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Actualité Monde - Page 95

  • Le pire est peut-être à venir

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgPoussée de fièvre compassionnelle la semaine dernière, provoquée par la reprise des bombardements de l’aviation syrienne sur les dernières enclaves tenues par des insurgés islamistes, notamment celle de la Ghouta à l’est de Damas.

    Toute la semaine, le « machin » n’aura brui que de cela, la Suède et le Koweit, attelage improbable, ayant donc présenté devant le Conseil de sécurité de l’ONU une motion en faveur d’un cessez-le-feu « humanitaire ». Mardi 20 février, M. Le Drian, ministre des Affaires étrangères, qu’on avait pu juger relativement convenable dans son précédent ministère de la Défense, a alerté la représentation nationale sur la situation en Syrie, allant jusqu’à affirmer que « le pire est devant nous ». Et la France d’enfourcher ce cheval de bataille, M. Macron lui-même prenant l’initiative de co-signer avec Mme Merkel (cela peut aider) une lettre demandant à M. Poutine de ne pas opposer son veto.

    M. Assad cherche, et c’est bien légitime, à rétablir l’autorité de l’Etat syrien sur la totalité d’un territoire aux frontières internationales dûment reconnues. On lui reproche sa brutalité mais les derniers islamistes de la Ghouta méritent-ils mieux ? Quant aux civils, ils sont malheureusement les victimes désignées de toutes les guerres : croit-on - pour s’en tenir à l’exemple bien commode d’une guerre mondiale, la seconde, où le bien est censé avoir triomphé du mal - que l’Armée rouge en Prusse orientale ou les Américains dans le Pacifique l’ont emporté sans d’énormes massacres de populations civiles ? Ce n’est pas du cynisme, c’est un constat, personne n’empêchant d’ailleurs Suède et Koweit de se faire en l’occurrence les avocats des civils syriens. 

    Ceux qui soutiennent directement la Syrie ont le mérite de la clarté. L’Iran, perse et chiite défend un allié naturel, dont la stabilité retrouvée lui permettrait de s’imposer dans la région. La Russie, trop vite enterrée par médias et diplomates occidentaux, fait son retour sur la scène mondiale en cherchant à se ré-approprier son pré carré proche-oriental. En face, c’est plus confus. Concernant les Américains, une seule chose paraît sûre : leurs liens avec Israël et, à un moindre degré, l’Arabie séoudite. Avec leurs alliés turcs, les choses se compliquent : désormais, la diplomatie et les actions militaires de la Turquie sunnite sont essentiellement motivées par  le danger sécessionniste kurde. Alliée des Américains, la Turquie est leur ennemie par Kurdes interposés. 

    Dans cet imbroglio, la France est présente militairement. Il s’agissait de combattre jusqu’à son éradication l’Etat islamique. La disparition quasiment assurée de celui-ci souligne désormais la nécessité d’une politique étrangère cohérente. M. Le Drian affirme (Libération, 23 février) que « ce qui compte, c’est de gagner la paix en Syrie aujourd’hui », en privilégiant l’humanitaire et le diplomatique.  Soit, mais il faudrait donc, sauf à se limiter à des bouffées de compassion dignes du Koweit et de la Suède, rétablir le dialogue avec Damas et, mieux, le lien diplomatique. Il en est grand temps car déjà se profile un embrasement régional d’une autre dimension, l’Iran se manifestant sur deux fronts, par le renforcement de sa zone d’influence sur les frontières libano-israélienne et syro-israélienne et par son soutien actif aux insurgés chiites du Yémen. M. Le Drian, et c’est une bonne chose,  doit se rendre à Moscou le 27 février et à Téhéran le 5 mars. Pour que la paix en Syrie se gagne avec la France, il lui faudrait aussi rétablir un contact direct avec son homologue syrien.  

  • Les bobards de l’intervention occidentale en Libye et au Kosovo

     

    Par Marc Rousset 

     

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    Quelque chose est en train de bouger ou de changer dans le royaume de France. Il est ahurissant qu’ait pu paraître sur la page 18 entière du Figaro du samedi 3 février 2018 un dossier aussi accusateur et politiquement incorrect que l’interview de Rony Brauman, ex-Président de Médecins sans frontières, par le grand journaliste Renaud Girard, Normalien, adepte de la « Real Politik », épris très souvent de vérité et d’un sens minimum de l’honnêteté intellectuelle.

    Rony Brauman vient en effet de faire paraître son ouvrage intitulé : « Guerres humanitaires ? Mensonges et intox » (éditions Textuel). Cette chronique dans le premier quotidien français pourrait être le point de départ d’une commission d’enquête parlementaire française sur les mensonges politico-médiatiques lors de l’intervention en Libye. Les accusations de Rony Brauman sont d’autant plus graves que le Parlement britannique a mené une enquête qui a confirmé la réalité des bobards. L’ancien Président Obama a pu qualifier l’expédition en Libye, tant vantée pourtant par Hillary Clinton, de « plus grande erreur de sa présidence ».

    guerres-humanitaires-rony-brauman-161x300.jpgLes bobards dépassent en intensité ceux des armes de destruction massive de Saddam Hussein pour justifier l’intervention américaine en Irak. On peut mieux comprendre à la lumière de cet ouvrage l’indignation des Russes et le désir de Poutine de ne pas être de nouveau le dindon de la farce en Syrie.

    Contrairement à ce qui a été prétexté, la rébellion armée de Benghazi était parfaitement à même de se défendre et de protéger son territoire. Personne n’a jamais vu, à supposer qu’elle ait existé, la prétendue colonne de chars de Kadhafi. Il n’était de toute façon pas nécessaire de commencer une guerre ; de simples survols de la « colonne fantôme » ou des tirs d’arrêt auraient suffi.

    Le colonel Kadhafi qui prétendait dans ses discours enflammés aller chercher les opposants « ruelle par ruelle », n’avait pas les moyens d’écraser la rébellion de Benghazi. L’attaque de manifestants à Tripoli par les avions de Kadhafi n’a également jamais eu lieu. Sarkozy, Cameron et Obama ont pu cependant déclarer : « Un chef d’Etat qui envoie son aviation contre son peuple n’est plus digne de gouverner ; il doit partir ».

    De même les charniers de Benghazi et de Tripoli n’ont jamais existé. Le représentant de la ligue libyenne des droits de l’homme faisait pourtant état de six mille morts ensevelis à la hâte en une dizaine de jours. La quasi-totalité des médias, des hommes politiques et des intellectuels ont repris et divulgué en 2011 cette fausse information.

    IL y a ceux qui voient ce qu’ils croient et ceux qui, comme les patriotes, croient ce qu’ils voient. La guerre était en réalité voulue par l’Occident. Il s’est passé seulement 5 semaines entre la première manifestation à Benghazi du 15 février 2011 et l’attaque aérienne française du 19 mars. Toutes les tentatives de médiation (Union africaine, Turquie, Sénégal, Afrique du Sud) ont été repoussées. Voilà ce que le politiquement correct et l’infâme BHL appellent une guerre juste !

