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Actualité Europe - Page 43

  • La Catalogne, depuis les Rois Catholiques, soit depuis le XVe siècle, n'a jamais cessé d'être espagnole

     Le palais de la Généralité, place Sant Jaume à Barcelone

     

    En deux mots.jpgQue se passera-t-il aujourd'hui en Catalogne ? Que va-t-il sortir des élections décidées par Madrid pour mettre un terme au psychodrame indépendantiste ? 

    On dit le scrutin incertain ; on prédit, entre candidats unionistes et indépendantistes un résultat « serré » qui peut-être ne décidera de rien, ne résoudra rien. Les sièges une fois attribués, quelles alliances vont-elles devoir se nouer, quelle coalition nécessairement hétéroclite ou même contre-nature va-t-elle se constituer pour former un gouvernement, élire un président ? Alchimie démocratique assez obscure, indigne et délétère ! Peut-on jouer aux dés l'avenir d'un peuple ? Quel que soit, ce soir, le résultat, il y a gros à parier que la partie perdante le contestera aussitôt. La démocratie ne transcende pas l'Histoire et les réalités. Il lui arrive de les mettre en péril ... 

    Il faut respecter le peuple catalan, attaché jusqu'à la déraison à ses traditions, sa langue, son identité. On se prend même à regretter que les Français n'aient pas fait preuve d'un semblable attachement, d'une même fidélité à eux-mêmes, à leurs pays et à la France. 

    L'une des spécialités des indépendantistes catalans est le travestissement de l'Histoire. Quoiqu'ils en disent, la Catalogne n'a jamais été indépendante. Avant le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon qui scella, il y a près de six siècles, l'unité de l'Espagne, la Catalogne appartenait, comme Valence et les Baléares, à la couronne d'Aragon. Jamais ensuite elle ne fut un Etat, jamais elle ne fut une nation indépendante. Elle aurait pu l'être et ne le fut pas. L'Histoire a tranché : l'Espagne a été un acteur majeur de l’histoire de l’Europe et au-delà ; la Catalogne, depuis les Rois Catholiques, soit depuis le XVe siècle, n'a jamais cessé d'être espagnole.  

    Comme le parlement britannique peut tout sauf changer un homme en femme, la démocratie quelle que soit son arithmétique, quels que soient ses résultats et ses combinaisons postélectorales, ne pourra empêcher que de toute façon la Catalogne, suivant une modalité qui lui est propre, soit et reste espagnole.  •

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  • Jean Sévillia sur le nouveau gouvernement autrichien : « Au centre de l'Europe, c'est une inflexion majeure. »

     

    En Autriche, le FPÖ, classé à l'extrême droite par les observateurs français, gouvernera avec les conservateurs de Sebastian Kurz. Pour Jean Sévillia, ce type de coalition est banal en Autriche. Jean Sévillia précise toutefois : « Critique sur la politique migratoire de l'Union européenne, et de l'Allemagne d'Angela Merkel en particulier, le nouveau chancelier d'Autriche partage la volonté des pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) de contrôler strictement leurs frontières au nom de leur souveraineté nationale. Au centre de l'Europe, c'est une inflexion majeure. » L'affaire est importante. [Figarovox, 19.12].  LFAR

     

    XVM374ace7c-f3ac-11e6-a80c-3dc5aaa52285-120x168.jpgSebastian Kurz, 31 ans, a prêté serment lundi à Vienne, signant l'arrivée au pouvoir d'une coalition formée par la droite et le FPÖ, le Parti de la liberté d'Autriche, classé par beaucoup à l'extrême droite. Ce cas de figure n'est pas inédit. Au début des années 2000, les conservateurs et le FPÖ avaient déjà été partenaires. Que faut-il retenir de cette première expérience ?

    Aux élections législatives d'octobre 1999, en effet, le FPÖ avait obtenu 27 % des suffrages, arrivant juste derrière les sociaux-démocrates et devançant de 400 voix seulement les conservateurs de l'ÖVP que menait alors le ministre des Affaires étrangères, Wolfgang Schüssel. Ce dernier, écartant l'idée de reconduire la grande coalition de son parti avec les sociaux-démocrates, coalition qui gouvernait l'Autriche depuis 1987, avait fait le choix, au terme de longues tractations, d'une coalition avec le FPÖ, ce parti qu'on qualifie de populiste, faute de terme plus approprié, mais que les Autrichiens ne classent pas à l'extrême droite. En février 2000, la formation du gouvernement de coalition entre les conservateurs de l'ÖVP et les populistes du FPÖ, sous la direction de Wolfgang Schüssel, devenu chancelier, allait décider les quatorze autres États membres de l'Union européenne à cesser toute rencontre bilatérale avec le gouvernement autrichien, à imposer des limitations à ses ambassadeurs et à retirer tout soutien européen aux candidats autrichiens à des postes au sein des organisations internationales. Cette politique de sanctions européennes, fortement encouragée par Jacques Chirac à l'Elysée, avait débouché sur un échec piteux. Elle avait dû être levée au bout de sept mois quand il avait bien fallu s'apercevoir que rien n'avait changé en Autriche, qui était restée un libre Etat démocratique, respectueux des droits de l'homme.

    A l'intérieur du pays, le résultat sera l'inverse de ce qui était escompté par l'Union européenne car même les Autrichiens de gauche, électeurs sociaux-démocrates, seront blessés dans leur fierté patriotique de voir traiter leur pays comme un paria. Pour le FPÖ, cette participation au pouvoir sera l'épreuve de vérité puisque des dissensions internes quant aux choix gouvernementaux provoqueront un effondrement du parti aux législatives anticipées de 2002, le FPÖ descendant à 10 % des voix, puis une scission, Jörg Haider, leader du FPÖ et partisan du maintien de la coalition avec l'ÖVP, formant au printemps 2005 un nouveau parti qui emmènera les ministres du FPÖ, mais pour quelques mois seulement puisque la coalition conservateurs-populistes éclatera tout début 2007.

    Pour répondre à votre question initiale, ce qu'il faut retenir de la première expérience de coalition entre les conservateurs et les populistes, qui a duré six années pleines, est que la mécanique institutionnelle autrichienne laisse le premier rôle au chancelier, qui a l'initiative et la vraie responsabilité du pouvoir. Ce fut le cas, de 2000 à 2006, avec le conservateur Wolfgang Schüssel qui imposait sa stratégie et son tempo à ses partenaires du FPÖ. Il n'en sera pas autrement avec Sebastian Kurz. L'autre réalité est que, dans l'exercice du pouvoir, les ministres populistes ont acquis une culture de gouvernement, ce qui les a parfois mis en contradiction avec leurs idées antérieures ou leur propre base électorale ou militante. Avant de poursuivre l'analogie pour aujourd'hui, observons ce qui va se passer maintenant.

    Non loin du palais présidentiel où se déroulait l'investiture du nouvel exécutif, plusieurs milliers de personnes manifestaient contre la participation du FPÖ au gouvernement, rassemblées derrière des banderoles proclamant « Les nazis dehors » ou « Mort au fascisme ». Ce type d'analogie historique a-t-elle un sens ?

    Rassembler 5500 personnes au centre de Vienne, capitale d'1,8 million d'habitants, derrière des drapeaux rouges et des banderoles d'antifas proclamant « No pasaran » ne signifie pas, en dépit de la complaisance des caméras de télévision, que les Autrichiens s'insurgent contre leur nouveau gouvernement. En démocratie, la légitimité provient des élections et du jeu constitutionnel. Je rappelle simplement que les conservateurs de l'ÖVP ont obtenu 31 % des voix aux élections législatives du 15 octobre dernier, et le FPÖ presque 26 % des voix. Après que Sebastian Kurz a été chargé de former le gouvernement par le président de la République, Alexander van der Bellen, un homme issu des Verts, les négociations en vue de la formation d'un cabinet se sont déroulées sur des enjeux publiquement affichés, de manière paritaire, selon les formes habituelles en Autriche. C'est donc dans le parfait respect des lois et de la Constitution autrichiennes que le gouvernement de Sebastian Kurz a été investi. Je rappelle encore que les sociaux-démocrates du SPÖ ont gouverné avec le FPÖ de 1983 à 1986, et gouvernent encore aujourd'hui avec lui dans deux diètes régionales, en Haute-Autriche et dans le Burgenland. En Autriche, encore une fois, le FPÖ n'est nullement classé à l'extrême droite, quoi qu'en pensent les médias français. La réalité politique est là, et non dans l'antifascisme d'opérette de quelques centaines d'étudiants et de bobos viennois.

