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Actualité Europe - Page 41

  • De Barcelone à Rotterdam ...

    Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande 

     

    2293089609.14.jpgCe que nous écrivions il y a 6 mois (25.08.2017) sur cette extension du domaine de l'action terroriste à toute l'Europe, nous n'avons aucune raison de le modifier ... Au contraire. Nous apprenions hier dimanche qu'un important attentat venait d'être déjoué en Allemagne. De Berlin l'on précisait qu'un réseau avait été découvert et que cinq terroristes avaient été arrêtés. A temps, cette fois-ci. En France, deux semaines plus tôt, l'attentat de l'Aude n'avait pas été évité. Moins de fleurs, moins de bougies cette fois-ci mais plutôt, grâce à l'héroïsme d'un homme, une autre tonalité : une prise de conscience des vertus militaires, remises à l'honneur, certaines heureuses retrouvailles dans le pays, notamment parmi les jeunes, avec le patriotisme, le sens du service de la France, l'attachement au drapeau.  Emmanuel Macron, au jour des obsèques du colonel Beltrame aux Invalides, a su retrouver ces accents qui sont ceux du patriotisme et de l'héroïsme français. Et, dans son éloge funèbre, ce que n'avaient pas fait ses prédécesseurs, il n'a pas craint de nommer l'ennemi. Alors, sommes-nous en train de retrouver ces vertus que nous venons de dire ? Bien du chemin reste sans-doute à parcourir. Ce sont, malheureusement, les épreuves qui fondent les renaissances.  LFAR 

     

    Publié le 25 août 2017 - Actualisé le 9 avril 2018

    En deux mots.jpgAinsi de Barcelone à Rotterdam, en passant par Paris, de l'Espagne aux Pays-Bas, axe historique s'il en est, de Londres à Berlin, de Nice à Birmingham ou à Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande, se dessine aujourd'hui toute une cartographie de la nouvelle offensive de l'Islam contre l'Europe, sans plus laisser beaucoup d'espaces, de peuples, d'Etats,  à l'écart de la menace, à l'abri des objectifs et des coups islamistes. C'est aujourd'hui le continent européen qui est globalement visé. 

    L'Europe doit s'y résigner, l'admettre, en prendre conscience : une guerre lui a été déclarée, lui est menée, sans-doute d'un type nouveau à l'ère contemporaine, mais une guerre tout de même, dont le front n'est pas une ligne discernable, dont les combattants ne portent pas l'uniforme d'une armée régulière, sont dissimulés, mobiles, imprévisibles, et peuvent frapper n'importe où, n'importe qui. 

    Cette guerre, on le sait, peut durer longtemps, elle oppose des adversaires inégaux, les islamistes étant plus déterminés à nous agresser, nous vaincre et nous soumettre, que nous à les mettre hors d'état de nuire, plus sûrs de leur cause que nous de la nôtre. 

    Dans ce combat, malgré la disproportion des forces en présence - qui est bien-sûr en notre faveur : les terroristes ressortent rarement vivants de leurs entreprises, les forces de l'ordre les tuent presque à tout coup - notre faiblesse pour l'essentiel est de deux ordres : 

    1. L'extrême fragilité de notre « civilisation » de type postmoderne, déracinée, décervelée, déculturée, atomisée et au sens profond démoralisée, sans fierté, sans convictions, petites ou grandes. Et la liste n'est pas close. 

    2. L'extrême débilité de nos institutions politiques et des hommes qui les incarnent. (Ce qui inclut les femmes). 

    A de rares exceptions près, toutes à l'Est, cette constatation vaut pour l'ensemble de l'Europe, à commencer par le semble-couple franco-allemand. La chancelière Merkel - à qui l'on a attribué, y compris parmi nous, bien plus de qualités politiques qu'elle n'en a vraiment - l'a amplement démontré lorsqu'elle a appelé plus d'un million de migrants à entrer en Europe. A la vérité, la médiocrité des dirigeants européens fait presque pitié.

    Ainsi, nous ne comprendrons rien à la lutte antiterroriste, nous ne la mènerons pas efficacement, tant que nous ne nous rendrons pas compte que le mal est plus en nous qu'en nos assaillants ; tant que nous continuerons à vociférer stupidement en priorité contre l'islam sans nous apercevoir que le mal principal est d'abord en nous-mêmes. 

    Cette nécessaire autocritique, nous devons l'accomplir non pas comme une repentance vulgaire, au sens de la doxa, mais au contraire pour retrouver, revivifier, notre fond vrai. Celui qui nous vient de la lointaine Histoire française et européenne, car au delà de la hideuse caricature bruxelloise, l'Europe, aujourd'hui, se retrouve d'une certaine manière unie contre un danger commun, comme il lui est déjà arrivé de l'être, en d'autres temps, sinon pareils, du moins semblables.   

    Ce n'est pas une équation simple, mais elle est vraie : sans un retournement politique et social profond, qui remette en cause jusqu'à nos démocraties sous leur forme européenne actuelle et nos sociétés version postmoderne, nos chances de sortir, rapidement ou pas, vainqueurs des islamistes sont bien faibles et sans portée.  

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • L’Italie bien placée pour déclencher un krach financier

     

    Par Marc Rousset 

    En matière de prévision économique, une bonne dose de prudence s'impose. Bernard Maris disait qu'un économiste est un monsieur qui est capable d'expliquer le lendemain pourquoi il s'est trompé la veille. Une addition de principes de bon-sens et de connaissance des dossiers conduit toutefois à envisager sérieusement ce qui peut attendre nos sociétés dans un avenir plus ou moins proche. C'est l'exercice auquel Marc Rousset se livre ici pour nous au fil d'une analyse documentée qui intéressera ce qu'on appelait jadis les pères de famille aussi bien, d'ailleurs,  que les patriotes. La racine est la même ! ...   LFAR 

     

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    Le LIBOR, le taux de référence interbancaire pratiqué à Londres pour plus de 350.000 milliards de dollars de produits financiers et d’emprunts, vient d’atteindre son niveau le plus élevé depuis huit ans, à 2,2 %. Entre 2010 et 2015, il n’était que de 0,15 %. Lors de la dernière crise financière en janvier 2008, il s’était élevé jusqu’à 5,5 %.

    De son côté, le président Jens Weidmann, de la Bundesbank, a déjà prévenu, le lundi 26 mars, que « les anticipations d’une hausse des taux par la BCE à la mi-2019 n’étaient pas complètement irréalistes ». L’italien Draghi est sur le départ. Les faucons ont déjà pris le pouvoir à la BCE. La hausse des taux pourrait faire dérailler les coûts de la dette de pays comme la France et l’Italie.

    La fin, qui approche, de la politique monétaire d’assouplissement quantitatif va ôter son bouclier protecteur à l’Italie, en pleine convulsion « populiste », avec une dette publique qui représente 132 % du PIB. Les achats obligataires de la BCE devraient cesser fin septembre 2018. Le bilan de la BCE atteint, en effet, le chiffre démentiel de 44 % du PIB de la zone euro, soit le double du ratio de la Fed aux États-Unis.

    Jusqu’à présent, la BCE achetait la moitié (environ) de l’offre brute des obligations italiennes, soit 17 % du PIB, un des ratios les plus élevés au monde. Les banques italiennes ont même souvent vendu des obligations de leur pays pour acheter des obligations allemandes. Qui, à l’avenir, va vouloir encore acheter des obligations italiennes ? 

    Les créances douteuses du système bancaire sont très élevées, de l’ordre de 13 %. Le sauvetage de Monte Paschi montre le coût énorme de la tâche. Banca Carige et Credito Valtellinese sont aussi dans une situation désespérée. De plus, avec un taux de 20 % du capital alloué, l’Italie est le champion d’Europe des entreprises « zombies » mort-vivantes incapables de faire face à la montée des taux d’intérêt, alors que la moyenne européenne est de 9 %. 

    La crise de l’Italie est non seulement financière, mais économique et structurelle. Le PIB de 2018 est inférieur de 6 % à celui de 2007. Les entreprises peinent face à la mondialisation et à la révolution numérique. Le niveau de vie italien a diminué de 9 % pendant la dernière décennie. Les impôts augmentent, la dette aussi. Le pays est fracturé sociologiquement ainsi qu’entre le Nord et le Sud. Avec l’euro, il est pris au piège et ne peut plus dévaluer.

    Le choc démographique et l’invasion migratoire ont été le coup de grâce, d’où la montée victorieuse du populisme de droite et de gauche. La population diminue de 160.000 personnes par an, tandis que 50.000 jeunes quittent chaque année le pays, qu’environ 600.000 immigrants clandestins d’Afrique et du Moyen-Orient viennent de s’installer.

