Rire ou sourire un peu ... même si l'on n'est pas tout à fait de cet avis, voire pas du tout ...
René Le Honzec
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René Le Honzec
ENTRETIEN. Quel est le rôle du pape dans le suicide de la civilisation européenne ? Rédacteur en chef des pages culture de Valeurs actuelles et spécialiste des questions religieuses, Laurent Dandrieu signe un livre choc sur la politique de l'Église face à l'immigration.
PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL DE GISLAIN
Vous montrez que les migrations sont devenues pour l'Église le moyen de faire advenir « l'unité de la famille humaine ». La crise des migrants ne fait-elle que révéler ne posture idéologique de l'Église plus ancienne ?
Le discours de l'Église sur les migrations est né très récemment et s'est inventé sans véritable ancrage dans la Tradition. Il se développe notamment dans les années 196o, où l'Église est marquée par un état d'esprit favorable à la mondialisation, qu'elle voit comme une réalisation avant l'heure de la « cité sans frontières de Dieu ». Dès lors, la migration est perçue comme un moyen de manifester « l'unité de la famille humaine » défendue par Jean XXIII dans Pacem in terris (1963).
Aussi ne faut-il pas s'étonner si le droit de migrer, qui était encore soumis sous Pie XII à une exigence de nécessité vitale, devient sous Jean XXIII un « droit inhérent à la personne humaine » défini comme « la faculté de se rendre en tel pays où on espère trouver des conditions de vie plus convenables », et dès lors le droit des États à réguler les migrations devient secondaire par rapport à une migration qui, pour Jean-Paul II, symbolise le plan de rédemption de Dieu pour l'homme, et « contribue à cultiver le "rêve" d'un avenir de paix pour l'humanité tout entière. »
Contrairement à l'image qu'il donne de lui, le pape François est-il un pape politique ?
L'immigration est au coeur de son pontificat... Elle l'est par la force des choses, puisque ce pontificat coïncide avec la crise des migrants et l'explosion du terrorisme islamique en Europe. Mais alors qu'on aurait pu attendre que cela le pousse à davantage de prudence, on a assisté à une sorte de fuite en avant, avec un discours dévalorisant les frontières, dénonçant les politiques restrictives, et prêchant un accueil inconditionnel. C'est un discours qui ne cesse de se présenter comme exclusivement dicté par l'Évangile, mais qui est en réalité éminemment politique, comme lorsque le pape ramène . de Lesbos des migrants soigneusement choisis parmi les familles musulmanes. Quand le pape dit que, même s'il y a un risque d'infiltration terroriste, il faut accueillir car c'est un commandement de la Bible, ce primat de l'accueil sur la sécurité est en soi une position politique. En réalité, sur ces questions, tous les papes ont fait de la politique, prônant le regroupement familial ou condamnant les politiques d'assimilation. Et concrètement, les évêques occidentaux n'ont jamais cessé de condamner les politiques restrictives comme contraires aux droits humains. Le secrétaire général de la conférence épiscopale italienne, Mgr Galantino, nommé à ce poste par François, a même déclaré que l'accueil des migrants était une compensation que nous leur devions pour avoir pillé leurs pays durant la colonisation...
On est frappé par la concomitance des paroles du pape François à Lampedusa ou à Lesbos et la décision d'Angela Merkel de laisser entrer un million de migrants... L'humanitarisme à l'excès met-il l'Église sur la voie d'une forme de libéralisme ?
Je ne sais pas si c'est l'humanitarisme ou le libéralisme qui a primé dans la position de Mme Merkel. Ce qui est certain c'est que, depuis des décennies, les milieux libéraux et patronaux poussent à la roue de l'immigration de masse, en raison de la formidable pression à la baisse qu'elle exerce sur les salaires. L'archevêque hongrois Gyula Mârfi y a même vu une forme moderne d'esclavagisme. Il est donc d'autant plus désolant de voir l'Église prêter la main à ce phénomène.
L'islamophilie à laquelle s'abandonne l'Église, particulièrement sous le pontificat actuel, se fait-elle au mépris de la nature véritable de l'islam ?
Ce qui est certain c'est que le dialogue interreligieux engagé avec l'islam depuis les années 196o a poussé à mettre de côté certains sujets qui fâchent, notamment la question de la violence, mais aussi celle de l'incompatibilité de l'islam avec nombre de valeurs occidentales. Seul Benoît XVI a tenté d'aborder la question de la violence, retournant la violence islamique contre lui, mais aussi poussant nombre d'intellectuels musulmans à entreprendre une salutaire réflexion. François, lui, a décidé de revenir à l'angélisme, soutenant que le terrorisme islamique n'a rien à voir avec l'islam, « parce que le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s'opposent à toute violence » (Evangelii Gaudium, 2013). Ce faisant, il ne rend service ni aux musulmans, qu'il conforte dans leur déni, ni aux Européens, dont ce discours émollient affaiblit l'esprit de résistance.
Alors qu'on assiste au retour des peuples en Europe, l'Église n'est-elle pas en décalage en refusant aux nations le droit légitime de se protéger ?
En matière politique, l'Église a souvent un train de retard... Traditionnellement, elle avait pourtant toujours su miraculeusement tenir les deux bouts de la chaîne, comme dit Bossuet, entre l'universalisme qui fait partie de son ADN et la bénédiction des identités particulières qui sont le cadre concret de son évangélisation et le canal par lequel l'homme prend conscience de cette universalité. C'est pourquoi Pie XII écrivait, dans Summi Pontificatus (1939), qu' « il n'est pas à craindre que la conscience de la fraternité universelle, inculquée par la doctrine chrétienne, et le sentiment qu'elle inspire, soient en opposition avec l'amour que chacun porte aux traditions et aux gloires de sa propre patrie, et empêchent d'en promouvoir la prospérité et les intérêts légitimes ; car cette même doctrine enseigne que dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux ». Il est urgent que l'Église retrouve cet équilibre et permette aux peuples d'Europe de protéger leur identité nationale des menaces que fait peser sur eux l'immigration de masse, faute de quoi l'universalisme qu'elle prône ne sera qu'un vain mot et le cache-nez de l'anarchie et du chaos. ■

À LIRE : ÉGLISE ET IMMIGRATION, de Laurent Dandrieu, presses de la Renaissance, 18 euros.
La « cinéscénie », le spectacle de nuit du Puy du Fou. - Photo : Alain Moneger
Le Puy du fou, une réussite à la française
Le parc d'attractions, qui fête ses 40 ans cette année, compte ouvrir trois sites à l'étranger, à l'horizon 2027.
