Europe : La France n'a-t-elle le choix qu'entre le statu quo et le Frexit ?
Dans une Europe où les peuples sentent de plus en plus le sol se dérober sous leur pied, où monte partout une vague « populiste » surtout inquiète de perdre son identité, une autre politique européenne de la France pourrait bien s'imposer à court ou moyen terme comme une option nouvelle et salvifique. Il n'est pas sûr en effet que la France n'ait d'autre choix qu'entre le statu quo (berlino-bruxellois) et le Frexit ...
Sans-doute ne serait-il ni utile ni opportun de rompre à grand fracas le « couple franco-allemand » qui est depuis le traité de l'Elysée la base de notre politique européenne. Mais peut-être serait-il temps de prendre la mesure de son délabrement et de se préparer à y parer. Sur le plan des échanges économiques, chacun sait que le solde du commerce extérieur franco-allemand s'est excessivement déséquilibré en notre défaveur. Que ce soit en grande partie de notre faute ne change rien à l'affaire. Ces déficits pluriannuels récurrents ne pourront pas durer éternellement. Si la France avait une volonté industrielle et commerciale, elle s'attacherait sans tarder à redresser cette situation pour les résorber et revenir à moyen terme à l'équilibre. Ce serait au détriment du bénéfice que tire aujourd'hui l'économie allemande de nos échanges...
Quant à la politique migratoire de l'Allemagne structurellement liée à son effondrement démographique, elle lui a aliéné les pays de l'ancienne Mitteleuropa, le cœur battant du continent, et une partie de son propre peuple, inquiet lui aussi de perdre son identité germanique, comme nous, au profit de l'Islam. Angela Merkel vient d'en faire l'expérience, sinon mortelle pour l'instant, du moins amère.
L'Allemagne, notamment après que le monde communiste s'est décomposé, a toujours considéré ses voisins de l'Est comme ses prolongements, ses marches, pour ne pas employer de termes plus péjoratifs. Pays utiles à son industrie, surtout comme sous-traitants, à son commerce, à sa puissance et d'une certaine façon liés à elle par leur commun atlantisme et leur appartenance conjointe à l'Union Européenne. Union où, par ailleurs, s'exerce de facto l'évidente suprématie allemande.
Ce système clos est peut-être en train de s'éteindre pour différentes raisons convergentes. La principale est la renaissance d'un puissant sentiment national et identitaire de ces pays d'Europe centrale ou danubienne, ayant tous plus ou moins appartenu à l'empire austro-hongrois, puis, sauf l'Autriche qui en fut sauvée de justesse, au glacis soviétique : Autriche, Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie, sans aller plus à l'Est ou plus au Sud ... Ces nations qui ont sauvé leur âme du communisme dont elles ont subi le joug le long de près d'un demi-siècle tragique, n'entendent pas risquer à nouveau de la perdre du fait de la politique des institutions de Bruxelles et des exigences allemandes : accueil massif de migrants majoritairement africains et musulmans, imposition de quotas, politique et idéologie libérale-libertaire, multiculturaliste et diversitaire. Ces peuples refusent aujourd'hui de se voir imposer un modèle politique et sociétal à l'opposé de leur identité, de leurs aspirations et de leurs votes. Certes, leur refus de s'y plier est suivi de rappels à l'ordre, menaces de sanctions, leçons moralisantes, etc. mais pour l'instant sans effets sur eux.
Pourquoi la France au lieu de s'associer au concert des donneurs de leçons et des preneurs de sanctions, ne se rapprocherait-elle pas de ces Etats estimables entre tous ? Ce sont de longue date des pays amis qui forment au centre de l'Europe un bloc de cinq Etats et de soixante-dix millions d'habitants, avec une suite de capitales prestigieuses (Varsovie et Cracovie, Vienne, Bratislava, Budapest et Prague), d'indiscutables racines européennes, un immense capital de civilisation, celui que, précisément, ces Etats veulent préserver ? Oui, pourquoi la France en quelque manière ne se joindrait-elle pas à eux ? De par la nature des choses et de l'Histoire, elle y exercerait évidemment une sorte de prééminence. Du même coup, elle équilibrerait sans le rompre son partenariat trop inégal et trop exclusif avec l'Allemagne ...
Pourquoi pas, en effet, une initiative de la France envers les pays de Višegrad, plus l'Autriche qui vient de se doter d'un gouvernement de coalition des droites ? Une tournée du Chef de l'Etat dans les capitales de cette Europe-là, y compris Varsovie cette fois-ci, la réaffirmation des liens d'amitié séculaires qui les lient à la France, de notre soutien à leurs efforts de développement, de notre compréhension envers leur volonté de défense de leurs identités et de leurs patries respectives, constituerait sans nul doute de la part de la France non pas ce « repli sur soi » que dénonce Macron mais tout au contraire notre retour à une politique d'influence et d'ouverture pour une Europe des nations.