    Pendant ce temps, le bitcoin à 19.511 dollars en décembre 2017 n’en finit pas de chuter (6.700 dollars, le vendredi 30 mars). Tesla et Uber sèment le doute en Bourse ainsi que sur la technologie de la voiture autonome. À Hong Kong, une bombe immobilière qui repose sur l’emprunt est prête, elle aussi, à exploser avec la hausse des taux de la Fed et du LIBOR. Alors que le pourcentage de l’or mondial détenu par les personnes privées, en 1966, était de 49,66 %, il est aujourd’hui de 91,35 %, et 8,65 % seulement pour les banques centrales et le FMI, qui s’entêtent à manipuler le prix.

    Tout cela sent la poudre, l’Italie pouvant être l’étincelle.   • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Puigdemont à Neumünster au Schleswig-Holstein

     

    En deux mots.jpgL'imbroglio catalan se poursuit comme il était à craindre. Sur un mode tragi-comique qui n'honore ni le baroque Puigdemont, ni la Catalogne, ni même l'Espagne.

    Après ses diverses facéties, ses atermoiements, ses palinodies, ses arguties alambiquées devant l'ex-Parlement catalan, sa fuite en Belgique, ses appels ratés au soutien européen - de nul effet - sa tentative de former à Bruxelles un improbable Comté de Gouvernement qui aurait dirigé de loin la Catalogne, Carles Puigdemont se retrouve en prison en Allemagne à Neumünster dans le lointain et nordique Schleswig-Holstein, qui ne nous rappelle guère que la guerre des duchés, à la fin du XIXe siècle. Ainsi Puigdemont connaît-t-il en Allemagne le même sort que ses acolytes dirigeants indépendantistes détenus dans les geôles espagnoles. Même s'il demeure emblématique de l'indépendantisme républicain catalan et si ces jours derniers Barcelone a manifesté pour lui, si on s'y est battu pour lui, l'image de Puigdemont est, de fait, ternie, dévalorisée. On se souvient qu'en novembre dernier, même Ada Colau, maire Podemos de Barcelone, avait eu pour lui et son gouvernement des mots plutôt durs après qu'il eut quitté la capitale catalane pour Bruxelles : « ils ont mené la Catalogne au désastre » ; « Ils ont provoqué des tensions dans le pays et porté une déclaration unilatérale d’indépendance dont ne voulait pas la majorité » ; « ils ont fait la déclaration puis ont disparu ». Etc. 

    La Catalogne en tant que telle n’est pas sortie grandie, non plus, de cette agitation. Et elle est loin d’être tirée d’affaire. On sait que son économie s’est affaiblie notablement. Mais plaie d’argent n’est pas mortelle. La Catalogne est assez riche, assez industrieuse pour s’en relever. Les Institutions catalanes - historiques, légitimes en soi - sont dans un désordre profond. Elles sont en lambeaux. L’autonomie de la région a été suspendue. Madrid l’administre directement. Mais le plus grave est sans-doute ailleurs, comme l’a remarquablement discerné et signalé le roi Felipe : la société catalane est désormais fracturée et la cassure est si profonde, si radicale, que l’on voit mal comment elle pourrait être réduite avant longtemps. Le camp indépendantiste, sans-doute minoritaire en voix, comme on l’a vu aux dernières élections catalanes pour l’actuel parlement introuvable, pourrait représenter autour de 48% des votants. Peut-être un peu moins. Le camp anti-indépendantiste autour de 52%. Ce qui se présente est donc un affrontement bloc contre bloc, d’où la haine n’est pas absente. La haine de l’Espagne est enseignée à l’école, à l’université, cultivée dans les médias, portée par une grande partie de la classe politique et des élites bourgeoises, exacerbée par des groupuscules d’extrême-gauche radicale très organisés, et ce depuis des décennies. Les anti-indépendantistes, réveillés par les événements, portent, à l’inverse, un indéfectible attachement à l’Espagne, même si tous les Catalans sont catalanistes. Fondé sur une telle fracture, l’avenir de la Catalogne ne laisse pas d’être inquiétant.

    L'Espagne a renoué avec ce qu'on appelait jadis, avant la Guerre Civile, « les séparatismes locaux ». Ils avaient été l'une des plaies vives de la république espagnole dans les années trente. Sous le régime franquiste, ils n'avaient eu d'autre expression que le terrorisme basque. Point de dispositifs d'existence légaux. L'on crut que la monarchie restaurée avait trouvé un point d'équilibre entre unité et diversité en instituant les dix-sept autonomies qui, en quelque sorte, ressuscitent les anciens fueros. Les événements de Catalogne en montrent la limite, comme si l'unité de l'Espagne, toujours maintenue, n'avait jamais été tout à fait achevée. Madrid a répondu aux menées séparatistes catalanes en invoquant la légalité constitutionnelle et en utilisant tous les moyens judiciaires disponibles. Les indépendantistes ont été forts de résultats électoraux favorables, même si, minoritaires en voix, leur majorité en sièges au Parlement, n'est jamais provenue que des bizarreries du système électoral en vigueur.  

    Au-delà de tout, de la Constitution de 1978, de la démocratie elle-même, ce qui n'a guère été dit c'est qu'en tout état de cause, sauf bouleversement extraordinaire, Madrid n'acceptera pas la rupture de l'unité de l'Espagne ; c'est que l'indépendance de la Catalogne est, en l'état impossible. Transcendantes à toutes considérations légalistes, il y a six siècles d'histoire de l'Espagne dont la Catalogne n'a jamais cessé de faire partie. Et il y a les réalités qui établissent l’indéniable hispanité de la Catalogne. Réalités qu'un vote, ou même plusieurs, n'abolit pas aisément. Et sa légitimité ne s'impose ni en Espagne, ni en Europe, ni ailleurs dans le monde. Ni même en Catalogne.

    Carles Puigdemont l'apprend à ses dépens dans une cellule de prison du Schleswig-Holstein.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Littérature & Société • Entre Dostoïevski et Soljenitsyne

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Emmanuel Macron a-t-il eu vraiment raison de boycotter le stand de la Russie lors de l’inauguration du Salon du livre ?

    Je ne suis pas loin de penser qu’il a eu tort, même si on comprend la conjoncture diplomatique délicate qui était la sienne, à la suite des accusations de Londres à l’égard de Moscou, quant à un attentat chimique opéré sur le sol anglais. N’y avait-il pas, cependant, une distinction à faire entre la politique et la culture ? Comme l’a remarqué Mme Soljenitsyne, l’épouse de l’immense écrivain, dans un entretien passionnant avec Laure Mandeville du Figaro : « Dans la délégation russe se trouvaient beaucoup d’écrivains qui font partie de facto de l’opposition et écrivent de manière critique à l’égard du pouvoir. » N’est-il pas important de maintenir des liens intellectuels entre la France et la Russie, cette France dont Alexandre Soljenitsyne, selon son épouse, était devenu amoureux ?

    Maintenir de tels liens et même les développer n’est pas d’ailleurs la garantie d’une entente idyllique. Il faut bien l’admettre : ce n’est pas de Poutine que date le paradoxe d’une relation difficile. La Russie nous fascine et en même temps nous désoriente, lorsqu’elle ne nous effraie pas. Qui est entré un jour, par exemple, dans l’univers de Dostoïevski sait bien de quoi il retourne. Pour avoir subi moi-même sa fascination, je puis attester des sentiments contradictoires que l’âme russe peut susciter. Un des meilleurs interprètes que je connaisse de l’auteur des Frères Karamazov, Nicolas Berdiaeff, a tout dit là-dessus : « Le dostoïevskisme n’enferme pas seulement pour les Russes de grands trésors spirituels, mais aussi de spirituels dangers. Il y a dans l’âme russe une soif d’autoconsomption, l’enivrement dangereux de sa propre perte (…). On ne saurait donc impunément l’exhorter à la tragédie, préconiser cette tragédie comme un chemin parmi le dédoublement et les ténèbres » (Nicolas Berdiaeff, L’esprit de Dostoïevski, Stock, 1974).

    Ce qui vaut pour l’âme russe vaut sans doute pour la politique russe. Mais la crainte que peut nous inspirer le pays de Vladimir Poutine doit-elle nous conduire à le rejeter hors de notre espace continental ? Emmanuel Macron lui-même affirme la nécessité de maintenir un dialogue indispensable pour l’équilibre de l’Europe et du monde.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 mars 2018

  • Goldnadel a raison ! Et il ose dire les choses : « Le racisme anti-blanc impose l'omerta médiatique »

     Marché aux esclaves noirs en Libye 

     

    Par  

    CHRONIQUE - Gilles-William Goldnadel évoque le racisme anti-blanc, dont très peu de médias ou d'associations osent parler. Selon lui, c'est ce tabou qui explique le silence médiatique autour du scandale d'abus sexuels révélé à Telford. Cette chronique [Figarovox,20.03] dit avec force et un courage certain un grand nombre de simples vérités !  LFAR

     

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    Le racisme antiblanc est le trou le plus noir de l'information comme de la réflexion. Si vous aimez la tranquillité, évitez donc de le nommer. Ou utilisez si possible une circonlocution. Essayez plutôt « détestation anti-occidentale ». 

