Que cache l’affaire Eric Fournier ?
Hongrie : L'ambassadeur de France décoré de la Grande-Croix de l'ordre du Mérite
Par Pierre de Meuse

Le président Macron a cru bon de faire une déclaration officielle condamnant une dépêche diplomatique confidentielle adressée à la direction de l'Union européenne du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères français et à la Présidence de la république.
Dans cette note, l’ambassadeur de France en Hongrie, Eric Fournier, 59 ans, en poste depuis 2015, faisait le point sur la situation dans le pays où il est accrédité pour le compte de ses supérieurs. Rien d‘autre que son travail, en somme, surtout qu’il devait quitter Budapest à la mi-juillet, et qu’il est d’usage qu’un chef de mission fasse un rapport de clôture avant de partir vers d’autres fonctions. Cette dépêche datée du 18 juin informait le gouvernement français sur l’état de l’opinion hongroise à propos de la politique de Viktor Orban, son premier ministre. Il y explique l’appui très majoritaire des Magyars à la construction du mur construit par le gouvernement pour barrer le passage à l’afflux des migrants clandestins. Il conseille aussi à ses mandants de ne pas se montrer trop crédules à l’égard des médias français, qui se montrent, selon lui, partiaux au point d’être souvent accusés de « magyarophobie » par des proches du gouvernement Orban. Les Hongrois sont également reconnaissants envers leur dirigeant pour sa politique économique et sa gestion de l’ordre public : en effet la croissance hongroise est 3 fois supérieure à la croissance française, la Hongrie bénéficiant du plein emploi, et les Hongrois connaissent une quiétude sécuritaire que la France a perdu depuis plusieurs décennies, tant sur le plan de la délinquance de droit commun que sur celui du terrorisme. Fournier relève que l’homme fort de Budapest a su « anticiper les problèmes posés » et qu’il recueille ainsi les fruits de sa prévoyance. Il ose également écarter l’accusation d’antisémitisme lancée contre le gouvernement du Fidesz-MPSZ sous prétexte que son ennemi juré, le financier Soros, est juif.
Certes, d’autres chefs de mission diplomatique, comme les ambassadeurs de Suède, du Canada ou de Grèce, s’attachent à répercuter les condamnations de la « dérive illibérale » et « de populisme au pouvoir », mais Eric Fournier a choisi de faire son métier avec conscience et de décrire les faits sans les maquiller ; sans prendre le contrepied de la ligne défendue par le gouvernement d'Emmanuel Macron, hostile à l’équipe en place au palais Wellisch, il se permet de faire remarquer qu’elle ne pourra pas être couronnée de succès. C’est parfaitement conforme à l‘éthique d’un agent diplomatique, même si ce n’est pas conseillé pour un avancement partisan. Cependant, l’envoi d’un tel document ne peut être considéré comme une faute, dans la mesure où il est destiné strictement aux services compétents du ministère, eux-mêmes astreints au secret diplomatique. Pourquoi le Chef de l’Etat, interrogé sur cette note en marge du sommet de Bruxelles, se croit-il obligé de déclarer aux journalistes qu'elle ne correspond en rien à la position française ? Une note diplomatique interne est un document censé décrire une situation et non pas exprimer le sentiment du ministre. D’autant qu’il n’est nullement destiné à la publication ; les dépêches sont, rappelons-le, toujours chiffrées et ne peuvent être publiées qu’au bout de trente ans.
C’est que Médiapart, animé comme toujours par l’esprit partisan, a publié frauduleusement cette dépêche qui lui avait été communiquée par un fonctionnaire peu attentif au respect de son secret professionnel.
Embarrassé, Macron tente de se justifier devant le tribunal médiatique : « En rien, je ne partage les propos rapportés. En rien. [...] Je désapprouve en tous points les citations [d’Éric Fournier]. Elles ne correspondent absolument en rien à la position française. Elles ne correspondent en rien à tous les combats que j'ai menés dans ma vie politique, dans les défis électoraux qui ont été les miens et dans l'action que je mène depuis le début de ce mandat. » A la question, inquisitrice, de savoir si l’ambassadeur allait être révoqué, Macron se souvient un peu tard qu’il y a des règles : « Est-ce qu'il appartient à l'autorité de révoquer un ambassadeur parce qu'il dit ce qu'il pense. Je ne le crois pas. Ou alors nous créerions un délit d'opinion au sein de la fonction publique ». Mais d’ajouter, menaçant : « Si une preuve m’était apportée que de tels propos aient été tenus publiquement, alors cet ambassadeur serait révoqué séance tenante. »
Que remarquer dans cette réponse du président ? D’abord que Macron n’était nullement obligé de répondre, concernant un document du ministère qui avait « fuité » à la suite d’une indiscrétion. Il aurait même dû annoncer une procédure d’enquête pour déterminer – et sanctionner – l’agent public indélicat. Or il n’en fait rien, et tourne toute sa vindicte contre l’auteur du rapport incriminé. Pour amadouer les sycophantes de la meute journalistique, il laisse même entendre qu’il a limogé Eric Fournier, alors qu’il était connu de tout le service qu’il devait quitter ses fonctions dans quelques jours. Cette attitude tranche avec l’image que Macron cherche à donner de sa fonction. Il disait il y a deux ans que la place du roi est toujours vacante. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne faut pas compter sur lui pour la remplir : il se conduit avec le pouvoir médiatique comme le gouvernant d’un pays occupé avec les autorités d’occupation. Cela fait effectivement longtemps que la France n’a plus de politique étrangère libre. Depuis son avènement, Jupiter n’a obtenu aucun succès sur ce plan et tous les objectifs qu’il s’était fixés ont été abandonnés. En attendant, les officines clandestines peuvent rédiger les tableaux d’avancement des ministères, et leurs membres peuvent violer leur déontologie impunément au mépris du bien commun et de l’efficacité étatique. Avec ce type d’expérience, les courriers diplomatiques seront réduits à de simples exercices de brosse à reluire et la seule sanction, favorable ou non, sera celle d’Edwy Plenel et de ses pareils !
Un autre camouflet a été infligé à Macron (doit-on dire à la France ?) par Viktor Orban. Reçu au palais du gouvernement, Eric Fournier a reçu avant de rendre son accréditation la plaque en argent de grand-croix de l’ordre (royal) du Mérite, fondé en 1922 par le régent Horthy et rétabli en 1991. Cette distinction inhabituelle donnée à l’ambassadeur de France est supposée montrer que la Hongrie sait reconnaître ses vrais amis. La France, malheureusement, n’a pas cet avantage. ■
Pierre de Meuse
est Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien.
Il nous paraît nécessaire que les royalistes - à l'Action française, notamment - prennent conscience de l'actuelle évolution des esprits. Elle est en réaction contre la pensée dominante dans de nombreux médias. Et elle gagne des publications dont ce n'était pas forcément la vocation d'y prendre part. Cette évolution nous paraît marcher du même pas que les transformations politiques en cours en Europe et Outre-Atlantique. L'entretien qui suit - en défense du nationalisme et du populisme - est paru dans Atlantico hier 5 juillet. Qu'on le lise ! Il est sur la même ligne que celle exposée en d'autres termes par Mathieu Bock-Côté [Article suivant]. Les textes ci-dessous sont parus sur Atlantico ... . LFAR 

