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Actualité Europe - Page 39

  • Le vent a tourné. Il souffle dans la direction des peuples qui ne veulent pas mourir

    Trump défraye la chronique et il est assez patent qu'il y prend plaisir. Ancien acteur de télé-réalité, on ne s'étonnera pas qu'il raffole d'être vu et entendu. On dit qu'il adore être seul contre tous. Si omnes, ego non*. 

    Désormais son théâtre est le monde. Il y parle fort et - ce n'est pas nouveau - la parole du président des Etats-Unis porte loin. Son langage est rude, cru, sans nuance, manichéen. Celui qui plaît à l'Amérique profonde. Et que l'on comprend au comptoir des saloons sauvages, où l'on boit, selon Brasillach, l'alcool de grain des hommes forts**. Trump a dû goûter de ce breuvage viril - dans les verres grossiers - plus souvent qu'à son tour et de l'énergie qu'il y a puisée il fait profiter son pays et le monde. 

    Il réenracine l'Amérique. Il restaure le vieux nationalisme américain et rompt avec l'humanitarisme universaliste de son prédécesseur. Il ne rêve sûrement pas d'un prix Nobel de la Paix, tel celui notoirement ridicule que le jury de Stockholm avait inconsidérément attribué à Barak Obama à l'orée de son mandat. De toute évidence, ce n'est pas le genre de rêve qui pourrait hanter le sommeil de Donald Trump. Pareil risque ne le guette pas. 

    Il renoue avec l'appétit américain de richesse, de puissance et de liberté. Entendons : La liberté de l'Amérique. « Pour être libre, dit Bainville, il faut être fort ». Telle est même la définition vraie de la liberté. Et Maurras dit quelque part qu’une liberté c’est un pouvoir. Ni plus ni moins. Trump le sait mieux que personne. Ses conseillers maurrassiens - Steve Banon, Stephen Miller … - n'auront qu'à lui confirmer ce qu'il a appris en naissant, comme l'Amérique profonde soudain réveillée par ce soudard capricieux qui siffle la fin du libre-échange. Il  punit la Chine et l'Allemagne de leurs succès commerciaux qui ruinent l'Amérique, détruisent son industrie et ses emplois. Il déchire les traités. Il arrive au G7 canadien en réclamant à cor et à cri la réintégration de la Russie. Il déménage son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Il engage avec Kim Jong un, un processus de paix hautement improbable il n'y a pas six mois. Si son pouvoir se renforce à l'intérieur, demain, il se rapprochera de Poutine et, après-demain de Téhéran. Enfin - impardonnable transgression - il expulse les migrants ... Il nous conseille d’en faire autant, nous reproche de n’en rien faire … 

    Donald Trump a torpillé le dernier G7 parce qu'il déteste ces grand-messes ridicules et vaines et parce qu'il préfère négocier pour le compte des États-Unis avec chaque partenaire pris séparément. Finies les décisions censément collectives. Fini le semblant de gouvernance mondiale où rien ne se décide jamais. Retour aux nations ! Après l'esclandre canadien, les futurs G7 ne seront sans-doute plus jamais comme avant... L'Amérique de Trump reprend sa liberté. Elle a les moyens de l'exercer. Les Etats-Unis sont forts.  

    Et Trump secoue l'Europe comme un prunier. Il lui dit ses quatre vérités. Il taxe son aluminium et son acier. Le secteur automobile allemand n'a qu'à bien se tenir. Angela Merkel n'ignore pas que Trump l'a en ligne de mire. Et Trump dit à l'Europe sa faiblesse et sa lâcheté. En matière de défense [au fait, contre qui ?] mais aussi en matière d'immigration. Que l'on y regarde bien : à sa manière Trump intervient dans les affaires européennes. Son America first n'est pas nécessairement synonyme de l'isolationnisme d'antan. Trump remue la pâte européenne. Il en discerne les failles, les tendances lourdes. La permanence des nations ne lui échappe pas. La volonté identitaire des peuples non plus. Il distribue blâmes et bons points en conséquence. Il jouera des divisions inter européennes. Au besoin il les attisera. Il en tirera pour les États-Unis tout le parti qu'il pourra. « Les nations n'ont pas d'amitiés, elles ont des intérêts ». Trump ne ménagera pas les nôtres, mieux vaut le savoir. Mais sa sympathie et - en un sens à prendre avec des pincettes - son soutien va, de toute évidence, à ceux qui refusent comme lui la submersion migratoire et le nivellement des identités. A ceux qui ne veulent pas mourir.  

    Certes, ceux qui ne veulent pas mourir, qui veulent rester ce qu'ils sont, n'ont pas encore partie gagnée. Mais on voit mal aujourd’hui comment le mouvement protestataire engagé dans toute l'Europe pourrait être stoppé. Il connaîtra des avancées et des reculs. Mais des deux côtés de l'Atlantique, le vent a tourné. Désormais, il souffle dans la direction des peuples qui ne veulent pas mourir. ■ 

    * Devise de la Maison de Clermont-Tonnerre

    ** Le jugement des juges, Poèmes de Fresnes

  • Où Nicolas Baverez prend acte de « La fin du modèle allemand »

    Le Reichstag à Berlin  

     

    2293089609.14.jpgLe Figaro d'hier lundi 25 juin a publié la chronique de Nicolas Baverez que nous reprenons ci-après. Il nous paraît probable qu'un intellectuel et politologue occupant la place qui est celle de Nicolas Baverez n'aurait pas pu signer une telle analyse il y a seulement quelques mois. Et que Le Figaro ne l'aurait pas publiée. Ce que Nicolas Baverez dresse ici, c'est, somme toute, ce que Régis Debray appelle un bilan de faillite. Faillite du couple franco-allemand aujourd'hui profondément désuni et faillite des organismes bruxellois tenus en échec à la fois par la guerre économique que Donald Trump a engagée et par la question des migrants qui déchire les Européens. Qu'en sera-t-il du modèle allemand en tant que tel, remis en question lui aussi par les deux mêmes phénomènes ? Baverez a raison de faire observer que « l'Allemagne conserve des atouts exceptionnels ». Raison encore de douter qu'elle demeure un modèle.  LFAR  

     

    AE10093.jpgL'Allemagne s'est reconstruite après  la Seconde Guerre mondiale autour du choix de la démocratie et de l'économie sociale de marché, de la garantie de sécurité américaine et de la résistance à la menace soviétique, de la paix avec la France et de la construction européenne. En 1989, l'affaiblissement de l'Union soviétique lui a permis de se réunifier et de retrouver sa pleine souveraineté grâce à Helmut Kohl. Elle a alors investi plus de 1200 milliards d'euros pour renouer l'unité nationale puis a engagé des réformes profondes afin de s'adapter à la mondialisation et  au passage à l'euro à travers l'Agenda 2010 impulsé par Gerhard Schröder.

    L'Allemagne s'est érigée, sous  la direction d'Angela Merkel, en îlot  de stabilité et en leader incontesté  de l'Europe du fait du décrochage  de la France. Son modèle de croissance, tirée par l'exportation et fondée sur  la désinflation compétitive, lui permet d'afficher un double excédent des finances publiques (1,2 % du PIB) et  de la balance commerciale (8 % du PIB), dans un monde perclus de déséquilibres et de dettes. Elle a résisté au choc de 2008 et imposé ses principes pour  le pilotage de la crise de l'euro, en étroite coordination avec la BCE, comme  pour la douloureuse restructuration  de la Grèce. Sa force économique  a longtemps semblé l'immuniser contre la démagogie et l'extrémisme.