Faudrait-il redouter des sanctions ? Mais lesquelles donc ? L'Europe n'existe pas sans la France. Sans elle ce qui subsiste de l'U.E. après le départ britannique s'effondrerait. Son rapprochement avec Vienne, Bratislava, Budapest, Prague et Varsovie rendrait la chose plus improbable encore, d'autant qu'une telle politique ne serait sans-doute pas sans écho et sans adhésion à Sofia et à Bucarest où l'on n'entend pas non plus succomber aux flux migratoires...
En inaugurant cette politique, la France insufflerait à l'Europe une dimension nouvelle, celle qui lui fait défaut, celle des peuples, des nations, celle des retrouvailles avec sa civilisation profonde. Cette politique rendrait progressivement caduques des institutions artificielles, inutiles et faillies. Elle contribuerait à restaurer le politique et rendrait aux Etats leur rôle majeur. •
Ci-dessus : vendredi 15 décembre à Bruxelles, MM. Macron et Morawiecki nouveau premier ministre polonais.
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Commentaires
Nous aurions peut être de meilleures exportations , pour les produits industriels , s'ils étaient... mieux . Le " made in France " fait rêver dans le secteur du luxe mais pas pour les produits " techniques " : automobile , électroménager , machines outils etc ... ( on pourrait se poser la question de la qualité de nos ingénieurs français : grandes écoles mais petites cervelles ? ) TGV et Airbus datent des années 80 . depuis , rien ; Les Rafales sont eux aussi création du siècle dernier - années 80 - , là encore .
Aller vers l ' Europe centrale supposerait que ces pays soient intéressés .
Commencer par redresser la France , tous niveaux et domaines : de la natalité de souche , de la saine gestion des deniers publics , de la moralité et de la discipline , de l'instruction libérée de la primauté des maths-inutiles pour 90 pour cent des élèves- , de la fin du mépris de l'apprentissage , de l'appui sur notre ancienneté assumée plutôt que sur les tocades de la modernité et de l " ouverture " serait plus efficace que de croire que l'Allemagne nous prive de quoique ce soit .
LFAR nous expose une vue très intéressante des affaires européennes telles qu'elles devraient être appréhendées depuis la France. Il existe des trésors à redécouvrir dans les pays de l'est européen et la France à tout à gagner à mieux les comprendre et se rapprocher d'eux.
D'accord avec Gilbert Claret. Moins avec Richard, encore que ... Et d'accord avec les vues de LFAR.
Il est bien évident que - en butte aux institutions de Bruxelles dictées par leur idéologie et parles exigences allemandes - les cinq pays en question seraient grandement intéressés par un soutien français.
Il faut évidemment restaurer notre économie mais pas seulement : restaurer l'autorité de l'Etat, cesser de détruire et avilir la société française, stopper les invasions, est tout aussi nécessaire.
Dans le cadre européen, l'on peut en même temps se rapprocher sans attendre des pays qui tendent à ces mêmes objectifs. Ce serait une voie de salut y compris pour l'Europe, Allemagne incluse.
Parfaitement d'accord avec les vues et orientations proposées par cet article. Encore faudrait-il que nous ayons un gouvernement dégagé de toute approche idéologique, de tout parti-pris d'unilatéralité atlantiste et assez courageux pour envisager des révisions radicales de politique européenne dans le sens de nos intérêts bien compris. Quand on voit l'attitude adoptée envers la Russie actuelle, sous prétexte que Poutine n'est pas le démocrate rêvé, alors que tous nos intérêts devraient pousser à un partenariat avec la Russie, on peut se dire que l'on peut encore rêver longtemps. Macron ne semble pas (encore?) prêt à aller dans ce sens-là. Dommage.
Surprenant retour de l'Autriche dans le " puzzle " de la Mittel Europa . Cet ensemble composite anéanti en 1918 était , semble -t-il soumis à des forces centrifuges dés avant 1914 ; inimitié des polonais et des tchèques vis à vis des " Autrichiens - allemands " et volonté des autrichiens germanophones de se rapprocher des allemands . Mais , l'Allemagne actuelle étant de moins en moins allemande du fait de " Mufti " et l'intrusion de l'euro technocratie de plus en plus rejetée par ceux qui ayant subi l'assujettissement soviétique y trouvent un air de déjà vu , des recompositions sont vraisemblables . Et la France dans tout ça ? Bien sur amitié traditionnelle franco polonaise mais comment - en même temps- se rapprocher des russes , ennemis héréditaires pour les polonais ?
La diplomatie a de beaux jours devant elle ; pourquoi pas de Nation à Nation sans passer par le cadre européen , après tout nous n'avons pas encore , de ministère commun européen des affaires étrangères .