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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1378

  • Mathieu Bock-Côté : « Un certain catholicisme se mue en utopie multiculturaliste »

    Mathieu Bock-Côté (à gauche) le dernier essai de Laurent Dandrieu (au centre) l'auteur (à droite) 

     

    Par Mathieu Bock-Côté   

    LECTURE - Mathieu Bock-Côté a lu l'essai Eglise et immigration : le grand malaise [Figarovox, 23.01]. Selon lui, loin des polémiques, Laurent Dandrieu « ajoute sa voix au renouveau intellectuel du conservatisme français ». La question des rapports du politique et du religieux, de l'Eglise et de l'Etat, s'est posée de tous temps : à la monarchie française, aux régimes qui l'ont remplacée ou cru le faire, aux royalistes, à l'Action française, aux catholiques en général. Maurras, en son temps, y a consacré plusieurs gros volumes. Le sujet est toujours délicat, complexe, notamment aujourd'hui où la ligne publique de l'Eglise en matière d'immigration, et à l'égard des chrétientés européennes ou orientales pose problème. Nous partageons ici l'esprit et le détail de la réflexion de Mathieu Bock-Côté. Il s'agit d'un texte et d'une matière importants. Quelle serait, selon nous, la politique religieuse d'une royauté ? Ceci est remarquablement exposé dans une vidéo d'Hilaire de Crémiers dont nous recommandons l'écoute en fin d'article.   Lafautearousseau 

     

    le-pape-francois-celebre-paques-sur-fond-de-violence.jpgJournaliste à Valeurs actuelles et auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire de la peinture ou du cinéma, Laurent Dandrieu a incontestablement marqué le début de l'année 2017 avec un livre inattendu, qui a fait éclater un malaise profond chez les catholiques français. Avec Église et immigration : le grand malaise, il se penche sur la doctrine catholique concernant l'immigration. Dans quelle mesure le catholicisme est-il capable de penser les grandes migrations au-delà d'un discours moralisateur et désincarné sur l'ouverture, qui nous est généralement administré et dont le pape François semble s'être fait une spécialité médiatique ? Mais si ce livre frappe fort, il n'a rien d'un brûlot. On n'y trouve aucune facilité polémique, aucune formule gratuite lancée pour le simple plaisir de choquer. Il est non seulement bien mené, mais remarquablement documenté et c'est une pensée forte et articulée qui s'y exprime. On sent que l'auteur méditait son ouvrage depuis très longtemps, comme il le dit clairement dès ses premières pages. Ce livre, à sa manière, est une méditation subtile et éclairante sur le destin de notre civilisation.

    Le problème de base peut être aisément posé : il existe une telle chose qu'un devoir d'hospitalité et d'aide aux personnes en détresse. L'Église le pense à travers la parabole du Bon Samaritain. Mais c'est une chose d'accueillir une personne, c'en est une autre d'en accueillir des millions, comme c'est le cas, aujourd'hui, avec l'immigration massive qui se jette en nombreuses vagues sur le continent européen, au point que certains parlent même d'une immigration de peuplement. D'autant qu'on ne saurait assimiler systématiquement la figure de l'immigré à celle du réfugié en détresse, fuyant la guerre et la faim. Est-ce qu'une nation est en droit de défendre ses frontières ? Depuis un bon moment déjà, l'Église semble penser que non. Mais Laurent Dandrieu lui rappelle qu'elle a déjà pensé le contraire et qu'elle a déjà reconnu le droit des nations : la transformation du catholicisme en utopie multiculturaliste n'était pas inscrite dans son ADN. L'histoire des idées, quand on la maîtrise, éclaire la vie de la cité. D'ailleurs, certains papes récents comme Jean-Paul II et Benoit XVI conjuguaient paradoxalement une défense résolue du droit des peuples à leur personnalité collective et un immigrationnisme sans nuances, comme s'ils ne voyaient pas la contradiction entre les deux.

    Il y a dans la religion chrétienne un souffle messianique. En lisant Dandrieu, on comprend que l'Église catholique, et plus encore le pape François, voient dans les grandes migrations un puissant élan qui brasse les peuples et pourrait les pousser à former une humanité nouvelle, enfin unifiée, comme si la division du monde en peuples et en civilisations était une fracture historique qu'il était enfin possible de réparer. L'humanité pourrait de nouveau faire l'expérience de son unité : la cité cosmopolitique serait une rédemption. Naturellement, ceux qui ne s'enthousiasment pas pour cette dissolution programmée des nations ont le mauvais rôle : on les accuse, selon la formule rituelle, de repli identitaire. Ils ne sauraient pas célébrer le métissage mondial. Comme le note Dandrieu, l'Église est assez étrangère à la question des « grands équilibres » culturels des pays occidentaux, même si elle peut se montrer très zélée lorsque vient le temps de défendre l'identité culturelle de ceux qu'on appelle peuples premiers. Un peuple n'est pas qu'une construction juridique : c'est aussi une réalité historique et culturelle, avec une personnalité propre. Mais le patriotisme devient vite un péché lorsqu'il est revendiqué par les Européens. Ils auraient fait tant de mal dans l'histoire qu'ils devraient faire pénitence en s'effaçant des siècles à venir. Mais l'Église n'est pas seule coupable : c'est la pente naturelle de la modernité de se condamner à ne pas comprendre les particularismes historiques, dans lesquels elle ne voit que des résidus folkloriques empêchant l'unification de l'humanité..

    Dandrieu explore les rapports entre le catholicisme et l'islam. Cela va de soi, pourrait-on dire, dans la mesure où l'immigration massive correspond à l'implantation de populations musulmanes en Europe, qui généralement, ne s'y intègrent, parce qu'elles n'y parviennent pas, peut-être, parce qu'elles ne le désirent pas, peut-être aussi. Dandrieu amène toutefois la discussion sur le plan théologique, loin des poncifs répétés par des chroniqueurs incultes qui parlent souvent de religion en faisant la promotion d'un exaspérant irénisme diversitaire. Les deux religions n'en font elles presque une seule, comme semblent le suggérer aujourd'hui de nombreuses autorités catholiques ? Ces dernières ne poussent-elles pas le dialogue inter-religieux jusqu'à perdre de vue la singularité de leur propre religion ? L'étrange discours sur les religions qui domine l'esprit public nous pousserait à croire qu'elles sont toutes interchangeables, ce que Dandrieu ne croit pas, en donnant l'exemple du rapport à la violence. Le terrorisme d'aujourd'hui n'est pas sans étendard. Dandrieu, ici, écrit à la manière d'un catholique dubitatif qui se sent abandonné par les autorités de son Église, comme si ces dernières ne savaient plus quoi faire de la religion dont ils ont la responsabilité. Il faut dire qu'ils sont nombreux, depuis quelques décennies, à entretenir un tel rapport avec Rome. La crise de conscience de la civilisation occidentale a aussi frappé son cœur spirituel qui semble s'être fissuré.

