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Actualité Monde - Page 92

  • L’Union européenne va-t-elle tenir le choc ?

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Le sommet européen de Sofia (mercredi 16 et jeudi 17) aurait été, à en croire certains commentateurs, un succès. Dès jeudi matin, n’y tenant plus, M. Guetta claironnait sur France Inter : « De Sofia, les nouvelles sont bonnes. »

    Bonnes parce que les vingt-huit participants (Grande-Bretagne incluse) ont présenté une sorte de front commun contre M. Trump, faisant preuve d’une réelle fermeté au moins verbale à l’encontre de ce dernier, à qui ils ont fait savoir qu’ils entendent bien et répliquer à ses mesures commerciales hostiles par des contre-mesures, et rester dans l’accord passé avec l’Iran. On a même pu entendre M. Tusk, président du Conseil européen, déclarer que « grâce à lui [M. Trump], toutes nos illusions ont disparu ».  Ce n’est pas si sûr. La pire des illusions reste de se croire capable de résister, en l’état, c’est-à-dire sans une remise en cause radicale de la nature même de l’Union européenne, à l’hyper-puissance américaine. 

    Dans les deux dossiers qui fâchent, les taxes commerciales et l’accord iranien, on décèle déjà derrière l’unanimité de façade, les points faibles de l’Union. Ainsi, concernant la guerre commerciale qui semble se profiler (« L’Europe contre-attaque » titre Le Figaro de samedi 19), l’Allemagne, première puissance sofia.jpgéconomique de l’Union a aussitôt fait comprendre par la bouche même de Mme Merkel qu’il y a des limites et qu'elle préférera toujours un compromis avec celui qui est désormais son partenaire privilégié. Concernant l’Iran, c’est bien une illusion de penser que l’Union puisse avoir une véritable « capacité d’initiative diplomatique » (Le Monde, vendredi 18), le risque étant que son impuissance naturelle ne profite en fin de compte à d’autres, comme la Russie qui, elle, a forcément cette capacité-là : M. Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangères russe a immédiatement approuvé le projet européen d’une très prochaine réunion à Vienne, confirmant ainsi les prétentions de Moscou. 

    Reste le pire pour l’Union européenne : la poursuite inexorable de son lent délitement qui donne aux propos tenus à Sofia un côté « surréaliste ». Il est illusoire de faire fond sur une construction idéologique à ce jour écartelée au sens propre : à l’ouest, les britanniques hissent les voiles pour en sortir ; à l’est, le groupe de Visegrad (Tchèquie, Slovaquie, Pologne, Hongrie) rejette catégoriquement l’immigrationnisme et le multiculturalisme de Bruxelles, rejoint en cela par l’Autriche ; au nord, les germano-scandinaves continuent de privilégier un « fétichisme » budgétaire (dixit M. Macron) qui leur profite aux dépens des autres ; au sud, la Grèce et l’Italie notamment sont dans une situation épouvantable, l’Italie venant d’opter pour une politique (économique, migratoire, étrangère, etc.) en contradiction totale avec les plans de Bruxelles, laquelle politique « fait trembler l’Europe » selon la presse française.

    Alors oui, si l’on en reste au plan de la communication, les nouvelles peuvent paraître bonnes pour l’UE. Au plan de la communication seulement. Faut-il s’en plaindre ?  

  • La police de la pensée

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans  cette chronique fort intéressante du Journal de Montréal [1.05] Mathieu Bock-Côté, après avoir dit que « nous aimons croire que nous vivons en démocratie », expression singulièrement restrictive et dubitative, ajoute que nous aimons croire aussi que « jamais, dans l’histoire, les hommes n’ont été aussi libres que maintenant » ». Et il concède : « Globalement, c’est vrai. » Précaution oratoire ? On peut le penser car la suite de sa réflexion est tout entière non pas tout à fait pour démontrer le contraire, mais pour marquer toutes les redoutables limites et restrictions de tous ordres qu'il est réaliste d'opposer à cet optimisme de principe. L'article dans son énoncé et sa composition est nuances, prudence et habileté. Au bout du compte, c'est la vérité vrai, lucide et réaliste qu'il dévoile. Et nous sommes d'accord.    LFAR

      

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    Nous aimons croire que nous vivons en démocratie et que jamais, dans l’histoire, les hommes n’ont été aussi libres que maintenant. Globalement, c’est vrai. Nous jouissons de réelles libertés et pouvons élire nos dirigeants.

    Mais cela ne veut pas dire que nos gouvernants ne cherchent pas à contrôler nos pensées.

    Rumeurs ?

    On en a encore eu une preuve récemment avec la Ville de Montréal qui, comme nous le rapportait Radio-Canada la semaine passée, va implanter un programme « d’agents anti-rumeurs » qui auront pour vocation de surveiller nos conversations et de nous corriger quand nous exprimons des pensées incorrectes à propos de l’immigration. 

    Ces agents, recrutés dans tous les milieux, auront pour mission d’intervenir dans la vie quotidienne pour nous corriger idéologiquement. 

    Comment ne pas voir dans cela une odieuse propagande à tentation totalitaire ?

    Qui distinguera les vérités à propager et les rumeurs à déconstruire ou censurer ?

    Si je considère que l’immigration massive n’est pas une bonne chose pour le Québec, s’agit-il d’une fausse rumeur ?

    Si je refuse de croire l’étrange théorie soutenant que la discrimination est à l’origine du taux de chômage élevé dans certaines communautés culturelles, est-ce une fausse rumeur ?

    Si je constate que l’islam s’intègre mal partout en Occident, est-ce une fausse rumeur ?

    Si je dis que les « migrants irréguliers » qui traversent la frontière sans permission sont des immigrés illégaux, est-ce une fausse rumeur ?

    Pensée correcte

    En gros, suffira-t-il d’être défavorable à l’immigration de masse pour être corrigé par cette nouvelle police de la pensée qui se veut ludique, mais qui fait surtout penser au roman 1984 de George Orwell ?

    Car c’est de cela qu’il s’agit : de nous rééduquer à partir du logiciel multiculturaliste.

    Est-ce que nous voyons à quel point le gouvernement devient intrusif lorsqu’il se permet de surveiller les pensées de la population pour mieux la soumettre à l’idéologie officielle ?     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • La raison du plus fort…

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Il est inutile de s’étonner, voire de s’indigner, que M. Trump ait pu dénoncer le traité passé avec l’Iran en 2015.

    D’abord parce que, ce faisant, M. Trump tient une promesse électorale. Ensuite parce qu’un traité n’est au fond que la mise en forme d’un rapport de force à un certain moment. Enfin et surtout parce que les Etats-Unis - qui demeurent la première puissance militaire, financière et économique - sont par nature cet Empire voué à conforter constamment sa domination. Il est d'ailleurs tout à fait possible, sinon probable, que la crise ainsi ouverte se résolve à leur avantage, soit par leur puissance de feu soit par leur activisme diplomatique. A moins que cette fois  ils ne soient allés trop loin trop vite, leurs menaces de sanctions et de représailles aboutissant à la création d’une entente pour l’instant improbable entre Chine, Russie et Europe. 

