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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1234

  • Maurras et le Fascisme [3]

    « Imaginons que Mussolini ait eu la prudence de Franco ...»

     

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Maurras se gardait bien d’hypothéquer l’avenir. Il préférait conseiller la mesure, alors qu’il en était temps encore. « La solution, donnée par Mussolini, à la question scolaire a limité l’action de l’État aux groupes d’éducation civique et militaire. La liberté de l’école paraît devoir rester intacte tant au point de vue religieux qu’au point de vue moral. L’envoyé du Temps à Rome, M. Gentizon, semble croire que cette solution mesurée sera intenable et que le dictateur sera conduit à usurper de plus en plus l’autonomie des consciences et la liberté des âmes. Nous en sommes moins sûrs que lui. La logique formelle est une chose, la politique réaliste en est une autre. Un homme énergique sait marquer le point au-delà duquel il ne se laissera pas entraîner et sa volonté peut parfaitement suffire à le maintenir dans les confins qu’il s’est donnés. » 

    En fait, Mussolini ne s’abandonnera à la pente logique de son système intellectuel que sur le tard, quand les « démocraties », l’y contraindront, en liant son destin à celui d’Hitler. Le Führer saura profiter de leurs fautes. Se présentant modestement comme son disciple, il le conduira à l’imiter. Au départ cependant, le totalitarisme n’était qu’une possibilité parmi d’autres du fascisme italien. Une possibilité cependant, Maurras là-dessus ne cessera de dénoncer l’erreur mortelle que portait, en germe, le fascisme. 

    Charles_Maurras_4.jpgC’est ainsi que le 12 juin 1932, il s’élevait contre une déclaration de Mussolini selon laquelle « en dehors de l’État, rien de ce qui est humain ou spirituel n’a une valeur quelconque ». Maurras appelait cela un délire. « Même en confondant État et Nation, État et Société, il y a dans la vie des personnes humaines quelque chose qui y échappe en soi. Quelque grande part que l’État ainsi compris puisse prendre à l’engendrer, à la défendre ou à la soutenir, cette valeur existe en fait, il est aussi vain de prétendre qu’elle n’est rien que d’y sacrifier tout le reste. » 

    Ce qui conduisait Maurras à définir très exactement par quoi le fascisme se rapprochait du nationalisme intégral et par quoi il s’en séparait. « Il est très important de fortifier l’État. On ne le fortifie bien qu’en le concentrant et en laissant les groupes sociaux intermédiaires faire des besognes qu’il ferait trop mal, quant à lui. C’est pourquoi nous ne sommes pas “ étatistes ” quelques imputations calomnieuses que l’on se soit permises à notre égard. Tels Français réfléchis qui admirent le plus l’effort et l’ordre fascistes font comme nous des réserves sur ce qu’il présente d’exagérément étatiste. Ils en font même un peu plus que nous. Nous avons dû expliquer parfois qu’un pays aussi récemment unifié que l’Italie est tenue de limiter certaines libertés locales et professionnelles. Mais cette condition ne joue pas dans le domaine religieux, puisque l’unité morale, l’unité mentale existent en Italie : le pays a été sauvé de la Réforme au XVIe siècle, et la prompte élimination des “ popolani  ” montre que ni le libéralisme, ni la démocratie n’y avaient poussé de fortes racines. » Ces pages sont d’autant plus fortes qu’elles furent écrites à un moment où l’Action française subissait les rigueurs d’une censure pontificale, depuis lors heureusement levée. 

    Maurras donc reconnaissait, comme un fait, que Mussolini, en abaissant le régime démocratique et en reconstruisant l’État, restituait à l’Italie sa force. 

    Il en tirait la conséquence que si la France persévérait dans ses mauvaises institutions, la force italienne se retournerait contre notre pays. Néanmoins, fidèle au vieux principe thomiste, qui veut que tout bien humain, lorsqu’il se prend pour l’unique nécessaire, se transforme en son contraire, Maurras avertissait Mussolini que la restauration de l’État, si elle n’était pas compensée au minimum par la liberté de l’Église, aboutirait à l’étatisme totalitaire. Ce qui conduirait l’Italie à l’aventure militaire, à la sclérose économique, au désordre spirituel. À terme, les bienfaits très réels apportés par le fascisme dans ses débuts, seraient gâchés, et l’Italie, un instant arrachée par Mussolini au chaos, serait jetée par lui dans un chaos pire. Ce qui est arrivé. 

    1447697259389.jpg--resistenza__morto_il_partigiano_lonati__sparo_lui_a_benito_mussolini_e_claretta_petacci.jpgLe nationaliste français qu’était Maurras savait trop qu’il y a autant de nationalismes que de nations pour porter d’emblée un jugement dogmatique sur les aspects de la doctrine fasciste qui lui répugnaient le plus. Le primat, par exemple, qu’elle donnait à l’action sur la pensée. Pour une part, le pragmatisme de Mussolini le rassurait plutôt. Il nourrissait l’espérance, nullement déraisonnable, qu’une France qui referait à temps sa force, équilibrerait l’Italie fasciste, l’empêchant de verser du côté de ses démons. Ce ne fut pas. Nous n’avons pas lieu de nous en réjouir. Imaginons que Mussolini ait eu la prudence de Franco. La menace communiste, qu’un moment le Duce avait su écarter de nos frontières, serait moins pressante aujourd’hui et l’avenir de l’Europe mieux assuré. 

