé d'un des deux grands partis du système. C'est un peu comme si Marine Le Pen devenait la candidate des Républicains. Ce qui n'est pas exactement le cas, vous en conviendrez. La configuration politique n'est donc pas la même. La révolte populiste ne s'est pas emparée d'un des deux pôles de la vie politique française : elle demeure la figure exclue contre laquelle se constituent les courants politiques qui se reconnaissent mutuellement légitimes dans la conquête du pouvoir.

    Fillon, quant à lui, n'incarne pas une candidature antisystème. Il n'en a ni le style, ni le tempérament, ni le programme. Il ne joue pas le rôle non plus de la droite domestiquée. Depuis des années, on entendait les meilleurs analystes se désoler du fait que la droite en acceptant la tutelle idéologique du progressisme, ouvrait un boulevard au Front national. Est-ce qu'une droite décomplexée, délivrée des mythes culpabilisants qui la poussaient finalement à toujours quêter un certificat de respectabilité chez le camp d'avance, pourra répondre en profondeur aux angoisses à l'origine du développement du populisme en France et ailleurs ?

    Les conservateurs français, comme ceux de partout en Occident, devront accepter une réalité pénible : la reconstruction du monde ne prendra pas qu'un mandat présidentiel, ni deux, ni même trois. C'est une tâche qui dépasse l'horizon politique à court et moyen terme. Ce qui ne nous dispense pas d'y œuvrer. Chaque génération doit savoir qu'elle n'est qu'un maillon dans la longue histoire d'un peuple, même si elle doit jouer chaque fois son rôle comme si l'avenir du pays dépendait d'elle. Car les conservateurs travaillent, pour emprunter les mots du poète québécois Pierre Perrault, pour la suite du monde.   

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf. 

     

    Alexandre Devecchio

    @AlexDevecchio

  • Muslims contre muslims... et doux prénoms de notre « douce France » ...

    Le Reina emblématique discothèque d'Istanbul, située à Ortaköy, sur la rive européenne de la ville  - Photo AFP

     

    Mur-bleu gds.jpg

    Trois remarques amusées, malgré la gravité du sujet, après l'acte de terrorisme d'Istanbul, maintenant qu'on est sûr qu'il vient de Daech, qui l'a revendiqué :

    1. Ainsi donc, pour Daech, la Turquie est l'alliée des « croisés », et c'est pour cela que, dorénavant, elle sera frappée comme nous tous, les Européens.

    Bon, libre à Daech de dire n'importe quoi, mais tout de même, ranger dans le clan des « croisés » (!) un pays, la Turquie, qui a réussi une quasi parfaite purification religieuse, culturelle et ethnique en supprimant de la carte et de la surface de la terre les chrétiens, qui peuplaient à 100% Constantinople et tout le pays lors de la conquête turque de 1453, cela reste, malgré tout, un peu fort...

    Mais, prenant les choses du bon côté, n'est-il pas, au fond, réjouissant de voir que, pour Daech, un Vincent Peillon, un Jean-Luc Mélenchon, un François Baroin et tant d’autres sont des « croisés » ? Non, soyez prudents, ne le leur dites pas : ils risqueraient de nous faire un infarctus !

    2. Imperturbable, sérieux comme un pape, et ne se rendant absolument pas compte de l'énormité de son propos, le journaliste de BFM-TV annonce, sans ciller, durant le reportage sur l'évènement :« Deux Français se trouvaient dans la Reina (la boîte de nuit où a eu lieu le carnage) : Yunus TÜRK (cela ne s'invente pas !) et son cousin Yussuf KODAT étaient sur place ; les deux Alsaciens racontent ... » ; un peu plus tard, après la prestation des deux Alsaciens (!) le même journaliste aggrave son cas, mais toujours sans se rendre compte du ridicule de ses propos : « Fatih ALTINTAS, lui, est de Montluçon » ...

    Mais soyons honnêtes, il nous a tellement fait rigoler, le journaleux, avec ses deux Alsaciens et son Auvergnat montluçonnais, qu'il faut tout lui pardonner : grâce à lui on a commencé l'année en pleurant de rire, et cela n'a pas de prix. Merci, BFM !

    3. Enfin, cerise sur le gâteau, dans le reportage de BFM, juste après Istanbul, on parle de Hollande, en visite en Irak, fortuitement, deux jours après. « Moi, président » a prophétisé « une victoire contre le terrorisme en 2017 ». Pauvres de nous ! S'il est aussi bon dans sa prévision sur le terrorisme que pour l'inversion de la courbe du chômage en France, on est mal barrés ! Mais, vraiment, très mal barrés... 

  • Vous avez dit légitimité ?

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    2771589182.jpgPendant que le monde est en train de se transformer sous les coups de boutoir du terrorisme et des impératifs nationaux, la France officielle s’amuse dans les guéguerres des « peuples de gauche » et des « peuples de droite ».

