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L’homme, ce monstre toxique

 

Par  Mathieu Bock-Côté 

Nous n'ajouterons pas de commentaire à cette chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Journal de Montréal du 23 mai. Elle est marquée d'un pessimisme que l'on sent parfaitement justifié et qui va comme toujours au fond des choses. Il suffit de suivre le fil de la réflexion de Bock-Côté.   LFAR 

 

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La grande poussée du néoféminisme est tellement forte en ce moment qu’ils sont rares à oser le critiquer. Normal : qui s’oppose au féminisme même le plus radical risque de passer pour l’ennemi des femmes.

Alors on se tait. Mais tout n’est pas à célébrer dans ce féminisme nouveau genre.

Masculinité 

Notamment, on est en droit de s’inquiéter d’une de ses dimensions les plus inquiétantes, soit la haine de l’homme, traité souvent comme un ennemi, et même comme un résidu archaïque appelé à disparaître.

Cette guerre contre l’homme, généralement inavouée, on la fait passer pour une lutte contre la « masculinité toxique ». Le terme s’impose à grande vitesse dans la vie publique. Il circule de plus en plus dans nos médias et à l’université. Sous prétexte de dénoncer des comportements masculins problématiques (aucun sexe n’est parfait et l’homme doit évidemment être critiqué), il propose en fait la déconstruction de toute la représentation traditionnelle de ce que l’homme doit être.

À quoi pense-t-on ? À l’homme qui contient ses émotions dans une situation difficile. À l’homme qu’on élève dans le culte du courage intellectuel et physique. À celui à qui on donnait comme héros les grands soldats, les grands explorateurs, les grands politiques. À celui qu’on élève dans le culte de la réussite ou du sacrifice. À l’homme qui veut protéger sa femme et ses enfants. À celui qui s’imagine que le père et la mère n’ont pas exactement la même fonction symbolique auprès de l’enfant.

Cette représentation de la masculinité, on nous invite à la déconstruire, comme si elle nous pourrissait la vie depuis des siècles. L’homme serait une créature toxique. La masculinité serait une maladie mentale.

De là, d’ailleurs, la valorisation de l’androgynie et de tout ce qui, de près ou de loin, favorise la féminisation du masculin et la masculinisation du féminin. On le voit dans la chanson comme dans la mode. Qu’un homme fasse tout pour brouiller les codes du masculin et du féminin et on le célébrera. On y verra un avant-gardiste. On célébrera même son courage : il oserait briser les derniers tabous du vieux monde.

Mais qu’on se trouve devant un homme à peu près ordinaire, qui se conforme aux valeurs traditionnelles associées à son sexe, on le présentera comme un aliéné, prisonnier d’une culture qui l’opprime. Dans la publicité, l’homme est la plupart du temps présenté comme un incapable et un idiot. Ou alors c’est une brute. On fait même de la virilité un défaut, presque une tare. Le héros du monde ancien, surtout le soldat courageux, est présenté comme un pauvre bougre. Nos pères sont moqués. Et méprisés.

Que personne ne proteste : on l’accusera de masculinisme.

Déconstruction

Il y a derrière cela une folie propre à notre époque : la déconstruction maladive de notre civilisation. On veut détruire les représentations consacrées du masculin et du féminin. On veut déconstruire nos représentations de la culture, de la beauté, de l’identité.

C’est le culte de la table rase, qui risque de nous laisser un monde en ruine.     

Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

Commentaires

  • Comme le faisait remarque l'écrivain Richard Millet, dans nos sociétés occidentales en pleine désagrégation, la bête à abattre, c'est l'homme, blanc, hétérosexuel, et si en plus il a le malheur d'être catholique, il faut l'enfermer de toute urgence. La lutte contre les prétendues discriminations vise en fait l'existence même des différences, et l'aspiration à un monde indifférencié. cela s'appelle, pour reprendre le vocabulaire de Freud, la pulsion de mort.