    A noter qu’il en a été de même pour la guerre déclenchée par l’Otan en mars 1999 qui a bombardé pendant 83 jours Belgrade et les populations civiles serbes alors que la  Serbie souhaitait reprendre le contrôle du Kosovo, son berceau mythique ancestral avec ses monastères, perdu le 28 juin 1389 face à l’empire ottoman lors de la bataille du Champ des Merles, envahi par l’immigration d’origine albanaise devenue majoritaire.

    La véritable raison de l’agression par l’hyper-puissance américaine était alors le désir de justifier le maintien de l’organisation militaire de l’OTAN, de narguer les Nations-Unies, la Chine, l’Europe et la Russie, d’affaiblir l’Europe en favorisant le multi-ethnisme et l’islam, de poursuivre l’expansion militaire à l’Est et d’implanter la plus grande base militaire hors des Etats-Unis de « Bondsteel » forte de 10 000 hommes.

    Le droit de l’hommiste Bill Clinton avait eu alors le toupet de dire : « Nous intervenons pour édifier un Kosovo pacifié et multi-ethnique ».  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Al Nosra abat un appareil russe à Idleb

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Pour la première fois depuis le début de l’intervention russe en Syrie (septembre 2015), les islamistes ont abattu un avion russe.

    Il s’agit d’un Soukhoï SU-25 piloté par le major Roman Filippov. Il a réussi à s’éjecter mais en pleine zone ennemie. Vite encerclé par plusieurs dizaines de djihadistes, il s’est courageusement défendu avec son pistolet. Sur le point d’être pris, il a préféré se faire sauter avec une grenade plutôt que d’être pris vivant et de soumettre la Russie à un odieux chantage.

    Son sacrifice n’est pas sans rappeler celui d’un autre officier, Alexandre Prokhorenko, mort en mars 2017 pour la reconquête de Palmyre. Encerclé par des combattants de Daesh, il avait commandé à l’aviation russe une frappe aérienne pour mourir en tuant un maximum d’islamistes.

    Depuis cet incident, les Russes ont ordonné à leurs pilotes de voler au dessus de 5000 mètres, distance à partir de laquelle les missiles sol-air sont inopérants.

    Les Russes ont pu récupérer le corps de leur pilote, ce qui en a étonné plus d’un. L’explication est simple : c’est l’armée turque qui s’en est occupée, ce qui en dit long sur son implantation à Idleb et sur son influence sur les islamistes qui avaient récupéré le corps.

    Les spécialistes russes aimeraient aussi examiner les débris de l’avion afin de déterminer l’origine du missile : fabrication américaine, française ? Plusieurs hypothèses sont envisageables et il est important pour la suite des opérations militaires de connaître le type d’armement dont disposent les combattants islamistes.

    Les Américains se sont dits « préoccupés », expression diplomatique signifiant quelque chose comme « ça nous est complètement égal ».

    Ce sont pourtant bien eux qui ont, les premiers, armé des insurgés avec du matériel sophistiqué, par le biais de la CIA. La fiction des combattants « modérés » n’a pas longtemps résisté à l’épreuve des faits. La désinformation occidentale a même été jusqu’à inventer le concept d’ « islamiste modéré » ce qui ne manque tout de même pas de sel. Mais il a fallu attendre fin 2015 et le scandale des insurgés entraînés et armés à grands frais par la CIA, passés chez Daesh aussitôt envoyés sur le territoire syrien, pour que cessent les livraisons d’armes.

    Aujourd’hui, personne ne connait la quantité et la qualité des armes en circulation dans la province d’Idleb, mais on peut pressentir que l’élimination des islamistes du dernier territoire qu’ils détiennent en Syrie ne sera pas simple.

    Les progrès de l’armée syrienne, qui a lancé une grande offensive au sud-est de la province, sont d’ailleurs lents et les islamistes savent qu’après Idleb, il n’y a plus rien pour eux. Leur résistance sera donc farouche.

    Ce qui est sûr, c’est que, depuis la mort de leur pilote, les Russes ont accentué leur pression sur les groupes d’Al Nosra (ou Tahrir el Cham comme on dit maintenant). L’aviation pilonne sans cesse les positions islamistes et il est probable que la reprise de la province d’Idleb soit devenue un objectif majeur pour  les Russes et les Syriens.

    Mais pour cela, il faudra s’entendre avec les Turcs. C’est, entre autres, pour cela que les Russes ont laissé les Turcs attaquer les Kurdes à Affrin.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Les enjeux de la bataille d’Afrin

    Offensive d'Afrin

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Voilà maintenant plusieurs jours que l’armée turque a lancé son offensive contre l’enclave kurde d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie. Les résultats ne sont guère tangibles pour l’instant (hormis la destruction stupide d’un site assyrien vieux de 3000 ans inutilement bombardé…).

    Les pertes semblent faibles des deux côtés et les kurdes ne sont pas encore menacés de perdre leur bastion d’Afrin.

    On sait que c’est l’annonce par Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat américain, de la prochaine création d’une milice arabo-kurde (surtout kurde en fait) de 30 000 hommes chargée de garder la frontière turco-syrienne qui a déclenché l’ire turque.

    Il n’est en effet pas question pour Erdogan d’accepter à sa porte une telle force payée par les Américains et proche du PKK, le mouvement séparatiste kurde qui opère en Turquie.

    Afin d’éviter des pertes trop importantes, la Turquie a mis en première ligne les hommes de l’ASL, l’armée syrienne libre, qu’elle finance depuis maintenant plusieurs mois. C’est une évolution intéressante.

    En effet, l’ASL nous a longtemps été présentée comme l’opposition syrienne modérée sur laquelle s’appuyer pour reconstruire la Syrie après le départ de Bachar el Assad. Cette fiction a aujourd’hui disparu surtout depuis la bataille d’Alep. Non seulement cette bataille fut le tournant militaire de la guerre mais en plus elle a mis en lumière les multiples exactions des combattants de l’ASL qui tenaient plusieurs quartiers Est de la ville.

    Lâchée par les Américains (qui préfèrent maintenant les FDS kurdes), laminée par les bombardements russes, l’ASL n’avait plus que la Turquie pour ne pas disparaître tout à fait. Celle-ci l’a donc remise en selle à son profit.

    L’ASL est aujourd’hui composée de Turkmènes (insurgés islamistes ethniquement proche des Turcs), des Frères musulmans syriens (l’idéologie originelle d’Erdogan) et de petits groupes rescapés des programmes d’aide du Pentagone qui rêvait alors de renverser le régime syrien.

    Ce mouvement hétéroclite d’environ 7000 hommes tente donc, avec l’armée turque, de mettre fin à l’autonomie kurde qui prévaut à Afrin depuis 2012.

    Même si, pour l’instant, les Kurdes repoussent sans mal les médiocres assauts turco-ASL, leur inquiétude est cependant réelle : ils ont créé une partition de fait qui a provoqué la colère de la Syrie (qui n’avait guère les moyens de l’empêcher) et refusé la médiation russe ; celle-ci en effet passe par un refus de toute partition du pays, or c’est l’objectif ultimes des Kurdes.

    En fait, ils comptaient fermement sur Washington pour demander à Erdogan de ne pas déclencher son offensive. Mais les Américains, peu soucieux d’envenimer davantage leurs relations avec Erdogan, n’ont rien fait.