    Y-a-t-il encore un peuple de France ? Il y a, paraît-il, « un peuple de droite » ; les primaires de la droite se sont chargé de nous l’apprendre. Et il y a « un peuple de gauche » ; les primaires de la gauche en ce mois de janvier vont tenter de le rassembler. Cependant ces deux peuples sont loin de regrouper tout leur monde. Les primaires sont trompeuses. Certes, elles facilitent la tâche des candidats qui éliminent ainsi leurs concurrents ; elles structurent en apparence l’élection présidentielle, mais elles provoquent des dégâts considérables dans l’électorat ; elles le fragmentent et l’émiettent à l’excès.

    Manuel Valls qui joue aujourd’hui le rassembleur, parlait, il y a six mois encore, de « deux gauches irréconciliables ». Tellement irréconciliables, de fait, que la « France insoumise » de Jean-Luc Mélenchon dont la violente insolence n’est qu’habileté politicienne, refuse de participer aux primaires des socialistes et qu’Emmanuel Macron qui se qualifie de progressiste et qui revendique sa jeune impétuosité, ne veut absolument pas se plier à cet examen de passage. Avec les socialistes de la primaire, ça fait au moins trois gauches sans compter les autres… Il n’est pas dit, d’ailleurs, que le vainqueur de la primaire socialiste aura, de ce fait, plus de poids que ses deux futurs rivaux dans la présidentielle qui ne se priveront pas de faire sentir leur importance en l’écrasant sur les deux côtés. L’écrabouillage sera d’autant plus implacable que la primaire socialiste aura elle-même fait apparaître plus de fractures dans la gauche qu’il n’y aura même de protagonistes, tant chacun ne pense qu’à lui-même et à sa propre partition. Belle cacophonie en perspective et qu’on prétend par enchantement démocratique ramener à l’harmonie dans un mouvement final que chacun des partenaires n’imagine triomphal que pour lui-même. Le parti socialiste se relèvera-t-il d’un tel ridicule ? 

    Droite qui sera droite ou gauche ?

    À droite et au centre, la primaire est passée mais les remous électoraux agitent toujours autant le monde politicien. Au centre, n’en parlons pas tant il y a de chapelles et d’ambitions particulières, la chasse aux places étant la règle et les antagonistes se jetant à la figure des invectives homériques qui rappellent la parodie du Lutrin de Boileau.

    Quant aux Républicains, ils sont si divisés, même et surtout après la primaire, que Fillon et son directeur de campagne et homme de confiance, Patrick Stefanini, ne savent qu’inventer comme organigramme pour contenter et, du même coup, diluer tant de composantes d’une droite éclatée qui va de Sens commun, dont les exigences déjà diminuées seront nécessairement revues à la baisse, aux juppéistes, tels Gilles Boyer ou Vincent Le Roux, mis désormais à des postes-clefs dans la direction, et à Nathalie Kosciusko-Morizet qui est bien décidée, comme Laurent Wauquiez de l’autre côté, à faire valoir sa différence. Conseil stratégique pléthorique qui sera voué aux discussions oiseuses et destructrices, conseil politique plus ramassé mais où se côtoient des personnalités aussi opposées et aux vues aussi discordantes que François Baroin et Jean-Frédéric Poisson, enfin pôles de réflexion où, sujet par sujet, le programme du candidat, au prétexte d’être enrichi et nuancé, sera passé à la moulinette. Le travail est déjà bien entamé, sur tous les points consistants du premier programme du candidat. Qu’en sera-t-il du reste ? Or la légitimité de François Fillon lui est survenue – comme malgré lui – de ce qu’il a paru répondre efficacement et possiblement à l’attente d’une partie notable des Français, composée essentiellement de familles, en manque d’autorité forte, juste et digne, tout autant que de libertés – au pluriel et non de licence –, ces deux impératifs étant liés selon les lois les plus ordinaires de la sociologie traditionnelle. Ainsi, n’en déplaise à tous les esprits faux de l’idéologie dominante, s’impose comme régulièrement dans notre histoire l’évidence du seul programme qui vaille pour la France qui dure et veut durer : restauration de l’autorité, déploiement ordonné des libertés. La modernité n’y change rien ; elle en accentue encore la nécessité. 

    La quête de légitimité

    Si Fillon perd dans d’obscures compromissions politiciennes ce petit éclat de légitimité qui l’a soudain éclairé, jailli non de lui-même mais du plus profond de l’âme française, alors son destin sera remis en cause. Peut-être réussira-t-il grâce à des louvoiements à l’emporter à l’élection présidentielle, mais il se privera de tout moyen et de toute volonté de redressement. Ordonnances et référendums n’y changeront rien. Les Français – ceux qui font marcher la France et la font vivre – seront une fois de plus déçus. Les professionnels de l’opposition, eux, se sentiront d’autant plus forts. L’échec est assuré. Il aura bradé pour un vulgaire plat de lentilles la seule et vraie légitimité qui justifie un pouvoir national fort en France, la légitimité historique, celle qui relie les siècles et définit l’identité française.

    Le Front national court vers la même épreuve. Si, sous prétexte de complaire à des fragments d’électorat disparates, la licence des mœurs, la décomposition sociale, l’étatisme facile et l’assistanat généralisé sont promus au même titre que la nation, il déshonorera son esprit de résistance, il se fourvoiera dans les recettes politiciennes, il se déconsidérera auprès des meilleurs de ses troupes. Comment pourra-t-il réussir ?