    Heinz-Christian Strache, le leader du FPÖ et désormais vice-chancelier, aurait tout de même été proche des néonazis dans sa jeunesse ?

    Le néonazisme est interdit en Autriche, pays qui possède une des législations les plus sévères d'Europe en matière de répression du néonazisme et du négationnisme. Donc Strache n'a pas été proche des néonazis. Adolescent, il a peut-être été d'extrême droite, mais juge-t-on un homme de 48 ans sur les positions qu'il défendait à 18 ans ? En France, nous avons eu au cours des dernières décennies un certain nombre de hauts responsables politiques et de ministres qui, dans leur jeunesse, ont été membres d'Occident ou à l'inverse de mouvements trotskistes : fallait-il les enfermer dans cette étiquette ? Depuis qu'il a pris la tête du FPÖ, en 2005, et réunifié les deux partis populistes après la mort de Haider, en 2008, Heinz-Christian Strache a plutôt fait un sans-faute, rejetant les ambiguïtés dont aimait jouer Haider quant au national-socialisme, condamnant l'antisémitisme, se rapprochant d'Israël. En Autriche, même ses adversaires peinent à pointer ses « dérapages », sauf à considérer que la critique du fondamentalisme islamique soit un dérapage. Cela dit, Strache est à son tour au pied du mur. A part son mandat de député et la direction de son parti, il n'a jamais exercé de responsabilité politique effective autre que le ministère de la parole. Lui aussi va devoir prouver qu'il est capable de passer du discours à l'acte.

    Deux ministres du FPÖ ont été nommés à des postes régaliens à l'Intérieur et la Défense. Sebastian Kurz ne semblait pas y être contraint ?

    Un troisième ministère régalien très important, celui des Affaires étrangères, a été attribué à Karin Kneissl, qui n'est pas membre du FPÖ, mais a été choisie par lui. Cette femme de 52 ans, diplômée de l'université américaine de Georgetown et de l'ENA à Paris, spécialiste du Proche-Orient, parle l'arabe et l'hébreu. Il sera difficile de la faire passer pour une nationaliste au front bas… Pourquoi Kurz a-t-il consenti à donner des ministères régaliens au FPÖ ? Mais Schüssel en avait fait autant. Les Autrichiens ont une vision pragmatique de la politique, c'est tout. Dès lors qu'il y a coalition, il y a partage des fonctions et des compétences. Mais encore une fois, le maître du jeu, au sein du gouvernement, restera le chancelier.

    Le rapprochement entre les conservateurs et le FPÖ en Autriche est-il symptomatique d'une droitisation en Europe ?

    Je ne sais pas si le terme de « droitisation » est le bon, mais il est certain que, face à un certain nombre de défis qui sont posés à l'Europe, à toute l'Europe, la nouvelle coalition gouvernementale autrichienne veut répondre à des attentes de l'opinion en matière de sécurité nationale et de contrôle des flux migratoires.

    Kurz fait profession de foi européenne, et prendra personnellement en charge les questions européennes, enlevées au ministère des Affaires étrangères. Critique sur la politique migratoire de l'Union européenne, et de l'Allemagne d'Angela Merkel en particulier, le nouveau chancelier d'Autriche partage la volonté des pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) de contrôler strictement leurs frontières au nom de leur souveraineté nationale. Au centre de l'Europe, c'est une inflexion majeure.

    L'Autriche peut-elle être un laboratoire politique pour d'autres pays, notamment la France ?

    Il y faudrait une révolution culturelle et un long chemin… Les Autrichiens, encore une fois, ont une conception beaucoup plus pragmatique de la politique, et sont habitués aux coalitions de gouvernement nationales ou régionales - conservateurs avec sociaux-démocrates, sociaux-démocrates avec populistes, conservateurs avec populistes - qui ne sont pas dans la pratique constitutionnelle de la Ve République. En France, malheureusement, il y a toujours un arrière-plan idéologique en politique, même quand on s'en défend. Notre histoire politique reste marquée en profondeur par l'expérience de la Révolution de 1789.   

    Journaliste, essayiste et historien, chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire, Jean Sévillia est un spécialiste de l'Autriche.

    Entretien par  Alexandre Devecchio 

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    En deux mots.jpgDans une Europe où les peuples sentent de plus en plus le sol se dérober sous leur pied, où monte partout une vague « populiste » surtout inquiète de perdre son identité, une autre politique européenne de la France pourrait bien s'imposer à court ou moyen terme comme une option nouvelle et salvifique. Il n'est pas sûr en effet que la France n'ait d'autre choix qu'entre le statu quo (berlino-bruxellois) et le Frexit ... 

    Sans-doute ne serait-il ni utile ni opportun de rompre à grand fracas le « couple franco-allemand » qui est depuis le traité de l'Elysée la base de notre politique européenne. Mais peut-être serait-il temps de prendre la mesure de son délabrement et de se préparer à y parer. Sur le plan des échanges économiques, chacun sait que le solde du commerce extérieur franco-allemand s'est excessivement déséquilibré en notre défaveur. Que ce soit en grande partie de notre faute ne change rien à l'affaire. Ces déficits pluriannuels récurrents ne pourront pas durer éternellement. Si la France avait une volonté industrielle et commerciale, elle s'attacherait sans tarder à redresser cette situation pour les résorber et revenir à moyen terme à l'équilibre. Ce serait au détriment du bénéfice que tire aujourd'hui l'économie allemande de nos échanges... 

    Quant à la politique migratoire de l'Allemagne structurellement liée à son effondrement démographique, elle lui a aliéné les pays de l'ancienne Mitteleuropa, le cœur battant du continent, et une partie de son propre peuple, inquiet lui aussi de perdre son identité germanique, comme nous, au profit de l'Islam. Angela Merkel vient d'en faire l'expérience, sinon mortelle pour l'instant, du moins amère.  

    L'Allemagne, notamment après que le monde communiste s'est décomposé, a toujours considéré ses voisins de l'Est comme ses prolongements, ses marches, pour ne pas employer de termes plus péjoratifs. Pays utiles à son industrie, surtout comme sous-traitants, à son commerce, à sa puissance et d'une certaine façon liés à elle par leur commun atlantisme et leur appartenance conjointe à l'Union Européenne. Union où, par ailleurs, s'exerce de facto l'évidente suprématie allemande.  

    Ce système clos est peut-être en train de s'éteindre pour différentes raisons convergentes. La principale est la renaissance d'un puissant sentiment national et identitaire de ces pays d'Europe centrale ou danubienne, ayant tous plus ou moins appartenu à l'empire austro-hongrois, puis, sauf l'Autriche qui en fut sauvée de justesse, au glacis soviétique : Autriche, Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie, sans aller plus à l'Est ou plus au Sud ... Ces nations qui ont sauvé leur âme du communisme dont elles ont subi le joug le long de près d'un demi-siècle tragique, n'entendent pas risquer à nouveau de la perdre du fait de la politique des institutions de Bruxelles et des exigences allemandes : accueil massif de migrants majoritairement africains et musulmans, imposition de quotas, politique et idéologie libérale-libertaire, multiculturaliste et diversitaire. Ces peuples refusent aujourd'hui de se voir imposer un modèle politique et sociétal à l'opposé de leur identité, de leurs aspirations et de leurs votes. Certes, leur refus de s'y plier est suivi de rappels à l'ordre, menaces de sanctions, leçons moralisantes, etc. mais pour l'instant sans effets sur eux. 

    Pourquoi la France au lieu de s'associer au concert des donneurs de leçons et des preneurs de sanctions, ne se rapprocherait-elle pas de ces Etats estimables entre tous ? Ce sont de longue date des pays amis qui forment au centre de l'Europe un bloc de cinq Etats et de soixante-dix millions d'habitants, avec une suite de capitales prestigieuses (Varsovie et Cracovie, Vienne, Bratislava, Budapest et Prague), d'indiscutables racines européennes, un immense capital de civilisation, celui que, précisément, ces Etats veulent préserver ? Oui, pourquoi la France en quelque manière ne se joindrait-elle pas à eux ? De par la nature des choses et de l'Histoire, elle y exercerait évidemment une sorte de prééminence. Du même coup, elle équilibrerait sans le rompre son partenariat trop inégal et trop exclusif avec l'Allemagne ...  

