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Actualité Monde - Page 122

  • Stratégies pour le XXI ème siècle, par Jean-Louis FAURE

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    Du 8 au 11 novembre nous venons d’être les témoins éloignés d’une réunion de 21 pays à Beijing, qui représentent 60 % de la richesse mondiale, environ 3 milliards d’êtres humains à la surface du globe et la moitié du commerce mondial, répartis des deux côtés du Pacifique : le sommet de l’APEC, Asia Pacific Economic Cooperation, le second qui se tenait en Chine, après Shanghai il y a 13 ans

    La France n’eut pas d’observateurs, pas plus d’ailleurs que cet invertébré que certains appellent l’Europe.

    Par la densité des échanges et l’importance des décisions prises, cette réunion annuelle aurait dû retenir toute notre attention. Au lieu de quoi la couverture médiatique de l’évènement fut des plus succinctes et pusillanime.

    En 2001 la Chine était considérée comme un pays pauvre. Sept ans plus tard les jeux olympiques de 2008 furent une première démonstration de puissance. Treize ans après Shanghai qu’avons-nous vu ? Une fantastique progression. Un axe Pékin – Moscou qui prend forme, des accords historiques entre la Russie et la Chine, une Chine qui s’impose en futur maître du monde. L’alliance entre la Russie et la Chine apparaît non plus comme un épiphénomène temporaire dicté par les récentes circonstances géopolitiques mais comme une orientation stratégique profonde qui devrait façonner de manière durable le 21ème siècle.

    Moscou redessine avec Pékin la carte des grandes alliances mondiales. Au-delà des grands accords dans l’énergie qui structurent leur nouvelle coopération, la Russie et la Chine prennent ensemble du recul par rapport à l’Occident sur fond de crise ukrainienne. L'union eurasiatique de Vladimir Poutine commence à prendre forme.

    Il est peu probable que la Chine puisse se substituer totalement à l’Europe pour la Russie qui reste malgré tout une puissance européenne tant culturelle qu’économique, mais il est évident que, à valeur économique égale, le Kremlin favorisera dorénavant les projets de coopération avec la Chine et l’Asie au détriment de l’Europe. Le projet de TGV Moscou-Pékin ou la décision de la banque VTB de faire migrer sa cotation boursière de Londres à Hong-Kong, sans même parler de l’accord sur un deuxième gazoduc qui passerait par le Xinjiang, n’en sont que les signes avant-coureurs.

    « La Russie et la Chine doivent résister aux pressions de Washington et rester unies dans l’intérêt du monde entier. » Le leader chinois Xi Jinping ne pouvait pas être plus clair lorsqu’il s’est adressé au président russe Vladimir Poutine. Pour sa part, le dirigeant russe, a déclaré que « l’alliance du futur » réside dans le partenariat Yuan-rouble. C’est-à-dire dans l’abandon par deux des principales puissances économiques mondiales du dollar pour les échanges dans le domaine de l’énergie (puisque Moscou et Pékin ont signé une alliance aux proportions gigantesque dans ce domaine, 400 milliards équivalent $ sur 30 ans), mais également dans le secteur du marché de l’armement. Le sommet de l’APEC ces 10 et 11 novembre a marqué un changement majeur dans les équilibres internationaux.

    Tous les observateurs ont conclu qu’un coup d’arrêt brutal vient d’être marqué contre les États-Unis.

    La principale raison est que l’APEC a choisi de suivre la Chine sur le chemin, encore timide et expérimental, d’un traité commercial centré sur l’Asie, qui offre une alternative et se pose en concurrent direct du traité TPP proposé par Washington à certains pays de la zone (une douzaine) et qui excluait précisément la Russie et la Chine. Les 21 Etats membres ont réaffirmé leur engagement en faveur du projet de libre-échange promu par Pékin. Le tout en actant le lancement, à l’APEC, d’une étude de faisabilité concernant une vaste zone de libre-échange impulsée par la Chine.

    Sans parler du fait que la plupart des accords signés entre Xi Jinping et Obama – dans le secteur commercial, militaire, antiterroriste, de la Santé, et des infrastructures – sont plus avantageux pour la Chine et pour sa projection au plan international que pour les États-Unis. La relation entre la Chine et les Etats-Unis a connu plusieurs développements positifs en marge de l'Apec. Outre un accord pour faciliter grandement l'entrée des Chinois sur le territoire américain, les deux pays se sont entendus pour une levée des droits de douane sur une vaste gamme de produits dans les technologies de l'information, des consoles de jeu aux systèmes GPS. Il s'agit d'un pas important pour tous les intervenants du secteur, car l'Organisation mondiale du commerce avait dû bloquer un projet de libéralisation des échanges dans ces domaines, en raison des différends entre Pékin et Washington. En débloquant ce dossier, les deux premières puissances mondiales ouvrent la voie à une vaste négociation qui pourrait réduire à zéro plus de 200 droits de douane, selon la Maison-Blanche. Une volonté nette, donc, de s'afficher unis sur un dossier qui concerne le monde entier. 

    Devant un parterre de plusieurs centaines de chefs d’entreprise, le leader chinois a exalté le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, faisant remarquer que les investissements chinois prévus pour les 10 prochaines années s’élèveront à 1.250 milliards de dollars. Deux exemples: accorder au Canada plus de 8 milliards de dollars de quotas d’investissements en yuans en Chine, après s’être engagé à investir 42 milliards de dollars chez le grand allié pakistanais. Elle a décidé d’ouvrir ses banques et ses fonds de pension aux investisseurs internationaux.

    Le leader chinois a annoncé que Pékin investira pas moins de 40 milliards de dollars dans le fonds visant à développer des infrastructures dédiées à la Silk Road Economic Belt, une réédition de la « Route de la Soie » basée sur un projet d’infrastructures multimodales qui reliera le géant asiatique à l’Europe à travers une route terrestre (qui se calque sur l’ancienne Route de la Soie) et une autre maritime. 

    Une stratégie qui vise clairement à réduire la dépendance de ces régions vis-à-vis de l’hégémonie américaine le long des voies de communication maritimes et qui pourrait pousser Pékin à maintenir un rôle actif en termes de politique étrangère, en particulier en recherchant une plus grande stabilité en Asie centrale et au Moyen-Orient, entrant ainsi en collision frontale avec les plans américains de déstabilisation et les intérêts économiques de l’Union européenne.

    C’est une véritable refonte des équilibres et des rapports de force au plan international à l’avantage évident de la Chine, en passant par-dessus les narrations occidentales bâties sur des questions qui, sur le plan des relations entre grandes puissances, nous semblent véritablement de peu d’importance.