    Mussolini a subi d’innombrables influences, mais pas celle de Maurras. Dans La Vie intellectuelle de mai 1929, M. Gaston Rabeau étudiant « La Philosophie du fascisme », le reconnaît avec une louable franchise. « Les Français, écrit-il, s’imaginent aisément que la politique mussolinienne ressemble à celle de M. Maurras. Question d’origine mise à part (elle ne vient sûrement pas d’Auguste Comte ou de Joseph de Maistre), elle nous paraît en différer absolument. » C’est qu’en effet il s’agit d’une « politique avant tout empiriste, d’un empirisme total, non pas de cet empirisme qui généralise des lois ». Le plus beau de l’histoire c’est que M. Rabeau, lumière de la démocratie-chrétienne, faisait un mérite à Mussolini de s’opposer ainsi à Maurras. Toute son étude est du reste imprégnée d’une surprenante sympathie à l’endroit du fascisme. Sur les points où celui-ci s’écartait trop manifestement de la doctrine sociale du catholicisme, le pieux exégète, pris de scrupule, affirmait son souci de ne pas « élargir un fossé qui est déjà trop profond ». À la même époque, La Vie catholique travaillait, rappelons-le, à élargir artificiellement le fossé qui séparait, ou paraissait séparer, l’Action française de l’Église !    (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

    Lire les article précédents ...

    Maurras et le Fascisme [1] - [2]

  • Mensonges d’État sur la faillite grecque et les dépenses publiques

     

    Par Marc Rousset   

     

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    Les contribuables européens ont versé 289 milliards d’euros de prêts à la Grèce lors de trois plans de sauvetage, la part française s’élevant à 40 milliards d’euros.

    La dette publique grecque s’élève à 180 % de son PIB et le système bancaire est en faillite puisque 98 milliards d’euros, soit 44,9 % des créances bancaires, sont douteuses.

    Le PIB grec a chuté de 23 % entre 2008 et 2017, tandis que le salaire minimum est passé de 794 à 684 euros, que les prix de l’immobilier ont brutalement chuté de 50 %, que les systèmes d’éducation et de santé se sont effrités, que les jeunes ne pensent qu’à quitter le pays, d’où une amélioration apparente d’un taux de chômage de seulement 20 %.

    Les créanciers de la Grèce (UE, BCE et FMI) ont usé d’un subterfuge honteux pour retarder, une fois encore, la faillite inéluctable de la Grèce. Ils ont repoussé de dix ans, à 2032 au lieu de 2022, la date à partir de laquelle la Grèce devra commencer à rembourser sa dette.

    584238439.pngEt que feront les mêmes larrons, de nouveau en 2031, les taux d’intérêt ayant monté entre-temps ? Ils repousseront encore, de nouveau, de dix ans la date de remboursement en affirmant que la Grèce n’est pas en faillite puisqu’elle n’a toujours pas de dette à rembourser ! Les informations sur la Grèce sont un mensonge d’État que l’infosphère, les blogs et les réseaux Internet doivent dénoncer avec force.

    L’Italie, c’est dix fois la Grèce, une situation économique, bancaire et financière catastrophique tandis que, depuis mars 2009, le Dow Jones et l’indice NASDAQ ont progressé respectivement de 300 et de 500 %, soit à un niveau plus élevé, respectivement, de 88 % et 55 % que celui d’avant la crise des « subprimes ». Mais pas un mot dans Le Monde ou Le Figaro pour mettre en garde les lecteurs sur un krach éventuel à venir.

    Nous croulons sous les mensonges d’un système décadent en faillite ! Le déficit public français est de l’ordre de 3 % alors qu’il est, en moyenne, de 0,7 % dans la zone euro. La France, avec 56,4 % des dépenses publiques par rapport à son PIB, est devenue le pays le plus dépensier du monde, alors que le joueur de flûte Macron, pendant sa campagne, s’était engagé à réduire les dépenses publiques d’au minimum 4 points de PIB, soit 100 milliards d’euros.

    La situation est dramatique puisque l’application complète du rapport CAP 22 nous ferait économiser à peine 30 milliards d’euros. La France, face à un déficit public de 59,7 milliards d’euros et de 67 milliards d’euros de sa balance commerciale, a besoin de réformes structurelles pour réduire la dépense publique, retrouver la compétitivité internationale et reprendre des parts de marché qui s’écroulent. Notre niveau de dépenses publiques est de 9 % supérieur à la moyenne dans la zone euro (où il est de 47 %). Le défi des dépenses publiques à réduire est donc, en réalité, de 200 milliards d’euros.

    La Cour des comptes sonne le tocsin pour les dépenses publiques, notre système fiscal est basé sur le foyer et non sur les ressources d’un individu, mais Macron, comme disait Pompidou, ne songe qu’à « emmerder » les Français avec le prélèvement inutile à la source. Le technocrate Macron n’a pas pensé à mensualiser le paiement de l’impôt, ce qui aurait été autrement plus simple et efficace.

    Selon l’Agence France Trésor, chaque augmentation à venir de 1 % des taux d’intérêt augmentera nos remboursements de 2,1 milliards d’euros la première année et de 6,9 milliards d’euros au bout de trois ans.

    Mentez, mentez comme un arracheur de dents jusqu’au jour où tout le monde sait que, comme dans la Pravda de l’URSS, le Système ment ! À la première perte subite de confiance, tout explose !   

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Maurras et le Fascisme [2]

     

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Un individu ne peut rien de durable ...

    Maurras entendait corriger le fascisme, ou le contenir, par le contrepoids de la force française.