    Alors, les autorités kurdes se sont résignées à aller à Canossa et ont demandé à la Syrie « d’assumer ses obligations souveraines, de protéger ses frontières des attaques de l’occupant turc et de déployer ses forces armées pour sécuriser ses frontières dans le secteur d’Afrin » !

    Les kurdes parlant d’obligations souveraines de la Syrie : on croit rêver et l’on se dit qu’il n’y a que l’Orient pour nous offrir des revirements aussi improbables…

    Damas se frotte les mains et attend que les Russes et les Turcs se parlent pour trouver un modus vivendi, ce qui arrivera à un moment ou un autre. Plus que jamais le temps joue en faveur de Bachar.

    Quant aux Américains, ils ont, une fois de plus, démontré aux acteurs du théâtre syrien que leur présence dans ce pays est tout à fait superflue.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Signaux de krach financier en provenance de Davos, des États-Unis et d’Europe

     

    Par Marc Rousset 

     

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    L’euphorie règne en apparence sur les marchés, mais certains responsables ne sont pas victimes de l’exubérance irrationnelle. À Davos, des financiers et des économistes réunis par Bloomberg se sont demandé si la « complaisance » ne régnait pas sur les marchés. Certains s’inquiètent de la folie du « bitcoin ».

    Jes Staley, le président de Barclays, a pu dire : « La situation actuelle me rappelle le forum de 2006, quand tout le monde pensait qu’on pouvait surfer sur les crises financières. » Un an plus tard éclatait la crise des « subprimes » outre-Atlantique puis, en 2008, la faillite de Lehman Brothers.

    David Rubenstein, le fondateur du groupe Carlyle, lui aussi présent dans la station suisse, s’interroge sur le très haut niveau des dettes publiques : « C’est lorsque tout le monde s’estime heureux et satisfait que quelque chose survient. »

    Quant à Kenneth Rogoff, professeur à Harvard, il souligne le cocktail explosif que constituent les niveaux stratosphériques de la Bourse et les très bas taux d’intérêt. Dans son ouvrage à succès Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière, il a stigmatisé l’optimisme béat, naïf et congénital des marchés financiers qui ont toujours de bonnes raisons pour justifier les bulles boursières. 

    En Europe, la BCE continue sa course folle en actionnant la planche à billets au rythme diminué de trente milliards d’euros par mois, alors que la Fed a stabilisé la sienne. C’est ainsi que, selon Holger Zschäpitz, du journal Die Welt, le bilan de la BCE atteint désormais 41,45 % du PIB de la zone euro, contre 22,78 % seulement pour la Fed dans le PIB américain, soit pratiquement le double ! Tout se passe comme si la BCE était un gigantesque « trou noir » dans la galaxie financière qui absorbe sans cesse des quantités astronomiques d’obligations européennes avec, en contrepartie, des émissions de monnaie en euros. 

    Les liquidités créées par la BCE ont pour effet d’aplatir la courbe des taux, de ne plus rémunérer l’épargne, de permettre à des sociétés parasites, inutiles et non compétitives de perdurer en empruntant à des taux proches de zéro. On estime le montant pourri des créances bancaires douteuses dans la zone euro à plus de 1.000 milliards d’euros, dont 350 milliards pour la seule Italie.

    Comme déjà mentionné sur Boulevard Voltaire, les bilans totaux des quatre grandes banques américaines représentent 44,5 % du PIB des États-Unis et les totaux des bilans des quatre grandes banques françaises représentent 3 fois le PIB de la France. Quant à l’effet de levier moyen de ces banques qui caractérise le niveau et, donc, le risque d’endettement par rapport aux capitaux propres, il est de 25,53 en France et de seulement 11,63 aux États-Unis.

    Aux États-Unis, c’est surtout le niveau d’endettement global démentiel du pays qui continue de s’élever avec Trump et la bulle boursière qui sont préoccupants. Quant aux produits dérivés des banques, ils sont aussi démentiels aux États-Unis qu’en Europe.

    Tout se passe, en fait, comme si, partout dans le monde, de l’Europe aux États-Unis en passant par la Chine, le Japon et les pays émergents, nonobstant les risques géopolitiques, des cygnes noirs étaient partout blottis, cachés sous les roseaux. La mare aux canards est tranquille et sans rides ; en apparence, rien ne se passe, mais gare au premier cygne noir qui sortira de sa tanière aquatique, incitant et obligeant ses congénères à faire de même. Le premier cygne noir, malgré l’optimisme injustifié du banquier Macron à Davos prenant ses désirs pour des réalités, pourrait bien faire son apparition dans la zone euro, tout autant qu’à Wall Street !  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Société • L’affaire Nutella

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [27.01] Mathieu Bock-Côté pointe non seulement la pauvreté qui s'accroît dans nos sociétés riches, et le mépris que, souvent, elle rencontre; mais aussi le processus de décivilisation qui emporte nos sociétés vers l'ensauvagement et la violence. Maurras appelait cela l'âge de fer et Jean-François Mattéi la barbarie intérieure ... ou collective.   LFAR  

     

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    La scène se passe en France, dans plusieurs épiceries.

    Il y avait, il y a quelques jours, un gros rabais annoncé sur le Nutella. La nouvelle s’est vite répandue. Au matin, à l’ouverture des portes, il y avait une file de consommateurs prêts à se ruer sur le produit. Une fois les portes ouvertes, ils se sont jetés dans les commerces. À ce qu’on peut lire, il y a eu des scènes pouvant faire penser au Black Friday à l’américaine. Les témoignages sont affligeants. Pour sauver quelques euros, on se pilera dessus, et on se permettra même d’en venir aux coups. La police a dû intervenir. Je rappelle qu’on parle de pots de Nutella soldés.

    Il y a bien des manières de voir ça.

    La première, la plus simple, c’est de constater que nous sommes toujours au seuil de la sauvagerie, même dans une société civilisée. Et c’est vrai. La civilisation est une mince pellicule posée sur notre nature, comme le disait le philosophe. Il suffit de peu de chose pour qu’elle se déchire. L’homme n’étouffe jamais complètement la bête humaine. Et cette dernière est la même dans toutes les classes sociales. Riches et pauvres confondus sont capables de se montrer mesquins en plus de piétiner sans mauvaise conscience le voisin.

    Je note que certains se croiront alors justifiés de rire des pauvres qui se donneraient ainsi en spectacle. Ils oublient qu’on peut aussi se déchirer brutalement au sommet de la société, même si cela peut se faire sous des allures plus « sophistiquées ». Ils animalisent les gens de peu et les présentent comme des bêtes dont on doit s’inquiéter. Dans leur esprit, il faut moins soutenir les catégories populaires que s’en protéger, comme si nous nous trouvions toujours devant des classes dangereuses, une vision de la société qui est dominante lorsque vient le temps d’analyser leurs comportements politiques.

    Mais on peut y voir aussi, ce qui n’est pas contradictoire avec les précédentes observations, un révélateur de la misère sociale et psychologique de grands pans de la population qui sont aujourd’hui prêts à se déchirer à la moindre occasion, tellement le lien social est relâché et la tentation de la guerre de tous contre tous remonte à la surface. Si les hommes sont aujourd’hui prêts à se tabasser ou presque pour un pot de Nutella à rabais, imaginons ce qu’ils feront dans un contexte de vraie pénurie ou de tensions civiles réelles quand chacun aurait l’impression de devoir se battre pour sa survie. 