    Que déduire de tout ceci ? C’est assez simple : Poutine lance un signal aux Européens. Si l’Europe maintient son allégeance aux États-Unis, et continue à vouloir avoir le contrôle des gazoducs d’Ukraine, alors la Russie vendra son gaz ailleurs. Un autre point important, est que dans le cadre de ces accords, il y a une vraie nouveauté, explicite et exposée publiquement : l’échange pétrolier-gazier, et tous les investissements chinois en Russie, et les rapports bancaires se feront sur la base d’échanges en roubles-yuans. Un nouvel avertissement très clair aux États-Unis d’Amérique, et aux marchés occidentaux.

    Il resterait à compléter le papier de Champsaur du 28 Mai 2013 dans Lafautearousseau sur le complexe militaro-industriel chinois (il faut y inclure l’aviation civile), qui continue à avancer à grands pas. Sujet assez vaste qui demande un exposé spécifique.

    La situation internationale se fait de plus en plus difficile et inquiétante, car ces changements, qui se font en partie sous la contrainte, amèneront des bouleversements dont on mesure mal la nature, à brève échéance, mais qui auront un impact stratégique majeur à plus long terme, pour tous les grands protagonistes mondiaux. ♦

  • L’Ami retrouvé ? par Louis-Joseph Delanglade

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    Les événements qui secouent le Burkina Faso (autrefois Haute-Volta) prouvent une fois de plus, après tant dautres du même genre, que lAfrique noire nen finit pas de se chercher. Quand elles ne sont pas tributaires dune décolonisation bâclée et peu soucieuse des réalités ethniques, voire géographiques, les « nations » africaines peinent à trouver une stabilité politique faisant consensus. On nen finirait pas d’égrener la litanie des conflits, coups dEtat, révolutions, etc. qui déstabilisent et ensanglantent le continent depuis un demi-siècle. Il serait pourtant vain et prétentieux dadopter la posture paternaliste du donneur de leçons : les pays africains, notamment les pays dits « francophones », existent bel et bien et, selon une tradition que rien ne saurait remettre en cause, la France se doit de traiter avec les Etats. 

    Il y a quelques années, M. Guaino, par la voix de M. Sarkozy, délivrait à Dakar un message sans doute maladroit puisque mal compris. Il est de toute façon inutile et certainement contre-productif de reprocher aux gens d’être ce quils sont. Les Africains sont dans lHistoire, autant que nous, mais selon leur personnalité propre. Et cest avec eux, tels quils sont, que lon doit traiter si lon veut resserrer ou (re)nouer des liens solides - et profitables aux deux parties comme en témoignent par exemple les diverses interventions de nos troupes sur le sol africain. 

    La France dispose encore datouts-maîtres dans la région. Dabord sa langue, langue officielle de la quasi-totalité de ses ex-colonies, ce qui assure à cette « communauté » une assise linguistique et culturelle incontestée. Ensuite une implantation, encore bien réelle, dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’économie, la médecine ou lenseignement. Et encore, une présence demandée dans les domaines régaliens que sont la monnaie (zone franc C.F.A.) et la Défense (bases militaires françaises). 

    De toute façon, nous navons pas vraiment le choix. Linfluence de la France en Europe ne cesse de diminuer à proportion de l’élargissement de lUnion et de laccroissement progressif des pouvoirs supra-nationaux. Son effacement, par manque de moyens, de lAsie et du Pacifique est notoire - tout comme son absence du continent américain. Ne lui reste véritablement que lAfrique pour asseoir ses prétentions à demeurer une puissance internationale.  

    En 1958, la « Communauté française » sest substituée à « lUnion française ». Mais les déclarations dindépendance de 1960 ont vite eu raison de ce qui n’était quun prête-nom. Cependant, un « commonwealth à la française » aurait peut-être permis d’éviter une relation calamiteuse fondée sur un mélange détonant de « Françafrique » au tropisme semi-maffieux et didéologique approche « droits-de-lhommiste ». Oui, il est grand temps de redonner vie à un projet véritablement communautaire qui sinscrirait dans une vision stratégique à long terme. Et de retrouver ainsi lami africain.  ♦

  • Syrie : Pourquoi s’est-on trompé ? Par Jean-Baptiste d'Albaret*

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    Oui, la France s’est aveuglée sur la nature du conflit en Syrie. En fermant précipitamment son ambassade, elle s’est privée d’un formidable outil de renseignement. Non, la « révolution » syrienne n’a jamais été uniquement composée de parfaits démocrates. C’est faire fi des profondes divisions de l’opposition et des persécutions contre les chrétiens dans les zones libérées. Oui, l’Occident, et la France avec lui, s’est trompé. On est même ébahi d’un tel défaut de clairvoyance qui a conduit à faire de la Syrie un sanctuaire du djihad mondial. Quant à notre pays, il a abandonné à la Russie son rôle historique au Moyen-Orient, et notamment celui de protecteur des chrétiens d’Orient. Par l’indigence de sa politique, la France de Sarkozy et de Hollande a laissé passer l’occasion de regagner une influence dans cette partie du monde qui devrait lui être chère. Comment s’est-on refusé à voir que nos alliés sunnites sont les mêmes qui financent les groupes terroristes que nous combattons par ailleurs ? Pourquoi la plupart des médias internationaux se sont-ils contentés de reprendre les informations délivrées par Al Jazeera, la chaine du Qatar ? Dans un petit essai percutant et rondement mené, Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie et des minorités, revient sur le malentendu géopolitique le plus tragique de ces dernières années. Le personnel politique et les journalistes de notre pays n’en sortent pas grandis. Indispensable pour qui veut avoir une vision claire des événements.  ♦

    Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé, de Frédéric Pichon, 132 p., 13,50 euros.

     

    Politique magazine Par   

  • En direct de Rabat, ce dimanche : Haro sur les orientalistes ? Par Péroncel-Hugoz*

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    © Copyright : JH Hilali 

    Depuis plusieurs mois, et jusqu’au 15 novembre, se déroule avec jusqu’ici un très maigre écho médiatique une exposition de niveau international à la Banque Al-Maghrib, avenue Mohammed-V, à Rabat. Pour accentuer la confidentialité, il faut entrer par la porte de derrière. Un samedi matin, je m’y suis trouvé seul avec l’orientologue François Pouillon, fils de feu le célèbre architecte. Le gardien et la caissière paraissaient étonnés. Le dossier de presse n’était pas disponible: « Revenez lundi ! »… Bref, nous nous sommes débrouillés comme des grands, muets d’admiration devant cette débauche inouïe de glorieuses signatures. 