    Dandrieu se demande aussi ce que gagne l'Église à dédaigner les peuples qui historiquement, se sont confiés à elle. À se vouloir absolument universel, le catholicisme aurait-il oublié le lien intime et même irremplaçable qu'il a noué avec la civilisation européenne ? On est en droit de redouter la déchristianisation de l'Europe. Mais on peut aussi redouter la déseuropéanisation du christianisme. Comme le note Dandrieu, le pape François, qui a décidé que l'avenir du catholicisme se trouvait dans les marges, ne semble pas trop s'intéresser aux marges de la civilisation européenne, soit ces millions de Français déchristianisés, qui portent pourtant encore en eux non pas la nostalgie d'un monde chrétien, mais celle d'un monde où la croix voulait encore dire quelque chose. Les seules périphéries qui vaillent sont-elles exotiques ? Une civilisation ne peut pas boucher son accès à la transcendance sans s'assécher. D'ailleurs, les spiritualités compensatoires associées au New-Age fleurissent sur la décomposition du catholicisme. Il n'est pas certain, toutefois, qu'en passant du Christ aux cristaux, il n'y ait pas une perte terrible de substance. L'islam peut alors croître sur ces ruines et convertir des âmes errantes à la recherche d'une religion moins flageolante : d'une certaine manière, c'était, il y a deux ans, le thème de Soumission, de Houellebecq.

    L'attachement du commun des mortels à une forme de catholicisme culturel suscite souvent le mépris de bien des chrétiens, qui n'y voient une religion souillée par de basses passions. Le procès du catholicisme « identitaire » a aussi marqué le début de l'année 2017. Ils n'y voient qu'un catholicisme instrumentalisé au service d'une conception de la nation qui serait étrangère, finalement, à l'universalisme chrétien. C'est ici que Dandrieu pousse la réflexion le plus loin, et de la meilleure manière. L'homme porte en lui une aspiration à l'universel, naturellement, que le catholicisme cultive, heureusement, mais il n'est pas immédiatement universel. Autrement dit, il participe au monde à travers la médiation d'une langue, d'une culture, d'une histoire, de mœurs, de traditions : ces réalités ne sont pas secondaires ou méprisables. Faut-il comprendre, à la manière de ceux qui fustigent le mot identitaire, que l'attachement à sa patrie n'a pas vraiment d'importance ou alors, qu'on devrait la relativiser pour être bon chrétien ? N'est-il pas légitime, dès lors, de défendre les intérêts et l'identité de son pays, sans avoir l'impression de nier la dignité du genre humain ? Un peuple est en droit de ne pas se soumettre à la logique de l'immigration massive. Absolutiser l'autre jusqu'à s'oublier soi-même n'est pas un signe de grandeur morale mais de bêtise politique.

    Allons plus loin, toujours en suivant Dandrieu. Et si certains individus retrouvent le chemin de la foi chrétienne en suivant la piste de l'identité nationale, est-ce un drame ? Est-ce un crime ? N'y a-t-il, du point de vue des chrétiens officiels, qu'une seule manière de renouer avec la foi ou se partir à sa recherche ? Ceux qui, en fouillant au fond de leur culture, retrouvent ses racines chrétiennes oubliées et les embrassent, méritent-ils le dédain de certains croyants qui auraient finalement une foi sans impureté, une foi nettoyée, leur donnant le droit de surplomber le commun des mortels au nom de leur spiritualité souveraine ? Sur le sujet, Dandrieu signe en conclusion des pages lumineuses : « Plutôt que de spéculer sur la plus ou moins grande pureté des intentions de ceux qui montrent leur attachement à ce signe, l'Église serait mieux inspirée de voir que cet attachement constitue un appel, et aussi signe d'un autre ordre, plein d'espérance - le signe très encourageant que l'âme chrétienne ne se résout pas tout à fait à mourir au sein des populations les plus déchristianisées ». En d'autres mots, ceux qui voudraient évangéliser à nouveau l'Europe devraient voir dans le catholicisme patrimonial des uns et des autres un point de départ inspirant, et non pas une marque honteuse.

    Quoi qu'il en soit, Laurent Dandrieu signe ici un livre essentiel, qui dépasse largement, les seules querelles internes à cette grande famille désassemblée que semblent être les catholiques français. Il nous invite réfléchir à la nature de la communauté politique, à celle de la civilisation où elle s'inscrit, et aux rapports complexes entre l'aspiration à l'universel et la nécessaire inscription de la personne dans un monde de sens particulier, sans lequel elle serait condamnée à se déshumaniser. En d'autres mots, Dandrieu ajoute une contribution remarquable dans la grande entreprise de reconstruction d'une philosophie de l'enracinement, sans laquelle la démocratie elle-même s'asséchera, car elle n'est pas appelée à durer si on la condamne à la lévitation. Il vient d'ajouter sa voix au renouveau intellectuel du conservatisme français, qui redonne une immense vigueur à une société trop longtemps soumise au politiquement correct, et espoir à ceux qui souhaitent rebâtir leur pays. 

    « Et si certains individus retrouvent le chemin de la foi chrétienne en suivant la piste de l'identité nationale, est-ce un drame ? Est-ce un crime ? »  

    Église et immigration : le grand malaise 

    Mathieu Bock-Côté 

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf. 

     

    A lire - et regarder - dans Lafautearousseau [Vidéo] ...