    Les Français ont pris de si mauvaises habitudes d’esprit de républicanisme qui leur est inculqué comme une religion, qu’ils ne savent plus ce qu’est « la chose publique » en elle-même, la République au sens étymologique et vrai du terme comme l’employaient nos anciens légistes royaux. Les politiciens en ont fait leur chose privée en usant de théories constitutionnelles ineptes et qui sont aujourd’hui totalement désuètes : François Hollande en est le type achevé ; il finit sa carrière en ectoplasme. L’État n’est plus à sa place et n’a plus  sa véritable place, proprement régalienne, celle qui le mettrait en symbiose avec le peuple de France, le vrai, celui qui essaye de vivre et de survivre. Il n’y a donc plus de légitimité. Or, sans légitimité, il est impossible d’opérer un redressement. C’est l’unique problème français. Qui le dira ?   

    Politique magazine, janvier 2017

  • Amine, Anis étaient au milieu de nous : 66 millions de Français virtuellement livrés au terrorisme islamiste

     

    Mur-bleu gds.jpgNous ne jouons pas à nous faire peur ni à chercher à faire peur aux autres ; ni à cultiver une sorte de morbide sinistrose, qui se porte assez bien comme cela pour qu'il soit utile d'en rajouter...

    Nous tirons simplement le constat froid et lucide (on dira clinique, puisqu'Amine était Interne à La Timone, à Marseille !) que deux dangereux terroristes islamistes étaient au milieu de nous, normalement, habituellement :

    - le premier, Interne en Chirurgie orthopédique à l'Hôpital de La Timone à Marseille, était en neuvième année de médecine : il a dû en voir, en soigner des gens, leur parler, avoir accès à toute sorte de locaux plus ou moins « sensibles ». Et voilà que l'on apprend qu'il s'était réjoui des assassinats de novembre à Paris, qu'il tenait des propos ouvertement favorables au djihadisme sur les réseaux sociaux, parlant même de commettre des attentats en France. Disparu depuis la mi-octobre, il a finalement été arrêté en Turquie, alors qu'il se rendait en Syrie : pour y faire quoi ? Devinez ! 

    - le second, après son carnage de Berlin, s'est baladé, il n'y a pas d'autres mots. D'Allemagne il est passé en Hollande puis, via la Belgique en France. Il a pris le train, tout naturellement, a traversé plusieurs gares, et, lui aussi, a côtoyé pas mal de monde dans les rues, les dites gares, les trains...

    Heureusement, dans un cas comme dans l'autre, les deux assassins n'ont pas tué chez nous. Si l'un est passé à l'acte en Allemagne, l'autre est resté « assassin en puissance », mais l'intention - quand elle est aussi froide, résolue, planifiée... - ne vaut-elle pas l'action ?

    Mais ces deux cas troublants nous amènent au seul constat possible : nous sommes toutes et tous livrés, à tout moment, au couteau de l'égorgeur, à la ceinture d'explosif de l'artificier, au véhicule lancé dans la foule... Et les terroristes sont - ou peuvent être - le voisin du dessus ou du dessous ; celui d'en face ou d'à côté ; celui d'en haut de la rue, ou d'en bas, ou du coin : bref n'importe lequel de ces 200.000 entrés par an en France sous Sarko (sans compter les clandestins, évidemment) ; chiffre qui est passé à 300.000 pendant le « quinquenium horribilis » de Hollande.

    Toutes et tous étant parfaitement « normaux » en temps normal, mais pouvant basculer d'un coup, à tout moment, dans ce que l'on appelle maintenant, dans la novlangue idéologique politiquement correcte, la radicalisation : en clair, l'islamisme, le terrorisme, l'assassinat de masse.*

    C'est dans cet esprit que nous dressons notre constat : non pour faire frissonner dans les chaumières, mais pour lancer une accusation frontale contre le Système, que nous accusons d'irresponsabilité et de mise en danger de la vie de la Nation.

    Donald Trump a fait scandale dans la petite bulle des journaleux bobos/gauchos lorsqu'il a déclaré, pendant sa campagne, qu'il voulait interdire l'entrée de musulmans aux Etats-Unis, avant que les autorités compétentes ne se soient renseignées sur les dits musulmans. C'est le bon sens le plus élémentaire : au moins, en savoir le plus possible sur ceux qui veulent venir chez vous. Ce bon sens-là, le Régime, le Système ne l’a pas, car il ne veut surtout pas l'avoir. Ce qu'il veut c'est créer un citoyen nouveau, une France nouvelle, surtout sans contact avec ses Racines et ses Traditions, qui sont gréco-latines, européennes et, bien sûr, chrétiennes. Et, pour effacer ces Racines et ces Traditions, tout est bon, pour le Système, même et surtout l'Islam et les musulmans. 

    Sauf qu'à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler ; à force de manipuler des bombes, elles vous explosent à la figure...

    On en est là. Que ce soit le Régime, le Système qui saute, cela ne nous gêne guère. Mais qu'il nous fasse courir le risque avec lui, alors là, non !   