    Vous éviterez ainsi le chromatisme gênant. On peut parler des noirs, davantage encore du racisme qui les frappe. Mais évoquer le blanc, sauf de manière négative, voilà qui est gênant. Et très inélégant. En parler le moins possible. J'ai connu une époque, pas très lointaine, où les organisations antiracistes autoproclamées contestaient l'existence même de l'aversion du blanc. Lorsqu'on la leur mettait juste dessous leurs yeux, elles la reconnaissaient du bout des lèvres pincées en alléguant le fait que seules des organisations « d'extrême droite » se souciaient de cette question très secondaire. Bref, une pirouette assez primaire. De nos jours, lorsque le temps est clair, certaines condescendent toutefois à se saisir de cas emblématiques, pourvu que le traitement soit discret et homéopathique.

    L'actualité récente me permet, à travers deux exemples, l'un en creux, l'autre en plein, de faire sonder du doigt le trou noir maudit.

    Prenez Mayotte. On a tout dit sur les dernières manifestations d'exaspération de la colère populaire des Mahorais à propos de l'immigration massive et invasive.

    On a dit que cette colère était légitime. On a dit que cette immigration était insupportable pour la population autochtone. On a reconnu sans barguigner le lien entre immigration excessive, illégale et criminalité. On a convenu également qu'elle était facteur de misère sociale, médicale et d'appauvrissement. On a accepté sans pousser de hauts cris de questionner la légitimité du droit du sol. On a reconnu qu'il existait effectivement « des Français de papier » qui avaient indûment instrumentalisé le droit du sol français pour devenir nos concitoyens pour de pures questions d'opportunité financière. On a tout dit, sauf que les Mahorais qui se plaignaient légitimement mais parfois violemment seraient des racistes, des xénophobes ou des populistes extrémistes.

    On voudra bien à présent se donner la peine de comparer le regard compréhensif et même empathique porté par le monde médiatique et politique à l'égard des Mahorais exaspérés avec celui qui embrasse, si l'on ose dire, la population métropolitaine qui, aujourd'hui majoritairement, considère l'immigration illégale et massive comme un facteur d'inquiétude majeure. Encore que les réactions de celle-ci soient infiniment plus calmes que celle de la population mahoraise, qui peut honnêtement nier que le jugement médiatique et politique soit dans le meilleur des cas condescendant et dans le pire haineux et méprisant ? Pour ceux qui ne veulent pas comprendre ce qui explique cette différence de regard, je vais leur mettre crûment la réalité sous les yeux. La population française métropolitaine, à la différence des Comoriens musulmans de Mayotte, est majoritairement chrétienne, blanche et occidentale. Par conséquent plus facilement soupçonnable de racisme, précisément par un préjugé raciste insoupçonné et indicible.

    Mais que j'ose nommer et que j'ai déjà expliqué par l'Histoire.

    À présent, passons au second exemple explicite et extérieur à la France.

    L'excellente revue National Geographic s'est livrée récemment à une autocritique en règle en examinant de quelle manière, au siècle dernier, elle était restée indifférente à la réalité et à la souffrance noires.

    D'un siècle l'autre, d'un excès l'autre, et, parfois, d'une souffrance l'autre. Je ne crains pas en effet d'appliquer cette saine autocritique au présent et à la souffrance blanche que l'on cache, que l'on tait ou que l'on ne veut pas voir.

    C'est ainsi que les exactions contre les fermiers blancs en Afrique australe font partie des territoires occultés de l'information. Au Zimbabwe, la quasi-totalité des fermiers blancs ont été expulsés. De très nombreux fermiers massacrés. L'ex-dictateur Mugabe, récemment déchu, refusait de répondre à un journaliste parce qu'il était blanc. C'est dans ces conditions que la revue Jeune Afrique (et non un journal occidental) a écrit : « Les abus et les erreurs commis par Londres, les colons britanniques et leurs descendants, pour beaucoup restés fidèles à Ian Smith, ont été nombreux. Mais en répliquant avec une politique aussi inconséquente, Mugabe aura surtout ajouté de la souffrance à l'injustice. » De la souffrance blanche. Selon la BBC, cette politique a détruit l'économie du Zimbabwe basée sur l'agriculture, qui est dans une situation catastrophique avec une hyperinflation et une réapparition du choléra.

    Qui pourrait prétendre honnêtement que ce racisme-là a été condamné par la classe médiatique antiraciste ?

    En République Sud-Africaine, la situation n'est aujourd'hui pas meilleure. De très rares articles dans la presse écrite française s'en saisissent pour décrire « le massacre oublié des fermiers blancs ». Les télévisions françaises s'en désintéressent complètement.

    Plus indiscutable et plus récemment encore, le 22 février 2018, l'agence Reuter, dans une indifférence totale, annonçait que « dans un souci de soigner les divisions du passé, le président sud-africain fraîchement élu Cyrille Ramaphosa avait annoncé que l'expropriation de terres sans compensation était envisagée pour accélérer leur redistribution aux Sud-Africains noirs ».

    Si les mots ont un sens, cette annonce aurait dû plonger tous les hommes de bonne volonté, sincèrement désireux d'harmonie entre les peuples, dans un état de consternation ou d'hébétude.

    Si cette mauvaise décision est en effet menée à bien, elle tournera définitivement le dos à la politique de pardon et de réconciliation chère à Mandela et à Declercq. Elle signifiera la fin du pays « arc-en-ciel ». Plus désespérément encore, elle signifiera qu'un règlement politique pacifique basé sur la concorde et non le rapport de force est une chimère. Elle donnera raison aux pessimistes et aux cyniques.

    Mais il y a peut-être encore pire: l'incroyable omerta qui couvre pour l'heure en France les crimes sexuels autour des filles blanches ayant été découverts dans la commune anglaise de Telford.

    Près de mille jeunes filles ont fait l'objet de viols collectifs et de trafic de proxénétisme violent de la part d'hommes issus principalement de la communauté pakistanaise. L'affaire connue depuis plusieurs mois, vient de prendre désormais une dimension extravagante et met en cause la police et les médias.

    À l'époque de « Balance ton porc », où les violences faites aux femmes font l'objet d'une attention obsessionnelle permanente, le silence qui entoure ce drame immonde prend un tour invraisemblablement obscène et scandaleux.

    Je renvoie notamment aux articles du Birminghammail et du Mirror du 11 mars 2018 ainsi qu'à la note Wikipédia en français issue de la note anglaise qui vient d'être complétée: « Suite aux nouvelles révélations en mars 2018 dans le Sunday Mirror, la journaliste Johanna Williams du magazine Spiked, s'émeut que ce qui semble être le pire scandale d'abus sexuels sur des enfants de Grande-Bretagne ait reçu relativement peu de couverture et ne fasse pas la une de journaux tels que le Guardian ou le Times , alors que depuis plusieurs mois, le harcèlement des femmes est dénoncé comme par exemple par le mouvement Me Too dont elle dénonce l'hypocrisie et le silence assourdissant ». Comme de nombreux journalistes anglais le reconnaissent désormais, ces nouvelles révélations sont issues d'enquêtes du Daily Mirror et ont montré que l'étendue des abus était beaucoup plus vaste que ce qui avait été révélé auparavant.

    « Comme dans les autres affaires similaires, les auteurs étaient très majoritairement d'origine pakistanaise et bangladaise et de religion musulmane. Par crainte d'être considérées comme racistes, les autorités ont longtemps refusé d'enquêter » (Steve Bird The Télégraph du 9 décembre 2017).

    Pendant ce temps, les pseudo-antiracistes hystériques et les néo-féministes frénétiques à moralisme chromatiquement variable restent calmes.

    La souffrance, quand elle est blanche, demeure une zone noire interdite de visite. 

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.  

  • Après son triomphe de dimanche, « Poutine, c'est une machine à remonter le temps » analyse Zemmour

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Vladimir Poutine est au cœur d'une actualité multiple. Il vient d'être être réélu président de la Russie, tandis que l'Angleterre accuse ses services secrets d'avoir empoisonné un ex-agent russe à Londres et qu'on célèbre le cinquième anniversaire de la guerre en Syrie. [RTL 15.03]. Il nous souvient qu'Hubert Védrine avait répondu à l'anti-Poutine idéologique par excellence qu'est Bernard Guetta : « En tout cas, il est moins dangereux que Trump ». Ou qu'en son temps George W. Bush qui, par sa guerre d'Irak, a déstabilisé le Proche-Orient et ouvert la route à Daech ...  LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Si Poutine n'existait pas, les médias occidentaux l'auraient inventé.

    Personne mieux que lui ne se prête aussi volontiers à son rôle de méchant idéal qui scandalise nos belles âmes.

    Le Coréen du Nord, même avec le bouton nucléaire, est un trop petit calibre. Le calife de Daesh a perdu son territoire. Saddam Hussein et Kadhafi ont été liquidés. Le nouvel empereur chinois promet beaucoup, mais il est encore débutant dans le rôle de grand méchant. Reste Poutine.