    Ce modèle est pourtant en passe de s'effondrer sous l'impact des chocs  qui se sont succédé depuis 2015.  Les attentats djihadistes, la menace des démocratures, la vague des migrants, le Brexit, l'élection de Donald Trump l'ont profondément déstabilisé, remettant en question les principes qui ont présidé à la reconstruction puis à la réunification.

    Sur le plan économique, la croissance par l'exportation est directement menacée par la guerre commerciale  et technologique lancée par Trump,  qui cible explicitement l'Allemagne et ses excédents commerciaux, avec  pour prochain objectif son industrie automobile. La compétitivité se trouve compromise par le coût exorbitant  de la transition énergique à marche forcée qui pourrait dépasser 2000 milliards d'euros. Deutschland AG a laissé apparaître des failles béantes avec le Dieselgate - dont le dernier avatar est l'arrestation de Rupert Stadler,  PDG d'Audi - comme avec la déconfiture de Deutsche Bank : sous les erreurs stratégiques des entreprises, on trouve un même refus de s'adapter aux changements du monde, le basculement vers le véhicule électrique, autonome  et connecté d'une part, la priorité  rendue au financement de l'économie par rapport aux activités de marché tendues vers la spéculation d'autre part.

    im-clinch-csu-chef-horst-seehofer-und-bundeskanzlerin-angela-merkel-cdu-.jpgAu plan politique, la décision unilatérale de Merkel d'accueillir  plus d'un million de réfugiés en 2015 fut  le détonateur qui fit basculer l'Allemagne dans les turbulences. La société  s'est profondément divisée et polarisée autour des réfugiés et de l'islam, brisant la culture du compromis.  Les deux grands partis autour desquels s'organisait la vie politique sont en chute libre, ne représentant plus que 52 %  des voix, tandis que l'extrême droite effectue un retour en force avec  92 députés. Le mode de gouvernement  en coalition ne fonctionne plus comme le montre la sécession du ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, sur  le refoulement des demandeurs d'asile à la frontière ou l'opposition ouverte de la CSU au projet de budget de la zone euro.

    Au plan géopolitique, le tournant isolationniste et protectionniste des États-Unis laisse l'Allemagne orpheline. Elle se trouve privée de toute garantie de sécurité au moment où le pays qui s'est reconstruit sur une base pacifiste affronte la recrudescence des attentats islamistes - allant jusqu'aux tentatives d'attaques bactériologiques - ainsi que la pression directe des démocratures russe et turque. Sa seule option demeure l'Europe,  mais une Europe où le Brexit la laisse en tête à tête avec la France. Une France qui a laissé s'effondrer son appareil de production et perdu la maîtrise de ses finances publiques et dont l'Allemagne redoute de devenir le payeur en dernier ressort à travers la transformation de  la zone euro en une union de transferts.

    L'Allemagne conserve des atouts exceptionnels. La relance ou  la désintégration de l'Union se jouent autour de la gestion des migrants et  du contrôle des frontières extérieures  de l'Union. La difficulté vient de ce  que Merkel est mal placée pour prendre le leadership de la reconfiguration  de l'Allemagne et de l'Europe, tant sa légitimité est affaiblie, son gouvernement divisé, sa responsabilité personnelle engagée dans les erreurs qui ont amplifié la vague populiste, sa méthode des petits pas inadaptée face aux défis à relever. Albert Einstein rappelait à raison que  « ce n'est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu'il faut espérer les résoudre ».

  • A propos d'Éric Zemmour : « Franco, symbole des féroces guerres de mémoire » Commentaires ...

    Rencontre De Gaulle - Franco  au palais du Pardo, le 8 juin 1970

     

    1417414836 - Copie.jpgLes quatre commentaires ci-dessous ont suivi la vidéo d'Eric Zemmour que nous avons publiée hier - avec, comme toujours, notre introduction - « Franco, symbole des féroces guerres de mémoire ». La vérité historique mérite toujours d'être rétablie lorsqu'elle est trahie. Zemmour l'a fait avec intelligence et exactitude. Et avec souci du présent car la situation actuelle de l'Espagne est inquiétante, pour elle-même mais aussi pour nous Français et pour toute l'Europe.

    Merci à petitjean, Jacques Léger, de Wargny et Richard pour leurs excellents commentaires.   LFAR   

     

    Caidos.pngLe commentaire de petitjean

    La falsification de l'Histoire est une grande spécialité de la « gauche » que la « droite » a toujours laissé faire car le problème c'est bien la « droite » !

    Ce qui est stupéfiant dans cette affaire c'est l'apathie, la lâcheté de la « droite » espagnole.

    Venant de faire un circuit en Espagne, je témoigne que les guides de ces circuits font soigneusement, et sous des prétextes divers, tout pour éviter la visite du mausolée de Franco.

     

    juin-19-1969-19-juin-1969-ex-president-de-gaulle-est-hote-du-president-de-valera-a-dublin-a-ex-president-de-gaulle-e0ya25.jpgLe commentaire de Jacques Léger

    Rappelons, puisque cet épisode n’est jamais évoqué, que, lorsque sa démission, en 1969, rendit sa liberté au général de Gaulle, il se rendit en Espagne et rencontra le Caudillo. Seul Eamon de Valera, figure historique de l’indépendance irlandaise, eut droit à la même marque d’estime. Ces géants du XXe siècle n’ont rien à redouter des nains qui nous gouvernent.

     

    Le commentaire de Wargny

    Fouché, duc d'Otrante par la grâce de Napoléon, et fin connaisseur de l'âme française, disait : « dans une nation comme la France, ce n'est qu'avec précaution qu'on peut remuer le passé ». Réflexion qui vaut aussi pour l'Espagne. Mais, ce 42bb12b-1.jpggrand dadais et démagogue lourdingue de Pedro Sanchez veut par un coup d'éclat dans le même temps bannir Franco et dérouler le tapis rouge aux migrants économiques venus pour la plupart de pays en paix. Ce faisant il croit prendre, en moins subtil ,la place de Hollande comme héraut de la bien-pensance socialiste.. Petit bourgeois à l'assise parlementaire précaire, il monte dans la surenchère en s'attaquant à un symbole. Après Franco ce sera sans doute le tour des moulins à vent si chers à Don Quijote ? 

     

    856e077ed389c1bb152f0fb560b8b8dc.jpgLe commentaire de Richard

    Que les rouges en veuillent à la mémoire du général Franco, ils sont dans leur rôle .

    Pour la prétendue droite espagnole, sa lâcheté s'explique facilement : comptent pour elle surtout les places, les émoluments (voir comment est tombé le précédent gouvernement) . Ne pas être défendu par de telles gens est un avantage .

    Franco restera dans l'Histoire en compagnie d'Isabelle de Castille, de Ferdinand d'Aragon, de Philippe II .

    Eux (de cette droite inutile et vénale) seront oubliés . 

    Éric Zemmour : « Franco, symbole des féroces guerres de mémoire »

    Les 3 illustrations ci-dessus :

    Le Valle de los Caidos où repose Franco,

    De Gaulle et Eamon de Valera

    Pedro Sanchez, nouveau chef du gouvernement espagnol.

    Les Rois Catholiques.

  • Risque italien de krach bancaire et de faillite de l'Etat

     

    Par Marc Rousset

     

    3890715347.jpg

    La situation économique du pays est malheureusement le point faible de l’Alliance populiste porteuse d’espoirs pour l’Europe.