    XVM74092d9a-e190-11e7-9511-98d62490889b.jpgPourquoi pas, en effet, une initiative de la France envers les pays de Višegrad, plus l'Autriche qui vient de se doter d'un gouvernement de coalition des droites ? Une tournée du Chef de l'Etat dans les capitales de cette Europe-là, y compris Varsovie cette fois-ci, la réaffirmation des liens d'amitié séculaires qui les lient à la France, de notre soutien à leurs efforts de développement, de notre compréhension envers leur volonté de défense de leurs identités et de leurs patries respectives, constituerait sans nul doute de la part de la France non pas ce « repli sur soi » que dénonce Macron mais tout au contraire notre retour à une politique d'influence et d'ouverture pour une Europe des nations. 

    Faudrait-il redouter des sanctions ? Mais lesquelles donc ? L'Europe n'existe pas sans la France. Sans elle ce qui subsiste de l'U.E. après le départ britannique s'effondrerait. Son rapprochement avec Vienne, Bratislava, Budapest, Prague et Varsovie rendrait la chose plus improbable encore, d'autant qu'une telle politique ne serait sans-doute pas sans écho et sans adhésion à Sofia et à Bucarest où l'on n'entend pas non plus succomber aux flux migratoires... 

    En inaugurant cette politique, la France insufflerait à l'Europe une dimension nouvelle, celle qui lui fait défaut, celle des peuples, des nations, celle des retrouvailles avec sa civilisation profonde. Cette politique rendrait progressivement caduques des institutions artificielles, inutiles et faillies. Elle contribuerait à restaurer le politique et rendrait aux Etats leur rôle majeur.  

    Ci-dessus : vendredi 15 décembre à Bruxelles, MM. Macron et Morawiecki nouveau premier ministre polonais.

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  • Pourquoi le nouveau gouvernement autrichien peut changer la donne en Europe

     

    Par Ferenc Almássy

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCet intéressant article - écrit, pourrait-on dire, presque à chaud - est repris de Boulevard Voltaire où il est paru hier.  Certes, il ne nous apprend que peu de choses sur la formation du nouveau gouvernement autrichien. Son véritable mérite - qui est important -  nous paraît être de signaler - se référant au groupe de Visegrad - que l'événement est de nature à changer la donne en Europe. Comme la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie, l'Autriche devrait être désormais pour une Europe des Etats, des identités et des peuples. Notamment face à l'immigration et à l'Islam. Mais pas seulement : elle montre aussi l'exemple d'un pays qui se dote du gouvernement et, le cas échéant, des institutions de son choix, sans égard pour les leçons qui peuvent lui venir de Bruxelles et d'ailleurs. Si la France avait une politique étrangère, elle ne tarderait pas à se rapprocher de ce groupe de pays libres, plutôt que de poursuivre le rêve fédéraliste. Il n'est d'ailleurs pas impossible que l'évolution des réalités géopolitiques en cours et la vague populiste qui monte dans toute l'Europe, l'y conduisent volens nolens à plus ou moins court terme.  Lafautearousseau  

     

    33c079d1f7eedd6454fc631c7f7c631b.jpegConséquence rapide et directe de la calamiteuse gestion germanique de la crise des migrants de 2015, l’Allemagne et l’Autriche sont dans une phase très difficile de flottement politique. Mais vendredi, l’Autriche a mis un terme à son calvaire, qui s’est avéré être une mutation. L’Autriche a désormais – comme ça y est d’usage – un gouvernement de coalition, réunissant les conservateurs du ÖVP avec, cette fois, les nationaux-libéraux du FPÖ. Une coalition qui pourrait bien bouleverser la politique européenne.

    L’Autriche sort d’un an et demi de chaos politique, à cause du flux immense de clandestins arrivés depuis 2015, et du fait que la présidence a été remportée de justesse, il y a un an, par un candidat d’extrême-gauche suite à une élection reportée deux fois pour cause d’irrégularités. Le 15 octobre, l’ÖVP, le parti conservateur, de « droite traditionnelle », a gagné de justesse devant le FPÖ, qui se décrit comme national-libéral, et unanimement qualifié par la presse mondialiste comme étant « d’extrême droite », du fait de leur opposition à l’immigration incontrôlée, à l’implantation d’un islam politique en Autriche et en faveur de plus de liberté économique pour les entreprises, en particulier autrichiennes. 

    shutterstock_558686410-1000x660.jpgMalgré la pression morale constante et immense de la part de la presse dominante, la digue a cédé. Il faut dire que cette même presse avait été en faveur de l’afflux massif et incontrôlé d’étrangers dès le début de la crise de l’été 2015. Si le FPÖ n’est pas arrivé premier, il intègre pour autant le gouvernement – en récupérant notamment l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères ! – et impose certaines de ses lignes directrices, notamment sur les questions de l’islam, du rapport à la Russie – le FPÖ est un partenaire du parti de Poutine – ou encore concernant les aides sociales aux étrangers. 

    Sur la question migratoire, en revanche, nul besoin de négocier : l’ÖVP ayant fait peau neuve sous l’impulsion de Sebastian Kurz, le nouveau chancelier de tout juste 31 ans, les deux partis sont en accord. Au printemps 2017, Kurz a fait son 18 brumaire au sein du vieux parti habitué à gouverner en coalition avec la gauche. Il s’est arrogé des pouvoirs inédits au sein du parti et a durci le ton et le programme en rejetant en bloc l’immigration massive, en dénonçant l’islam politique et en tendant la main vers le groupe de Visegrád et le sulfureux Viktor Orbán. Par opportunisme politique ou par conviction sincère, la question se pose toujours lorsqu’il s’agit de politiciens agissant en démocratie. Mais les faits sont là : Kurz a sauvé l’ÖVP, au prix certes de l’accès partiel au pouvoir du FPÖ et de la légitimation de ses thèses. Mais si cela était voulu ?

    Si ce jeune politicien brillant n’avait cure des carcans moraux d’une génération sur le départ, responsable du chaos migratoire, de la mondialisation destructrice d’identités et de l’effacement de la souveraineté ? C’est une possibilité. Que le lecteur n’y voie aucun jeunisme. Mais du sang neuf est parfois nécessaire pour attaquer d’un bon pied ce qui s’annonce comme une nouvelle ère politique pour l’Europe : avec ce gouvernement autrichien en harmonie avec les rebelles du groupe de Visegrád, la balance commence à pencher de leur côté et les manipulations médiatiques n’arrivent plus à faire peur devant l’application couronnée de succès des politiques décriées.  

    Journaliste indépendant Basé en Hongrie, collaborateur au Visegrád Post et à TVLibertés

  • De la Catalogne à la Corse : vers l’éclatement des nations ?

    Ajaccio 

     

    Par François Marcilhac

     

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    L’heure serait-elle à l’éclatement des États-nations  ? Voire de toute structure politique un peu importante  ?

    Le moins qu’on puisse dire est que nos médias ne font pas dans le détail, en amalgamant des situations qui, pourtant, n’ont pas grand-chose à voir entre elles. Comparaison n’est pas raison, et faire des parallèles entre la Catalogne, l’Écosse, la Corse, la Nouvelle-Calédonie voire le Brexit peut se révéler extrêmement risqué, même si cela excite la curiosité de l’auditeur. Non, la Catalogne n’est pas à l’Espagne ce que la Corse est à la France ou l’Écosse au Royaume-Uni.

    Comparaison n’est pas raison

    Le Brexit, lui, ne traduit pas une volonté de rompre avec une unité politique fondée sur l’histoire, l’Europe ne s’étant jamais réalisée, ni même sérieusement pensée comme telle depuis 1957. Quant à la Nouvelle-Calédonie, l’irrédentisme d’une partie des Canaques a été, sur fond de sous-développement économique surtout de la province Nord que dirigent les séparatistes du FLNKS, savamment entretenu, dans un premier temps du moins, par ses puissants voisins anglo-saxons, désireux de voir la France chassée d’une partie du monde considérée comme leur zone exclusive d’influence, et encouragés en cela par… le pouvoir politique français lui-même (Mitterrand, au premier chef) au nom de l’idéologie anticolonialiste et d’une France faisant profil bas sur le plan géopolitique. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Dans le précédent numéro, Roch Cauvigny a montré comment la situation commençait d’évoluer. Fort heureusement, aujourd’hui, Valls, président de la mission parlementaire d’information sur l’avenir institutionnel de l’archipel, se voit plus en Clemenceau qu’en Mitterrand. Mais le Premier ministre, qui est venu, le week-end dernier, lancer l’année référendaire, sera-t-il à la hauteur  ? Faire profil bas serait la pire façon de chercher le consensus.