    Poutine, c'est magique.

    C'est une machine à remonter le temps à lui tout seul. Poutine, c'est le retour du tsar. Poutine, c'est le fantôme de Staline. Quand il s'empare de la Crimée, c'est Catherine II qui reprend son bien. 

    Éric Zemmour

  • Résultat des votes allemand et italien : krach en vue !

     

    Par Marc Rousset 

    En matière de prévision économique, une bonne dose de prudence s'impose. Bernard Maris disait qu'un économiste est un monsieur qui est capable d'expliquer le lendemain pourquoi il s'est trompé la veille. Une addition de principes de bon-sens et de connaissance des dossiers conduit toutefois à envisager sérieusement ce qui peut attendre nos sociétés dans un avenir plus ou moins proche. C'est l'exercice auquel Marc Rousset se livre ici pour nous au fil d'une analyse documentée qui intéressera ce qu'on appelait jadis les pères de famille aussi bien, d'ailleurs,  que les patriotes. La racine est la même ! ...   LFAR 

     

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    Le résultat des votes allemand et italien montre que la victoire, en Europe, des droites nationales patriotes et populistes est en vue ! Pas bon du tout pour les profits et les cours de Bourse.

    Madame Merkel estime, à tort, que les États-Unis font fausse route avec le protectionnisme, des taxes douanières américaines de 25 % sur l’acier, de 10 % sur l’aluminium, des représailles chinoises sur le sorgho et le soja américain, des représailles européennes sur les Harley-Davidson, le bourbon et les Levi’s. La nécessaire fin du libre-échange mondialiste, excellente nouvelle pour les peuples et les emplois des pays occidentaux, n’en est pas une pour les Bourses.

    Quant au fonds américain Bridgewater, il a détrôné George Soros. Il vient de miser 22 milliards de dollars sur un krach dans les douze à dix-huit prochains mois. Il estime qu’on est proche de la fin d’un cycle, que le niveau des dettes publiques et privées, des crédits aux ménages aux États-Unis est démentiel, que les entreprises européennes sont très menacées suite à leur exposition aux marchés américains et internationaux. Il spécule donc à la baisse pour la moitié du DAX allemand (7,3 milliards de dollars), 4,5 milliards de dollars pour les entreprises françaises, 3 milliards pour les entreprises italiennes. Enfin, ce fonds a tout particulièrement dans son viseur la Deutsche Bank et les banques italiennes gangrenées par les créances douteuses telles que Intesa Sanpaolo.

    En Italie, nombre de petites banques pléthoriques sont en difficulté. Elles croulent sous des montagnes de créances douteuses, des prêts bancaires souscrits par des entreprises et des particuliers qui ne parviennent pas à les rembourser en raison de la crise économique.

    Les prêts pourris avoisinent les 1.000 milliards d’euros dans les bilans des banques de la zone euro, soit 6,2 % du montant total des prêts, contre 1,3 % aux États-Unis et 0,9 % au Royaume-Uni. Si les banques européennes comptabilisaient les prêts pourris dans leurs comptes à leur juste valeur, le levier d’endettement serait de 23,3 pour le Crédit agricole, 29,0 pour BPCE-Natixis, 38,3 pour BNP Paribas et 38,9 pour la Société générale (autrement dit, 1 euro de capitaux propres pour 38,9 euros d’engagements). La Banque Lehman Brothers avait un effet de levier de 32 lorsqu’elle a fait faillite en septembre 2008. 

    De 2000 à 2017, le PIB américain est passé de 10.600 milliards de dollars à 19.300 milliards de dollars, soit une augmentation de 8.700 milliards de dollars, tandis que la dette publique du gouvernement américain augmentait plus vite, pendant la même période, de 15.000 milliards de dollars. 

    Le déficit du gouvernement américain, en 2017, est de 1.200 milliards de dollars, soit plus que le PIB australien. La valeur de l’actif net du gouvernement américain (ses actifs moins les dettes) est de -20,4 milliards de dollars – la faillite totale, donc, pour une société privée. Mais, plus effrayant encore, si l’on tient compte des dépenses futures et des revenus futurs des caisses de retraite et d’assurance publiques américaines, l’actif net du gouvernement américain est dans le rouge pour 50.000 milliards de dollars de plus, soit -70 000 milliards de dollars !

    S’il a fallu des décennies, à la Banque du Japon, pour faire gonfler son bilan jusqu’à 5.000 milliards de dollars, il aura fallu seulement huit ans à la Federal Reserve américaine pour faire bondir le sien à 4.500 milliards de dollars. Les marchés ne sont pas prêts pour le franchissement, par les obligations américaines sur dix ans, du seuil des 3 % et un dollar qui plonge, a déclaré Thomas Buberl, directeur général d’Axa.

    Draghi nous annonce que la BCE ne peut pas stopper ses achats obligataires car les taux du Bund allemand sur dix ans pourraient doubler à 0,79 %, avant de doubler à nouveau et de s’envoler ! Or, à l’automne, les achats devraient normalement cesser et les taux directeurs augmenter.

    De 2007 à 2018, les taux d’emprunts d’État ont dégringolé, en moyenne, de 4,2 % à 0,9 %. Une hausse des taux de 1 % alourdirait la note, pour l’État français, de deux milliards par an, tandis que le cours des obligations baisserait de 10 %. Powell et Draghi font face à la quadrature du cercle pour augmenter les taux. Krach en vue !   • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Une Europe sans l'Europe

    Viktor Orban, Premier ministre hongrois, mène l'assaut des nations contre Bruxelles 

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    ANALYSE POLITIQUE. Il est des politiques qui ne tiennent aucun compte du réel. Généralement ça se termine mal. 

    Les propos du président Macron sont suffisamment clairs depuis qu'il est élu - et déjà avant ‑ pour ne pas se leurrer sur ses objectifs. Sa vision est européenne et n'est qu'européenne. Il pré­conise l'adaptation de la France à la modernité ou à ce qu'il appelle la modernité, technologique, économique, financière, sociale - et dont sans doute personne ne nie la nécessité, à condition de ne pas en faire un ab­solu -, mais il n'est pas difficile de comprendre qu'il ne s'agit pour lui que de mettre la France définitivement à l'heure de l'Europe et de la mondialisation qu'il assimile à la notion même de modernité. Cette idée qu'il affiche comme une mission, structure son quinquennat. 

    RÉFORME FRANÇAISE OU EUROPÉENNE ? 

    Qu'a-t-il dit aux agriculteurs qu'il ne voit plus comme des paysans mais comme des entrepreneurs ? Laissez-vous conduire par l'Europe où je m'engage à défendre vos inté­rêts dans le cadre de la mondialisation : ainsi l'avenir de l'agriculture française se trouverait, selon lui, entre les cir­cuits courts et les marchés internationaux, le Mercosur, le CETA. Comme toujours « en même temps » ! Macron oublie que l'agriculture, même ultra-moderne, est d'abord une tradition et un enracinement. L'agriculture française qui est déjà broyée, sera anéantie par secteurs entiers. Après de vaines tentatives de survie.

    Toutes les réformes macroniennes sont de même style et de même finalité. Pour la SNCF, c'est caractéris­tique. Tout le monde admet que cette société, à l'origine nationalisée et surendettée, est dans un état inquiétant, sinon pitoyable. Réformer est nécessaire. Mais il y a un non-dit qui fausse la perspective de cette réforme : c'est la contrainte européenne. En fait, il s'agit d'ouvrir le rail français à la concurrence de nos partenaires européens ; l'obligation est là : l'Allemand, l'Italien viendront circu­ler chez nous sans qu'il n'y ait plus aucune notion de territoire. Cette réforme est donc le plan - déjà vieux ­- des eurocrates auxquels toute la génération d'énarchie macronienne est entièrement ralliée. C'est pourquoi, sans raison ni mesure, on a construit, déconstruit, reconstruit les sociétés qui relèvent du chemin de fer français. Il serait amusant de rappeler qu'il y a cin­quante ans et plus, quand un esprit libre se permettait d'exprimer un simple doute sur la pertinence d'un État transporteur de voyageurs et de marchandises, vendeur de cigarettes et d'allumettes etc., ceux qui prétendaient être plus intelligents que les autres et, donc, dans la sainte obligation de les gouverner, ouvraient des yeux ronds. Faut-il aujourd'hui tout détruire ? Qui parle de « souveraineté » ?

    Les réformes sociales, code du travail, appren­tissage, bientôt retraites, chômage etc., tout est pro­grammé dans l'idée de nous conformer aux règles allemandes et nordiques - cela a été dit par Macron - de nous aligner sur les futures règles européennes. Des réformes fiscales sont en cours ; personne n'en voit les tenants et les aboutissants. Rien n'est clair, car là en­core, le plan - concocté, travaillé, préparé dans toutes les officines intellectuelles de « la gouvernance » dite intelligente - expression de Macron - est d'uniformiser, autant que faire se peut, la fiscalité européenne. Un exemple : la taxe d'apprentissage dont une entreprise pouvait faire profiter telle ou telle institution de son choix - en circuit court - il y a encore quelques années, est maintenant captée par l'État et les « services » ... au profit de quoi, vous ne le saurez jamais.