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    Jugez-en : Majorelle, Edy-Legrand, Marquet, Cruz-Herrera, Portaels, Lévy-Dhurmer, Pontoy, Mantel, Henry Rousseau, Benjamin-Constant, Dufy, etc. Et même un Dinet d’adolescentes dénudées où la pudeur musulmane en prend un petit coup… Mais Dinet étant devenu par choix le haj Nasreddine, tout lui est pardonné, notamment dans l’Algérie voisine… Et puis, de toute façon, c’est de l’Art ! Cette magnifique collection est spacieusement présentée avec des cartouches très lisibles, dans des volumes modernes bien éclairés, lovés au creux de cet édifice bancaire Art déco d’outre-mer qui, en lui-même, est déjà un trésor. Bravo donc à cette sévère banque d’état, qui sait pratiquer le mécénat avec une modestie presque excessive.

    Cette visite m’a mis du baume au cœur après la rébuffade essuyée quelques jours auparavant à Rabat au tout récent Musée d’Art moderne et contemporain, de l’ancêtre Ali R’bati (1861-1939) au bien vivant Mohamed Tabal (il vient d’être décoré par le roi). D’emblée, j’avais été ébloui, séduit par cette architecture tout en dentelures légères due au cabinet Karim Chakor ; un dessin qui a fait crier certains au « néo-Lyautey » et que, pour ma part, je qualifierai plutôt de « style national marocain ». Enfin un temple de l’Art, construit au XXIe siècle, et qui ne ressemble ni à de monstrueuses canettes de bière cabossées ni à ces géantes oreilles métalliques avec lesquelles les Anglo-américains écoutent le reste de la planète !

    Et sur les cimaises, quelle richesse, quelle variété, que de bonnes surprises ! Epoustouflant. Et puis soudain une interrogation, une anxiété : « ils » n’ont tout de même pas oublié de consacrer une salle aux orientalistes et assimilés, ces peintres du Vieux Continent qui, durant 150 ans, ont tant reçu du Maroc, de Delacroix à Matisse, mais lui ont aussi tant donné !

    Quelques vieux istiqlaliens xénophobes ont-ils eu leur mot à dire dans l’organisation de ce musée? Pas croyable ! Personne ne serait venu leur mettre sous les yeux le préambule de la Constitution de 2011 qui intègre officiellement « l’affluent méditerranéen » à la marocanité ?

    Sur le moment, franchement, j’étais abasourdi. Je me disais: c’est un peu comme si un musée français excluait l’Italien Modigliani ou l’Espagnol Picasso. Pire: c’est comme si une exposition européenne sur les arts andalous ignorait les Arabo-berbères d’Ibérie. Ça en ferait du bruit… Pour ma part, mon premier mouvement, en quittant le musée de Rabat, fut de me taire. Et puis ma consoeur, Bouthaina Azami m’a libéré en posant « la » question à l’artiste et connaisseur Abdelkébir Rabi, et sa réponse m’a fait un bien fou: « L’identité d’un artiste n’est pas seulement géographique, elle peut et doit être assimilée à son expérience émotionnelle et affective et, de ce fait même, au pays qu’il sublime et où son art s’est accompli ».

    Merci Rabi ! Vous méritez qu’on vous ressorte ce « dit » prêté au prophète de l’Islam: « Un seul juste dans le pèlerinage rachète tous les pélerins!» Dont acte… ♦ 

    Lectures

    • « Diptyk . L’Art vu du Maroc ».  N° 25 d’octobre- novembre 2014, 20 000  Casablanca www.diptykblog.com

    • « Mohamed ben Ali R’bati: un peintre à Tanger en 1900 ». Collectif. Ed. Malika, Fondation Slaoui, Casablanca, 2000

    • Abdelkader Mana, « Les Gnaouas et Mohamed Tabal ». Ed. Lak international, Mohammedia, 1998. Préface de Georges Lapassade

    • François Pouillon, « Les deux vies d’Etienne Dinet, peintre en Islam ». Le Nadir, Balland, Paris, 1997 

    Par Péroncel-Hugoz                

    © Copyright : Le360

  • On ne va pas s’en plaindre, par Louis-Joseph Delanglade

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    France 3 Languedoc-Roussillon déplore, dans son édition du 22, la mort de « quatre jeunes Lunellois tués en Syrie [] lors de combats extrêmement violents contre larmée syrienne » et précise que « les quatre jeunes tués n'étaient malheureusement pas les seuls à risquer leur vie ». On comprend donc que les méchants soldats de M. Assad ont tué de gentils petits « Français » (quatre parmi dautres toujours exposés). 

    Si lon en croit les estimations chiffrées de la Direction générale de la Sécurité intérieure, un millier de « Français ou d’étrangers résidant habituellement en France » seraient partis « faire le jihad » au Proche-Orient. Un tiers dentre eux auraient déjà participé à des combats et une bonne quarantaine auraient rejoint le paradis dAllah. Les cent vingt rentrés en douce France ont presque tous été interpellés, quelques dizaines ont été mis en examen, voire incarcérés. Cependant, rien ne garantit que ce taux defficacité va se maintenir pour les huit cent quarante toujours vivants et toujours susceptibles de revenir « au pays ». 

    Les tout récents exemples canadiens et américains (Montréal, Ottawa, New York) pourraient laisser supposer que le danger viendrait dindividus isolés (un « Montréalais dorigine algérienne », un canadien prétendument « pure laine »mais en fait de père libyen, un New-Yorkais affichant sur Facebook ses préférences islamistes). Pour enfumer lopinion, on a mis à la mode lexpression « loup solitaire », manifestant ainsi une double incompréhension : incompréhension du musulman qui se revendique dabord comme tel, cest-à-dire comme membre de la communauté des croyants (« Umma »), ce qui lui permet de se différencier des « mécréants » ; incompréhension du monde moderne où la vraie solitude reste exceptionnelle, la plupart des jeunes gens, musulmans inclus, étant plus ou moines tributaires de leur smartphone ou de leur ordinateur. 