    Le 18 avril 1926, il écrivait prophétiquement de Mussolini : 

    « Tiendra-t-il par la paix ? Sera-t-il réduit aux aventures de guerre ? Les difficultés ne lui font pas peur. Mais très souvent, c’est en poussant droit à l’obstacle qu’on arrive à le supprimer. On ne supprime pas la guerre en la niant ni en évitant de s’y préparer. Si le malheur voulait que, de complications coloniales en complications métropolitaines, d’incurie navale en impuissance maritime, nous fussions acculés à quelque lutte sanglante avec nos amis et alliés de 1915–1918, tous les torts ne seraient peut-être pas à ceux-ci. L’absurde campagne de presse que Léon Daudet a signalée avec éloquence fait vraiment rire de honte et de pitié, car enfin il suffirait à la France de maintenir les conditions essentielles de sa force pour devenir à peu près automatiquement, une alliée inévitable, une collaboratrice essentielle au développement de n’importe quelle puissance méditerranéenne. Les malheureux qui se plaignent des excès déclarés de la force italienne ne comprennent-ils pas que cela est fait, exactement, uniquement, de leurs folles déficiences ! Soyons nous-mêmes ; la plus magnifique et la plus naturelle combinaison d’essor latin obéirait à des communautés d’intérêts plus encore qu’à des communautés historiques. Notre faiblesse volontaire, systématique, renverse tout. Elle a opéré hier, en Abyssinie, la conjonction anglo-italienne ! Elle opérera demain la conjonction italo-allemande ! Pendant ce temps, nous avons la douleur de voir distribuer à des centaines de mille lecteurs français des papiers d’après lesquels, face au guerrier Mussolini, l’Allemagne ferait partie d’une constellation pacifique ! – l’Allemagne ! l’Allemagne ! »

    Il n’importait donc, selon Maurras, ni de nous fier aveuglement à ces communautés d’intérêts ou de culture que l’histoire et la géographie nouaient entre la France et l’Italie, ni de dénigrer, par système, le régime fasciste, mais plutôt de comprendre que l’incontestable redressement dont Mussolini était l’auteur, risquait, si nous n’y prenions garde, de créer une situation qui ne se dénouerait que par la guerre. « L’incident Renaudel » lui donnera l’occasion d’exprimer son angoisse. Le 22 juillet 1932, à Genève, lors d’une réunion de « l’Union interparlementaire » un député socialiste nommé Renaudel s’avisa d’opposer à un député fasciste que « dans un pays où il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de justice ». Les Italiens répliquèrent en criant : « À bas la France ». Dans L’Action française, du 24 juillet, Maurras entreprit de tirer la leçon de cet incident, « trois et quatre fois odieux : parce que le tort initial venait d’un homme officiellement inscrit dans la nation française et qui n’avait pas le droit de la figurer ; parce qu’il a été répliqué à sa sottise par d’inadmissibles outrages ; parce que ces outrages n’ont pas été relevés avec une pertinente énergie ; enfin, et surtout, parce qu’une preuve nouvelle est donnée du déséquilibre matériel qui existe en Europe : d’une part, des populations dont la masse et l’élite, l’être réel et les figures officielles, sont également animés d’un vif sentiment de leur communauté historique, et d’autres populations, les nôtres, chez lesquelles ce sentiment, cette conscience, ce lien moral apparaissent pratiquement annulés tout au moins dans les sphères de leur pays légal. Il est impossible qu’un déséquilibre pareil n’amène pas à bref délai des malentendus, des désordres et des ruptures comparables à de véritables révolutions. Mais ces révolutions ou ruptures internationales ont un nom. Ce sont des guerres. Il y a la guerre quand celui qui a et qui tient, réputé pour ne pas tenir assez fermement, passe pour pouvoir être dépouillé sans grand effort. Or, la misérable pauvreté de notre moral, la médiocrité de nos défenses matérielles tentent, tentent beaucoup, tentent de plus en plus. Avant de céder à la tentation, on nous tâte d’abord sur notre fer, et ensuite en direction de nos membres et de notre cœur. Depuis quelques saisons, il semble que ces petites épreuves de résistance ne se comptent plus. » 

    b261e4befddf5e157566b7d7b19dfa9f.jpgCes textes datent de 1926 et de 1932, une époque donc où Hitler n’avait pas encore conquis le pouvoir. Ainsi, Maurras, bien loin de céder à une impulsion idéologique en faveur du fascisme, tirait, de la considération de sa force, la nécessité plus urgente de la force française. Ce qui était la seule manière de maintenir la paix. Attitude toute empirique, qui s’exprime fort bien, à l’occasion du voyage qu’il fit à Palerme pour assister aux obsèques, en 1926, du duc Philippe d’Orléans (photo). « En Italie, écrivait-il alors, j’ai regardé tant que j’ai pu. Avec défiance. Avec soin. Sans doute avec passion. Mais c’est à la mise en garde que je me suis appliqué avant tout. Il est si facile de se tromper en voyant ce que l’on veut voir ! Et l’ardeur de conclure, la promptitude à déchiffrer sont des faiblesses si naturelles de l’esprit humain. » 