  • Mathieu Bock-Côté dit des choses sensées, comme toujours, mais ce féminisme outrancier et ce dénigrement de la masculinité qui conduit les hommes à n'être plus que des femmelettes vaut surtout pour les grandes villes et les métropoles "dans le vent". Pour le reste, dans les campagnes et le monde semi-rural, c'est heureusement un peu différent et les hommes restent des hommes, virils, même si le machisme a majoritairement et heureusement disparu. Mais lorsque le communautarisme des banlieues nous conduira à la guerre civile plus que probable, que ferons ces féministes acharnées ? Seront-elles assez masculinisées pour assurer la défense de nos sociétés ou bien seront-elles alors plus enclines à considérer que des hommes encore virils peuvent être utiles à cette défense? A moins qu'elles préfèrent attendre que les islamistes prennent le pouvoir et leur imposent leur façon de concevoir le partage des rôles entre les sexes - ou les genres..

  • Pardon, je voulais dire "que feront". Erreur de relecture trop rapide...

  • C'est le sentiment de fausse sécurité que produit l'apparente résilience de nos sociétés qui pousse les tordus idéologues à revendiquer des genres et des comportements nouveaux qu'ils cherchent à imposer à la majorité, en les opposants aux codes généralement admis des humains dans les société qui sont arrivées à ce stade de développement. Ce n'est pas nouveau, et il suffirait que nos sociétés s'affaiblissent soudainement de manière notable, entrainant alors un besoin de sécurité physique individuelle accru, pour que tous ces don Quichotte de la morale post moderne reviennent sagement dans le rang des lapins trouillards irrésolument sortis du clapier de l'anonymat. La société de consommation leur a donné l'illusion d'être transformés en démiurges par la satisfaction du désir dans la frénésie d'achat, mais fragile comme elle est, en se bloquant, elle leur retirerait leur armure de carton pâte, pour les laisser nus, sans électricité, sans eau, et sans pétrole en quelque jours. De quoi se pencher sur la condition humaine, en évitant la superficialité des niaiseries communicatrices et transgressives du monde irréel où le déodorant et le téléphone portable sont devenus les wagons de la nouvelle conformité bêtifiante.

  • S'agissant des ultras de la déconstruction, on peut rappeler à leur égard cette phrase de Flaubert : " Il n'y a qu'une chose qui puisse nous donner une idée de l'infini : c'est la bêtise humaine !" Et Dieu qu'elle est sans limites en cette sinistre époque.

  • A l'évidence,notre ami Bock-Côté a mille fois raison !
    D'autant plus qu'il a constamment sous les yeux,et plus que nous, le foisonnement incontrôlable du dévergondage incessant de la pensée américaine,féministe en particulier.
    Cette dernière se réclame à l'envie des notions de liberté sans contrôle,d'immigration d'origines diverses, de la valeur de l'argent par le gain, de profit toujours légitime...etc...Aux origines de la civilisation américaine, tout cela pouvait être endigué,-ou légitimé même-par un protestantisme austère et "fier de son orgueil" méprisant même, l'aiguillon de sa franc-maçonnerie contre toute tutelle de son ennemie principale qu'est l'Eglise de Rome,(le Vatican ne fut reconnu par les Etats-Unis qu'en 1941,et plusieurs symboles maçonniques figurent encore sur les billets en dollar !)
    Toutes ces chimères sectaires sont en voie de disparition, alors que la principale religion des citoyens US est devenue le catholicisme pratiqués par plus de 82 millions d'entre eux dans ce beau pays.La pensée américaine se trouve ainsi livrée à elle-même,débridée de toute contrainte -et souvent de convenance-, ainsi que sujette à tous débordements, excentriques ou pas,de la pensée.
    Faut-il s'étonner alors que le président Trump ressemble souvent à une girouette à tête chercheuse d',un nouveau modèle de civilisation pour son pays ?

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