    Improbable tout simplement parce que l’Europe n’existe pas. Ainsi, quand M. Macron se présente dans son discours d’Aix-la-Chapelle « en défenseur de la souveraineté européenne » (Le Figaro, 10 mai), il brasse du vent car son Union Européenne n’est qu’un leurre sur le plan politique. Cette monnaie même, dont elle est si fière, « n’a pas de crédibilité » (M. Jean-Marc Daniel, économiste, au micro de France Inter le 11 mai) : pas de crédibilité parce que « détenir des euros, c'est détenir une monnaie de gens qui ne sont toujours pas d'accord entre eux sur ce qu'il faut faire et ne pas faire ». Dit plus simplement : l’euro est une monnaie non adossée à un pouvoir politique souverain. De plus, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, dans sa  réaction toute verbale, M. Macron s’est exprimé en sa qualité de chef de l’Etat français. Son adresse à Mme Merkel, et même à Mme May (faut-il rappeler que la Grande-Bretagne est en plein Brexit et qu’elle n’a jamais accepté l’euro ?) constitue la reconnaissance implicite que le salut passera par une entente directe des grands Etats d’Europe. 

    Dans ce même discours, M. Macron a tenu des propos qu’on pourrait qualifier de gaullo-capétiens : « Si nous acceptons que d’autres grandes puissances, y compris alliées, y compris amies, se mettent en situation de décider pour nous de notre diplomatie, de notre sécurité parfois, alors nous ne sommes plus souverains. » Mais, au lieu de constater la faillite de l’U.E. et de proposer crânement à nos partenaires naturels d’avancer de concert, il persiste dans son idéologie en ne reculant devant aucune contradiction, si grande soit-elle, en affirmant : « L’Europe est une utopie […]. Les utopistes sont des pragmatiques et des réalistes. »

    M. Daniel qui, lui, a les deux pieds sur terre, voit d’abord dans la décision de M. Trump « un prétexte pour les États-Unis qui consiste à pénaliser les entreprises européennes sans avoir à pénaliser les entreprises américaines ». Ce diagnostic, certainement fondé en grande partie, implique bien que les grandes puissances européennes doivent commencer par s’entendre avant de se concerter avec d’autres, notamment la Chine et la Russie, pour résister à la mainmise des Etats-Unis sur des transactions financières forcément libellées en dollars. Voilà le vrai pragmatisme. A défaut, les Américains garderont la main et la morale de la fable son actualité.   

  • Iran : « Les nations qui composent l'Europe sont placées au pied du mur » Un commentaire d'Antiquus à lire ...

    Louis XIV fait porter sa vaisselle d'or et d'argent à la Monnaie pour y être fondue 

     

    1417414836 - Copie.jpgNotre article de jeudi dernier reprenant surtout les analyses d'Hubert Védrine, la veille, sur France Inter, à propos de la décision de Donald Trump dans l'affaire iranienne, a suscité le commentaire suivant d'Antiquus, qu'il nous paraît utile, en raison de sa clarté et de sa lucidité, de donner à lire à l'ensemble des lecteurs de Lafautearousseau.  LFAR  

    Le commentaire d'Antiquus

    Ceux qui ne l'avaient pas encore compris doivent se rendre à l'évidence : on ne peut pas faire confiance aux USA. La signature de cet Etat au bas d'un document ne vaut que sous des réserves de restriction de conscience absolue ; En effet, ce pays s'affirme depuis l'origine le maître du Bien et du Mal qu'il définit à sa guise. En déchirant le traité deux ans après sa signature, Trump agit avec nous comme tous les gouvernements américains à l'égard des indiens, de spoliation en spoliation jusqu'à l'avilissement final. 

    Reste que les nations qui composent l'Europe sont placées au pied du mur : soit elles se prosternent soit elles se rebiffent. Ce qui signifie prendre ses distances avec l'OTAN qui n'est plus qu'une machine d'agression au service de l'unilatéralisme, Ce qui signifie également le rejet de la clause monétaire incluse dans ce traité (au nom de la divisibilité des traités), ce qui implique que l'euro, pour la première fois, soit un instrument de puissance et non de soumission. Bien sûr les USA en seraient enragés mais ils ne pourraient faire la guerre économique au monde entier. 

    Enfin, puisque Macron affiche une volonté de faire une politique d'Etat en France, tirera t-il les conséquences de ses échecs répétés ? Il n'a pas réussi à impulser une nouvelle dynamique à l'Europe, ni à se poser en arbitre entre Trump et l'Iran. Osera t-il s'opposer à ceux qui ont organisé sa prise du pouvoir ? Son discours de Strasbourg du mois dernier n'incline pas à le penser. S'il ne le fait pas, il apparaîtra comme un Sganarelle déguisé en Jupiter, c'est à dire un bouffon. 

    Hubert Védrine et la crise iranienne : « c'est gravissime pour nous les autres cosignataires »

  • L'émir Moulay Hassan du Maroc a 15 ans ... ou comment on prépare un prince à régner dans une monarchie « tradi »

     

    2293089609.14.jpgTexte paru le 6 mai dans le quotidien francophone casablancais en ligne le360 : au Maroc comme en France les princes peuvent régner dès 14 ans.

    Les deux monarchies sont dissemblables par bien des aspects, l'une née dans le monde chrétien européen, l'autre dans l'ère musulmane. Deux civilisations distinctes, souvent opposées. Les deux monarchies ont en commun de reposer sur le principe dynastique. Il en résulte aussi de fortes ressemblances. Sans compter l'empreinte de l'Histoire qui a longtemps lié nos deux pays et ne s'est pas démentie. Comment on prépare un prince à régner dans une monarchie « tradi », comment se tisse le lien entre un peuple et une famille royale, c'est entre autres ce que ce texte nous apprend ou nous rappelle.  LFAR  

     

    Logo_le360.jpgLa famille royale et le peuple marocain célèbrent, mardi 8 mai, le 15e anniversaire du prince héritier Moulay El Hassan, un événement fêté dans la joie et le bonheur qui témoigne de l'attachement des Marocains au glorieux Trône alaouite.

    Les Marocains se remémorent, à cette occasion, la grande joie qui s’est emparée de tous les Marocains avec l’annonce, un jeudi 8 mai 2003 par le ministère de la Maison royale, du protocole et de la chancellerie, de la naissance bénie au Palais royal à Rabat d’un garçon que le roi Mohammed VI a bien voulu baptiser du prénom de Moulay El Hassan, en hommage à la mémoire de son auguste grand-père, feu Hassan II, que Dieu ait son âme en sa sainte miséricorde. 

    La naissance de Moulay El Hassan a été saluée par une salve de 101 coups de canon, au moment où des milliers de citoyens affluaient vers l’esplanade de la place du Méchouar pour partager avec la famille royale ce grand bonheur. 

    Et comme le veut la tradition, le baptême princier, au terme de la première semaine après la naissance, a été célébré avec la grandiose cérémonie de Laâkika, le 15 mai 2003, marquée entre autres par la procession de délégations représentants les différentes régions du Royaume, venues présenter leurs vœux et leurs félicitations à la famille royale et partager avec le souverain ces moments de grande réjouissance. 

    En célébrant le 15e anniversaire du prince héritier Moulay El Hassan, le peuple marocain tout entier renouvelle son attachement au glorieux Trône alaouite à travers le serment d’allégeance l’unissant au souverain, Amir Al Mouminine, défenseur de la foi et garant des intérêts suprêmes de la Nation et des citoyens. 