A 40 ans, le Puy du Fou est en pleine forme. Avec 2,2 millions de visiteurs accueillis l'an dernier (8% de plus qu'en 2015), le parc revendique la place de numéro deux en France en termes de fréquentation, loin derrière Disneyland Paris, mais devant le Futuroscope.
En 2016, son chiffre d'affaires a franchi la barre des 100 millions d'euros de chiffre d'affaires (+21% par rapport à 2015). «En cinq ans, le parc a doublé son chiffre d'affaires et le nombre de visiteurs a progressé de 30% en trois ans», se félicite Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou.
Fort de ce succès, le Puy du Fou, élu «meilleur parc du monde» en 2012 et 2014, veut accélérer hors de France. Son président annonce vouloir ouvrir trois nouvelles adresses dans le monde, d'ici 2027.
Parcs consacrés à l'histoire de l'Espagne et de la Chine
La première ouverture à l'étranger devrait se faire en Espagne, près de Tolède dans la région de Castille. Des discussions sont en cours avec les autorités locales. Ouverture prévue en 2021 pour ce parc, dont le thème sera consacré à l'histoire du pays. La construction doit débuter en 2019. Il représenterait un investissement de 140 millions d'euros, qui sera financé par des investisseurs.
Parallèlement, des discussions sont en cours avec plusieurs partenaires chinois, pour exporter le Puy du Fou en Chine. «Nous serons fixés dans l'année sur la faisabilité d'un premier projet. Nous avons déjà repéré des lieux. Notre objectif est d'ouvrir un parc dans le pays, d'ici 2025», assure Nicolas de Villiers. Ce parc retracerait l'histoire de la Chine. Montant estimé du projet: 300 millions d'euros, là encore supporté par des partenaires.
Un troisième parc, annoncé à l'horizon 2027, pourrait ouvrir soit en Chine, soit en Europe.
Déjà des spectacles en Angleterre et au Pays-Bas
«Des porteurs de projets -publics et privés- viennent nous voir depuis 2010, pour lancer des spectacles signés Puy du Fou, explique Nicolas de Villiers. Depuis quatre ans, nous en avons lancé un aux Pays-Bas, baptisé le Raveleijn Show, avec un partenaire hollandais. Nous avons conçu ce show, et les acteurs sont tous membres des équipes du Puy du Fou. En juillet 2016, nous avons inauguré avec un partenaire anglais, un spectacle nocturne de 8000 places assises, dans le château d'Oakland, au nord du pays. Il a affiché complet tout l'été. Nous souhaitons maintenant aller plus loin, en ouvrant de nouveaux parcs». Les ambitions en Russie, qui avaient donné lieu à un accord signé en 2014 entre Philippe de Villiers et Vladimir Poutine pour l'ouverture de deux parcs, en sont au point mort.
Une dizaine d'autres pays ont été regardés depuis, avant que l'Espagne finisse par l'emporter.
30 millions d'investissements cette année en France
Le parc vendéen n'oublie pas pour autant la France. Les nouveautés de 2017 représentent un investissement record de 30 millions d'euros, destinés à financer un nouvel hôtel qui doit ouvrir en avril, deux nouveaux spectacles et deux restaurants.
Créé en 1977, le Puy du Fou est une société par actions simplifiée (SAS), qui a deux actionnaires: deux associations de loi 1901. L'une s'occupe de la «cinéscénie» jouée par des bénévoles, l'autre protège l'incorporel (propriété intellectuelle). Depuis sa création, le parc a investi plus de 450 millions d'euros pour son développement. Les bénéfices qu'il réalise chaque année, soit «8 à 9% du chiffre d'affaires», sont tous réinvestis dans le parc. «Le Puy du Fou ne perçoit pas un centime d'argent public», insistent ses responsables.
En plus de 3800 bénévoles, il emploie 1800 employés permanents et saisonniers. •
Le Figaro, 28.02
Voici les mémoires du prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814).
« Sensible très jeune aux récits des batailles de Charles XII, Turenne ou Condé, il s’engage précocement dans la carrière militaire. Avec l’armée impériale autrichienne, il participe à la guerre de Sept Ans, il prend part à la guerre de succession de Bavière (1777-1779) ; en 1789, aux côtés de Catherine II, il joue un rôle majeur dans la prise de Belgrade…
Aussi à l’aise sur un champ de bataille que dans les salons des cours de Vienne, de Versailles ou de Moscou, le prince est l’ami des puissants de son époque : Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette, Joseph II, Frédéric de Prusse, Catherine de Russie, Mme du Barry.
Madame de Staël, elle, admire l’homme de lettres qui a correspondu avec Voltaire et Rousseau, le passionné de galanterie complice de Casanova…
Les Mémoires du feld-maréchal témoignent d’une souveraine liberté de ton, d’une élégance de style et d’un véritable art de vivre. Comme l’avaient été avant elle Byron, Barbey d’Aurevilly, Paul Valéry ou Paul Morand, Chantal Thomas a été séduite par cet écrivain passionnant, figure marquante du siècle des Lumières : » Sa mémoire n’est jamais nostalgique. Il use de son pouvoir de reproduction non pour creuser le gouffre des années disparues, mais pour les faire ressurgir dans la diffraction d’un jeu de miroirs. » •
« Prince de Ligne. Mémoires. », préface de Chantal Thomas, Le temps retrouvé, 2017, 644 p.
Source : Noblesse et royautés
Communiqué de presse
Élection présidentielle : la défaite du peuple ?
Le samedi 4 mars, l’Action française Provence organise à Marseille un colloque intitulé « Élection présidentielle : la défaite du peuple ? ». Bien que nous soyons monarchistes, et ne manquons jamais une occasion de rappeler la nécessité d’une alternative aux institutions de la Cinquième République, et donc à l’élection du chef de l’État, nous ne nous désintéressons pas pour autant de la vie politique de notre pays. Pour nous qui avons le souci du bien commun, il n’est en effet pas permis d’adopter la posture trop confortable du spectateur perpétuellement insatisfait. Si nous ne prenons pas part au processus électoral, nous agirons en observateurs avertis.
En dépit de la défiance croissante à l’égard des partis et du rejet sans équivoque de la classe politique, l’élection présidentielle continue de susciter l’intérêt des Français, qui se déplacent encore massivement à l’occasion de ce scrutin, quand l’abstention est devenue un phénomène récurrent et que les primaires ne rassemblent que les inclus et les bénéficiaires de la mondialisation.