    p6226_1.jpgLa défiance de Maurras à l’égard des préjugés, fussent-ils favorables, le conduisait certes à condamner les idéologues tels que Renaudel, qui dénigraient Mussolini à partir de principes abstraits, mais aussi bien ceux, de l’espèce opposée, qui louaient démesurément le Duce, sans tenir compte du fait qu’un individu ne peut rien de durable s’il ne s’appuie sur des institutions qui lui préexistent. (Photo : Victor-Emmanuel III). Le 17 mai 1928, il constate que « la vérité toute simple et toute crue est que Mussolini est extrêmement admiré en France. On l’estime pour sa vigueur, on l’admire pour la clarté et le réalisme de sa pensée. Ah ! si nous avions son pareil ! C’est la naïve idée courante. Ceux qui la formulent et qui la propagent innocemment ne se rendent pas compte qu’une action d’ordre et de progrès comme celle du fascisme italien suppose une base solide et stable, que la Monarchie seule fournit et qu’un certain degré d’aristocratie ou, si l’on veut, d’anti-démocratie doit encore la soutenir. » Réflexion que l’avenir vérifiera. Mussolini, par la fatalité de tout pouvoir totalitaire, s’abandonnera sans doute à la démesure, mais ce sera malgré la maison de Savoie. C’est elle qui interviendra au dernier instant pour le chasser, sauvant ainsi l’Italie d’un effondrement total. Grâce au souverain, qui en sera d’ailleurs bien mal récompensé, le maréchal Badoglio signera l’armistice et permettra la transition, empêchant, du même coup, les communistes de conquérir l’État. Dans les premiers temps, du reste, Mussolini avait été assez prudent pour respecter le pouvoir monarchique et l’autorité de l’Église. Les dernières années ne doivent pas faire méconnaître que l’Italie lui doit la signature des accords du Latran qui mettaient un terme heureux au conflit des deux Rome. Il était encore permis d’espérer, en 1928, que le Duce saurait se contenter du rôle de grand commis de la monarchie et que la gloire d’être le Richelieu de l’Italie lui suffirait.    (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

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    Maurras et le Fascisme [1]

  • Un grand intellectuel royaliste à connaître et faire connaître !

     

    Ci-dessous le lien vers la page Wikipédia. 

    Pierre Debray (écrivain) — Wikipédia 

    Et le lien vers Une politique pour l'an 2000

    Les leçons de Pierre Debray ... Retrouvez « Une politique pour l'an 2000 », 28 jours de lecture sur Lafautearousseau

  • Cent fois d'accord avec Zemmour sur « L'insoutenable légèreté des verts » : Ils sont « odieux » !

     

    2293089609.14.jpgA cette heure, sans-doute éviterons-nous Daniel Cohn-Bendit ministre. Mais quelle déchéance pour l'Etat, le Gouvernement, la fonction présidentielle ! Après la démission de Nicolas Hulot en direct sur France Inter, sans qu'il en ait avisé quiconque, nous aurons eu droit ce weekend au déballage médiatique de Daniel Cohn-Bendit lui-même, à son récit des propositions qui lui étaient faites pour succéder à Hulot, à l'étalage de ses états d'âme, à la confirmation (définitive ?) de son refus ... Quel luxe ! Nous n'aimons guère les mots excessifs et grandiloquents. (Toujours les mêmes !) Mais il s'agit-là d'une honte, d'un scandale dans l'Etat. D'une autre gravité que l'affaire Benalla qui a surtout excité les esprits superficiels. Que valent ces écologistes politiques ? C'est ce qu'explique ici Éric Zemmour avec qui nous sommes cent fois d'accord. [Figaro magazine de vendredi dernier] LFAR   

     

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    Le cimetière des éléphants écologistes est plein à craquer.

    Avant Nicolas Hulot, il y avait eu Cécile Duflot, Dominique Voynet, Antoine Waechter, Brice Lalonde. Et tant d'autres, dont les noms ont déjà été oubliés. Ministres démissionnaires ou virés, présidentiables lilliputiens, apparatchiks enfermés dans leurs combines de partis, ou idéalistes victimes de querelles picrocholines, les verts n'ont jamais réussi à s'imposer dans la vie politique française, alors même que leurs thématiques, au départ marginales, étaient reprises par tous.

    Leurs habitudes groupusculaires font ressembler leur vie partisane à un dinosaure de la IVe République. Leur manie gauchiste et égalitariste coupe toutes les têtes qui dépassent. Leur millénarisme exalté de secte les rend inaptes aux compromis de la politique. Hulot n'a jamais réussi à trouver sa place sous Macron, comme o-CECILE-DUFLOT-facebook.jpgDuflot (photo) n'avait pas réussi à s'entendre avec Valls, et comme Voynet avait passé sa vie gouvernementale à chouiner sous Jospin. Napoléon disait: «Je commande ou je me tais.» Les verts disent: «Je commande ou je pleurniche.»

    Les écologistes français ne s'entendent pas avec le «monde du business», a expliqué Hulot. Mais ils ne s'entendent pas non plus avec la technostructure nucléaire d'EDF, ni avec les agriculteurs utilisateurs de pesticides, ni avec les automobilistes qui veulent aller travailler, ni avec les amoureux des paysages qui refusent de les voir abîmés par les éoliennes.

    Les écologistes ne sont ni de droite ni de gauche. Ils sont contre la mondialisation capitaliste, dénoncent les traités de libre-échange avec l'Amérique du Nord ou le Japon, mais interdisent la fermeture des frontières aux migrants. Ils sont partisans du local pour les salades et du global pour les hommes. Ils exaltent le droit des peuples indiens à défendre leur identité en se fermant aux autres, mais traitent de fascistes et de racistes le peuple français ou ses voisins européens qui ont le même désir. Ils sont affolés à juste titre par l'exploitation excessive des ressources naturelles, mais se refusent à voir que la première raison en est l'explosion démographique sur la planète. Ils rejettent avec véhémence les expériences sur les animaux, mais approuvent celles sur les humains à l'image de la GPA. Ils défendent la dignité animale, mais ne disent mot de l'abattage rituel sans étourdissement pour ne pas être accusés d'islamophobie. Ils prétendent lutter contre les émanations de CO2, et vitupèrent le nucléaire, seule énergie pourtant décarbonée. Ils prétendent pouvoir gérer l'État, mais rejettent avec véhémence la nation. Leurs contradictions sont innombrables et finissent par les rendre inaudibles, incompréhensibles, odieux.  