    Cet événement joyeux est aussi l’occasion de revenir sur les principales activités du prince héritier Moulay El Hassan, qui a notamment présidé, le 24 avril à Sahrij Souani à Meknès, l’ouverture de la 13e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM 2018), organisée sous le haut patronage de SM le roi, autour du thème "La logistique et les marchés agricoles". 

    Au début de la cérémonie d’ouverture, le prince héritier Moulay El Hassan a procédé à la remise des signes distinctifs d’origine et de qualité à neuf agriculteurs producteurs. 

    Le 20 mars, Son Altesse Royale a présidé à Rabat, un dîner offert par le roi en l'honneur de l'ancien président français, François Hollande, alors que le 8 février, le prince héritier Moulay El Hassan a présidé à la Foire internationale de Casablanca, l’ouverture de la 24e édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL). 

    prince.jpgQuatre jours auparavant, Son Altesse Royale présidait au complexe sportif Mohammed V de Casablanca, la finale du 5e Championnat d'Afrique des nations des joueurs locaux (CHAN 2018), remporté par l'équipe nationale marocaine qui a battu son homologue nigériane par 4 buts à 0. 

    Le 13 janvier Son Altesse Royale préside au complexe sportif Mohammed V de Casablanca, la cérémonie d’ouverture de la cinquième édition du CHAN 2018, et assiste au match d’ouverture de cette manifestation sportive qui oppose l’équipe nationale marocaine à celle de la Mauritanie. 

    Le 12 décembre 2017, le prince héritier Moulay El Hassan accompagne le roi Mohammed VI qui a pris part, à Paris, aux travaux du Sommet international sur le climat ''One Planet Summit". Son Altesse Royale accompagne aussi le même jour le souverain qui a pris part au déjeuner offert par le président français, Emmanuel Macron en l’honneur des chefs d’Etat et de délégation qui participent au Sommet mondial sur le climat. 

    Le 24 novembre 2017, et sur ordre du roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, des prières rogatoires (Salat Al Istisqae) sont accomplies à la mosquée Hassan à Rabat, en présence du prince héritier Moulay El Hassan, et le 22 du même mois, Son Altesse Royale assiste aux funérailles, à Rabat, du général de corps d’armée Abdelhak El Kadiri. 

    Le 22 octobre 2017, le prince héritier préside, au Parc des expositions Mohammed VI d’El Jadida, la cérémonie de remise du Grand Prix le roi Mohammed VI de saut d’obstacles, comptant pour la 3e et dernière étape du 8e Morocco Royal Tour. 

    Le 16 octobre 2017 SAR le prince héritier Moulay El Hassan, préside la cérémonie d’ouverture de la dixième édition du Salon du cheval d’El Jadida, organisée sous le thème «Le Salon du cheval, 10 ans de fierté et de passion». 

    Le 7 septembre 2017, Son Altesse Royale donne, à l’école Abdelmoumen à l’arrondissement Hassan à Rabat, le coup d’envoi officiel de la rentrée scolaire, universitaire et de la formation professionnelle 2017-2018, et lance l’initiative royale «Un million de cartables». 

    La portée et la signification de ce glorieux anniversaire de l’héritier du glorieux Trône alaouite revêtent une grande symbolique renvoyant au ressourcement de la monarchie dans les fondements spirituels de la Oumma inspirés des traditions du Prophète et des Califes bien guidés, qui, dans leurs comportements quotidiens, ont toujours veillé à être magnanimes et à étendre leur mansuétude aux nécessiteux et aux plus faibles.  •

    Le360

  • Hubert Védrine et la crise iranienne : « c'est gravissime pour nous les autres cosignataires »

     

    2293089609.14.jpgL'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine était l'invité de France Inter hier matin à 8 h 20 à propos de la crise iranienne.

    Son analyse, énoncée d'un ton grave, nous semble marquée de réalisme et de lucidité, en même temps que d'une légitime inquiétude. On pourra écouter l'enregistrement audio de son entretien avec Marc Fauvelle [Ci-dessous].

    Dans l'ensemble, sur cette très grave situation de crise, Hubert Védrine nous semble avoir - à chaud - discerné et dit l'essentiel.  

    Notre propre analyse suivra rapidement. LFAR

     

     

    Bref résumé et quelques extraits du propos d"Hubert Védrine donnés par France Inter.

    Les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères rencontreront lundi des représentants iraniens. Emmanuel Macron s'est entretenu par téléphone avec le président iranien Rohani.   

    Pour Hubert Védrine, Trump nous montre qu'il répond d'un côté aux néo-conservateurs américains et au Likhoud israélien. 

    C’est la politique du pire

    Selon lui Macron n’a pas eu tort d’essayer de jouer la carte de l'amitié avec Trump pour éviter les tensions. Maintenant il faut que les signataires de l'accord s'organisent pour sortir de la « prise d'otage » qu'imposent les Etats-Unis en ayant institué le paiement en dollars de toutes les relations économiques dans le cadre de l'accord. 

    Les Etats-Unis prennent en otage le reste du monde. 

    La question qui se pose désormais c'est comment faire vivre l’accord sans les Etats-Unis ? 

    « Il faut espérer que les autres signataires s’organisent y compris financièrement ». 

    Les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et Israël ne souhaitent pas que l'Iran revienne dans le jeu international. 

    Ils veulent que l’Iran tombe. 

    Hubert Védrine : « Entre les Pasdarans, l'Arabie saoudite, et les Trumpistes, il y a une alliance sur la politique du pire. »

    La France a annoncé qu'elle va œuvrer collectivement à un cadre plus large. 

    Hubert Védrine : « C'est quand même effrayant, c'est gravissime pour nous les autres cosignataires. »

    « Il faudrait un accord avec les Chinois, mais là on entrerait dans un autre chapitre, un tournant aussi important que la fin de l’URSS », explique Hubert Védrine. Ça voudrait dire qu’on est capable de défier les américains.  

    Hubert Védrine publie « Compte à rebours », aux éditions Fayard.

  • Situation aggravée au Proche-Orient : Les pressions d'Israël pour que Trump dénonce l’accord nucléaire avec l’Iran

    Benjamin Netanyahu et Donald Trump

      

    Par Antoine de Lacoste

    Cette chronique a été rédigée avant que Trump ait fait connaître sa décision. On sait qu'en l'espèce la raison ne l'a pas emporté. L'analyse d'Antoine de Lacoste n'en est pas moins pertinente sur le fond et parfaitement éclairante.  LFAR

     

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    C’est le grand feuilleton que Donald Trump savoure depuis longtemps.

    Déjà, pendant sa campagne électorale, le futur Président n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer cet accord, « le pire » que l’Amérique ait signé. Il est vrai qu’avec lui, le pire est souvent atteint.

    Depuis son élection, le discours a certes connu des variations, mais la tendance générale est à la dénonciation et donc au retrait américain de ce traité qui fut signé par les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne et l’Iran.

    Appelé JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) il avait été très complexe à mettre en œuvre. La France y était opposée malgré les pressions des milieux d’affaires qui rêvaient de s’implanter en Iran. Laurent Fabius, fit tout pour faire capoter les négociations. Israël également. Mais l’habileté de Lavrov, la détermination d’Obama et les concessions iraniennes aboutirent à une signature en juillet 2015.