    Il n'est pas douteux que tout y passera ; le grand Paris, les métropoles seront encore un moyen et un prétexte de rafler les trésoreries qui justifiaient les bud­gets des collectivités. Une dizaine de grands guichets sous dénomination d'agences remplaceront le service au quotidien. Macron souhaite être entouré - il l'a dit à la Cour des comptes - de jeunes énarques qui seront à sa disposition pour prendre ces nouvelles organisations en main. Bonaparte ?

    Et tout ça, pourquoi ? Pour l'Europe dans la­quelle Macron se flatte d'assurer à la France un rôle primordial.

    L'EUROPE N'EST PLUS LA MÊME

    Il y a un hic et il est sérieux. C'est que l'Europe que le jeune Macron a appris à considérer, à admirer et à aimer dans ses cours et vers laquelle, sous la houlette de ses professeurs, il tendait de tout son esprit et de tout son cœur, n'est plus aujourd'hui que l'Europe des rêves du passé. Elle n'est plus d'actualité. Il se figure encore qu'il sera le jeune français génial, disciple et émule des Pères fondateurs, qui va rallumer la flamme de l'Europe « sou­veraine », démocratique, unie, fière et amie des peuples. Il pense mettre ce qu'il faut d'huile pour relancer la su­perbe mécanique institutionnelle, communautaire et « en même temps » si proche des peuples.

    Mais, justement, c'est là que le bât blesse : l'Europe de Bruxelles, autrement dit ceux qui assument « la gouvernance européenne » et... peut-être « mondiale », sont sûrs de savoir ce qu'il faut pour les peuples. Dans leurs esprits ils détiennent le pouvoir du savoir, comme ils ont, pour ainsi dire naturellement, le savoir du pouvoir. Les com­missaires européens, les hommes de la Commission, tel Moscovici, tel Barnier, le négociateur pour le Brexit et qui sans doute pense être le successeur de Juncker à la tête de la Commission, sont typiques de leur espèce. Ils s'étonnent et s'indignent : comment les peuples peuvent-ils, osent-ils renâcler ? Sont-ils stupides ! N'ont-ils pas compris où est leur intérêt ? Que faudra-t-il comme « pé­dagogie » - le grand mot - pour faire accéder les peuples au niveau d'initiation suffisant ?

    Et, en effet, l'Europe dont ils vivent et dans laquelle Macron veut fondre la France, se délite un peu plus chaque jour. Après le Brexit, c'est au tour de l'Allemagne, dans une sorte de chaos électoral et de désarroi institutionnel, de ne plus savoir où elle veut aller. Elle qui a su utiliser le projet européen pour en faire un projet allemand et même grand-allemand, connaît dans son peuple de si fortes incer­titudes que nul ne sait quel sera l'avenir d'Angela Merkel.

    Celle qui prend sa succession à la tête de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, aura d'autres ambitions. Il y aura un ministère de la Heimat, du « Chez soi », tenu par le président de la CSU bavaroise Horst Seehofer. C'est dire !

    L'Europe centrale est pratiquement en sécession par rapport à Bruxelles. Viktor Orban, Premier ministre hon­grois, qui sera réélu lors des législatives du 8 avril, mène la danse du scalp, à la grande fureur des eurocrates. Pour lui, pour son parti, le Fidesz, pour la majorité des Hongrois, il n'est pas question que la Hongrie renonce à son histoire, à sa souveraineté, à son droit, à sa constitution. Pas ques­tion non plus de lui imposer des quotas de migrants ! Il s'y oppose et il est assez habile pour toucher les subventions européennes ! La Hongrie économiquement se porte mieux. L'Autriche du jeune chancelier Sébastian Kurz est sur la même ligne. La Pologne de Iaroslav Kaczinski, elle, est en procès avec Bruxelles ou plutôt Bruxelles prétend la ramener à l'état de droit, comme si les Polonais n'avaient plus d'institutions ! La Commission a intenté contre Varsovie en décembre 2017 une procédure selon l'article 7, ce qui ne s'était jamais fait. En Slovaquie, le chef de gou­vernement, Robert Fico, ne veut pas laisser son pays dé­river dans un libéralisme européen destructeur. La même tendance règne en Tchéquie avec son président Milas Zeman réélu le 27 janvier 2018 sur un programme fran­chement national, la presse occidentale dit « pro-russe ».

    Un tour d'Europe suffit, au sud et même au nord, pour savoir que l'Europe n'est plus la même. Les analystes de la bien-pensance bourgeoise, comme Nicolas Baverez, parlent de démocraties illibérales : toujours des mots sur les mêmes schémas du mon­dialisme. La question est de savoir où est la vraie liberté ; celle qui consiste à être soi-même ou celle où tout votre patrimoine spirituel, moral, matériel, historique et même financier est livré au Mammon qui mène le monde. À la France de retrouver sa voie.   ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Camouflet italien à l’oligarchie

     

    Par François Marcilhac

     

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    C’est un nouveau camouflet à Bruxelles, à l’idéologie européenne et à l’oligarchie internationale qu’un peuple européen a donné, dimanche 4 mars, à l’occasion d’élections législatives et sénatoriales — les deux chambres sont élues au suffrage universel direct en Italie.

    Des résultats sans appel…

    L’Italie, une nation qu’on disait europhile, pourtant, mais dont l’europhilie s’est lentement érodée depuis l’application stricte des critères de Maastricht, une politique d’austérité menée sur l’injonction de Bruxelles autant par la droite que par la gauche « moderne » aux affaires — Matteo Renzi —, et les problèmes liés à l’immigration, l’Italie subissant de plein fouet le déferlement migratoire en provenance de Libye, dans l’indifférence générale. À moins qu’elle ne soit tout simplement victime du prétendu égoïsme des États membres de l’Union européenne — cet égoïsme s’appelle intérêt national — qui, face à leur opinion publique — on sait ce qu’il en a coûté à Merkel de braquer la sienne —, ne souhaitent pas prendre leur part d’un fardeau que la géographie a dévolu à l’Italie.

    Nous ne pouvons évidemment que nous réjouir de ces résultats, d’autant qu’à l’intérieur de la coalition (37 % des voix) réunissant Forza Italia de Berlusconi, la Lega (ex-Ligue du Nord) de Matteo Salvini (proche du Front national français) et les patriotes de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, qui ont conservé la flamme tricolore du MSI, le résultat de Forza Italia, le parti le plus europhile de la coalition, est décevant pour un Berlusconi qui a raté son retour sur la scène politique italienne, passant derrière la Lega pour la première fois de son histoire. Quant au mouvement — populiste — 5 Etoiles (M5S), qui n’est plus dirigé par l’histrion Beppe Grillo mais par le plus politique et plus jeune Luigi Di Maio, 31 ans (le même âge que le chancelier autrichien conservateur allié des populistes du FPÖ, Sebastian Kurz), il a fait 32,6 % des voix. La gauche, elle, est laminée : le Parti Démocrate (PD), de Matteo Renzi a fait à peine 19 % des voix — contre 40 % aux européennes de 2014 —, tandis que les frondeurs de Liberi et Uguali doivent se contenter de 3 %.

    … Mais une majorité de gouvernement difficile à constituer

    Toutefois, faire la somme des deux résultats de la coalition de droite et de M5S pour aboutir à quelque 70 % des voix n’aurait aucun sens. Outre la logique centripète du régime des partis, qui jouera à l’intérieur même de la coalition — Berlusconi sera sans aucun doute mauvais perdant —, il n’y a pas grand chose de commun entre le Mouvement 5 étoiles et la coalition, sinon de refléter un rejet général par les Italiens du système représenté par Matteo Renzi. M5S, notamment, fait feu de tout bois tandis que sa gestion municipale, notamment de Rome, n’incite pas à voir en lui un parti de gouvernement.

    Le 23 mars, l’Assemblée et le Sénat éliront leurs présidents : le président de la République italienne cherchera alors qui, du M5S ou de la coalition de droite, qui a obtenu les suffrages les plus nombreux, sera plus à même de constituer un gouvernement. Toutefois, les discussions risquent d’être longues, compte tenu du fait que ni M5S ni la coalition n’a la majorité. Tout devient donc théoriquement possible, comme en Allemagne, même un Parti démocrate perdant jouant les arbitres, ou de nouvelles élections… Merkel a mis plusieurs mois à rafistoler une grande coalition que les socialistes allemands, eux aussi perdants mais arbitres du jeu politique, viennent juste d’avaliser. Matteo Renzi, même s’il a pris acte de sa défaite en démissionnant du PD, n’a donc pas dit son dernier mot.