    Nous croyons depuis quelques décennies que la paix civile va de soi. La violence est toujours pensée comme extérieure à la société, comme si elle représentait un stade dépassé dans l’histoire de notre évolution : elle vient d’éléments agressifs qui perturbent consciemment ou inconsciemment la stabilité sociale. On oublie qu’elle peut surgir du fond de la société, à la manière d’une poussée de fièvre collective ou comme la conséquence d’un processus de décivilisation qu’on a longtemps refusé de prendre au sérieux mais qui aujourd’hui révèle ses effets ravageurs.

    Chose certaine, des faits divers comme ceux-là ne sont pas que des faits divers : ce sont des révélateurs sociaux, qui annoncent la société qui vient, qui montrent aussi que la possibilité de la violence a remonté à la surface du social et qu’elle pourrait bien demain prendre la forme d’une violence anarchique, nihiliste, où le désespoir et l’avidité se conjugueraient pour créer une société dangereuse et déshumanisée.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Des ex-musulmans devenus catholiques écrivent au pape François au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgVoici le texte d’une Lettre ouverte au Pape François que des ex-musulmans devenus catholiques, et leurs amis, lui ont adressée le 25 décembre 2017 au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam. Les lecteurs de Lafautearousseau en prendront connaissance avec intérêt et sympathie, y compris si l'on s'en tient au terrain politique et social.  LFAR 

     

    Très Saint Père,

    Plusieurs d’entre nous, à maintes reprises, et depuis plusieurs années, avons cherché à vous contacter, et nous n’avons jamais reçu le moindre accusé de réception de nos lettres ou demandes de rencontre. Vous n’aimez pas les mondanités, et nous non plus, aussi permettez-nous de vous dire très franchement que nous ne comprenons pas votre enseignement au sujet de l’islam, tel que nous le lisons par exemple dans les paragraphes 252 et 253 de Evangelii gaudium, parce qu’il ne rend pas compte du fait que l’islam venant APRÈS le Christ, est, et ne peut être qu’un Antichrist (Cf. 1 Jn 2.22), et l’un des plus dangereux qui soient du fait qu’il se présente comme l’accomplissement de la Révélation (dont Jésus n’aurait été qu’un prophète). Si l’islam est en lui-même une bonne religion, comme vous semblez l’enseigner, pourquoi sommes-nous devenus catholiques ? Vos propos ne remettent-ils pas en cause le bien-fondé du choix que nous avons fait… au péril de notre vie ? L’islam prescrit le meurtre des apostats (Coran 4.89 ; 8.7-11), l’ignorez-vous ? Comment est-il possible de comparer la violence islamique et la prétendue violence chrétienne ? ! « Quel rapport entre le Christ et Satan ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.14-17) » Conformément à Son enseignement (Lc 14.26), nous L’avons préféré, Lui, le Christ, à notre propre vie. Ne sommes-nous pas bien placés pour vous parler de l’islam ?

    En réalité, du moment que l’islam veut que nous soyons son ennemi, nous le sommes, et toutes nos protestations d’amitié n’y pourront rien changer. En bon Antichrist, l’islam n’existe qu’en étant l’ennemi de tous : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! (Coran 60.4) ». Pour le Coran, les chrétiens « ne sont qu’impureté (Coran 9.28) », « les pires de la Création (Coran 98.6) », tous condamnés à l’Enfer (Coran 4.48), aussi Allah doit-il les exterminer (Coran 9.30). Il ne faut pas se laisser abuser par les versets coraniques réputés tolérants, car ils ont tous été abrogés par le verset du Sabre (Coran 9.5). Alors que l’Évangile annonce la bonne nouvelle de Jésus mort et ressuscité pour le salut de tous, accomplissement de l’Alliance initiée dans le peuple hébreu, Allah n’a rien d’autre à proposer que la guerre et le meurtre des « infidèles » en échange de son paradis : « Ils combattent dans le chemin d’Allah, ils tuent et se font tuer. (Coran 9.111) ». Nous ne faisons pas d’amalgame entre islam et musulmans, mais si pour vous le « dialogue » est la voie de la paix, pour l’islam il est une autre façon de faire la guerre. Aussi, comme il l’a été face au nazisme et au communisme, l’angélisme face à l’islam est suicidaire et très dangereux. Comment parler de paix et cautionner l’islam, ainsi que vous semblez le faire : « Arracher de nos cœurs la maladie qui empoisonne nos vies (…) Que ceux qui sont chrétiens le fassent avec la Bible et que ceux qui sont musulmans le fassent avec le Coran. (Rome, 20 janvier 2014) » ? Que le Pape semble proposer le Coran comme voie de salut, n’est-ce pas inquiétant ? Devrions-nous retourner à l’islam ?

    Nous vous supplions de ne pas chercher en l’islam un allié dans le combat que vous menez contre les puissances qui veulent dominer et asservir le monde, car ils sont tous en réalité dans une même logique totalitaire, fondée sur le rejet de la royauté du Christ (Lc 4.7). Nous savons que la Bête de l’Apocalypse cherchant à dévorer la Femme et son Enfant, a plusieurs têtes… Allah défend d’ailleurs de telles alliances (Coran 5.51) ! Et surtout, les prophètes ont toujours reproché à Israël sa volonté d’alliance avec les puissances étrangères, au détriment de la confiance absolue qu’il faut avoir en Dieu. Certes, la tentation est forte de penser que tenir un discours islamophile épargnera un surcroît de souffrances aux chrétiens en pays devenus musulmans, mais outre que Jésus ne nous a jamais indiqué d’autre chemin que celui de la Croix, en sorte que nous devons y trouver notre joie, et non la fuir avec tous les damnés, nous ne doutons pas que seule la proclamation de la Vérité apporte avec le salut, la liberté (Jn 8.32). Notre devoir est de rendre témoignage à la vérité « à temps et à contretemps (2 Tm 4.2) », et notre gloire est de pouvoir dire avec saint Paul : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. (1 Co 2.2) ».

    Corrélativement au discours de Votre Sainteté sur l’islam, et alors même que le Président Erdogan, entre autres, demande à ses compatriotes de ne pas s’intégrer dans leurs pays hôtes, que l’Arabie Saoudite et toutes les pétromonarchies n’accueillent aucun réfugié, expressions parmi d’autres du projet de conquête et d’islamisation de l’Europe, officiellement proclamé par l’OCI et d’autres organisations islamiques depuis des décennies, Très saint Père, vous prêchez l’accueil des migrants sans tenir compte du fait qu’ils sont musulmans, alors que le commandement apostolique l’interdit : « Si quelqu’un vient à vous en refusant l’Évangile, ne le recevez pas chez vous. Quiconque le salue participe à ses œuvres mauvaises. (2 Jn 10-11) » ; « Si quelqu’un vous annonce un évangile différent, qu’il soit maudit ! (Ga 1.8-9) ».