    * Répétons-le, une fois de plus : nous ne disons pas que tous les musulmans sont des terroristes, nous disons que tous les terroristes sont des musulmans, et pratiquent leur terrorisme au nom de l'Islam.
  • David Desgouilles : « En 2017, le risque le plus grave est de voir encore un président élu par défaut »

     

    Par Alexandre Devecchio    

    ENTRETIEN - David Desgouilles fait le bilan de l'année politique 2016 pour FigaroVox [30.12] et dresse les perspectives de l'année 2017.

     

    4021532882.pngQuel bilan tirez-vous de l'année politique ? Si vous deviez retenir trois évènements marquants ?

    Sur le plan international, le Brexit et l'élection de Trump figurent comme les deux événements les plus marquants, sachant qu'ils ont forcément des interactions avec notre vie politique nationale. Sur le plan national, toute l'année a été jalonnée par la primaire de droite. La victoire de François Fillon figure donc parmi les évènements marquants. Il ne faut surtout pas omettre les attentats de cet été, à Nice et Saint-Etienne de Rouvray. Enfin, le renoncement de François Hollande puisque c'est la première fois qu'un président de la Ve République n'était pas candidat à un second mandat (si on excepte évidemment Georges Pompidou qui n'en a pas eu la possibilité).

    Selon un récent sondage, Macron serait l'homme politique de l'année. Que cela vous inspire-t-il ?

    Emmanuel Macron aurait en tout cas tort de se laisser griser par ce palmarès. Les hommes politiques de l'année précédant celle du scrutin présidentiel confirment rarement les espoirs portés en eux. L'an dernier, c'était qui déjà ? Alain Juppé ? Edouard Balladur, Lionel Jospin, Dominique de Villepin et d'autres encore figuraient sans doute en tête de ce type de sondage.

    Cela dit, j'aurais grand tort de considérer qu'Emmanuel Macron n'a pas marqué 2016. Il a créé son mouvement politique, a démissionné puis s'est porté candidat, les sondages le créditant aujourd'hui d'un score à deux chiffres. Sans être béat d'admiration, on peut au minimum accorder de l'intérêt à cette trajectoire, pour un homme encore complètement inconnu en août 2014.

    Qui sont les autres vainqueurs ? Les perdants ?

    François Fillon constitue évidemment l'un des vainqueurs, puisqu'il a créé la surprise en mettant à la retraite deux figures marquantes de la droite française des trente dernières années, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. J'ajouterai deux personnalités : Jean-Luc Mélenchon qui a lancé une candidature dans l'esprit des institutions de la Ve, dédaignant le jeu des partis, et qui s'en trouve finalement récompensé et beaucoup plus libre de ses mouvements. Marine Le Pen figure aussi dans le camp des gagnants de 2016. En cette fin d'année, on observe qu'elle a encore progressé en popularité tout en adoptant une stratégie de distance médiatique. Mais il faudra que tout le monde tire dans le même sens qu'elle dans son parti dans la campagne et cela n'a pas l'air d'être gagné.

    Côtés perdants, Sarkozy, Juppé et Hollande évidemment. Nous pouvons ajouter à ceux-là Bruno Le Maire qui, l'an dernier, figurait parmi les espoirs de 2016. Il n'a pas su les confirmer.

    2016 a vu deux anciens présidents de la République disparaître définitivement de la scène politique. S'agit-il d'une année de rupture historique ?

    Nicolas Sarkozy souhaitait réussir là où Valéry Giscard d'Estaing avait échoué : redevenir président après  avoir été battu. Tous les deux sont passés par la case « président de parti », l'un en 1988 à la tête de l'UDF, l'autre en 2014 à celle de l'UMP. Nicolas Sarkozy n'a pas su écouter ceux qui lui disaient que redevenir un chef de parti après avoir été président était rédhibitoire. Cette mise en garde a éclaté lors des débats télévisés de la primaire où on voyait un ancien Chef d'Etat contredit et peu respecté par ses anciens ministres. Le seul chemin, même s'il était aussi très escarpé, était de s'affranchir des contingences partisanes et d'être candidat en homme libre. Il n'a pas voulu de cette stratégie qui était pourtant le plan prévu en mai 2012, selon Laureline Dupont et Philippe Cohen, dans un livre publié il y a deux ans (C'était pas le plan, Fayard). Quant à François Hollande, c'est aussi parce qu'il n'était plus considéré comme un chef par son camp qu'il a été contraint à sa décision du 1er décembre. Mais c'est beaucoup plus grave car il est le président de la République en exercice. Pour autant, évoquer « une rupture historique » me paraîtrait galvaudé.

    Au-delà des changements d'hommes, peut-on parler de rupture idéologique ?

    La rupture idéologique est moins caractérisée à mon sens par le renvoi à la retraite de Sarkozy et Hollande que par les soubresauts voire les mutations sur le plan international. La guerre contre le djihadisme, l'Union européenne qui agonise, le rôle de Vladimir Poutine ont bien davantage d'influence sur les ruptures qui pourraient bientôt intervenir dans notre pays.

    Justement, sur le plan international, l'année a été marquée par le Brexit, l'élection de Donald Trump et l'échec du référendum de Matteo Renzi en Italie. Doit-on s'attendre à de pareils bouleversements en France ?