    Emmanuel Macron et Angela Merkel viennent de se mettre d’accord, à Meseberg en Allemagne, pour limiter les « prêts non performants » (« NPL », en anglo-américain) des banques de l’Union européenne à 5 % du maximum du total des encours de crédits bancaires. La moyenne, en Europe, est de 4 % aujourd’hui, suite à des programmes de cession, par les banques, de créances douteuses, avec une forte décote, à des fonds américains tels que Pimco ou Fortress. Mais il n’empêche que le ratio est toujours de 44,9 % en Grèce, 38,9 % à Chypre, au-dessus de 15 % au Portugal et d’au minimum 11 % en Italie, l’Irlande se situant à 10 %. Les banques italiennes détiennent à elles seules 28 % des « NPL » en Europe. L’essentiel de ces créances douteuses correspond à des prêts à des entreprises et, en moindre partie, aux ménages.

    Le programme populiste italien de relance par la consommation consisterait à faire la même erreur que la France depuis quarante ans, d’autant plus que l’endettement public italien est de 130 % du PIB et devrait atteindre, si l’on extrapole, 200 % en 2050. La population italienne, la deuxième plus âgée du monde, décroît. La productivité italienne est médiocre dans plusieurs secteurs et le Mezzogiorno constitue une lourde charge pour le pays, même si l’Italie est aujourd’hui plus industrialisée que la France. La réduction des impôts et la mise en place d’un trop généreux traitement du chômage, identique à celui de la France, ne peuvent être que contre-productifs dans le contexte actuel. Une relance de l’offre productive, de l’innovation, des infrastructures et des investissements des entreprises serait pourtant le seul moyen de diminuer, à terme, le risque de faillite de l’État italien. La situation économique du pays est malheureusement le point faible de l’Alliance populiste porteuse d’espoirs pour l’Europe en matière migratoire et pour de bonnes relations avec la Russie.

    Nombre de banques locales et coopératives italiennes sont en grande difficulté et pourraient être liquidées tout comme les banques vénitiennes, il y a un an. L’an dernier, la banque Monte dei Paschi di Siena avait dû aussi être sauvée par l’État italien, aujourd’hui actionnaire majoritaire à 68 % ; le prix de l’action vient de baisser de 20 %. Le cours des deux plus grandes banques italiennes, UniCredit et Intesa, vient de perdre 10 % et 18 %. Le deuxième point de fragilité des banques italiennes, au-delà des créances douteuses, est leur exposition aux obligations de l’État, qui représentent 20 % de leurs actifs, soit l’un des ratios les plus exposés du monde.

    L’exposition à la dette italienne représente 145 % des capitaux propres de Tier 1 (ratio de la BRI) d’Intesa Sanpaolo et d’UniCredit, 327 % de Banco BPM, 206 % de Monte dei Paschi, 176 % de BPER Banca, 151 % de Banca Carige. Ces banques, sauvées jusqu’à présent par les taux d’intérêt zéro et la politique laxiste monétaire du QE (quantitative easing) de la BCE, sont menacées par le « cercle de la mort » si le prix des obligations baisse ou s’écroule en raison de la remontée des taux d’intérêt. De plus, les banques françaises détiennent 44 milliards d’obligations italiennes (BNP, 16 milliards) ; les banques espagnoles, déjà très fragiles, 29 milliards (Banco Sabadell, 10,5 milliards). La banque franco-belge Dexia, qui a déjà fait faillite deux fois en 2008 et 2011, possède 15 milliards d’obligations italiennes. Toutes ces banques survivent avec l’épée de Damoclès « taux d’intérêt » au-dessus de la tête.

    Enfin, l’Italie et l’Espagne plongent de plus en plus avec des déficits de mouvements de capitaux en zone euro (balances Target 2) de l’ordre de 400 milliards d’euros pour chacune, tandis que l’Allemagne accumule les excédents (900 milliards d’euros).

    Mario Draghi vient d’annoncer la fin du QE de la BCE pour fin 2018, après avoir acheté, d’une façon exceptionnelle et non conventionnelle, 2.650 milliards d’euros d’obligations en zone euro depuis mars 2015, ce qui est très préoccupant pour l’Europe du Sud et l’Italie. En annonçant que les taux d’intérêt resteraient à leur niveau actuel « au moins jusqu’à la fin de l’été 2019 », Mario Draghi n’a fait qu’apporter un contrepoison d’une durée d’un an à la fin du QE, l’explosion à venir en Italie et dans la zone euro étant malheureusement inéluctable. La crise de la dette italienne continue de couver sur les marchés.  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Vidéo. Hilaire de Crémiers commente le dernier numéro de Politique Magazine et ... l'actualité

     

    Présentation du n° 170 de Politique magazine (juin 2018)

     

     Sommaire.

    • Éditorial. Ralliement par Hilaire de Crémiers
    • Actualité. Maître du monde ? par Hilaire de Crémiers
    • Fichier S ? Réponse au sommet ! par Jacques Trémolet de Villers
    • Concurrence et service public par François Reloujac
    • La crise actuelle de l’Université par Yves Morel
    • L’éolien industriel, ses mensonges et ses nuisances par André Posokhow

    Dossier : Les États généraux de la bioéthique

    Le Comité consulatif national d’éthique a rendu son rapport. Impossible de le dissimuler : les États généraux ont manifesté des oppositions fermes et raisonnées aux évolutions « sociétales » proposées. Aucune synthèse ou prétendue telle ne sera satisfaisante. La question fondamentale est de savoir quelle conception la France se fait de l’homme et de la vie humaine.

    • Bioéthique : vers une société sans relations par Philippe Mesnard
    • Des états généraux en vérité ou en prétexte ? Entretien avec Ludovine de La Rochère
    • Pour un « principe responsabilité » bioéthique par Matthieu Baumier
    • La vie humaine instrumentalisée. Entretien avec Jean-Marie Le Méné
    • L’État étend son domaine sur nos corps par Philippe Mesnard

    Monde

    • La Chine m’inquiète par Georges-Henri Soutou
    • Dépendance ou indépendance par Mathieu Épinay
    • Jérusalem, capitale d’israël par Olivier Pichon

    Libre propos

    • Une famille étonnamment prolifique par Bernard Leconte

    Humeur

    • Vive la grève ! par B.-S. Chambon

    Civilisation

    • Chronique littéraire de Michel Bouvier
    • Livres par Ch. T., HdC., Cl. W.
    • Théâtre par Madeleine Gautier et B.-S. Chambon
    • Musique par Damien Top

    Histoire

    • Le roi, ou l’incarnation du pouvoir par Anne Bernet

    La Chronique de Claude Wallaert

    Ont collaboré à ce numéro : Olivier Pichon, Bernard Leconte, Damien Top, Matthieu Baumier, André Posokhow, Philippe Mesnard.

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  • Il faut libérer Tommy Robinson !

     

    Par Pierre de Meuse

     

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    Il y a quelques années, nous avions fait partager aux lecteurs de LFAR une information concernant le scandale de Rotherham, où plus d’un millier de jeunes anglaises, souvent mineures et même des enfants de 11 ans, avaient été violées et prostituées par des membres de la pègre pakistanaise, avec le silence complice des autorités craignant le développement du racisme.