    De même que « J’ai eu faim et vous ne M’avez pas donné à manger. (Mt 25.42) » ne peut pas signifier que Jésus aurait aimé avoir été un parasite, de même « J’étais un étranger et vous M’avez accueilli. » ne peut pas signifier « J’étais un envahisseur et vous M’avez accueilli. », mais « J’ai eu besoin de votre hospitalité, pour un temps, et vous Me l’avez accordée ». Le mot ξένος (Xénos) dans le Nouveau Testament ne renvoie pas seulement au sens d’étranger mais à celui d’hôte (Rm 16.23 ; 1 Co 16.5-6 ; Col 4.10 ; 3 Jn 1.5). Et lorsque YHWH dans l’Ancien Testament commande de bien traiter les étrangers parce que les Hébreux ont eux-mêmes été étrangers en Égypte, c’est à la condition que l’étranger s’assimile si bien au peuple élu qu’il en prenne la religion et en pratique le culte… Jamais il n’est question d’accueillir un étranger qui garderait sa religion et ses coutumes ! Aussi, nous ne comprenons pas que vous plaidiez pour que les musulmans pratiquent leur culte en Europe. Le sens de l’Écriture ne doit pas être donné par les tenants du mondialisme, mais dans la fidélité à la Tradition. Le Bon Berger chasse le loup, il ne le fait pas entrer dans la bergerie.

    Le discours pro-islam de Votre Sainteté nous conduit à déplorer que les musulmans ne soient pas invités à quitter l’islam, que nombre d’ex-musulmans, tel Magdi Allam, quittent l’Église, écœurés par sa lâcheté, blessés par des gestes équivoques, confondus du manque d’évangélisation, scandalisés par l’éloge fait à l’islam… Ainsi les âmes ignorantes sont-elles égarées, et les chrétiens ne se préparent pas à la confrontation avec l’islam, à laquelle les a appelés saint Jean Paul II (Ecclesia in Europa, n°57). N’avez-vous jamais entendu votre confrère Mgr Emile Nona, archevêque catholique chaldéen, exilé, de Mossoul, nous crier : « Nos souffrances actuelles sont le prélude de celles que vous, Européens et chrétiens occidentaux, allez souffrir dans un proche avenir. J’ai perdu mon diocèse. Le siège de mon archevêché et de mon apostolat a été occupé par des islamistes radicaux qui veulent que nous nous convertissions ou que nous mourrions. (…) Vous accueillez dans votre pays un nombre toujours croissant de musulmans. Vous êtes aussi en danger. Vous devez prendre des décisions fortes et courageuses (…). Vous pensez que tous les hommes sont égaux, mais l’Islam ne dit pas que tous les hommes sont égaux. (…) Si vous ne comprenez pas ceci très vite, vous allez devenir les victimes de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous. (9 août 2014) ». C’est une question de vie ou de mort, et toute complaisance face à l’islam est une trahison. Nous ne voulons pas que l’Occident continue à s’islamiser, ni que votre action y contribue. Où irions-nous à nouveau chercher refuge ?

    Permettez-nous de demander à Votre Sainteté de convoquer rapidement un synode sur les dangers de l’islam. Que reste-t-il en effet de l’Église là où l’islam s’est installé ? Si elle y a encore droit de cité, c’est en dhimmitude, à condition qu’elle n’évangélise pas, qu’elle doive donc se renier elle-même… Dans un souci de justice et de vérité, l’Église doit montrer au grand jour pourquoi les arguments avancés par l’islam pour blasphémer la foi chrétienne sont faux. Si l’Église a le courage de faire cela, nous ne doutons pas que par millions, des musulmans, et d’autres hommes et femmes cherchant le vrai Dieu, se convertiront. Comme vous l’avez rappelé : « Celui qui ne prie pas le Christ, prie le Diable. (14.03.13) ». Si les gens savaient qu’ils vont en Enfer, ils donneraient leur vie au Christ (Cf. Coran 3.55).

    Avec le plus profond amour pour le Christ qui, par vous, conduit Son Église, nous, chrétiens venus de l’islam, soutenus par nombre de nos frères dans la foi, notamment les chrétiens d’Orient, et par nos amis, nous demandons à Votre Sainteté de confirmer notre conversion à Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, seul Sauveur, par un discours franc et droit sur l’islam, et, Vous assurant de nos prières dans le cœur de l’Immaculée, nous sollicitons votre bénédiction apostolique.  •

    Des ex-musulmans devenus chrétiens, et leurs amis, à Sa Sainteté le pape François, au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam

  • L’Arabie Saoudite de Mohammed ben Salmane, un risque mondial systémique

     

    Par Marc Rousset 

     

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    Si la Chine présente un danger systémique, suite à un déficit public intérieur de 10 % du PIB, à des entreprises en surcapacité de production trop endettées, aux crédits « pourris » de banques locales, avec de possibles explosions sociales à la clé, un deuxième pays représente un très grand risque : l’Arabie saoudite du jeune prince Mohammed ben Salmane.

    Les médias économiques complaisants et d’un optimisme béat ne nous ont encore jamais dit pourquoi le prix du pétrole était subitement remonté à 68 dollars en janvier 2018. Il semble que ce soit pour des raisons géopolitiques en Arabie saoudite, car rien n’a changé du point de vue de l’offre et de la demande.

    Au nom de la lutte anticorruption, Mohammed ben Salmane a fait arrêter du jour au lendemain, avec l’aval de son père, deux cents princes, ministres et milliardaires, pour les placer en détention dans les chambres du Ritz-Carlton à Ryad. Seuls ceux qui acceptent de renoncer à une part de leur fortune en exprimant des remords ne seront pas emprisonnés et déférés en justice. Mohammed ben Salmane espère ainsi récupérer cent milliards de dollars, soit 15 % du PIB saoudien.

    Sont détenus le milliardaire Al-Walid ben Talal, première fortune du monde arabe et propriétaire du George-V à Paris, et Bakr ben Laden, détenteur du plus grand groupe de BTP d’Arabie saoudite. Mohammed ben Salmane joue donc le peuple, heureux de voir tomber des têtes princières, contre les élites, mais il s’agit en fait d’un coup d’État qui transforme le pouvoir, traditionnellement collégial en Arabie saoudite, en monarchie absolue. Gare à la réaction des familles princières, à un assassinat toujours possible ; de plus, le peuple n’est pas dupe de la prise de pouvoir par Mohammed ben Salmane.

    L’économie en récession n’est pas saine ; l’électricité, la TVA et les carburants augmentent ; le chômage des jeunes (de 30 %) s’accroît, tout comme le déficit budgétaire, les inégalités et la frustration sociale. Le projet Neom de cité du futur de cinq cents milliards de dollars est complètement irréaliste alors qu’une réalisation semblable plus modeste au nord de Djeddah s’est révélée un « four » complet. 

    Mohammed ben Salmane s’en est remis complètement à Trump lors de sa dernière visite en lui promettant trois cent quatre-vingt milliards de dollars de contrats, dont cent dix milliards d’armement. Aujourd’hui, les Américains raflent tous les contrats, au lieu de 30 % précédemment, et les Européens (dont la France) n’obtiennent presque plus rien. Pour le pétrodollar menacé par le yuan-or chinois, ce sera donc quitte ou double pour l’Amérique ! Si Mohammed ben Salmane gagne son pari, le dollar se maintiendra ; s’il est renversé, le dollar commencera à chuter le jour même. 

    Mohammed ben Salmane s’en prend également au clergé conservateur strict, souhaitant un islam modéré ; il a fait arrêter des personnes influentes, mais gare encore à un fanatique assassin, ce qui ne manque pas dans le pays gardien de l’islam.