    Les fréquentes envolées de Trump sur le sujet laissaient penser que l’affaire était entendue et que le retrait américain était certain, comme pour le traité sur le climat.

    Mais la détermination européenne (on croit rêver en accolant ces mots) a fini par peser sur l’obstination de Trump. La France et l’Allemagne lui ont rappelé qu’un accord, même imparfait, était préférable à l’absence d’accord. Macron a donc proposé de le renégocier pour y inclure des discussions sur les missiles balistiques et sur la présence iranienne en Syrie.

    Les Russes ont doctement rappelé que l’accord était signé et qu’il n’y avait pas de raisons de revenir dessus. Quant aux Iraniens, furieux, ils déclarent qu’aucune nouvelle négociation n’aura lieu. Mais, en réalité, ils sont très inquiets et voient s’éloigner les levées définitives des sanctions qui empêchent le décollage économique du pays.

    Israël, est à nouveau entré en scène. Tout en rappelant, comme d’habitude, que sa sécurité était en jeu, Benjamin Netanyahu a affirmé que l’Iran violait l’accord de 2015 et qu’il avait des preuves. Mais, comme pour l’attaque chimique en Syrie, on les attend toujours. Personne ne l’a cru, et son mensonge a été finalement contre-productif.

    C’est le 12 mai que Trump annoncera sa décision. En attendant, il jubile : « Personne ne sait ce que je vais faire le 12 mai. Je pense que nous aurons une super occasion de faire un bien plus gros accord, peut-être. » Voilà qui n’est pas limpide, mais rappelons-nous que Trump a ses propres règles du jeu.

    En attendant le 12 mai, l’Iran ne se fait guère d’illusions et le Président Rohani s’est permis une sortie étonnante. A la télévision iranienne,  il a ainsi interpellé Trump: «Vous n’avez aucune expérience en matière de traités internationaux. Comment un marchand, un constructeur de tours, peut-il émettre des jugements sur les affaires internationales ? ». 

    Espérons que la raison l’emportera chez Trump et que l’on évitera le saut vers l’inconnu. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Le nouveau régime libre-échangiste

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCe que Mathieu Bock-Côté écrit ici dans son blogue du Journal de Montréal [ 26.04] nous paraît de première importance, plus, peut-être, que jamais. Il s'agit d'une recension d'un ouvrage de Simon-Pierre Savard-Tremblay qui s'intitule Despotisme sans frontières, qui vient de paraître et dont le titre dit presque tout. Mathieu Bock-Côté en fait une remarquable synthèse, juste, forte et savamment équilibrée. Nous n'y ajouterons presque rien. Il faut la lire. Nous aussi avons écrit que le libre-échange des biens, des hommes et des idées, qui date de la nuit des temps, doit se régler selon les circonstances, les époques et les lieux. En fonction des biens-communs particuliers des peuples et des Etats. Mais il devient despotique et destructeur lorsqu'il se mue en idéologie ou prétend s'imposer comme dogme universel. Il nous semble que c'est ce que démontre ici brillamment Mathieu Bock-Côté. Et cela est important parce qu'il s'agit de notre destin et même de notre survie.   LFAR   

     

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    Il est courant, aujourd’hui d’affirmer que la mondialisation est en crise et que son système s’est profondément déréglé. L’heure est à la révolte contre la mondialisation, et elle s’exprime de nombreuses manières, comme on l’a vu avec le référendum grec contre l’austérité, la résistance wallonne contre le CETA, la victoire du Brexit ou l’élection de Donald Trump. Cette révolte est à la fois portée par la gauche et par la droite, si ces catégories veulent encore dire quelque chose dans les circonstances. Mais contre quoi se révolte-t-on, exactement? Contre un mouvement historique irrépressible, condamnant cette révolte à n’être qu’un baroud d’honneur? Ou contre un régime politique qui ne dit pas son nom mais qui s’est mis en place sur une cinquantaine d’années et qui a transformé radicalement notre rapport au monde ?

    C’est à cette question que Simon-Pierre Savard-Tremblay a cherché à répondre dans Despotisme sans frontières, un très intéressant opuscule qu’il vient de faire paraître chez VLB. Et sa réponse est claire: la mondialisation telle que nous la connaissons est un régime qu’il faut nommer comme tel et combattre comme tel. C’est-à-dire que la mondialisation s’est installée au fil des décennies à coup d’accords internationaux de plus en plus secrets et de plus en plus contraignants, généralement au nom de l’idéal d’un libre-échange globalisé, qui serait l’expression naturelle et bienheureuse de l’humanité enfin délivrée du politique, des frontières et des souverainetés, qui diviserait l’humanité contre elle-même et la soumettrait au règne de l’arbitraire. Elle représenterait une mutation du cosmopolitisme le plus radical, prenant le relais, à sa manière, de l’internationalisme prolétarien. Le nouveau régime du libre-échange domestique les États, qui n’ont désormais plus qu’une mission centrale: aménager leur pays de manière à le rendre le plus compatible possible avec les exigences de la mondialisation. En fait, c’est la démocratie qui est domestiquée, puis neutralisée, car condamnée à l’insignifiance. L’État ne gouverne plus: il n’est que gestionnaire.

    Mais SPST insiste : le libre-échange tel qu’on le pratique aujourd’hui n’est pas le libre-échange en soi, qui ne saurait se laisser enfermer dans une définition aussi idéologiquement contraignante. Il y a une différence fondamentale entre favoriser le commerce entre les nations et créer un environnement juridique supranational favorable au règne des corporations, qui consacre en fait l’hégémonie de ces dernières, au point même de leur permettre de poursuivre les États devant les tribunaux lorsqu’ils jugent qu’une politique ou un règlement les empêche de tirer un profit optimal de leurs investissements. Et on ne saurait assimiler au protectionnisme la remise en question du moindre accord de libre-échange, quel qu’il soit. Notre monde ne doit pas choisir entre l’ouverture et la fermeture, comme le prétendent les idéologues mondialistes que notre auteur ne cesse de remettre en question. Les hommes politiques auraient tout avantage à se délivrer de cette propagande qui étouffe la réflexion dans une fausse alternative entre le bien et le mal. On ne saurait assimiler le bien politique à la perspective glaçante du sans-frontiérisme.

    0bc2a567-fd9a-48ea-9b53-fa426d1c1cb9_ORIGINAL.jpgSPST insiste: il ne s’oppose pas au libre-échange en soi mais à une forme de radicalisation du libre-échange qui vise à homogénéiser juridiquement et socialement la planète en programmant la dissolution des États et des nations. «Le «nouveau libre-échange» vise à ce que les pays du monde aient des législations quasi identiques pour que le capital puisse circuler d’un territoire à l’autre en ayant droit au traitement princier» (p.13). Mais à la différence des critiques habituels de la mondialisation, qui basculent tôt ou tard dans une forme de fantasme socialisant, SPST demeure sur terre et pose un objectif politique réaliste: le retour graduel, mais résolu, à l’État-nation, au nom d’un projet qu’il nomme à la suite de plusieurs la démondialisation. Il cherche à nous montrer de quelle manière on pourrait s’y engager et nous rappelle qu’il n’est en rien contraire à une grande coopération entre les peuples. SPST contribue ainsi, notons-le en passant, à une redéfinition nécessaire du souverainisme québécois, pour lui permettre d’entrer dans une nouvelle époque. Les souverainistes ne gagneront rien à toujours vouloir se plier à la définition médiatique de la modernité.