    Voilà qu’une affaire similaire se produit à Telford, avec un caractère pédophile encore plus marqué et la présence de plusieurs meurtres, mais la même indifférence policière, judiciaire, médiatique  et administrative. Indifférence partagée par les médias français, à tel point qu’un journaliste aussi engagé à gauche que Claude Askolovitch remarquait sur France Inter que sans le site anti-immigrationniste « François Desouche », personne n’en aurait rien su en France. Il s’étonnait également que « les jeunes Anglaises violentées ne percent pas le mur de notre compassion ». On aurait cherché en effet vainement  une star balancer ainsi des « porcs » à la peau trop sombre, ou le site « me too » laisser la parole aux victimes de cette dégradation insoutenable. Ces pédophiles profitent pourtant de l’effroyable misère morale et culturelle des « lower classes » britanniques que les « autorités morales » devraient dénoncer. C’est que le black-out est imposé sans aucune honte Outre-Manche. Ainsi la députée travailliste Naz Chah a osé déclarer publiquement, sans être  désavouée par son parti : « ces filles devraient la fermer pour le bien de la diversité ». Dans le même temps la journaliste de gauche  Sarah Champion a été exclue du Labour  Party pour avoir osé briser l’omerta. Dans le même temps 75% des mosquées britanniques ont refusé de condamner ces abus pédophiles .

    arton51053.jpgDu reste, le procès en cours a été placé sous la procédure de la « reporting restriction » qui interdit d’en parler sous peine de sévères sanctions.  Cette ordonnance conservatoire du juge est en principe destinée à préserver la sérénité des débats. En fait la raison profonde de ce black-out médiatique est la crainte de voir la construction sociale britannique devenir la proie de graves conflits. Il est donc interdit de dénoncer les crimes commis par certaines populations car  le "vivre ensemble" britannique risquerait d’en être fragilisé. Plus profondément, le principe de non-discrimination en vigueur en Grande Bretagne comme en France interdit d’apercevoir les prédispositions de certaines cultures à favoriser certains comportements : il édicte un réquisit d’aveuglement. Ce que l’on peut légitimement analyser comme une dissolution de l‘ordre social due à une trop grande mixité doit être réduit à une foule de faits divers auxquels on doit s’interdire de prêter une signification. Un exemple : lorsque la députée conservatrice locale, Lucy Allan, réclama une enquête, elle fut ainsi accusée d’attiser les tensions interraciales en désignant un gang indo-pakistanais. Cette situation est rendue plus aiguë encore par le fait que la Grande Bretagne, à la différence de la France, encourage le communautarisme, pour les différentes ethnies qui composent le kaléidoscope insulaire, à l’exception, bien entendu, des britanniques de souche. Les médias sont donc mobilisés pour exercer la « pédagogie diversitaire » afin de « guérir les mentalités  européennes de leurs pesanteurs ». La falsification du réel devient alors un devoir des autorités. Il existe pourtant des hommes assez courageux pour braver la censure de ce « pays de liberté » qu’est le Royaume Uni. Au premier rang d’entre eux se trouve le jeune journaliste Tommy Robinson, fondateur de l’ « English Defence League », qui a osé « couvrir » le procès de Telford malgré le black-out imposé par le juge. Tommy Robinson a donc été interpellé et, dans une hâte exceptionnelle, condamné à  13 mois de prison ferme, sans que le prévenu ait pu choisir son avocat ni bénéficier d’un procès équitable. La presse n’a pu relater cette procédure d’exception car les juges ont appliqué à sa condamnation une nouvelle « reporting restriction », sans aucune raison autre que le désir d’écraser toute protestation. De plus, Tommy a été transféré à la prison de  Leicester, dans un secteur peuplé de 71% de criminels musulmans dangereux, sur l’ordre du nouveau ministre de l’Intérieur, Sajiv Javid, d’origine pakistanaise. Cette situation le met en permanence en danger de mort. A son arrivée, les prisonniers ont d’ailleurs fait un énorme tapage, hurlant : « A mort Tommy Robinson ».

    Certes, on pourra dire que ce jeune activiste n’est pas dans notre style, et que l’hostilité à l’Islam ne constitue pas un programme politique. Cependant il nous semble que nous sommes tout de même concernés par cette répression qui n’est qu’une partie de ce que nous subissons et qui a pour but de bâillonner toute résistance à la société de l’indifférenciation. De plus le courage de ce jeune homme est impressionnant. Naturellement les organismes de défense des journalistes se sont fait remarquer par leur silence.  •

    Une pétition circule actuellement en faveur de la libération de Tommy Robinson. Elle a reçu l’appui de personnalités aussi diverses que Samantha Markle, demi-sœur de Megan Markle, Donald Trump Jr, fils du président américain, Yvan Rioufol ou Renaud Camus. Elle a déjà recueilli plus de 600 000 signatures.

    Vous trouverez ci-dessous le lien permettant de pétitionner en faveur de la libération du jeune journaliste :

    https://www.change.org/p/theresa-may-mp-free-tommy-robinson

    Pierre de Meuse

    est Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien.

  • Aquarius : Éric Zemmour dénonce le « concours d'hypocrisie et de cynisme »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - La polémique autour du bateau de migrants Aquarius, repoussé loin de ses ports par l'Italie, provoque une crise diplomatique entre Paris et Rome, et divise la majorité. [RTL 14.06]. Bien entendu elle divise aussi l'ensemble des Etats européens dont l'unité est de plus en plus irréelle.    LFAR 

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    C'est celui qui dit qui y est : on se souvient de cette comptine enfantine. L'Union européenne est une grande cour de récréation où chacun accuse l'autre de cynisme, où chacun accuse l'autre d'hypocrisie, où chacun joue à hypocrite et demi. Un grand concours où notre président ne fait pas tapisserie.

    Quand il dénonce la part du cynisme et « l'irresponsabilité du gouvernement italien », Emmanuel Macron oublie qu'à l’été 2017, alors que 100.000 migrants déferlaient sur les côtes italiennes en quelques mois, il donna l'ordre à son ministre de l'Intérieur de ne pas ouvrir la frontière, et de ramener tous les clandestins en Italie.
     

    C'est tout le décalage entre Macron candidat, qui exaltait la France ouverte, et Macron président, qui a compris que l'énorme majorité du pays ne rêvait que de fermeture. C'est ce que font mine de ne pas comprendre certains députés REM qui s'offrent leur quart d'heure de gloire médiatique sur un discours humaniste d'ouverture. Mais le concours d'hypocrisie et de cynisme ne s'arrête pas à la France.  

    Éric Zemmour

  • Espagne : un dirigeant à la mentalité de guerre civile veut retirer la dépouille de Franco du Valle de los Caídos.

    L’image contient peut-être : nuage, ciel, plein air et nature

    Le Valle de los Caidos, où repose Franco...

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  • Europe réelle ? Europe légale ?

    Les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence

     

    2910916609.5.jpg

    Somme toute, peu ou prou, l'Europe réagit. 

    A l'heure où nous écrivons, l'Espagne immigrationniste s’apprête à accueillir les 629 migrants de l'Aquarius en route vers Valence.

    Mais c'est après que Malte et l'Italie les eurent refoulés, que la France les eut ignorés,  que les Corses, comme s'ils avaient statut d'Etat, leur eurent fait sans risque l'irréelle et dérisoire proposition de les recevoir. On sourit quand on se souvient que les immigrés ne bénéficient guère en Corse, où ils n'ont plutôt qu'à bien se tenir, de l'esprit de soumission dont ils sont trop souvent entourés sur le Continent ...   