    La politique agressive vis-à-vis de l’Iran, du Yémen, du Qatar et du Liban est très dangereuse. Mohammed ben Salmane est devenu un proche de Jared Kushner, le gendre juif de Trump, surnommé ironiquement « MBK » (« Mohammed ben Kushner »). On comprend mieux, ainsi, le pourquoi des attaques violentes et injustes de Trump contre l’Iran, soucieux de plaire à Mohammed ben Salmane afin de défendre le dollar et les juteux contrats en Arabie saoudite.

    La seule bonne nouvelle, c’est que les femmes musulmanes ont enfin obtenu le droit de conduire dans ce pays moyenâgeux. La réalité, c’est que Mohammed ben Salmane a de nombreux opposants, aussi bien dans les élites et les familles princières que dans le peuple et les minorités chiites.

    La dernière fois qu’un des deux premiers producteurs mondiaux de pétrole a connu un bouleversement politique interne, c’était en Iran en 1979 : cela a conduit au deuxième choc pétrolier.  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Alain de Benoist : « Ce n’est pas la puissance des Etats-Unis qui est atteinte, mais leur certitude morale… »

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCet entretien donné à Boulevard Voltaire [24.01] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce qu'il faut savoir de la situation des Etats-Unis sous Donald Trump et de leur influence sur les affaires du monde, dont la France et l'Europe. Les analyses d'Alain de Benoist - que nous partageons en l'espèce - intéressent bien-sur l'intérêt national et européen.   LFAR   

     

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    Depuis son accession à la Maison-Blanche, nos médias donnent dans le « Trump bashing »systématique. Il n’empêche qu’à la lecture de Fire and Fury, livre qui vient de lui être consacré, une question brutale se pose : Donald Trump est-il fou ?

    Je ne sais pas s’il est fou, mais ce qui est sûr, c’est qu’il paraît complètement cinglé. Vous vous rappelez sans doute que, dès avant son élection, j’avais pris soin de distinguer le « phénomène Trump », phénomène populiste traduisant le ressentiment des « angry white men » vis-à-vis de l’establishment, qui me paraissait très positif, et le personnage même de Trump, vis-à-vis duquel je nourrissais des sentiments pour le moins partagés. J’ai vu, ensuite, une certaine droite plonger dans la « Trumpmania », ce qui ne m’a pas paru plaider en faveur de ses capacités d’analyse. Depuis lors, il n’y a pratiquement pas de jour où, dans sa façon d’être comme sa façon de faire, « The Donald » ne donne l’impression d’être un grand caractériel égocentrique, immature, inculte et paranoïaque, à quoi s’ajoute l’incompétence d’un homme qui n’a d’autre expérience de la politique que l’immobilier et la télé-réalité.

    Entendons-nous bien. Je ne regrette pas un instant la défaite de l’abominable Hillary Clinton. Je ne dis pas, non plus, que tout ce que fait Trump est nécessairement négatif. Je tiens compte, aussi, de la mauvaise foi de ses ennemis, pour lesquels je n’éprouve pas la moindre sympathie. Cela dit, les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis, et les critiques d’un Steve Bannon ne sont quand même pas à négliger. Au passif de Trump, je mettrais personnellement sa politique fiscale essentiellement favorable à Wall Street (« business first »), son indifférence monstrueuse pour les problèmes d’environnement, et surtout sa politique étrangère qui vise apparemment à créer un axe américano-israélo-saoudien opposé à l’axe Moscou-Damas-Téhéran, en privilégiant les sunnites contre les chiites. S’ajoutent à cela les menaces de guerre qu’il fait peser contre l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord, voire la Russie, à la façon d’un Docteur Folamour lancé dans une lamentable guerre des boutons (« C’est moi qu’ai le plus gros ! ») avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un qui, malgré tous ses défauts, apparaît, à la limite, comme presque moins cinglé que lui !

    Donald Trump, en définitive, est un homme essentiellement imprévisible. Or, c’est sans doute ce qu’il y a de pire en politique. Un chef d’État imprévisible peut faire le pire comme le meilleur. Mais ce qui est impossible, c’est de lui faire confiance. 

    Les récentes équipées militaires américaines se sont toutes soldées par des échecs. En contrepoint, la Russie, la Syrie et l’Iran n’ont cessé de marquer des points. S’ajoutent à cela les difficultés intérieures du pays. Le colosse américain aurait-il des pieds d’argile ? Pourrait-on même parler de déclin des États-Unis ? 

    Les difficultés que traversent aujourd’hui les États-Unis sont probablement parmi les plus sérieuses qu’ils ont connues depuis des décennies. En dépit d’un budget militaire supérieur à tous les autres budgets militaires de la planète, ils n’ont pas gagné une seule guerre depuis plus de quarante ans, leur armée est présente partout mais victorieuse nulle part (ils sont simplement parvenus à raser le Proche-Orient), leur dette publique atteint des sommets sans précédent et leur part dans le PIB mondial a chuté de plus de 20 % depuis 1989. Cela dit, je crois que ce serait une grave erreur d’en conclure que leur hégémonie est en passe de s’effondrer. L’expérience historique montre qu’il ne faut jamais sous-estimer les Américains, qui restent quand même la première puissance politique, militaire, économique et technologique de la planète. Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que leurs capacités d’expansion impériale semblent avoir atteint leurs limites, et surtout qu’ils sont moins disposés, au moins pour l’instant, à se présenter comme la « nation indispensable » dont parlait Madeleine Albright, c’est-à-dire comme les gendarmes d’un monde où ils auraient pour vocation d’imposer leur modèle. On pourrait dire, de ce point de vue, que ce n’est pas leur puissance qui est atteinte, mais leur certitude morale. C’est leur capacité et leur volonté de parler au nom du monde entier qui a disparu.

    Après la Méditerranée et l’océan Atlantique, le centre de gravité politique s’est depuis longtemps déplacé dans le Pacifique. Quid de l’Europe dans ce jeu aux cartes désormais rebattues ?

    Bien sûr que la façade Pacifique est essentielle. Mais depuis des décennies qu’on le répète, ce serait, là aussi, une erreur de croire que les États-Unis peuvent se désintéresser de l’Europe et du Proche-Orient. Ils savent que le XXIe siècle sera plus probablement un siècle chinois qu’un siècle américain, mais ils savent aussi très bien que l’Eurasie reste le centre géopolitique du monde. Quant à l’Europe, elle est comme d’habitude aux abonnés absents. Mais on note, cependant, que l’atlantisme n’est plus le réflexe automatique qu’il était au temps de la guerre froide. Il n’y a plus de mystique de l’atlantisme. Le refus des États européens de suivre Trump dans son projet de remise en cause de l’accord nucléaire iranien est, à cet égard, révélateur. Même les Européens semblent avoir intégré le fait que le monde est devenu multipolaire et que l’Amérique n’est plus nécessairement le pays qui donne le ton. C’est déjà très important.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Bravo, pape François ! Mais cette déclaration faite au Chili doit valoir pour la France et pour l'Europe !