    Cet ouvrage est une belle réussite. La matière en elle-même est extrêmement complexe et SPST parvient à la rendre intelligible en la ramenant vers ce qu’on pourrait appeler les fondamentaux de la science politique: il pose la question du régime, il se demande qui commande, il cherche à identifier les intérêts sociaux qui tirent avantage des institutions, et ceux qui sont laissés dans les marges. En d’autres mots, l’objet de son livre est moins économique que politique, et c’est ce qui fait sa force. Personne ne croit qu’on sortira demain de la mondialisation, et qu’il faille la rejeter en bloc. Mais il s’agit, pour chaque nation, de reconstruire sa souveraineté, de lui redonner de la substance, car elle-seule est garante de la possibilité d’une expérience démocratique authentique. En fait, SPST veut nous convaincre que le nouveau régime du libre-échange s’accompagne d’une civilisation dégradée, qui abime notre humanité, nous déracine et nous condamne à la sécheresse existentielle: celle du consommateur absolu. Il s’agit, pour emprunter ses mots, «de recréer un mode de vie sain qui nous reconnecte à notre humanité» (p.126). Il veut nous convaincre, et nous convainc.  •   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Livraisons de S300 russes à Damas ou la subtile diplomatie de Poutine

    Missiles russes sol-air S300  

    Par Antoine de Lacoste

     

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    La Russie a annoncé il y a quelques jours la livraison de missiles sol-air S300 à l’armée syrienne.

    Au premier abord cette nouvelle est logique : face à la dernière agression américano-franco-anglaise contre la Syrie, le Kremlin décide de renforcer la défense aérienne de son allié afin de décourager toute nouvelle tentation belliqueuse.

    La défense anti-aérienne de la Syrie n’est certes pas catastrophique comme l’a prouvé la destruction en vol de plus de 70 des missiles américains lancés vers Damas et Homs. De plus, chacun a encore en mémoire la destruction d’un F16 israélien en février dernier à la suite d’un énième raid en Syrie de l’aviation de l’Etat hébreu. C’était la première fois depuis trente ans qu’Israël perdait un avion.

    Depuis, celle-ci ne s’y est d’ailleurs plus risquée et la dernière attaque contre une base syrienne s’est faite depuis le Liban, l’aviation israélienne se gardant bien de s’aventurer à nouveau dans le ciel syrien. On notera à ce propos que ces violations répétées de l’espace aérien de ses voisins par Israël n’émeuvent pas beaucoup les pays occidentaux : il semble aujourd’hui acquis qu’Israël se situe au-dessus du droit international…

    La livraison de ces S300 est en fait une vieille histoire. Voilà plusieurs années que Damas les espère et qu’Israël les redoute. C’est d’ailleurs à la demande de l’Etat hébreu que Poutine a accepté à plusieurs reprises d’en différer la livraison. La diplomatie de Poutine est très différente de celle du monde occidental qui ferait bien parfois de s’en inspirer : pas de leçons de morale et les dirigeants ne sont pas classés en bons et en méchants ; il y a des alliés que l’on ne lâche pas, mais on parle avec tout le monde, même à ceux qui attaquent son allié. Nous sommes loin des postures idéologiques des Américains et des Européens.

    Mais aujourd’hui la donne a changé et cette annonce est une réponse envoyée à la coalition. Que les Occidentaux continuent à prendre pour argent comptant toute provocation d’attaque chimique en Syrie doit engendrer une parade. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir qui finance ces fameux casques blancs, toujours présents dans les grands moments de manipulation et parfaitement relayés par les medias occidentaux.

    Cela étant, ce n’est pas Poutine lui-même qui annoncé cette livraison, ce qui signifie qu’un différé est encore envisageable.

    Un autre élément important est à noter : les bases russes de Tartous et Hmeimim sont dotées de missiles S400, extrêmement performants. Il n’a jamais été question que les bases syriennes en soient dotées : les Israéliens en feraient un casus belli et donc les Américains aussi. Avec les S300, nous sommes à la lisière.

    Poutine sait jouer aux échecs mais ne veut mettre personne mat, hormis les islamistes bien sûr.

    C’est grâce à cette subtile diplomatie qu’il est aujourd’hui le seul chef d’Etat qui peut parler avec tous les acteurs du dossier syrien. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Donald Trump, comme l'oncle Picsou ...

     

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    Aux Américains Macron a lancé : « Le nationalisme, c'est la guerre ».

    Mais de quoi parle-t-il ? Quel sens donner à ce propos ? Il est des nationalismes pacifiques et raisonnables comme il en est des guerriers et même déments. C'est comme de tout.  Il est des pacifismes qui attirent la foudre comme personne. C'est d'ailleurs ce qui nous est arrivé dans les années 30. En ce sens le pacifisme de Blum et consorts porte une responsabilité bien plus grande dans le déclenchement de la deuxième guerre mondiale que le nationalisme de Maurras, qui à vrai dire n'en porte aucune.

    Sans-doute faut-il d'abord ramener la portée de cette affirmation de principe prononcée dogmatiquement par Emmanuel Macron dans l'effervescence de son voyage américain à sa valeur contextuelle : Macron à Washington s'occupe entre autres choses des droits de douane sur l'acier et l'aluminium - chinois et secondairement européens - que Trump entend mettre en place, tout bêtement parce qu'il veut mettre fin aux importations excessives qui créent des chômeurs chez lui, font fermer des usines, affaiblissent l'industrie américaine et, accessoirement, creusent la dette des Etats-Unis, déjà abyssale depuis bien longtemps. Macron appelle cette politique étatsunienne nationalisme et guerre commerciale.

    Mais lui, Macron, tente seulement d'éviter ces taxes aux Européens parmi lesquels la France, ou de les minorer le plus possible, parce que naturellement moins d'importations américaines de notre acier et de notre aluminium créerait chez nous des chômeurs, ferait fermer des usines, affaiblirait (si c'est encore possible) notre industrie, donc notre économie et notre puissance. Etc. Il ne raisonne guère autrement que Trump. L'un attaque, l'autre se défend. C'est tout comme. Nationalisme d'attaque ou de défense, nationalisme tout de même !

    Mais Macron a sûrement pensé que lui aussi (la France) et les autres Européens pourraient tout aussi bien affecter de taxes douanières l'acier et l'aluminium chinois ce qui favoriserait les nôtres, compenserait peut-être la baisse des achats américains et favoriserait notre production domestique. Après tout, donner priorité chacun chez soi à la production domestique, ce ne serait rien d'autre qu'appliquer le principe de subsidiarité.

    Chacun sait que les Chinois dont l'économie reste fortement dirigée ont produit d'énormes stocks d'acier invendus qu'ils écoulent à prix cassés comme une entreprise en faillite brade ses stocks ... Les Chinois protesteraient, répliqueraient, etc. si nous les taxions. Un autre nationalisme s'activerait.

    Trump connaît le monde, mais il ne pense pas avoir en charge autre chose que les intérêts de son pays. Même si dans son cas ils sont mondiaux.  America first ! S'il s'intéresse aux autres ce n'est que dans cette perspective assumée. Il n'a de vision planétaire qu’à ce prisme.