    Les religions en royauté

  • La charge d'Alain Finkielkraut contre « les fossoyeurs du grand héritage français »

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  • Identité socialiste

     

    par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgL’affrontement qui oppose Manuel Valls et Benoît Hamon est sans aucun doute décisif pour déterminer ce qu’est ou ce que sera l’identité de la gauche. Cette question de l’identité n’a pas été dénouée. Le Parti socialiste n’a pas eu son Bad Godesberg. Faut-il rappeler que le Parti social démocrate allemand décida, lors de son congrès de Bad Godesberg en 1959, l’abandon de ses références au marxisme et l’adoption de l’économie de marché. Jamais, le Parti socialiste français ne s’est livré à pareil aggiornamento en dépit du tournant qu’a constitué en 1983 le changement radical de politique économique du président Mitterrand, à l’instigation de Jacques Delors. François Mitterrand n’était nullement disposé à reconnaître la mutation idéologique pourtant évidente qui s’était produite, avec l’abandon de l’orientation étatiste de son projet présidentiel.

    Il est vrai qu’il y a dans le patrimoine du socialisme français une désinence possibiliste. Sans renier les objectifs ultimes de transformation sociale, il s’agit de consentir à un certain pragmatisme, sans lequel l’exercice des responsabilités réelles n’est pas possible. Mais avec le tournant de 1983, on est très au-delà du possibilisme. On se lie complètement aux règles du libre-marché, sur lesquelles d’ailleurs l’autorité de Bruxelles exerce une vigilance sans faille. Il y a des socialistes qui n’ont jamais admis ce tournant. Jean-Luc Mélenchon en est le prototype. Ceux qu’on a appelés les frondeurs participaient aussi, à leur manière, de cette fidélité à l’ADN du socialisme, en se dressant contre toutes les décisions du quinquennat de Hollande qui renforçaient l’alignement du pouvoir sur le libéralisme économique.

    Benoît Hamon est-il l’homme qui ramènera le Parti socialiste à ses purs idéaux ? Incontestablement le désaccord avec la ligne de Manuel Valls est profond. Y aura-t-il pour autant désaveu du tournant de 1983, avec toutes ses conséquences ? Ce n’est nullement évident, comme il n’est nullement évident que soit renoués les liens avec la tradition syndicaliste et ouvrière des origines. Un Jean-Claude Michéa rappelle obstinément qu’il y incompatibilité entre cette tradition et l’évolution libertaire des frondeurs qui restent complices d’une culture largement commune avec les libéraux-libertaires.

    Gérard Leclerc - France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 janvier 2017.

  • A prendre avec le sourire : les deux contradictions de Renaudo...

    L'horrible tête de veau du 21 janvier, une tradition républicaine, toujours en vigueur ...

     

    Mur-bleu gds.jpgRégulièrement, spécialement à chaque 21 janvier, un certain Renaudo surgit et ressurgit. Dans le langage ordurier qui est le sien, il accable Louis XVI d'insultes qui ne salissent et ne rabaissent que lui, Renaudo, avant de retomber dans une profonde absence, un profond silence, l'une et l'autre bienvenus, qu'il ne rompra que le 21 janvier suivant : nihil novi sub sole...

    L'affaire est attristante, pour lui surtout, mais nos commentaires, libres, lui seront dorénavant fermés. Une dernière évocation, donc, de ce triste sire, avant que de le laisser à ses élucubrations, et, pour ce faire, adoptons le meilleur parti : celui d'en rire !...

    Risible, en effet, et doublement, est l'argumentation (?) du citoyen Renaudo :

    1. Il dit se réjouir de la mort du Roi, mais il est, évidemment, contre la peine de mort ! Logique, cohérence, quand tu nous tiens !...

    2. Il déclare fonder son hostilité à la royauté - et donc son républicanisme - sur le refus de l'hérédité, de l'héritage, de tout ce qui est « reçu ». Fort bien. Mais, alors, qu'il mette ses actes en accord avec ses paroles, au lieu de, chaque année, venir nous casser les oreilles avec les mêmes propos orduriers : il refuse l'hérédité ? Mais, ses parents lui ont-ils demandé son avis avant de le mettre au monde ? Qu'il renonce donc à tout ce qu'il a reçu de ses parents, en commençant par les biens matériels, et, surtout, surtout, en finissant par renoncer à.… la vie !

    Certes, cela s'appelle se suicider, et c'est interdit par l'Eglise, mais, l'Eglise, Renaudo n'en à que faire, il a sa Nouvelle Religion Républicaine ! Alors, chiche, en plein accord avec ses principes, au nom du refus de l'hérédité, que Renaudo refuse sa vie, horriblement héritée de ses parents, une bonne fois pour toutes, et qu'il y mette fin ! Cela nous fera des vacances, et puis, surtout, n'oublions pas que, comme on dit dans le jargon, ce sera un suicide, certes, mais un suicide « citoyen », un suicide... « républicain » !

    Mais, comment saluer cet acte citoyen et républicain ? On ne pourra évidemment pas lui dire : « A Dieu Renaudo » (Dieu, quelle horreur !). Alors, « A l'Être suprême » ? Ou bien « A la Déesse Raison » ? Toute suggestion est la bienvenue.

    En tout cas, dorénavant, pour cet énergumène, ce sera « porte close » ...

  • PS, date de péremption dépassée

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgLa primaire du PS pourrait constituer l’annonce de la fin du parti socialiste, si ce n’est du socialisme. Ne nous réjouissons pas prématurément ; en 1993 il fut balayé à l’assemblée nationale, en 2002, absent au second tour des présidentielles. Il a su se redresser depuis, en partie sous la houlette de son secrétaire général, un certain François Hollande. Aujourd’hui le cadavre bouge encore, mais son fossoyeur pourrait bien en être Benoît Hamon, électoralement parlant du moins. Il en a d’ailleurs la tête…

    Valls et Hollande sanctionnés, la paresse plébiscitée

    Sans préjuger des résultats du second tour et a fortiori de la présidentielle, les militants (peu nombreux) ont voté non pour un présidentiable mais pour un candidat qui conserverait les valeurs du socialisme. Examinons de près ces valeurs en question. Parmi celles-ci, les tendeurs de sébile ont voté massivement pour le revenu universel de Benoît Hamon. Ils attendent encore de l’Etat qu’il distribue, sans comprendre que ce sera un grain de mil dans la bouche d’un âne et qu’il y a belle lurette que l’on distribue en creusant la dette, sur le dos des générations à venir. Un vote égoïste, ignorant et archaïque.