Tandis que la perspective de changements substantiels et positifs s’amenuise de jour en jour, c’est tout le paradoxe de cette élection que d’exciter encore les espoirs de nombre de nos compatriotes. Ces derniers mois ont sans doute réservé certaines surprises (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls et François Hollande ne nous contrediront pas), faisant mentir instituts de sondage et couvertures de magazine : il y a cependant tout lieu de penser que notre pays se dirige vers une élection pour rien, et que les Français seront nécessairement déçus, quel que soit le résultat. Les raisons en sont nombreuses : c’est tout l’objet de notre colloque que de les mettre en lumière. •
Le service presse de l’Action française Provence
Marseille, le 2 mars 2017
Contact : provence.presse@actionfrancaise.net
COLLOQUE D'ACTION FRANÇAISE
ELECTION PRESIDENTIELLE : LA DEFAITE DU PEUPLE ?
PROGRAMME / SAMEDI 4 MARS
Première table-ronde : Un contexte politique défavorable
animée par Charles de Meyer, assistant parlementaire de J. Bompard
LA DÉMOCRATIE AU DÉFI DES NOUVELLES INITIATIVES CITOYENNES
par Elie Davy, étudiant en journalisme et communication
LA GAUCHE CONTRE LE PEUPLE
par David L’Épée, rédacteur à Éléments
LA DROITE CONTRE LE PEUPLE
par Antoine de Crémiers, conférencier,
conseiller éditorial de La Nouvelle Revue Universelle
Deuxième table-ronde : Des fondements institutionnels viciés
animée par Philippe Mesnard,
rédacteur en chef de L’Action Française 2000
LES LIMITES DE LA Vème RÉPUBLIQUE
par Jean-Baptiste Collomb
Doctorant en droit constitutionnel et Chargé d'enseignement
LA SOUVERAINETÉ EN QUESTION
par Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine
et de de La Nouvelle Revue Universelle
RESTAURER LE POLITIQUE
FACE AUX IDEOLOGIES DE LA DECONSTRUCTION
par Rémi Soulié, essayiste et critique littéraire
Suivi d'un buffet dînatoire
SAMEDI 4 MARS, 15 H
NOTRE-DAME DU LIBAN,
5 avenue du Parc Borely, 13008 Marseille
PAF • COLLOQUE & BUFFET DÎNATOIRE 20 €
10 € POUR LES ETUDIANTS
Inscriptions & renseignements : colloqueafprovence@gmail.com
Téléphone [renseignements] : 06 08 31 54 97

François Bousquet, La Droite buissonnière
François Bousquet brosse le portrait de Patrick Buisson : ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, il à contribué à rebattre les cartes de la bataille culturelle, où l’hégémonie de la gauche est désormais contestée. Plus qu'une recension - qui mérite une lecture attentive -, Aristide Leucate livre ici une réflexion utile et profonde sur une pensée politique - et métapolitique - qui est celle de Patrick Buisson et celle - toute une haute tradition française - à laquelle nous nous rattachons. Une pensée aujourd'hui renaissante, comme l'écrit ailleurs Mathieu Bock-Côté. Et à laquelle le royalisme français est originellement lié. LFAR
La Droite buissonnière, avec un titre au jeu de mot remarquablement idoine et incontestablement inspiré (d’Antoine Blondin à Pol Vendromme, tous deux adeptes d’escapades hors des sentiers sempiternellement empruntés), se veut un essai sui generis, pas tout à fait biographique, un tantinet autobiographique, narratif et analytique, descriptif et doctrinal. Bousquet parle de Buisson et ce dernier parle lui-même et sur lui-même. Mais surtout doit-on lire ce livre comme une introduction à une pensée d’ailleurs moins proprement buissonnière que typiquement de droite. À cette aune saisit-on le choix d’un titre qui résume dans sa quintessence absolue tout le propos de l’ouvrage.
Bien plus qu’une biographie
Si la médiocratie des médias s’est leurrée sur La Cause du peuple (le livre de Patrick Buisson paru à l’automne dernier) en le ravalant à un brûlot anti-sarkozyste, on s’illusionnerait tout autant à vouloir réduire La Droite buissonnière à une banale biographie – voire, du côté de Libé ou des Inrocks, à une partiale hagiographie. La lecture de l’opus est rendue des plus agréable par le style vif, nerveux, balancé et fluide de François Bousquet qui commet là, sans doute, l’un de ses meilleurs livres. Servi par une incroyable et intelligente érudition, le fond, mêlant réflexion et polémique au vitriol (les journalistes Chemin et Schneider y sont littéralement éreintées), convole allègrement avec une écriture alerte, emplie de panache, où les mots et les formules – parfois cinglantes, faisant l’effet de gifles magistrales – sonnent comme de joyeux cliquetis d’épées, un soir de duel où ce mousquetaire des Lettres multiplie les estocs contre la soldatesque du cardinal de Richelieu ! Après Patrick Buisson lui-même, seul François Bousquet pouvait se risquer à parler de Buisson – de la même façon que sans Bousquet, les évocations commémoratives de Jean-Edern Hallier paraissent plutôt pâlottes. Chez Buisson, le patronyme est trompeur, tant nous avons affaire à un Everest dont la force d’élévation vers des stratosphères à l’oxygène aussi rare que précieux n’a d’égal que l’enracinement du personnage dans une histoire aussi vieille que la France. Partir à l’assaut de tels sommets n’est pas à la portée du premier randonneur journalistique venu. Gravir ces abruptes parois incombe à un alpiniste intellectuel chevronné, un premier de cordée expérimenté des choses de l’esprit, un conquérant hautement cultivé des cimes de l’encyclopédie buissonnière.
L’exégète d’un théoricien
Au vrai a-t-on la persistante et troublante impression de relire La Cause du peuple non pas tant, évidemment, pour les anecdotes, çà et là distillées, des années sarkozystes, que par les thèmes spécifiquement buissonniers que l’on y retrouve. Plus troublant encore, selon nous, finit-on par ne plus guère dissocier l’exégète Bousquet du théoricien Buisson. Car la thèse centrale de La Droite buissonnière réside bien là : l’édification intellectuelle de la droite renaissant de ses cendres, sociale, nationale, anticapitaliste, authentiquement conservatrice et populaire. Mais, finalement, cette reviviscence dextriste n’est rendue possible que parce que la gauche, « frappée de péremption idéologique
» sombre progressivement dans un coma ante mortem du même tabac– quand bien même fait-elle preuve de suffisamment de résilience, laquelle s’explique principalement par les positions institutionnelles auxquelles elle se cramponne.