    Alors, le jeune Macron lui fait la morale au nom des grands principes, de l'OMC et autres, du libre-échange non comme instrument circonstanciel de développement mais comme un dogme pour tous les temps et tous les lieux. Il nous reste à espérer pour lui et surtout pour nous qu'il n'y croie pas trop.

    Il serait très bien au contraire selon nous que les chefs d'État de ce monde en crise deviennent plus modestes, moins fumeux, moins planétaires, plus locaux ; qu'ils se remettent à gouverner leurs peuples selon une conception que nous aurions grand avantage à restaurer : « en bons pères de famille », plutôt qu'en acteurs du business mondialisé et en visionnaires planétaires. Les familles sont ouvertes aux autres mais, au moins, ne prétendent pas à l’universel. Un nationalisme ainsi fondé n'est pas guerrier, il est d'essence pacifique ...

    Malgré ses folies, ses vulgarités, son imprévisibilité, Donald Trump, à sa manière et celle de son pays, nous donne au moins l’exemple d’une forme de réenracinement que nous ferions bien de suivre. Comme l'oncle Picsou, il compte les sous de l'Amérique.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Shania Twain et Donald Trump

    Shania Twain  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [26.04] Mathieu Bock-Côté dénonce - brillamment comme toujours - l’emprise du politiquement correct sur la vie publique. Ses arguments font mouche. Comment ne pas l'approuver ?  LFAR  

     

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    Étrange titre, n’est-ce pas ? Mais à drôle de situation, drôle de titre.

    Il y a quelques jours, la chanteuse canadienne Shania Twain a confié au journal britannique The Guardian qu’elle aurait voté pour Donald Trump en novembre 2016, si elle avait été américaine. Elle ne semblait pas particulièrement enthousiaste à son endroit. Mais entre deux maux, comme on dit, elle voulait choisir le moindre.

    Scandale ?

    On sera d’accord, ou non. On se rappellera quand même que la moitié des Américains a fait le même choix et qu’on ne saurait y voir qu’une collection d’ignares, de malheureux, d’homophobes, de racistes et de sexistes, comme l’avait suggéré Hillary Clinton. Il doit bien y en avoir quelques millions dans le lot qui ne méritent pas notre mépris, non ? 

    Et de toute façon, si nous sommes tous obligés de voter pour le même candidat, à la manière d’une obligation morale, pourquoi organiser des élections ? 

    Ne nous faisons pas d’illusions : ils sont nombreux à se le demander aujourd’hui. Ils ne font plus confiance au peuple. Alors ils préfèrent confier le pouvoir aux tribunaux, décrétés plus sages parce qu’affranchis des humeurs populaires. Mais je m’éloigne du sujet...

    Pauvre Shania ! Elle aurait peut-être dû se taire et savoir que nous vivons dans un simulacre de démocratie, où les gardiens de la vertu idéologique s’assurent que nous ne sortions pas du corridor étroit de la pensée correcte. Elle aurait dû savoir qu’en confessant sa préférence électorale, elle ferait naître une tempête.

    Et c’est ce qui est arrivé !

    La « trumpophobie » est telle, aujourd’hui, qu’il suffit de ne pas détester à temps plein le président américain pour susciter une crise d’hystérie. Alors Shania, pénitente comme une artiste qui a peur de perdre son public, s’est excusée sur les médias sociaux. Elle a appris les bonnes prières, avant de les réciter. Elle s’est mise dans la foule qui hurle contre Donald Trump, et en a même rajouté, pour que l’on comprenne bien qu’elle faisait pénitence. Elle a rappelé qu’elle était contre toute forme de discrimination, et tout le tralala. On s’en doute. Elle aurait même pu ajouter qu’elle n’aime pas qu’on martyrise les animaux, histoire de gagner quelques points de vertu.

    Excuses

    Succès relatif, néanmoins. Sur les médias sociaux, on en a vu douter d’une si prompte conversion. Alors en plus d’être une trumpienne modérée autoproclamée, Shania Twain est aussi accusée d’être une menteuse et une girouette. Charmante semaine pour la star canadienne...

    Ce petit épisode est néanmoins révélateur d’un vrai problème : l’emprise du politiquement correct sur la vie publique. Il étouffe les débats. Il nous oblige à rétrécir sans cesse le périmètre des propos acceptables. Dans le cas de Trump, par exemple, on ne peut plus se contenter d’être puissamment contre sa politique : on doit être moralement scandalisé à temps plein par sa présence à la Maison-Blanche, sans quoi, on nous accusera de complaisance à son endroit.

    Cela devient lassant.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Z comme Zemmour : « Avec Donald Trump, Kim Jong-Un a trouvé son alter-ego ». Leur rencontre, c'est aujourd'hui...

    « Avec Donald Trump, Kim Jong-un a trouvé son alter-ego »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Pour Éric Zemmour, la rencontre entre les deux Corées est historique. Une détente diplomatique rendue possible grâce à Donald Trump, qui par son imprévisibilité fait peur à Kim Jong-un. [RTL 26.04]. Zemmour compare les deux personnages tout deux théâtraux et analyse leurs motivations politiques ou géopolitiques.   LFAR 

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Les présidents des deux Corées vont se rencontrer vendredi 27 avril. C’est une première historique. C’est la rencontre de tous les records. La rencontre de tous les possibles. la rencontre de tous les mystères. La rencontre de toutes les inconnues. Les deux Corées vivent comme si le monde s’était arrêté en 1950. L’imaginaire de la guerre froide est ici resté intact quand il a disparu partout ailleurs.

    Mais depuis tout a changé. Le mur de Berlin est tombé et les deux Allemagnes se sont réunifiées. C’est exactement le sort dont le patron de la Corée du Nord ne veut pas. Pas envie d’être réunifié, pas envie d’être absorbé, pas envie d’être avalé par une sœur capitaliste plus riche, plus libre, plus puissante. C'est ce qui explique qu'elle se soit dotée de l'arme nucléaire..
     

    Éric Zemmour

  • Macron aux USA entre incantations (beaucoup) et réalisme (beaucoup moins) ...

    Devant le Congrès

     

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    Le voyage américain d'Emmanuel Macron s'est ouvert et poursuivi sous les auspices de trop de paroles verbeuses, trop d'idées planétaires, trop de « rêves » revendiqués, trop d'idéaux brandis, trop d'exaltation affichée, pour ne pas susciter de sérieuses inquiétudes. Derrière ces nuées, y a-t-il une « realpolitik » française ? S'il en est une, elle n'apparaît guère, elle est bien cachée.

    A ce jeu-là, il ne nous paraît pas sûr du tout que ce ne soit pas finalement le langage clair, direct et crû, les idées simples et pratiques, le volontarisme univoque de Trump qui doive avoir le dernier mot et finisse par imposer ses vues. Pas sûr du tout que ce soit notre jeune président si habile, intelligent et cultivé soit-il, mais apparemment chimérique, qui sortira vainqueur de son duo - ou duel - avec Donald Trump. Leur numéro de duettistes avait commencé par la poignée de main virile que l'on sait. Que l'on nous montre et remontre à satiété. Et où chacun des deux hommes entendait en réalité signifier à l'autre non pas la nature supercéleste de ses rêves et de ses idéaux mais le poids de sa force, de sa ténacité et de sa détermination.