    Ainsi, l'Espagne qui jadis expulsa les morisques en masse et qui élève encore aujourd'hui des murs de barbelés anti-migrants aux limites de ses enclaves marocaines de Ceuta et Melilla, se range dans le club de ceux qui « accueillent » encore mais dont le nombre ne cesse de se restreindre. De plus en plus de pays se ferment aux migrants. Il leur restera certes le choix de quitter l’Espagne s’ils le veulent, d’aller ailleurs en Europe, mais ce choix se réduit beaucoup. La nouvelle donne italienne, malgré ses faiblesses et ses ambiguïtés, n'est-elle pas emblématique de ce resserrement que l'on observe déjà dans plusieurs autres Etats et qui peut encore s'étendre ?

    Au reste, l’on nous dit que les bureaucraties bruxelloises s’y seraient résignées. Effrayées par l’extension du nombre des critiques qui montent vers elles et par la vigueur des dites critiques, elles se replieraient sur la seule défense de l’euro, le cœur du Système menacé. Le réduit où défendre chèrement les carrières et les sinécures de leurs fonctionnaires.  

    Car l'Europe réagit. Une Europe des peuples, des nations et une Europe des États en rupture de conformité  dont le nombre ne cesse de croître. Une Europe des identités héritées. Façonnées par leur  géographie et par leur histoire. Donc tout à la fois différenciées et liées par une civilisation commune. 

    690209123.jpgEn somme, une Europe réelle en train de se construire sur les décombres d'une Europe légale en train de s'effondrer ? Un processus de ce type semble en tout cas engagé. 

    Le vieux concept maurrassien, la vieille dialectique d'AF des milliers de fois répétée - Pays Réel - Pays légal - étendue au continent européen ... Quelle destinée, pour les idées de Maurras ! Quelle  revanche, mes amis !  ■ 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Exact diagnostic d'Alain de Benoist : « l’Union européenne est prise dans une dynamique de désintégration »

    Le triumvirat italien (De droite à gauche) : Salvini, Conte, Di Maio

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cet entretien donné à Boulevard Voltaire [9.06] Alain de Benoist développe d'intéressantes analyses sur la situation de l'Europe après les changements politiques intervenus en Italie. Nous en avons nous-mêmes traité dans un même esprit. Les analyses convergent. Alain de Benoist y ajoute d'utiles remarques, fruits de sa lucidité et de sa connaissance des dossiers.  LFAR   

     

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    Avec la constitution, en Italie, d’un nouveau gouvernement reposant sur l’alliance de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, respectivement représentés par Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux nommés vice-Premiers ministres, assistons-nous à un nouvel épisode de ce « moment populiste » dont vous dessiniez les contours dans l’un de vos récents essais ?

    Malgré la tentative de coup d’État légal du président Mattarella qui, s’arrogeant des droits que la Constitution italienne ne lui accorde pas, et avant de se raviser devant le tollé soulevé par son attitude, a tenté le 27 mai de mettre son veto à la constitution de ce nouveau gouvernement pour complaire à la Commission de Bruxelles et aux marchés financiers, les représentants de la Lega et du Mouvement 5 étoiles sont arrivés au pouvoir. Les sondages montrent qu’ils ont l’appui d’une nette majorité du peuple italien, auquel ils affirment vouloir « redonner la parole » tout en rompant dans pratiquement tous les domaines (immigration, austérité, revenu de citoyenneté, système fiscal, etc.) avec la vulgate dominante. Il est évident que l’élection d’une majorité souverainiste et « anti-système » en Italie, pays fondateur du Marché commun et troisième économie de l’actuelle Union européenne, est un véritable coup de tonnerre. C’est, en effet, ce type d’événement que laissait prévoir mon livre Le Moment populiste.

    Cela dit, il suffit d’examiner dans le détail la composition du nouveau gouvernement italien pour constater que ce n’est pas, à proprement parler, un gouvernement populiste. Ce qu’on peut dire, en revanche, c’est qu’il s’en rapproche. Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil, n’a en tout cas pas éludé la question : « Si populisme, a-t-il dit, signifie être capable d’écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons ! »

    Quelles sont les chances de ce gouvernement « anti-système » de parvenir à mettre en œuvre avec succès sa politique ?

    Les obstacles seront évidemment nombreux, soit qu’ils viennent de l’inexpérience relative des nouveaux gouvernants, soit qu’ils tiennent à l’irréalisme de certaines de leurs propositions, soit encore qu’ils résultent de rivalités ou de divergences de vues entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles qui, pour être l’un et l’autre opposés au « système », ne sont néanmoins pas d’accord sur tout et s’adressent aussi à des électorats socialement et géographiquement différents (la Ligue étant surtout implantée dans le nord et 5 étoiles dans le sud).

    Mais le principal danger viendra, bien sûr, des marchés financiers et des technocrates de l’Union européenne qui, comme cela s’est déjà passé en Grèce, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire capoter le programme de ce nouveau gouvernement. On se souvient de la petite phrase de l’Allemand Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, assurant que « les marchés financiers vont apprendre aux Italiens comment voter ». Et aussi de l’article du Financial Times qualifiant Salvini et Di Maio et, avec eux, leurs 17 millions d’électeurs de « barbares » (Salvini répliquant aussitôt : « Nous préférons être des barbares que des domestiques. »). On voit mal, dans ces conditions, les instances européennes accepter l’annulation de tout ou partie de la dette publique italienne, comme le réclame le nouveau gouvernement…

    Reste, aussi, à dissiper quelques équivoques. Le nouveau gouvernement affirme, ainsi, que la Russie est « à percevoir, non pas comme une menace, mais comme un partenaire ». Mais comment pourra-t-il combattre les sanctions prises contre la Russie alors qu’il a aussi confirmé son « appartenance à l’Alliance atlantique, avec les États-Unis comme allié privilégié ». Le nouveau gouvernement va-t-il, par exemple, refuser les nouvelles bombes atomiques B61-12 que les États-Unis se préparent à déployer en Italie contre la Russie ?

    Cet événement est, en tout cas, une pierre de gros calibre jetée dans le jardin d’Emmanuel Macron. Et à l’échelle de l’Europe ?

    C’est en effet une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron, qui a tout misé depuis son élection sur une relance de la construction européenne. Or, l’Union européenne est, aujourd’hui, prise dans une véritable dynamique de désintégration. L’Italie se dote d’un gouvernement à l’exact opposé de toutes les orientations macroniennes au moment même où, en Allemagne, l’ère Merkel est en passe de s’achever, où l’Espagne, qui vient elle aussi de changer de gouvernement, continue à se débattre dans le psychodrame catalan, où le populisme gronde en Autriche, en Slovénie, au Danemark et ailleurs, où la Grande-Bretagne n’en finit pas de négocier les conditions de son Brexit et où le groupe de Visegrád a quasiment fait sécession par hostilité aux diktats européens en matière migratoire.

    Cette érosion des partis institutionnels au profit des mouvements « populistes » est le résultat de trente ans de frontières ouvertes, de délocalisations et de déclin des classes moyennes. Marcel Gauchet écrivait récemment que « le clivage actuel est celui de la France sans avenir contre la France pour laquelle l’avenir n’est pas un problème ». Ce diagnostic peut se transposer aisément à toute l’Europe, au point que l’on peut se demander si les prochaines élections européennes ne révéleront pas une quasi-majorité d’eurosceptiques. Ce serait alors le début de la fin.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Ralliement

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. 

