L’Ami retrouvé ? par Louis-Joseph Delanglade

Les événements qui secouent le Burkina Faso (autrefois Haute-Volta) prouvent une fois de plus, après tant d’autres du même genre, que l’Afrique noire n’en finit pas de se chercher. Quand elles ne sont pas tributaires d’une décolonisation bâclée et peu soucieuse des réalités ethniques, voire géographiques, les « nations » africaines peinent à trouver une stabilité politique faisant consensus. On n’en finirait pas d’égrener la litanie des conflits, coups d’Etat, révolutions, etc. qui déstabilisent et ensanglantent le continent depuis un demi-siècle. Il serait pourtant vain et prétentieux d’adopter la posture paternaliste du donneur de leçons : les pays africains, notamment les pays dits « francophones », existent bel et bien et, selon une tradition que rien ne saurait remettre en cause, la France se doit de traiter avec les Etats.
Il y a quelques années, M. Guaino, par la voix de M. Sarkozy, délivrait à Dakar un message sans doute maladroit puisque mal compris. Il est de toute façon inutile et certainement contre-productif de reprocher aux gens d’être ce qu’ils sont. Les Africains sont dans l’Histoire, autant que nous, mais selon leur personnalité propre. Et c’est avec eux, tels qu’ils sont, que l’on doit traiter si l’on veut resserrer ou (re)nouer des liens solides - et profitables aux deux parties comme en témoignent par exemple les diverses interventions de nos troupes sur le sol africain.
La France dispose encore d’atouts-maîtres dans la région. D’abord sa langue, langue officielle de la quasi-totalité de ses ex-colonies, ce qui assure à cette « communauté » une assise linguistique et culturelle incontestée. Ensuite une implantation, encore bien réelle, dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’économie, la médecine ou l’enseignement. Et encore, une présence demandée dans les domaines régaliens que sont la monnaie (zone franc C.F.A.) et la Défense (bases militaires françaises).
De toute façon, nous n’avons pas vraiment le choix. L’influence de la France en Europe ne cesse de diminuer à proportion de l’élargissement de l’Union et de l’accroissement progressif des pouvoirs supra-nationaux. Son effacement, par manque de moyens, de l’Asie et du Pacifique est notoire - tout comme son absence du continent américain. Ne lui reste véritablement que l’Afrique pour asseoir ses prétentions à demeurer une puissance internationale.
En 1958, la « Communauté française » s’est substituée à « l’Union française ». Mais les déclarations d’indépendance de 1960 ont vite eu raison de ce qui n’était qu’un prête-nom. Cependant, un « commonwealth à la française » aurait peut-être permis d’éviter une relation calamiteuse fondée sur un mélange détonant de « Françafrique » au tropisme semi-maffieux et d’idéologique approche « droits-de-l’hommiste ». Oui, il est grand temps de redonner vie à un projet véritablement communautaire qui s’inscrirait dans une vision stratégique à long terme. Et de retrouver ainsi l’ami africain. ♦













Somme toute, Barak Obama a recueilli des Busch père et fils un héritage bien embarrassant, en Irak, alors que les Etats-Unis ont rouvert un cycle isolationniste et que, dans la conscience américaine, Bagdad, l'Irak, le Moyen-Orient, après l'avoir obsédée, sont maintenant redevenus lointains, très lointains. Mieux aurait valu qu'ils le restent ? Sans doute. En tout cas, à Washington, on aimerait bien ne plus avoir à y penser. Mais comment s'en désintéresser tout à fait, quand le chaos que les Américains y ont eux-mêmes semé explose, aujourd'hui, jusqu'aux portes de Bagdad ? Alors John Kerry se rend en Irak et les paroles qu'il y prononce, en parfait décalage avec les réalités dramatiques du terrain, sont déconcertantes de naïveté banale. Sans la moindre chance d'être écouté, il appelle les Irakiens à "dépasser les considérations confessionnelles", tandis que, de leur côté, les présidents Obama et Hollande plaident curieusement pour un impossible "gouvernement d'union nationale". Mais quelle union ? Quelle nation ? Comme il est difficile, pour ces gens-là d'oublier leurs schémas politiciens habituels, de prononcer d'autres paroles que vaines, nulles et non avenues !