    Certains journalistes sont allés plus loin : ces jeunes jihadistes seraient des paumés, voire des désaxés qui relèveraient de la psychiatrie. Derrière ce mépris compassionnel ouvertement affiché se cache un déni de la réalité : les jeunes apprentis de lislamo-terrorisme, musulmans natifs ou convertis, ne seraient pas des combattants à abattre mais des malades à soigner. Pourquoi leur nier ce qui fait leur spécificité dans notre société matérialiste et mondialisée, à savoir une foi totale et « jusquauboutiste » ? Pourquoi refuser dadmettre quils sont nos ennemis ? Lâcheté inutile en loccurrence car eux, en toute conséquence, pratiquent lassassinat et la destruction de tout ce qui peut symboliser la mécréance.  

    A lopposé, et même si elle sous-estime par trop les clivages dordre idéologique, voire politique, lapproche culturelle et religieuse du « choc des civilisations » de M. Huntington a le mérite de souligner que lIslam nest pas soluble dans ce que lon se plaisait naguère à désigner sous le nom dOccident chrétien. L’évidence ne plaît pas à tout le monde, doù la folle fuite en avant du multiculturalisme, fourrier de lislamisation des sociétés européennes. Le véritable danger est là : il nest pas dans une guerre classique frontale mais dans ces milliers de « jeunes »- et leurs émules - issus de limmigration et fatalement susceptibles, un jour ou lautre, de devenir des loups solitaires ou en meute. 

    Aussi, à lannonce que quatre dentre eux, habitants de Lunel, trois dorigine tunisienne et un converti, ne reviendront jamais de Syrie, on na que de bonnes raisons de ne pas se plaindre. ♦

     

  • A propos de la Turquie, "ILS" disaient... Une analyse remarquée d'Eric Zemmour*

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    "ILS disaient" : la Turquie a vocation naturelle à entrer dans l'Union européenne.
    ILS disaient : la Turquie a occupé une partie importante des Balkans ; ne disait-on pas jadis : "l'Empire ottoman est l'homme malade de l'Europe".
    ILS disaient : la Turquie est un membre indiscutable de l'OTAN et un allié loyal de l'Occident.
    ILS disaient : le chef d'Etat turc, Erdogan, est un "islamiste modéré". Il doit être donné en exemple aux islamistes tunisiens et égyptiens ; il prouve que l'islam est compatible avec la démocratie.
    ILS disaient : la Turquie a des frontières communes avec l'Irak, la Syrie, ce qui permettra à l'Europe d'étendre jusqu'aux confins du Moyen-Orient son oeuvre de paix.
    ILS disaient : la Turquie atteindra bientôt les 100 millions d'habitants, qui seront un formidable marché pour les produits de nos entreprises.
    ILS s'appelaient Jacques Chirac, Alain Juppé, Dominique de Villepin, Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici, Laurent Fabius, François Hollande, … etc. Nicolas Sarkozy avait même supprimé le verrou du referendum prévu pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe, alors même qu'il s'y était déclaré hostile…
    ILS traitaient d'islamophobes ceux qui osaient contester qu'un pays de 100 millions de musulmans puisse pénétrer dans une Europe aux racines chrétiennes.
    ILS traitaient d'imbéciles ceux qui rappelaient que faire de la Turquie un pays européen, c'était comme si la France avait été un pays africain parce qu'elle avait conquis l'Algérie.
    ILS traitaient d'illetrés économiques ceux qui se méfiaient de l'ouverture des marches. Et d'ignorants, ceux qui demeuraient dubitatifs face à l'oxymore "islamiste modéré" ?
     
    Depuis lors, la Turquie a emprisonné des centaines de journalistes et d'esprits rebelles. Erdogan a accentué l'islamisation du pays, en submergeant les derniers réduits cosmopolites des grandes villes comme Istanbul, par une immigration des paysans fort pieux d'Anatolie. La Turquie a rallié la coalition occidentale contre l'Etat islamique, alors qu'elle est, avec l'Arabie saoudite, son allié le plus important, laissant passer par sa frontière armes et hommes venus combattre de toute l'Europe, comme de nouvelles Brigades internationales. Erdogan laisse massacrer les Kurdes dans Kobané assiégée, comme en 1944 les Soviétiques étaient restés l'arme au pied devant Varsovie, pendant que les troupes allemandes décimaient les résistants polonais.
    Erdogan tombe le masque : il est avant tout un Sunnite qui combat les chiites ; un patriote turc qui ne laissera jamais les Kurdes avoir leur Etat ; un islamiste qui lui aussi rêve de restaurer le califat islamique.
     
    Depuis, ILS se taisent. ILS se font discrets. ILS rasent les murs. u


    * Source : Le Figaro Magazine, 17 octobre 2014

  • Enquête aux pays du Levant, par Louis-Joseph Delanglade

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    A voir les images télévisées de Kobané, ville kurde de Syrie, drapeau noir de larmée islamique sur certains bâtiments et chars turcs massés de lautre côté de la frontière, on se félicite que la France ne soit pas allée trop loin dans son engagement : on peut juger symboliques, voire dérisoires, les quelques frappes de nos Rafale, limitées au seul territoire irakien, mais cest très bien ainsi car, si pour des raisons intérieures et extérieures évidentes et déjà évoquées dans ces colonnes, la France ne pouvait se récuser, elle na manifestement pas les moyens ni même sans doute aucun intérêt à aller au-delà.

    Il nous sera peut-être possible, avec, cest un fait, le soutien logistique non négligeable (indispensable ?) des Etats-Unis, de « sécuriser » au mieux les territoires de certains des pays issus des ex-A.O.F. et A.E.F. (Afrique-Occidentale et Afrique-Equatoriale françaises). En revanche, on peut raisonnablement penser quune victoire sur « lEtat islamique » nest pas pour demain et que la « coalition » sest engagée dans un processus qui risque de durer (très) longtemps et de coûter très cher. 

     

    M. De Villepin souligne fort justement que lislamisme, « considéré ici comme une barbarie, est brandi là-bas comme un étendard ». M. Frachon, directeur éditorial du Monde, va jusqu’à affirmer quon peut contenir ou affaiblir « lEtat islamique » mais quon ne peut le vaincre. Admettons-le en effet : on pourra tuer des (dizaines de) milliers dislamistes, dautres sont déjà nés qui les remplaceront - avec laide, même inavouée, de certains Etats sunnites. Qui pis est, ces islamistes sont déjà partout dans ce Proche-Orient décomposé, même au Liban, dans la montagne à la lisière de la Syrie. 