    Et que peut signifier ce lointain territoire pour Macron, qui veut enfermer la France dans les limites étroites d’une Europe sous hégémonie allemande à laquelle il veut abandonner notre politique extérieure, comme en Afrique – une Allemagne qui, soit dit en passant, ne cesse de l’humilier, comme l’a montré l’affaire du glyphosate, prorogé par l’Europe sur ordre de Merkel contre l’avis de Paris  ? Espérons seulement – mais ne rêvons pas trop – que nos compatriotes de l’océan Pacifique sentent le désir du pays légal de voir l’archipel rester français, ce qu’il est pleinement de par l’histoire, seul guide en la matière  : les séparatistes rêvent d’un État ethnique, voire racial, alors que, comme le rappelait Bainville, «  la France, c’est mieux qu’une race, c’est une nation  ». En ce sens, la Nouvelle-Calédonie est une France en miniature, puisqu’elle s’est prêtée, depuis notre arrivée, comme la métropole, «  à tous les échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées  ». D’autant que l’archipel n’est pas viable économiquement et que les investisseurs trouvent désormais urgent d’attendre… le résultat du référendum qui aura lieu à la fin de 2018.

    Quoi de commun, donc, entre la Catalogne, la Corse, l’Écosse, sinon que, face à l’instabilité toujours plus grande d’espaces géopolitiques et économiques mondialisés, qui se cherchent un nouvel équilibre – Carl Schmitt parlait de nomos –, les forces centrifuges demeurent minoritaires  ? Ce qui se vérifiera peut-être aussi, espérons-le du moins, pour la Nouvelle-Calédonie. Certes, les Corses ont voté «  nationaliste  », ce dimanche 3 décembre, au premier tour des élections territoriales visant à nommer leurs représentants à la toute nouvelle collectivité unique qui, regroupant les compétences de la région et des deux départements actuels, entrera en fonction le 1er janvier 2018  : la liste «  nationaliste  » Pé a Corsica (Pour la Corse), que l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni a conduite avec l’autonomiste Gilles Simeoni (un contrat de mandature les lie), est arrivée largement en tête avec plus de 45  % des voix. Les «  nationalistes  » avaient déjà remporté Bastia en 2014 et la région en 2015 et envoyé trois députés à l’Assemblée nationale aux législatives de juin dernier. Le second tour n’aura pas encore eu lieu à l’heure où paraîtront ces lignes, mais, même si les «  nationalistes  » ont profité de la large abstention du premier tour (quelque 52  %), décevante compte tenu de l’enjeu, les résultats définitifs, même avec un léger sursaut des électeurs – ou grâce à celui-ci –, devraient confirmer leur victoire  : les «  nationalistes  » dirigeront la nouvelle collectivité unique.

    L’indépendance dans dix ans  ?

    C’est pourquoi Talamoni a eu soin de rappeler au soir du premier tour qu’il ne souhaitait aucun processus d’indépendance avant dix ans, conformément au contrat de mandature  : il sait, et reconnaît d’ailleurs, que le courant indépendantiste est très minoritaire (les autonomistes, au premier tour des régionales de 2015, pour lequel ils n’avaient pas fait alliance avec les indépendantistes, avaient obtenu 2,5 fois plus de voix qu’eux). Aussi ne doit-il pas effrayer les électeurs pour le second tour, les Corses n’ayant voté aussi massivement pour les listes «  nationalistes  » que parce que les autonomistes y paraissent neutraliser les revendications indépendantistes, qui supposent du reste, pour être crédibles, que la Corse puisse acquérir une certaine autonomie économique et financière. Or le développement économique de l’île de Beauté, dont les anciens possesseurs génois ne s’étaient guère souciés, doit tout à ses relations avec le “continent”, un continent que les élites corses ont toujours considéré comme le complément naturel de l’île. Ce n’est pas demain que la Corse représentera 20  % du PIB de la France (comme la Catalogne pour l’Espagne). L’importance de l’emploi public le montre  : l’île, qui est pauvre, pour vivre et se développer, a besoin de la solidarité nationale.

    Il n’en reste pas moins que Talamoni a raison lorsqu’il prévient, à propos du résultat  : «  Il faudra que Paris le prenne en compte  !  » Et de rappeler déjà à Macron ses exigences  : la reconnaissance officielle de la langue corse, un statut de résident pour réserver l’immobilier aux Corses, l’amnistie des prisonniers «  politiques  », dont l’assassin Yvan Colonna. Les indépendantistes comptent, à terme, sur d’éventuelles fautes politiques de Paris pour décrédibiliser la voie autonomiste et radicaliser – le modèle catalan servant alors à leurs yeux – leurs objectifs. Pourtant, comme le remarque Gilles Simeoni  : «  le modèle catalan n’est pas applicable  ». Ni l’autonomie actuelle de la Catalogne, ni la puissance économique de cette généralité, ni le jusqu’au-boutisme d’un pays légal catalan qui se savait minoritaire et qui a voulu forcer le destin ne sont applicables à la Corse. D’ailleurs, il n’y a pas de modèle catalan… pour la Catalogne elle-même. Comment serait-il valable pour la Corse  ?

    Quand la République n’a plus les moyens d’imposer un jacobinisme asséchant, mâtiné d’intérêts bassement partisans, qui provoque un légitime rejet, elle brade… De la cause à l’effet. Toute son histoire tient dans ce mouvement de balancier, qui jure avec la patience de nos rois et leur respect de la diversité des peuples composant la France. Les «  nationalistes  » corses jouent sur l’incapacité de la République à avoir une juste conception de l’unité nationale pour promouvoir leur vision fantasmée de l’histoire,. Ils savent qu’elle est incapable de donner à la Corse un statut qui ne mette pas en cause son appartenance à la collectivité nationale tout en préservant l’identité de l’île. Une identité où joue à plein, également, la question de l’immigration, la conception du vivre-ensemble n’étant pas la même à Bastia et à Paris.    

  • Sommes-nous donc contre l'Europe ?

     

    « L’Europe, faites la mais ne faites pas comme si c'était fait » Charles Maurras 

    En deux mots.jpgSommes-nous, comme nous pourrions parfois le donner à croire par maladresse, antieuropéens ? Sommes-nous contre l'Europe ?  

    Nos positions ne doivent pas être des foucades. Nous devons être attentifs à leur formulation. Il faut distinguer les plans, ne pas ignorer les nuances qui s'imposent : elles peuvent être importantes.  Nous devons veiller à n'être ni apparaître comme des acteurs négatifs dans le spectre politique français ou comme des esprits simplistes, sectaires, psychorigides. Parce que nos volontés ni nos doctrines politiques ne nous conduisent vers rien de tout cela. 

    Dans l'affaire européenne, nous sommes carrément opposés à l'esprit de Bruxelles comme à sa réalité technocratique, niveleuse, en fait mondialiste, immigrationniste et multiculturaliste. Cette Europe-là a commencé par refuser de reconnaître ses racines, notamment, mais pas seulement, chrétiennes. Toutes ses racines nées de l'Histoire. Par-là, elle a rompu avec sa réalité. Elle a voulu se construire par dépassement et effacement des Etats-Nations alors qu'elle ne peut exister que par le concert des mêmes. D'origine, l'Europe au sens bruxellois a voulu se construire par l'économie, se définissant seulement comme un « marché ». En ignorant que l'argent n'unit pas. Il divise*. Conséquemment, l'U.E. a travaillé à rendre ce marché homogène, à l'unifier, et même le massifier en édictant un grand nombre de réglementations des plus tatillonnes.  Plus récemment, elle a voulu imposer l'accueil massif de migrants, obliger chaque Etat à des quotas réinventés pour la cause. Le rejet des peuples et de certains Etats courageux a suivi, fatal, d'un bout à l'autre d'une Union qui n'en est pas ou plus une. Ainsi l'un des principaux reproches que l'on peut adresser aux hommes et aux institutions qui ont eu la charge du projet européen est précisément d'avoir gâté cette grande idée, de l'avoir peu à peu discréditée aux yeux des peuples et d'avoir provoqué le rejet, voire le mépris, qu'aujourd'hui elle inspire. Peut-être pour longtemps. 

    Une autre Europe était et reste possible et nous n'avons pas à nous en dire « partisans » : nous en sommes, nous sentant profondément européens d'une Europe réelle, faite de ses différences, de ses peuples divers, de ses langues et de ses cultures, de sa riche palette de climats, de paysages et de mœurs, de son enracinement spirituel diversement mais partout majoritairement chrétien, de son patrimoine intellectuel, de ses scientifiques et de ses techniciens, de ses littératures et de ses arts, différenciés et formant pourtant une évidente communauté de civilisation, à défaut de constituer une unité politique. Par tradition, par héritage, par respect de l'Histoire, par sens et goût des traditions, des racines et des terroirs, par attachement au principe dynastique qui, au cours des siècles fondateurs a façonné l'Europe, uni tant de fois les familles princières du continent, relié leurs Etats et leurs peuples, les royalistes sont par essence européens. Peut-être plus naturellement, plus spontanément que d'autres.  