BILLET - En Allemagne, le torchon brûle entre Angela Merkel et son ministre de l'Intérieur au sujet du sort des migrants. La position de la chancelière parait de plus en plus fragilisée.

Le Figaro d'hier lundi 25 juin a publié la chronique de Nicolas Baverez que nous reprenons ci-après. Il nous paraît probable qu'un intellectuel et politologue occupant la place qui est celle de Nicolas Baverez n'aurait pas pu signer une telle analyse il y a seulement quelques mois. Et que Le Figaro ne l'aurait pas publiée. Ce que Nicolas Baverez dresse ici, c'est, somme toute, ce que Régis Debray appelle un bilan de faillite. Faillite du couple franco-allemand aujourd'hui profondément désuni et faillite des organismes bruxellois tenus en échec à la fois par la guerre économique que Donald Trump a engagée et par la question des migrants qui déchire les Européens. Qu'en sera-t-il du modèle allemand en tant que tel, remis en question lui aussi par les deux mêmes phénomènes ? Baverez a raison de faire observer que « l'Allemagne conserve des atouts exceptionnels ». Raison encore de douter qu'elle demeure un modèle. LFAR
L'Allemagne s'est reconstruite après la Seconde Guerre mondiale autour du choix de la démocratie et de l'économie sociale de marché, de la garantie de sécurité américaine et de la résistance à la menace soviétique, de la paix avec la France et de la construction européenne. En 1989, l'affaiblissement de l'Union soviétique lui a permis de se réunifier et de retrouver sa pleine souveraineté grâce à Helmut Kohl. Elle a alors investi plus de 1200 milliards d'euros pour renouer l'unité nationale puis a engagé des réformes profondes afin de s'adapter à la mondialisation et au passage à l'euro à travers l'Agenda 2010 impulsé par Gerhard Schröder.
Au plan politique, la décision unilatérale de Merkel d'accueillir plus d'un million de réfugiés en 2015 fut le détonateur qui fit basculer l'Allemagne dans les turbulences. La société s'est profondément divisée et polarisée autour des réfugiés et de l'islam, brisant la culture du compromis. Les deux grands partis autour desquels s'organisait la vie politique sont en chute libre, ne représentant plus que 52 % des voix, tandis que l'extrême droite effectue un retour en force avec 92 députés. Le mode de gouvernement en coalition ne fonctionne plus comme le montre la sécession du ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, sur le refoulement des demandeurs d'asile à la frontière ou l'opposition ouverte de la CSU au projet de budget de la zone euro.
Les quatre commentaires ci-dessous ont suivi la vidéo d'Eric Zemmour que nous avons publiée hier - avec, comme toujours, notre introduction - 
Le commentaire de Jacques Léger
grand dadais et démagogue lourdingue de Pedro Sanchez veut par un coup d'éclat dans le même temps bannir Franco et dérouler le tapis rouge aux migrants économiques venus pour la plupart de pays en paix. Ce faisant il croit prendre, en moins subtil ,la place de Hollande comme héraut de la bien-pensance socialiste.. Petit bourgeois à l'assise parlementaire précaire, il monte dans la surenchère en s'attaquant à un symbole. Après Franco ce sera sans doute le tour des moulins à vent si chers à Don Quijote ?
Le commentaire de Richard


Du reste, le procès en cours a été placé sous la procédure de la « reporting restriction » qui interdit d’en parler sous peine de sévères sanctions. Cette ordonnance conservatoire du juge est en principe destinée à préserver la sérénité des débats. En fait la raison profonde de ce black-out médiatique est la crainte de voir la construction sociale britannique devenir la proie de graves conflits.


En somme, une
Dans cet entretien donné à Boulevard Voltaire