    À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.

    La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    « La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »

    Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.

    Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.

    Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?

    Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité.      

    Hilaire de Crémiers

  • L'Italie, problème ou solution de l'Europe ?

     L'Italie ferme ses ports à l'Aquarius, le bateau qui porte secours aux migrants

     

    Par Eric Zemmour

    Le Figaro magazine dans sa dernière livraison [8.06] a publié cette chronique d'Eric Zemmour qui pose les vraies questions et y apporte de justes réponses. A preuve cette interrogation : « Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ? ». Au soir où nous écrivons, il semble que ce devrait être Valence... Alors, une révolution populiste, bientôt, en Espagne aussi ?  LFAR

     

    687294929.jpgLa situation en Italie est révélatrice de tous les atermoiements de l'Union.

    « Le bon temps pour les clandestins est fini ; préparez-vous à faire les valises.» Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a le sens de la formule qui fait mouche. Ce n'est pas un hasard s'il a choisi le poste de ministre de l'Intérieur, laissant à ses alliés du mouvement M5S les ministères sociaux. À ce poste, on peut encore montrer qu'un État déterminé a les moyens d'agir. Encore faut-il qu'il le soit.

    C'est toute la question posée par l'affaire italienne. Celle de la légitimité démocratique est derrière nous. Elle s'est réglée par un compromis à l'italienne: les vainqueurs des élections ont renoncé à « leur » ministre des Finances europhobe ; le président de la République italienne et les milieux européens de Bruxelles qui le soutenaient ont renoncé à empêcher une majorité «populiste» de gouverner. 

    « On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux »  Éric Zemmour

    B9715977905Z.1_20180608234215_000+GFMBEN2UR.2-0.jpgDésormais, c'est à Salvini de jouer. D'abord parce que l'immigration fut le thème qui l'a porté au pouvoir. Ensuite parce qu'il doit montrer qu'il peut expulser massivement les clandestins (il a promis 500.000 renvois) et arrêter la déferlante migratoire sur les côtes italiennes. Salvini s'en est déjà pris aux ONG qui, sous couvert d'humanisme, sont les complices des passeurs. Il devra utiliser la marine italienne non pour sauver les migrants mais pour les arrêter, voire détruire leurs barques. Il devra enfin tenir tête aux juges européens qui ne manqueront pas de dénoncer des pratiques contraires aux « droits de l'homme ». Osera-t-il ? Il devra aussi faire pression sur les pays de l'autre côté de la Méditerranée - Tunisie, Maroc et, au-delà, les autres pays d'Afrique pour qu'ils reprennent leurs ressortissants. Au temps de Ben Ali en Tunisie et de Kadhafi en Libye, ces pays bloquaient les migrants pour qu'ils ne se déversent pas sur l'Europe - preuve que c'est possible. L'Algérie n'hésite pas à renvoyer brutalement les migrants qui essayent de s'installer chez elle.

    On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux. Les mouvements démographiques sont une guerre qu'on veut gagner ou qu'on accepte de perdre. Comme le note l'historien Pierre Vermeren, le milliard de Chinois pauvres n'a jamais débarqué dans le Japon riche parce que l'État japonais s'est organisé pour qu'il en soit ainsi. Aux États-Unis, depuis l'arrivée de Trump, l'immigration venue du Mexique s'est beaucoup réduite.

    Emmanuel Macron et les dirigeants de l'Europe répètent que chaque nation ne peut rien faire seule et que la question migratoire ne pourra être résolue qu'ensemble. C'est exactement l'inverse. Ensemble, les Européens ont prouvé qu'ils ne font rien. Les États qui l'ont décidé ont bloqué toutes les routes migratoires - la Hongrie en est le meilleur exemple. Et la Pologne montre qu'il est possible d'accueillir une immigration choisie: ils ont accepté des Ukrainiens et refusé les musulmans. Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ?  

  • Société • Avortement : la normalisation éthique de l’Irlande

     

    Par Yves Morel

     

    Par referendum, le 25 mai, les Irlandais ont dit « oui » à la légalisation de l’avortement, qui sera entièrement libre jusqu’à trois mois de grossesse, autorisé sur justification médicale entre trois et six mois.

    Ils bouclent ainsi le cycle de la légalisation de la décomposition des mœurs, commencé avec l’institution du divorce, en 1995, puis du mariage homosexuel en 2015. La très catholique Irlande rejoint donc le camp des peuples décadents, avides de droits illimités, ennemis du devoir, abêtis, aliénés par leurs fausses libertés vénéneuses, et préparant leur ruine.

    L’avortement, instrument du suicide de notre civilisation

    Car soyons lucides : un peuple qui identifie la liberté à la jouissance sans entrave, et qui institue comme un « droit fondamental », le meurtre de milliers d’enfants à naître, s’achemine sur son extinction. En effet, il renonce alors à vivre, se moque de disparaître à longue échéance. Et les prodromes de cette disparition sont repérables. L’immigration a profondément modifié la composition des populations ouest-européennes, désormais « polyethniques » et « multiculturelles ». Ce n’est qu’une étape : avec la différence de fécondité et de natalité, nos pays connaîtront bientôt le Grand Remplacement. La légalisation de l’avortement est un auxiliaire puissant de ce retournement démographique sans précédent. L’Irlande était un môle de résistance à la décrépitude et aux grandes invasions d’ores et déjà commencées ; elle ne l’est plus.

    On ne respecte pas des peuples décadents et abêtis

    On déplore que nos immigrés ne respectent pas nos mœurs occidentales. Mais comment pourraient-ils respecter et vouloir imiter des peuples qui sacrifient, avec une belle inconscience, leurs valeurs de civilisation les plus précieuses, leurs enfants à naître, leur foi, leur morale, leur avenir, leur existence même ? Comment n’inclineraient-ils pas, au contraire, à mépriser ces peuples, à dénoncer leur immoralité, leur veulerie, et à les agresser, par le terrorisme, notamment, en attendant de les asservir ?

    La question de l’avortement est au cœur de celle de la survie de notre civilisation, avec, d’ailleurs, celle de la contraception. Contraception et avortement, légalisés, ont pour but et pour effet de dissocier la sexualité des devoirs et de la responsabilité inhérents à toute vie sociale. La satisfaction des désirs sexuels devient ainsi une fin en soi, et n’est plus ordonnée à une finalité spirituelle, éthique, et proprement sociale. Partant, elle favorise l’irresponsabilité. Hommes et femmes deviennent des bêtes, qui copulent sans se soucier en rien de donner un sens à leur acte, et des implications de celui-ci pour l’individu lui-même, le couple (fût-il éphémère) et la société. Avec cette différence que les animaux sont soumis à leur instinct, lequel les ordonne à la perpétuation de leur espèce. Au contraire, nos contemporains, « libérés » par la contraception et l’avortement, ne sont soumis à rien, sinon, plus que jamais, à leurs pulsions, ayant la possibilité de se dérober à la responsabilité de leur acte. Des individus prisonniers de leur libido, et sans souci de leur dignité, de celle de l’espèce humaine, et de l’avenir de leur civilisation : voilà ce que font de nous la contraception et l’avortement. Des individus atomistiques, dénués de conscience, de vie spirituelle, de morale. Avec de telles loques, un peuple ne peut bâtir rien de durable. Et, par là, il ne peut éduquer les enfants qu’il fait encore. Des adultes égoïstes, matérialistes et hédonistes ne peuvent tenir lieu de modèles. C’est d’ailleurs bien pour cela que les jeunes ne respectent plus leurs parents, ni les adultes en général : on ne s’incline pas devant de telles gens.