    A lire dans Lafautearousseau ...

    La démission de Nicolas Hulot une catastrophe nationale ? Faut rire !

  • Maurras et le Fascisme [1]

     

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, dont nous commençons aujourd'hui la publication. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    L’essai que Paul Sérant consacre au « Romantisme fasciste »*  a sans doute le mérite de lever un tabou.

    Qu’on le veuille ou non, le fascisme s’inscrit dans l’histoire contemporaine et il importe d’en traiter objectivement, comme d’un fait. Paul Sérant expose le dossier. Il ne plaide, ni davantage ne requiert. Tant de sérénité surprendra et peut-être choquera. Elle n’a de sens que si l’on est persuadé, comme c’est le cas pour Paul Sérant, que le fascisme appartient à un passé désormais révolu. On ne parle avec tant de détachement que des morts. Je crois d’ailleurs que, sur ce point, Sérant se trompe, et que le fascisme demeurera, longtemps encore, la tentation permanente de l’Europe. 

    414Q7gWx7NL._SR600,315_PIWhiteStrip,BottomLeft,0,35_PIAmznPrime,BottomLeft,0,-5_PIStarRatingFOUR,BottomLeft,360,-6_SR600,315_SCLZZZZZZZ_.jpgD’ailleurs, le titre de l’ouvrage risque de provoquer quelques déceptions. Il fait attendre une étude générale du fascisme alors que Sérant ne traite que de l’œuvre politique de six écrivains de valeur, de valeur très inégale : Alphonse de Chateaubriant, Drieu la Rochelle, Brasillach, Céline, Abel Bonnard et Lucien Rebatet. Ce choix surprend. Abel Bonnard, Sérant le reconnaît lui-même, ne s’est jamais réclamé du fascisme, et pas davantage Céline. Par contre, on s’étonne qu’un doctrinaire tel que Marcel Déat, autrement représentatif, ait été négligé. C’est d’autant plus regrettable que Marcel Déat est le seul à avoir compris que le fascisme français sera jacobin ou ne sera pas, ce qui explique que les plus lucides des écrivains politiques fascistes de l’Occupation vinrent de la gauche plutôt que de la droite. Il est vrai que les transfuges de la droite apportaient le talent avec eux. Paul Sérant paraît avoir préféré le talent à la lucidité. C’est un tort quand on traite de l’histoire des idées. 

    Certes, ces transfuges de la droite ont tous, plus ou moins, fleureté avec l’Action française. De loin parfois, comme Drieu. « Sa première expérience, écrit Paul Sérant, fut celle de l’Action française. Mais tout en étant séduit par elle, il lui fut impossible d’y adhérer, sentant trop bien ce qui l’en séparait. “ D’abord je n’étais pas monarchiste. J’ai toujours méprisé les Orléans dont l’un vote la mort de Louis XVI et l’autre, l’ancien combattant de Jemmapes, finalement s’en va sans avoir su garder sa couronne. Je tiens aussi que le sens de la continuité du commandement n’est pas trop étroitement lié à l’institution monarchique ; en témoignent quelque peu Rome et l’Angleterre ” ». Et il ajoute qu’il détestait la politique étrangère de l’Action française. À l’inverse, Abel Bonnard « s’il fut monarchiste de conviction, il ne le fut pas totalement d’espérance. Faisant allusion à la réhabilitation des rois de France par certains historiens, il s’exprime en ces termes : “ En voyant ces fantômes couronnés s’assembler en silence autour du pays qui a existé par eux, on craint parfois de trop bien entendre ce que le destin veut nous dire ; mais parfois aussi nous penchons à croire que c’est là le gage d’une continuité retrouvée ; alors l’espérance ouvre un instant son aile pleine d’arc-en-ciel. ” ». « Nous sommes tout de même loin, conclut Paul Sérant, des affirmations péremptoires de Daudet et de Maurras sur le prochain retour du roi. » 

    821578-2201-6jpg.jpgSans doute, Brasillach et Rebatet (photo) apportèrent-ils, un moment, leur collaboration au quotidien. Cependant, Brasillach, ainsi que le rappelle Paul Sérant, n’a « jamais donné son adhésion aux formations de militants, à la Ligue d’Action française ou aux Camelots du roi ». De même, Rebatet écrit, en évoquant ces années : « Nous étions plusieurs aux alentours de l’Action française. » Aux alentours seulement. Quoiqu’il en soit, l’un et l’autre ne passèrent au fascisme qu’au prix d’une rupture complète avec Charles Maurras. On ne sait que trop de quelles injures Rebatet recouvrit dans Les Décombres celui qu’il appelait fallacieusement, en d’autres temps, son maître. Brasillach qui avait, sur le misérable, la supériorité d’avoir une âme, montra dans son éloignement plus de noblesse. « Sous l’Occupation, écrit Sérant, Maurras qui désapprouve formellement la politique de collaboration (celle du “ clan des ja ” qu’il réprouve au même titre que le “ clan des yes ”) ne peut plus aimer Brasillach ; lorsque celui-ci se rend à Lyon, devenu la résidence provisoire de l’Action française, il refuse de le recevoir. L’Occupation ne faisait que rendre évidente une divergence déjà sensible avant la guerre. » 

    Ce qui n’empêcha pas les tribunaux révolutionnaires de 1944 de reprocher à Maurras d’être responsable de l’erreur intellectuelle qui conduisit les « romantiques fascistes » à s’enrôler, par sympathie doctrinale, et peut-être, dans le cas de Rebatet, pour des raisons plus basses, dans le parti de l’occupant. Il faut louer Paul Sérant d’avoir, dans sa probité d’historien, fait justice de cette accusation partisane. Il convient, cependant, de n’en point rester là et de se demander pourquoi l’adhésion au fascisme, romantique ou pas, implique nécessairement une rupture avec l’école d’Action française. 