Un corset de plomb
Quoi qu’il en soit, le chemin est encore long pour extirper la droite de son corset de plomb, lors même qu’il se fissurerait à moult endroits. L’élection buissonnière de Sarkozy en 2007 y aura avantageusement contribué. Surtout, cette droite peine à être elle-même, oscillant entre la fascination-répulsion réactionnaire et la tentation populiste. Apeurée, depuis Vichy, par ces deux volcans en activité qui constituent le “ça” de sa psyché idéologique, elle s’est lâchement réfugiée dans un entre-deux confortable, centro-libéral, économico-libertaire. C’est dire, quoi qu’on en pense par ailleurs, combien le triptyque de René Rémond conserve toute sa pertinence, ce que François Bousquet dénomme « l’appel du peuple
» pour décrire très justement les vagues populistes qui viennent, de Moscou à Washington, apparaissant comme des avatars du césaro-bonapartisme. Que Napoléon ait précisément surgi au milieu des sanguinolents « autels de la peur
» de la Révolution – selon la saisissante expression d’Anatole France – ne doit strictement rien au hasard. « Pour bien comprendre l’essence du populisme, il faut renverser la formule
» tirée du célèbre échange entre le duc de Liancourt et Louis XVI : « C’est une révolution ? Non Sire, c’est une révolte !
» « La révolution veut contrôler le cours de l’histoire, la révolte, s’en détourner. Révolte et populisme disent “non”, rien de plus
» ; la révolte « est moins projet que rejet
» tentant « de renouer avec un ordre révolu
». À cette enseigne, ce que représentent Fillon, Juppé ou Marine Le Pen n’emprunte guère au populisme et bien moins à la droite, celle-ci ne ressortant, lessivée, de leur brouet économiste que sous une forme diminuée, rétrécie, amputée. Un nain politique (un impolitique eût analysé Lacan).
La droite hors les murs
Reste la « droite hors les murs
», cette droite conceptualisée par Buisson qui « ne se reconnaît dans aucune des dénominations de la droite
». Dont acte. Sauf qu’elle n’a manifestement pu accéder à la pleine propriété électorale et politique, faute d’impétrants éligibles, en dépit d’un large panel de candidats putatifs. Elle doit donc se résigner à la relégation pavillonnaire (qu’accentue le funeste acronyme d’HLM) du métapolitique. C’est déjà beaucoup. Bousquet, à la suite de Buisson, rappelle combien « les leçons de Gramsci et de Schmitt se rejoignent
» ; « si le combat est culturel, la culture doit devenir un combat
», traduisant par là l’essence du politique étroitement conjuguée au préalable métapolitique comme condition nécessaire de sa suprématie. Les tabous d’une droite de gouvernement tombent les uns après les autres, quand les totems de la gauche s’effritent sous les vents corrosifs d’un réel reprenant ses droits envers et contre tous les « déni-oui-oui
», ces thuriféraires unanimistes de l’Autre duquel, avec des tremblements d’impatience, ils n’attendent qu’une seule et angoissante réponse énamourée à leur non moins unique et lancinante question existentielle : « Même-tu ?
»
Trajectoire singulière
Trajectoire singulière que celle de Buisson, impalpable mais omniprésent, en retrait mais incontournable. Bousquet nous la rend cohérente et passionnante, foin des bûchers médiatiques qui eurent tôt fait d’immoler Buisson aux feux ardents et purificateurs d’une doxa inculte et sectaire. Pis, ces pyromaniaques de la crémation intellectuelle ont cherché, à travers Buisson, à commettre le plus criminel des autodafés. Si, comme le dit l’écrivain Amadou Hampâté Bâ, « un homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle
», alors ces amnésiques incendiaires ont-ils voulu supprimer celui qui, à travers, le cardinal de Retz, Chateaubriand, Balzac, Péguy, Bernanos, Barbey d’Aurevilly, Bloy, Aragon, Céline, Pasolini, Barrès, etc., voulut inlassablement dérouler le fil invisible mais incassable d’une longue généalogie ultra-historique – pour parler comme Dumézil – aux fins désintéressées de retrouver la primordialité du génie français : « En “objecteur de modernité”, dépositaire d’une tradition dont il se veut le continuateur, en aucun cas le taxidermiste.
[…] Plus radical que réac : le radical, insiste-t-il, c’est celui qui ne donne pas quitus aux apparences, mais qui va jusqu’aux racines des phénomènes. Racine, raciné, radical, radis.
». À la racine du buisson, en quelque sorte… •
François Bousquet, La Droite buissonnière, éditions du Rocher, janvier 2017, 392 pages, 20,90 euros.
Repris de l'Action Française 2000 du 02 Mars 2017.
Certes, nous dira-t-on, maintenant, Peillon, c'est du passé, c'est dépassé. C'est vrai, et c'est du reste très bien ainsi. Il n'en demeure pas moins qu'il ne faut pas tout laisser passer, et qu'il y a des choses qui doivent être dites : donc, un dernier mot sur l'ancien ministre de l'Education nationale...
C'est bien connu, depuis La Fontaine, « selon que vous serez puissant ou misérable... »
On a vu, récemment, que Vincent Peillon, grand prêtre de la Nouvelle Religion Républicaine, pouvait tout se permettre, dire tout et n'importe quoi, et surtout des choses qui, dites par quelqu'un d'autre, auraient déclenché une fureur hystérique et une énorme opération médiatique, où la moraline et les injonctions de la bien-pensance et du politiquement correct se seraient déchaînées.
Ce fut le cas le mardi 3 janvier, dans une émission politique sur France 2. Vincent Peillon a osé comparer le sort fait actuellement aux musulmans (quel sort ?) à celui des Juifs sous le régime de Vichy. Déclarant que l'on « utilisait » la laïcité, aujourd'hui, contre des musulmans comme « ça a été fait » sous Vichy, contre les Juifs !...
Tout simplement. C'est énorme, non ?
Eh ! bien, cherchez les réactions indignées à de tels propos, littéralement aberrants : vous n'en trouverez guère ! BFM/TV, pour une fois, a bien un peu cherché à réagir, en invitant, dès le lendemain, mercredi, William Goldnadel pour débattre de la chose avec David Assouline, porte-parole et « défenseur » de Vincent Peillon. Avec quelques rapides commentaires sur les JT du même soir, où l'on se pressa d'envoyer les sujets suivants, ce fut à peu près tout.