    C'est cette Europe-là que nous prônons. L'Europe des intérêts, économiques, sociaux et politiques n'a jamais cessé d'être divisée. Elle l’est aujourd’hui plus que jamais. Sans-doute par définition et pour longtemps. L'Europe communauté de civilisation, en revanche, à condition qu'elle s'éloigne de son tropisme de repentance et d'excessive autocritique, est une réalité qui n'a nul besoin d'une armada de technocrates pour exister. Les mêmes qui provoquaient déjà l'ire de De Gaulle autour de 1960 ...  Echanges scientifiques, universitaires, culturels, estudiantins, grands projets d'intérêt commun, grands travaux unificateurs du Continent, peuvent se réaliser sans eux. Le Conseil des chefs d'Etat, des gouvernements ou des ministres concernés y suffirait. 

    Cette Europe-là n’exclut pas une Union qui serait progressivement plus politique par la concertation institutionnalisée de ses Etats. Elle ne l'exclut pas, elle la précède et la conditionne.  

    La première de ces deux Europes d'esprit si opposé, est en train d’échouer. D'aucuns se demandent si elle n'est pas déjà morte sans le savoir. Rien en tout cas n'est certain de sa pérennité ni de sa capacité de résistance aux épreuves et au temps. Celle que nous appelons de nos vœux pour éloignée qu'elle soit de la doxa postmoderne a au moins pour bases de puissantes réalités sur lesquelles l'Europe de Bruxelles vient aujourd’hui se briser. Notre Europe a le mérite d'être, en plus d’une réalité, une espérance. •

    * Guerre fiscale intra-européenne

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Quand la Pologne se fait plus sociale que l'Union européenne

    Le prince Jean de France et le cardinal Dziwisz primat de Pologne devant le portait de Jean-Paul II à Cracovie

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1262631406.jpgJe suis toujours surpris de constater comment certaines informations, pas forcément négligeables, sont littéralement occultées dans notre pays, comme si elles dérangeaient l'ordre bien établi des idées reçues et de l'idéologie dominante. Ainsi, la décision de la Pologne de « supprimer le travail dominical » comme le titre, pour un court article, Le Figaro en pages économie, information qui ne peut laisser indifférent les royalistes sociaux, héritiers d'Albert de Mun, grand défenseur des ouvriers et promoteur infatigable du repos dominical combattu par les républicains libéraux et anticléricaux.

    Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la Pologne se fait remarquer par des décisions législatives qui prennent le contre-pied du libéralisme ambiant en Union européenne : il y a pratiquement un an, le même gouvernement polonais, considéré comme « conservateur » et « eurosceptique », a fait voter par le Parlement la retraite à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes, revenant sur la précédente réforme des retraites mise en place par l'actuel président du Conseil européen, le libéral Donald Tusk, qui avait reculé l'âge de la retraite à 67 ans en 2012. Si cela ne fait pas des monarchistes sociaux français des partisans des dirigeants polonais, fort peu sensibles à la question écologique et favorables aux formes actuelles d'un « travail détaché » qui permettent une concurrence déloyale en Europe de leurs entreprises, ces récentes mesures sur les retraites et sur la fin du travail dominical nous interpellent favorablement : d'ailleurs, ne faudrait-il pas plutôt évoquer le « repos dominical », formule plus sociale en elle-même qu'un travail du dimanche qui, partout où il est libéralisé, se banalise et se dévalue, financièrement parlant, après quelques années ? 

    La mesure adoptée par le Parlement polonais et souhaitée par le syndicat Solidarnosc, celui-là même qui a contribué à la fin de la dictature communiste dans les années 1980, n'est pas, pour autant, une mesure extrémiste puisqu'elle se mettra en place progressivement et qu'elle souffrira quelques exceptions légitimes, comme le signale Le Figaro économie du lundi 27 novembre : « A compter du 1er mars, les magasins seront ouverts seulement le premier et le dernier dimanche du mois et, à partir du 1er janvier 2019, le dernier dimanche seulement. En 2020, le commerce dominical sera supprimé sauf pour les stations-service, les gares, les boulangeries, les pâtisseries et la livraison des achats sur 2398242426.2.jpgInternet. » Sans doute faudrait-il ôter de cette liste le dernier élément qui ne me semble pas non plus indispensable mais l'idée générale est bonne et la décision prise par les députés polonais juste et éminemment sociale, même si elle ne sera sans doute pas immédiatement comprise d'une part de la jeunesse désormais habituée à une « immédiateté consommatrice » peu soucieuse du « partage familial ». Cette mesure s'inscrit néanmoins dans la nécessaire « dé-marchandisation » du temps qu'il me paraît utile de promouvoir, en rupture avec la logique de Benjamin Franklin, celle résumée par la célèbre et maudite formule « Le temps c'est de l'argent ».

    En somme, il ne serait pas inutile que les éléments de ce programme polonais puissent s'appliquer, avec toutes les particularités qui nous sont propres en tant que nation, à la France : cela serait juste et rappellerait que l'économie doit, d'abord, être au service des hommes au lieu que d'être le serviteur du seul argent... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Politique & Société • L’Europe, cette « Babel moderne » dont ils se félicitent !

     

    par François-Xavier Decrop
     
    Une réflexion étonnante et originale, une sorte d'exégèse érudite des textes bibliques - dans le détail desquels nous ne nous aventurerons pas - mais un cheminement intéressant qui conduit à une critique de fond de la Babel européomondialiste comme des sociétés postmodernes liquides et hors sol.  On lira ce texte avec intérêt en ce dimanche religieux ... Sans négliger son aspect politique et social [Causeur, 30.11] LFAR 
     

    Babel. Mon étonnement devant la puissance de ce verbe croît de jour en jour.

    Récemment sur les ondes, deux hommes politiques français qualifiaient – admiratifs – l’institution européenne de Bruxelles de « Babel moderne », carrefour de langues multiples et rencontre de cultures diverses… Ecoutant peu les médias, je donne à cette redondance valeur significative.

    « Dieu n’existe pas mais notre projet reste de le défier »

    Premier étonnement d’entendre des « leaders » politiques « progressistes » utiliser, pour qualifier le projet européen, ce terme biblique d’un âge où le religieux conduisait les hommes. 

    Puis surprise du contresens : Babel était au contraire la réitération d’un langage circulaire -« briquetons des briques… » – jugé par Dieu Lui-même comme une impasse. L’institution européenne serait-elle dans cette même fièvre écholalique, derrière la multiplicité des langages ?

    Cette invocation se référerait peut-être au sens couramment donné à cet épisode de « défi à Dieu » ? Étonnante persévérance : ce projet politique explicitement laïc, effaçant toute référence religieuse, serait donc de fait implicitement : « Dieu n’existe pas mais notre projet reste de le défier ».

    Le texte fondateur de notre civilisation judéo-chrétienne semble inconnu ou incompris d’une partie de nos élites dirigeantes. Il est très étonnant de croire pouvoir conduire les hommes vers l’a(d)venir en effaçant les étapes précédentes du chemin. Il est vrai que l’héritage oblige. Pour se libérer de toute dette envers ceux qui nous ont précédés, il suffit d’offenser leur mémoire au nom des violences passées, en oubliant de célébrer ceux qui, graduellement, ont construit ce monde de droit que nous avons reçu, par exemple en abolissant l’ignoble pratique de l’esclavage, contre tout intérêt et pratiques en vigueur, au nom de ce principe d’équivalence humaine hérité du monothéisme. Libre enfin des empêchements du passé, l’homme se rêve alors au centre d’un monde soumis à son emprise, et peut alors laisser cours à la tyrannie égotique de son cerveau reptilien. Les plus dénués de scrupules prennent alors les rênes du pouvoir sur un peuple indigné de son histoire. Mais où ces Tartuffes nous conduisent-ils ? L’étonnement se fait inquiétude.

    « Sur toute la terre, une seule lèvre, des paroles unies… »

    Pour qui persiste à penser ce monde et notre place dedans, il reste d’interroger ce texte, d’autant plus s’il se veut affranchi des rites, des chapelles et de dogmes, car notre culture s’est construite sur ce texte fondateur, et notre pensée s’est constituée par lui.  Alors, même si nous nous pensons « sortis du religieux », cette très particulière désacralisation du monde où il nous a conduits doit-être pensée à partir de lui.