     

    De toute façon, une solution de long terme ne peut être que politique. On en est très loin, pour la seule et bonne raison que les Américains, et dans une moindre mesure les Européens, ont fait tout ce quil ne fallait pas faire depuis vingt-cinq ans : deux guerres qui ont eu raison de lIrak de Saddam Hussein et, aujourdhui, une politique activement hostile à la Syrie de M. Assad. Or, cest bien en Irak et en Syrie que prospère « lEtat islamique ». La nécessaire restauration de lEtat syrien et de lEtat irakien  sera(it) une oeuvre de longue haleine : cette restauration, pour souhaitable quelle soit, nest peut-être tout simplement pas/plus possible, vu labsence évidente, chez les « Occidentaux », de toute vision stratégique et tout simplement vu l’état de décomposition extrême dans lequel se trouve le Levant post-colonial.

     

    LIran, réintégré de facto dans le jeu international, et la Turquie, spectatrice intéressée de la bataille pour Kobamé, pourraient bien être les gagnants à terme, en saisissant au moment voulu les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter - celui-là en Irak, celle-ci dans le « Kurdistan ».

     

    LIran et la Turquie, les deux Etats « forts » et dailleurs non arabes.  u

     

  • Libye : Pourquoi pas le roi ? Par Péroncel-Hugoz

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    Pour toutes sortes de raisons anciennes et actuelles, nous sommes heureux de publier ce texte de Péroncel-Hugoz, paru dans le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient la chronique "coup de dent" renouvelée chaque jeudi soir. Ce journal qui est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Merci à Péroncel-Hugoz d’avoir pensé à nous en faire le service. Nous en ferons bon usage ! Lafautearousseau. 

     

    Soumise au rigoureux conformisme du "Politically correct", la "pensée" mondialiste se veut bien sûr "républicaine" et il faudrait mettre ses tenants sur la braise afin qu’ils acceptent (peut-être mais pas certain…) d’examiner, pour la Libye déchirée, la possibilité d’une restauration monarchique.

    La révolution anti-Kadhafi a commencé début 2011 à Benghazi, chef-lieu de Cyrénaïque, par la première exhibition publique, depuis le coup d’Etat militaire de 1969, des couleurs royales libyennes. Aussi, l’émir Si Mohamed El Sénoussi, 50 ans, petit-neveu du dernier monarque et en exil à Londres depuis 1988 (après avoir connu, enfant, les geôles kadhafiennes) a-t-il accompli son devoir, en tant que prétendant au trône, en réclamant d’abord le rétablissement de la Constitution de 1951, supprimée en totale illégalité par les putschistes. Après on verrait à organiser des élections, à réformer si nécessaire ladite Constitution, etc.

    En tout cas, sous l’empire de ce texte, les Libyens avaient vécu tranquillement à l’abri du sceptre absolu mais débonnaire du roi Idriss 1er * (1889-1983, émir de Cyrénaïque en 1946 puis roi de Libye de 1951 à 1969), dans un Etat commençant à peine à profiter de son naphte. Jeune Afrique vantait alors le "gouvernement libyen où dominent des jeunes souhaitant moderniser leur pays." **

    La dynastie-confrérie sénoussie, originaire d’Oranie, opposée à la colonisation italienne en Libye (1911-1943), jouissait d’une double légitimité: politique, et aussi religieuse, car elle alla porter le message coranique jusqu’au cœur de l’Afrique noire -mission que Kadhafi , ironie de l’Histoire, reprendra à son compte…


    Malgré les silences, sauf exception, de la presse occidentale et, autant qu’on sache, l’aide peu abondante des dix-sept dynasties musulmanes régnantes (en comptant les sept principautés formant les Emirats- Arabes-Unis), le tour de l’altesse sénoussie devrait venir si un grain de bon sens arrive à s’insinuer, sur le rivage des Syrtes, entre seigneurs de la guerre, chefs de bandes, islamistes professionnels et ex-flics kadhafistes. Des influences internationales, notamment arabes, pourraient jouer. L’émir Si Mohamed devrait, de son côté, se montrer physiquement plus audacieux, par exemple, en tombant du ciel à Benghazi où se trouvent ses plus fidèles partisans. Son point faible, c’est le traditionnellement maigre attachement dynastique de Tripoli -un peu comme Barcelone, en Espagne, n’a jamais cessé de bouder Sa Majesté catholique, mais sans pour autant l’empêcher de régner … u  


    * Les Marocains, attachés à Mohamed V, n’apprécièrent guère qu’Idriss vînt visiter le sultan illégitime Mohamed Ben Arafa …

    ** Article repris par l’hebdomadaire le 25 août 2003

    Sur la terreur policière du régime républicain instauré en Libye en 1969, lire "Au pays des hommes. Une enfance en Libye" par Hicham Matar, Denoel, Paris, 2007 et 2O11; on peut également consulter le chapitre " Kadhafi contre Septime-Sévére ", dans mon livre "Villes du Sud", Payot, Genève, 1990, chapitre dédié, il y a 25 ans déjà, "aux victimes de Kadhafi" .  

    Source : Péroncel-Hugoz 

    Vétéran des grands reporters du Monde, Péroncel-Hugoz s’est taillé de longue date une réputation en renvoyant les "idées reçues" à leurs expéditeurs, selon les leçons de ses maîtres, Hubert Beuve-Méry et Michel Jobert, à ses risques et périls, car il fut expulsé manu militari d’Égypte pour avoir écrit que l’armée de Sadate était infiltrée par des extrémistes, en attendant d’être refoulé par les dictatures du Soudan, de Syrie ou d’Algérie qu’il avait critiquées.

    Auteur d’une dizaine d’essais sur les pays du Sud, du Radeau de Mahomet ( 1983) à 2000 ans d’histoires marocaines (2014), il a également édité comme directeur de collection, à Paris, puis à Casablanca, une soixantaine de textes sur cette même partie du monde, tels que des extraits d'un travail du futur roi Mohammed VI sur les relations Maroc-Europe ou, plus récemment, un essai politique qui a fait froncer bien des sourcils au Maghreb : Arabes, si vous parliez … par le président tunisien Moncef Marzouki.

    Péroncel-Hugoz prépare maintenant une réédition de l’âme marocaine, fruit, dans les années 1940-1950 des amours du philosophe orientaliste arabisant François Bonjean avec une simple fille des Oudaïas. Il déchiquette 
    à belles dents, sur Le360, chaque semaine, les actualités marocaines et étrangères.