La Sainte alliance de la cléricature médiatique et du politiquement correct avait manifestement décidé d'étouffer dans l'œuf cette affaire, alors que le même « politiquement correct » aurait très certainement demandé la mort politique de toute autre personne, procédant sur le champ à sa lapidation médiatique avec, de toute évidence, mais c'est plus surprenant, l'aval d'un CRIF que l'on a connu, naguère, nettement plus intransigeant, et qui, d'ordinaire, ne laisse quasiment rien passer. Passons...
Il faut donc se contenter de ce qui a été dit dans ce court débat sur BFM/TV...
David Assouline, étant donné l'énormité du « dérapage » - comme disent les journaleux... - fut très arrogant et très combattif : il savait que le scandale était tel qu'il fallait l'étouffer immédiatement en criant plus fort encore que ceux qui commençaient à s’indigner ; dans une envolée fourre-tout (il reprocha à William Goldnadel d'écrire dans Valeurs actuelles et dans Le Figaro !) il alla jusqu'à excuser Vincent Peillon, disant que, lors de réunions publiques, il fallait parler et répondre rapidement à beaucoup de gens (ce qui est vrai), que cela était difficile (ce qui est encore vrai) et que, parfois, cela obligeait à des... « contractions » !
Admirable, non, le coup des « contractions ?
Face à tant de mauvaise foi et d'arrogance agressive, William Goldnadel étonna - positivement - par son calme et sa retenue, qualifiant la misérable prestation de Vincent Peillon comme elle devait l'être : de la « bêtise ». Et de resituer le tout dans le double contexte de « plenelisation » - dû au fougueux trotskyste, qui a commis le livre « Pour les musulmans » (rien que le titre, tout un programme !...) - et de l'irrésistible processus de crétinisation qui emporte la gauche !
Et « l’échange », qui de fait n'eut pas lieu, s'arrêta là, à la justesse de cette remarque, qui méritait, certes, d'être faite publiquement : les propos de Vincent Peillon ne relèvent que d'une incommensurable bêtise.
Il n'empêche : le vrai visage de Vincent Peillon, on le connaît très bien, à Lafautearousseau*, mais il a cru bon de rendre encore plus publique son islamophilie délirante, dont la seule raison d'être est que, selon lui, l'Islam est un moyen supplémentaire de détruire tout ce qui est « chrétien » en France, afin de laisser place nette à sa Nouvelle Religion Républicaine. Ce faisant, il n'a fait que montrer sa méconnaissance totale de l'Islam, et du totalitarisme qu'il induit partout où il règne en maître. La haine viscérale du christianisme l'empêche de voir que, si d'aventure l'Islam s'implantait en France, il détruirait ou soumettrait - comme il le fait partout ailleurs dans le monde, là où il domine - tout ce qui n'est pas « lui » ; et la Nouvelle Religion Républicaine du grand prêtre Peillon ne pèserait alors pas lourd, son sort serait alors vite réglé...
Goldnadel a raison, il l'a bien dit : « bêtise » ; processus de « crétinisation », qui explique, tout simplement, le déclin intellectuel que subit « la gauche » . •
Après notre retour sur les 10 ans de Lafautearousseau*, les commentaires ont suivi. Depuis celui du cher Pierre Builly - qui avait pris les devants en termes presque excessifs -, jusqu'à Vincent Dulac qui nous rappelle le vieux chant d'espoir des Camelots du Roi. Le nôtre.
Merci à tous pour ces propos de soutien et d'amitié d'esprit, d'amitié tout court. Merci à ceux qui les ont écrits, pour ces commentaires, comme à ceux qui ont pensé de même, mais n'en ont pas écrit. « Et peut-être d'autres viendront », dirait Brasillach, comme avait dit aussi Maurras à ses juges indignes de Lyon, les précurseurs d'une certaine magistrature encore aujourd'hui à l'œuvre : « J'ai mes livres, j'ai mes disciples, j'ai l'avenir devant moi. » LFAR
Commentaires
LFAR est, avant tout, un média qui a compris que l'ère était à une information immédiate, brève et plurielle. Elle est l'avenir du monarchisme, par sa présentation, sa nature et son interactivité..
Écrit par : Pierre Builly 12h27 - samedi 25 février 2017
Bon anniversaire ! et nos meilleurs vœux pour la suite mdm
Écrit par : Michel et Danièle Masson 08h35 - mardi 28 février 2017
Bon anniversaire ! Merci de défendre la vérité Mais n'oubliez pas qu'il existe un parti dont vous ne parlez pas souvent (sinon jamais) l'Alliance Royale (pour ne pas le citer)
Écrit par : Andriantsalama 08h43 - mardi 28 février 2017
A l’heure qu’il est, autant de sensibilités autres que celle - unique ou peu s’en faut - qui oriente la ligne imposée sont nécessaires sinon indispensables. Meilleurs vœux à vous toutes et tous qui tenez ce quotidien en ligne et que vive longtemps Lafautarousseau!
Écrit par : Hélène Richard-Favre 10h40 - mardi 28 février 2017
Excellent anniversaire, pour votre blog très bien fait : ni trop, ni trop peu. Il permet de nourrir sa réflexion politique quotidienne. Bon développement, la France en a bien besoin !
Écrit par : Asinus 11h45 - mardi 28 février 2017
Bon anniversaire - BRAVO et MERCI pour votre travail remarquable, CHAQUE JOUR de l'ANNEE.
Écrit par : SETADIRE 13h07 - mardi 28 février 2017
Félicitations à toute l'équipe de La Faute à Rousseau et à tous ceux qui contribuent à son existence et à son action pédagogique pour le bien de la France. Je vous suis avec assiduité, tous les jours. Feu mon père était Camelot du Roi et c'est de lui que je tiens, honorable héritage, mes convictions royalistes dès ma plus tendre jeunesse. J'apprécie grandement votre combat, notre combat ! Qu'il se poursuive pour toujours, car il ne sera jamais de trop, même si, un jour, le Roi nous revient, puisque la flamme jamais ne doit s'éteindre.
Écrit par : Philippe Meilhac 16h05 - mardi 28 février 2017
Ménagez nous « risque d’infarctus » si je n'avais plus mon LAFAR Bon anniversaire et oui pourquoi ne pas espérer avoir notre quotidien DU ROI MERCI A TOUS VOUS FAITES DÉCOUVRIR DES VÉRITÉS que l'on nous avait soigneusement dissimulées!!! alors vive le numérique sans en oublier les risques !
Écrit par : zamours 16h30 - mardi 28 février 2017
Bon anniversaire et merci pour votre travail. Continuez et bonne route.