    Depuis la nuit des temps ces rencontres sont tissées en même temps, de cette confrontation des forces et de ces gestes d'empathie, ou même d'affection, ces tapes dans le dos, ces accolades chaleureuses, ces amabilités et même ces protestations d'amitié virile qui en compensent la rudesse et la tension.

    Nous repensons ici à Jean Giraudoux qui a immortalisé la double nature de ces moments privilégiés où les chefs de deux grands peuples se rencontrent pour se mesurer l'un à l'autre en des moments cruciaux et tentent de soupeser leur puissance respective. Quels que soient les hommes, les lieux et les temps de l'Histoire, ces rituels ressemblent toujours au dialogue d'Ulysse et Hector, le Grec et le Troyen, tel qu'il est mis en scène dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu.

    Entre les États-Unis et la France, il n'est pas question de guerre, autre qu'économique, culturelle et, aujourd'hui, numérique, puisque dans ce dernier domaine les Américains ont trouvé et imposé grâce aux GAFA un nouvel instrument de déploiement de leur impérialisme mondial et d'accroissement de leur richesse. Ce n'est pas rien.

    Nous sommes de vieux alliés jusque dans nos oppositions. De Gaulle pas plus qu'un autre, n'a voulu rompre cette alliance née de l'Histoire, de ses réalités comme de ses légendes et de ses ambiguïtés. Simplement, il savait ce qu'il en est de toute alliance. Il en savait les limites. « Les nations n'ont pas d'amitiés. Elles ont des intérêts ». Ceux-ci évoluent avec les recompositions de l'Histoire, les changements de toute nature, en bref, les circonstances. Il n'y a ni allié ni ennemi éternel. De Gaulle ne remettait pas en question l'amitié franco-américaine née dans les combats qui furent menés ensemble mais aussi par l'imaginaire qu'ils ont engendré. Notre alliance a fonctionné la dernière année de la première guerre mondiale et les trois dernières de la seconde, puis au temps de la guerre froide avec les soviétiques. De Gaulle savait aussi - et ne ratait jamais de leur rappeler - que dans le premier conflit mondial les Etats-Unis s'étaient d'abord déclarés neutres et n'étaient entrés en guerre à nos côtés qu'après trois ans de terribles combats ; qu'il en avait été de même en 1939, les Etats-Unis n'ayant pris part au conflit mondial que fin 1941, après que les Japonais les eurent attaqués à Pearl-Harbor, qu'ils eurent déclaré la guerre au Japon et qu'en vertu des traités l'Allemagne à son tour leur eut déclaré la guerre. De Gaulle savait encore que les Américains nous ont combattus en Indochine, en Afrique du Nord, notamment en Algérie. Comme, plus tard, ils nous entraîneraient dans leurs échecs irakien et afghan. En pure perte et à notre détriment.

    L'Amitié américaine est à consommer avec modération, ce qui veut dire surtout avec réalisme et esprit d'indépendance. En toute connaissance de leurs prétentions à l'empire, sinon du monde car ils ont aujourd'hui fort à faire avec la Chine, du moins de ce que nous continuons d’appeler l'Occident. L'amitié avec les Etats-Unis ne doit pas non plus être exclusive. A l'égard de quiconque, notamment des Russes à qui nous serions bien avisés de réserver un traitement analogue d'amitié mesurée, indépendante et vigilante. Une politique étrangère est surtout faite de rapports de force et d'équilibres. Surtout s’il s’agit des plus grands.

    Emmanuel Macron leur préfère souvent ces grandes incantations idéalistes, ces grands moments d'exaltation idéologique pour lesquels il est évidemment doué d'un charisme singulièrement communicatif. On l'a vu hier encore devant la Chambre des Représentants enthousiaste à Washington.

    Mais les périodes incantatoires fussent-elles bien rédigées et dites avec conviction ne sont pas ce qui fait la politique de la France ni ce qui sert ses intérêts. Le prochain voyage de Moscou, en mai, nous en dira peut-être plus sur la vraie nature de la politique étrangère macronienne, et sur l'issue du conflit qui se livre en elle comme chez son auteur entre idéologie et réalisme.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • L’avenir de la nation, l’avenir du nationalisme

    Drapeaux  ...  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCe sont des concepts fondamentaux que manie Mathieu Bock-Côté - brillamment comme toujours - dans cette tribune du Journal de Montréal [23.0]. On y ressent l'influence que la question québécoise exerce sur sa réflexion. Comme notre attachement à la France dont nous voyons le déclin au fil des deux derniers siècles, fonde notre propre nationalisme. Maurras le définissait, non comme un absolu, mais comme une « douloureuse obligation » du temps présent. L'actuelle évolution géopolitique du monde, si on l'observe bien, nous semble lui donner raison. Au reste, le livre de Gil Delannoi porte un sous-titre : La nation contre le nationalisme, ou : La résistance des nations. L'on peut en débattre !   LFAR  

     

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    La science politique, lorsqu’elle est bien pratiquée et s’abstient de verser dans les modes idéologiques, peut être d’une grande aide pour clarifier notre compréhension de la vie politique et des concepts à partir desquels nous cherchons à la saisir.

    C’est la première réflexion que nous inspire spontanément la lecture de La nation contre le nationalisme (PUF, 2018), le remarquable essai du politiste français Gil Delannoi. Disons-le tout de suite, le titre est un peu trompeur, car si Delannoi n’hésite pas à critiquer les excès du nationalisme, il s’occupe surtout à dissiper le brouillard idéologique qui l’entoure, en rappelant que si la politologie française en entretient une conception exagérément négative, au point d’en faire une pathologie politique immédiatement condamnable, il n’en est pas nécessairement ainsi ailleurs dans le monde. Le nationalisme, nous dit Delannoi, n’a rien de diabolique. Il y en a de bons usages, comme de mauvais. Pour le dire avec ses mots, Delannoi essaie « avant tout de comprendre ce que sous-entendent la natiophobie et la passion d’abolir les frontières qui ont cours aujourd’hui » (p.11). Il ajoute même qu’à « son extrême, cette natiophobie revient aujourd’hui à nazifier tout passé national pour cause d’exclusion de l’Autre » (p.240). Tel est l’air que nous respirons, en effet.

    1517452255_9782130800460_v100.jpgQu’est-ce qu’une nation ? Cette question, attachée à une célèbre conférence de Renan prononcée à la Sorbonne en 1882, continue de travailler la philosophie politique et les sciences sociales ; même elles en proposent rarement une définition satisfaisante, et encore moins exhaustive. La nation, nous dit Delannoi, est à la fois politique et culturelle. C’est une communauté politique avec un substrat historique particulier, qu’on ne juge pas a priori interchangeable avec un autre. Ces deux dimensions ne coïncident pas toujours, ou du moins se recoupent souvent imparfaitement. Delannoi entend d’abord définir la nation comme forme politique singulière, qu’il distingue de la cité et de l’empire, en rappelant qu’elle semble le plus à même d’accueillir et de permettre l’expérience de la démocratie dans la modernité. Mais Delannoi le note bien, « la plupart des théoriciens récents de la nation et du nationalisme ont envers leur objet d’étude une attitude allant de l’hostilité à la condescendance » (p.17). La remarque est très fine : ceux qui étudient la nation sont généralement en mission pour la déconstruire, comme si elle représentait un artifice historique vieilli. L’antinationalisme est habituel dans l’enseignement universitaire en plus d’être la norme chez les intellectuels qui considèrent généralement l’attachement à une nation historique et à sa souveraineté comme une forme de crispation identitaire. Cette absence radicale d’empathie pour ceux qu’on appellera les gens ordinaires attachés à leur patrie fait en sorte qu’on fera passer toute forme de patriotisme pour une forme de xénophobie. La modernité radicale est l’autre nom du refus du particulier.