    Serai-je original en répondant qu'il ne faut rien écarter ? L'euroscepticisme marque autant notre pays que l'Italie qui a sanctionné Renzi et le Royaume-Uni qui a voté le Brexit. La question est de savoir s'il trouvera sa traduction politique et si les Français jugeront celle-ci crédible. Il en va de même pour François Fillon dont l'élection due à sa posture conservatrice pourrait entrer en contradiction avec un programme économique dont les tenants et aboutissants sont loin de susciter une large adhésion dans le pays. Il aura à surmonter deux contradictions : celle, magnifiquement incarnée par la sentence de Russel Jacoby, « d’une droite qui vénère le Marché, mais qui en maudit la culture qu'elle engendre » ; et celle portée en germe par la primaire : 4 millions de participants alors que plus de 36 millions se rendront aux urnes. Et face à lui, on a du mal à percevoir quelqu'un capable d'être élu avec une large adhésion à son projet. Le risque à la fois le plus important et le plus grave que nous risquons de vivre en mai 2017, c'est encore un Président élu par défaut, dans un monde très dangereux. 

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    David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015). Son prochain roman de politique-fiction, Dérapage, paraît le 11 janvier 2017 aux éditions du Rocher.

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    Alexandre Devecchio   

  • TOUS NOS VOEUX POUR 2017 !

    « Les Invalides » - Aquarelle originale

     

    Pour la France, notre patrie aujourd'hui menacée, pour la Famille de France et pour toutes nos familles, pour vous tous, chers amis lecteurs, pour Lafautearousseau qui vous accompagne chaque jour, et pour notre œuvre poursuivie ensemble au service du Bien commun : tous nos voeux pour 2017 ...

     

    Lafautearousseau

  • Culture • Loisirs • Traditions ...

  • Livres • Boutang, arpenteur de l’être, un essai de Rémi Soulié

    Pierre Boutang  

     

    Par Christopher Gérard

    Christopher Gérard a donné dans Causeur [24.12] une excellente recension du livre de Remi Soulié « Pour saluer Boutang ». Ainsi, après le gros volume que Stéphane Giocanti vient de publier sur Pierre Boutang chez Flammarion, après le numéro spécial de la Revue Universelle, qui a eu un notable succès, et maints articles parus dans de nombreux médias, l'on redécouvre avec un certain émerveillement, étonnement, admiration, celui qui, à la suite de Maurras, fut l'un des plus brillants esprits de la mouvance maurrassienne. Même si son œuvre philosophique et littéraire ne s'y résume pas. Cet article est, de plus, assorti d'une vidéo qui reprend une causerie de Remi Soulié : on l'écoute avec plaisir.   LFAR  

     

    christopher-gerard-veste-autri.jpg« Arpenteur de l’être » (Mattéi) ou «prophète d’une âge recommencé des saints et des héros » (Colosimo) ? Deux Jean-François de taille s’accordent pour définir Pierre Boutang (1916-1998) comme un géant. Dans ses Carnets noirs, Gabriel Matzneff a dit la terreur que le bretteur royaliste pouvait inspirer à ses contradicteurs en raison de sa double carrure, musculaire et cérébrale. Fut-il un autre Platon… dans un genre obscur ? Telle est la question qu’évoque un de ses disciples, le Provençal Rémi Soulié, dans un recueil de textes d’une piété quasi filiale. Vers 1990, khâgneux à peine guéri d’une méchante fièvre marxiste (inoculée, il est vrai, par un poète), le jeune Cathare de Toulouse tourne catholique contre-révolutionnaire – d’une chapelle l’autre. Des Rouges aux Blancs, avec le même panache. Soulié peut donc rencontrer Boutang, sur qui il livre aujourd’hui une somme de réflexions parfois profuses, notamment sur sa dette à l’égard de Joseph de Maistre (dont on sait l’influence sur Baudelaire) ou sur son admiration pour Bernanos, qu’il plaçait très haut. Soulié montre bien que l’un des multiples paradoxes du personnage est que, quoique fidèle à Maurras, dont il fut le plus brillant disciple avec Thierry Maulnier, Boutang ne partageait en rien le positivisme maurrassien : l’homme était avant tout théologien.

    La partie la plus personnelle et la plus passionnante du recueil regroupe des fragments de journal de Rémi Soulié, qui fréquenta le maître jusqu’à sa mort. Et quel maître, capable de réciter le Parménide en grec, et Toulet, et Poe, et Scève, tout en ingurgitant des litres de vin (« Le vin, voilà quelque chose que le diable ne peut avoir créé », s’exclame ce drôle de paroissien) et en enguirlandant son disciple à propos de ponctuation, de Guénon (« lointain disciple de Maurras ») ou de l’Eglise, sa « mère ». Ce Grec qui avait trop lu l’Ancien Testament (d’où une prose un tantinet talmudique, bien éloignée de la clarté hellénique), cet inspiré (cet illuminé ?) fascine et laisse perplexe. Un génie, cet obsédé de transcendance absolue qui, paradoxe, trempa dans toutes sortes de complots (le Débarquement allié en Afrique du Nord, l’assassinat de l’amiral Darlan, le gaullisme révolutionnaire) ? Un fumiste ? Mais l’homme créa La Nation française, l’un des (rares) feux d’artifice de l’après-guerre littéraire ; mais il écrivit ce La Fontaine politique, mais il eut l’oreille du vieux Maurras. En vérité, Soulié ne tranche pas ; il rend grâce et hommage – avec une magnifique ferveur.