    Il y a « 11 millions de pauvres » en France, nous apprend la presse, chiffre en augmentation, et l’on continue à redistribuer ! En bonne logique, ce chiffre devrait baisser. Hamon a-t-il pensé avec son revenu universel, au gendre de Marx (l’époux de Laura, Paul Lafargue, qui était mal vu par son Beau-père), qui fit l’éloge de la l’inactivité dans un livre : « Le droit à la paresse » 1883 (l’année de la mort de Marx). Il défendait l’idée que les ouvriers ne devaient pas réclamer le droit au travail – c’est une erreur masochiste selon Paul Lafargue.
    La sécurité sociale contre la sécurité nationale.

    Plus de 750 milliards d’euros, c’est le budget social de la France. Contre 35 milliards pour le budget militaire ! En cette période troublée voilà qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais Benoît Hamon ne nous a guère parlé de souveraineté et d’indépendance nationale, voire de sécurité publique. Il a reçu le soutien de Martine Aubry et d’une vingtaine de dinosaures échappés de Jurassic Park.

    Dans ces conditions on serait tenté presque de défendre Valls qui a quelques lumières sur le fait que le socialisme remonte à deux siècles et qu’il est une vieille lune promise à l’oubli de l’histoire. Il semble entrevoir qu’à côté de l’Etat providence, il existe un Etat régalien étouffé par le premier. La réduction du temps de travail et les loisirs, voire l’oisiveté rentière sont beaucoup plus le résultat de la productivité, de l’investissement, du marché et du capital que de la loi.

    Mais où est donc Macron ?

    Nous avons donc en matière d’offre politique les socialistes sans le socialisme, Valls par exemple, les socialistes « socialistes » avec Mélenchon, Hamon, Montebourg, les socialistes sans le dire avec Philippot mais le cas le plus complexe est incontestablement Macron. Il est de gauche mais pas socialiste. Pour simplifier, il est sur la ligne Valls mais en plus charmeur, et en amputant son discours de la souveraineté, de l’identité et de l’autorité, sur lequel Valls a eu la témérité d’aller – ce qu’il vient de payer cher.

    Macron sera donc de gauche sans le socialisme ou de gauche avec le sociétal. Mais ses positions sur la sécurité sociale, sur le temps de travail, sont des positions partagées à gauche, surtout n’y rien changer ! Là où il fait preuve d’un peu plus de hardiesse, c’est sur l’apprentissage et le statut des autoentrepreneurs. Il veut être le candidat du travail, (pas d’accord avec Paul Lafargue!) : baisse des charges, maintien du CICE. Simplifier le code du travail ? Du bon sens tout simplement.

    Tout cela ne justifie pas enthousiasmes et ralliements, il demeure assez largement étatiste lorsqu’il transfère les cotisations salariales sur la CSG et augmente la taxation du capital, alors même que celui-ci est déjà fortement taxé et constitue la première cause du refus de prise de risque, qu’il préconise par ailleurs. Quant aux retraités, s’il s’en trouve qui votent Macron… c’est par ignorance ou masochisme. Ils sont dans le collimateur du gentil gendre idéal. Des mots que tout cela, beaucoup de flou et de contradictions. Macron, pour capter les centristes, affirme aimer l’Europe. Mais de quelle Europe s’agit-il, celle de Jean-Claude Junker ou celle des patries ?

    Sur le plan électoral, si Hamon l’emporte au second tour, il peut tailler des croupières à Mélenchon. Mais pour Macron, décidément favorisé par le sort, Hamon peut jouer le rôle de repoussoir et lui permettre d’engranger les voix qui se seraient portées sur Valls. L’heure de vérité devrait sonner pour l’enfant chéri des dieux de la gauche et du système. Sa présence au second tour n’est pas improbable, de même que son élection à la présidence, tout dépendra de l’adversaire qu’il aura face à lui. On peut deviner déjà celui ou celle qui le ferait élire. La France aura alors un président socialiste et tout rentrera dans l’ordre !   

    Politique magazine - 01.2017
  • Gustave Thibon, la fidélité à Maurras, et nous...

    Gustave Thibon au Rassemblement Royaliste de Montmajour [1971]

     

    Mur-bleu gds.jpgA part dans notre éphéméride du jour, la surabondance de l'actualité ne nous a pas permis, jeudi dernier, 19 janvier (jour de sa mort), de saluer comme il convenait la mémoire du grand Gustave Thibon, que ceux qui ont eu la chance d'assister aux Rassemblements royalistes des Baux ont pu écouter si souvent, se laissant former, et transformer, par lui...

    A nous tous, qui sommes et voulons demeurer les héritiers et les continuateurs fidèles de Charles Maurras - jusqu'à la victoire ! - il donna ce précieux conseil, cette ligne de conduite à suivre toujours, et dont il ne faut dévier jamais :

    3284766091.jpg« Vous êtes, vous et vos amis, les héritiers spirituels de Charles Maurras.

    Mais vous savez bien qu'un héritage n'est pas un talisman ni une baguette magique : c'est un outil. Et un outil qu'il faut savoir manier et adapter en fonction du mouvement de la vie qui ramène toujours le semblable, jamais l'identique.

    Épouser la pensée d'un maître, cela veut dire s'unir à elle pour lui faire des enfants et non pas la stériliser sous prétexte de lui conserver je ne sais quelle intégrité virginale.

    Il n'y a pire trahison qu'une certaine fidélité matérielle et littérale qui, en durcissant les principes en système, n'aboutit qu'à congeler ce qui était le jaillissement d'une source vive. Les exercices de patinage qu'on peut faire sur cette glace ne m'intéressent pas. La vraie fidélité est celle qui prolonge, qui corrige et qui dépasse. Et le meilleur héritier n'est pas celui qui fait de son héritage un musée ou une exposition rétrospective.

    ‘’Le bien gagné reste à défendre’’ : le capital de la sagesse que Maurras vous a légué, vous ne le conserverez qu'en le fécondant, en le récréant sans cesse ».

    Thibon aimait aussi à répéter : « Les arbres qui montent le plus haut vers le ciel sont ceux qui poussent leurs racines le plus profondément dans la terre » reprenant et « traduisant » à sa façon le vers célèbre de Mistral (dans ses « Isclo d'Or ») : « Lis aubre que van founs soun li qui mounton aut ! ». Nous avions donné cette référence provençale, il y peu, aux jeunes militants royalistes de l'AF Provence, qui avaient évoqué le besoin d'enracinement, citant Mistral : quoi de plus important, en effet, que d'être fidèle à l'héritage reçu, et de s'enraciner toujours plus en lui, loin de toute fantaisie doctrinale ou de picorage à l'extérieur de ce qui forme le fondement sûr, stable, solide de nos idées et - mieux encore que des idées, comme le disait Bainville - de notre doctrine. 