    A n’en pas douter, les Irlandais ont fait le mauvais choix : celui de nous rejoindre dans l’entreprise du suicide de notre civilisation.n   

     Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Italie : Retour sur le coup de force de Mattarella

     

    Par Yves Morel

    Un coup de force qui est une nouvelle preuve du mépris des l’Europe et des marchés pour la souveraineté des peuples. 

    Un déni de démocratie

    Une nouvelle crise politique en Italie ? Non, un scandale, cette fois-ci. Le président de la République italienne a invalidé le suffrage de ses compatriotes, en s’opposant au choix du ministre de l’Economie, et en poussant, de la sorte, Giuseppe Conte à renoncer à former le gouvernement. Si l’acte de Sergio Mattarella ne viole pas la lettre de la constitution italienne, il en viole l’esprit, il viole même l’esprit de toute démocratie. En démocratie, c’est le suffrage populaire qui prévaut. Le peuple ne gouverne pas, ne décide pas, mais il choisit ceux qui vont gouverner et décider. Et, lors des élections générales du 4 mars 2018, il a récusé le Parti Démocrate (de gauche), la Démocratie Chrétienne (de centre droit), et même, Forza Italia de Berlusconi, mettant en tête le Mouvement Cinq Etoiles (populiste de gauche, tenant à la fois de notre FN et de notre France insoumise), avec 33% des voix, et la Ligue (Lega), de Matteo Salvini (à la fois anti-européenne, populiste et régionaliste), avec 18%.

    L’alliance logique du Mouvement cinq étoiles et de la Ligue

    Aucune formation ne disposant de la majorité absolue, et une alliance entre le Parti Démocrate et le Mouvement Cinq Étoiles étant impensable, tout comme une alliance entre la Ligue, Forza Italia et la Démocratie Chrétienne, c’est une alliance entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue qui devait prévaloir, fondée sur la défense des laissés pour compte du système, l’euroscepticisme et la protection des Italiens contre les excès de l’immigration et les empiétements des instances européennes et des lobbies économiques sur la souveraineté italienne. MM. Luigi Di Maio et Matteo Salvini s’accordèrent donc sur un programme de gouvernement à la fois social, national et relativement indépendant à l’égard de l’Europe, qui devait être mis en œuvre par un ministère que dirigerait M. Conte. On pouvait discuter de la composition de ce cabinet, de son programme, et présager, présumer ou préjuger de son action à venir, mais ce gouvernement était le plus légitimement démocratique qui fût.

    Le complot des Eurocrates

    Las ! C’était sans compter avec la classe politique, prête à tous les coups de force au nom de son credo européen, au nom d’une Europe technobureaucratique ennemie des nations et des peuples ; c’était sans compter, également, sur la Bourse, les marchés financiers, les lobbies industriels, qui, eux, se jouent, depuis toujours, des souverainetés populaires. L’installation d’un gouvernement national, qui aurait sans doute pris ses distances avec les règles budgétaires de la Communauté européenne, était inadmissible à leurs yeux. S’ils avaient eu raison du ministère Berlusconi en 2011, ce n’était pas pour admettre, sept ans plus tard, un gouvernement indépendant à l’égard de Bruxelles. Et, en effet, certaines des mesures les plus importantes envisagées par la coalition Ligue/Cinq Étoiles étaient incompatibles avec les règles de l’orthodoxie budgétaire européenne : institution d’un revenu minimal universel, abaissement (dans certains cas, et sous condition, il est vrai) de l’âge de la retraite, augmentation des pensions, tout cela était inacceptable pour la Commission européenne. La baisse des impôts paraissait plutôt nocive, dans le cas de l’Italie. Quant à l’expulsion massive des clandestins, cela était diamétralement opposé tant au dogme libéral qu’à l’orthodoxie « humaniste » et « droit-de-l’hommiste » européenne.

    Les manœuvres de Sergio Mattarela, l’homme lige des eurocrates

    Voilà pourquoi Sergio Mattarella, président de la République depuis trois ans, a tout fait pour empêcher la formation du gouvernement issu de cette coalition, et pour obliger ses compatriotes à retourner aux urnes.

    Ce Sicilien, avocat et spécialiste de droit constitutionnel, est un enfant de la balle, en politique ; son père, Bernardo, fut plusieurs fois ministre. Toutefois, lui-même n’entra vraiment dans la lice qu’en 1983, à l’âge de 42 ans, lorsqu’il fut élu député. Pendant longtemps, il resta peu connu, mais joua un rôle important. Ainsi, il fut le principal artisan de la loi électorale de 1993, qui introduisit une forte dose de scrutin majoritaire pour les élections des parlementaires (pour les trois quarts des sièges), et qui fut en vigueur jusqu’en 2005. Et il exerça, par la suite, diverses fonctions ministérielles importantes : Instruction publique, vice-présidence du Conseil des Ministres, Défense nationale, avant d’être élu président de la République le 31 janvier 2015. Comme tous les démocrates-chrétiens, il est un Européen convaincu. A son esprit, l’Europe passe avant tout. Il doit d’ailleurs son élection à la magistrature suprême à une coalition d’eurocrates et d’euromanes de tous bords : la Démocratie chrétienne, certes, mais également le Parti Démocrate (équivalent approximatif de notre PS), le parti Gauche, Écologie et Liberté (SEL), l’Union du Centre, Choix civique pour l’Italie (autres formations centristes), et le Nouveau Centre Droit. Il fut l’élu des européens contre les anti-européens qu’étaient (et que restent) la Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles, et contre Forza Italia, européen et libéral, mais trop indépendant à l’égard de Bruxelles. Autant dire qu’il n’allait pas s’accommoder de voir ses adversaires, en tous points opposés à lui, s’installer au Palais Chigi. Et qu’il allait pouvoir compter sur le soutien actif de ceux qui l’avaient élu, de Bruxelles et de tous les pays ouest-européens, sans parler des milieux financiers. Il s’affaira donc à faire échouer les discussions entre les partis, en s’efforçant d’intégrer des membres du Parti Démocrate, de la Démocratie chrétienne, du Nonveau Centre Droit ou de Forza Italia au nouveau gouvernement, et en chargeant le nouveau président de la Chambre, Roberto Fico, et la nouvelle présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Casellati, de négociations impossibles en vue d’aboutir à une improbable coalition majoritaire associant la Ligue, Forza Italia et les partis de droite, ou le Mouvement Cinq Étoiles et le Parti Démocrate. Puis, lorsqu’il eut désigné, à regret, Giuseppe Conte, soutenu par le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue, il mit son veto à la nomination de l’eurosceptique Paolo Savona au ministère de l’Economie, poussant ainsi Conte à renoncer à ses fonctions.

    Résultat : à ce jour, trois mois après avoir élu leurs parlementaires, les Italiens n’avaient toujours pas de gouvernement, et étaient invités à retourner dans l’isoloir en septembre prochain. Finalement, M. Mattarella a accepté la formation d’un nouveau gouvernement Conte. Mais le ministre de l’Économie et des Finances, Giovanni Tria, quoique proche de la Ligue est un fervent partisan du maintien de son pays dans l’euro ; et le ministre des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a un passé européen propre à rassurer M. Mattarella et Bruxelles, puisqu’il fut sous-secrétaire d’État aux Affaires européennes (1994), commissaire européen (1995-2000), et vice-secrétaire général de la Commission européenne (2202-2005). À Bruxelles, et dans toutes les capitales ouest-européennes, on a dû souffler un grand coup.