  • En Israël, la tentation de l'exil : rester ou partir, le doute s'installe

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    Ce sujet, généralement passé sous silence, est aujourd'hui souvent évoqué ouvertement jusque dans la grande presse. Ainsi, nous avons lu avec intérêt l'article du Monde* que vous pourrez consulter ci-après. Nous avons jugé intéressant de le donner à lire ici, au moment où George Steiner publie un nouvel ouvrage (Un long samedi, chez Flammarion) dans lequel il récuse le sionisme, au fond au nom d'une haute éthique juive, universelle, a-territoriale; et où Aymeric Chauprade refuse que l'anti-sionisme puisse être un élément déterminant de notre politique étrangère. Somme toute, un Intéressant débat ! Lafautearousseau   u 

     

    Dans quelques jours, Nitzan Cohen quittera Israël, le pays où elle est née, avec un billet aller simple, direction New York. Pour combien de temps ? Rien n'est encore tranché. Cette jeune femme de 27 ans, diplômée de psychologie, veut surtout prendre un peu le large. Détentrice d'un passeport américain, elle mûrit depuis plusieurs mois sa décision. L'opération "Bordure protectrice" menée cet été à Gaza n'a fait que renforcer son choix.

    "Israël est un petit pays avec une guerre tous les deux-trois ans, décrit-elle. La pression est constante." Nitzan a fait ses études à Beersheba, la capitale du Néguev, régulièrement exposée aux tirs de roquette du Hamas à Gaza. A chaque confrontation, l'alarme ne cessait de retentir, précipitant tout le monde aux abris. "J'aime mon pays, mais je ne trouve pas vraiment normal de vivre ainsi", explique-t-elle.

     

    « MAUVIETTES MÉPRISABLES »

    Quelque 30 % des Israéliens se disent aujourd'hui tentés par l'émigration, selon un sondage diffusé début septembre par la chaîne de télévision israélienne Channel 2. Pour en savoir plus sur les motivations des candidats à l'exil, il suffit de consulter la page Internet Quitter Israël, un site en hébreu délivrant conseils et témoignages. Les uns citent l'insécurité et la tension causées par un conflit qui n'en finit plus. Les autres évoquent une trop grande implication du fait religieux dans le quotidien. Pour beaucoup parmi les jeunes, c'est aussi le coût de la vie qui sert d'aiguillon au départ : depuis cinq ans, les salaires ont stagné tandis que les prix de l'immobilier ont explosé. "J'ai beaucoup de mal à trouver un appartement décent à un prix normal, rapporte Danna Frank, une résidente de Tel-Aviv qui vient de terminer son école de cinéma. Quand je lis ce que racontent sur Facebook mes contacts partis à Berlin, ça me fait sérieusement réfléchir : il est clair qu'on y vit mieux avec beaucoup moins."* 

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    L'émigration existe depuis la création de l'Etat hébreu. Mais elle reste un phénomène qui fait débat dans un pays construit par ses immigrants. La langue reflète ce malaise : les Israéliens partis à l'étranger sont surnommés yordim, "ceux qui descendent", par opposition aux nouveaux venus, les olim ("ceux qui montent"). Dans les années 1970, le premier ministre Yitzhak Rabin n'avait que mépris pour ces déserteurs traités de "mauviettes méprisables". A l'automne 2013, un documentaire filmant le quotidien de jeunes Israéliens établis en Europe et aux Etats-Unis a relancé la polémique. Le ministre des finances Yaïr Lapid avait fustigé "ces gens prêts à jeter à la poubelle le seul pays qu'ont les Juifs parce que Berlin est plus confortable".

     

    « PARTIR SERAIT COMME TRAHIR »

    Pour le démographe Sergio Della Pergola, en dépit du tam-tam médiatique, le taux d'émigration est en réalité très faible. "Plus faible qu'en Suisse et dans la plupart des pays développés, précise-t-il. Et parmi ceux qui disent vouloir partir, il est difficile de distinguer ce qui relève de la discussion de salon ou du projet concret." Ce professeur à l'université hébraïque de Jérusalem affirme aussi que la question s'est banalisée : "Israël est une société plus mûre et la mobilité internationale y est devenue une donnée comme une autre." C'est ce que semble montrer l'enquête de Channel 2 : chez 64 % des sondés, le sujet de l'émigration suscite des réactions de bienveillance ou d'indifférence. Seuls 36 % y sont hostiles.

    Pourtant, les Israéliens tentés par l'exil confessent souvent une ambivalence face à leur projet. Michal et Avi (les prénoms ont été changés) ont vécu neuf ans à Londres. En janvier 2013, à la naissance de leur fille, ils sont revenus à Jérusalem. L'enchaînement de violences de l'été – kidnappings, meurtres et offensive sanglante à Gaza – les fait aujourd'hui douter. "La situation politique me désole et me donne envie de repartir, raconte Michal d'un ton voilé par l'émotion. Mais mes grands-parents ont choisi de quitter l'Allemagne et les Pays-Bas pour venir ici au début des années 1930. Partir définitivement après deux générations serait comme trahir un engagement."

     

    * Par Marie de Vergès - Le Monde, 20 septembre 2014            

  • La France face au mondialisme, de Jean-Yves Dufour par Louis Anders*

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    La pensée politique française peut se retrouver dans des plis insoupçonnés. C'est en auto-édition qu'un jeune auteur a décidé de publier un ouvrage documenté sur la souveraineté, qui s'effrite en France année après année. Mais rien ne se perd jamais...

    « Le souverainisme n'est pas spécialement une idéologie mais simplement l'état politique d'une authentique nation libre ». Ces mots de Jean-Yves Dufour éclairent le but de La France face au mondialisme : montrer que le pays est de moins en moins souverain et que des forces travaillent à prendre ses pouvoirs. Livre militant qui appelle dans sa conclusion à la résistance dans tous les domaines possibles, mais ouvrage argumenté, détaillé de beaucoup d'anecdotes et d'informations vérifiées. Et développé à la manière d'une dissertation particulièrement travaillée.

    Qui sont et que veulent les mondialistes ? Rien de moins que la création de grands blocs continentaux unifiés dans l'optique d'un gouvernement mondial, affirme l'auteur qui cite toutes ses sources. Qu'a-t-on à y gagner ? Des dangers, essentiellement, à cause de l'éloignement des pouvoirs, estime-t-il. « Nous nous adressons à tous ceux qui ont senti que quelque chose clochait dans les décisions politiques nationales et internationales mais sans parvenir à définir exactement quoi ». Ce livre permet d'y voir plus clair.

    La France face au mondialisme, le nouveau paradigme, de Jean-Yves Dufour (livre auto-édité sur http://autres-talents.fr/, 9 euros). 