    Une citation pour la route, à méditer, notamment par les professeurs tentés par le désespoir. A de jeunes royalistes qui l’interrogent sur la « fin » de la France, Boutang répond : « La France finie ! On la connaît depuis longtemps, cette petite histoire. On l’a dit au moment de Jeanne d’Arc, au moment de la Ligue. Lisez le “Procès de Jeanne d’Arc”, lisez “La Satire Ménippée” ! Chaque fois qu’un petit enfant naît, tout recommence. Chaque fois que le langage est présent, tout reprend. Chaque fois que l’on parle français, nous retournons aux sources. »  Vive Pierre Boutang ! 

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 

    Christopher Gérard
    écrivain

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    Pierre Boutang, entre Dieu et le Roi

  • Exposition • Marilyn jusqu’à la nausée…

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    De passage à Aix-en-Provence, notre confrère est bien sûr allé voir l’expo « Marilyn » qui fait courir une partie de la France et nombre d’amateurs étrangers. Il en est ressorti en proie à un tournis mental…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgEst-ce parce que la Fondation privée « Culturespaces », dans le magnifique hôtel de Caumont (1715), à Aix, qu’elle a restauré à grands frais, y a uniquement présenté jusqu’ici des événements « patrimoniaux », « classiques » (Canaletto, Turner, Collections princières du Lichtenstein)*et qu’elle fut, pour cela, un peu critiquée par la bobocratie ambiante ? Toujours est-il qu’actuellement, ladite fondation nous offre une exposition plus dans l’air du temps new-yorkais, consacrée à l’actrice  «mythique », pardon « iconique »… Marilyn Monroe (1926-1962), vue par la crème des photographes mondiaux: Cecil Beaton, Richard Avedon, Sam Shaw, Georges Barris, sans omettre l’artiste Andy Warhol. 

    Trois mariages ratés

    Depuis le nu sur velours rouge de 1949, où la débutante pose  pour un calendrier destiné à des camionneurs jusqu’aux pathétiques clichés de la femme abandonnée, après trois mariages ratés et une idylle « coupable » avec l’acteur-chanteur italo-marseillais Yves Montand (il était l’époux de la très fidèle Simone Signoret), « Marilyn » nous est donc administrée sous toutes les coutures, au fil de soixante épreuves (qui en sont une aussi, mais dans l’autre sens de ce mot, pour le visiteur non entiché de monotonie…); bref, on subit Mme Monroë… jusqu’à la nausée, malgré la compassion que suscite cette brave fille aux cheveux blond platine en quête d’un impossible bonheur de midinette. 

    Au fil de cette exposition finalement assez funèbre, les bons vivants ne peuvent guère se raccrocher qu’à quelques images projetées de quelques bons films de la comédienne tel Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (1959), avec le désopilant Jack Lemon. Un rire sain qui vient enfin dérider les têtes d’enterrement que se croient obligés de prendre certains admirateurs inconsolables de la star, venus là un peu comme en pèlerinage… 

    Sisley à l'horizon

    Heureusement aussi, les appartements de l’hôtel de Caumont, reconstitués comme ils étaient vers 1750, sous le règne de Louis XV, dit le Bien-Aimé, sont là pour ceux qu’a lassés cette avalanche de clichés de la même Marilyn…  Il y a aussi le jardin à la française de l’hôtel, la boutique-librairie d’une richesse exceptionnelle et le salon de thé tranquille et savoureux. 

    On peut voir également chaque jour, à diverses heures, dans une confortable salle à part, un excellent film moderne, sur la vie et la carrière de Paul Cézanne (1839-1906), le peintre aquisextain** par excellence. C’est d’ailleurs un des collègues et contemporains de Cézanne, le Britannique de l’Ecole française, Alfred Sisley (1839-1899), qui succédera à Marilyn à l’hôtel de Caumont du 10 juin au 8 octobre 2017, avec ses paysages impressionnistes, dont chacun est différent, loin cette fois de toute monotonie. 
        

    Culturespaces, Hôtel de Caumont, 3 rue Joseph-Cabassol (près du cours Mirabeau), 1310 Aix-en-Provence
    Tél: 0033 (0) 4 42 20 70 01
    Ouvert tous les jours de 10 à 18 (ou 19) h, y compris les jours fériés.www.caumont-centredart.com

    * Exposition brillante mais marquée en 2016 par le scandale de la saisie par la police française de la toile-vedette de la manifestation, « Vénus » (1531) de l’Allemand Cranach l’Ancien, oeuvre qui serait un « faux »… Une délicate affaire toujours en cours et qui a provoqué la stupeur à Vaduz, capitale de la Principauté germanophone du Lichtenstein, propriétaire du tableau.