    Maurras et Mussolini

    2453482505_e778276906_o.jpgLors de la marche sur Rome (photo), Maurras avait sans doute de fortes raisons, des raisons françaises, de se féliciter de l’avènement du régime fasciste. Il ne faut pas oublier, en effet, que Mussolini avait rompu avec la social-démocratie italienne, dont le pacifisme dissimulait mal les sympathies allemandes, afin de mener campagne en faveur de l’entrée en guerre de son pays aux côtés du nôtre. C’était là un service qu’un nationaliste français n’avait pas le droit de méconnaître, d’autant qu’il permettait d’espérer, dans la mesure où notre diplomatie ferait preuve de sagesse, une entente durable entre deux pays que rapprochait tout à la fois leur communauté de culture et d’intérêts.

    Maurras ne cessera de combattre pour empêcher que, par haine idéologique du fascisme, nos dirigeants républicains ne jettent Mussolini dans une alliance contre nature avec le Reich hitlérien. Le Duce, ne l’oublions pas, se défiait des ambitions allemandes, au point que ce fut lui, qui, lors de l’assassinat du chancelier Dollfuss, empêcha l’annexion, par Hitler, de l’Autriche, en envoyant ses troupes sur le Brenner. Ce qui prouve assez combien Maurras était justifié de combattre, à l’occasion de l’affaire éthiopienne, l’absurde politique des sanctions, que commandait seule la jalousie britannique. 

    Non qu’il ne se défiât du principe d’aventure que portait, en lui, le fascisme.    (A suivre)

    * En 1959, chez Fasquelle.

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

  • Culture politique • Pierre Debray entre dans Wikipédia

     Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973]

     

     

    Debray les Baux 1973 - Copie.jpgUne page Wikipédia sur Pierre Debray

    Pierre Debray, auteur, journaliste et penseur royaliste très important des années 1950-2000, vient d'être créée par les soins du Café Histoire de Toulon. Cette page manquait. Elle pourra sans-doute être complétée, mais est désormais consultable. C'est un succès. 

    Pierre Debray retient particulièrement l'attention des Toulonnais. Le jeune groupe d'Action française de Toulon (Union Royaliste Provençale) vient en effet de créer un cercle sous son patronage, le Cercle Pierre Debray.

    Rappelons que Lafautearousseau a publié nombre de ses grands textes, notamment son étude magistrale Une politique pour l'an 2000. Et de nombreuses photos, discours, etc. 

    Ci-dessous le lien vers la page Wikipédia. 

    Pierre Debray (écrivain) — Wikipédia 

    Et vers Une politique pour l'an 2000

    Les leçons de Pierre Debray ... Retrouvez « Une politique pour l'an 2000 », 28 jours de lecture sur Lafautearousseau

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    Ce visuel n'est destiné qu'à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

     

     

  • Au patrimoine cinématographique • Diên Biên Phu, le film de Schœndœrffer

     

    Par Pierre Builly

    Diên Biên Phu, de Pierre Schœndœrffer (1992) 

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLa fin de l’Empire 

    Lorsque, dans bien longtemps, on demandera aux garçons et aux filles de France qui ont sept ans aujourd'hui s'ils conservent un souvenir de 2018, qui a vu la victoire française en Coupe du monde de football, la démission du Gouvernement de Nicolas Hulot et les évolutions nationales de plusieurs pays européens, je ne suis pas certain que beaucoup se rappelleront tout cela comme je me rappelle les pleurs de ma mère apprenant la chute de Dien Bien Phû.

    Nous n'y avions pourtant pas de proche, de cousin, de parent englué dans la boue des collines du Tonkin et si un de mes grands-pères avait été fonctionnaire des Postes à Hanoï, c'était avant la première guerre mondiale.

    La censure, mais aussi l'éloignement, l'indifférence ou l'hostilité à ce qui était perçu comme une guerre incompréhensible expliquent cette stupeur devant l'événement : on n'imaginait pas que nos soldats, appuyés par la logistique étasunienne, pussent être battus par un ennemi si exotique, fût-il aussi fortement aidé par l'Union soviétique et la Chine populaire. Stupeur et accablement du 7 mai 1954. Six mois après, c'était la Toussaint rouge en Algérie, le mitraillage du couple d'instituteurs Monnerot dans les Aurès. L'impuissance de la IVème République permettait tout.