    Source Politique magazine (Site)

     

  • Islamisme - L’évêque chaldéen de Mossoul prévient les Européens : "Vous aussi vous êtes en danger"

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    Lundi dernier (25.08) nous avons commenté la tribune de David Cameron au Daily Telegraph (17.08), s'inquiétant du risque que courent « les rues anglaises » d’être « bientôt à la merci des djihadistes  ». L'essentiel de notre commentaire tenait dans notre titre : "L’Europe commence à réagir, mais pour l’instant sans grande cohérence et mollement, à la menace islamiste, intérieure et extérieure".

    Voici qu'un reportage réalisé à Erbil, au Kurdistan irakien, par le journaliste italien Lorenzo Cremonesi pour le Corriere della Sera (19.08), nous donne à lire les déclarations de Mgr Amel Nona, archevêque chaldéen de Mossoul, l'ancienne Ninive,  qui a dû fuir à Erbil, avec des dizaines de milliers de chrétiens. 

    Nous en reproduisons ici quelques passages significatifs : 

    " Nos souffrances d’aujourd’hui constituent le prélude de celles que vous Européens et chrétiens occidentaux subirez aussi dans un proche avenir, si vous n'y prenez pas garde ; l'islam n'est pas une religion de paix ; rappelez-vous les paroles de saint Jean Paul II ". 

    " J’ai perdu mon diocèse. Le lieu physique de mon apostolat a été occupé par les radicaux musulmans qui veulent que nous nous convertissions ou que nous mourions. Mais ma communauté est toujours vivante (…) Je vous prie, essayez de nous comprendre. Vos principes libéraux et démocratiques ne valent rien ici. Vous devez repenser notre réalité au Moyen-Orient. Parce que vous accueillez dans vos pays un nombre toujours plus grand de musulmans, vous aussi vous êtes en danger. Combien de djihadistes ont vu le jour chez vous ! Vous devez prendre des décisions fermes et courageuses, même au prix de contredire vos principes de terre d'asile où seraient vécues la liberté, l'égalité et la fraternité. Vous pensez que tous les hommes sont égaux (…). L’islam ne dit pas que tous les hommes sont égaux. Vos valeurs ne sont pas les leurs. Si vous ne le comprenez pas à temps, vous deviendrez victimes de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous ".

    Notre réflexion : il serait bon, utile, et politiquement important que Mgr Amel Nona communique son expérience à ses confrères français et européens, au Pape lui-même, et qu'il les persuade de la réalité des dangers qu'il signale. Mais là, nous avons affaire à un tout autre discours. Et ce n'est pas au bénéfice de nos sociétés.

     

  • Vous avez dit "service après-vente" ? ... Sissi est sarcastique mais il a, hélas, raison

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    " C'est bien ce que vous avez fait en Libye, mais maintenant, il faudrait assurer le service après-vente. " 

    C'est ce que le président égyptien, le maréchal al Sissi, a déclaré aux députés français qu'il a reçus au Caire. Ce sont les paroles d'un homme d'expérience qui connaît la chaîne des causes et des conséquences.

    Mais, précisément, ce service après-vente, nous l'assurons, bon gré mal gré, bien obligés (!), au Mali et en Centre-Afrique. Sans exclure que puissent se créer, ailleurs, d’autres zones de tension, c'est-à-dire, pour être plus clairs, d’autres fronts. Chacun sait qu'à la chute du régime de Kadhafi, les armes libyennes pillées se sont largement répandues dans toute l'Afrique sahélienne et jusqu'au Proche-Orient ... Nous aurions pu en trouver, aussi, en Syrie, si, comme le recommandaient Nicolas Sarkozy, Bernard Henri Lévy et François Hollande, nous y étions imprudemment intervenus aux côtés des rebelles ou des terroristes qui les utilisent contre Bachar el Assad ... Ces terroristes que les Américains bombardent en Irak et nous aussi, peut-être, bientôt, à leurs côtés, avec les Anglais.

    L'incohérence de ces politiques - notre œuvre ! - est totale et rien ne semble pouvoir la corriger. Ainsi, Bernard Henri Lévy s'agite présentement en Ukraine, pour que nous nous engagions aux côtés des Ukrainiens contre les Russes.

    Mais est-ce que cela, comme le reste, c'est à dire les questions graves - d'ordre intérieur ou extérieur - qui se posent à la France comme autant de défis, est ce qui préoccupe la classe politique et médiatique française ? A Paris, Alain Juppé a annoncé, hier, sa candidature à la présidentielle de 2017 et, déjà, lamentablement, l'on ne parle plus que de ça; ce qui intéresse, c'est le combat de coqs qui s’annonce ...

     

  • Philippe de Villiers au Figaro : L'Amérique veut abattre Poutine pour installer son modèle de société en Russie

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    Les propos de Philippe de Villiers au long de cet intéressant entretien dans le Figaro* concordent avec nos propres positions en matière de politique étrangère ou de de politique française. Il élargit sa réflexion en posant la question de la survie de notre civilisation. D'accord ou pas d'accord, on lira ces lignes comme une contribution à un débat essentiel  ♦   Lafautearousseau    

    LE FIGARO. - Alors que le Puy du Fou va être décliné en Russie, Vladimir Poutine vous a accordé jeudi un long tête-à-tête au Palais des tsars. Quel était l’objet de l'entretien ?

    Philippe de VILLIERS - L’objet de notre encontre était la signature du protocole portant sur la création du Puy du Fou Tsargrad en Russie. Le choix de la Russie s'est orienté vers le Puy du Fou pour mettre en valeur le patrimoine historique de la Russie et l'âme russe. Vladimir Poutine souhaitait, en me recevant, souligner le grand intérêt qu’il porte à cette déclinaison de plusieurs parcs historiques en Russie. J'ai été frappé par le charisme de l‘homme d’Etat, sa hauteur de vue, son attention pour les échanges culturels. J’ai été très impressionné par sa détermination à garder la Russie ouverte au reste du monde. C’est sans doute pour cette raison que cet entretien a pris, à ses yeux, une valeur synodique. Il m'a répété que la Russie était accueillante aux investisseurs étrangers et français. Pour le Puy du Fou, le projet russe est d'une grande importance car il va agréger à cette œuvre commune les plus grands artistes russes. Tout Ie monde en France connaît le Bolchoï ou le théâtre Mariinsky. Nous allons avoir les plus grands pianistes, danseurs, architectes, de ce pays de haute culture et de grande sensibilité.

    Avez-vous parlé de la guerre en Ukraine et des sanctions européennes qui frappent la Russie ?