    Publié le 19 janvier 2018 - Actualisé le 25 janvier 2018

     

  • Les Américains attisent le feu en Syrie

    Rex Tillerson le 17 janvier à Stanford, en Californie

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Le doute qui pouvait subsister sur les intentions américaines en Syrie a été levé par Rex Tillerson. Dans un discours prononcé le 17 janvier à Stanford, en Californie, le secrétaire d’Etat américain a annoncé que l’armée américaine resterait en Syrie jusqu’à ce que l’Etat islamique soit totalement vaincu.

    « L’EI ne doit pas refaire surface » a-t-il précisé, ajoutant qu’il ne fallait pas renouveler l’erreur de 2011, lorsque les Américains se sont retirés d’Irak permettant à Al Quaïda de prospérer.

    Il aurait pu préciser que c’est l’invasion américaine de l’Irak qui a engendré la création d’Al Quaïda, inexistante jusque là tant le régime de Saddam Hussein était vigilant dans sa traque contre les islamistes….

    Cet argument contre une éventuelle résurgence de Daesh est assez peu crédible : certes, plusieurs milliers de combattants tiennent encore quelques poches dans les provinces de Deir ez-Zor et d’Idleb, mais chacun sait qu’ils sont bien incapables de recréer un califat. D’ailleurs, de nombreux islamistes sont partis en Libye, en Asie du sud-est et dans le Caucase (quelques uns en Europe également…), prenant acte de leur défaite en Syrie.

    Les vraies raisons sont ailleurs et Tillerson ne les cache pas : il faut d’abord contrer l’expansion de l’Iran et « un désengagement américain » fournirait à l’Iran « une occasion en or de renforcer encore davantage ses positions en Syrie ». Cet argument n’est pas nouveau et peut se compléter par le souci de lutter contre tout ce qui pourrait menacer Israël. Il ne faut jamais oublier que la protection de l’Etat hébreu est le vecteur numéro un de la politique extérieure américaine au Proche-Orient. Et ce, quel que soit le Président élu.

    Le troisième argument en revanche est nouveau depuis l’élection de Trump : pour la première fois en effet Tillerson évoque le départ d’Assad afin de « créer les conditions pour une paix durable. » Or, « un retrait total du personnel américain à ce stade aiderait Assad à continuer de brutaliser son propre peuple. »

    On connait l’antienne depuis le début de la guerre, complaisamment relayée par les medias, du tyran qui tue son propre peuple, comme si les dizaines de milliers de syriens assassinés par les islamistes ne faisaient pas partie du peuple…Les récentes scènes de joie dans les rues de Deir ez-Zor libérée de Daesh par l’armée syrienne en sont un démenti cinglant.

    Mais au-delà de la désinformation rituelle, ce discours marque un tournant dans la politique américaine.

    Obama, échaudé par le champ de ruines provoqué par l’invasion américaine de l’Irak, s’était prudemment tenu à l’écart du conflit, se contentant de bombardements réguliers et..inefficaces (sauf pour aider les Kurdes).

    Pendant sa campagne, Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu’il s’occuperait d’abord de l’Amérique, rejetant la doctrine interventionniste des néo-conservateurs chers aux Bush. Il a manifestement changé d’avis.

    Tillerson a en outre ostensiblement ignoré le rôle joué par la Russie en Syrie. C’est assez cocasse car au-delà d’Assad et de l’Iran, c’est l’intervention russe qui  a décidé de l’issue du  conflit. Et il ne faudrait pas oublier non plus que c’est elle qui a la maîtrise des airs : même Washington devra en tenir compte.

    Le discours du secrétaire d’Etat a été prononcé quelques jours après l’annonce de la formation de 30 000 combattants FDS (force arabo-kurde) par les 2000 soldats américains présents dans le nord de la Syrie. On ne sait pas très bien à quoi ils vont être utilisés mais dans le chaudron que sont devenues la province d’Idleb (dernier territoire aux mains des islamistes) et la frontière turco-syrienne, l’installation de cette armée privée au service des Etats-Unis risque bien de déclencher un nouveau cycle de violences.

    La Turquie a été, comme on pouvait s’en douter, la première à réagir. Pour elle en effet cette milice pro américaine de 30 000 hommes est un casus belli : largement dominée par les Kurdes, elle peut être l’élément armé qui permettra la constitution d’un territoire kurde autonome le long de la frontière turque.

    Damas avait d’ailleurs violemment contesté la décision américaine, prélude à une possible et inacceptable partition de la Syrie.

    Le 20 janvier Erdogan a donc donné l’ordre à l’armée turque d’attaquer l’enclave kurde d’Afrin, située au nord-ouest de la province d’Idleb.  On ne sait pas si les Russes ont donné explicitement leur accord, mais il est certain qu’après une accalmie de plusieurs semaines, la situation est redevenue explosive. Pendant ce temps, au sud-est de la dite province, l’armée syrienne poursuit son offensive contre Al Nosra et ses alliés islamistes. La base aérienne d’Abou Al-Douhour, aux mains des islamistes depuis 2015, vient d’ailleurs d’être reprise par l’armée après de furieux combats.

    Le nord-ouest de la Syrie concentre donc de multiples intervenants aux intérêts antagonistes : Turcs, Kurdes, islamistes, et bien sûr, l’armée syrienne épaulée par l’aviation russe. Dans cette mosaïque complexe, les initiatives américaines semblent relever d’une politique d’apprentis sorciers.

    Décidément, les Américains n’ont pas retenu grand-chose des leçons du passé. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Éric Zemmour : « Donald Trump agit comme un chef d'opposition en exil »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Le 20 janvier, cela fera tout juste un an que Donald Trump a été officiellement investi à la présidence des États-Unis. Contrairement aux apparences, le milliardaire doit faire face à la résistance de nombreux contre-pouvoirs. [RTL 18.01]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour nous rappelle, par-delà le personnage Trump, ce qu'est la démocratie américaine, ce que sont ses présidents, leurs pouvoirs et les contre-pouvoirs qui en limitent l'action. Le Système politico-médiatique occidental y ajoute son incessante propagande.  LFAR

     


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    C'est un fou, un imbécile, un illettré, un fainéant. Donald Trump suscite des jugements pour le moins tranchés. C'est l'habitude en France de se gausser des présidents américains, surtout quand ils sont issus du Parti républicain.

    Reagan passait pour un inculte, Gerald Ford pour un brave gars qui ne savait pas marcher et mâcher du chewing-gum en même temps, Bush junior pour un ancien alcoolique, et Nixon pour un fou et un menteur. Mais Donald Trump, lui, cumule tout. 

    Pendant la campagne, les médias américains nous assuraient qu'il ne pourrait jamais être élu. Depuis qu'il est à la Maison-Blanche, ils nous assurent qu'il ne peut pas gouverner. Ce qui n'est pas tout à fait faux.  

    Éric Zemmour

  • Attaque de drones contre les bases russes en Syrie

    La base navale de Tartous

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Dans la nuit du 6 janvier, treize drones équipés d’explosifs ont été lancés contre les bases russes installées en Syrie : dix visaient la base aérienne de Hmeimim et trois la base navale de Tartous. Ces deux bases sont situées à l’ouest de la Syrie, dans la zone dite alaouite.

    Le Ministère russe de la défense a annoncé la destruction en vol de tous les drones, qui n’ont donc provoqué aucun dégât.