    Donc, Dien Bien Phû ; et Diên Biên Phu, le film de Schœndœrffer ; si j'en fais la distinction, c'est à dessein, et comme le fait le réalisateur dans un des suppléments de l'édition DVD. Il ne faut pas voir dans le film une reconstitution historique qui s'efforcerait de reposer le contexte géopolitique, d'expliquer les tenants et aboutissants de la guerre d'Indochine (la sale guerre comme l'appelait le Parti Communiste qui faisait saboter par ses militants les armes destinées à l'Extrême-Orient), ni même de justifier ou d'accabler le choix de la position stratégique, pas davantage de relater le déroulement d'une bataille qui dura près de deux mois.

    pierre-schoendoerffer-9782271086082_0.jpgSchœndœrffer évoquant son film, dit Grâce à tous ces jeunes hommes, la guerre d'Indochine a bien su mourir. La partie raisonnable de mon cerveau ne peut ni comprendre, ni expliquer. La partie émotionnelle de mon cerveau peut y adhérer, y dessiner un sens comme il y a un sens aux grandes symphonies de Beethoven. Dès lors, ce montage parallèle de séquences entre les collines de Dien Bien Phû, aux noms de femmes choisis comme des nostalgies, Béatrice, Anne-Marie, Claudine, Éliane... et la touffeur civilisée d'Hanoï prend tout son sens.

    Hanoï, où l'on vit encore, d'apparence comme au doux temps des colonies, entre l'Opéra (copie en modèle réduit du Palais Garnier), le pont Paul Doumer, la cathédrale Saint-Joseph... Mélange, dans les rues toujours mouillées, des cyclo-pousse et des Traction Avant Citroën, bars à soldats, aventurières opiomanes, goût des Asiatiques pour le jeu poussé jusqu'à la folie, complets blancs des coloniaux, breuvages alcoolisés improbables... Toute la fascinante galerie de ce qui fut ce pays, étrange, intelligent, aussi impossible à être conquis par quiconque, Chinois, Français, Étasuniens, que ne l'est le farouche, sauvage et hideux Afghanistan...

    Donc, entre les collines inondées de pluie chaude et la capitale de l'Indochine, la ville fascinante qui touche mortellement au cœur ceux qui l'ont approchée, il y a cet aller-retour, peut-être un peu maladroit au début du film, mais qui prendra graduellement de la gravité, lorsque ces beaux soldats de fortune, qui se sont battus dans l'escadrille Normandie-Niemen, dans le Fezzan et sur le Rhin avec la 2ème DB, dans la plaine des Jarres (et, sûrement, pour beaucoup d'entre eux, dans la Guerre d'Espagne, ou sur le Front de l'Est, frères jadis ennemis réconciliés dans le culte de Legio, patria nostra), lorsque tous ces types de qualité auront été hachés dans l'enfer où ils se sont précipités.

    Ciels de suie, moussons lointaines, étouffement des hommes au fin fond des boyaux creusés dans les collines. Les esprits forts trouveront que tout cela est bien vieillot, et peut-être que Béatrice Vergnes (Ludmila Mikaël), musicienne virtuose et cousine du capitaine Jégu de Kerveguen (Patrick Catalifo) en fait trop dans la grâce fragile et séduisante. N'empêche que quand de son violon s'échappent les notes brillantes et désespérées du concerto que Georges Delerue a écrit magnifiquement pour Dien Bien Phû, on songe que ce n'est pas trop mal que la fin de ce monde ait eu lieu sur cette musique-là.    

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    DVD disponible autour de 10 €

  • Enracinement • Patriotisme

     

    par Claude Wallaert

     

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    L’espace politico-médiatique est envahi par la République et ses prétendues valeurs centrées sur un catalogue de principes abstraits dérivés de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.

    Essayez de dire à des jeunes gens de vingt à trente ans, même charmants et pleins de bonne volonté, que la République est un accident de l’histoire de France : presque à chaque fois, vous verrez leurs yeux s’emplir de réprobation stupéfaite. C’est qu’en effet, la République est la référence suprême de leur conscience politique, et la France n’est tout au plus qu’une entité géographique, fruit d’une histoire qu’en général ils ne connaissent pas ou très mal, par morceaux épars fortement teintés de pseudo-culture marxisante.

    Mais, fort heureusement, cette imprégnation néfaste des esprits n’est pas totalement victorieuse : il existe des agents « résistants » tels que les liens familiaux, l’expérience des aînés et, bien sûr, ce qui subsiste du socle chrétien de notre nation. Ce terreau bienfaisant nourrit en particulier un certain nombre de catégories professionnelles dont la raison d’être dépasse par essence le banal et vulgaire utilitarisme ; c’est le cas par exemple du personnel médical, des enseignants dévoués à leur tâche (si toutefois ils ne sont pas trop « idéologisés »), des militaires, de certaines associations… Sans oublier le paradoxal et mystérieux engagement des prêtres et des moines contemplatifs. En effet, l’activité de ces personnes favorise des rapports à autrui faits de compétence, de générosité, de capacité d’écoute, de don de soi, voire d’abnégation, dispositions essentiellement subversives par rapport à l’intellectualisme stérile du rousseauisme et aux spéculations du libéralisme marchand.

    L’émotion provoquée par la mort héroïque du colonel Beltrame est un signe patent de cette subversion bienfaisante ; « son sacrifice nous oblige », a dit Emmanuel Macron lui-même lors de son hommage prononcé aux Invalides. Nous oblige, comme « noblesse oblige ». Sacrifice qui réveille notre part de patrie, laissée plus ou moins endormie dans une chambre oubliée. Sacrifice qui, loin d’écraser, rend libre, car il est porteur de cette vérité qui donne du sens à la vie, fût-elle des plus ordinaires.