    ** On peut dire plus simplement « aixois » mais l’appellation ancienne reste en vigueur car elle rappelle « Aquae Sextiae », les eaux thermales découvertes sur le futur site du chef-lieu provençal par le consul romain Sextius et toujours exploitées en 2017. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 30.09.2016

     

  • Société • Enseignement : le désastre

     

    Mur-bleu gds.jpgIl faut lire le bulletin de SOS Education, et nous reprenons d'ailleurs régulièrement dans nos colonnes des informations puisées à cette bonne source.

    Voici, par exemple, le texte d’une dictée qui a été donnée à des élèves de CM2 par la direction de l’évaluation du Ministère de l’Éducation nationale :

    « Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés.

    – Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison.

    – Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus !

    Aussitôt dit, aussitôt fait ! À ce moment, le chien se mit à aboyer.» 

    Cette courte dictée, vous en conviendrez, ne présente aucune difficulté majeure. Et pourtant !

    En 1987, les élèves de CM2 faisaient en moyenne plus de 10 fautes à cette dictée ! 10,6 très exactement ; plus de deux fautes par ligne ! Les « pédagogies modernes » étaient passées par là : méthodes de lecture globale ou semi-globale, diminution des horaires de français…

    En 2007, on a soumis à des élèves du même niveau cette même dictée. : les élèves ont fait en moyenne 14,3 fautes, soit plus d’un tiers d’erreurs en plus ! Quasiment 3 fautes par ligne !

    En novembre 2016, la direction de l’évaluation du Ministère de l’Éducation nationale a publié en catimini les résultats de la même dictée, donnée en 2015 : en catimini, car les élèves d’aujourd’hui ne commettent désormais plus sur ces 5 lignes 10 erreurs, ni même 14, mais pas moins de 17,8 ! Ce qui signifie qu’en dehors de « papa », « maman », « le » et « ne », les élèves de CM2 d’aujourd’hui font en moyenne quasiment une faute par mot : et le rédacteur de cette note du site de SOS Education de conclure, hélas avec raison : « la France est entrée dans l’ère de l’illettrisme de masse ».  

    Rappelons que, depuis les années 80, si le budget militaire a constamment décliné, le budget de l’Éducation nationale a été plus que doublé en euros constants !

    Partout ailleurs, en Europe, ou dans n'importe quelle entreprise privée, avec de tels résultats, les responsables de ce qui ose encore s'appeler « Ministère de l'Education nationale » seraient remerciés, et tout serait changé, de fond en comble, dans ledit Ministère. Or, courant novembre, Najat Vallaud-Belkacem, le sinistre de l'Instruction, a osé plaider à l’Assemblée nationale la demande - pour 2017 - d'une enveloppe de 68,64 milliards d’euros, hors retraites des fonctionnaires, en vue de placer « l’école au cœur du redressement du pays ».

    Plus c'est gros, plus ça passe ! 

  • Cinéma • Assassin's Creed : les héros virtuels dénoncent les élites réelles !

     

    Par Eric Delbecque

    ANALYSE - Eric Delbecque a vu Assassin's Creed, le film dérivé du célèbre jeu vidéo. Derrière l'univers Geeks et les effets spéciaux, il y voit une réflexion sur le monde contemporain. C'est ce qui nous a paru faire l'intérêt de cette critique [Figarovov, 30.12]. Les cinéphiles apprécieront sa valeur à l'écran et, s'il y a lieu, donneront leur avis.  LFAR 

    On ne va pas voir Assassin's Creed parce que l'on est passionné par les films ou les romans historiques… Cela n'a pas de sens de tenter d'y déceler la moindre trace de vraisemblance. Ce qui rendait d'avance hors sujet les invectives de Jean-Luc Mélenchon en novembre 2014 sur le jeu vidéo du même nom (en l'occurrence Assassin's Creed Unity) qui travestissait selon lui la signification de la Révolution française. Malgré les imperfections de la réalisation, on achète sa place d'abord pour le show !

    L'amateur de blockbusters hollywoodien, en particulier ceux de Marvel et DC Comics mettant en scène des super-héros, trouvera son bonheur dans les salles obscures en admirant les combats entre les ninjas en scapulaires (pas très loin de chevaliers Jedis médiévaux) et les nervis des inquisiteurs en armure (une espèce d'Ordre Sith). Michael Fassbender (le Magnéto des X-Men) incarne parfaitement le rôle du marginal Callum Lynch, ainsi que celui de son ancêtre, le membre de la société secrète des Assassins, Aguilar de Nehra.

    L'intrigue ne suit que de très loin l'univers des Geeks (précisons pour les néophytes qu'Assassin's Creed est d'abord et avant tout un jeu vidéo édité par Ubisoft). Une fois encore - c'est désormais fréquent - le synopsis repose sur la dénonciation des élites et la lente construction d'un soft totalitarisme (voir à ce sujet Bienvenue dans le pire des mondes. Le triomphe du totalitarisme) matérialisé ici par les Templiers, l'organisation rivale des Assassins (lesdits Templiers auraient aussi bien pu incarner le camp des «bons», mais les fantasmes qu'ils suscitent sont sans doute à l'origine de leur assignation à résidence du « Mal »).