    Macron, un Renzi français

    Par une étrange inversion des choses, ou un gallocentrisme impénitent, on présente Renzi comme le Macron italien, alors que c’est bien plutôt Macron, qui est le Renzi français — Renzi est arrivé aux affaires bien avant Macron et lui a servi de modèle. En tout cas, les deux hommes, qui se sont présentés un temps comme les garants d’une rupture douce avec le système, ont vite tombé le masque : l’un comme l’autre ne sont que les courtiers de l’oligarchie internationale, les gouverneurs de l’Europe allemande dans leur pays respectifs. On comprend pourquoi Macron, déjà affaibli par les difficultés rencontrées par Merkel à constituer une coalition fragile, et qui craint peut-être à plus ou moins brève échéance de subir le sort de Renzi, a réagi en pointant du doigt l’immigration comme cause principale du résultat italien. Le message envoyé aux frondeurs de sa majorité est clair : si La République en Marche ne veut pas se voir priver, comme le PD italien, de la confiance des électeurs, que les députés à l’âme sensible, qui hésitent à appuyer le projet de loi Collomb sur l’immigration, fassent taire leurs scrupules. Ils le pourront d’autant plus facilement que les mesures apparemment sévères, s’agissant notamment du délai de rétention des immigrés illégaux, et de toute façon inapplicables en raison d’un manque de structures, dissimulent mal un projet qui, dans les faits, constituera très vite un appel d’air pour l’immigration clandestine, particulièrement en termes de regroupement familial. Une nouvelle application du « en même temps » présidentiel…

    Ne pas trop espérer…

    Il convient, toutefois, de ne pas trop espérer de ce nouveau coup de semonce à l’oligarchie. Si, dans toute l’Europe, voire outre-atlantique, les peuples font entendre de plus en plus fort leur opposition à l’Etablissement, ils le font naturellement en ordre dispersé, c’est-à-dire selon leurs préoccupations nationales, voire, comme c’est plus manifeste encore en Italie qu’en France, en mettant à quasi-égalité des mouvements protestataires dont les dynamiques tendraient plutôt à s’annuler qu’à s’ajouter. En France, où il n’existe aucun équivalent du M5S, la mésaventure de Berlusconi, passé derrière la Lega, n’incitera certainement pas Wauquiez à un rapprochement avec le FN. Quant à une dynamique européenne de gouvernements à majorité populiste ou alliée avec des populistes — aujourd’hui les Etats du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), l’Autriche, demain peut-être l’Italie —, rien ne dit que les « égoïsmes » nationaux la permette autrement que sur des sujets bien précis, comme l’immigration.

    La coalition conservateur-populiste autrichienne n’a ainsi trouvé rien de mieux, à peine arrivée au pouvoir en décembre dernier, que de rouvrir avec l’Italie la querelle du Haut-Adige, encore appelée Tyrol du sud par les pangermanistes, province italienne depuis la fin de la première guerre mondiale et le dépeçage de l’Autriche-Hongrie, pour la défense de laquelle Mussolini avait mobilisé les troupes en 1934 sur la frontière du Brenner, après l’assassinat du chancelier autrichien Dolfuss par les nazis. Si l’Italie a jusqu’à présent fait profil bas devant cette provocation imbécile, visant à donner la double-nationalité aux Italiens du Haut-Adige, toutefois, il n’est pas certain qu’un éventuel gouvernement populiste installé à Rome réagisse de même. Comme quoi les populistes de tous les pays n’ont pas besoin de l’oligarchie pour se nuire ! Il leur suffit de rouvrir des blessures, de fait mal refermées. Car le cadavre de l’histoire bouge encore. Et nous ne parlons pas de l’irrédentisme hongrois, le peuple magyar n’ayant toujours pas pardonné aux anciens Alliés le traité de Trianon qui a fait perdre à la Hongrie en 1920 les deux tiers de son territoire. N’a-t-elle pas, elle aussi, naguère proposé la double nationalité aux Hongrois « de l’extérieur », dont elle entretient la flamme patriotique, notamment chez les jeunes ? Il faut avoir vu ces groupes nombreux de jeunes Hongrois « de l’extérieur », invités en plein mois d’août par le Gouvernement national à venir apprendre au sein du Parlement de Budapest le récit national et à se recueillir dans un silence religieux devant la couronne de saint Etienne, pour comprendre que le pire crime de l’Europe est sa dénégation des réalités nationales. Car rien n’est pire que la résurgence de ce qui a été nié.

    L’idéologie européenne a cherché à dissimuler sa brutalité inégalée en matière sociale, économique et culturelle, derrière un discours lénifiant sur de prétendues valeurs oublieuses de l’histoire et des identités. Rien ne dit que la nécessaire phase populiste, par laquelle les peuples semblent devoir passer pour se libérer du joug de l’oligarchie, sera un long fleuve tranquille. A moins que, par leur bêtise, les populistes ne donnent eux-mêmes la victoire à l’oligarchie.     

  • Résultat des votes allemand et italien : krach en vue !

     

    Par Marc Rousset

     

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    Le résultat des votes allemand et italien montre que la victoire, en Europe, des droites nationales patriotes et populistes est en vue ! Pas bon du tout pour les profits et les cours de Bourse.

    Madame Merkel estime, à tort, que les États-Unis font fausse route avec le protectionnisme, des taxes douanières américaines de 25 % sur l’acier, de 10 % sur l’aluminium, des représailles chinoises sur le sorgho et le soja américain, des représailles européennes sur les Harley-Davidson, le bourbon et les Levi’s. La nécessaire fin du libre-échange mondialiste, excellente nouvelle pour les peuples et les emplois des pays occidentaux, n’en est pas une pour les Bourses.

    Quant au fonds américain Bridgewater, il a détrôné George Soros. Il vient de miser 22 milliards de dollars sur un krach dans les douze à dix-huit prochains mois. Il estime qu’on est proche de la fin d’un cycle, que le niveau des dettes publiques et privées, des crédits aux ménages aux États-Unis est démentiel, que les entreprises européennes sont très menacées suite à leur exposition aux marchés américains et internationaux. Il spécule donc à la baisse pour la moitié du DAX allemand (7,3 milliards de dollars), 4,5 milliards de dollars pour les entreprises françaises, 3 milliards pour les entreprises italiennes. Enfin, ce fonds a tout particulièrement dans son viseur la Deutsche Bank et les banques italiennes gangrenées par les créances douteuses telles que Intesa Sanpaolo.

    En Italie, nombre de petites banques pléthoriques sont en difficulté. Elles croulent sous des montagnes de créances douteuses, des prêts bancaires souscrits par des entreprises et des particuliers qui ne parviennent pas à les rembourser en raison de la crise économique.

    Les prêts pourris avoisinent les 1.000 milliards d’euros dans les bilans des banques de la zone euro, soit 6,2 % du montant total des prêts, contre 1,3 % aux États-Unis et 0,9 % au Royaume-Uni. Si les banques européennes comptabilisaient les prêts pourris dans leurs comptes à leur juste valeur, le levier d’endettement serait de 23,3 pour le Crédit agricole, 29,0 pour BPCE-Natixis, 38,3 pour BNP Paribas et 38,9 pour la Société générale (autrement dit, 1 euro de capitaux propres pour 38,9 euros d’engagements). La Banque Lehman Brothers avait un effet de levier de 32 lorsqu’elle a fait faillite en septembre 2008.

     

    De 2000 à 2017, le PIB américain est passé de 10.600 milliards de dollars à 19.300 milliards de dollars, soit une augmentation de 8.700 milliards de dollars, tandis que la dette publique du gouvernement américain augmentait plus vite, pendant la même période, de 15.000 milliards de dollars. 

    Le déficit du gouvernement américain, en 2017, est de 1.200 milliards de dollars, soit plus que le PIB australien. La valeur de l’actif net du gouvernement américain (ses actifs moins les dettes) est de -20,4 milliards de dollars – la faillite totale, donc, pour une société privée. Mais, plus effrayant encore, si l’on tient compte des dépenses futures et des revenus futurs des caisses de retraite et d’assurance publiques américaines, l’actif net du gouvernement américain est dans le rouge pour 50.000 milliards de dollars de plus, soit -70 000 milliards de dollars !

    S’il a fallu des décennies, à la Banque du Japon, pour faire gonfler son bilan jusqu’à 5.000 milliards de dollars, il aura fallu seulement huit ans à la Federal Reserve américaine pour faire bondir le sien à 4.500 milliards de dollars. Les marchés ne sont pas prêts pour le franchissement, par les obligations américaines sur dix ans, du seuil des 3 % et un dollar qui plonge, a déclaré Thomas Buberl, directeur général d’Axa.

    Draghi nous annonce que la BCE ne peut pas stopper ses achats obligataires car les taux du Bund allemand sur dix ans pourraient doubler à 0,79 %, avant de doubler à nouveau et de s’envoler ! Or, à l’automne, les achats devraient normalement cesser et les taux directeurs augmenter.