    Le chevalier d’Assas mourut à la bataille de Clostercamp, en 1760, pendant la guerre de Sept ans ; envoyé en reconnaissance à l’aube, il était accompagné par le sergent Dubois de sa compagnie du Régiment d’Auvergne ; surpris et cernés par l’avant-garde ennemie, ils sont menacés de mort s’ils donnent l’alerte ; et c’est le fameux cri : « À nous, Auvergne, c’est l’ennemi ! ». Le sergent est tué aussitôt. Blessé mortellement, le chevalier répéta plusieurs fois avant de succomber : « Enfants, ce n’ai pas moi qui ai crié, c’est Dubois. » Héroïsme de l’humble sergent, noble élégance de son chef.

    Dans cette histoire, comme dans celle du colonel Beltrame, la France est là, comme elle est présente dans la surnaturelle audace de Jeanne face à ses juges, dans l’extraordinaire abnégation du poilu de Verdun, et dans la vie secrète et donnée au sein des monastères ; cet héritage nous oblige en effet, et dans une dimension totalement absente de celui de la Révolution. 

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    Ce visuel n'est destiné qu'à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

     

     

  • Livres & Histoire • Jean Sévillia : « La famille royale en prison »


    Par Jean Sévillia

    Une recension à lire parue dans la dernière livraison du Figaro magazine [31.08]. Une remarquable leçon d'histoire

     

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    Trois jours après que les Tuileries eurent été prises d'assaut, en août 1792, la famille royale, déchue, était conduite au Temple.

    Elle devait y loger dans le donjon médiéval qui était inutilisé depuis des lustres.

    Dans ce lieu sinistre sont donc enfermés Louis XVI et Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, la soeur du roi, ainsi que les deux enfants royaux, Louis et sa soeur Marie-Thérèse.

    Le roi, la reine et Madame Elisabeth finiront sur l'échafaud, tandis que le petit Louis XVII, n'ayant pas résisté aux mauvais traitements, mourra de maladie et d'épuisement. Seule la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, remise aux Autrichiens au début du Directoire, survivra à la Révolution.

    Entre le 13 août 1792, date de l'incarcération des Bourbons au Temple, et le 19 décembre 1795, jour du départ de Marie-Thérèse, plus de trois années se sont écoulées. Un laps de temps plus long que la Convention, plus long que la dictature de Robespierre ou que la Terreur elle-même. La captivité de la famille royale forme par conséquent une séquence historique en soi, dotée d'une logique propre qui interagit avec le développement de la Révolution.

    C'est à analyser cette relation que s'est attaché Charles-Eloi Vial, un jeune historien dont les premiers travaux - une étude de la Cour à la fin de la monarchie et une biographie de Marie-Louise - étaient extrêmement prometteurs.

    534911836d0abb463780f58d8c9c9b04.jpgSur un sujet en apparence rebattu - qui ne connaît les adieux de Louis XVI à sa famille, le départ de Marie-Antoinette pour la Conciergerie ou le martyre de Louis XVII, scènes déchirantes qui ont eu le Temple pour cadre - l'auteur, recourant à des archives inexploitées, parvient encore une fois à offrir des perspectives nouvelles en reconstituant la vie des prisonniers royaux, mais également l'enjeu politique qu'ils ont représenté jusqu'au bout.

    Au-delà de leurs fautes personnelles, Louis XVI et les siens ont en effet été condamnés non pour ce qu'ils avaient fait, mais pour ce qu'ils étaient. Leur captivité a donc été le révélateur d'un système prêt à broyer tous les Français aspirant à la liberté. « Ce rapport entre l'intérieur et l'extérieur de la prison, souligne Charles-Eloi Vial, est essentiel à comprendre : la détention au Temple est l'envers de la Révolution. » Une remarquable leçon d'histoire.   

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    La Famille royale au Temple. Le remords de la Révolution, 1792-1795, de Charles-Eloi Vial, Perrin, 432 p., 25 €.  

  • Royautés • Copenhague, où Emmanuel et Brigitte Macron rencontrent une reine « pour de vrai ». Et le couple héritier ... 

    Emmanuel et Brigitte Macron, S.M. la reine Marghrete II

     

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    Danemark : Dédié aux royalistes qui croient que les monarchies nordiques ne servent à rien

     Chronique d’une Saint Sylvestre au royaume du Danemark

    Panique au royaume de Danemark, après que la Reine a déclaré refuser le modèle multiculturel40410423_762783667393550_2502241916515516416_o.jpg

    Emmanuel et Brigitte Macron en compagnie du couple héritier du royaume de Danemark ...

  • Cinéma • Alpha

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche, Alpha, un film d’aventure américain d’Albert Hughes, avec Kodi Smit-McPhee (Keda).

     

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    Pour fêter le départ en vacances de notre M. Hulot, cette histoire de chasse tombait à pic comme ces bisons que poursuivaient nos ancêtres d’il y a 20 000 ans, et ce malheureux Keda.

    L’histoire, qui se veut bêtement – c’est le cas de le dire - la Genèse du chien, est cousue de fil blanc, pleine d’invraisemblances, mais riche des grands espaces qui manquent au Dogman, le huis clos, lui aussi canin, vu la veille.

    La violence y est différente, celle de la chasse et de la préhistoire, finalement « en même temps » plus et moins animale, mais le regard d’Alpha rappelle celui des clients du toiletteur.

    Whıte-Fang-2-770x426.jpgC’est en quelque sorte un nouveau Croc-Blanc (photo) pour jeunes adolescents qui ne seraient pas trop sensibles, en tout cas une belle histoire de volonté et de fidélité, un film sain dans un monde brutal qui n’est pas de brutes.

    Nous avons d’ailleurs un bon souvenir du Livre d’Éli, du même réalisateur avec son frère Allen.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.