    Que nous dit le récit biblique ? : « sur toute la terre, une seule lèvre, des paroles unies… » (..) « dans cette faille en terre de Shin’ar » où l’homme s’est installé, ils répètent en boucle, « briquetons des briques », et cette synergie de tous décuple la capacité de faire, d’agir sur le monde, sans aucune limite.

    Le Dieu créateur du monothéisme disperse alors les hommes « sur les faces de toute la terre », de peur que sinon «  rien n’empêche pour eux tout ce qu’ils préméditeront de faire ». Cette puissance synergique conférée par le langage mimétique est menaçante. Nullement pour Dieu Lui-même : quand on a créé le monde par son seul verbe, une tour hélicoïdale de quelques dizaines de mètres érigée par les hommes ne peut être une menace 1 !

    Si la solution « thérapeutique » a consisté en la dispersion de l’humanité « sur les faces de toute la terre », en « mêlant leur lèvre afin que l’homme n’entende plus la lèvre de son compagnon », c’est bien dans le langage que doit résider le problème. L’appropriation du langage par l’homme pourrait se fourvoyer dans des impasses. L’ « écholalie » mimétique en serait une. En quoi trahirait-elle le projet que le langage porte ?

    L’homme redescend les degrés de son hominescence

    Le langage est donné dans la « Genèse » comme puissance créatrice première de ce monde (« Dieu dit… » , « et la lumière fut… »). Cet exemple fondateur propose par cela à l’Homme un chemin d’être au monde. D‘abord celui-ci « crie » le nom des animaux, en connexion sans doute avec ses émotions primaires (faim pour le choux et la gazelle ?, peur pour le lion ?…), puis il nomme, dans le registre affectif décrivant l’absence : « Celle ci est Isha, car de Ish a été prise… ». Le langage désigne « en creux » ce qui manque, et devient symbolique. Une fois l’inventaire de ce qui l’entoure fait, et l’instance psychique affective préconsciente élaborée, la fonction cognitive lui permettra une description du monde décentrée de lui-même. Le langage scientifique tentera ensuite de décrire l’intime du réel, et d’approcher ce verbe créateur primordial que postule notre cosmogonie. Le langage est chemin d’être au monde pour l’homme, et sa dimension collective donne place à l’élaboration individuelle, créatrice de sens dans une re-présentation du monde qui s’élabore graduellement.

    Cette répétition mimétique est à la fois renoncement à cette tâche difficile d’élever son verbe au niveau du Verbe créateur, et disparition de la possible rencontre avec l’autre : l’individualité, comme l’altérité disparaissent, au profit d’un faire qui ne connaît plus de limites. L’Homme choisit alors la puissance sur les choses, mais renonce au travail sur lui même. Le langage n’est plus « être au monde » ni création. Devenu l’instrument du faire, l’homme  ne se construit plus, et ses instances psychiques affectives comme cognitives sont balayées au profit d’une pulsion d’emprise « reptilienne », plus petit dénominateur commun du psychisme humain. L’homme redescend alors les degrés de son hominescence, vers l’animalité sur laquelle il s’est construit, comme dans une spirale descendante symétrique de celle, montante, érigée de ses mains.

    Quels « sommets » visons-nous?

    Le siècle passé, avec ses « ismes » destructeurs – fascisme, communisme, nazisme – nous donne exemples de ce verbe circulaire mobilisant les foules, et détruisant par leur puissance de faire hommes et cultures.

    Sommes-nous à nouveau dans ce même mouvement collectif mimétique destructeur, où l’homme pourra tout, mais ne sera plus rien ? Allons-nous vers de nouveaux massacres, ou les influences de la « Davocratie » nous préparent-ils la diminution de l’homme décrite par Nietzsche dans son Zarathoustra  ?

    Cette mondialisation liberto-libérale qui s’impose aujourd’hui, réduisant le monde à sa dimension monétaire et faisant chemin de déconstruire ce qui nous a construit, en serait-il le dernier avatar, avec le psittacisme circulaire des médias et réseaux sociaux ? Sous l’affirmation individuelle auto-centrée de son cerveau reptilien, chacun usera-t-il de l’autre comme un objet au service de ses désirs, de l’assaut sexuel « Sofitelesque » à l’euthanasie de « ceux qui ne sont rien » (fétus, malades, vieux dépendants…), en passant par la location des ventres dans la GPA, « même chose que louer ses bras » ?

    « Lorsque le fascisme reviendra, il s’appellera lui-même antifascisme », a-t-on fait dire – à tort – à Churchill.

    Surprise majeure alors que de recevoir réponse à cette angoissante question de la bouche même des acteurs de cette « révolution » en cours. Ils  tentent de nommer cela même qu’ils font, et choisissent justement ce terme qui définit et condamne leur projet… BABEL !   

  • Avec ou sans Merkel, l'Allemagne ...

     

    En deux mots.jpgRien de ce qui se passe en Allemagne n'est sans conséquences pour la France et pour l'Europe. Ce fut le cas dans le passé et l'est toujours aujourd'hui.

    La stabilité politique allemande a été telle depuis l'après-guerre, que l'on avait sous-estimé les difficultés qui attendaient Angela Merkel après les élections de septembre en République fédérale, qui ont amené au Bundestag une majorité introuvable. Après 12 ans passés à la chancellerie sans que lui manque jamais le soutien de l'opinion, d'avis quasi unanime Angela Merkel était en bonne position pour égaler la longévité politique d'Helmut Kohl, chancelier pendant seize ans. L'on s'est trompé. L'Allemagne a changé.

    Les dernières élections ont modifié la donne, renversé l'équilibre usé établi par la chancelière et débouché sur une de ces crises politiques dont nul ne sait si elle sera rapidement surmontée par l'émergence in extremis d'une nouvelle coalition, voire par de nouvelles élections, ou si elle ira en s'amplifiant.

    On sait qu'Angela Merkel (CDU) gouvernait ces quatre dernières années en coalition avec les socialistes du SPD. Et que ces derniers sortant affaiblis des dernières élections - échec qu'ils attribuent à leur cohabitation minoritaire avec la CDU - ont signifié à Angela Merkel leur refus de participer à une nouvelle coalition CDU-SPD.

    Quant à la CDU elle-même, qui a réalisé comme le SPD, son plus bas score depuis 1949, elle apparaît désormais en déclin, Merkel en tête.

    Les 13% de voix et les 94 sièges au Bundestag obtenus par l'AfD sont surtout importants par la crainte qu'ils inspirent d'une poussée ultérieure de ce parti, et d’une tout autre ampleur. A cet égard l'opinion allemande - et européenne - a en tête des références historiques dont la seule évocation, fût-elle fort anachronique, inquiète le monde politique allemand.

    C'est donc avec les Verts écologistes immigrationnistes et avec les Libéraux qui pensent avoir tout à gagner à de nouvelles élections, qu'Angela Merkel a recherché une nouvelle coalition.  Faut-il s'étonner qu'elle ait échoué ?

    Son échec provisoire ou définitif est en effet plus intéressant dans ses causes que dans ses circonstances. Quelles sont-elles ? 

    Avec les Libéraux, qui pensent pouvoir amplifier leurs résultats en cas de nouvelles élections, ce sont donc, semble-t-il, surtout des considérations électorales qui ont bloqué les négociations pour une nouvelle coalition. Les libéraux n'en sont pas moins très critiques sur la gestion de la zone euro et très hostiles à tout effort de solidarité financière envers les pays du Sud.

    Réticents aux engagements financiers de l'Allemagne en Europe, ils représentent un courant largement répandu Outre-Rhin, qui, en gros, ne veut pas payer pour « les pays du Club Med ». La solidarité européenne n'est pas leur fort. Angela Merkel serait-elle plus généreuse ? 

    Avec les écologistes, le conflit vient des migrants. Les Verts prônent une politique de large regroupement familial et exigent l'accueil de toujours plus de réfugiés, fussent-ils simplement économiques. Or c'est notoirement de sa politique d'accueil des migrants que provient surtout l'affaiblissement de la CDU comme d'Angela Merkel et l'entrée en force d'AfD au Bundestag ... Sans compter que la CSU, l'aile bavaroise conservatrice de la CDU, est-elle aussi très opposée à l'arrivée massive de migrants, dont le land de Bavière a d'ailleurs été le premier à faire l'expérience de première ligne. De première victime.

    L'engagement européen d'Angela Merkel a-t-il joué en sa défaveur ? 