  • En cingleries aussi, jamais deux sans trois : après l'ISF et les 35 heures, le Revenu universel !

    « Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate » 

     

    Mur-bleu gds.jpgIl était une fois...

    Il était une fois un petit élu de parti, qui avait un gros problème : comment acquérir de la notoriété, comment devenir connu, à défaut d'être célèbre, se demandait-il ? Et cela, parce qu'il voulait absolument gagner une élection. Oh, pas grand-chose, pas une grande élection, non ; vraiment, même, très peu de chose : la primaire du Parti socialiste.

    Que faire, que dire, qu'inventer ? se lamentait-il. La folie des 35 heures ? Martine me l'a déjà piquée ; l'autre folie de l'ISF, piquée aussi, par François (pas Hollande, non, Mitterrand) !

    Alors, Benoît a fait comme Erostrate : vous savez, ce grec inconnu qui, désirant à tout prix sortir de l'anonymat, incendia cette merveille du monde qu'était le temple d'Artémis, à Ephèse. Succès complet de l'opération : vingt-quatre siècles après, si le monde a perdu l'une de ses merveilles, Erostrate, lui, est passé à la postérité, et pour toujours.

    Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate a trouvé lui aussi, enfin, son idée géniale. Il n'y a plus de temple à brûler, alors il a pensé à un truc sensationnel : je vais, se dit-il, donner 700 euros par mois à tout le monde ! Et j'appellerai cela le Revenu universel ! En voilà une idée qu'elle est bonne, se dit-il, tout content de lui, et, ni une ni deux, il se mit à proposer son thème de campagne. « Car il faut faire rêver », répondit-il à ceux qui le regardaient, mi effarés, mi consternés. Et il ne s'abaissa pas à expliquer comment il trouverait les 3 à 400 milliards que coûterait sa génialissime invention : cela aurait été d'un vulgaire ! Rêvons, vous dis-je... Et puis, il était tellement content de se démarquer ainsi de Hollande : lui avait dit « je ferai payer les riches », Hamon rétorque, superbe « je ferai toucher les riches » et Liliane Bettencourt recevra ses 700 euros par mois, comme tout le monde !... 

    Dans sa chronique du Figaro magazine, Zemmour, avec raison, tourna la chose en dérision ; et il nota : Hamon cartonne à Alger et Bamako, il fait un tabac, là-bas. Parce que, « le tam-tam de Jonathan », pour reprendre le titre d'un ouvrage du grand visionnaire Jean Raspail, cela fonctionne très bien : « Y’a bon la France ! » voilà ce qui se transmet, plus vite que la vitesse de la lumière ou du son, dans toute l'Afrique, de celle du Nord à la sub-saharienne. Oui, l'intéressé n'en a peut-être pas conscience, ou il n'en a cure, mais le résultat de sa démagogie délirante c'est ce cri qui court partout, dès maintenant : « Y’a bon, Hamon, y'a bon la France... ».

    Oui, mais, pour nous, la France et les Français, Hamon et ses folies, « y’a pas bon », mais pas bon du tout...

    Car, pour parler clair, outre le formidable appel d'air supplémentaire que cette folie furieuse créerait en matière d'immigration, Benoît Erostrate, pardon, Benoît Hamon n'a pas l'air de se rendre compte que son idée géniale, suréminente, sublimissime, ce serait tout simplement un GBSA, un grand bond social en arrière : un saut dans le temps passé de 2.000 ans, qui nous ferait revenir à cette époque où le peuple de la ville de Rome s'accommodait fort bien de ne pas travailler, pourvu qu'il ait de quoi manger et de quoi se distraire; et ce serait le retour de la mentalité décadente du « panem et circenses », que dénonçait Juvenal : le beau « progressisme » que voilà ! Qu'il est « novateur », ce programme qui ramène 2.000 ans en arrière !... 

    Illustration : Erostrate de Fernando Pessoa - La Différence.

  • L'analyse de Zemmour : « Benoît Hamon, le socialiste qui monte parce qu'il promet tout »

     

    CHRONIQUE - Éric Zemmour voit en Benoît Hamon l'idole montante des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. [Figarovox - 20.01]. Comme toujours ou presque sa critique touche les points sensibles et dégage l'essentiel.  LFAR

     

    522209694.4.jpgIl est l'homme qui monte. Celui qui remplit les salles. Suscite l'enthousiasme sur les réseaux sociaux. Le Fillon de la primaire socialiste, se réjouit-on déjà dans son entourage.

    Benoît Hamon a tout compris. Celui que Martine Aubry appelait « petit Ben » avec affection a bien grandi. Il a retenu les leçons de ses glorieux aînés. Il a fendu l'armure, comme avait dit Jospin. Et il nous étonne par sa démagogie, comme avait dit Chirac. Rien ne l'arrête ni ne le retient. Son « revenu universel » jongle avec les centaines de milliards d'euros, mais lui ne cille pas d'effroi. On se demande parfois s'il n'est pas comme nos grands-parents qui mélangeaient les anciens francs et les nouveaux !

    Mais Hamon n'en démord pas. Le travail est mort, les robots vont tout prendre ; il faut donc payer les gens à ne rien faire. Avec quel argent ? On trouvera. Les riches sont là pour ça. Et si cela ne suffit pas, la Banque centrale fabriquera les billets nécessaires.

    Petit Ben a réponse à tout. A côté de lui, Arnaud Montebourg passe pour un père Fouettard lorsqu'il défend le travail et l'industrie comme socle de la richesse nationale. Evidemment, c'est moins « fun » que la multiplication magique des billets !

    Hamon ne s'arrête pas en si bon chemin. Il condamne toute fermeture des frontières aux migrants. L'honneur de la France, les valeurs, l'accueil, la tradition d'asile, la République… etc. On connaît la chanson. Il tance, tel un prêtre du nouvel ordre moral, Manuel Valls qui a osé dire à Angela Merkel qu'elle avait eu tort d'ouvrir en grand ses bras aux migrants. Hamon ne met à son revenu universel aucune limite ni d'âge ni de nationalité. Et ne supprime par ailleurs aucune allocation déjà existante. C'est open bar !