    De 2007 à 2018, les taux d’emprunts d’État ont dégringolé, en moyenne, de 4,2 % à 0,9 %. Une hausse des taux de 1 % alourdirait la note, pour l’État français, de deux milliards par an, tandis que le cours des obligations baisserait de 10 %. Powell et Draghi font face à la quadrature du cercle pour augmenter les taux. Krach en vue !   • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Une Europe sans boussole

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Il est désormais bien loin le temps où un universitaire américain pouvait tranquillement énoncer sa thèse de « la fin de l’histoire », grâce à l’avènement universel du capitalisme et de la démocratie. La chute du Mur de Berlin en 1989, avec l’effondrement du système soviétique semblait donner quelque crédit à cette idée d’une paix universelle avec la constitution d’un État de droit à l’échelle mondiale. D’ailleurs certains économistes libéraux plaidaient dans le même sens, en expliquant que désormais il était impossible de sortir du cercle de raison de l’économie mondiale, générant une prospérité générale. Ce bel optimisme s’est trouvé contrarié par des facteurs auxquels on n’avait guère pensé sur le moment. Mais il y eut un premier réveil brutal, le 11 septembre 2001, avec les attentats spectaculaires de New York et de Washington. On connaît la suite avec les guerres du Proche-Orient et l’offensive généralisée du fondamentalisme islamiste.

    Et puis il y a l’Europe elle-même. Ne devait-elle pas constituer l’exemple d’un espace de paix, assuré par son organisation politique ? Sa situation privilégiée ne devait-elle pas favoriser une extension du bien être et de la sécurité ? On a dû déchanter, non seulement à cause des attentats qui ont meurtri le sol européen mais à cause de la déstabilisation qui s’est emparée, depuis quelques années, du continent. Partout, on a assisté à la montée des populismes et au recul des formations de centre droit et de centre gauche. On parle pour l’Europe centrale, qui fut délivrée du communisme, de l’établissement d’un régime illibéral. Les vagues migratoires consécutives aux guerres et aux malheurs d’autres peuples ont suscité la crainte des populations locales, par ailleurs inégalement touchées par les retombées de la croissance mondiale.

    L’Italie est l’exemple même de cette incertitude qui s’est emparée surtout des classes moyennes et des classes défavorisées marquées par le chômage. Après les élections de dimanche on va jusqu’à parler de cataclysme électoral. Mais n’était-ce pas prévisible ? L’Europe semble avoir perdu la boussole qui avait orienté sa marche au lendemain de la guerre. On a peut-être aussi, du côté des élites, un peu trop pris de haut des gens qui n’étaient pas conquis par principe au bel avenir qu’on leur assurait. D’une façon ou d’une autre, il faudra bien répondre à un désarroi qui n’a pas trouvé, jusqu’ici, de réponse adéquate.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 mars 2018.

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau...

    Italie : l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs

  • Italie : l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs

     

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    A quoi assistons-nous au fond, d'une journée électorale européenne l'autre, depuis le Brexit ?

    Il se pourrait bien que ce soit tout simplement à la déconstruction de l'Union Européenne, étape par étape. Chacune nationale. Pays après pays. On peut s’en féliciter ou le regretter, il devient difficile de ne pas le constater. 

    L'Union Européenne se défait donc elle aussi, du moins telle qu'elle avait été rêvée puis mise en route par les vieux messieurs qu'étaient déjà, dans les années 50 et 60 du siècle dernier, Konrad Adenauer, Robert Schumann, Alcide de Gasperi et Jean Monnet. Tous quatre avaient vécu deux guerres mondiales, deux tragédies immenses, et pensaient devoir faire en sorte qu'elles ne se renouvellent pas. Leur vision - celle qui prévalut - fut celle que Jean Monnet incarnait : économique et marchande.  Regis Debray disait dimanche matin sur France Inter qu’ils mirent la charrue avant les bœufs : il eût fallu commencer par la culture qui unit et non par l’argent qui divise. Nous avons toujours dit la même chose. Il faudrait sans-doute ajouter que la menace d'invasion soviétique commandait alors le regroupement. Cette menace, si inquiétante et mobilisatrice en ce temps-là, où Staline et les Bolcheviques régnaient au Kremlin, s'est aujourd'hui évanouie. Nous l’avons oubliée. La CECA, le Pool Charbon Acier, le traité de Rome, le Marché Commun, ce ne sont plus là eux non plus que des souvenirs d'une époque déjà lointaine. Il ne serait pas surprenant que l'idée européenne perdure car elle a toujours survécu au fil des siècles depuis la fin de l'empire romain et l'éclatement de l'unité chrétienne médiévale au XVIe siècle*. Mais sous sa forme strasbourgo-bruxelloise il n'est pas impossible qu'elle ait vécu, que ce ne soit plus qu'une survivance d'un passé révolu. Les peuples l’ont rejetée, le désenchantement n’a fait que grandir. Il s’est installé. Une autre Europe reste à construire. Il faut espérer que ce sera avec bon sens et réalisme. 

    Est-ce là la leçon qu'il conviendrait de tirer des élections italiennes ? Il nous paraît assez clair qu'après la sécession britannique, la dissidence polonaise, tchèque, hongroise et slovaque, la singularité autrichienne, l'Italie à son tour, quelle que soit l'anarchie de son système politique et les combinaisons palliatives qui pourraient être tentées, consacre l'extension de l'euroscepticisme à l'aire des pays fondateurs.  Ce dernier est de toute façon majoritaire désormais en Italie. Il se pourrait bien que les prochaines élections européennes confirment la tendance plus nettement encore.  

    * Sur ce sujet, nous recommandons la lecture d’un livre ancien instructif et toujours parfaitement pertinent, Survol de l’Histoire de l’Europe de René Sédillot, Fayard - Les Grandes Études Historiques, 1967.

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • La Banque centrale européenne et la bulle du crédit

     

    Par François Reloujac  

    Il est des esprits perspicaces qui prévoient un éclatement dramatique des bulles du crédit. Pas seulement avec le bitcoin ! Il ne suffit pas de prédire ; il faut encore comprendre pourquoi et comment. Des politiques insensées sont poursuivies de manière mécanique pour n'avoir pas à renoncer à des chimères de pouvoirs supranationaux ! Alors, tout est fait pour sans cesse les renforcer. 

    La Banque centrale européenne (BCE) est-elle responsable de la création d’une bulle du crédit ? comme l’écrit Jacques de Larosière, ancien Gouverneur de la Banque de France et ancien Directeur général du Fonds monétaire international, dans son ouvrage au titre évocateur Les lames de fond se rapprochent ? Et pourquoi ?

    Selon lui, la Banque centrale européenne fonde ses décisions sur un instrument de mesure insuffisant et utilise comme moyen d’action un outil inadapté. De ce fait le résultat de ses actions ne peut être que la création d’une bulle du crédit qui menace à tout moment d’exploser. Cependant, il omet (volontairement ?) dans son analyse de se poser les questions politiques fondamentales, comme celle de l’indépendance des banques centrales et celle de l’imposition d’une monnaie unique pour des pays qui n’ont aucune volonté politique commune ni en matière sociale ni en matière fiscale.

    Le taux d’inflation est un instrument de mesure insuffisant

    Officiellement, la Banque centrale européenne a comme but premier d’assurer la stabilité des prix. N’ayant jamais véritablement donné une interprétation valable des observations issues de la « courbe de Phillips », – cette étude statistique de l’évolution du taux de chômage par rapport à celle des prix dans l’Angleterre de l’immédiat après-guerre –, elle considère malgré tout que le taux de l’emploi est optimal si le taux d’inflation est autour de 2 %. Pour cela elle garde l’œil rivé sur l’indice des prix à la consommation. Tant que celui-ci ne dépasse pas 2 %, elle peut pratiquer une politique de baisse des taux d’intérêt pour inciter les entreprises à investir et donc à embaucher. Tel est le raisonnement ! Il convient, pourtant, de préciser qu’à toutes les époques, depuis 1958, on a cherché à justifier et non à expliquer cette relation observée pendant une dizaine d’années entre l’inflation et le chômage : la dernière en date fut établie en 2016 et fut signée d’Olivier Blanchard, l’économiste français du FMI.

    Ce taux d’inflation est un outil de mesure insuffisant et les résultats de la « courbe de Phillips » ne permettent notamment pas d’expliquer l’évolution de l’économie française : c’est pendant les Trente Glorieuses, où le taux d’inflation était très largement supérieur à 2 %, que le taux de chômage a été le plus faible. Que cette période de croissance fut exceptionnelle, certes, mais cette constatation ne signifie pas qu’il faille l’ignorer complètement lorsque l’on veut utiliser le taux d’inflation comme indicateur unique de la santé économique du pays !