    Après le désastre politique, militaire et moral de 1945,  le projet européen a longtemps été pour le peuple allemand un moyen privilégié de réinsertion. Dans sa très grande majorité, ce projet il l'a partagé et l'a fait sien, comme une nécessité et, pour lui, comme une évidence.  Les Allemands se sont sentis Européens. D'autant plus aisément d'ailleurs qu'au fur et à mesure que leur sentiment de défaite, voire de culpabilité, s'éloignait, s'estompait, la renaissance puis la nette prééminence de l'économie allemande les y plaçaient de plus en plus en position de supériorité dominante. Comme une revanche sur l'Histoire, par une sorte de victoire économique compensatrice ... Ceci à deux remarques près. Primo, l'Allemagne a longtemps été plus atlantiste encore qu'européenne. A l'époque où cela se justifiait, pouvait se comprendre et, peut-être encore aujourd'hui, cela reste à voir. Secundo, elle a su saisir sans complexe l'occasion de précipiter sa réunification et de l'accomplir avec toute sa volonté et toute sa puissance. Son nationalisme ne s'était pas évanoui. 

    Les choses changent et évoluent aujourd'hui. L'Allemagne est réunifiée et riche de ses colossaux excédents. Mais elle est aussi face à la perspective de ses problèmes et de ses contradictions. Notamment son terrible déclin démographique. 

    Si l'Europe signifie désormais pour l'Allemagne solidarité financière avec les pays les plus pauvres du continent, elle se retrouvera probablement assez unanime pour mesurer ou refuser son concours. Avec ou sans Angela Merkel, le Bundestag et la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe - en charge de la défense des intérêts du peuple allemand - y veilleront scrupuleusement.

    Si l'Europe signifie d'autre part l'accueil et la répartition des migrants, l'unanimité sera moins large car le patronat allemand, petit ou grand, est désormais en difficile recherche de bras pour travailler, de préférence à bon marché. Mais comme en témoigne l'avancée de l'AfD, notamment dans les länder de l'Est, le sentiment anti-immigration grandit en Allemagne et avec lui un nouveau patriotisme décomplexé.

    Zemmour a raison d'expliquer qu'avec ou sans Merkel la puissance allemande restera inchangée. Dans l'un ou l'autre cas, l'Allemagne ne cédera rien de ses intérêts. Et si la politique européenne d'Emmanuel Macron persiste à se définir comme un fédéralisme, il nous paraît très probable qu'elle butera contre le mur de la ferme volonté de l'Allemagne de conserver pleine et entière sa souveraineté.   • 

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Éric Zemmour : « Pourquoi les difficultés d'Angela Merkel ne sont pas un drame »


    BILLET - La chancelière allemande ne parvient pas à forger une majorité parlementaire. Eric Zemmour décrypte, avec sa lucidité coutumière, les conséquences pour la France.[RTL 21.11].  Sur ce même sujet, on lira avec profit deux articles de Lafautearousseau : celui qui suit, Avec ou sans Merkel, l'Allemagne ..., et un second, en lien ci-dessous, Le couple franco-allemand s'éloigne ... Et l'Europe avec lui...  LFAR  

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    « La joie mauvaise ». C'est la traduction d'une expression allemande qui veut dire qu'on se réjouit de la peine du voisin. Un sentiment pas très moral, mais tellement humain. Exactement le sentiment que doit éprouver Emmanuel Macron. Officiellement, il reprendra à son compte la doxa dominante des médias français : la France souhaite qu'Angela Merkel sorte rapidement de ses difficultés, car le maintien de la chancelière est ce qu'il y a de mieux pour l'Allemagne et pour l'Europe.

    Mais au delà de ce baratin médiatico-diplomatique, Macron peut savourer l'instant. Une fois encore, il est servi par la chance. La chancelière, qui a écrasé - et souvent humilié - ses deux prédécesseurs, vacille. Elle est à terre, elle est fichue, elle est sortie du jeu. Et comme les Anglais sont partis, il ne reste qu’un seul grand pays debout pour diriger l'Europe : la France. Et la France, c'est Macron. 

    Éric Zemmour

    Lecture recommandée ...

    Le couple franco-allemand s'éloigne ... Et l'Europe avec lui ...

  • En Hongrie, les jeunes et les actifs ont choisi leur camp : anti-immigration

     

    Par Thomas Valmenier
     
    S'il y a une solidarité légitime entre les diverses jeunesses d'Europe qui ne veulent pas voir disparaître notre commune civilisation, elle s'exprime ici sous la plume d'un jeune Français animé de ce souci majeur [Boulevard Voltaire, 20.11]. Nous le partageons ici et y voyons une détermination encourageante. En toute amitié d'esprit.  Lafautearousseau
     

    a181347105435310cc67d2756611be2a.pngSelon un récent sondage, les 18-44 ans hongrois devraient voter à plus de 80 % pour des partis anti-immigration lors de leurs élections législatives en 2018.

    Ce sondage s’inscrit dans une continuité politique depuis 1998, date à laquelle Viktor Orbán, président du Fidesz, devient Premier ministre pour la première fois. Réélu en 2010, celui-ci œuvre pour faire passer la Hongrie avant l’Union européenne dans toutes les décisions qui concernent le territoire national. En particulier sur les questions d’immigration. En mars, le Parlement a d’ailleurs choisi de retourner à une politique d’asile encadrée, ce qui se traduit par l’interdiction de la libre circulation des demandeurs d’asile dans le pays. Il semblerait absurde qu’un demandeur ait les mêmes droits que celui qui a obtenu l’asile. En septembre, c’est le projet de grande consultation populaire contre le « plan Soros » qui a été lancé. Dans les jours qui viennent, les Hongrois seront amenés à se prononcer sur ce plan, détaillé en sept points argumentés pour cette consultation. 

    Si un gouvernement mène une certaine politique depuis plus de sept ans et que 80 % de la population sont prêts à appuyer cette politique par leur vote, il semble que la conclusion à laquelle il faille arriver et que le mode d’action et les décisions prises soient bons. 

    Ce qui est intéressant, c’est que ce sont les plus jeunes, c’est-à-dire l’avenir du pays, qui plébiscitent majoritairement une politique nationale et identitaire. C’est le sursaut des peuples qui refusent que d’autres choisissent pour eux. Ils refusent qu’un milliardaire né hongrois, émigré aux États-unis, ayant fait fortune par la spéculation, grand mécène d’organisations opaques telles que Human Rights Watch (organisme cité par tous les grands journaux français pour attaquer la politique hongroise), instigateur du chaos (afin d’en profiter par la suite pour faire plus d’argent), bref, un pourri, puisse du haut de sa fortune tirer les ficelles du monde.

    Cette jeunesse consciente des grands enjeux de notre siècle est un formidable espoir en comparaison avec nos 18-44 ans français, désintéressés de tout, surtout de l’essentiel. Décidément, en ce centenaire de Fátima, il devient de plus en plus évident que le salut viendra de l’Est !  

    Étudiant
  • Guerre fiscale intra-européenne 

     

    En deux mots.jpgL'on s'étonne et l'on s'inquiète ici et là de la guerre fiscale intra-européenne.

    Nous avons entendu il y a quelques jours un chroniqueur du service public s'en lamenter... C'est que l'on part du présupposé idéologique selon lequel les vieux peuples qui composent le continent n'existent plus et les nations sont dépassées ou affaiblies à la ressemblance de leurs gouvernements et de leurs Etats. Mais l'authentique faiblesse de ces dernières institutions, en France comme ailleurs, signifie-t-elle que les peuples eux aussi se sont évanouis dans l'air du temps, européiste ou mondialiste, et que leur fusion est consommée ? L'erreur ici est manifeste. Les peuples anciens peuvent survivre longtemps à la déchéance de leurs Etats et au naufrage d'une grande partie de leurs élites. 