    Il va faire un tabac à Alger ou à Bamako. Il est déjà devenu l'idole des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. Il a fait les gestes et dit les mots qu'il faut. Il a condamné Israël et exalté la « juste lutte » des Palestiniens. Il a dénoncé le Syrien Assad qui combat Daech. Lorsque les caméras de France 2 ont découvert dans des cafés de banlieue que les femmes y étaient persona non grata, il a aussitôt répliqué que le sexe féminin était de même interdit des bars ouvriers au XIXe siècle. Peu importe que ce soit un odieux mensonge, et que les ouvrières se rendaient dans les bars à l'époque de Maupassant ou de Zola, Hamon n'a cure de la vérité historique ; seule la vérité électorale l'intéresse.

    Hamon n'aime pas les ouvriers mais les chômeurs ; il est féministe lorsqu'il s'agit de défendre le mariage gay dans les bars du Marais ; il l'est beaucoup moins dans les bars de Sevran, où les jeunes hommes lui expliquent « qu'on est ici comme au bled ». Jusqu'où ne montera-t-il pas ? 

    Eric Zemmour           

  • La circonscription de François Fillon offerte à NKM : une lâche soumission…

     

    Par Robert Ménard

    Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ? C'est ce qui est exposé ici à fort juste titre. [Boulevard Voltaire 23.01]. D'accord avec Ménard !  LFAR 

    3557448962.jpgFrançois Fillon a donc offert sa circonscription, sa propre circonscription, à Nathalie Kosciusko-Morizet. Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ?

    Celle-là même qui incarne l’exact opposé des convictions affichées par l’ancien Premier ministre — en matière de mœurs, de religion, d’immigration, de famille, d’éducation… — hérite donc, grâce à lui et avec sa bénédiction, d’un fief acquis de tout temps à la droite, d’une véritable rente de situation.

    J’avoue n’avoir jamais imaginé que François Fillon donnerait si vite et si clairement la preuve — oui, la preuve — qu’il était prêt à abandonner, et avant même le début de la campagne, cette rectitude qu’il présentait pourtant comme sa marque de fabrique.

    Il a beau réaffirmer que, malgré les pressions, il ne changera rien à son programme – devrait-il en être perçu comme un « extrémiste » -, le champion des Républicains nous prépare, avec cette place — et quelle place ! — offerte à la pire ennemie de ceux qui l’ont élu, à bien d’autres capitulations, à bien d’autres reniements.

    On a beau se souvenir que Rachida Dati ne fut pas un grand garde des Sceaux — c’est le moins que l’on puisse dire —, on la prend presque en sympathie quand on la compare à une NKM, toute en arrogance, en suffisance, véritable égérie de cette droite honteuse d’elle-même, de ces élites qui choisissent leur camp au doigt mouillé, seulement obsédées de leur carrière, de leur réussite, convaincues de leur supériorité d’appartenir à une caste à qui le pouvoir, ses attributs et ses avantages seraient réservés. 

    On répondra, du côté des supporters de François Fillon, que c’est le prix à payer pour avoir la paix dans ses propres rangs, qu’il vaut mieux une NKM redevable qu’une NKM en liberté, que son pouvoir de nuisance est tel… bref, on nous répondra que la politique, c’est la politique et que, pour gagner une élection…

    Une petite musique que les soutiens de l’ex-Premier ministre juraient pourtant de ne pas reprendre à leur compte. On ne mangeait pas de ce pain-là, nous promettaient-ils.  

    Gagnant de la primaire de la droite contre toute attente, François Fillon n’allait pas finir de nous surprendre… Il nous aura donc surpris, en effet. Mais par la rapidité de l’abandon de ces « valeurs » dont il se parait… 

    J’ai une pensée pour mes amis de Sens commun à qui je n’ai jamais fait, comme certains, de procès en haute trahison. Mais comment, aujourd’hui, avaler cette couleuvre supplémentaire ? Difficile, d’un même mouvement, de saluer le succès de la Marche pour la vie et d’aller voter pour une NKM qui déclarait encore au magazine Têtu, en novembre dernier : « Dans le fond, j’aurais pu voter le mariage pour tous… »

    NKM promue, protégée, sanctuarisée, c’est l’alignement sur ce qu’il y a de pire dans la politique. Ce contre quoi la génération Manif pour tous s’est élevée. Pire qu’un renoncement. Une lâche soumission. 

    Robert Ménard

    Maire de Béziers

    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

  • L'amitié franco-allemande

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    L’amitié franco-allemande est un bienfait, et elle ne doit pas être un carcan si elle veut demeurer et prospérer.

     

    4184008190.jpgForcée ou déséquilibrée, elle serait source de ressentiment et l’on sait combien ce dernier peut porter les nuées terribles du dissentiment et, parfois, de la guerre (1), comme celles des deux derniers siècles entre la vieille France et la nouvelle Allemagne née de notre défaite de 1870. Accuser la germanophobie française d’être responsable des trois derniers conflits directs entre les deux pays, comme l’a fait récemment le candidat importun et désavoué Vincent Peillon, est ridicule et peu conforme à la réalité, tout comme serait inopportun une germanophilie qui se parerait de l’idée « d’Europe » pour renoncer à toute indépendance française, pourtant première condition d’une franche amitié entre deux puissances qui, effectivement, ont longtemps eu des intérêts conflictuels en Europe, mais peuvent toujours gagner à les dépasser, sinon à les oublier… 

    Le jour du premier tour des primaires de la Belle Alliance Populaire était aussi l’anniversaire de ce fameux traité de l’Elysée, signé par de Gaulle et Adenauer, le 22 janvier 1963, traité trop souvent oublié et, il faut le dire, tout aussi incompris par ceux qui le commémorent sans le connaître. Et pourtant ! Ce traité mériterait une lecture attentive et, pourquoi pas, d’être revalorisé par les deux Etats, dans son esprit original : car, nos européistes ne s’en vantent pas, c’est bien Jean Monnet, le « père fondateur de l’Europe », qui a fait échouer ce traité car il ne rentrait pas dans le cadre de ses idées atlantistes… C’est ce qu’explique Michel Clapié dans son manuel universitaire « Institutions européennes » (publié en 2003) : « le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 (…) devait ouvrir l’ère nouvelle d’une entente franco-allemande privilégiée destinée à prendre le pas sur la relation transatlantique jusque-là défendue par Bonn. (…) Le traité de Paris fut aussitôt dénaturé par le Bundestag qui n’en autorisa la ratification qu’en l’assortissant d’un préambule directement inspiré par Jean Monnet, qui réaffirmait le lien privilégié de l’Allemagne avec les Etats-Unis d’Amérique, (…) un préambule dans lequel il était dit que ce traité ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l’OTAN, ni aux relations étroites entre l’Amérique et l’Europe. (2)» Ainsi, c’est bien Jean Monnet qui a été le fossoyeur de l’indépendance européenne et, d’une certaine manière, de la construction européenne souhaitable… (3) 