    À la recherche d’une définition du nationalisme, Delannoi propose la suivante : « le nationalisme est la volonté de faire coïncider la forme culturelle et la forme politique de la nation autant que possible. Telle est l’impulsion qui engendre et entretient le nationalisme : superposer davantage les deux dimensions culturelle et politique de la nation » (p.122). Le nationalisme, nous dit Delannoi, « est la volonté pour un groupe d’endurer l’adversité, de résister à l’extinction sur une base nationale. Au sens culturel, c’est préserver une langue, un territoire, un mode de vie. Au sens politique, ce nationalisme de faible intensité appelle une autonomie politique locale ou provinciale. Il ne parvient pas toujours à accéder à la souveraineté étatique, bien qu’il vise souvent celle-ci comme ultime garantie de l’indépendance Son premier ressort est de craindre que, privé de moyens politiques et de continuité culturelle, le groupe ou le pays identifiés à une nation disparaisse » (p.123). On pouvait ou non approuver la tentation d’accession à l’indépendance des Catalans ces derniers mois : elle n’avait rien de risible, comme ont pu le dire certains commentateurs. Elle n’était pas non plus inintelligible dans les catégories de la modernité. Chose certaine, une communauté politique n’est jamais une association strictement formelle, dépassionnée, où des individus étrangers à la chose publique cohabitent pacifiquement sans rien avoir en partage.

    Si la prose de Delannoi est toujours mesurée, il ne s’interdit pas, néanmoins, de lancer quelques piques aux post-nationaux fiers de l’être qui dominent l’université et les médias. Ainsi, il demande : « un nouveau monde fait de cités financières et d’empires territoriaux présente certainement quelques avantages comparatifs sur un monde international classique fait de nations. Mais pour qui ? Et à quel prix ?» (p.11) Il ajoute que « l’absence de frontière est un luxe d’enfants gâtés, profondément antipolitique » (p.231). De manière audacieuse mais tout à fait lucide, il conteste aussi l’idée souvent reprise qui fait du nationalisme le grand coupable de la seconde guerre mondiale, en rappelant que le nazisme était une doctrine de la race et non pas de la nation. Il conteste même l’idée que la première guerre soit une guerre des nationalismes: il y voit plutôt un affrontement des empires (p.148-156). Ceux qui répètent sans cesse que, « le nationalisme, c’est la guerre » se contentent d’une facilité rhétorique qui leur donne à la fois l’impression de comprendre le mal qui hante l’histoire de la modernité et de se positionner en surplomb sur le commun des mortels encore ignorant des ravages du sentiment national. En fait, ils se condamnent à ne pas comprendre le dernier siècle et certains besoins fondamentaux de l’âme humaine.

    Redisons-le, La nation contre le nationalisme est un essai d’une richesse conceptuelle extraordinaire, et il faut s’y jeter pour apprécier toutes les observations de l’auteur que nous n’avons pas pu noter ici, par souci de ne pas transformer cette recension en long commentaire de l’ouvrage. Sans jamais se transformer en militant, Delannoi nous démontre de manière convaincante qu’un monde sans nations serait probablement un monde moins humain. À la lumière d’une philosophie politique qui se tient loin de l’esprit de système, et qui médite sur la liberté humaine et ses conditions historiques, Delannoi nous offre ici un livre brillant qui passionnera à la fois ses compatriotes soucieux de mieux comprendre le phénomène national et les nôtres qui trouvent trop peu d’ouvrages sur les tablettes capables de fonder théoriquement ce que nous appellerons encore sans gêne le nationalisme québécois.     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Que reste-t-il de Daesh en Syrie ?

    Syrie: le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    L’Etat islamique est vaincu. Il a subi des pertes considérables et de nombreux volontaires venus de pays étrangers sont repartis. Certains vers leurs pays d’origine, d’autres vers de nouveaux points de conflits : Afghanistan, Mali, Libye.

    Ceux qui sont encore présents en Syrie tiennent quelques poches d’où ils parviennent à mener des raids meurtriers.

    La plus emblématique, et la plus restreinte, est celle de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. A  l’origine c’est un camp de réfugiés palestiniens. Lorsque ces derniers ont été chassés de leurs terres en 1948, plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge là. Au fil des décennies il est devenu une vraie ville comptant 250 000 habitants.

    Yarmouk a vu de nombreux combats depuis 2011 entre Palestiniens, islamistes et armée syrienne. Finalement, en 2015, c’est Daesh qui l’a emporté contre Al Nosra et les islamistes palestiniens, l’armée syrienne ne tenant plus qu’une partie du camp aidée par des palestiniens loyalistes.

    Depuis, c’était le statu quo. Il a été rompu lors de l’attaque syrienne contre la Ghouta. Daesh a profité du relâchement de l’armée dans son secteur pour attaquer de nouveaux quartiers faisant plusieurs victimes et étendant son territoire.

    Maintenant que la Ghouta a été vaincue, la reconquête de Yarmouk est à l’ordre du jour. Des troupes ont été déployées à proximité depuis quelques jours et seront épaulées par des Palestiniens bien décidés à prendre leur revanche. Ce ne sera pas facile tant le réseau de tunnels creusés par Daesh est dense et profond.

    Tout en pilonnant les positions islamistes depuis le 21 avril, Damas a ouvert des négociations afin d’obtenir une évacuation qui lui éviterait de lourdes pertes.

    Le deuxième territoire tenu par Daesh est plus vaste et plus mouvant. Il se situe tout à fait à l’est, à la frontière avec l’Irak. C’est une zone désertique, mais le terrain y est accidenté, permettant les caches. Nous sommes à l’est de l’Euphrate, là où l’armée américaine s’est installée avec ses alliés kurdes. Cela permettait aux Américains de combattre Daesh et de mettre la main sur les puits de pétrole syriens…

    Mais depuis que les Turcs ont attaqué les Kurdes à Affrine, ceux-ci, mécontents du lâchage des Américains, ont, pour beaucoup, quitté la région et rejoint leurs frères dans le nord afin les aider en cas de nouvelle attaque turques. La lutte contre Daesh a donc quasiment cessé, lui permettant de se réorganiser et de se déplacer à cheval sur les deux frontières. Malgré cela, les Américains interdisent toujours à l’armée syrienne de passer l’Euphrate pour le plus grand bonheur de Daesh qui s’est même permis une attaque éclair contre la ville de Mayadin il a quelques jours.

    Quelques centaines de combattants de Daesh se déplacent également dans le désert entre Palmyre et Mayadin, sans constituer un réel danger pour l’instant.

    L’Etat islamique constitue donc encore une menace et la libération de Yarmouk est donc incontournable. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.