    Les marchés et l’Europe, tyrans des peuples européens

    Une fois de plus, l’Europe, cette Europe matérialiste du marché planétaire sans contrôle ni tutelle, donne la preuve de son absolu mépris des peuples, dont elle n’hésite pas à bafouer le suffrage, alors même qu’elle fait de la démocratie une religion et une éthique. On l’avait déjà constaté en d’autres circonstances. Ainsi, en juin 1992, les Danois votèrent « non », par referendum, à l’adhésion de leur pays au Traité de Maastricht. Que firent les Européens ? Ils dirent, en substance : « Pardon ? Nous avons mal entendu ». Et, après trois mois de menaces voilées, d’imprécations, d’objurgations, de harcèlement et de tractations, les Danois, fermement invités à revoter, se prononcèrent pour le « oui », lors d’un second referendum. Au printemps 2005, ce furent la France, puis les Pays-Bas, qui rejetèrent, par referendum, toujours, le Traité Constitutionnel Européen. Qu’à cela ne tînt : les dirigeants européens mirent aussitôt en chantier le Traité de Lisbonne, qui, signé en décembre 2007, reprenait l’essentiel du texte récusé. Aujourd’hui, les Italiens, qui avaient accordé leur préférence aux partis eurosceptiques sont floués de leur vote, puisqu’il est clair que le gouvernement Conte restera sous la coupe de Bruxelles. Les peuples ne sont admis à voter que pour plébisciter les décisions de leurs élites, qui savent, mieux qu’eux, ce qui est bon pour eux. On appelle cela, paraît-il, « la démocratie représentative ». En son temps, Léonid Brejnev appelait « souveraineté limitée » la faible autonomie qu’il laissait aux républiques socialistes d’Europe de l’Est, et qui excluait la possibilité, pour elles, d’abolir le régime communiste et de prendre leurs distances avec l’URSS. Présentement, en Italie, c’est vis-à-vis de l’Europe que les Italiens n’ont pas le droit de prendre leurs distances. M. Mattarella l’a bien dit : s’il a récusé la nomination de M .Savona au ministère de l’Economie, c’est parce que la politique de ce dernier allait « amener la sortie de l’Italie de l’euro », et que lui, en tant que président de la République, est « le garant du respect des traités européens ». Autrement dit, l’Europe passe avant la souveraineté de l’Italie, et a le droit de fouler au pied celle-ci et la liberté des Italiens. Les marchés et l’Europe sont les maîtres du jeu politique et les modernes tyrans des peuples européens.   

     Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Espagne : trop peu de monarchie et excès de parlementarisme ...

    Pedro Sanchez et Mariano Rajoy aux Cortes

     

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    L'Espagne souffre des pires inconvénients de la démocratie dans un contexte qui leur confère une puissance destructrice extraordinaire. Voilà ce qui caractérise le plus clairement la situation espagnole et ses  tout derniers rebondissements dont les échos inquiétants nous parviennent de Madrid et de Barcelone.

    Ce n'est pas que Mariano Rajoy qui vient d'être renversé, aura été un grand chef de gouvernement. Il quitte le pouvoir accusé de participer des pratiques de corruption qui touchent et discréditent la totalité de la classe politique espagnole, indépendantistes catalans compris. Et même orfèvres en la matière.

    Rajoy a affronté la crise catalane avec une apparente rigueur, parfois avec fermeté, mais une fermeté toujours tardive et singulièrement insuffisante. Sa politique s'est limitée à la mise en œuvre des dispositifs légaux et constitutionnels à sa disposition pour faire face aux crises qui se sont succédé à Barcelone, sans jamais en traiter les causes - qui rongent la Catalogne et l'Espagne de longue date et qui les amènent au bord d'une crise majeure. 

    Est-il permis ou non d'enseigner la haine de l'Espagne à la jeunesse catalane, dès l'école primaire et jusqu'à l'université ? Les maîtres d'école, les professeurs des facultés y sont-ils autorisés ? C'est ce qu’ils font depuis deux ou trois décennies. Les grands moyens de communication ont-ils le droit de marteler la même haine à longueur de temps auprès de la population catalane ? Fallait-il laisser les séparatistes catalans déclarés s'emparer sans contrôle de tous les postes clé de la société catalane, alors qu'ils n'y sont pas majoritaires ? Et même l’eussent-ils été ? Enseignement, administrations, municipalités, moyens de communication : était-il raisonnable qu'ils soient autorisés à les « noyauter » et à les diriger sans partage ? En bref, fallait-il leur reconnaître la liberté de mettre la main sur tous les leviers de commande, à la manière des coups de force des minorités agissantes ? Il ne semble pas que Madrid s'en soit jamais souciée, qu’elle ait jamais prononcé la moindre interdiction, pris la moindre mesure. Elle en a les conséquences.

    Et ces conséquences sont celles du jeu démocratique lui-même, règle suprême du système espagnol. Les jeux parlementaires en particulier, car Mariano Rajoy a été renversé par une majorité de députés qui ne se sont trouvés d'accord que pour son éviction. Le jeune Pedro Sanchez qui lui succède à la Moncloa est le chef du parti socialiste, sorti très affaibli des dernières législatives nationales et bien incapable de former à soi seul une majorité. Il lui faudra nouer des alliances. Ce sera sans-doute avec les cryptocommunistes de Podemos, et, comme ça ne suffira pas, ce sera aussi avec les indépendantistes basques et catalans. Et ce sera donc au prix de concessions à eux consenties, dont on ne sait ce qu'elles seront... Ainsi, comme dans les années 30 du siècle dernier, les effets pervers du parlementarisme jouent-ils de façon déterminante contre l'unité de l'Espagne.

    65547f00b476e17b221c3050b0e33243-espagne-le-gouvernement-catalan-investi-fin-de-la-tutelle-de-madrid.jpgPedro Sanchez succède à Mariano Rajoy le jour même où Quim Torra est investi à Barcelone, place Sant Jaume, en tant que président de la Généralité. Son programme n’est pas de faire reconnaître les droits légitimes du peuple catalan à préserver et développer les riches facettes de son identité historique. Ces droits lui sont déjà largement reconnus et sont amplement exercés. Au delà du raisonnable, sans-doute. Son programme est de conduire la Catalogne vers une impossible indépendance.

    L'on sait en Espagne et ailleurs que la Catalogne ne sera très probablement jamais indépendante. Elle ne l'a jamais été dans l'Histoire et Madrid ne l'admettra pas. L’appartenance de la Catalogne à l'Espagne ne dépend pas d'un vote de circonstance qui pourrait être bientôt contredit par un autre. Elle est d'un ordre supérieur. Intangible autant que les choses humaines peuvent l'être.

    Voilà ce que pense l'Espagne et que personne n'a eu le courage de dire avec franchise et clarté aux Catalans.

    Pas même le roi. L'Espagne souffre en effet de trop peu de monarchie et d'un excès, sinon de démocratie, car le roi est la personnalité politique la plus populaire du royaume, du moins de parlementarisme.

    Sachons que ni la France ni l’Europe n’auraient intérêt à ce que l’Espagne, une fois de plus, s’offre le luxe délétère d’entrer dans de nouvelles convulsions.  ■ 

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