    J’ai dit à Vladimir Poutine que le Puy du Fou venait poser devant lui un acte de paix. En effet, ai-je ajouté, les sanctions sont des actes de guerre, Ies coopérations sont des actes de paix. Tous les esprits pacifiques qui aiment l'Europe et la Russie veulent secrètement sortir de l'engrenage car ils savent que les sanctions sont des humiliations qui provoquent les peuples qui ont encore une fierté. C'est le cas de la Russie. Poutine a répondu : « J’accueille votre arrivée en Russie comme un signe de la nécessaire désescalade. »  J'ai souligné auprès de lui que, selon moi, l'avenir de l'Europe ne doit pas s’écrire sur le continent américain, mais sur le continent européen. L'Europe ne peut pas se faire sans la Russie' Il a cité l’expression du général de Gaulle « l'Europe de l'Atlantique à l’Oural », une Europe de forme confédérale qui respecte les souverainetés.

    Vous avez déclaré sur Europe 1 : « Ce qui manque à la France, c’est un Vladimir Poutine ». Qu’entendiez-vous par là ?

    Je n’ai fait que répéter ce que j'entends tous les jours autour de moi en France dans les milieux populaires, cette phrase qui revient dans la bouche des gens de bon sens : « Il faudrait aujourd’hui en France un gars comme Poutine à la place de Hollande ! » C'est-à-dire un chef d’Etat patriote, visionnaire et qui prend des décisions.

    Quel regard portez-vous sur sa conception de la démocratie et des droits de l'homme ?

    Vladimir Poutine est un chef d'État élu avec 63% des suffrages, de manière démocratique. Et j'ai pu mesurer son immense popularité, que ce soit à Moscou ou en Crimée, durant les jours passés là-bas. Quant à la question des droits de l’homme, Vladimir Poutine a exprimé des réticences devant les excentricités des Femen et la propagande de l'homosexualité. C'est la raison pour laquelle tous les chefs d'État occidentaux ont refusé d'aller aux Jeux olympiques de Sotchi. C’était absurde ! Le président Poutine ne veut pas donner la Russie aux Femen et à l’OTAN, on le comprend ! L'Amérique ne se comporte pas d'une manière raisonnable. Elle veut « otaniser » le monde entier et met le feu partout ! Ce qu'elle désire, ce n'est pas seulement l’Ukraine dans l’OTAN, c'est aussi abattre Poutine pour prendre la Rassie et y installer son idéologie multiculturaliste, mondialiste et consumériste. Elle veut imposer son modèle de société, en particulier aux pays enracinés qui lui résistent.

    Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous jouez le jeu de propagande russe ?

    Une députée socialiste a dit que j'agissais contre l’Europe. Je lui réponds que j'agis pour la paix et l’amitié franco-russe mais que, hélas, l’Europe aujourd’hui n'agit pas pour elle-même, mais pour la politique américaine, sous l’impulsion de José Manuel  Barroso, Herman Van Rompuy et François Hollande. L'Europe est devenue la cinquante et unième étoile du drapeau américain. J'accuse l'Amérique de chercher la guerre partout dans le monde parce qu’elle y voit la seule solution d'écluser sa dette monstrueuse due au mondialisme de ses dirigeants.

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  • Quand Christophe Barbier a raison

    Nous relevons dans l'édito de Christophe Barbier du dernier numéro de l'Express (13-19 août 2014), deux affirmations avec lesquelles nous sommes pleinement d'accord.

    Elles méritent d'être signalées. Les voici :

    "La France a tort de ne pas procéder dès à présent à des frappes aériennes contre les djihadistes".

    et, décision qui devrait "déjà avoir été prise par François Hollande : augmenter le budget de l'armée française, car demain sera guerrier".

    Nous avons écrit et répété maintes fois, ici, que le budget de notre Défense devrait être porté à 4% du P.I.B. ! L'augmenter au lieu de le réduire, ce serait déjà ça ! 

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  • Globalisation ou confusion ? Une table ronde passionnante, au Collège des Bernardins

     

    Il nous est arrivé d'exprimer notre désaccord avec les orientations actuelles de l'Eglise catholique en certains domaines politiques précis. Précis et de grande importance pour l'avenir de nos sociétés. Par exemple, en matière d'immigration. Par exemple, encore, sur la vision qu'a l'Eglise de la mondialisation. Orientations, analyses, exhortations qui, parfois, nous sont apparues comme  de dangereuses illusions. Dangereuses, en tout cas, pour notre pays et notre civilisation - ou ce qu'il en reste.

    Y-a-t-il aussi, dans la mouvance catholique, tout près du Saint-Siège, tout près du Pape, des cercles d'influence, des communautés, des institutions, des intelligences, en qui l'on puisse reconnaître réalisme, lucidité, sagesse politiques, ampleur des vues et des idées ? Sans aucun doute si l'on se réfère à l'exemple de ce colloque, organisé au Collège des Bernardins et régulièrement diffusé par KTO, la chaîne de télévision catholique. On l'aura compris, il s'agit en grande partie de géopolitique.    

    La vidéo est longue; elle dure 1h40. Mais elle nous paraît importante. Et tous ceux que la réflexion géopolitique passionne devraient l'écouter avec intérêt et, même, avec un vrai plaisir. 

    Une recommandation, un souhait : que l'on ne se hasarde pas à écrire un commentaire sans l'avoir écoutée ! Les idées générales - toujours les mêmes - devraient céder la place, en l'occurrence, à la réflexion que peut susciter chez nous tous, les analyses réalistes et lucides de ce remarquable colloque.

    Nous signalerons, en particulier, les interventions de Lucio Caracciolo, directeur de la revue italienne Limes et celle de Jean-David Levitte, ambassadeur de France, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques, l'une et l'autre empreintes, à notre avis, d'une remarquable lucidité.    

     

    Lafautearousseau

     

     

    Diffusé le 08.07.2014 - Durée 100 mn

    La géopolitique de la globalisation. Etat des lieux, Lucio Caracciolo, directeur de la revue Limes ; un monde en transition accélérée mais sans pilote, Jean-David Levitte, ambassadeur de France, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques ; Que peut-on faire ? Quel chemin pour l'Europe dans la globalisation ?, Mario Giro, sous-secrétaire d'État aux affaires étrangères du gouvernement Matteo Renzi. Répondant : Andrea Riccardi, ancien ministre italien, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio ; Modérateur: Antoine de Romanet, codirecteur du département Société Liberté Paix, Collège des Bernardins.