Écrit par : Oddone Michèle 17h28 - mardi 28 février 2017
Merci chers amis de Provence ! Et puisque c'est un anniversaire et quel anniversaire, « au choc des verres et des lys « ...... « formons nos lignes, nous aurons cet été du vin aux vignes avec la Royauté » ….
Écrit par : Valentin Dulac 22h17 - mardi 28 février 2017 •
* A lire dans Lafautearousseau sur le même sujet ...
10 ans d'existence dans 3 jours ... Comment allons-nous ? Quid de Lafautearousseau ?
Edmond Burke : « L'homme qui n'aimait pas notre Révolution »
Mathieu Bock-Côté livre ici une remarquable réflexion à propos du dernier ouvrage de Guillaume Perrault, grand reporter au Figaro, qui, selon l'intellectuel québecois, consacre intellectuellement la renaissance d'une pensée politique longtemps oubliée et pourtant essentielle. On sait qu'en tout cas, la pensée de Mathieu Bock-Côté nous est proche, ce qu'on vérifiera ici. On lira cet article avec intérêt. Il ne s'agit pas là d' « un conservatisme chagrin et défaitiste ». LFAR
Guillaume Perrault est une des plus belles plumes du Figaro, et certainement une des plus appréciées. D'une chronique à l'autre, il éclaire l'actualité à la lumière d'une culture encyclopédique et défend la légitimité d'un conservatisme s'affranchissant des critères de respectabilité édictés par le tribunal de la gauche idéologique. Perrault n'appartient pas à cette catégorie d'hommes de droite qui rêvent d'être cooptés par la gauche et qui pour cela se condamnent à l'impuissance. Il ne cultive pas un conservatisme chagrin et défaitiste, mais courtois et sûr de lui. C'est dans cet esprit de conquête qu'il vient de faire paraître chez Plon un remarquable ouvrage. Le titre claque comme un drapeau dans la bataille : Conservateurs, soyez fiers!
Ce terme, on le sait, est rarement revendiqué. Une philosophie politique meurt si elle n'est pas capable de se nommer. Alain Finkielkraut, dans L'Ingratitude, l'avait remarqué : le conservateur, c'est toujours l'autre. Perrault répond : le conservateur, c'est moi ! Encore faut-il retracer l'histoire de cette tradition intellectuelle, pour juger de ses mérites. Et c'est pour cela que Perrault consacre la première partie de son ouvrage à revisiter les grands moments de l'histoire de France depuis la Révolution jusqu'à la colonisation en passant par l'affaire Dreyfus, le Front populaire et la Résistance, pour y voir le rôle qu'y ont joué les conservateurs. Il montre bien comment les conservateurs, à leur manière, chaque fois, ont porté l'honneur de la France. Il montre aussi comment on leur a volé leur histoire. Perrault entend la leur rendre en la délivrant des mensonges sous lesquels elle était ensevelie. En un mot, ils n'ont pas démérité !
Chaque fois, leur posture est la même : ils défendent une liberté éduquée par la civilisation. L'homme ne saurait renier ses appartenances sans s'avilir. Contre l'utopisme et le fanatisme, les conservateurs se veulent les gardiens du réel et entretiennent le sens des institutions. Au cœur de leur philosophie, on trouve un refus viscéral de la table rase, qui pousse à arracher l'homme à ses appartenances. L'homme est un héritier. Et l'homme français est un héritier de l'histoire de France. Comme l'écrit Perrault, « le patriotisme appartient à l'univers affectif des conservateurs ». Perrault classe le général de Gaulle parmi les conservateurs, et montre bien comment c'est une patrie charnelle et spirituelle qu'il défendait, et non seulement un pays abstrait se définissant par le seul culte des droits de l'homme. On en dira autant de Churchill. Au XXe siècle, ce sont les grands conservateurs qui ont sauvé la démocratie.
L'appel de l'enracinement
Il y a dans le conservatisme une défense de la dignité des gens ordinaires, qui travaillent fort, aiment leur pays et leur famille et en ont assez de voir les ingénieurs sociaux, identitaires et psychologiques chercher à les rééduquer. Le sens commun devrait avoir ses droits. Dans la deuxième partie de son livre, Perrault conjugue le conservatisme avec les grands enjeux contemporains, qu'il s'agisse de l'immigration, de la sécurité, de l'école, du travail ou des questions de société. Une conviction ferme le porte : la France n'est pas une pâte à modeler et on ne saurait mépriser le désir du peuple d'habiter un monde qui n'est pas toujours chamboulé au nom de l'innovation perpétuelle. Perrault nous convainc aisément de la pertinence du conservatisme comme philosophie appliquée.
Perrault note tristement que « le regret attendri du pays de notre enfance est devenu un crime ». Il y a une beauté de la nostalgie, ce noble sentiment que les modernes méprisent. N'est-elle pas l'autre nom de ce que Perrault nomme « cette pieuse sollicitude envers l'héritage » ? Comment pourrait-on se réjouir de « la fin de tout sentiment de continuité » ? Il faut habiter un monde durable. L'espoir des conservateurs « est de compenser l'altération perpétuelle de toute chose en prenant appui sur des fondations aussi durables que l'airain et sur des invariants anthropologiques ». Il y a une telle chose que la permanence humaine.
Perrault redonne ses lettres de noblesse à ce désir de durer, sans lequel il n'y a tout simplement pas de civilisation possible. Ce sont peut-être là ses plus belles pages.
Mais le monde change : longtemps moqués, les conservateurs reviennent au cœur de la vie publique au moment où se dissipe le récit enchanté de la modernité. Le conservatisme renaît lorsqu'une société entend de nouveau l'appel de l'enracinement, comme c'est le cas dans les temps tragiques. La poussée conservatrice qui travaille en profondeur la France depuis quelques années vient de trouver son manifeste. C'est un manifeste courtois, honnête, civilisé, sans hargne, mais un manifeste résolu. Ce très beau livre, qui réussit l'exploit d'être aussi subtil qu'affirmatif, restera : en donnant à nouveau le droit aux conservateurs d'avancer fièrement sous leur propre bannière, il consacre intellectuellement la renaissance d'une tradition politique essentielle. •

Par Guillaume Perrault, Plon, 248 P., 15,90 €
[Le Figaro, 21.02]
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.
Imaginez un seul instant que lafautearousseau - ou qui que ce soit, du reste... - ait écrit l'équivalent du misérable petit texte précédent, imité de lui mais contre l'Islam.