    Ces drones ont été lancés depuis la province d’Idleb. Ce territoire situé au nord-ouest du pays, est devenu le réceptacle de nombreux combattants islamistes qui, au fil de leurs défaites, ont négocié leur reddition et ont été acheminés sous protection russe dans cette province.

    C’est en 2016 que les Russes ont inauguré cette stratégie : proposer à tel ou tel groupe qui tenait un territoire dans une partie du pays, de se rendre et de partir avec familles et armes légères. Le but était bien sûr d’éviter des combats difficiles et donc coûteux en hommes tout en purgeant progressivement le pays de zones incontrôlées.

    Les Syriens ont été difficiles à convaincre mais la stratégie a porté ses fruits et c’est ainsi qu’à l’ouest de Damas ou le long de la frontière libanaise, de nombreuses enclaves islamistes ont été libérées. Un long cortège d’autocars prenait alors le chemin de la province d’Idleb et l’armée russe veillait au bon déroulement des opérations.

    Bien évidemment, chacun savait qu’un jour ou l’autre, le problème de ce chaudron islamiste se poserait avec acuité, mais l’objectif prioritaire était de réduire la présence ennemie au sein de la Syrie utile.

    Lors des discussions qui ont accompagné la (fragile) réconciliation russo-turque, les Turcs ont proposé un marché aux Russes : ces derniers les laissaient entrer en territoire syrien pour couper en deux le territoire kurde (obsession des Turcs), puis l’armée turque poursuivait son avancée jusque dans la province d’Idleb. Elle y serait convenablement accueillie par la plupart des islamistes (sauf Al Nosra), tant le soutien d’Erdogan a été constant jusqu’en 2016.

    Idleb deviendrait ainsi une zone de « désescalade », concept devant permettre une pacification progressive du pays. Les Russes ont accepté et l’armée s’est installée en douceur (ou presque) dans la province.

    Le statu quo a ainsi duré quelques mois, dans une accalmie relative, malgré de fréquents règlements de compte entre factions islamistes, alimentés avec brio par les services secrets russes et syriens.

    L’armée syrienne a rompu la trêve il y a quelques jours.

    Elle avait de bonnes raisons pour cela. La route reliant Damas à Alep est menacée en permanence et il est nécessaire de réduire le territoire islamiste, trop proche de cette route. De plus Al Nosra joue un rôle important dans le contrôle de la province et ce groupe est exclu des accords de désescalade en raison de ses multiples crimes. Il a d’ailleurs lancé des attaques soudaines contre l’armée syrienne vers la ville d’Hama, au sud, où de nombreuses cellules terroristes subsistent, en sommeil pour l’instant.

    Damas a donc décidé de lancer une offensive vers le sud-est de la province. Appuyée par l’aviation russe, l’armée syrienne a repris plusieurs dizaines de villages en quelques jours.

    C’est alors que l’attaque de drones s’est produite et elle vient bien de la province d’Idleb, depuis un village tenu par des groupes islamistes.

    Poutine a lui-même commenté l’événement afin de souligner son importance. Il a exonéré la Turquie de toute responsabilité mais a laissé entendre que cette attaque avait nécessité une technologie de haut niveau que les terroristes ne maîtrisaient pas.

    Le Ministère russe de la défense a enfoncé le clou en se demandant pourquoi un avion américain de reconnaissance Poseidon avait survolé le jour même pendant quatre heures, à 7000 m d’altitude, la zone située entre Tartous et Hmeimim.

    Le Pentagone a qualifié  cette allusion de « totalement irresponsable » et a affirmé que ce type de drones est en vente libre sur internet, ce qui est tout de même un peu exagéré…

    Le mystère demeure mais maintenant le soupçon est là.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Le voyage de Pekin

    Emmanuel Macron et Xi Jinping à Pékin, le 9 janvier

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    En février 2017, lors d’un voyage en Algérie, le candidat Macron s’était cru autorisé à fustiger les prétendus « crimes contre l’humanité » que la France, y aurait commis, semblant vouloir se donner ainsi, fût-ce au mépris de l’Histoire, une dimension morale.

    En novembre, à Ouagadougou (ex-Haute-Volta) le président Macron a proposé un bilan plus « équilibré » de la période coloniale, prouvant ainsi qu’il a compris la faute politique que constitue une approche trop moralisatrice, à plus forte raison quand elle est fondée sur le déni. En janvier 2018, en voyage officiel en Chine, récusant toute « diplomatie de l’hygiaphone », il explique aux journalistes français que reprocher à Pékin de ne pas respecter les droits de l’homme reviendrait à « ignorer des distances culturelles et des choix profonds de société ». Convenons simplement qu’il a fait des progrès. 

    Deux points de convergence ponctuels (et peut-être critiquables) sur le multilatéralisme et le réchauffement climatique justifiaient déjà le voyage de Pékin, lequel aura par ailleurs donné lieu, comme il se doit, à la signature de nombreux accords et contrats. Mais M. Macron, qui a l’ambition d’établir un « partenariat stratégique » avec la Chine aura eu le bon sens de ne pas se comporter en marchand de tapis, affirmant dès son premier discours que France et Chine ne sont pas des nations tout à fait comme les autres (« Nous sommes deux civilisations, c’est-à-dire deux peuples qui, depuis des siècles, mettent en œuvre, dans tous les domaines, une certaine conception de l’homme »). S’il est difficile de prédire l’avenir franco-chinois, on peut quand même convenir que le volontarisme politique affiché par le chef de l’Etat redore le blason d’une diplomatie française qui semble enfin se retrouver elle-même. 

    Il est vrai que M. Macron inscrit son action dans une conjoncture particulièrement favorable. D’abord il succède aux deux piteux présidents que furent MM. Sarkozy et Hollande, celui-ci ordinaire, celui-là vulgaire, tous les deux incultes. Du coup, le voici qui se déclare. Et s’active, sans tomber dans l’agitation d’un Sarkozy ou le prêchi-prêcha d’un Hollande. Ensuite, il fait son entrée sur la scène internationale alors que les principaux « alliés » de la France - l’Allemagne de Mme Merkel, la Grande-Bretagne de Mme May, les Etats-Unis de M. Trump - sont dans une situation plus ou moins préoccupante pour les raisons que tout le monde connaît. 

    On peut à l’évidence lui reprocher de trop jouer la carte européenne ; on peut tout aussi bien saluer son opportunisme dans ce domaine. De même a-t-il raison, contrairement à tant d’autres, de parler à tout le monde, ce qui est de bonne politique : il reçoit MM. Trump et Poutine, puis MM. Netanyahu et Abbas, puis MM. Erdogan et Kurz ; le voici en Arabie Séoudite et bientôt en Iran, en Afrique noire puis en Chine. Ici et là avec des contrats à la clé mais aussi pour (ré)affirmer les grands axes d’une politique étrangère au fond très classique, avec toujours ce réalisme de bon aloi qui consiste à parler directement et au plus haut niveau des vrais problèmes. 

    A ceux qui trouveraient ces lignes trop enthousiastes, nous concéderons qu’Il ne faut pour autant pas s’emballer car tout cela n’est peut-être qu’un feu de paille. Là comme ailleurs, le temps seul permettra de juger la politique étrangère d’un M. Macron dont on peut seulement dire qu’il laisse entrevoir des perspectives intéressantes.