UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Prise de Palmyre par l'État islamique : pourquoi une telle inaction de la coalition ? L'analyse d'Hadrien Desuin*

 

Il est seulement à craindre que l'analyse qui suit - d'Hadrien Desuin - ne se révèle, hélas, tristement exacte.  LFAR

L'État islamique s'est entièrement emparé de Palmyre ce jeudi. Hadrien Desuin, dénonce l'inaction de la coalition qui préfère sacrifier la cité antique plutôt que d'apporter son concours à Bachar al-Assad.

Le 13 mai, l'offensive de l'État islamique débutait à Palmyre, carrefour névralgique du désert syrien et vestige antique d'une civilisation bel et bien disparue. Deux grosses larmes de crocodiles ont coulé sur les joues de Laurent Fabius et François Hollande. Une semaine plus tard, une contre-offensive djihadiste fait reculer l'armée syrienne fidèle à Bachar Al-Assad. Laquelle doit céder à nouveau le nord de la ville après l'avoir repris quelques heures. Les combats continuent, pourtant la coalition anti-Daesh emmenée par les occidentaux détourne pudiquement le regard.

Elle continue de bombarder avec succès les positions djihadistes face aux kurdes, hier à Kobané et aujourd'hui à Hassaké, mais Palmyre l'indiffère. Quelques raids aériens bien guidés auraient pu stopper net les colonnes du Djihad. Mais parce que ce sont des alaouites qui résistent à la barbarie, rien ne sera fait.

L'indignation de la communauté internationale est unanime, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova s'active pour sauver Palmyre. Jack Lang, président de l'institut du monde arabe, a pris les accents des soldats de l'an II sur Europe 1: « il faut massacrer ces massacreurs et sauver Palmyre ! » Décidément ses camarades font peu de cas de nos racines gréco-latines. La culture n'a pas d'importance quand les « méchants » la défendent. Comme si l'Occident ne parvenait pas à sortir de son manichéisme pour prendre la moins mauvaise des solutions.

Cette indignation stérile s'explique aisément: la bataille de Palmyre remet en cause le dogme de l'alliance tacite entre Bachar et l'EI. C'est le conte que rabâche depuis quatre ans les chantres de « l'opposition syrienne »: Bachar et l'EI sont alliés, ils sont les deux têtes d'un même hydre bicéphale. Tandis que des combats opposent depuis des années les troupes loyalistes aux soldats du califat à Der Ez Zor, à Damas et ailleurs; tout est fait pour minimiser sinon effacer la part que prend l'armée loyaliste dans la lutte contre Daesh.

Une fable qui cède le plus souvent à la facilité complotiste: l'EI est une créature de Bachar Al-Assad. Conclusion imparable des derniers rêveurs du printemps arabe: pour vaincre Daesh, il faut renverser Bachar. Et si, après Palmyre, c'était l'État islamique qui renversait Bachar, le maître de Damas serait-il encore coupable ?

Soucieuse de se montrer réactive, la diplomatie française se hâte lentement. Elle a décidé de prendre une initiative bien de chez nous; Ses partenaires internationaux, dont John Kerry, sont invités le 2 juin à Paris, pour une réunion. Mais que sera Palmyre dans douze jours?  Il suffit d'un ordre pour modifier la trajectoire de nos aéronefs qui bombardent l'EI de l'autre côté de la frontière syrienne. On voudrait enterrer Palmyre discrètement qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Parce qu'on préfère sacrifier un pan entier de notre civilisation plutôt que de donner une victoire à Bachar, rien ne sera fait pour sauver Palmyre. Dans une quinzaine de jours, quand nos diplomates se réuniront au quai d'Orsay, les ruines fumantes de la ville porteront d'autres stigmates que celles du temps, celles de la furie et de l'indifférence des hommes, celles des duels d'artillerie. Une deuxième fois, et quelque soit le vainqueur, Palmyre sera détruite.   

* Hadrien Desuin Figaro actualités

Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde. 

Commentaires

  • Si le Monde était irigé par de vrais chefs d'Etat, il y aurait LA solution, évacuher les populations civiles et larguer une bombe au cobalt, qui a l'avantage de détruire toute forme de vie, tant pis pour les scorpions, en laissant INTACT les bâtiments

  • Vous vouliez sans doute dire une bombe à neutrons.

  • L'attitude des "occidentaux" d'aujourd'huiressemble trait pour trait à celle des "démocraties" lorsque Hitler commença à menacer l'Autriche, s'appuyant sur les SA de Seyss-Inquart. A l'époque, l'Autriche était dirigée par le chancelier Dollfuss, qui fut assassiné par les hitlériens, et remplacé par le chancelier Schussnigg. Ils demandèrent de l'aide contre l'invasion qui se préparait ; mais la France et l'Angleterre la lui refusèrent obstinément. Pourquoi? Parce que ces deux gouvernants représentaient une tendance de la droite monarchiste et corporatiste. La troupe sur laquelle ils s'appuyaient était la Heimwehr, dirigée par le prince de Starhemberg. C'est ainsi que Léon Blum ne manqua pas de déclarer, dans un texte bien enseveli aujourd'hui, que le national socialiste valait mieux que la dictature réactionnaire et cléricale. Les "démocraties" ont payé leur aveuglement idéologique. Mais bien plus encore les peuples qui avaient le malheur d'être dirigées par elles. Elles n'ont rien appris depuis. On ne peut même pas dire qu'elles ont tout oublié car elles n'ont pas de mémoire.

Les commentaires sont fermés.