    Le réalisateur Justin Kurzel nous fait vite comprendre que les élites politiques et économiques semblent appartenir dans leur grande majorité à la société secrète des Templiers. Ces derniers seraient en fait le premier pilier des pouvoirs un partout à la surface de la planète. Ils tiraient déjà les ficelles de l'Inquisition espagnole au XVe siècle! Que cherchent-ils ? À s'emparer de la « Pomme d'Eden », une sphère contenant la clé génétique du libre-arbitre.

    Grâce à un dialogue entre le docteur Alan Rikkin (Jeremy Irons), un templier de haut rang, et un membre de l'organe dirigeant de l'Ordre (appelé « les Aînés »), interprétée par Charlotte Rampling, le spectateur apprend le principal, à savoir que les représentants du Temple poursuivent comme objectif ultime la domestication des masses, qu'ils nomment de façon plus positive et pudique la suppression du « cycle de la violence ». Après avoir compté sur la répression durant des siècles, ils misèrent ensuite sur la diffusion de la société de consommation pour endormir toute tentation de dissidence: il ne s'agit ni plus ni moins que d'une reformulation de l'idée de « fabrique du consentement », une thèse développée par le journaliste et auteur Walter Lippmann, et à la base de la pensée d'Edward Bernays, le rédacteur de Propaganda et le gourou de la communication d'influence et des relations publiques aux États-Unis dès les années cinquante.

    De quoi s'agit-il ? En résumé, puisque la contrainte physique suscite toujours la résistance, il convient de laisser penser aux citoyens qu'ils choisissent librement leurs chaînes… Exactement ce que le capitalisme financier tente de faire en nous faisant croire que la marchandisation intégrale des rapports sociaux et de notre environnement est un incroyable progrès que nous désirons tous !

    Toutefois, Rikkin, grâce aux travaux de sa fille Sophia, brillante chercheuse (Marion Cotillard), veut venir à bout de l'esprit critique, de la capacité même à choisir ses opinions et son parcours de vie. Il a donc capturé des descendants des Assassins de différentes époques pour les placer dans l'Animus, une machine qui permet d'accéder aux souvenirs de leurs ancêtres grâce à la mémoire génétique des individus. Callum Lynch, alors qu'il était condamné à mort pour meurtre, se retrouve enfermé dans une base templière située en Espagne (à la fois prison, citadelle et centre scientifique d'expérimentation), officiellement propriété de la société Abstergo.

    « La vérité n'existe pas »

    Bien évidemment, le film nous parle de la coupure entre l'hyperclasse mondialisée et le reste des populations des nations du globe. Les créateurs d'Assassin's Creed reprennent ici en l'aménageant la légende développée par l'écrivain Vladimir Bartol en 1938 dans le roman Alamut (qui narre l'histoire d'une secte religieuse ismaélite dérivée des chiites). Sur grand écran, les Assassins n'incarnent pas des fanatiques mais des individus apparaissant comme les gardiens du « Credo », c'est-à-dire de la foi en la liberté individuelle, de pensée, de conscience.

    En assistant au serment qu'ils prêtent dès le début du film, on saisit que les mots cachent une autre réalité que leur sens littéral. « La vérité n'existe pas » veut dire : chacun doit exercer sa capacité à raisonner et à refuser les dogmes exigeant la soumission pure et simple. En affirmant « Tout est permis », ils vont au-delà du message nietzschéen (et de son exploration par Dostoïevski pour démontrer les limites de l'amoralisme) afin de dénoncer les lois iniques et la fausse morale. Ce qui constitue objectivement un procès en règle de toute forme d'intégrisme religieux.

    Exploitation facile de la vague des théories du complot, diront certains ? Sans doute. Mais il faut d'abord y discerner le besoin contemporain de véritables héros de la liberté. Par-delà la claire intention commerciale de ce divertissement, à savoir populariser la licence, communiquer autour de la marque « Assassin's Creed » et favoriser les ventes des jeux vidéos, il y a effectivement dans ce film la mise à nue intéressée d'une conviction qui tend à dominer dans les classes populaires et modestes : celle qu'une oligarchie possédante confisque la démocratie à travers la mondialisation.

    Bien sûr, il flotte aussi dans ces deux heures de grand spectacle un goût marqué pour la violence, ou plutôt un désir de combat, de confrontation avec le monde au nom d'un idéal ; faire partie des élus qui peuvent sauver une réalité à la dérive fait immanquablement partie des aspirations puissantes de la jeunesse. Assassin's Creed met le doigt sur ce qui manque à l'Europe: une quête. On sait hélas à quel point cette aspiration peut porter à la violence et à la barbarie lorsqu'elle ne trouve aucune forme de satisfaction (il est utile à cet égard de lire Les nouveaux enfants du siècle d'Alexandre Devecchio).

    Étonnant de voir à quel point la réalité virtuelle, le plus souvent brillant auxiliaire de la dynamique marchande, se dénonce elle-même dans ce divertissement parsemé de quelques symboles forts. Mais qui privilégie aujourd'hui les interprétations symboliques ? Beaucoup préfèrent les lectures littérales qui engendrent les confrontations ou nourrissent de futiles polémiques…  

    Eric Delbecque    

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    Eric Delbecque est Président de l'ACSE, auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)