Une sorte de petit miracle : c'est ce à quoi l'auditeur de la matinale de France info a eu droit, ce matin du mardi 22 février, peu avant 7 heures. Tout d'un coup, sans crier gare, l'équipe de la matinale - très à gauche, et très en pointe à gauche - envoie un reportage, court mais éloquent, sur cette « affaire »* dont, jusque-là, les médias n'avaient pas parlé...
A Lyon, le 11 novembre 2016, dans un jardin public, un couple s'embrasse. Des « jeunes » (vous avez compris de qui il s'agit...) semblent trouver cela obscène, puisqu'ils se mettent « courageusement » (tout un groupe contre deux !) à les prendre physiquement à partie. Le jeune Marin, 20 ans, qui par hasard passe là à ce moment, n'hésite pas une seconde, et défend le couple : il reçoit une volée de coups de béquilles très violents sur la tête, sombre dans le coma ; pronostic vital engagé et lourdes séquelles à craindre. Quinze jours après, il est sorti du coma, et réapprend tous les gestes du quotidien, avec courage et détermination (c'est un sportif). Mais tout reste très difficile...
Le pitoyable semble-président, qu'il nous faut supporter encore pendant quelques semaines, n'est pas venu au chevet de Marin. Pourtant, il ne pouvait ignorer « l’affaire », et il a reçu une pétition, dont le nombre de signataires ne cesse d'augmenter, pour que Marin reçoive la Légion d'honneur. Mais un jeune Français qui ne fait que son devoir, n'écoute que son courage, vole au secours des agressés, cela ne doit pas lui plaire. Pensez, il faudrait dire qui l'a tabassé à mort : des « jeunes », impensable !
Donc, maintenant, Marin s'en sort, il commence à récupérer, mais avec le seul appui de sa famille et de ses amis. Pas de pétition en vue chez les Balasko, Benguigui ou Olivier Py, de la race des signeurs dont nous parlions récemment. Pas d'émoi journalistique, pas de belles consciences, pas de prénom chez les bobos, occupés ailleurs, et par leurs très chers « autres » ...
Mais, au fond c'est mieux ainsi. En effet, n'allez surtout pas croire que nous allons, ou que nous voulons, « faire de la politique » en parlant de Marin. Bien au contraire. Si nous, qui n'avons jamais « été Charlie », et qui l'avons dit et redit, nous nous sentons si proches de Marin, si nous pouvons dire « Je suis Marin », c'est parce que le courage spontané de ce jeune étudiant (3ème année) nous permet, bien mieux que de polémiquer, de nous souvenir de ce que Gustave Thibon nous a si souvent dit et redit, lors de ses discours des Rassemblements royalistes des Baux : une société saine, c'est une société avec un minimum de lois, mais un maximum de mœurs.
L'acte courageux de Marin nous le rappelle, aujourd'hui, en l'illustrant à la perfection. C'est en ce sens qu'il est bien plus « politique » que de la basse politique politicienne, et qu'il interdit toute récupération ou manipulation de mauvais aloi. Que chacun, mentalement, fasse preuve du même état d'esprit que Marin ; que chacun se comporte, le cas échéant, comme lui : voilà le message éminemment sain et réconfortant qu'envoie cette pénible affaire. Et voilà en quoi le jeune Marin est à donner en exemple à tous.
Nos lecteurs sont bien habitués, maintenant (Lafautearousseau a eu dix ans le 28 février dernier) au chiasme de Sénèque, que nous avons choisi comme devise dès nos débuts : « Non quia timemus non audemus, sed quia non audemus timemus » : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osions pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur » .
Mais, pour louer encore l'acte courageux du jeune Marin et pour le donner en modèle à tous, tant cet idéal est nécessaire aujourd'hui, on peut encore citer Virgile, et sa parataxe fameuse, que Marin a parfaitement illustrée, aussi : « Amore, More, Ore, Re ». C'est à tout cela que se reconnaît le véritable ami, « par l'amour, les mœurs, les paroles, les actes ». •
A lire ici ...
La mère de Marin lance un appel
« Louis XIV qui n'hésita pas à emprisonner l'homme le plus riche du royaume »
Par Jean-Philippe CHAUVIN
La Cinquième République vit une campagne présidentielle éprouvante et qui ressemble de plus en plus à une fin de régime, qu'on le veuille ou non. Certains y voient l'occasion de vanter une Sixième République, et en font le nouvel horizon des gauches, comme la promesse d'un changement radical et propre à remettre la France, ou l'idée qu'ils s'en font, en état de marche, voire « en État » tout court. Mais cette Sixième ressemble étrangement à la Quatrième, avec un Parlement trop puissant pour permettre à l’État de tenir son rang et jouer sa partition particulière dans le monde et en Europe. Elle risquerait bien de faire disparaître tout ce que la République, sous l'inspiration gaullienne, avait repris de la Monarchie capétienne, politiquement et diplomatiquement parlant, et qui faisait de la Cinquième une synthèse, plus ou moins réussie, entre deux traditions fortes de notre pays, la monarchique et la républicaine.
Il est vrai qu'il y a longtemps que l'esprit du fondateur de la Cinquième s'est évaporé dans les palais et les couloirs de la République : il n'en est resté, le plus souvent, que la triste et pitoyable caricature, et le service de l'Argent a parfois, souvent même, remplacé celui de l’État, de la nation et des peuples de France. Un service égoïste, pourrait-on dire si l'on considère les cas les plus récents de MM. Cahuzac, Morelle, Lamdaoui, Arif, Thévenoud, pour la gauche socialiste, ou ceux de MM. Balkany, Sarkozy et, évidemment, Fillon, pour la droite républicaine. « Nul ne peut servir deux maîtres », écrit saint Matthieu. « Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre ». De Gaulle, souvent invoqué mais peu suivi, considérait que la politique de la France ne pouvait se jouer à la Bourse et que l'argent ne pouvait être qu'un serviteur, non un maître : « l'intendance suivra », affirmait-il dans un réflexe que certains qualifiaient alors de « maurrassien » parce qu'il rappelait, par sa formule lapidaire, que c'était bien à l’État, au politique, de fixer les tâches de l'économie (et non l'inverse), de commander à l'Argent et non de se laisser commander par lui. N'était-ce pas là la politique des rois de France, par exemple d'un Louis XIV qui n'hésita pas à emprisonner l'homme le plus riche du royaume, jadis bon serviteur de l’État, mais qui avait cru que sa bonne fortune allait lui ouvrir toutes les portes et lui permettre d'aller plus haut que la magistrature suprême de l’État ? N'était-ce pas l'application du « Politique d'abord » cher à Maurras ?