    L'on se plaint que le Luxembourg, les Pays-Bas ou l'Irlande s'obstinent à être des paradis fiscaux, comme l'est aussi l'Angleterre elle-même - désormais hors de l'UE. Mais si ces pays pratiquent sans complexe le dumping fiscal, si l'on se donne tant de mal aux quatre coins de l'Europe pour offrir aux entreprises les impôts les plus faibles, si l'on joue à qui proposera les taux les plus attractifs, les taxes les plus basses, à qui attirera le plus d'entreprises sur son sol et, le cas échéant, le plus de particuliers ne rechignant pas à l'expatriation, n'est-ce pas simplement que chacun des vingt-sept pays membres de l'Union, continue bel et bien de penser d'abord à ses intérêts en propre ? Et à les défendre bec et ongles ? Comme les pêcheurs français et hollandais se font la guerre du poisson en mer du Nord. Comme les producteurs français de fruits et légumes s'opposent à l'activisme de leurs homologues espagnols qui nous envoient leurs sous-produits ... Comme la Belgique attire les grosses fortunes et le Portugal des retraités plus modestes. Etc. Ainsi selon qu'une entreprise s'installera en Irlande ou en France, elle devra acquitter son impôt sur les sociétés à 12,50% ou à 33%, à moins que ce ne soit 29% en Allemagne... Sans compter les niches fiscales diverses et variées que chaque Etat s'emploie à offrir aux entreprises comme aux particuliers pour les amener à soi au détriment de ses voisins. L'on a cru établir le grand marché européen, garantir la libre-concurrence, susciter la solidarité des peuples de l'Union en supprimant les barrières douanières et en ouvrant les frontières, mais elles se reforment et reviennent par où elles peuvent, et, en l'occurrence, par la fiscalité.  

    Alors on se résout en haut lieu à constater que la conscience d'un bien commun européen n'existe pas et l'on s'en désole comme si c'était une découverte...  

    Personnalites-historiques-accueil_782-1aa861216c.jpgA vrai dire, réduite à des querelles de boutiquiers, et, pis, à l'univers statistique des technocrates en charge de son avenir, il devient de plus en plus clair que jamais sans-doute, dans l'histoire de notre continent il n'y eut aussi peu de conscience européenne qu'aujourd'hui. 

    On a voulu faire l'Europe en commençant par l'économie. Ce fut l'erreur des pères fondateurs qui étaient démocrates-chrétiens... Et leurs lointains successeurs en sont quittes aujourd'hui pour une assez profonde et générale déconvenue.  L'argent n'unit pas. Il divise.   

     

    Photo ci-dessus : Monument à Scy-Chazelles (Moselle) en l'honneur des pères fondateurs avec, de gauche à droite : Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Jean Monnet et Konrad Adenauer

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • L’Italie, premier pays à risque financier et bancaire de la zone euro

     

    Par Marc Rousset

     

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    Les ratios financiers d’un trop grand nombre de banques moyennes italiennes sont préoccupants. Le gouvernement italien doit 432 milliards de fonds « Target 2 » à la BCE. La dette publique représente 132 % du PIB italien. La Lombardie et la Vénétie demandent une plus grande autonomie financière et l’instabilité politique approche en Italie avec le succès du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo.

    La plus ancienne banque du monde, la banque Monte dei Paschi di Siena, n’est toujours pas sortie d’affaire et vit peut-être ses derniers jours alors que le gouvernement italien a déjà injecté 3,85 milliards d’euros pour la maintenir en vie et a engagé 1,5 milliard supplémentaire pour protéger l’un des porteurs de dette junior de la banque. Et tout cela dans le contexte d’un plan de sauvetage de la banque avec le licenciement de 5.500 personnes, la fermeture de 600 agences d’ici 2021, le transfert d’actifs non stratégiques et de prêts non performants hors de la banque toscane pour la modique somme de 28,6 milliards d’euros.

    L’Association des banques italiennes confirme que les banques recapitalisées à hauteur de 60 milliards d’euros ces dernières années peinent à renforcer leurs fonds propres. Toutes les raisons ci-dessus mentionnées et le sauvetage des deux plus grandes banques de Vénétie, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, font craindre la disparition, au minimum, d’une dizaine d’établissements dans la tourmente italienne, l’État italien accordant parfois des prêts garantis mais ne voulant surtout pas entrer au capital beaucoup trop risqué des banques.

    Il n’y a pas que les entreprises et les investisseurs qui perdent confiance dans le système bancaire italien. C’est également le cas des particuliers. Seulement 16 % des Italiens font confiance à leur banque, selon un sondage réalisé par le groupe SWG de Trieste.

    Fin octobre 2017, le gouvernement italien, suite à la très généreuse politique de rachat de titres par la BCE, a été encore capable d’émettre 2,5 milliards d’obligations sur dix ans au taux miraculeux de 1,86 %, mais quel taux l’Italie devra-t-elle bientôt accepter à partir de 2018, en raison de l’atteinte des quotas maxima italiens dans les livres de la BCE et du changement de politique de l’institution francfortoise ?

    Quant à l’Union bancaire de l’Union européenne, on en parle beaucoup, mais elle n’est pas du tout achevée et n’a pas les moyens financiers suffisants pour assurer un véritable filet de sécurité en cas de crise grave dans un pays important. Le PIB de l’Italie (1.850 milliards d’euros) n’est pas très éloigné de celui de la France et représente neuf fois celui de la Grèce (194 milliards d’euros).

    Sur le plan politique, la situation risque de devenir rapidement très instable. Le Partito Democratico de Matteo Renzi, avec seulement 24 % des voix, est en train de s’écrouler face à la montée des partis populistes, nationalistes, souverainistes, antilibéraux de gauche. Le Mouvement 5 étoiles, de Beppe Grillo, dépasse le PD de 5 % des voix avec un score probable de 29 % et exige un référendum sur l’appartenance à l’euro si l’Allemagne refuse la mutualisation des dettes. Forza Italia, de Silvio Berlusconi, et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, soit ensemble 15 % des votes, estiment que l’euro est surévalué pour l’économie italienne et demandent l’instauration de l’euro monnaie commune qui permettrait la dévaluation de la monnaie nationale, en lieu et place de l’euro monnaie unique. Ces trois blocs politiques au Parlement italien seront incapables de constituer une majorité stable, encore moins que la coalition Jamaïque de madame Merkel, qui a du plomb dans l’aile.

    Il apparaît que le système financier et la zone euro godillent dans le monde avec de très fragiles esquifs entre de trop nombreux récifs. Il serait surprenant qu’une voie d’eau n’apparaisse pas un jour quelque part pour l’un d’entre eux. Malheureusement, toutes ces fragiles embarcations sont interconnectées. En 1929, la faillite du Kreditanstalt à Vienne donna le signal d’un écroulement bancaire en chaîne dans le monde. En 2018 ou dans un très proche avenir, suite aux premiers effets du ralentissement de l’assouplissement quantitatif de la BCE, le signal de déclenchement d’un krach bancaire et financier mondial pourrait bien être donné par une banque italienne.   

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • On a tout à perdre à mépriser les États et les nations, à les tenir pour dépassés ...

    Barcelone, palais de la Généralité, place Sant Jaume

      

    En deux mots.jpgS'il y a une leçon française de l'exemple catalan, c'est que le politique est hautement conditionné, limité, voire défié par des réalités sociales profondes, antérieures, venues de temps très anciens, qui activent les passions des hommes et suscitent leurs actions, bonnes ou mauvaises, traditionnelles ou subversives ; que les États, les gouvernements, les constitutions, les formules procédurales, ne sont pas tout-puissants ; que la pratique démocratique telle qu'elle est conçue de nos jours, peut même avoir des effets très pervers ; que tout cet attirail ne suffit pas en soi-même à donner à volonté forme et cohésion à une société, ou à la modifier à son gré.  

    C'est en se fondant sur une société catalane très identitaire, de longue date préexistante (en vérité au moins depuis le Moyen-Âge), sur une volonté forte et partagée de défense de sa langue, de sa culture et de ses mœurs, c'est en somme par la culture - les familles, l'école, l'université, les médias, les milieux intellectuels - que les indépendantistes catalans de droite et de gauche ont pris peu à peu le pouvoir en Catalogne. Et in fine le seul qui soit décisif qu'ils viennent de perdre : le pouvoir politique. Cette chronologie n'infirme pas le politique d'abord maurrassien : elle montre ses limites, les conditions et la temporalité - variables - de son application.  

    Les séparatistes viennent de perdre le pouvoir politique en Catalogne et c'est heureux. Mais le catalanisme lui survivra longtemps encore. Soit sous la forme persistante de l'indépendantisme, soit, si son équipée tragi-comique aura servi de leçon, fût-elle amère, comme composante de la nation espagnole. Nation de nations si l'on sait à Madrid comme à Barcelone, respecter des réalités qui, de toute façon, ne s'effacent pas.  

    Le cas pourrait être médité à bien des égards en France et en Europe. Par exemple s'agissant de notre politique d'immigration, qui aujourd'hui fracture gravement et de plus en plus notre société. Ou s'agissant des velléités fédéralistes de certains en matière européenne. En particulier celles que nourrit le président Macron. L'exemple hispano-catalan nous montre qu'on a tout à perdre à mépriser les États et les nations, à les tenir pour dépassés. 

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