    Aujourd’hui, l’Allemagne s’est émancipée de la France et de son lien particulier avec celle-ci, et plus encore depuis Mme Merkel qui reprend la politique bismarckienne de M. Kohl, mais en y ajoutant une volonté de domination (sans la puissance ?) de son pays sur l’Union européenne toute entière : la tragédie grecque dont M. Hollande fut le témoin impuissant (certains diraient le complice passif…) a renforcé la position allemande dans le monde économique et politique, et lorsque le monde extérieur pense « Europe », il téléphone à Berlin, non à Bruxelles ou à Paris, à rebours de 2003 où c’était la France de MM. Chirac et Villepin qui incarnait et entraînait l’Europe (en coordination étroite avec l’Allemagne et la Russie), du moins celle qui se voulait libre de toute dépendance impériale atlantique… 

    MM. Macron et Fillon veulent renouer des liens forts avec l’Allemagne, et ils ont raison. Mais les liens en question ne doivent pas être ceux qui emprisonnent mais ceux qui, au contraire, servent la liberté de chacun et l’intérêt de tous. Et il faudra, avant que de resserrer ces liens entre les deux Etats que la France, elle, retrouve sa « force d’être » et que son Etat soit digne de son nom et de ce qu’il impose, au regard de l’histoire et du monde qui, comme le clame, au-delà des temps, Georges Bernanos, « a besoin de la France ». Retrouver la liberté de parole que deux quinquennats de suivisme atlantiste ont fortement dégradée… La République en est-elle capable ? Si elle renoue avec la pratique capétienne qui, parfois, fut la sienne depuis de Gaulle, l’espoir est permis ! Mais il y manquera, tant que nous serons en République, la continuité qu’offre, sans mot dire, la présence d’une dynastie à la tête de l’Etat…   

    1. Guerre aujourd’hui impossible entre nos deux pays, la France ayant « l’assurance-vie atomique » contrairement à sa voisine ; 

    2. Extraits de Michel Clapié, « Institutions européennes », Champs Université, Flammarion, 2003, pages 132-133, 376 ;

    3. Cette construction européenne souhaitable n’est sûrement pas le fédéralisme européen selon le rêve de MM. Schuman et Monnet, mais bien plutôt une union confédérale souple des Etats européens… Souple, ce qui ne signifie pas faible, bien sûr !

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Tristes nouvelles d'Algérie

    Alger: une armée au pouvoir depuis 1965. 

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Marseille, où vient de passer notre confrère, est une véritable caisse de résonance de ce qui se passe Outre-Méditerranée, et on chercherait en vain une bonne nouvelle parmi celles que répandent sur leur pays, les Algériens du grand port provençal…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgQue n’entend-on pas dans les « cafés maures » (ou pas maures) de Marseille, entre le cours Belsunce et le boulevard d’Athènes ! Bourgs du bled en état de dissidence ; soldats ou gendarmes déserteurs ; résidences balnéaires ou climatiques de notables, cambriolées jusqu’à l’os ; concussion et trafics à grande échelle, etc. etc. Certains vont même jusqu’à rappeler que le « président-momie »,  dit « Boutef », n’aurait jamais été mis au pouvoir, en 1999, par les hauts gradés de l’armée, si la justice avait pu connaître une affaire de détournement de fonds publics, dénoncée au début de la décennie 1980 et par le président Chadli Bendjedid et par le parti unique et par la Cour des Comptes… L’intéressé préféra aller commercer dans le Golfe arabo-persique ou bien y donner des consultations diplomatiques payantes jusqu’en 1987… 

    Propos de « café du commerce » ? 

    Mais, m’objecterez-vous, tous les exilés exagèrent, voient tout en noir, l’Algérie n’est pas le paradis mais elle n’est pas non plus l’enfer, n’écoutons plus ce qu’on appelle en France des « propos de café du commerce ». Soit ! Tendons alors l’oreille vers un expert très pointu en affaires algériennes, notre confrère Frédéric Pons qui n’est pas que journaliste mais aussi colonel des troupes de marine, ancien Casque bleu de l’ONU et professeur à l’Ecole militaire française de Saint-Cyr. En 2013, Pons a publié Algérie : le vrai état des lieux (Calmann-Lévy), qui passa pour « indulgent » mais n’en était pas moins démoralisant pour ceux qui ont conservé de la sympathie pour le pauvre peuple algérien. Or, que nous dit à présent ce spécialiste qui travaille toujours sur des faits (et « les faits sont têtus », disait Lénine lui-même…) et non pas en fonction de choix idéologiques ? 

    Industrie et agriculture en ruines

    Il nous dit que « résignés, les Algériens observent le naufrage [du président Bouteflika], parallèle à celui de l’Algérie, qui avait tout pour être l'un des géants de la Méditerranée ». Et Pons poursuit : « Le peuple sait tout du marasme économique, malgré la rente pétrolière et gazière. Il constate la ruine de l’industrie et de l’agriculture et la dépendance à l’égard des circuits d’importation qui alimentent la corruption ambiante. Les Algériens s’interrogent aussi sur l’utilisation par le pouvoir des 784 milliards de dollars rapportés depuis 1999, à 95% en provenance des hydrocarbures ».* 

    Un sujet de rigolade…

    Au-delà de ces informations tragiques pour un régime qui, jadis, se promettait de « montrer la route de la libération et du développement au Tiers-Monde », revenons un instant aux « cafés maures » marseillais où l’un des sujets favoris de rigolade est le « futur successeur » de « Boutef », son frère cadet Saïd, « l’homme à la perruque châtain »… A en croire les bavards, buveurs de thé ou de café, « Petit Frère » serait soutenu par le général Ahmed-Gaïd Salah, chef d’état-major et par les ministres ou ex-ministres les plus anti-français: Ahmed Ouyahia, Abdelmadjid Téboune, Chakib Khalil, etc. 