Or, aujourd'hui et au-delà même de l'amour que nombre de personnalités politiques portent à l'argent (une passion fort humaine, sans doute, mais dont justement ceux qui se targuent de faire de la politique devraient faire l'économie, au moins quand ils sont censés servir l’État ou qu'ils en revendiquent l'honneur), c'est l'exercice même de l’État qui souffre de cette dépendance intellectuelle et morale des dirigeants de la République à l'Argent-Maître. Ne dit-on pas que c'est lui qui « fait » les élections ? Si cette idée me semble un peu réductrice, elle n'en révèle pas moins un fond de vérité, et l'on imagine pas un candidat, quel qu'il soit et à quelque scrutin qu'il se présente, qui puisse se passer de ce précieux allié, fût-il le meilleur orateur ou le plus fin des stratèges ès-élections. Le souci n'est pas, d'ailleurs, qu'il soit un allié mais trop souvent un tentateur et, bientôt, « le » maître, celui à qui l'on cède tout en croyant le maîtriser...
La corruption en politique est une réalité qu'il ne faut pas méconnaître. Que la République en soit autant la victime que l'inspiratrice ou l'instigatrice doit nous interpeller sur son incapacité notoire à la maîtriser, et cela depuis ses origines et malgré ses grands principes et sa vertu revendiquée : l'histoire de la Révolution, au travers de ses grandes figures, et en particulier celle de Danton, en est l'illustration éclairante mais pas vraiment satisfaisante sur le plan politique plus encore que moral.
La mission de la Monarchie « à la française », au jour de son inauguration, sera de rappeler la règle simple de l'honnêteté à ceux (et pour ceux) qui doivent servir le pays : non par « moralisme » mais pour incarner une exemplarité nécessaire aujourd'hui pour apparaître légitime et juste aux yeux des citoyens, et redonner crédibilité et autorité à l'action de l’État, qui en a bien besoin pour affronter nos temps incertains et les défis de demain... •
Nous avons évoqué, lundi dernier [27.02] le livre-événement de Marin de Viry, « Un Roi immédiatement » auquel Le Figaro - papier et éditions en ligne - avait fait largement écho, deux jours plus tôt [25.02]. Il ne s'agit pas d'une réflexion théorique : cet ouvrage est dicté par les circonstances que nous vivons, celles sur lesquelles, de son côté, Maxime Tandonnet a donné l'alarme, au fil de plusieurs articles dans la grande presse. Un titre les résume toutes : «Nous assistons à la décomposition de la Ve République ».
Un Roi immédiatement ? Les réactions ont suivi dans les commentaires de Lafautearousseau, plurielles, sous certains aspects. Mais toutes d'accord sur l'impératif institutionnel posé par Marin de Viry dcomme une sorte d'urgence.
Nous avons choisi de reprendre ces commentaires tels quels. Il pourraient ouvrir à de nouvelles réactions, rouvrir le débat ... LFAR
Commentaires
« Que l'exigence d'un roi pour maintenant soit ...impérativement proclamée !» Et si c'était possible dans tous les médias...Mais que ce le soit dans la volonté de l'amélioration de la démocratie constitutionnelle et parlementaire issue d'élections libres ! La présence du Roi, premier serviteur de son peuple, à l'écoute de ses besoins dans ses tournées officielles partout où le peuple travaille, souffre ou se réjouit, ferait bouger toutes les lignes. Les politiciens ambitieux et, pourquoi pas, compétents se préoccuperaient de proposer des programmes et ne chercheraient pas à obtenir la première place : elle serait toujours prise ! Je crains que ce ne soit pas encore pour demain....
Écrit par : NOEL 09h56 - lundi 27 février 2017
Un Roi immédiatement. Je n'ai pas encore lu le livre de Marin de Viry mais son titre qui claque comme un étendard dans la tempête, à lui seul me suffit et je souhaite que son écho résonne suffisamment fort pour qu'il interpelle les français, donne lieu à des réflexions inspirées chez ses lecteurs et à des débats publics et télévisés aussi nombreux que possibles. Car plus que jamais depuis la fondation de la 5éme République, la question royale mérite d'être posée dans son principe. Quant à son contenu, tous les conceptions et les débats sont souhaitables. Le Roi et la démocratie vont parfaitement de pair au 21ème siècle.
Écrit par : Gilbert CLARET 12h48 - lundi 27 février 2017
De fait, la question du régime est récurrente. Elle n'a jamais cessé d'être posée. La solution monarchique est alors celle qui est mise en avant, comme la plus naturelle à la France. Marin de Viry n'est pas n'importe qui. Il connaît la situation du pays et il est bien placé pour juger de la profondeur de la crise qu'il traverse. Il sait que la prochaine élection présidentielle ne résoudra rien ; que très probablement elle sera un coup pour rien. Alors s'impose un impératif : « un roi immédiatement ». Il se pourrait que nos idées soient appelées à progresser plus vite que nous ne pensons.
Écrit par : FABRE 14h45 - lundi 27 février 2017
Bonjour à tous un Roi immédiatement semble être une nécessité devant le cahot de' la campagne présidentielle et les incertitudes sur ce que demain nous réserve, alors Oui un Roi, mais pourquoi vouloir un Roi espagnol alors qu'à Paris et Dreux nous avons ce qu'il nous faut. On me dira, avec juste raison, que le temps de se disputer sur un prétendant n'est pas encore venu, mais méfiance tout peut aller très vite !! Amitiés du sud-ouest sous un beau soleil,
Écrit par : Cosacien 17h32 - lundi 27 février 2017
Mais qui a donc parlé d'un roi espagnol ? Nous avons en France la famille des Orléans, parfaitement légitime et restée constamment française. Pourquoi chercher ailleurs un Roi que nous avons sous la main ici, en France ?
Écrit par : Gilbert CLARET 19h20 - lundi 27 février 2017
Mais non, les Français n'accepteraient pas un roi qui serait étranger, même s'il a des papiers français. L'accent, les manières, sa vie même à l'étranger le rendraient littéralement impossible. Alors, vous avez raison.
Écrit par : BOB 18h28 - lundi 27 février 2017
La monarchie active - je ne parle pas des monarchies décoratives - est la seule solution politique saine. Mais il n'est pas sûr que la France ait encore en elle ce qu'il faut de sang, de force et de volonté pour une telle renaissance. C'est une nation exsangue, épuisée, égarée, qui se regarde mourir.
Écrit par : éric 20h14 - lundi 27 février 2017
Marin de Viry : « Après 30 ans d'antifascisme, Le Pen aux portes du pouvoir. Bravo les gars ! »
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