    L’instrument que constitue le taux d’inflation des prix à la consommation est aussi insuffisant parce qu’il ne prend pas en compte de nouvelles et violentes réalités : ni l’évolution démographique car la « courbe de Phillips » a été observée au début du baby boom et non dans une période de vieillissement de la population et de déclin démographique ; ni la suppression du système monétaire issu des accords de Bretton Woods ; ni l’abolition des barrières douanières dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce – permettant aux pays à faible coût de main-d’œuvre comme la Chine de concurrencer les productions des pays plus anciennement industrialisés – ; ni l’instauration des quatre prétendues libertés fondamentales des traités européens que sont la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, lesquelles favorisent les délocalisations et donc le chômage national. Sans compter que cet instrument ne tient pas compte non plus du développement des transports, des facilités d’accès aux matières premières et aux nouvelles sources d’énergie, ni de la pollution qui peut en résulter.

    La manipulation des taux est un outil inadapté

    Les gouvernements se sont défaussés sur la banque centrale du pilotage de l’économie, pensant que la baisse des taux permet de rendre rentable de nouveaux projets économiques et donc de pousser les entreprises à embaucher. Macron, comme Hollande avant lui, ne peut évidemment que s’en féliciter. Pour atteindre le but qui lui est fixé, la banque centrale n’utilise qu’un seul instrument : « le taux directeur ». Tant que le niveau d’inflation ne dépasse pas les 2 % fatidiques, la banque centrale peut laisser les taux baisser sur les marchés financiers afin de faciliter le recours au crédit. Mais la banque centrale n’a aucune responsabilité dans l’usage des crédits accordés ! La seule limite à sa politique de pilotage par les taux est le fait contraignant que lorsque les taux tombent à zéro, elle n’a plus aucune marge de manœuvre. Elle constate alors sa totale impuissance, ce qui est le cas aujourd’hui.

    N’ayant pas à surveiller l’usage qui est fait des crédits nouveaux résultant de cet effet d’aubaine que constituent des taux anormalement bas, la banque centrale n’a pas pris la mesure des effets pervers de cette politique de laxisme monétaire. Les crédits, au lieu de financer des projets industriels nouveaux a conduit à une explosion de la valeur des actifs économiques : valeurs mobilières, ce qui incitent les sociétés anonymes à racheter leurs propres actions pour accroître leurs bénéfices financiers, matières premières, biens immobiliers, ce qui conduit à un coût insupportable des logements pour l’ensemble de la population jeune qui cherche à s’installer et à un « effet richesse » pour les propriétaires anciens…. Au lieu d’aider les consommateurs à stimuler la production nationale par leurs achats, les crédits nouveaux leur ont permis d’acquérir des produits importés, satisfaisant plus souvent un désir impulsif plutôt qu’un besoin réel et concourant au déséquilibre de la balance des paiements. Le « Toujours plus », cher à François de Closets, a conduit à nourrir une véritable bulle du crédit. La banque centrale a laissé faire.

    Comme la politique de la Banque centrale européenne suit pratiquement la même logique que celle de la Réserve fédérale américaine, la Banque nationale d’Angleterre ou celle du Japon, la dette globale a fini par atteindre en 2015 plus de 225 % du PIB mondial, selon les chiffres publiés par le FMI en octobre 2016. Depuis, elle a continué à croître du fait de la politique dite d’assouplissement quantitatif pratiquée par les banques centrales tant américaine qu’européenne.

    Une Europe fédérale comme réponse à la bulle du crédit ?

    Partant de ces constatations, Jacques de Larosière relève cinq principaux défis qu’il propose de relever pour permettre à la Banque centrale européenne d’avoir une action efficace tout en restant indépendante et sans toucher à l’euro. Ce sont la faiblesse de la croissance, les divergences entre les économies européennes, la financiarisation à outrance, l’absence de discipline monétaire collective et un taux de chômage insupportable. Et, pour y arriver, il propose naturellement des « réformes structurelles », selon le maître-mot des élites d’aujourd’hui.

    Comme, il ne conçoit la solution que dans le cadre de l’Union européenne actuelle, ces « mesures structurelles » ont pour but de « réduire les dépenses publiques lorsqu’elles pèsent exagérément sur le pays », comme c’est le cas en France, en Belgique ou en Italie, de « favoriser l’emploi par une plus grande flexibilité du marché du travail », d’« augmenter la concurrence », de « permettre une titrisation » qualifiée de « prudente et transparente » pour que personne ne se souvienne du rôle majeur joué par cette technique dans la propagation et l’aggravation de la crise des subprimes, de « favoriser la convergence des politiques économiques dans l’Union », etc.

    En fait, ces « solutions » ne sont que la poursuite de la fuite en avant dans laquelle les élites européennes précipitent les peuples qui n’en veulent pas, faute de remettre en cause les dogmes sur lesquels elles ont construit leur pouvoir. Pourtant l’ancien Gouverneur de la Banque de France est bien conscient du fait qu’il est nécessaire de « donner une réponse à quelques questions clés », comme le vieillissement de la population, la sécurité et l’immigration…, ce qui, d’après lui, suppose que l’on envisage « de faire élire le Parlement européen sur une base européenne et non nationale et de faire voter directement pour le président de l’Europe ».

    Bref, toujours la même chose : moins ça marche et plus il faut que ça marche ! Jusqu’à l’explosion ! On se demande, à la lecture de ces propositions si la Banque centrale européenne, en laissant se développer une inimaginable bulle du crédit qui détruit l’économie, n’a pas simplement pour unique but politique que d’imposer une Europe fédérale. Et le président Macron n’est que l’élève de cette « géniale » pensée politique et s’en pense et s’en veut le réalisateur.   

    Les Lames de fond se rapprochent
    Jacques de Larosière – Odile Jacob 256 p, 19,90€.

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    La Grèce, modèle de l’Europe de demain ?

     François Reloujac

  • Allemagne : Atlantico pose de nouveau de bonnes questions ...

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    Lundi 05 Février 2018
     
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  • La leçon de Davos

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgM. Macron avait sans doute raison de chercher à profiter du sommet de Davos pour réunir, en guise d’introduction, quelque cent-quarante patrons de grands groupes internationaux à Versailles, lieu hautement symbolique de la grandeur française. Il a cependant commis une faute grave en privilégiant la langue anglaise (« Choose France») portant ainsi un coup très dur à une langue, le français, pour laquelle on avait cru comprendre précédemment qu’il ambitionnait un bel avenir. Parler anglais à Versailles pour mieux intégrer le club forcément anglo-saxon de la mondialisation, constitue un acte d’allégeance linguistique, reniement qui pourra coûter cher sur le plan politique - beaucoup plus que les résultats purement comptables d’un show qui restent très limités. 

    On pouvait donc attendre le pire à Davos, devant un public par avance sous son charme. Surprise : après une vingtaine de minutes en anglais et un « France is back » hollywoodien, M. Macron s’est exprimé une demi-heure en français pour sa leçon du jour. Notre président, ce « libéral, partisan de l’économie de marché, de la désinflation réglementaire et de la limitation de la pression fiscale » (M. Guetta, France Inter, 25 janvier), explique donc aux maîtres du monde que le processus actuel dit de « mondialisation » va à l’échec, parce qu’il génère chaos, misère et révolte, et qu’il faut donc en modifier la nature, c’est-à-dire cesser de pratiquer un dumping social et fiscal. Et M. Macron d’affirmer, avec des accents dignes d’un Victor Hugo, que « le défi est maintenant de savoir si l’on sait refonder un vrai contrat mondial […] autour du devoir d’investir, du devoir de partager et du devoir de protéger » 

    Si on est un croyant, on peut se lever, applaudir, tomber dans les bras les uns des autres en pleurant à l’évocation de l’avenir radieux qui attend(rait) l’humanité libérale. Mais, et M. Macron est trop intelligent pour l’ignorer, sa mise en garde, étant donné la nature des choses, constitue plutôt une analyse des raisons de l’échec humain programmé de la globalisation. Ceux à qui profite la situation n’ont aucune raison de changer. Mme Merkel a redit à Davos son attachement au libre-échange. On la comprend, la balance commerciale allemande étant excédentaire d’environ deux cent cinquante milliards d’euros. Ceux à qui la situation est préjudiciable prennent les mesures qu‘ils peuvent. Les Etats-Unis, champions du monde du déficit avec cinq cents milliards de dollars, ont à leur disposition la planche à billets et les mesures protectionnistes de M. Trump (« Je ferai toujours passer l'Amérique en premier » a-t-il d’ailleurs indirectement répondu à M. Macron).

    M. Macron ne peut pas raisonnablement penser que son appel sera entendu. Ce sont en effet les déséquilibres qu’il dénonce qui permettent aux gagnants de s’enrichir au détriment des perdants. Il est donc naïf de croire qu’oligarchies et Etats bénéficiaires renonceront à ce qui est devenu leur raison même d’exister. N’en déplaise donc à M. Macron, en tout cas à rebours de son idéologie, nous pensons que son discours est porteur d’une leçon réaliste : le paradis sur terre libéral n’existe(ra) pas et il convient d’en tirer les conclusions qui s’imposent.