    Dépenses sociales

    En attendant, pour conjurer le sort, le gouvernement d’Alger a fait savoir qu’en 2017, il consacrera 15 milliards de dollars, soit près d’un quart du budget national total, aux « dépenses sociales ». En 2016, le revenu gazo-pétrolier est descendu à 25 milliards de dollars. Il faut donc puiser encore dans les réserves en devises, tombées à 110 milliards de dollars… 

    Le plus haut minaret africain…

    Bref, plus que jamais, tout tient à un fil dans la « riche Algérie », « démocratique et populaire »… Cependant, la main-d’oeuvre locale (plutôt chinoise) s’active sur le gigantesque chantier de « la plus grande mosquée d’Afrique », avec un « minaret dépassant largement celui de la mosquée Hassan II à Casablanca »… Toutefois, l’inauguration de cet énorme sanctuaire a été repoussée à 2020, Inchallah !   


    * Voir notamment le n°12, janvier-février-mars 2017 de la revue française de géopolitique «Conflits» / www.revueconflits.com

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 20.01.2017

  • Jean-Edern Hallier comme nous l'avons connu, ce dimanche sur France 5


    Mur-bleu gds.jpgJean-Edern Hallier est mort à 60 ans, le 12 janvier 1997, il y a donc vingt ans : c'est la raison pour laquelle, dimanche, et malheureusement à une heure beaucoup trop tardive (22h35), France 5 a tenu à célébrer cet « anniversaire » et à lui rendre hommage, en diffusant un documentaire d'une petite heure sur « L’Idiot international », un journal « politiquement incorrect » (documentaire signé Bertrand Delais). 

    On y a retrouvé cet écrivain « libre et sans peur » que les lecteurs de Je Suis Français - qui fut, d'une certaine façon, une première mouture de Lafauteraousseau - avaient pu découvrir, grâce à l'entretien qu'il avait accordé à Pierre Builly et François Davin.

    « Je suis à la fois nationaliste, régionaliste et chrétien » entend-on dans ce documentaire : des propos qui avaient été tenus presque mot pour mot (en parlant également de la monarchie, et d'une façon positive...) dans l'entretien de JSF. « C’est le vent de la polémique qui chasse les miasmes et met de l'air pur, du ciel pur. La polémique est nécessaire aux périodes de grands bouleversements de la pensée ou de la politique. » entend-on également.

    Loin de nous la tentation de faire parler les morts, mais que dirait Jean-Edern, aujourd'hui, alors que plusieurs lois scélérates - qu'il faudra évidemment abroger, le plus vite étant le mieux -  restreignent la liberté de pensée et d'écriture, aboutissant, de fait, à une autocensure certaine d'une très large part de l'opinion ?

    D'après ce que l'on peut déduire de l'entretien dont nous parlions plus haut, il semble que l'on puisse au moins être sûr que ce genre de lois ne serait certainement pas de son goût, et que cet anarchiste inclassable ne se serait pas très facilement laissé enfermer dans leur carcan. Et que, face au « politiquement correct » qui veut nous étouffer, se serait levé « l’homme de la liberté, l'homme qui n'avait pas peur » comme dit de lui Gilbert Collard, qui rapporte ce mot de Jean-Edern : « Qu’est-ce qu'on pourrait faire pour les emmerder ? » et conclut, non sans raison : « Aujourd’hui, c'est l'homme qui nous manque. »

    Oui, face au monstre, face à ce hideux « politiquement correct », ce sont aussi des hommes comme Jean-Edern Hallier qui nous manquent. Nous sommes heureux de l'avoir approché, ne serait-ce qu'une fois, et d'avoir fait partager à nos lecteurs d'alors un peu de cette liberté intérieure qui était la sienne et qui l'habitait tout entier. 

  • Camus face à la mort de Louis XVI : un bel hommage dans nos commentaires ...

     

    Par Richard Portier 

    Nous avons aimé ces réflexions, qui nous ont paru aussi intelligentes que légitimement sensibles. Elles ont été reçues dans les commentaires, sur Lafautearousseau. Nous les reprenons ici.

     

    Mon compatriote Albert Camus n’était, je le crains, ni un très grand écrivain, ni un très grand philosophe. Mais on voit ici les raisons qui le font toujours vivant, et peut-être pour longtemps : son honnêteté totale, profonde et sa chaleur humaine toujours attentive à ce qui fait la grandeur de l'Homme qui s'égale à son destin. On sent bien que le court instant de faiblesse d'un Roi qui pour être symbole et message du divin est aussi, justement et simplement  en même temps un Homme, a magnifié sa mort et que cela a profondément ému Camus, émotion que ce texte nous transmet de manière vibrante, bouleversante… 

  • La Semaine de Magistro, une tribune d'information civique et politique

     

    La  Semaine de MAGISTRO Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. [22.01] 

    A tout un chacun

    • Jacques BICHOT   Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 - Ancien président de Familles de France    La rémunération-partage, voie royale du plein emploi 

    Du côté des élites 

    • Aude de KERROS   Sculpteur, graveur, essayiste  Laurent Danchin, une figure des arts dissidents, vient de disparaître

    • Christine SOURGINS   Historienne de l'art, essayiste   Un humaniste s'en est allé...

    En France

    • Ivan RIOUFOL   Journaliste politique  Le libéralisme, porté par la société civile

    • Jacques BICHOT   Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 - Ancien président de Familles de France   Relèvement des âges légaux de la retraite : les vraies questions

    • Arnaud TEYSSIER   Haut fonctionnaire, historien   Redresser les comptes ne sera accepté qu’au service d’une vision de la France

    • Gérard-François DUMONT   Recteur, démographe, Professeur à la Sorbonne   "Une diminution liée à la perte de confiance des Français dans la politique familiale"

    De par le monde

    • Vincent DESPORTES   Ancien directeur de l’Ecole de Guerre, professeur de stratégie à Sciences Po   Operations "homo" : attention danger !

    • Jean-Luc BASLE  Economiste, ancien directeur de Citigroup New York   Donald Trump : une présidence mouvementée en perspective

    • Alain CORVEZ   Conseiller en stratégie internationale   Du Wahabisme

    Devant l'histoire

    • Annie  LAURENT    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient   Mahomet ou Mohamed ?   

    Faites suivre à vos amis, dans votre famille et partagez ...  MAGISTRO  vous invite aussi à vous rendre sur son site et y (re)lire tous les écrits depuis son origine (2008).  MERCI.